[De L’Isle-Adam, Villiers] L’Eve Future
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[De L’Isle-Adam, Villiers] L’Eve Future
L’Eve Future
de Villiers de L’Isle-Adam
Autres couvertures :
- Spoiler:
Pour consoler son ami lord Ewald, que sa maîtresse, une femme sublime, fait souffrir par son égoïsme et son manque d'intelligence, l'inventeur Edison lui construit un automate qui a, outre le même corps parfait que la jeune fille, un esprit doux et parfait.
Première parution en 1886Editions : nombreuses éditions (GF, Folio, …)
Line- Admin
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Re: [De L’Isle-Adam, Villiers] L’Eve Future
Mon avis :
J’ai lu ce livre il y a quelques semaines dans le cadre de mon cours de littérature sur les automates et compagnie. L’écriture est plutôt élevée mais ça ne perturbe pas la lecture. L’idée de base est bonne (la création d’un être artificiel par l’inventeur Edison) et il y a un certain suspens dans certains passages qui font qu’on a envie de connaître le fin mot de l’histoire.
Oui, et pourtant, tout est gâché par un seul fait, et non des moindres : ce livre est hyper misogyne !!! Et pourtant, je ne suis pas du genre féministe, mais là, je vous avoue les filles, on s’en prend plein la tronche ! La femme est un être plus que déchu, qui se complet dans l’artifice, et qui peut même pousser au suicide les hommes. Lord Ewald a une maîtresse sublime qui, hélas, à défaut de n’être que bête (comme toutes les femmes), est en plus sotte, c’est-à-dire qu’elle n’a pas conscience de sa bêtise. Pour défendre ce pauvre Ewald (il est quand même sympathique, parfois), sa maîtresse est vraiment insupportable. Mais quand même, quelle généralisation !
Oui, c’est un roman ironique mais, et, ma prof’ l’a confirmé tout à l’heure, j’avais malheureusement bien saisi le truc : l’ironie ne se situe pas dans sa mauvaise opinion des femmes (l’auteur est vraiment misogyne), mais dans sa plaidoirie pour la science. Le personnage principal est une caricature du célèbre Edison, l’homme qui produisait le progrès à la chaîne dans ses grandes usines américaines. L’auteur dit qu’il ne s’agit pas de lui mais… il n’est pas très convainquant. L’Edison (du livre) fait l’étalage de sa science – et il a, avouons-le, du génie – en expliquant la conception complète de Hadali, une femme parfaite (physiquement et… disant amen à tous les vœux de son homme). Le problème est que ce passage est incompréhensible, on se perd complètement dans l’anatomie de l’androïde. En fait, cela replace de la confusion et du mystère chez le lecteur : bref, tout le contraire de ce dont la science se glorifie. Ceci s’explique par le fait que Villiers de L’Isle-Adam était un symboliste, mouvement qui s’opposait au naturalisme de la même époque. En parlant de ça, rien à voir, mais comme ses œuvres (il écrivait surtout des contes, ses pièces de théâtres étaient des échecs totaux - c'est bien fait, na ! ) n’étaient admirées que par un cercle élitiste restreint, il n’avait pas beaucoup de revenus. Il a survécu grâce à l’aide de ses amis symbolistes belges… Les gars, j’ai envie de dire, « drôle de fréquentation » ! J’espère qu’ils adhéraient à ses techniques d’écriture et non à ses idées car franchement, c’est choquant. Je sais qu’on dit « autre temps, autres mœurs », mais quand même !
Enfin soit, à la limite, il y avait moyen de faire abstraction des longs passages rébarbatifs scientifiques et des propos misogynes (ils m’ont mis en colère, pas ennuyés ) si il n’y avait pas… cette horrible fin ! Je doute que quelqu’un d’autre lise ce livre un jour mais je vais quand même me taire, juste au cas où… Sachez seulement que, une fois de plus, devinez qui se rétame par terre ?
Bref, un livre que je ne recommande absolument pas !
(Un journal de l’époque avait commencé à le publier sous forme de feuilleton mais la publication s’est vite arrêtée… on se demande pourquoi… les lecteurs de l’époque devaient eux aussi avoir flairé l’anti-progressisme de l’auteur).
Ma note :
(Je lui mets quand même une note supérieure à la moitié car le cours qui s’y rapportait était méga intéressant et discuter sur le livre est mille fois plus amusant que de le lire ! Mais ne vous laissez pas avoir… Vigilance constante comme dirait l'autre !)
J’ai lu ce livre il y a quelques semaines dans le cadre de mon cours de littérature sur les automates et compagnie. L’écriture est plutôt élevée mais ça ne perturbe pas la lecture. L’idée de base est bonne (la création d’un être artificiel par l’inventeur Edison) et il y a un certain suspens dans certains passages qui font qu’on a envie de connaître le fin mot de l’histoire.
Oui, et pourtant, tout est gâché par un seul fait, et non des moindres : ce livre est hyper misogyne !!! Et pourtant, je ne suis pas du genre féministe, mais là, je vous avoue les filles, on s’en prend plein la tronche ! La femme est un être plus que déchu, qui se complet dans l’artifice, et qui peut même pousser au suicide les hommes. Lord Ewald a une maîtresse sublime qui, hélas, à défaut de n’être que bête (comme toutes les femmes), est en plus sotte, c’est-à-dire qu’elle n’a pas conscience de sa bêtise. Pour défendre ce pauvre Ewald (il est quand même sympathique, parfois), sa maîtresse est vraiment insupportable. Mais quand même, quelle généralisation !
Oui, c’est un roman ironique mais, et, ma prof’ l’a confirmé tout à l’heure, j’avais malheureusement bien saisi le truc : l’ironie ne se situe pas dans sa mauvaise opinion des femmes (l’auteur est vraiment misogyne), mais dans sa plaidoirie pour la science. Le personnage principal est une caricature du célèbre Edison, l’homme qui produisait le progrès à la chaîne dans ses grandes usines américaines. L’auteur dit qu’il ne s’agit pas de lui mais… il n’est pas très convainquant. L’Edison (du livre) fait l’étalage de sa science – et il a, avouons-le, du génie – en expliquant la conception complète de Hadali, une femme parfaite (physiquement et… disant amen à tous les vœux de son homme). Le problème est que ce passage est incompréhensible, on se perd complètement dans l’anatomie de l’androïde. En fait, cela replace de la confusion et du mystère chez le lecteur : bref, tout le contraire de ce dont la science se glorifie. Ceci s’explique par le fait que Villiers de L’Isle-Adam était un symboliste, mouvement qui s’opposait au naturalisme de la même époque. En parlant de ça, rien à voir, mais comme ses œuvres (il écrivait surtout des contes, ses pièces de théâtres étaient des échecs totaux - c'est bien fait, na ! ) n’étaient admirées que par un cercle élitiste restreint, il n’avait pas beaucoup de revenus. Il a survécu grâce à l’aide de ses amis symbolistes belges… Les gars, j’ai envie de dire, « drôle de fréquentation » ! J’espère qu’ils adhéraient à ses techniques d’écriture et non à ses idées car franchement, c’est choquant. Je sais qu’on dit « autre temps, autres mœurs », mais quand même !
Enfin soit, à la limite, il y avait moyen de faire abstraction des longs passages rébarbatifs scientifiques et des propos misogynes (ils m’ont mis en colère, pas ennuyés ) si il n’y avait pas… cette horrible fin ! Je doute que quelqu’un d’autre lise ce livre un jour mais je vais quand même me taire, juste au cas où… Sachez seulement que, une fois de plus, devinez qui se rétame par terre ?
Bref, un livre que je ne recommande absolument pas !
(Un journal de l’époque avait commencé à le publier sous forme de feuilleton mais la publication s’est vite arrêtée… on se demande pourquoi… les lecteurs de l’époque devaient eux aussi avoir flairé l’anti-progressisme de l’auteur).
Ma note :
(Je lui mets quand même une note supérieure à la moitié car le cours qui s’y rapportait était méga intéressant et discuter sur le livre est mille fois plus amusant que de le lire ! Mais ne vous laissez pas avoir… Vigilance constante comme dirait l'autre !)
Dernière édition par Line le Ven 1 Avr 2016 - 9:30, édité 1 fois
Line- Admin
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Re: [De L’Isle-Adam, Villiers] L’Eve Future
Rien qu'en lisant le résumé de deux lignes, Nymphy a lâché un gros 'OULA!'. Curieusement, je savais déjà ce qui allait suivre dans ton avis.
Bon, ben, on ne le lira pas cet homme-là, un point, c'est tout!
Bon, ben, on ne le lira pas cet homme-là, un point, c'est tout!
Invité- Invité
Re: [De L’Isle-Adam, Villiers] L’Eve Future
J'ai encore rien lu mais rien qu'à voir les smileys...
Ivy- Admin fondateur
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Re: [De L’Isle-Adam, Villiers] L’Eve Future
L'Ève Future, c'est vraiment un livre étrange, en effet.
Moi, je l'ai lu lors d'un cours de tératologie (étude des monstres), parce que le prof considérait que le robot entrait bien dans la catégorie de "quelque chose qui ressemble à un humain sans être vraiment un humain). La misogynie, on la retrouve chez pas mal d'auteurs de l'époque (comme Baudelaire), mais c'est vraiment dommage que ça rende la lecture si difficile (et encore plus difficile pour la moitié de lecteurs (qui sont des lectrices)). Ou plutôt, tant mieux : ça veut dire qu'on a un peu évolué sur la question
Sinon, au niveau de la construction du roman, ce que j'ai vraiment apprécié, c'est que l'auteur arrive à nous faire changer d'avis plusieurs fois en cours de route : le robot est vivant/conscient, ne l'est pas
Il nous embrouille, mais il fait ça bien.
Le roman est intéressant, mais plus pour son rôle de roman novateur (au même titre que le Portrait de Dorian Gray) qui sera repris de nombreuses fois dans l'imaginaire collectif, surtout avec l'apparition du thème du robot et de l'intelligence artificielle. Récemment, j'ai même vu un film, Ex Machina (2015), dont le début est un copié-collé de l'Ève Future, à la sauce américaine.
Ce que j'ai vraiment aimé de Villiers de l'Isle-Adam, ce sont ses contes cruels, dans lesquels il y a cette même ambiance d'incertitude, mais de façon plus brève et plus intense
Moi, je l'ai lu lors d'un cours de tératologie (étude des monstres), parce que le prof considérait que le robot entrait bien dans la catégorie de "quelque chose qui ressemble à un humain sans être vraiment un humain). La misogynie, on la retrouve chez pas mal d'auteurs de l'époque (comme Baudelaire), mais c'est vraiment dommage que ça rende la lecture si difficile (et encore plus difficile pour la moitié de lecteurs (qui sont des lectrices)). Ou plutôt, tant mieux : ça veut dire qu'on a un peu évolué sur la question
Sinon, au niveau de la construction du roman, ce que j'ai vraiment apprécié, c'est que l'auteur arrive à nous faire changer d'avis plusieurs fois en cours de route : le robot est vivant/conscient, ne l'est pas
Il nous embrouille, mais il fait ça bien.
Le roman est intéressant, mais plus pour son rôle de roman novateur (au même titre que le Portrait de Dorian Gray) qui sera repris de nombreuses fois dans l'imaginaire collectif, surtout avec l'apparition du thème du robot et de l'intelligence artificielle. Récemment, j'ai même vu un film, Ex Machina (2015), dont le début est un copié-collé de l'Ève Future, à la sauce américaine.
Ce que j'ai vraiment aimé de Villiers de l'Isle-Adam, ce sont ses contes cruels, dans lesquels il y a cette même ambiance d'incertitude, mais de façon plus brève et plus intense
Invité- Invité
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