[Garnett, David] la femme changée en renard

Une femme changée en renard, qui aimerait toujours son mari (la réciproque est vraie, ô combien !), qui continuerait longtemps à vivre avec lui et ne l'oublierait pas, même après avoir rejoint sa tanière et donné vie à des renardeaux... Pas possible ! Si... Dans l'imagination de Garnett, dans ce petit chef-d'oeuvre qui défie depuis soixante-dix ans toutes les tentatives d'interprétation. Il faut donc se laisser aller à l'innocence, au pur plaisir. Et admettre qu'il y a vraiment dans cette histoire quelque chose qui nous ravit et nous dépasse.

Présenter ce livre dans la section "fantastique" est, si l'on s'en tient à la définition qu'en donne Todorov, pour le moins contestable. En effet, la curieuse métamorphose de Mrs. Tebrick s'inscrit d'avantage dans le registre du merveilleux.

Mais le merveilleux semble avant tout être une question de forme, un choix esthétique de la part de l'auteur souhaitant avant tout évoquer par ce biais le thème éternel de l'amour pris entre volonté de conservation et changement,  liberté et fidélité. Le style est simple mais élégant, le ton est à la fois drôle et pathétique, ce qui a d'ailleurs valu à cet émouvant petit conte anglais de recevoir en 1922 le Prix à la Mémoire de James Tait Black.

Ce livre m'a beaucoup touché et rapproche astucieusement le fantastique de l'expérience réelle de la vie (sentimentale).