[Besson, Philippe] Les jours fragiles
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[Besson, Philippe] Les jours fragiles
Résumé : En mai 1891, Arthur est de retour, après 10 ans d'exil volontaire en Abyssinie. Jeune vieillard, malade, affaibli, amputé, il va vivre ses derniers jours au côté de sa sœur, Isabelle. Jour après jour, dans son journal intime, la jeune femme écrit ses impressions, ramène à elle ses souvenirs, dissèque un univers familial éprouvant, raconte la longue agonie. Les derniers mois passés en compagnie de son frère, le poète.
Édition : 10/18
Poche : 151 pages
Date de parution : 6 janvier 2011
Prix : 6,60 €
Édition : 10/18
Poche : 151 pages
Date de parution : 6 janvier 2011
Prix : 6,60 €
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Date d'inscription : 29/06/2010
Age : 34
Localisation : Belgique
Re: [Besson, Philippe] Les jours fragiles
Mon avis :
Inutile de vous parler du contenu du roman : la quatrième de couverture se suffit à elle-même. Avant de passer à mon ressenti, je voudrais souligner le grand atout du livre, à savoir la justesse de l'écriture. C'est un roman de type "journal", écrit donc à la première personne du singulier, mais de temps en temps, les phrases sont en italiques. C'est de cette façon que l'auteur nous signale qu'il rapporte là des paroles exactes (écrites) de la sœur de Rimbaud (voire de Rimbaud lui-même). Et je vous avoue que sans ces indices typographiques, j'aurais bien été incapable de distinguer les paroles d'époque de la plume de l'auteur. Il réussit sans mal à entrer dans la peau (ou plutôt dans la plume) d'Isabelle. C'est sobre et touchant, à l'image de l'admirable sœur qu'elle fut.
Les poètes maudits me fascinent. Mais c'est difficile de voir Arthur Rimbaud à la fin de sa vie, complétement diminué physiquement (et parfois mentalement). Le découvrir à travers les yeux de sa famille (et non ceux de ses admirateurs ou de ses amis marchands) est aussi intéressant. Il ne reste que l'homme, l'adolescent fugueur qui a fait le désespoir de sa famille catholique par ses mœurs dissolues.
Je vous avoue que, si Rimbaud n'avait pas été le sujet du bouquin, je n'aurais pas tenu le coup : réalisme, agonie, maladie, etc., ne sont pas des thèmes que j'affectionne dans les livres. Mais encore une fois, je pense que pour comprendre la poésie de Rimbaud, il est nécessaire de se documenter sur sa vie. Je m'attendais à plus de références à Verlaine, mais il n'est mentionné qu'à titre "anecdotique" (pour expliquer notamment sa blessure par balle). Il faut dire que la narratrice dit elle-même qu'elle ne salira pas les mémoires de son frère en parlant de ses pires "actions".
Au final, on s'attache surtout à Isabelle, cette vieille fille qui a toujours dû assumer la défection des hommes de la famille. La mère, très croyante et qui règne en tyran et en juge sur la famille, ne lui a pas permis non plus de vivre sa vie. Mais son dévouement pour ce frère (Arthur est assez égoïste en fait) est vraiment à applaudir.
Bref, une lecture éclairante sur la fin de la vie (et finalement aussi sur les origines) du poète Arthur Rimbaud.
Ma note :
Inutile de vous parler du contenu du roman : la quatrième de couverture se suffit à elle-même. Avant de passer à mon ressenti, je voudrais souligner le grand atout du livre, à savoir la justesse de l'écriture. C'est un roman de type "journal", écrit donc à la première personne du singulier, mais de temps en temps, les phrases sont en italiques. C'est de cette façon que l'auteur nous signale qu'il rapporte là des paroles exactes (écrites) de la sœur de Rimbaud (voire de Rimbaud lui-même). Et je vous avoue que sans ces indices typographiques, j'aurais bien été incapable de distinguer les paroles d'époque de la plume de l'auteur. Il réussit sans mal à entrer dans la peau (ou plutôt dans la plume) d'Isabelle. C'est sobre et touchant, à l'image de l'admirable sœur qu'elle fut.
Les poètes maudits me fascinent. Mais c'est difficile de voir Arthur Rimbaud à la fin de sa vie, complétement diminué physiquement (et parfois mentalement). Le découvrir à travers les yeux de sa famille (et non ceux de ses admirateurs ou de ses amis marchands) est aussi intéressant. Il ne reste que l'homme, l'adolescent fugueur qui a fait le désespoir de sa famille catholique par ses mœurs dissolues.
Je vous avoue que, si Rimbaud n'avait pas été le sujet du bouquin, je n'aurais pas tenu le coup : réalisme, agonie, maladie, etc., ne sont pas des thèmes que j'affectionne dans les livres. Mais encore une fois, je pense que pour comprendre la poésie de Rimbaud, il est nécessaire de se documenter sur sa vie. Je m'attendais à plus de références à Verlaine, mais il n'est mentionné qu'à titre "anecdotique" (pour expliquer notamment sa blessure par balle). Il faut dire que la narratrice dit elle-même qu'elle ne salira pas les mémoires de son frère en parlant de ses pires "actions".
Au final, on s'attache surtout à Isabelle, cette vieille fille qui a toujours dû assumer la défection des hommes de la famille. La mère, très croyante et qui règne en tyran et en juge sur la famille, ne lui a pas permis non plus de vivre sa vie. Mais son dévouement pour ce frère (Arthur est assez égoïste en fait) est vraiment à applaudir.
Bref, une lecture éclairante sur la fin de la vie (et finalement aussi sur les origines) du poète Arthur Rimbaud.
Ma note :
Line- Admin
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Re: [Besson, Philippe] Les jours fragiles
Bah si tu veux vraiment comprendre Rimbaud, c'est ce que dit Alice Miller sur son histoire qu'il faut lire... Ce qui me fait bondir, c'est le "égoïste" à son sujet. C'est exactement l'adjectif qui m'est attribué par ma famille, parce que je refuse de me plier à leurs exigences. Avoir une mère tyrannique, je sais ce que c'est, et je n'admire pas particulièrement les gens qui s'y soumettent. Je préfère encore crever libre et seule que d'être l'esclave d'une famille dysfonctionnelle.
Après c'est un joli avis sur un livre que je ne lirai jamais.
Après c'est un joli avis sur un livre que je ne lirai jamais.
Tatooa- Bibliovore
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Date d'inscription : 28/06/2012
Age : 59
Re: [Besson, Philippe] Les jours fragiles
Le "égoïste" se rapportait à son attitude vis-à-vis de sa petite sœur dans le livre. Elle se retrouve entre sa mère et lui, mais elle n'en peut rien. Il a parfois des élans de méchanceté (qui s'expliquent sans doute par son passif familial) qui retombent sur elle. Isabelle vit vraiment pour "servir" les autres, et c'est ça qui m'a rendue triste.
Maintenant, je ne vais pas non plus diaboliser totalement la mère. Je suis allée à l'exposition "Verlaine" à Mons il y a quelques mois et j'avais lu la lettre de la mère adressée à Verlaine, lui demandant de laisser son fils tranquille. Elle n'était pas agressive il me semble, elle voulait "juste" le salut de l'âme de son jeune fils (qui était plongé dans la drogue). Si les raisons religieuses sont à remettre dans le contexte de l'époque, on voit quand même qu'elle s'inquiétait vraiment pour son enfant et la drogue reste un fléau, au-delà des croyances et du temps.
Et puis le peu de "compréhension" (je n'ai pas dit "sympathie") que j'avais pour elle tombe à l'eau avec l'épisode final.
Enfin voilà, j'arrête avec ma psychologie de comptoir. C'est un roman "juste" et triste.
- Spoiler:
- Même à la fin, lorsqu'il veut repartir pour l'Afrique, il ne lui propose pas de lui-même de l'accompagner.
Maintenant, je ne vais pas non plus diaboliser totalement la mère. Je suis allée à l'exposition "Verlaine" à Mons il y a quelques mois et j'avais lu la lettre de la mère adressée à Verlaine, lui demandant de laisser son fils tranquille. Elle n'était pas agressive il me semble, elle voulait "juste" le salut de l'âme de son jeune fils (qui était plongé dans la drogue). Si les raisons religieuses sont à remettre dans le contexte de l'époque, on voit quand même qu'elle s'inquiétait vraiment pour son enfant et la drogue reste un fléau, au-delà des croyances et du temps.
Et puis le peu de "compréhension" (je n'ai pas dit "sympathie") que j'avais pour elle tombe à l'eau avec l'épisode final.
- Spoiler:
- L'enterrement à huis clos est vraiment horrible !
Elle a vraiment honte de son fils !
La seule consolation est qu'il repose aux côtés de sa grande sœur qu'il adorait mais effectivement, il ne devait pas souhaiter être enterré dans le caveau familial, dans le village qu'il a toujours tenté de fuir.
Enfin voilà, j'arrête avec ma psychologie de comptoir. C'est un roman "juste" et triste.
Line- Admin
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Date d'inscription : 29/06/2010
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Re: [Besson, Philippe] Les jours fragiles
L'époque n'était pas simple pour les esprits libertaires, ça c'est sûr. C'est pas de la psychologie de comptoir, il me semble, juste ce que tu ressens.
C'est fort triste pour la soeur, effectivement.
Il y a beaucoup de choses que Rimbaud ne pouvait pas savoir ni comprendre, ni "voir" d'ailleurs, ni sur lui-même, ni sur sa famille, parce qu'il n'a pas fait de travail psy. Et à la fin il est "retombé en enfance" comme la plupart des gens qui ne font pas de travail psy. Ses exigences ne font sans doute que refléter ses besoins non assouvis de toute petite enfance. Sa sœur a été la mère qu'il n'a pas eue, ça transparaît très bien dans ce que tu écris. Et quand je dis qu'il faut lire Alice Miller pour comprendre tout ça, c'est pas en l'air, elle l'explique très bien...
C'est fort triste pour la soeur, effectivement.
Il y a beaucoup de choses que Rimbaud ne pouvait pas savoir ni comprendre, ni "voir" d'ailleurs, ni sur lui-même, ni sur sa famille, parce qu'il n'a pas fait de travail psy. Et à la fin il est "retombé en enfance" comme la plupart des gens qui ne font pas de travail psy. Ses exigences ne font sans doute que refléter ses besoins non assouvis de toute petite enfance. Sa sœur a été la mère qu'il n'a pas eue, ça transparaît très bien dans ce que tu écris. Et quand je dis qu'il faut lire Alice Miller pour comprendre tout ça, c'est pas en l'air, elle l'explique très bien...
Tatooa- Bibliovore
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Date d'inscription : 28/06/2012
Age : 59
Re: [Besson, Philippe] Les jours fragiles
Merci pour les infos.
Line- Admin
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Localisation : Belgique
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