Le Turquetto

Résumé : Se pourrait-il qu'un tableau célèbre soit l'unique œuvre qui nous reste d'un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne ? Un égal du Titien ou du Véronèse ? Né à Constantinople en 1519, Elie Soriano a émigré très jeune à Venise, masqué son identité, troqué son nom contre celui d'Elias Troyanos, fréquenté les ateliers de Titien, et fait une carrière exceptionnelle sous le nom de Turquetto : le "Petit Turc". Metin Arditi retrace le destin mouvementé de cet artiste, né juif en terre musulmane, nourri de foi chrétienne, qui fut traîné en justice pour hérésie…

Éditeur : Actes Sud (Babel)
Date de parution : juin 2013
Prix : 8,00 €
Nombre de pages : 288 pages

Mon avis :

Cela fait quelques années que ma collègue me conseille ce livre et que je le regarde avec envie dans ma bibliothèque, alors franchement, je ne sais pas pourquoi j'ai tant tardé à le lire !  

Même si ce n'était pas du tout l'histoire à laquelle je m'attendais   , ce fut une lecture agréable et surprenante. Certaines scènes étaient fort "crues"    mais quel plaisir de plonger dans le monde de l'art de la Renaissance, et encore plus à Venise, dans l'une des cités-états des plus rayonnantes !    Les descriptions de Metin Arditi sont très visuelles et je rêverais de voir les tableaux... s'ils existaient !    Car c'est là le point de départ du livre. Sur l'un des tableau de Titien ("L'homme au gant"), la signature semble avoir été modifiée (invention de l'auteur bien sûr)...    Et si le tableau avait été peint par le "Turquetto", un grand peintre dont on aurait perdu toute trace ? C'est donc le récit fictif de la vie de ce personnage que nous offre l'auteur.  

L'autre thème, tout aussi important que l'art, de ce roman est les conflits religieux. À Constantinople, orthodoxes, musulmans et juifs cohabitent difficilement, mais, ce que j'ignorais (et je l'avoue non sans honte   ), c'est que la situation des juifs dans les cités italiennes (berceau du christianisme) étaient si précaire    : ghettos, obligation de porter un bonnet jaune, nombreuses répressions malgré la parenté des deux religions, etc. Cela casse un peu l'image de la Renaissance italienne et de son Humanisme.    Oui, je sais, quand on a en tête les Réforme et Contre-réforme de l'époque, l'intolérance religieuse n'est pas si étonnante que cela, mais j'observe que de nombreux passages de l'histoire juive sont occultés par les manuels... Enfin soit, tout cela pour dire que je me coucherai une nouvelle fois moins ignorante cette nuit !  

Le roman est divisé en quatre parties presque égales : les première et dernière se passent à Constantinople, les deux centrales à Venise. Avec cette différence de cadre géographique, on lit presque deux livres différents : un roman de vie à Constantinople, un roman sur l'art à Venise.

En conclusion, c'est un très bon livre qui séduira les amoureux de l'art, les amateurs de la Renaissance, les lecteurs intéressés par la situation religieuse de l'époque, mais aussi tous ceux qui seront curieux de lire cette explication imaginée à ce mystère : qui aurait pu réellement peindre ce célèbre tableau hormis Titien ?  

Ma note :