[Cortázar, Julio] fin d'un jeu (final de juego)

Des dieux sanglants et féroces surgis d'un passé lointain, l'impossible métamorphose d'un homme en bestiole aquatique, le public survolté d'un concert qui finit par dévorer le chef d'orchestre et les musiciens... et tant d'autres nouvelles où la réalité se craquelle et tend vers le fantastique, où Cortázar est, comme l'écrit Mario Vargas Llosa, " voyant qui détecte l'insolite dans l'habitude, l'absurde dans la logique, l'exception dans la règle et le prodigieux dans le banal ".

Mon avis :

C’est toujours très difficile de donner son avis sur un recueil de nouvelles , car elles sont toutes très différentes. Certaines sont longues, d’autres courtes, certaines sont difficiles à comprendre, certaines sont amusantes, d’autres ennuyeuses, certaines ont pour héros des enfants, d’autres des adultes, certaines sont écrites à la première personne, d’autres par un narrateur invisible, etc. Vous l’aurez compris, je peine à « évaluer » ma lecture. Le livre ne fait que 205 pages mais contient 18 nouvelles. Toutes ne sont pas fantastiques (ou à la limite du fantastique pour être plus exacte) mais elles ont en commun de bonnes chutes. Cortázar écrit très bien , et même si j’ai lu la version traduite française de ce recueil, j’avais eu l’occasion de lire la première nouvelle du recueil, Continuité des parcs, en langue originale, et son espagnol est parfaitement accessible aux débutants comme moi ! Maintenant, ses idées, c’est une autre affaire. Mon professeur de littérature hispanique nous a dit une fois en cours qu’il fallait lire les nouvelles de Cortázar plusieurs fois : la première pour la surprise, la seconde pour dénicher les indices qui auraient dû nous faire deviner la fin, la troisième pour y trouver les sens cachés. Je vois enfin ce qu’il veut dire. Cortázar est un auteur de talent et il mérite vraiment d’être lu.

Maintenant, plus personnellement, si je dois être honnête sur ma lecture, je dois avouer que j’ai vraiment dû me forcer pour le lire. Les récits courts ne sont pas faits pour moi. Ou alors, il aurait fallu que j’étale ma lecture sur 18 jours, pour bien profiter de chaque nouvelle. Mais là, en lisant le recueil d’une traite, j’ai rendu ma lecture pénible.
Je ne vais pas résumer les nouvelles et les juger une par une car ce serait sans aucun doute spoiler : tout se joue sur la découverte et la surprise. Ne vous attendez cependant pas à du fantastique incroyable, on est plus dans l’ordre du merveilleux, ou même d’une réalité au bord de la douce folie.

Sur ces 18 nouvelles, j’en retiendrai huit qui m’ont impressionnée :
- Continuité des parcs : J’ai bien dû lire au cours de ces dernières années au moins 10 fois cette nouvelle (c’était la première fois en français pourtant !) mais je ne m’en lasse pas ! Elle est d’une intelligence incroyable !
- Les poisons : Cette nouvelle a pour point de départ la protection des jardins par l’élimination des fourmis… On a peur d’arriver à la fin, et quand on y arrive, c’est… Non je me tais.
- Une fleur jaune : D’après cette nouvelle, nous serions immortels… Théorie intéressante à lire !
- Dîner d’amis : Dans cette nouvelle, les règles de la chronologie sont effacées… Très troublant.
- Les amis : Trois pages où il est question d’empêcher un meurtre… Cortázar a réussi à mettre du suspense en si peu de lignes ! Chapeau !
- Après le déjeuner : Nouvelle très émouvante dans laquelle un garçon emmène son frère (autiste ?) faire une ballade.
- La nuit face ciel : Un blessé fait, durant ses nuits à l’hôpital, de terrifiants cauchemars. Effrayante, cette nouvelle a le pouvoir de vous faire suer de peur.
- Fin d’un jeu : Magnifique nouvelle de fin de recueil, qui laisse énormément de place à l’interprétation.

Ce n’est pas le genre de récits que j’aime, puisqu’on tire plutôt sur la terreur, le psychisme, la bassesse humaine. Je n’ai pas souri une seule fois. Mais les nouvelles sont de qualité, je le reconnais bien volontiers. S’il fallait juger l’auteur en général, je lui mettrais la note maximale sans hésiter. Mais bon, il faut que je m’en tienne à mes goûts.

Ma note : (note généreuse pour les 8 histoires citées ci-dessus).