[Mann, Klaus] Mephisto
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[Mann, Klaus] Mephisto
Résumé : " ... Situé à la charnière grinçante du réel (politique) et de l'imaginaire (théâtral), ce roman rejoint la relation subtile et dangereuse de la vie et de l'ouvre de l'écrivain (...) Son ouvre multiple, abondante, brillante, relève plus du témoignage que de la création. Mais 011 peut imaginer que sa vie éclatée, déchirée, haletante était une réponse à celle par trop maîtrisée de son père. Thomas Mann n'avait jamais été jeune. Il incombait peut-être à Klaus Mann de ne pas pouvoir vieillir. Le suicide à quarante-deux ans de cet éternel adolescent balance étrangement la terrible et efficace maturité de soir père. " Michel Tournier
Éditeur : GrassetCollection : Les Cahiers Rouges
Date de parution : Septembre 2006
Prix : 11,40 €
Invité- Invité
Pour préciser un peu l'histoire...
Malheureusement, le quatrième de couverture ne donne pas un très bon aperçu de cette histoire, et si j'ai acheté le livre, c'est parce qu'on m'en avait déjà parlé avant.
Il retrace de l'ascension d'Hendrik Höfgen, acteur prometteur et surtout extrêmement carriériste, débutant sur la scène d'un théâtre à Hambourg pour devenir une véritable star allemande dans les années 30 et finalement administrateur du théâtre national sous le Troisième Reich.
L'histoire est racontée en flashback et le prologue décrit une soirée de gala où Goering lui-même est attendu avec sa maîtresse, en même temps qu'Hendrik.
On pourrait le considérer comme un roman historique, mais il a été écrit par Klaus Mann au moment où se déroulent les faits. Mephisto est une critique acerbe des intellectuels et artistes qui ont retourné leur veste et qui se sont compromis avec le pouvoir nazi. Il nous donne un aperçu de la vie mondaine dans l'Allemagne des années 20, puis sous le Troisième Reich. Très intéressée par l'histoire du monde germanique, je l'ai lu par curiosité.
Or, ce que j'ai découvert dans ce livre m'a surprise.
Tout d'abord, je m'attendais à un personnage tiraillé, plein de dilemme, qui se fait prendre au piège et instrumentaliser par le pouvoir en place. Or, il n'en est rien. Nous découvrons peu à peu un Hendrik qui se met en scène jusque dans sa vie personnelle, faux, tyrannique envers ses confrères acteurs, jaloux du succès des autres. Quant à la politique, elle lui permet surtout de se faire bien voir - en effet, il est au début proche des communistes et tente de se faire bien voir des artistes "de gauche". Il ment aux autres et à lui-même quant à son engagement, se prétendant de gauche par humanisme alors que ceux qui croisent sa route finissent souvent tragiquement.
Je n'ai pour ainsi dire ressenti aucune empathie particulière pour ce personnage. J'ignore s'il s'agit d'un parti pris littéraire de la part de Klaus Mann qui, farouchement opposé au régime nazi, a quitté l'Allemagne dès 1933, et qui devait mépriser son propre personnage. Si tel est le cas, il a réussi, d'une certaine manière, à le faire partager. En fait, c'est avec une sorte de fascination morbide que l'on suit les pérégrinations d'Hendrik.
Cependant, et c'est là le point fort de ce roman, le lecteur suit avec intérêt les trajectoires des différents personnages gravitant autour d'Hendrik en cette période sombre de l'histoire: Barbara qu'Hendrik a épousé par opportunisme, son ancienne maîtresse Juliette, ses confrères acteurs comme le communiste Ulrichs ou le jeune Hans Miklas qui dès le début affiche sa sympathie pour les nationaux socialistes. Au côté de qui finiront-ils par s'engager? Comment appréhenderont-ils l'arrivée des Nazis au pouvoir? Resteront-ils proches d'Hendrik? C'est à cette question que répond ce livre.
Considéré comme un livre culte, interdit par les Nazis, Mephisto nous amène à réfléchir sur le destin des artistes amenés à devoir choisir un camp ou à continuer leur carrière sous un régime autoritaire. J'avoue ne pas avoir été particulièrement transportée, du moins au niveau des émotions, ayant parfois l'impression que Mann avait rédigé, outre un roman à charge, une sorte d'étude, avec ses personnages pour cobayes. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] En revanche, l'un de ses mérites est de ne pas avoir sombré dans le manichéisme ou la caricature politique, et de poser les bonnes questions quant aux raisons de l'engagement.
Aussi pour cela, et pour la peinture parfois savoureuse de la vie intellectuelle et mondaine que Klaus Mann connaissait bien - fils du célèbre Thomas Mann, il a été confronté très jeune à l'échange d'idées et à la présence d'artistes - Mephisto mérite tout de même le détour.
Ma note:
Il retrace de l'ascension d'Hendrik Höfgen, acteur prometteur et surtout extrêmement carriériste, débutant sur la scène d'un théâtre à Hambourg pour devenir une véritable star allemande dans les années 30 et finalement administrateur du théâtre national sous le Troisième Reich.
L'histoire est racontée en flashback et le prologue décrit une soirée de gala où Goering lui-même est attendu avec sa maîtresse, en même temps qu'Hendrik.
On pourrait le considérer comme un roman historique, mais il a été écrit par Klaus Mann au moment où se déroulent les faits. Mephisto est une critique acerbe des intellectuels et artistes qui ont retourné leur veste et qui se sont compromis avec le pouvoir nazi. Il nous donne un aperçu de la vie mondaine dans l'Allemagne des années 20, puis sous le Troisième Reich. Très intéressée par l'histoire du monde germanique, je l'ai lu par curiosité.
Or, ce que j'ai découvert dans ce livre m'a surprise.
Tout d'abord, je m'attendais à un personnage tiraillé, plein de dilemme, qui se fait prendre au piège et instrumentaliser par le pouvoir en place. Or, il n'en est rien. Nous découvrons peu à peu un Hendrik qui se met en scène jusque dans sa vie personnelle, faux, tyrannique envers ses confrères acteurs, jaloux du succès des autres. Quant à la politique, elle lui permet surtout de se faire bien voir - en effet, il est au début proche des communistes et tente de se faire bien voir des artistes "de gauche". Il ment aux autres et à lui-même quant à son engagement, se prétendant de gauche par humanisme alors que ceux qui croisent sa route finissent souvent tragiquement.
Je n'ai pour ainsi dire ressenti aucune empathie particulière pour ce personnage. J'ignore s'il s'agit d'un parti pris littéraire de la part de Klaus Mann qui, farouchement opposé au régime nazi, a quitté l'Allemagne dès 1933, et qui devait mépriser son propre personnage. Si tel est le cas, il a réussi, d'une certaine manière, à le faire partager. En fait, c'est avec une sorte de fascination morbide que l'on suit les pérégrinations d'Hendrik.
Cependant, et c'est là le point fort de ce roman, le lecteur suit avec intérêt les trajectoires des différents personnages gravitant autour d'Hendrik en cette période sombre de l'histoire: Barbara qu'Hendrik a épousé par opportunisme, son ancienne maîtresse Juliette, ses confrères acteurs comme le communiste Ulrichs ou le jeune Hans Miklas qui dès le début affiche sa sympathie pour les nationaux socialistes. Au côté de qui finiront-ils par s'engager? Comment appréhenderont-ils l'arrivée des Nazis au pouvoir? Resteront-ils proches d'Hendrik? C'est à cette question que répond ce livre.
Considéré comme un livre culte, interdit par les Nazis, Mephisto nous amène à réfléchir sur le destin des artistes amenés à devoir choisir un camp ou à continuer leur carrière sous un régime autoritaire. J'avoue ne pas avoir été particulièrement transportée, du moins au niveau des émotions, ayant parfois l'impression que Mann avait rédigé, outre un roman à charge, une sorte d'étude, avec ses personnages pour cobayes. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] En revanche, l'un de ses mérites est de ne pas avoir sombré dans le manichéisme ou la caricature politique, et de poser les bonnes questions quant aux raisons de l'engagement.
Aussi pour cela, et pour la peinture parfois savoureuse de la vie intellectuelle et mondaine que Klaus Mann connaissait bien - fils du célèbre Thomas Mann, il a été confronté très jeune à l'échange d'idées et à la présence d'artistes - Mephisto mérite tout de même le détour.
Ma note:
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