Le Jour où la Terre prit Feu

Date de sortie: Novembre 1961
Durée: 1h38
Réalisateur: Val Guest
Genre: Science Fiction
Nationalité: Britannique
Interprètes: Edward Judd, Janet Munro, Leo McKern

Résumé: Pendant la Guerre froide, les Etats-Unis et l'URSS procèdent à des tests d'armes nucléaires au même moment. Un journaliste anglais, Bill Maguire, apprend que ces tirs ont eu une conséquence désastreuse: la Terre se réchauffe et un déplacement de son orbite la rapproche dangereusement du Soleil. La fin du monde est-elle inéluctable?

 Pour mon premier sujet cinéma, j'ai l'honneur de vous présenter ce "vieux coucou" qu'est Le Jour où la Terre prit Feu, une intéressante oeuvre de science-fiction qui à mon avis, a toute sa place sur ce forum. Ce film devrait intéresser à la fois les amateurs de science-fiction un peu plus ancienne, et ceux qui se passionnent pour les temps troublés de la Guerre Froide. Car Le Jour où la Terre prit Feu est profondément marqué par le contexte de l'époque... Donc si pour vous, science-fiction des années 60 est synonyme d'extraterrestres super sexy aux coiffures choucroutesques ou de vaisseaux dont les ordinateurs géants impriment de petites bandes de papier... OUBLIEZ!  

Pour étoffer un peu le résumé   
Un reporter sur le retour souffrant de problèmes d'alcool, Peter Stenning, est plus ou moins repêché par son collègue et ami Bill McGuire. Celui-ci l'envoie auprès d'instances gouvernementales enquêter sur des phénomènes météorologiques étranges (vagues de chaleurs, brouillards chauds sur Londres et Brighton, etc. ...). Or il semble que les autorités ne laissent filtrer aucune information. Qu'à cela ne tienne, Stenning, rencontre une jeune opératrice téléphonique travaillant au Centre Météorologique dont il décide de ce servir comme informatrice... tâche à laquelle cette chère Jeannie s'attèle avec application, puisqu'elle a le béguin pour le journaliste. Sur fond de catastrophe climatique, de rationnement d'eau et de panique gagnant Londres, Peter Stenning reprend goût à son métier et redécouvre l'amour... et découvre que les essais nucléaires russes et américains ont non-seulement modifié l'axe de rotation de la Terre, mais aussi dévié notre planète de son orbite, la rapprochant peu à peu du soleil.

Qu'en dire?  
Il est clair que le propos du film, marqué par le contexte de la Guerre Froide, semble un peu vieilli aujourd'hui, mais il reste tout de même très efficace.Hormis les saisissants plans sur Londres frappé par la vague de chaleur, l'un des principaux mérites de ce film est de ne pas jouer sur le spectaculaire, mais sur l'ambiance. Le spectateur assiste à l'installation de la panique dans une grande ville, à l'entrée en vigueur d'un état d'urgence avec politique de rationnement d'eau et les comportements criminels qui s'ensuivent. Plus on avance, plus le film est oppressant... De plus, la température monte dans tous les sens du terme, puisque le film réserve aussi quelques scènes assez "sexy" pour l'époque, que vous n'auriez jamais vu dans une production hollywoodienne! :hot:Je pense notamment à un plan sur Jeannie dont la nudité est suggérée, collée-serrée à Peter dans l'appartement qu'elle ne quitte plus, passant toute ses journées dans sa baignoire.
Autre mérite de ce film, sa construction en flashback: il s'ouvre sur Londres ravagé et écrasé de chaleur (le film tourné en noir et blanc est à ce moment-là teint en orangé pour suggérer la chaleur  ), ou un homme s'avance seul pour gagner une salle de presse. Et alors là, franchement, chapeau pour l'ambiance, dont je parlais plus haut: les ruban d'encre des machines à écrire (on est en 61) on fondu, tout comme la bakelite des téléphones dont les touches restent collées aux doigts. Impressionnant... Et tandis que l'homme - Peter Stenning lui-même - appelle, on apprend tout ce qui s'est déroulé, à savoir comment les journalistes ont assisté aux catastrophes successives et aux solutions trouvées par les gouvernements pour y parer.
Enfin, parti pris narratif intéressant, celui de raconter l'histoire du point de vue de ceux qui font l'information, les journalistes. Dans cette fiction, ceux-ci sont évidemment des idéalistes à la recherche de la vérité. C'est d'ailleurs ce que les journalistes du film font de ces informations qui donnent à la fin - ouverte et dérangeante - toute sa puissance. Mais de cela je ne peux rien dire sans un spoiler!  

Quand bien même ce film a vieilli et quand bien même l'Holocauste nucléaire semble être un enjeu dépassé, il est intéressant de voir comment les scénaristes de l'époque ont voulu mettre en garde leur public quant à ce qui se jouait. Et de manière efficace, car même un spectateur actuel peut se laisser gagner par la paranoïa et l'angoisse des protagonistes, et être conquis par ce couple qui tente de s'aimer alors que le monde est en feu. De plus, nous ne devons pas oublier qu'à l'époque où le film est sorti, ses spectateurs vivaient sous la menace de la guerre nucléaire. D'où la puissance de ce film, et en particulier de sa fin saisissante.

J'ajouterai pour info que les Britanniques, que nous connaissons aujourd'hui pour des shows SF déjantés comme Doctor Who ou Torchwood, ont produit par le passé quelques petites perles du genre.

Ma note: