[Kessel, Joseph] Le lion

Résumé : Au Kenya, au coeur d'une réserve naturelle, une petite fille vit en contact étroit avec la nature et les animaux. Fasciné par l'étrange pouvoir qui permet à la jeune fille de communiquer avec le monde sauvage, le narrateur raconte la relation mystérieuse qu'elle a tissée avec un lion.

Un roman émouvant et poétique qui, depuis sa parution en 1958, a séduit plusieurs générations de lecteurs.

Éditeur : Belin - Gallimard
Date de parution : juillet 2010
Prix : 5,95 €

Après quelques ennuis techniques (il manque une bonne trentaine de pages à mon exemplaire - mais l'éditeur m'a immédiatement promis de m'envoyer dans les plus brefs délais un nouveau livre ), me voilà au bout de ce livre !

Mon avis :

Disons le tout de suite, un roman d'aventures, qui plus est classé "jeunesse", n'avait rien pour me séduire. Ce genre d'histoire ne m'a jamais fait frémir, et rien n'a changé après cette lecture.

Cependant, à part mon aversion personnelle pour le genre , il me faut bien reconnaitre qu'il n'y a pas grand-chose à reprocher à ce roman. Si l'intrigue n'a de surprenant que son idée originale (une amitié incroyable entre une petite fille et un lionceau devenu lion), elle est portée par un panel de personnages très intenses :
Tout d'abord, le narrateur, un écrivain-voyageur parisien qui s'émerveille de tout ce qu'il découvre dans ce parc du Kenya, réussit la difficile tâche d'être un observateur interne et passif du récit. Il n'y joue aucun rôle (dans le sens que sa présence ne va pas servir à autre chose que de remplir le rôle de témoin ou de confident) mais pourtant est indispensable pour que le lecteur puisse comprendre et s’immerger dans le récit. Il va devenir l'ami de tout le monde, ce qui rapproche également le lecteur des autres personnages.
Ensuite, il y a la petite fille, Patricia, qui est difficile à décrire : elle a parfois une attitude très adulte - presque sans âge et emplie de sagesse -, mais parfois se laisse emporter par des jeux qui la dépassent.

Spoiler:

Il y a aussi les parents, ces deux amoureux que deux modes de vie opposent, condamnés à être malheureux (en faisant compromis sur compromis) car ils ne veulent que le bonheur de l'autre. Je n'ai pas envie de les plaindre tant leur amour est beau et leur sincérité et altruisme louable, mais leur mal-être est palpable. On dirait deux personnages des romans romantiques du XIXe siècle.
Enfin, il y a les différentes tribus. Le roman a été écrit en 1958, et porte les traces de la vision de l'époque, mais je pense qu'il y avait une volonté de la part de l'auteur de ne pas entrer en politique sur le sujet : il rapporte les coutumes indigènes sans jugement (et j'ose l'espérer, avec exactitude). C'était intéressant.

J'ai beaucoup apprécié l'écriture de Kessel , travaillée mais accessible, poétique mais sans excès. Le livre se lit facilement, même si quelques longueurs apparaissent, dues à l'absence de suspense. On devine comment cela va se terminer, on le redoute mais rien ne vient nous faire espérer une fin différente. Du coup, je ne vous révèle pas si le dénouement m'a finalement surprise ou non, autant garder un peu de mystère. Je me suis ennuyée , mais, encore une fois, mon ennui est plus à mettre sur le compte de mon désintérêt pour le genre que pour ce roman en particulier. C'est le genre de livre qui laisse trop désemparé car quand se passe un événement tragique, on en veut à tout le monde, tout en trouvant à chacun des excuses.
Ma dernière remarque me permet de terminer sur une note positive : j'ai apprécié dans ce roman la façon dont l'auteur, avec brio, a su allier le réalisme le plus terre à terre et une atmosphère très romantique. On est comme dans un rêve, il y a un soupçon de mysticisme, les passions les plus folles guident les cœurs vers cette nature exotique à la fois si merveilleuse et terrible. Soit vous vous laissez embarquer dans l'aventure, soit - comme moi - vous restez dans cet état de malaise permanent, mais en tout cas, vous ne restez pas indifférent et ce livre vous marque.

Bref, Le lion est un roman qui remplit son contrat : il ravira ceux qui viendront à lui avec une envie sincère de connaitre le fin mot de l'aventure d'une petite fille et de son lion.

Ma note :

N.B. Mon conseil : ne lisez ce livre que si la quatrième de couverture vous attire. N'en attendez ni plus ni moins.