[Collectif] Brèves de noir

Résumé : Une chasse à l’homme en Irak, une leçon de cuisine qui dérape en crime passionnel, un nouveau départ virant à la descente aux enfers… Pour le dixième anniversaire du festival Quais du Polar, le noir est décliné sous toutes ses nuances ! Retrouvez les lauréats du Prix des lecteurs des éditions précédentes dans neuf nouvelles inédites. Les plus belles plumes croquent l’actualité, du fait divers à l’événement planétaire, et nous délivrent des récits denses, sombres et implacables.

Éditions : Points
Date de parution : 13 mars 2014
Prix : 6,40 €
Collation : 192 pages

Mon avis :

Tout d'abord, une petite précision : j'ai classé à dessein ce recueil de nouvelles en "Littérature" et non en "Policier/thriller/suspense" car, même s'il est vrai que les auteurs sont des grands noms du genre du polar, ici, aucun des récits ne s'y rapproche de près ou de loin.
C'est là ma première déception : je m'attendais à un univers plutôt policier, alors que les nouvelles étaient profondément réalistes (d'ailleurs certaines sont basées sur des faits divers actuels). Ce sont des récits noirs, sans humour, certes bien écrits et assez intéressants mais pas du tout distrayants. Il vaut mieux, je crois, pour découvrir les auteurs, lire leurs plus grands romans, et non ces nouvelles qui ont été sélectionnées plus par le nom de l'auteur que par la qualité des récits...

Ma note :

- "La meute" de DOA : Dans cette nouvelle, nous sommes en pleine mission militaire anti-kamikazes en Irak. C'est froid, on ne tient pas compte des civils, on obéit aux ordres. Réaliste, triste documentaire, déprimant. Trop réaliste et actuel pour moi.

- "Le clandestin" de Franck Thilliez : Basé sur un célèbre fait divers coréen de 2006 (je ne dis pas lequel pour ne pas gâcher la lecture), ce récit est très bien construit, jouant sur l'implicite et le psychologique, et embrouillant le lecteur en malmenant la chronologie et en distillant les indices. Attention, âmes sensibles s'abstenir, on est à la limite du "tabou" (et dans l'horreur à 100%). La meilleure nouvelle du recueil selon moi.

- "Un canard au sang" de François Boulay : Également inspirée d'un fait divers américain (2007), cette nouvelle nous plonge dans la tête d'un homme qui a tué sa femme 8 ans auparavant et l'a enterrée dans le jardin. En lisant le fait divers réel joint à la fin du récit, j'ai été un peu déçue : l'auteur aurait pu aller bien plus loin dans sa réinterprétation des faits. Je reste sur ma faim. Mais l'auteur a su ménager un peu de suspense.

- "Max Vegas" de Marcus Malte : L'idée de départ était séduisante. Le vieux Max a le don de faire parler les morts. Mais... on tourne en rond, c'est répétitif, et la fin est prévisible et triste.

- "L'échappée" de Caryl Férey : L'histoire d'une famille qui part en croisière pendant une semaine à Noël, et qui n'y rencontre que des ennuis. Cette nouvelle avait un gros potentiel comique : des personnages très atypiques, des situations a priori burlesques, un narrateur sympathique... Mais non, rien n'a pris. J'ai eu plus peur qu'autre chose pendant ce récit (tant c'était, encore une fois terriblement réaliste). J'avoue cependant avoir été très surprise par la fin, d'une profondeur réflexive assez conséquente.

- "Une trajectoire" de Antoine Chainas : La vie complète, année après année, d'un homme ambitieux qui va gravir pas à pas tous les échelons dans le secteur économique. La narration en "tu" est originale, mais le personnage, rongé par l'ambition et l'argent, est au fil des pages de plus en plus antipathique. Une histoire affligeante et déprimante.

- "Le point de vue de la gazelle" de Serge Quadruppani : Une histoire qui a tout pour nous faire déprimer avec des personnages pauvres endoctrinés qui deviennent terroristes. Mais le tout début, et surtout la toute fin, sont porteurs d'un message humaniste qui laisse un peu d'espoir au lecteur et ne lui retire pas toute confiance en l'humanité.

- "Dernière lumière" de Antonin Varenne : Une jeune femme quitte sa grande ville car elle a couché avec son patron, un homme marié. Elle veut recommencer une nouvelle vie en ouvrant une mercerie dans un petit village assez pauvre (l'usine a fermé et donc le travail manque là-bas, et les gens vident la ville). Problème des petits villages : le moindre petit secret finit toujours par être découvert. Encore une histoire déprimante où la méchanceté du groupe est mise en avant.

- "L'exfiltration de Snowdenski" de Olivier Truc : Récit peu compréhensible pour les non-initiés de la politique russe. Espionnage, manque d'ouverture d'esprit, brutalité. Je me suis forcée à finir cette lecture.


Bref, je ressors de ce recueil vidée émotionnellement. Ces récits sont d'une noirceur terriblement réaliste. J'ai vraiment besoin d'un peu d'humanité...