Le Forum de la Littérature Fantastique
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12]

Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty [Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12]

Message par Ivy Sam 17 Oct 2009 - 17:26

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 1 : Première Vue

C'était le moment de la journée où je regrettais de ne pouvoir dormir.
         Le lycée.
         Ou était-ce purgatoire le bon mot? S'il y avait un quelconque moyen de racheter mes péchés, ceci devait être pris en compte, en quelques sortes. L'ennui n'était pas quelque chose à laquelle je m'habituais; chaque jour paraissait incroyablement plus monotone que le précédent.

         Je suppose que c'était ma forme de sommeil, si le sommeil était défini comme un état inerte entre deux périodes actives.
         Je fixai les fissures qui parcouraient le plâtre dans le coin éloigné de la cafétéria, imaginant des motifs qui n'existaient pas. C'était une manière de faire la sourde oreille aux voix qui formaient un brouhaha, comme le flot d'une rivière, dans ma tête.
         J'ignorai plusieurs centaines de ces voix par pur ennui.

         En ce qui concernait l'esprit humain, j'avais déjà tout entendu. Aujourd'hui, toutes les pensées étaient en proie à l'insignifiant drame d'un nouvel ajout au petit corps étudiant d'ici. Ça prit si peu de temps de leur prendre des informations. J'avais vu le nouveau visage répété pensée après pensée dans tous les angles. Juste une humaine ordinaire. L'excitation sur son arrivée était péniblement prévisible, comme faire miroiter un objet brillant à un enfant. La moitié des mâles se comportant comme des moutons s'imaginaient déjà amoureux d'elle, simplement parce qu'elle était quelque chose de nouveau à regarder. J'essayai encore plus de faire la sourde oreille.

         Il y avait seulement quatre voix que je bloquais plus par courtoisie que par dégoût: ma famille, mes deux frères et mes deux sœurs, qui étaient tellement habitués au manque d'intimité en ma présence qu'ils y pensaient rarement. Je leur donnais l'intimité que je pouvais. J'essayais de ne pas écouter si je le pouvais.
         J'essayais comme je pouvais, toutefois… je savais.

         Rosalie pensait, comme d'habitude, à elle-même. Elle regardait son reflet dans les lunettes de quelqu'un, et elle réfléchissait à sa propre perfection. L'esprit de Rosalie était un bassin peu profond avec quelques surprises.
         Emmett fulminait à propos d'un combat de catch qu'il avait perdu contre Jasper pendant la nuit. Cela prendrait toute sa patience limitée pour attendre la fin de la journée pour prendre une revanche. Je ne me suis jamais vraiment senti comme un intrus dans les pensées d'Emmett, parce qu'il ne pense jamais une chose qu'il ne dirait tout haut où qu'il ne ferait pas. Peut-être que je me sentais coupable de lire dans les esprits des autres parce que je savais qu'il y avait des choses qu'ils ne voulaient pas que je sache. Autant l'esprit de Rosalie était un bassin peu profond, celui d'Emmett était un lac sans ombre, l'eau claire comme du verre.
         Et Jasper…souffrait. Je réprimai un soupir.
         Edward. Alice m'appela dans sa tête, et elle eut immédiatement mon attention.
         C'était exactement la même chose que d'entendre mon nom à voix haute. J'étais heureux que mon prénom ne soit plus à la mode, ça aurait été ennuyeux; à chaque fois que quelqu'un penserait à un Edward, ma tête tournerait automatiquement.
         Ma tête ne bougea pas. Alice et moi étions bons pour ces conversations privées. Il était rare que quelqu'un nous surprenne. Je gardai mon regard fixé sur les lignes du plâtre.
         Comment va-t-il? Me demanda-t-elle.

         Je grimaçai, juste une petite altération au coin de ma bouche. Rien qui n'attirerait l'attention des autres. Je pourrais facilement grimacer d'ennui.
         Les sonorités de la voix mentale d'Alice étaient à présent inquiètes, et je vis dans son esprit qu'elle regardait Jasper de côté. Y'a-t-il un danger? Elle commença à chercher dans le futur immédiat, survolant des visions de monotonie pour la source qui se cachait derrière ma grimace.

         Je tournai lentement la tête vers la gauche, comme pour regarder les briques du mur, soupirai, puis vers la droite, revenant aux fissures du plafond. Seule Alice savait que je secouai la tête.
         Elle se détendit. Fais-le moi savoir s'il va trop mal.
         Je bougeai simplement mes yeux, vers le plafond, puis les rebaissai.
         Merci de faire ça.

         J'étais heureux de ne pas pouvoir répondre. Qu'aurais-je dit? 'Ça me fait plaisir'? Ce n'était pas vraiment le cas. Je n'appréciai pas d'entendre Jasper lutter. Etait-ce vraiment nécessaire de faire une telle expérience? Le chemin le plus sûr ne serait-il pas de simplement admettre qu'il ne pourra peut-être jamais être capable de manipuler sa soif comme nous autres pouvons le faire, et ne pas pousser ses limites? Pourquoi flirter avec le désastre?

         Cela faisait deux semaines depuis notre dernier voyage de chasse. Ce n'était pas une période très difficile à passer pour le reste d'entre nous. Un peu incommode occasionnellement, si un humain marchait trop près, si le vent soufflait dans le mauvais sens. Mais les humains marchaient rarement trop près. Leur instinct leur disait ce que leurs esprits conscients ne comprendraient jamais: nous étions dangereux.
         Jasper était très dangereux en ce moment précis.
         A cet instant, une fille de petite taille s'arrêta au bout de la table la plus proche de nous, parlant à une amie. Elle secoua ses cheveux courts, blonds, passant ses doigts dedans. Les ventilateurs envoyèrent son odeur dans notre direction. J'étais habitué à ce que me faisais ressentir cette odeur, ma gorge sèche, le creux languissant dans mon estomac, mes muscles se tendant automatiquement, le flot excessif de salive dans ma bouche…

         Tout ça était quasiment normal, habituellement facile à ignorer. C'était plus difficile juste en ce moment, les sentiments plus forts, doublés, alors que je suivais de près la réaction de Jasper. Deux soifs, à la place de la mienne seule.
         Jasper laissait son imagination l'emporter. Il l'imaginait, s'imaginait se levant de son siège près d'Alice et allant se tenir derrière la fille. Il pensait à se pencher, comme s'il allait murmurer à son oreille, et laisser ses lèvres toucher l'arche de sa gorge. Il imaginait comment le flot chaud de son pouls sous la belle peau lui ferait comme sensation sous sa bouche…
         Je donnai un coup de pied dans sa chaise.
         Il me regarda dans les yeux un instant, avant de baisser le regard. Je pouvais entendre la honte et la rébellion dans sa tête.
         « Désolé » marmonna Jasper.
         J'haussai les épaules.
         « Tu n'allais rien faire, » lui murmura Alice, apaisant son chagrin. « Je pouvais le voir. »

         Je combattis une grimace qui aurait fichu en l'air son mensonge. On faisait la paire, Alice et moi. Ce n'était pas simple, entendre des voix ou voir des visions du futur. Deux monstres parmi ceux qui sont déjà des monstres. Nous protégions les secrets de l'autre.
         « Ça aide un peu si tu penses à eux en tant que personne, » suggéra Alice, sa voix haute et musicale trop rapide pour que des oreilles humaines ne comprennent, s'il y en avait eu d'assez proches pour écouter. « Son nom est Whitney. Elle a une petite sœur, un bébé, qu'elle adore. Sa mère avait invité Esmée à cette garden party, tu te souviens? »
         « Je sais qui elle est, » dit sèchement Jasper. Il se détourna pour regarder par l'une des petites fenêtres qui étaient juste sous le rebord du toit tout le long de la pièce. Son ton mis fin à la conversation.

         Il allait devoir aller chasser ce soir. C'était ridicule de prendre des risques comme ça, essayant de tester sa force, de construire son endurance. Jasper devrait simplement accepter ses limites et faire avec. Ses anciennes habitudes n'étaient pas favorables à notre choix de mode de vie, il ne devrait pas se pousser dans ce chemin-là.
         Alice soupira silencieusement et se leva, prenant son plateau de nourriture, son accessoire, plus vraisemblablement, avec elle et le laissait seul. Elle savait quand il en avait assez de ses encouragements. Alors que Rosalie et Emmett étaient plus flagrants à propos de leur relation, c'étaient Alice et Jasper qui connaissaient l'humeur de l'autre autant que la leur. Comme s'ils pouvaient lire les pensées aussi –juste de l'un à l'autre.
         Edward Cullen.
         Réflexe. Je me tournai à l'appel de mon nom, même s'il n'avait pas été dit, juste pensé.
         Mon regard croisa un quart de seconde une paire de larges yeux humains d'une couleur chocolat sur un visage pâle, en forme de cœur. Je connaissais ce visage, bien que je ne l'aie pas vu moi-même jusque là. Il avait été le plus en vue dans tous les esprits humains aujourd'hui. La nouvelle élève, Isabella Swan. Fille du chef de police de la ville, amenée à vivre ici par une quelconque nouvelle situation de garde. Bella. Elle corrigeait tous ceux qui utilisaient son prénom en entier…
         Je détournai le regard, ennuyé. Cela me prit une seconde pour réaliser que ce n'était pas elle qui avait pensé mon nom.
         Bien sûr qu'elle craque déjà sur les Cullen, entendis-je la première pensée continuer.
         Maintenant je reconnaissais la 'voix'. Jessica Stanley, ça faisait un moment qu'elle ne m'avait pas ennuyé avec ses jacassements intérieurs. Quel soulagement se fut quand elle dépassa son engouement mal placé. Il avait été pratiquement impossible d'échapper à ses constantes et ridicules rêveries. Je regrettai, dans ces moments-là, de ne pas pouvoir lui expliquer ce qui se passerait exactement si mes lèvres, et les dents qui se trouvaient derrière, s'étaient approchées d'elle. Ça aurait fait taire ces ennuyeux fantasmes. Imaginer sa réaction me fit presque sourire.

         Ça lui fera une belle jambe, continua Jessica. Elle n'est même pas vraiment jolie. Je ne sais pas pourquoi Eric la regarde autant… ou Mike.
         Elle tressaillit mentalement en pensant le dernier nom. Son nouvel engouement, le génériquement populaire Mike Newton, ne lui prêtait aucune intention. Apparemment, il portait toute son attention à la nouvelle fille. Comme l'enfant avec l'objet brillant, encore. Ceci envenima les pensées de Jessica, bien qu'elle soit, en apparence, cordiale avec la nouvelle venue alors qu'elle lui expliquait les histoires communes sur ma famille. La nouvelle élève avait dû lui poser des questions sur nous.
         Tout le monde me regarde aussi, aujourd'hui, pensa Jessica avec suffisance. Si ce n'est pas de la chance que Bella ait deux classes avec moi… Je parie que Mike voudra me demander si elle est-
         J'essayai de bloquer l'inepte jacassement avant que les futilités ne me rendent fou.
         « Jessica Stanley est en train d'étendre le linge sale du clan Cullen à la nouvelle fille Swan. » Murmurai-je à Emmett comme distraction.
         Il eut un petit rire. J'espère qu'elle le fait bien, pensa-t-il.
         « Elle manque assez d'imagination, en fait. Juste le minimum de scandale. Pas une once d'horreur. Je suis un peu déçu. »
         Et la nouvelle? Elle est déçue par les rumeurs aussi?
J'écoutai pour savoir ce que la nouvelle, Bella, pensait de l'histoire de Jessica.
Que voyait-elle quand elle regardait l'étrange famille à la peau pâle qui était universellement évitée?

         C'était en quelque sorte ma responsabilité de connaître sa réaction. J'agissais en guetteur, à défaut de meilleur mot, pour ma famille. Pour les protéger. Si jamais quelqu'un devenait suspicieux, je pouvais leur donner une alerte précoce et un repli facile. Ça arrivait occasionnellement, un quelconque humain avec une imagination active nous verrait comme des personnages d'un livre ou d'un film. Habituellement ils ont faux, mais c'était mieux de déménager dans un nouvel endroit que de risquer un examen minutieux. Très, très rarement, quelqu'un devinait. Nous ne leur donnions pas la chance de vérifier leur hypothèse. Nous disparaissions simplement, pour ne devenir qu'un effrayant souvenir…
         Je n'entendais rien, bien que j'écoutais juste à côté le monologue frivole interne de Jessica continuer de s'écouler. C'était comme si personne n'était assis à côté d'elle. Comme c'est étrange, la fille aurait-elle bougé? Ça ne semblait pas probable, étant donné que Jessica continuer de jacasser. Je levai les yeux pour vérifier, me sentant déséquilibré. Vérifier ce que mon ‘écoute supplémentaire’ pouvait me dire, c'était quelque chose que je n'avais jamais eu à faire.

         Encore une fois, mon regard se fixa sur les mêmes grands yeux marrons. Elle était assise exactement au même endroit qu'avant, et nous regardant, chose naturelle à faire, supposai-je, puisque Jessica la régalait des rumeurs locales sur les Cullen.
         Penser à nous, aussi, serait naturel.
         Mais je ne pouvais entendre un murmure.
         Ses joues se teintèrent d'un rouge invitant, chaud, alors qu'elle baissait les yeux, loin de l'embarrassante gaffe de s'être fait prendre à fixer un inconnu. C'était une bonne chose que Jasper continuait de fixer la fenêtre. Je n'aimais pas imaginer ce que ferait cette concentration de sang sur son contrôle.
         Les émotions sur son visage avaient été claires comme si elles avaient été écrites sur son front: la surprise, alors qu'elle absorbait inconsciemment les signes des subtiles différences entre son genre et le mien, la curiosité, alors qu'elle écoutait l'histoire de Jessica, et quelque chose de plus… fascination? Ce ne serait pas la première fois. Nous étions beaux à leurs yeux, nos proies intentionnelles. Puis, finalement, l'embarras quand je la surpris à me fixer.

         Et pourtant, bien que ses pensées aient été claires dans ses étranges yeux –étranges à cause de leur intensité; Les yeux marrons paraissaient souvent fades dans leur obscurité- je ne pouvais entendre que le silence, là où elle était assise. Rien du tout.
         Je sentis un moment de malaise.
         Je n'avais jamais rencontré de pareil cas auparavant. Y avait-il quelque chose qui n'allait pas chez moi? Je me sentais exactement pareil que d'habitude. Inquiet, j'écoutais avec plus de force.
         Toutes les voix que j'avais bloqué se mirent soudainement à hurler dans ma tête.
         Me demande quelle musique elle aime…peut-être que je pourrais mentionner ce nouveau CD… pensait Mike Newton, deux tables plus loin, fixant Bella Swan.
         Regardez-le la fixer. Ce n'est pas assez qu'il ait la moitié des filles de l'école l'attendant … Les pensées d'Eric Yorkie étaient sulfureuses, et tournaient aussi autour de la fille.
        Tellement dégoûtant… On penserait qu'elle est célèbre…Même Edward Cullen la regarde… Lauren Mallory était si jalouse que son visage devrait être d'un jade foncé. Et Jessica, affichant sa nouvelle meilleure amie. Quelle blague… Du vitriol continuait de couler des pensées de la fille.

        Je parie que tout le monde lui a demandé ça. Mais j'aimerais lui parler. Je vais penser à une question plus originale… songea Ashley Dowling.
         Peut-être qu'elle sera dans mon cours d'espagnol… espéra June Richardson.
         Des tonnes à faire ce soir! Trigonométrie, et le devoir d'anglais. J'espère que ma mère… Angela Weber, une fille discrète, dont les pensées étaient exceptionnellement gentilles, était la seule à la table qui n'était pas obsédée par Bella.
         Je pouvais les entendre tous, entre chaque chose insignifiante qu'ils pensaient. Mais rien du tout de la part de la nouvelle élève avec les yeux trompeusement communicatifs.
         Et, bien sûr, je pouvais entendre ce que la fille disait quand elle parlait à Jessica. Je n'avais pas besoin de lire les pensées pour pouvoir entendre sa voix basse et claire à l'autre bout de la grande pièce.
         « Qui c'est, ce garçon aux cheveux blond roux? » L’entendis-je demander, me regardant du coin de l'œil, seulement pour détourner rapidement le regard quand elle vit que je la regardais toujours.

         Si j'avais eu le temps d'espérer que le son de sa voix m'aiderait à mettre le doigt sur la sonorité de ses pensées, perdues quelque part où je ne pouvais y accéder, j'étais immédiatement déçu. Habituellement, les pensées des gens leur venaient dans un ton semblable à leur voix physique. Mais cette voix calme, timide, était inconnue, pas une des centaines de pensées parcourant la pièce, j'étais sûr de ça. Complètement nouvelle.
         Oh, bonne chance, idiote! Pensa Jessica avant de répondre à la question de la fille. « Edward. Il est superbe, mais inutile de perdre ton temps. Apparemment, aucune des filles d'ici n'est assez bien pour lui. » Dit-elle.
         Je tournai la tête pour cacher mon sourire. Jessica et ses camarades de classe n'avaient pas idée à quel point elles étaient chanceuses qu'aucune d'elles ne m'attire particulièrement.

         Sous l'éphémère pensé, je sentis une impulsion que je ne compris pas tout de suite. Cela avait à voir avec les malfaisantes pensées de Jessica dont la nouvelle n'avait pas conscience. Je ressentais une forte envie de m'immiscer entre elles, pour protéger Bella Swan des noires pensées de Jessica. Quel étrange sentiment ! Désireux de découvrir les motivations cachées derrière cette impulsion, j'examinais une nouvelle fois la fille.
         Peut-être était-ce juste un instinct protecteur profondément enfoui - les forts protégeant les faibles. Cette fille semblait plus fragile que ses camarades. Sa peau était si translucide qu'il était difficile de croire qu'elle constituait une défense fiable contre les agressions extérieures. Je pouvais voir les pulsations rythmées de son sang dans ses veines à travers sa peau claire et pâle. Mais je ne devais pas me concentrer sur ça. J'étais bon dans cette vie que j'avais choisi, mais j'étais aussi assoiffé que Jasper et il n'y
avait aucun compromis avec cette délicieuse tentation.
         Il y avait un léger pli entre ses yeux marron dont elle ne semblait pas avoir conscience.

         C'était incroyablement frustrant ! Je pouvais clairement voir qu'elle faisait un effort pour rester assise là, pour faire la conversation à ces étrangers, étant leur centre d'attention. Je pouvais deviner sa timidité à la façon dont elle tenait ses frêles épaules, légèrement voûtées, comme si elle s'attendait à une rebuffade à tout instant. Mais je ne pouvais que deviner, que voir, qu'imaginer. Il n'y avait rien mis à part le silence de cette extraordinaire fille. Je ne pouvais rien entendre. Pourquoi ?
         « On y va » ? Murmura Rosalie, interrompant le fil de mes pensées.
         Je me détournai du visage de cette fille avec soulagement. Je ne voulais pas continuer à échouer ainsi, cela m'énervait. Et je ne voulais pas développer un quelconque intérêt pour ses pensées cachées simplement parce qu'elles m'étaient inconnues. Pas de doute que lorsque je déchiffrerais ses pensées - et je voulais trouver une façon de le faire - elles se révèleraient aussi insignifiantes et futiles que celles de n'importe quel autre humain. Cela ne valait pas les efforts que je fournissais.
         « La nouvelle est-elle aussi effrayée par nous ? » Interrogea Emmett, attendant toujours la réponse à sa question.

         Je haussai les épaules. Il n'était pas assez intéressé pour vouloir plus de détails. Je n'aurais pas dû être intéressé.
         Nous nous levâmes de table et quittâmes la cafétéria.
         Emmett, Rosalie et Jasper étaient supposés être dans les grandes classes et partirent donc à leur cours. Je jouais un rôle plus jeune qu'eux. J'allais donc à mon cours de biologie avancée, préparant déjà mon esprit à l'ennui. C'était un certain M. Banner qui assurait le cours, un homme d'intellect moyen que rien ne réussissait à sortir de sa lecture, ce qui n'était pas une grande surprise pour quelqu'un qui était diplômé de médecine.
         En classe, je m'assis sur ma chaise et sortis mes livres - il n'y avait rien dedans que je ne savais déjà - qui se renversèrent sur la table. J'étais le seul étudiant qui avait une paillasse à lui tout seul. Si les humains n'étaient pas assez malins pour deviner qu'ils me craignaient, leur instinct de survie, lui, l'était suffisamment pour les éloigner.
         La salle se remplissait lentement comme elle s'était vidée à la cantine. Je me penchais en arrière sur ma chaise et attendis que le temps passe. Je souhaitais encore pouvoir dormir.

         Je pensais à la nouvelle quand Angela Weber l'escorta à travers la pièce, son nom attira mon attention.
         Bella est aussi timide que moi. Je jurerais que ce jour est très difficile pour elle. J'aimerais bien lui dire quelque chose... mais ça paraîtra sûrement stupide…
         Oui !, Pensa Mike Newton en se tournant sur son siège pour voir entrer la nouvelle.
         Il n'y avait de nouveau rien à la place où se tenait Bella Swan. L'espace vide de ses pensées m'irritait et me décontenançait.
         Elle s'approcha, marchant dans l'allée centrale à côté de moi, vers le bureau du professeur. Pauvre fille, le seul siège disponible était celui à côté du mien. Je compris que se serait le sien et poussai mes livres en pile. Je doutais néanmoins que cela soit très confortable. Elle était ici pour un long semestre - dans cette classe du moins. Peut-être, pensais-je, que je serais capable de percer ses secrets en étant placer près d'elle. Non pas que j'aie eu besoin d'une proximité avant, ni que j'eusse envie de trouver quelque chose qui vaille la peine d'être entendu.

         Bella Swan marchait dans un écoulement de chaleur que le vent m'envoya.
         Son parfum me frappa tel une balle destructrice, un coup de massue. Il n'existait pas d'image assez violente pour décrire la force qui me frappa en cet instant.
         A ce moment, je n'avais plus rien d'humain. Il n'y avait plus la moindre once d'humanité en moi. Mais j'essayais tout de même de retrouver mes esprits.
         J'étais un prédateur, elle était ma proie. Il n'y avait rien de plus vrai au monde.
         Il n'y avait pas assez d'une pièce remplie de témoins - ils n'étaient que des détails secondaires dans ma tête. Le mystère de ses pensées était oublié. De toute manière, elles n'avaient aucune importance puisqu'elle ne pourrait pas les penser encore longtemps.
         J'étais un vampire, et elle avait le sang le plus doux que j'avais senti en plus de quatre-vingts ans.
         Je n'avais jamais imaginé qu'un tel parfum pouvait exister. Si je l'avais su, cela aurait fait longtemps que je serais parti à sa recherche. J'aurais passé la planète au peigne fin pour le trouver. Je pouvais imaginer son goût...
         La soif brûlait ma gorge en feu. Ma bouche était chaude et sèche. Le flot frais de venin ne dissipait en rien ce sentiment. Mon ventre se tordait de faim, faisant écho à ma soif. Mes muscles se bandaient pour sauter.
         A peine quelques secondes s'étaient écoulées, et elle se tenait toujours au même endroit, dans le sens du vent.
         Au moment même où ses pieds touchèrent l'étal, elle posa les yeux sur moi. Un mouvement très furtif. Son regard rencontra le mien et je vis mon image se refléter dans le large miroir de ses yeux.
         Je pus voir le choc qui si peignit sur ses traits, voir qu'elle mettait sa vie de côté pour quelques instants.
         Elle ne le cacha pas facilement. Quand elle décrypta l'expression de mon visage, du sang afflua à ses joues, donnant à sa peau la plus belle couleur qu'il m'eût été donné de voir. Son odeur formait une brume épaisse dans ma tête. Je pouvais tout juste penser à autre chose. Mes pensées faisaient rage, échappant à mon contrôle, incohérentes.
         Elle marchait plus rapidement maintenant, comme si elle comprenait qu'elle devait s'échapper. Sa hâte la rendait maladroite. Elle tangua et trébucha en avant, tombant quasiment sur la fille assise devant elle. Vulnérable, faible. Même plus que d'ordinaire pour un humain.

         J'essayais de me concentrer sur son visage et j'en vis un dans ces yeux que je reconnus avec révulsion. Le visage du monstre en moi que j'avais combattu pendant une décennie grâce à des efforts et une discipline pure et dure. Comme il ressortait facilement à la surface maintenant !
         Son parfum tourbillonna à nouveau autour de moi, éparpillant mes pensées et me projetant presque en dehors de mon siège.
         Non !
         Ma main s'agrippa au rebord de la table tandis que j'essayais de me contrôler. Le bois ne facilitait pas la tâche. Mes doigts écrasèrent le montant et s'en décrochèrent, piqués d'échardes, laissant leur forme gravée dans ce qui restait de bois.
         Anéantir les preuves. C'était une règle fondamentale. Rapidement, je pulvérisais la forme avec le bout de mes doigts. Il ne restait désormais rien mis à part un trou rageur et des copeaux sur le sol.
         Anéantir les preuves. Les dégâts collatéraux...
         Je savais ce qui allait arriver maintenant. La fille s'installerait à côté de moi, et je voudrais la tuer.

         Ainsi que les élèves innocents de cette classe, dix-huit autres enfants et un homme, qui ne pourraient pas quitter la salle en voyant ce qu'ils allaient voir.
         J'hésitais quant à ce que je devais faire. Même dans mon pire état, je n'avais jamais commis ce genre d'atrocité. Je n'avais jamais tué d'innocents, pas dans les huit dernières décennies. Et je planifiais maintenant d'en massacrer vingt.
         Le visage du monstre dans le miroir me nargua.
         Même si une partie de moi tressaillit devant le monstre, l'autre élaborait ses plans.
         Si je tuais la fille en premier, je n'aurais que quinze ou vingt secondes avant qu'un humain dans la pièce ne réagisse. Peut-être un peu plus s'ils étaient longs à comprendre ce que j'étais en train de faire. Elle n'aurait pas le temps de crier ou de sentir la douleur, je ne la tuerai pas cruellement. Du moment que je pouvais obtenir cette fille et son sang si désirable.
         Et ensuite je devrais les empêcher de s'enfuir. Je ne m'inquiétais pas pour les fenêtres, trop hautes et trop petites pour fournir une échappatoire. Juste une porte, la bloquer et ils étaient piéger.
         Ce serait plus lent et plus difficile de les tuer une fois qu'ils seraient effrayés car ils s'éparpilleraient dans la pièce. Ce n'était pas impossible mais se serait trop bruyant et beaucoup hurleraient. Quelqu'un pourrait entendre... et je serai forcé de tuer plus d'innocents encore dans ces heures noires.
         Et son sang à elle refroidirait pendant que je tuerais les autres...
         Le parfum me punit et ma gorge se ferma avec une sécheresse douloureuse.
         Donc, d'abord les témoins.

         Je planifiais ça dans ma tête. J'étais dans le milieu de la salle, à l'extrême rangée au fond. Je prendrai ceux de droite en premier. Je pourrais casser net quatre ou cinq cous par seconde, estimai-je. Cela ne devrait pas être bruyant. La rangée de droite serait la plus chanceuse : ils ne me verraient pas arriver. Me déplacer au premier rang et repartir sur celui de gauche. Au plus, cinq secondes pour éliminer toute vie dans cette pièce.
         Assez longtemps pour que Bella Swan comprenne brièvement ce que j'avais projeté pour elle. Assez longtemps pour qu'elle ait peur. Assez longtemps, si le choc ne la rendait pas muette, pour pousser un cri. Un cri éphémère n'alerterait personne...
         Je pris une profonde inspiration et son odeur me traverser comme une flamme se précipitant en moi, incendiant ma poitrine pour absorber la meilleure impulsion dont j'étais capable.
         Elle s'était tournée. En quelques secondes, elle fut assise à un mètre de moi.
         Le monstre sourit d'anticipation.
         Quelqu'un fit claquer un dossier sur ma gauche. Je ne cherchais pas à savoir qui  était ce maudit humain. Mais ce mouvement m'envoya une vague d'ordinaire, un air non    parfumé flotta jusqu'à moi. Pendant une courte seconde, je pus penser normalement.                                  

Pendant cette précieuse seconde, je vis deux visages dans ma tête, côte à côte.
         Le premier était le mien, ou plutôt celui reflétant ce que j'avais été : Les yeux rouges du monstre qui avait tué tellement de gens que j'avais arrêté de les compter. Des morts rationnelles et justifiées. Le meurtrier des meurtriers, le plus monstrueux des tueurs. C'était un bon argument, je reconnaissais cela, décisif pour mériter une peine de mort. C'était un compromis avec moi-même. Je me nourrissais de sang humain, mais seulement de ceux qui échappaient à la définition. Mes victimes étaient, dans leurs différents et sombres passe-temps, pas plus humaines que moi.
         L'autre visage était celui de Carlisle.
         Il n'y avait aucune ressemblance entre les deux physionomies. C'était le jour et la nuit.
         Ils n'avaient aucune raison de se ressembler.
Carlisle n'était pas mon père dans le sens biologique du terme. Nous n'avions aucun trait commun. La seule similarité était notre couleur d'épiderme, le produit de ce que nous étions. Tous les vampires avaient la même peau blanche et froide. La similitude de la couleur de nos yeux était une autre affaire, une réflexion de notre choix mutuel.
         De plus, bien qu'il n'y ait pas de ressemblance de base, j'imaginai que mon visage commençait à le refléter, dans toute l'étendue de ces derniers soixante-dix ans où j'avais fait ce choix et où je l'avais suivi. Mes traits n'avaient pas changé, mais il me semblait qu'ils s'étaient marqués par la sagesse. Un peu de compassion se dessina sur mes lèvres, et une patience évidente était lisible dans mes sourcils.
         Une toute petite amélioration, vite disparue dans la figure du monstre qui était en moi. Dans quelques instants, il n'y aurait plus rien à ma gauche qui pourrait refléter les années passées avec mon créateur, mon mentor, mon père de bien des façons.
Mes yeux rougeoieraient tels ceux d'un démon. Toute ressemblance serait perdue à jamais.

         Dans ma tête, les yeux de Carlisle ne me jugeaient pas. Je savais qu'il voulait oublier ce que j'avais fait parce qu'il m'aimait, parce qu'il pensait que j'étais meilleur que je ne l'avais été autrefois. Et il voulait toujours m'aimer. Comme je voulais lui prouver qu'il avait tort !
         Bella Swan s'installa sur la chaise à côté de moi, dans un mouvement raide et maladroit - avec peur ? - et l'odeur de son sang m'entoura inexorablement.
         Je voulais prouver à mon père qu'il se trompait sur moi. La douleur de ce fait me heurta avec presque autant de puissance que le feu qui dévorait ma gorge.
         Je m'écartai d'elle, révulsé, révolté par le monstre qui voulait la tuer.
         Pourquoi devait-elle venir ici ? Pourquoi devait-elle exister ? Pourquoi devait-elle ruiner le peu de paix que j'avais dans cette non-vie ? Pourquoi cette humaine exaspérante était-elle née ? Elle voulait ma mort.

         Je tournais la tête de l'autre côté, brusquement envahi par une haine irrationnelle.               ,,,,,,,,,Qui était cette créature ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi devais-je tout perdre juste parce qu'elle avait choisi d'apparaître dans cette ville ?
         Pourquoi était-elle venue !
         Je ne voulais pas être un monstre ! Je ne voulais pas tuer toute cette pièce remplie d'inoffensifs humains ! Je ne voulais pas perdre tout ce que j'avais acquis dans cette vie de sacrifices et de mensonges !
         Je ne voulais pas. Je voulais rester moi.
         L'odeur était un problème. Cette horrible illusion de l'odeur de son sang. Si seulement il existait une façon de résister... Si seulement un courant d'air frais pouvait m'éclaircir les idées.
         Bella Swan secoua ses longs et épais cheveux acajou dans ma direction.
         Etait-elle folle ? C'était comme si elle encourageait le monstre !Se moquait de lui !
         Et s'il n'y avait pas de brise amicale pour souffler l'odeur loin de moi, tout serait bientôt perdu.
         Non, il n'y avait pas de vents serviables, mais je ne devais pas respirer.
         Je stoppai l'air qui s'enfonçait dans mes poumons. Le soulagement fut instantané, mais incomplet. J'avais toujours le souvenir de son parfum dans la tête, son goût sur ma langue. Je ne serais pas capable de résister bien longtemps. Mais peut-être pourrais-je tenir une heure ? Une petite heure. Juste assez pour sortir de cette pièce remplie de victimes potentielles qui ne devraient jamais en devenir de réelles. Si je pouvais résister pendant cette petite heure...

         C'était une sensation inconfortable que de ne pas respirer. Mon corps n'avait pas besoin d'oxygène, mais cela allait contre mes instincts. Dans ces périodes de stress, je me fiais à mon odorat plus qu'à mes autres sens. Cela me ramenait à ma façon de chasser, l'odeur était le premier avertissement en cas de danger. Je ne donnais pas l'impression d'être aussi dangereux que je ne l'étais en vérité, l'auto persuasion était aussi forte chez mon espèce que chez les humains.
         Quoiqu'il en soit, c'était inconfortable mais maîtrisable. Plus tenable que de la sentir et de ne pas pouvoir enfoncer mes dents dans son cou mince, dans cette peau transparente agrémentée de chaleur, d'humidité, des pulsations de son...
         Une heure ! Juste une heure. Je ne devais penser ni au parfum ni au goût.
         La fille muette, penchée en avant, gardait ses cheveux entre nous, ces derniers s'étalant d'un bout à l'autre de son classeur. Je ne pouvais pas voir son visage pour essayer de lire ses émotions dans ses yeux clairs et profonds. Etait-ce pour cette raison qu'elle plaçait ses cheveux de la sorte ? Pour me cacher ses yeux ? Par peur ? Timidité ? Pour me dissimuler ses secrets ?
         Mon ancienne irritation nourrie par ses pensées silencieuse était faible et claire en comparaison au besoin et à la haine, qui me possédaient maintenant. Je détestais cette femme enfant assise à côté de moi, je la détestais avec toute la ferveur avec laquelle je me raccrochais à mon ancien moi, mon amour pour ma famille, mes rêves d'être quelqu'un de meilleur. La détester, exécrer ce qu'elle me faisait ressentir m'aidait un peu. Oui, l'irritation que je ressentais avant était faible, mais elle aidait également un peu. Je m'accrochais à toutes les émotions qui me distrayaient de mon désir de la goûter...
         Haine et irritation. L'heure ne passerait-elle donc jamais ?
         Et quand cette heure serait finie... Elle sortirait de cette classe. Et je ferai quoi ?           ,,,,,,,,,,Je pourrais me présenter. Bonjour, mon nom est Edward Cullen. Peut-être que je pourrais t'accompagner à ton prochain cours ?

         Elle dirait oui, ce serait la chose la plus polie à faire. Même si elle me craignait déjà, comme je le supposais, elle suivrait les règles de la courtoisie et marcherait à côté de moi. Ce serait alors assez facile de la mener dans la mauvaise direction. Pour motif d'aller vers la forêt qui s'étendait jusqu'au parking du lycée, je pourrais lui dire que j'avais oublié un livre dans ma voiture...
         Est-ce que quelqu'un s'apercevrait que j'avais été la dernière personne en sa compagnie ? Il pleuvait, comme d'habitude : deux imperméables noirs qui n'allaient pas dans la bonne direction n'allaient pas vraiment attirer l'attention et cela m'offrirait la chance de partir.
         Sauf que je n'étais pas le seul étudiant à être conscient de sa présence aujourd'hui, personne n'était d'ailleurs aussi conscient de cela que moi. Mike Newton en particulier était au fait de tous ses gestes lorsqu'elle gesticulait sur sa chaise. Elle était inconfortablement trop près de moi, juste comme quelqu'un d'autre l'aurait été, juste comme ce à quoi je m'attendais avant que son odeur ne détruise toute considération considérable. Mike Newton s'apercevrait forcément qu'elle quittait la classe avec moi.
         Si je pouvais tenir une heure, pourrais-je en tenir deux ?
         J'hésitais face à la douloureuse sensation de brûlure.
         Elle rentrerait dans une maison vide, le chef Swan travaillait tous les jours. Je savais où était sa maison, je savais où était la maison de chacun dans cette petite ville. La sienne était juste à droite après le bois touffu, sans aucun voisin...  Même si elle avait le temps de crier, il n'y aurait personne pour l'entendre.

         C'était une façon responsable de s'en occuper. J'avais tenu sans sang humain pendant sept décennies. Si je retenais mon souffle, je pouvais résister pendant deux heures. Et une fois qu'elle serait seule, il n'y aurait alors personne pour lui venir en aide. Et personne pour venir ruiner nos plans, acquiesça le monstre dans ma tête.
         J'étais sophiste de penser pouvoir sauver les dix-neuf autres humains de cette salle à force d'efforts et de patience. Je voulais être le moins monstrueux possible lorsque je tuerais cette fille.
         Bien que je la détestais, je savais que cette haine était injuste. Je savais que la personne que je haïssais réellement, c'était moi et non elle, et que je me haïrai encore plus lorsqu'elle serait morte.
         Je passai donc l'heure ainsi - à tenter de trouver la meilleure façon de la tuer. J'essayais d'éviter d'imaginer l'acte ici-même. Ce désir était trop puissant pour moi. Je perdrais certainement la bataille et, finalement, tuerais ces élèves à la vue de tout le monde. J'établissais donc des stratégies, rien de plus. Je me contrôlerais pendant une heure.
         Une fois, vers la fin du cours, elle me jeta un coup d’œil à travers le fluide rideau que formaient ses cheveux. Je pouvais sentir ma haine injustifiée me brûler de l'intérieur comme lorsque j'avais rencontré son regard et que j'y avais vu mon reflet dans ses yeux effrayés. Du sang afflua à ses joues avant qu'elle ne puisse se cacher et je faillis perdre la bataille.
         Mais la cloche sonna. Sauvé par le gong - tellement cliché ! Nous étions sauvés. Elle, sauvée d'une mort imminente. Moi, sauvé pendant quelques instants de la cauchemardesque créature que j'allais devenir, que je craignais et que j'aurais préféré ne jamais être.
         Je ne pus marcher aussi tranquillement que je l'avais voulu et je sortis de la salle comme une flèche. Si quelqu'un m'avait regardé à ce moment-là, il aurait sans doute remarquer quelque chose d'anormal dans ma façon de me déplacer. Mais personne ne me prêta attention. Leurs pensées tournaient toujours autour de la fille qui avait frôlé la mort pendant toute cette heure.
         Je me cachais dans ma voiture.
         Je n'aimais pas penser que j'avais à me cacher. Cela semblait tellement lâche. Mais c'était incontestablement le cas maintenant.
         Je n'avais plus assez de discipline pour être avec des humains. La concentration dont je faisais preuve pour éviter de tuer l'un d'entre eux m'ôtait toute force de résister aux autres. Et cela aurait été du gaspillage. Si je m'abandonnais au monstre maintenant, cela serait la pire des défaites.

         Je mis un CD de musique qui me calmait habituellement, mais il ne pouvait désormais plus grand-chose pour moi. La meilleure aide était ce vent frais et humide qui voletait à travers la pluie jusqu'à ma vitre baissée. Bien que je puisse me rappeler avec exactitude de l'odeur du sang de Bella Swan, inhaler cet air frais et humide me lavait de l'intérieur et me débarrassait de cette infection.
         Je redevins sain d'esprit et pus à nouveau réfléchir. Je pouvais à nouveau me battre, lutter contre ce que je ne voulais pas être.
         Je n'avais pas à aller chez elle. Je n'avais pas à la tuer. J'étais manifestement une créature rationnelle et dotée de raison, j'avais le choix. J'avais toujours le choix.
         Je n'avais pas ressenti ça dans la classe … mais j'étais loin d'elle à présent. Peut-être que si je l'évitais et que si je faisais très attention, je n'aurais pas besoin de changer de vie. J'avais ordonné les choses de telles façons que ma vie me plaisait telle qu'elle était. Pourquoi devrais-je laisser quelqu'un d'aussi exaspérant et délicieux détruire cela ?
         Je ne devais pas décevoir mon père. Je ne devais pas imposer stress et inquiétude à ma mère, et encore moins de la peine. Oui, car cela blesserait assurément ma mère adoptive. Et Esmée était tellement douce, tendre et calme. Causer de la peine à quelqu'un comme Esmée était vraiment impardonnable.
         Quelle ironie que d'avoir voulu protéger cette humaine des piètres et inefficaces menaces de l'esprit sournois de Jessica Stanley. J'étais le dernier à pouvoir prétendre être le protecteur de Bella Swan. Elle n'avait eu autant besoin de protection que contre moi.
         Où était Alice ? Me demandai-je subitement. Ne m'avait-elle pas vu tuant Bella Swan de toutes les façons possibles ? Pourquoi n'était-elle pas venue m'aider ? Me stopper, ou m'aider à faire disparaître les preuves, à sa préférence ? Etait-elle si absorbée par les problèmes de Jasper qu'elle avait manqué cette terrible possibilité ? Etais-je plus fort que je ne le pensais ? N'allais-je réellement rien faire à cette fille ?
         Non, je savais que c'était faux. Alice devait être très concentrée sur Jasper.
         Je cherchais dans la direction où je savais qu'elle était, dans le bâtiment utilisé par les classes d'anglais. Cela ne me prit pas longtemps pour localiser sa "voix" familière. Et j'avais raison. Toutes ses pensées étaient tournées vers Jasper, observant ses choix avec minutie.

         J'espérais que je pourrais lui demander des conseils, mais, en même temps, j'étais content qu'elle ne sache pas ce dont j'étais capable, qu'elle ne soit pas rendue compte du massacre auquel j'avais rêvé pendant une heure.
         Une nouvelle brûlure consuma mon corps : de la honte. Je voulais qu'aucun d'entre eux ne l'apprenne.
         Si je pouvais éviter Bella Swan, si je pouvais réussir à ne pas la tuer - même si le monstre en moi se déformait et grinçait des dents, frustré - personne n'aurait à le savoir. Si je pouvais rester éloigné de son parfum...
         Au moins, il n'y avait pas de raison que je n'essaye pas. Faire le bon choix. Essayer d'être comme Carlisle pensait que j'étais.
         La dernière heure de cours était presque terminée, maintenant. Je décidai de mettre aussitôt mon nouveau plan à exécution. C'était mieux que de rester ici, dans le parking, où elle pourrait passer et ruiner tous mes efforts. Je ressentis une nouvelle fois cette haine injuste envers cette fille. Je détestais qu'elle ait ce pouvoir sur moi. Ce qu'elle pouvait me faire était une chose que j'injuriais.
         Je marchais promptement - un peu trop, mais il n'y avait pas de témoins - d'un bout à l'autre de l'exigu campus en direction du secrétariat. Il n'y avait aucune raison que Bella Swan s'y rende également. Elle fuirait comme la peste qu'elle était.
         La pièce était vide, à l'exception de la secrétaire. La personne que je voulais voir.       ,,,,,,,,,,Elle ne remarqua pas mon entrée silencieuse.
         « Madame Cope ? »
         La femme, avec des cheveux anormalement rouges, leva les yeux, qui s'agrandirent, vers moi. Cela leur faisait toujours cet effet lorsqu'ils baissaient leur garde. Les petites marques qu'ils ne comprenaient pas, même après nous avoir vu plusieurs fois.
         « Oh ! » Haleta-t-elle, un peu nerveuse.
Elle lissa son chemisier.
Ridicule , pensa-t-elle. Il est presque assez jeune pour être mon fils. Trop jeune pour penser à lui de cette manière...
« Bonjour, Edward. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? » Demanda-t-elle en battant des cils derrière ses épaisses lunettes.
         Embarrassant. Mais je savais être charmeur lorsque je le voulais. C'était facile, depuis que j'étais capable de savoir quels tons et quelles expressions prendre.
         Je me penchais en avant, rencontrant son regard comme si je fixais ses petits yeux bruns sans profondeur. Ses pensées étaient déjà en émoi. Ce serait simple.
         « Je me demandais si vous pouviez m'aider avec mon programme ? » Dis-je avec cette voix douce que j'utilisais lorsque je ne voulais pas effrayer les humains.
J'entendis les battements de son cœur augmenter.
         « Bien sûr, Edward. Comment puis-je t'aider ? »Trop jeune, trop jeune, se répétait-elle intérieurement. Faux, bien sûr. J'étais plus vieux que son grand-père. Mais selon mon permis de conduire, elle avait raison.
         «  Je voulais savoir si vous pouviez déplacer mon cours de biologie avancée ? Physique, peut-être ? »
         « Y-a-t-il un problème avec M. Banner, Edward ? »
         « Pas du tout, c'est juste que j'aie déjà étudié cette matière... »
         « Dans cette école accélérée où tu allais en Alaska, c'est vrai, » réfléchit-elle en serrant ses minces lèvres.  Ils devraient tous être à l'université. J'ai entendu les professeurs se plaindre... Parfaits en tous points. Jamais une hésitation, jamais une réponse fausse... Comme s'ils trouvaient une manière de tricher à tous les tests, dans toutes les matières. M. Varner préfère croire qu'ils trichent plutôt que d'imaginer qu'ils sont plus intelligents que lui... Je jurerais que leur mère adoptive les... « En fait, Edward, les cours de physique sont complets, maintenant. M. Banner déteste avoir plus de vingt-cinq élèves par classe. »
         « Je n'aurais aucune difficulté. »
         Bien sûr. Comme tous les Cullen. « Je sais, Edward, c'est juste qu'il n'y aura pas assez de place pour... »
         « Alors je pourrais peut-être abandonner la biologie ? J'utiliserais ce temps pour étudier les autres matières. »
         « Abandonner la biologie ? » Répéta-t-elle, sa bouche s'entrouvrant sous le coup de la stupeur.  

C'est fou, il se donne beaucoup de mal pour un sujet qu'il connaît déjà. Il doit sûrement y avoir un problème ave M. Banner. Je me demande si je pourrais lui en toucher deux... « Tu n'as pas assez de crédits pour monter dans la classe supérieure. »
         « Je le reprendrais l'année prochaine. »
         « Peut-être devrais-tu en parler avec tes parents ? »
         La porte s'ouvrit derrière moi, mais, qui que ce soit, il ne pensait pas à moi. J'ignorais donc le nouvel arrivant et me concentrais sur Mme Cope. Je m'avançais un peu plus près, m'aidant de mes yeux, plus ouverts. Ils faisaient un meilleur travail lorsqu'ils étaient or plutôt que noir. Le noir effrayait les gens, comme il le devait.
         « S'il vous plaît, » insistai-je en modelant ma voix de façon à ce qu'elle soit plus régulière et plus convaincante. « Il n'y a pas d'autres sections où je pourrais aller. Je suis sûr qu'il y a une possibilité quelque part. Six heures de biologie ne sont pas la seule solution… »

         Je lui souris en faisant attention à ne pas l'éblouir en découvrant trop mes dents, ce qui l'aurait alertée, laissant cette expression adoucir mon visage.
         Son cœur se mit à battre plus fort. Trop jeune, se répétait-elle désespérément.
« Je pourrais en parler avec Bob..., je veux dire, M. Banner. Je pourrais voir si - »
         Mais, en une seconde, tout changea : L’atmosphère dans la pièce, mon but en venant ici, la raison pour laquelle je me penchais vers la femme aux cheveux rouges. Ce qui avait été un but pour moi était maintenant pour les autres.
         Une seconde pendant laquelle Samara Wells ouvrit la porte, plaçait un signet tardif dans la corbeille qui se trouvait juste à côté et ressortait sans demander son reste vers la ruée qui sortait du lycée. Une seconde pendant laquelle une rafale de vent entra dans la pièce et me percuta. Une seconde pendant laquelle je compris pourquoi la première personne qui était entrée ne m'avait pas dérangé avec ses pensées.
         Je me retournais, bien que je n'en eus pas besoin pour être sûr de moi. Je me retournais lentement, luttant pour garder le contrôle de mes muscles qui se rebellaient contre moi.

         Bella Swan se tenait près du mur, à côté de la porte, son sac pressé contre elle, un papier fermement tenu dans la main. Ses yeux étaient aussi grands que dans mon souvenir lorsqu'elle croisa mon regard, féroce et inhumain.
         L'odeur de son sang saturait chaque molécule d'air contenue dans cette petite pièce. Ma gorge me brûlait atrocement.
         Le monstre me lança un regard furieux à travers le miroir de ses yeux. Le masque du démon.
Ma main hésitait en l'air, au-dessus du comptoir. Je ne devais pas la retourner sous peine de claquer la tête de Mme Cope sur le bureau avec suffisamment de force pour la tuer. Deux vies au lieu de vingt. Un bon échange.
         Le monstre attendait avec inquiétude et faim que je le fasse.
         Mais il y avait toujours le choix. Je devais faire ce choix.
         J'arrêtai le mouvement de mes poumons et fixai le visage de Carlisle dans ma tête. Je me tournai pour faire face à Mme Cope et j'entendis sa surprise intérieure lorsqu'elle remarqua mon changement d'expression. Elle s'éloigna de moi, mais sa peur ne prenait pas la forme de mots cohérents.

         Je dus user de tout le self-control que j'avais acquis durant une décennie d'abnégation pour reprendre ma voix régulière et paisible. Il y avait juste assez d'air dans mes poumons pour parler une dernière fois et prononcer ces mots d'un trait.
         « Tan pis. C'est impossible et je comprends. Merci quand même. »
         Je filai et sortis en vitesse de la pièce, en essayant de ne pas sentir le sang chaud qui coulait dans les veines de la fille en passant à plusieurs mètres d'elle.
         Je ne pourrais m'arrêter qu'une fois que je serais dans ma voiture, me déplaçant d'une façon beaucoup trop rapide. Beaucoup d'humains s'étaient déjà sauvés, diminuant considérablement le nombre de témoins. J'entendis un étudiant en deuxième année du lycée, D.J. Garrett, qui m'aperçut mais ne me prêta pas plus d'attention que ça.
        Où peut bien aller Cullen... Il semble aussi léger que l'air... Mon imagination me joue des tours. Ma mère me dit toujours...
        Lorsque je me glissais dans la voiture, les autres étaient déjà là. J'essayais de respirer plus calmement, mais j'haletais à l'air frais, comme si je suffoquais.
         « Edward ? » Demanda Alice d'une voix inquiète.
         Je secouai juste la tête vers elle.
         « Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? » Interrogea Emmett, distrait, pour le moment, du fait que Jasper n'était pas d'humeur à faire une nouvelle partie.
         Au lieu de répondre, je fis reculer la voiture en démarrant sur les chapeaux de roues. Je devais quitter cet endroit avant que Bella Swan ne puisse me suivre ici également. Mon propre démon me dégoûtait... Je jetai la voiture sur le parking et accélérai. J'atteignis les quarante avant d'être sur la route, les soixante-dix avant de prendre le virage.

         Sans les regarder, je savais qu'Emmett, Rosalie et Jasper s'étaient tous tournés vers Alice. Elle haussa les épaules. Elle ne pouvait pas voir ce qui s'était passé, seulement ce qui était à venir.
         Elle me regardait, maintenant. Nous considérions l'un l'autre ce que nous avions vu dans nos têtes, et nous étions tous deux surpris.
         « Tu pars ? » Chuchota-t-elle.
         Les autres me fixaient, à présent.
         « Oui, » sifflai-je à travers mes dents.
         Elle voyait mon départ puis, comme ma décision était encore hésitante, dans quelle direction me mèneraient mes autres choix.
         « Oh ! »
         Bella Swan, morte. Mes yeux, luisants, cramoisis de sang frais. La recherche continuait. Le temps de la prudence que nous attendions avant d'être sûrs de pouvoir partir et recommencer...
         « Oh ! » Répéta-t-elle.
Les images devenaient plus claires. Je voyais la maison du chef Swan dans un premier temps, puis je voyais Bella sans une petite cuisine aux placards jaunes, dos à moi, comme si je la surveillais dans l'ombre... laissant son parfum m'attirer vers elle...
         « Arrête ! » Gémis-je, incapable d'en supporter davantage.
         « Désolée, » chuchota Alice, les yeux grands ouverts.
         Le monstre se réjouissait.
         Et la vision dans sa tête changea à nouveau. Une autoroute déserte le soir, les arbres couverts de neige défilant à plus de deux cents à l'heure.
         « Tu me manqueras, » dit-elle. « Pas de problème pour le temps que tu partiras. »
         Emmett et Rosalie échangèrent un regard inquiet.
         Nous étions presque dans le virage le long de la route qui menait à notre maison.
         « Laisse tomber, » ajouta-t-elle. « Tu devrais le dire toi-même à Carlisle. »
         J'acquiesçais et la voiture s'arrêta net dans un crissement de pneus.
         Emmett, Rosalie et Jasper sortirent en silence, Alice leur expliquerait quand je serais parti. Alice me toucha l'épaule.
         « Tu feras le bon choix, » murmura-t-elle, ce qui n'était pas une vision, mais un ordre. « Elle est la seule famille de Charlie Swan. Cela le tuerait, lui aussi. »
         « Oui, » dis-je, d'accord uniquement sur la dernière partie.
         Elle se glissa à l'extérieur pour rejoindre les autres, ses sourcils se rejoignant avec anxiété. Ils fondirent dans les bois, hors de vue avant que je n'eusse le temps de faire demi-tour.

         J'accélérai vers la ville. Je savais que les visions d'Alice étaient des flashs sortis des ténèbres qui brillaient tels une courte lumière. Je me hâtais de retourner à Forks, je n'étais pas sûr de ce que j'allais faire. Dire au revoir à mon père ? Ou embrasser le monstre en moi ? La route s'envolait derrière mes pneus.
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Merci au blog sourire


Dernière édition par Ivy le Dim 17 Juin 2018 - 21:45, édité 7 fois
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 2 : Livre Ouvert

Message par Ivy Sam 17 Oct 2009 - 17:41

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 2 : Livre Ouvert


Je m'adossais au banc de neige, laissant la poudre sèche se réorganiser autour de mes pieds. Ma peau était aussi froide que l'air autour de moi, et la glace ressemblait à du velours sous ma peau.
         Le ciel au-dessus de moi était clair, brillant d'étoiles, d'un bleu rougeoyant par endroits, jaune à d'autres. Les étoiles créaient de majestueuses formes tourbillonnantes contre l'univers noir - une vision époustouflante. Délicieusement belle. Ou plutôt, elle aurait dû l'être. Aurait pu l'être, si j'avais été capable de la regarder correctement.
         Ca n'allait pas mieux. Six jours avaient passé, six jours que je me cachais ici, dans l'étendue sauvage, déserte et désolée de Denali, mais j'étais loin de la liberté que j'avais eu avant de sentir son odeur pour la première fois.
         Quand j'avais fixé le ciel étincelant, c'était comme s'il y avait eu un obstacle entre mes yeux et sa beauté. L'obstacle était un visage, un visage humain, ordinaire, mais je ne parvenais pas vraiment à le faire disparaître de mon esprit.
         J'entendis les pensées approcher avant d'entendre les pas qui les accompagnaient. Le son du mouvement n'était qu'un faible chuchotement sur la poudreuse.
         Je n'étais pas surpris que Tanya m'ait suivi jusqu'ici. Je savais qu'elle avait, ces derniers jours, retourné dans sa tête la conversation à venir, la retardant jusqu'à ce qu'elle fut parfaitement sûre de ce qu'elle voulait dire.
         Elle apparut dans la lumière à soixante mètres de là, bondissant sur la pointe d'une roche noire, se balançant là-haut sur ses pieds nus.
         Sa peau était teintée d'argenté par la lumière des étoiles et ses longues boucles blondes brillaient, pâles, presque roses. Ses yeux d'ambre miroitaient tandis qu'elle m'espionnait, à moitié cachée dans la neige, et ses lèvres pleines s'étendirent lentement en un sourire.
         Exquise. Si j'avais été réellement capable de la voir. Je soupirais.
         Elle s'accroupit sur la pointe de la pierre, le bout de ses doigts touchant la roche, son corps se replia.
         Boulet de canon, pensa-t-elle.
         Elle se lança elle-même dans les airs ; sa silhouette devint une ombre tandis qu'elle tournoyait avec grâce entre les étoiles et moi. Elle se roula en boule alors qu'elle heurtait le banc de neige compacte à côté de moi.
         Un tourbillon de neige s'éleva autour de moi. Les étoiles s'obscurcirent et je fus profondément enterré dans un nuage de cristaux glacés et plumeux.
         Je soupirai à nouveau, mais ne fis aucun mouvement pour me déterrer. L'obscurité sous la neige ne blessa ni n'obscurcit ma vue. Je voyais encore le même visage.
         « Edward ? »
La neige vola de nouveau tandis que Tanya m'exhumait promptement. Elle balaya la poudre de mon visage immobile, sans me regarder complètement dans les yeux.
         « Désolée, » murmura-t-elle. « C'était une plaisanterie. »
         « Je sais. C'était amusant. »
         Sa bouche se tordit à nouveau.
         « Irina et Kate ont dit que je devrais te laisser partir seul. Elles pensent que je t'agace. »
         « Pas du tout, « lui assurai-je. « Je suis le seul à être impoli... horriblement impoli. Je suis vraiment désolé. »
         Tu rentres chez toi, n'est-ce pas ? Pensa-t-elle.
         « Je ne suis pas encore... complètement... décidé. »
         Mais tu ne vas pas rester ici. Sa pensée était maintenant mélancolique, triste.
         « Non. Ca ne semble pas... beaucoup m'aider. »
         Elle grimaça.
         « C'est de ma faute ? »
         « Bien sûr que non, » mentis-je doucement.
         Ne joue pas les gentlemen.
         Je souris.
         Je te mets mal à l'aise, s'accusa-t-elle.
         « Non. »
         Elle haussa un sourcil, l'air si incrédule que j'en ris. Un rire bref, suivi d'un autre soupir.
         « D'accord, » admis-je. « Un petit peu. »
         Elle soupira, elle aussi, et se prit le menton dans les mains. Ses pensées étaient chagrinées.
         « Tu es mille fois plus jolie que les étoiles, Tanya. Bien sûr, tu en es déjà parfaitement consciente. Ne laisse pas mon obstination ébranler ta confiance. »
Je ris devant l'improbabilité de cette idée.
         « Je ne suis pas habituée à être rejetée, » grommela-t-elle, sa lèvre inférieure ressortant en une charmante moue.
         « Evidemment, » approuvai-je, essayant sans trop de succès de bloquer ses pensées tandis qu'elle se promenait fugitivement dans les souvenirs de ses milliers de conquêtes réussies.
La plupart du temps, Tanya préférait les hommes humains - ils étaient plus populaires pour une chose, avec l'avantage d'être moelleux et chauds. Et toujours enthousiastes, sans aucun doute.
         « Diablesse, » la taquinai-je, espérant rompre le fil des images défilant dans sa tête.
         Elle sourit, ses dents étincelant. « L'original. »
         Contrairement à Carlisle, Tanya et ses sœurs avaient lentement découvert leur conscience. A la fin, ce fut leur penchant pour les hommes humains qui entraîna les sœurs à se détourner du massacre. Maintenant, les hommes qu'elles aimaient... vivaient.
         « Quand tu t'es montré ici, » dit lentement Tanya. « J'ai pensé que... »
         Je savais ce qu'elle avait pensé. Et j'aurais dû deviner qu'elle le verrait de cette façon. Mais, à ce moment-là, je n'étais pas au meilleur de ma forme pour analyser ses réflexions.
         « Tu as pensé que j'avais changé d'avis. »
         « Oui, » se renfrogna-t-elle.
         « Je me sens horrible de jouer avec tes prévisions, Tanya. Ca ne veut pas dire que... - je n'avais pas réfléchi. C'est juste que je me suis senti... pressé. »
         « Je suppose que tu ne me diras pas pourquoi... ? »
         Je m'assis et enroulai mes bras autour de mes jambes, me pelotonnant dans une posture défensive.
         « Je ne veux pas parler de ça. »
         Tanya, Irina et Kate étaient très douées dans cette vie à laquelle elles s'étaient dévouées. Même plus, d'une certaine façon, que Carlisle. Malgré l'extrême proximité qu'elles se permettaient avec ceux qui auraient dû être - et avaient été - leurs proies, elles ne faisaient pas d'erreurs. J'avais honte d'avouer ma faiblesse à Tanya.
         « Des problèmes avec les femmes ? » Supposa-t-elle, malgré ma réticence.
         J'eus un rire sombre.
         « Pas de la façon dont tu l'imagines. »
         Elle était silencieuse maintenant. J'entendais ses pensées tandis qu'elle allait de supposition en supposition, essayant de déchiffrer la signification de mes mots.
         « Tu en es loin, » lui dis-je.
         « Un indice ? » Demanda-t-elle.
         « S'il te plaît, laisse tomber, Tanya. »
         Elle se tut une nouvelle fois, spéculant encore. Je l'ignorai, tentant en vain d'apprécier les étoiles.
         Elle abandonna après un moment de silence et ses réflexions se poursuivirent dans une direction différente.
         Où iras-tu si tu pars, Edward ? Tu retourneras avec Carlisle ?
         « Je ne crois pas, » murmurai-je.
         Où irai-je ? Je ne pouvais trouver, sur toute cette planète, un endroit qui eut le moindre intérêt pour moi. Il n'y avait rien que je voulais voir ou faire. Parce que le problème n'était pas de savoir où j'irai : ce n'était pas comme si j'allais quelque part, je ne ferais que fuir.
         Je détestais ça. Quand étais-je devenu un tel lâche ?
         Tanya passa son bras mince autour de mes épaules. Je me raidis, mais ne reculai pas à son contact. Elle essayait de me dire que rien ne valait mieux que le réconfort d'un ami. Dans l'essentiel.
         « Je pense que tu vas rentrer chez toi, » dit-elle, sa voix reprenant une légère pointe de son accent russe perdu. « Pas de problème avec ce qui... ou quoi... te hante. Tu y feras face. Tu es comme ça. »
         Ses pensées étaient aussi certaines que ses mots. J'essayai d'étreindre l'image de moi qu'elle avait dans la tête. Celle qui faisait face aux choses la tête haute. C'était agréable de penser à moi de cette manière. Je n'avais jamais douté de mon courage, de mon habileté à faire face aux difficultés, avant cette horrible heure en classe de biologie au lycée, il y avait peu de temps.
         Je lui embrassai la joue, reculant promptement lorsqu'elle tourna son visage vers le mien, les lèvres déjà plissées. Ma rapidité la fit sourire d'un air piteux.
         « Merci, Tanya. J'avais besoin d'entendre ça. »
         Ses pensées devinrent irascibles.  « J'imagine que tu es le bienvenue . J'aimerai que tu sois plus raisonnable quant à ces choses-là, Edward. »
         « Je suis désolé, Tanya. Tu sais que tu es trop bien pour moi. Je n'ai juste... pas encore trouvé ce que je cherche. »
         « Bien. Si tu pars avant qu'on ne se revoie... au revoir, Edward. »
         « Au revoir, Tanya. » Alors que je prononçai ces mots, je pus le voir. Je pus me voir partir. Être assez fort pour retourner au seul endroit où je voulais être. « Merci encore. »
         En un mouvement habile, elle fut sur ses pieds, puis elle s'éloigna comme un fantôme à travers la neige si rapidement que ses pieds n'avaient pas le temps de s'enfoncer dedans. Elle ne laissa aucune empreinte derrière elle. Elle ne regarda pas en arrière. Mon rejet la tracassait plus qu'elle ne l'aurait dit, même en pensée. Elle ne voulait pas me revoir avant mon départ.
         Ma bouche se tordit avec chagrin. Je n'aimais pas blesser Tanya, bien que ses sentiments ne fussent pas profonds, guère purs, et en aucun cas une chose à laquelle je pouvais répondre. Cela me faisait me sentir bien en dessous d'un gentleman.
         Je posai mon menton sur mes genoux et fixai du nouveau les étoiles, bien que je fusse soudainement désireux d'être sur la route. Je savais qu'Alice me verrait revenir à la maison, qu'elle le dirait aux autres. Cela les rendrait heureux - surtout Carlisle et Esmée. Mais je contemplai les étoiles pendant un moment encore, essayant de voir à travers le visage dans ma tête. Entre les lumières brillantes et moi, une paire d'yeux perplexes marron chocolat me fixaient, semblant me demander ce que ma décision signifiait pour elle. Je ne pouvais évidemment pas être certain que ce fut cela que ses yeux cherchaient. Même dans mon imagination, je ne pouvais entendre ses pensées. Les yeux de Bella Swan continuaient de me questionner, et la vue des étoiles continuait de m'échapper. Avec un gros soupir, j'abandonnai et me remis sur mes pieds. Si je courais, je pourrais être de retour à la voiture de Carlisle en moins d'une heure...
         Dans ma hâte de retrouver ma famille - et voulant vraiment être le Edward qui faisait front la tête haute - je m'élançai à travers le champ de neige étoilé, sans laisser la moindre empreinte de pas.







« Ca devrait aller, » souffla Alice. Ses yeux étaient troublés, et Jasper la prit doucement par le coude, la guidant vers l'avant tandis que nous marchions en groupe serré dans la cafétéria. Rosalie et Emmett étaient en tête, Emmett ressemblant ridiculement à un garde du corps au milieu d'un territoire ennemi. Rosalie aussi paraissait prudente, mais plus irritée que protectrice.
         « Evidemment, » grommelai-je. Son comportement était grotesque. Si je n'étais pas sûr que je pouvais supporter ce moment, je serais resté à la maison.
         Le changement brutal de notre matinée normale, et même amusante - il avait neigé pendant la nuit, et Emmett et Jasper n'en étaient pas au point de prendre avantage de ma distraction pour me bombarder de boules de neige ; quand ils s'étaient ennuyés de mon absence de réponse, ils s'étaient retournés contre les autres - quant à cette vigilance exagérée aurait été amusant, si elle n’avait pas était agaçante.
         « Elle n'est pas encore là, mais elle approche de l'entrée... Elle ne sera pas en sécurité si nous nous asseyons à notre endroit habituel. »
         « Bien sûr que nous allons nous asseoir à nos places habituelles. Arrête ça, Alice.          Tu me tapes sur les nerfs. J'irai parfaitement bien. »
         Elle cilla une fois tandis que Jasper l'aidait à s'installer sur sa chaise, puis ses yeux se concentrèrent finalement sur mon visage.
         « Hmm, » dit-elle d'un air surpris. « Je pense que tu as raison. »
         «  Evidemment, » marmonnai-je.
         Je détestais être le centre de leur attention. Je ressentis une soudaine sympathie pour Jasper, me rappelant de toutes les fois où nous avions rôdé autour de lui de façon protectrice. Il croisa brièvement mon regard et sourit.
         Agaçant, hein ?
         Je grimaçai.
         Etait-ce juste la semaine dernière que cette longue pièce terne m'avait semblé aussi maussade ? Que ça paraissait presque comme dormir, comme être dans le coma, que d'être là ?
         Aujourd'hui, mes nerfs étaient tendus au possible - des cordes de piano tendues par la plus grande pression. Mes sens étaient plus qu'en alerte. Je scannais tous les sons, toutes les vues, tous les mouvements de l'air qui touchaient ma peau, toutes les pensées. Particulièrement les pensées. Il n'y avait qu'un seul sens que je gardai bloqué, refusant de m'en servir. Mon odorat, s'entend. Je ne respirais pas.
         Je m'étais attendu à entendre plus de choses à propos des Cullen dans les pensées à travers lesquelles je passais. J'avais attendu toute la matinée, cherchant la nouvelle connaissance à qui Bella Swan avait dû se confier, essayant de voir la direction que le nouveau commérage prendrait. Mais il n'y avait rien. Personne ne remarquait les cinq vampires dans la cafétéria, simplement les mêmes qu'avant l'arrivée de la nouvelle fille. Plusieurs humains étaient encore en train de penser à elle, ils y songeaient encore de la même façon que la semaine précédente. Au lieu de trouver ça ennuyeux, j'étais maintenant fasciné.
         N'avait-elle rien dit à personne à propos de moi ?
         Il était impossible qu'elle n'ait pas remarqué mon regard noir et meurtrier. J'avais vu sa réaction. Je l'avais sûrement effrayée. J'avais été persuadé qu'elle aurait parlé de cela à quelqu'un, peut-être même exagéré l'histoire pour la rendre meilleure. M'attribuant quelques paroles menaçantes.
         Et puis, elle m'avait aussi entendu essayer de sortir de notre classe de biologie. Elle devait se demander, après avoir vu mon expression, si elle en était la cause. Une fille normale voudrait poser des questions autour d'elle, comparer son expérience à celles des autres, cherchant un point commun qui expliquerait mon comportement, si elle ne se sentait pas unique. Les humains étaient constamment désespérés de se sentir normaux, de s'intégrer. S'harmoniser avec tous ceux autour d'eux, comme un troupeau de mouton sans caractère. Cette nécessité était particulièrement forte pendant l'adolescence où chacun manquait de confiance. Cette fille ne serait pas une exception.
         Mais aucun d'entre eux ne remarqua pas que nous étions assis là, à notre table habituelle. Bella devait être remarquablement timide, si elle ne s'était confiée à personne. Peut-être qu'elle avait parlé à son père, peut-être que c'était une relation plus forte... bien que cela sembla improbable, prétextant le fait qu'elle n'ait pas passé suffisamment de temps avec lui dans toute sa vie. Elle devait être plus proche de sa mère. Donc, je devrais bientôt passer par le chef Swan, un jour où l'autre, et écouter ce qu'il pensait.
         « Quelque chose de nouveau ? » Demanda Jasper.
         « Rien. Elle... doit n'avoir rien dit. »
         Ils levèrent tous un sourcil à cette nouvelle.
         « Peut-être que tu ne fais pas aussi peur que tu le crois, » dit Emmett en gloussant. « Je parie que je pourrais l'effrayer plus que ça. »
         Je roulai des yeux.
         « Je me demande pourquoi... ? »Il était une fois de plus déconcerté par ma révélation quant au silence unique de cette fille.
         « Nous étions persuadés qu'elle parlerait, alors je ne sais pas. »
         « Elle entre, » murmura ensuite Alice. Je sentis mon corps se raidir. « Essaie d'avoir l'air humain. »
         « Humain, tu dis ? » Demanda Emmett.
         Il leva son poing droit, tournant ses doigts pour révéler la boule de neige qu'il avait conservé dans sa paume. Evidemment, elle n'avait pas fondu. Il la compressa en un bloc de glace bosselé. Il fixait Jasper, mais je vis la direction que prenaient ses pensées. Autant qu'Alice, bien sûr. Lorsqu'il lança brutalement le morceau de glace sur elle, elle le renvoya au loin avec une légère pichenette. La glace ricocha sur toute la longueur de la cafétéria, trop rapide pour être vue par des yeux humains, et se fracassa avec un craquement aigu contre le mur de briques. La brique craqua, elle aussi.
         Les têtes, dans ce coin de la salle, se tournèrent toutes pour regarder la pile de débris de glace sur le sol, puis pivotèrent pour trouver le coupable. Ils ne cherchèrent pas plus loin qu'à quelques tables autour. Pas un seul ne nous regarda.
         « Très humain, Emmett, » dit Rosalie d'une voix cinglante. « Pourquoi ne donnes-tu pas un coup de poing dans le mur pendant que tu y es ? »
         « Ca aurait l'air trop impressionnant si je faisais ça, bébé. »
         J'essayai de faire attention à eux, gardant mon sourire comme si je prenais part à leur badinage. Je ne pouvais pas me permettre de regarder vers la file dans laquelle je savais qu'elle se tenait. Mais c'était tout ce que j'écoutais.
         Je pouvais entendre l'impatience de Jessica avec la nouvelle fille, qui semblait distraite, elle aussi, restant immobile dans la file mouvante. Je voyais, dans les pensées de Jessica, que les joues de Bella Swan s'étaient une fois de plus colorées de rose.
         Je m'arrêtai brièvement, la respiration peu profonde, prêt à cesser de respirer si le moindre soupçon de son odeur atteignait l'air près de moi.
         Mike Newton était avec les deux filles. J'entendis leurs deux voix, mentales et orales, lorsqu'il demanda à Jessica ce qui n'allait pas avec la fille Swan. Je n'aimais pas la façon dont ses pensées s'emballaient à propos d'elle, le clignotement de fantasmes déjà établis qui embuait son esprit pendant qu'il la regardait entrer et ressortir de ses rêveries comme si elle avait oublié qu'il était là.
         « Rien, » entendis-je Bella dire d'une voix douce et claire qui semblait résonner comme une clochette par-dessus les babillements dans la cafétéria, mais je savais que c'était parce que je l'écoutais trop intensément.
         « Je ne prendrai qu'une limonade, aujourd'hui, » continua-t-elle tandis qu'elle rattrapait la file.
         Je ne pus m'empêcher de jeter un rapide coup d’œil dans sa direction. Elle fixait le sol, son sang quittant rapidement son visage. Je regardai vivement ailleurs, vers Emmett, qui rigola au sourire peiné que j'affichais maintenant.
         Tu as l'air malade, frangin.
         Je modifiai mes traits de façon à ce que mon expression parut décontractée et naturelle.
         Jessica s'interrogeait à voix haute quant à l'absence d'appétit de la fille. « Tu n'as pas faim ? »
         « Je suis un peu patraque. » Sa voix était faible, mais encore très claire.
         Pourquoi est-ce que l'inquiétude protectrice qui émana soudain des pensées de Mike Newton m'ennuyait-elle ? En quoi était-ce un problème qu'il y eut un lien protecteur entre eux ? Ce n'était pas mes affaires si Mike Newton se sentait en permanence inquiet pour elle. Peut-être était-ce dû à la façon dont tout le monde réagissait face à elle. Ne voulais-je pas, instinctivement, la protéger également ? Avant, j'aurai voulu la tuer, c'était...
         Mais la fille était-elle malade ?
         Il était difficile de juger - elle avait l'air tellement fragile avec sa peau translucide... Puis je remarquai que j'étais inquiet, moi aussi, exactement comme ce garçon stupide, et je me forçai à ne pas penser à sa santé.
         Malgré tout, je n'aimais pas la surveiller à travers les pensées de Mike. J'embrayai sur celles de Jessica, observant avec attention tandis que tous les trois choisissaient à quelle table s'asseoir. Heureusement, ils s'installèrent avec les amis habituels de Jessica, à l'une des premières tables de la pièce. Pas abrités, juste comme Alice l'avait promis.
         Alice me donna un coup de coude. Elle va bientôt te regarder, agis comme un humain.
         Je serrai les dents derrière mon sourire.
         « Du calme, Edward, » dit Emmett. « Franchement, même si tu tues un humain, ce ne sera pas vraiment la fin du monde. »
         « Tu aimerais bien le savoir, » marmonnai-je.
         Emmett rigola.  « Tu dois apprendre à passer au-dessus des choses, comme je le fais. L'éternité est une longue période pour se vautrer dans la culpabilité. »
         Juste à ce moment-là, Alice jeta une petite poignée de glace qu'elle avait cachée au visage naïf d'Emmett.
         Il cligna des yeux, surpris, puis sourit d'avance.
         « Tu l'as cherché, » dit-il en se penchant au-dessus de la table et en secouant ses cheveux incrustés de glace dans sa direction.
La neige, qui fondait dans la chaleur de la salle, s'envola de ses cheveux en une épaisse averse mi-liquide mi-gelée.
         « Hé ! » Se plaignit Rosalie tandis qu'elle et Alice reculaient devant le déluge.
         Alice rit, et nous l'imitâmes. Je pouvais voir dans la tête d'Alice comment elle orchestrait ce moment parfait, et je savais que la fille - je devrais arrêter de penser à elle de cette façon, comme si elle était la seule fille au monde - que Bella nous regardait rire et jouer, ressemblant à une joyeuse, humaine et irréaliste peinture de Norman Rockwell.
         Alice, qui continuait de rire, prit son plateau en guise de bouclier. La fille - Bella nous regardait encore.
         ... regarde encore les Cullen, pensa quelqu'un, attirant mon attention.
         Je regardai automatiquement vers l'appel involontaire, réalisant pendant que mes yeux trouvaient leur destination que je reconnaissais la voix - je l'avais par trop écoutée aujourd'hui.
         Mais mes yeux glissèrent directement au-delà de Jessica et se concentrèrent sur le regard pénétrant de la fille.
         Elle baissa rapidement les yeux, se cachant à nouveau derrière ses cheveux épais.
         A quoi pensait-elle ? Le temps qui passait semblait rendre la frustration plus vive, plutôt que de l'engourdir. J'essayai - incertain de ce que je faisais puisque je n'avais jamais eu à la faire avant - de sonder le silence autour d'elle avec mon esprit. Mon ouïe hyper développée me revint naturellement, comme toujours, sans rien demander : je n'avais jamais eu à travailler là-dessus. Mais, maintenant, je me concentrai, tentant de causer une brèche à travers ce qui l'entourait comme un bouclier.
         Rien que le silence.
         Qu'est-ce qui ne va pas avec elle ? Pensa Jessica, faisant écho à ma propre pensée.
         « Edward Cullen te mate, » murmura-t-elle à l'oreille de la fille Swan avec un petit rire.
Il n'y avait aucune trace de son irritation jalouse dans son ton. Jessica semblait être douée pour feindre l'amitié.
         J'écoutais, absorbé, la réponse de la fille.
         « Il n'a pas l'air furieux, hein ? » Murmura-t-elle en retour.
         Ainsi, elle avait remarqué ma réaction violente de la semaine dernière. Evidemment.
         La question troubla Jessica. Je vis mon propre visage dans ses pensées tandis qu'elle examinait mon expression, mais je ne croisai pas son regard. J'étais toujours concentré sur la fille, tentant d'entendre quelque chose. Mon intense concentration ne semblait pas m'aider le moins du monde.
         « Non, » lui dit Jessica, et je savais qu'elle aurait souhaité pouvoir dire oui – combien mon regard fixe la tourmentait de l’intérieure - bien qu'il n'y eut aucune trace de cela dans sa voix. « Il devrait ? »
         « Je crois qu'il ne m'apprécie guère, » murmura la fille en posant sa tête sur son bras comme si elle était soudain fatiguée.
J'essayai de comprendre ce mouvement, mais je ne pouvais faire que des suppositions. Peut-être était-elle fatiguée.
         « Les Cullen n'aiment personne..., » la rassura Jessica. « Enfin, disons qu'ils ne s'intéressent pas assez aux autres pour les aimer. » Ils ne s'intègrent jamais.
Sa pensée était un grommellement de plainte. « En tout cas, il continue de t'admirer. »
         « Arrête de le regarder, » dit nerveusement la fille, levant la tête de sur son bras pour vérifier que Jessica obéissait à son ordre.
         Jessica ricana, mais fit ce qu'elle lui demandait.
         La fille ne regarda plus ailleurs qu'à sa table pendant le reste de l'heure. Je pensais - bien que, bien sûr, je ne puisse en être sûr - que c'était délibéré. Il semblait qu'elle aurait voulu me regarder. Son corps aurait voulu bouger légèrement dans ma direction, son menton aurait voulu commencer à se tourner. Puis elle se ressaisissait elle-même, prenant une profonde inspiration, et regardai fixement celui qui parlait.
         J'ignorai, pour la plupart, les pensées qui traînaient autour d'elle puisqu'elles ne la concernaient pas, pour le moment. Mike Newton prévoyait une bataille de boules de neige dans le parking, après les cours, ne semblant pas réalisé que la neige s'était déjà changée en pluie. Le battement des légers flocons contre le toit était devenu l'habituel crépitement des gouttes d'eau. Ne pouvait-il réellement pas entendre le changement ? Cela semblait bruyant pour moi.
         Quand la pause déjeuner prit fin, je restai sur ma chaise. Les humains sortirent et je me surpris à essayer de distinguer le son de leurs pas du reste, comme s'il y avait quelque chose d'important ou d'inhabituel à leur propos. Complètement idiot.
         Aucun membre de ma famille ne fit un geste pour partir. Ils attendaient de voir ce que je voulais faire.
         Voulais-je aller en cours ? M'asseoir à côté de la fille dont je pourrais sentir l'absurdement puissante odeur de son sang et la chaleur de ses pulsations dans l'air sur ma peau ? Etais-je assez fort pour ça ? Ou en avais-je eu assez pour la journée ?
         « Je... pense... que c'est bon, » dit Alice, hésitante. « Ton esprit est déterminé. Je pense que tu tiendras pendant l'heure. »
         Mais Alice savait bien avec quelle rapidité un esprit pouvait changer.
         « Pourquoi repousser ça, Edward ? » Demanda Jasper.
Bien qu'il ne veuille pas se sentir satisfait que je fus celui qui se sentait faible, à présent, je pus entendre qu'il l'était, juste un peu. « Rentre à la maison. Prends ton temps. »
         « Quel est le marché ? » Désapprouva Emmett. « Soit il la tue, soit il ne la tue pas. C'est peut-être aussi bien qu'il traverse ça, d'une façon ou d'une autre. »
         « Je ne veux pas déjà déménager, » se plaignit Rosalie. « Je ne veux pas de nouveau tout recommencer. Nous avons presque fini le lycée, Emmett. Enfin. »
         J'étais également déchiré quant à ma décision. Je voulais, sérieusement, faire face plutôt que fuir au loin une nouvelle fois. Mais je ne voulais pas non plus me pousser moi-même trop loin. D'après Jasper, ça avait été une erreur de partir aussi longtemps sans chasser, la semaine dernière. Etait-ce une erreur absurde ?
         Je ne voulais pas déraciner ma famille. Aucun d'entre eux ne me remercierait pour ça.
         Mais je voulais aller à mon cours de biologie. Je réalisai que je voulais revoir son visage.
         Ce fut ce qui me décida. Cette curiosité. J'étais en colère contre moi-même de ressentir ça. Ne m'étais-je pas promis que je ne laisserai pas le silence de l'esprit de cette fille me faire m'intéresser outre mesure à elle ? Et j'étais maintenant plus qu'excessivement intéressé.
         Je voulais savoir ce qu'elle pensait. Son esprit était fermé, mais ses yeux étaient vraiment ouverts. Peut-être que je pourrais lire en eux.
         « Non, Rose, je pense vraiment que ça ira bien, » dit Alice. « Ca s'est... précisé. Je suis sûre à quatre-vingt-treize pour-cent que rien de mauvais n'arrivera s'il va en cours. » Elle posa sur moi un regard inquisiteur, se demandant ce qui avait changé dans mes pensées pour que sa vision lui montrât un avenir plus sûr.
         Ma curiosité serait-elle suffisante pour garder Bella Swan en vie ?
         Emmett avait raison, toutefois - pourquoi ne serait-ce pas aussi bien ? Je voulais faire face à la tentation.
         « Allons en cours, » ordonnai-je en m'écartant de la table. Je me retournai et m'éloignais d'eux à grands pas, sans un regard en arrière. Je pouvais entendre l'inquiétude d'Alice, la censure de Jasper, l'approbation d'Emmett et l'irritation de Rosalie traîner derrière moi.
         Je pris une dernière profonde inspiration devant la porte de la salle de cours et la conservais dans mes poumons en marchant dans la petite et chaude pièce.
         Je n'étais pas en retard. M. Banner était encore en train d'installer le laboratoire du jour. La fille était assise à ma - à notre table, le visage à nouveau baissé, regardant le cahier sur lequel elle gribouillait. J'examinai l'esquisse en approchant, intéressé même par cette insignifiante création de son esprit, mais c'était dépourvu de sens. Juste un barbouillage hasardeux de nœuds dans d'autres nœuds. Peut-être n'était-elle pas concentrée sur le dessin, peut-être pensait-elle à autre chose ?
         Je tirai mon tabouret en arrière avec une rudesse inutile, le laissant gratter contre le linoléum : les humains se sentaient toujours plus à l'aise quand du bruit annonçait l'arrivée de quelqu'un.
         Je savais qu'elle l'entendait : elle ne leva pas les yeux, mais sa main manqua l'un des nœuds du motif qu'elle dessinait, le déséquilibrant.
         Pourquoi ne levait-elle pas les yeux ? Elle avait sûrement peur. Je devais être sûr de la quitter avec une meilleure impression cette fois. Faire en sorte qu'elle pense qu'elle s'était imaginée des choses avant.
         « Bonjour, » dis-je de la voix douce que j'utilisais quand je voulais mettre les humains à l'aise, formant un sourire poli sur mes lèvres qui ne montrait pas mes dents.
         Elle leva la tête et ses grands yeux marron surpris - presque perplexes - s'emplirent de nombreuses questions silencieuses. C'était la même expression qui avait obscurcit ma vue pendant toute la semaine dernière.
         Alors que je regardais dans ces yeux marron étrangement profonds, je réalisai que la haine - la haine que j'avais imaginé que cette file méritait, d'une façon ou d'une autre, pour le simple fait d'exister - s'était évaporée. Ne pas respirer maintenant, ne pas goûter son odeur, il était difficile de croire que quelqu'un d'aussi vulnérable pourrait jamais justifier la haine.
         Ses joues commencèrent à rougir et elle ne dit rien.
         Je gardai mes yeux sur les siens, uniquement concentré sur leur profondeur interrogatrice, et tentai d'ignorer la couleur appétissante de sa peau.
         « Je m'appelle Edward Cullen, » me présentai-je, bien que je sus qu'elle le savait déjà, mais c'était la façon la plus polie de commencer. « Je n'ai pas eu l'occasion de me présenter, la semaine dernière. Tu dois être Bella Swan. »
         Elle sembla troublée - il y avait de nouveau cette petite ride entre ses yeux. Cela lui prit une demi-secondee de plus qu'il ne le fallait pour répondre.
         « D'où... d'où connais-tu mon nom ? » Demanda-t-elle et sa voix trembla légèrement.


Dernière édition par Ivy le Dim 17 Juin 2018 - 21:47, édité 2 fois
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 2 (suite) : Livre Ouvert

Message par Ivy Sam 17 Oct 2009 - 17:44

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 2 (suite) : Livre Ouvert


J'avais vraiment dû la terrifier. Cela me fit sentir coupable : Elle était tellement sans défense. Je ris gentiment - un son que je savais qu'il mettait les humains à l'aise. A nouveau, je fis attention à mes dents.
« Oh, ce n'est un secret pour personne. »
Elle avait sûrement remarqué qu'elle était devenue le centre d'attention dans cet endroit monotone. « Tu étais attendue comme le messie, tu sais. »
Elle fronça les sourcils comme si cette information lui était déplaisante. Je supposai, qu'étant timide comme elle l'était, que l'attention paraissait être, pour elle, une mauvaise chose. Beaucoup d'humains ressentaient le contraire. Plutôt, ils ne voulaient pas être mis à l'écart du troupeau, en même temps qu'ils désiraient qu'un spot de lumière soit braqué sur leur uniformité individuelle.
« Ce n'est pas ça, » dit-elle. « Pourquoi Bella ? »
« Tu préfères Isabella ? » Demandai-je, troublé par le fait que je voyais pas où ses questions menaient.
Je ne comprenais pas. Elle avait certainement fait nettement montre de sa préférence plusieurs fois depuis le premier jour. Les humains étaient-ils tous aussi complexes sans l'entente mentale comme guide ?
« Non, j’aime bien Bella » répondit-elle en penchant légèrement sa tête sur le côté. Son expression - si je la lisais correctement - était partagée entre embarras et confusion. « Mais je pense que Charlie... mon père... ne m'appelle pas autrement derrière mon dos. Du moins, c'est ainsi que tout le monde ici paraît me connaître. » Son visage s'assombrit d'une ombre rose.
« Ah bon, » dis-je faiblement avant de détourner rapidement les yeux de sur son visage.
Je réalisai seulement maintenant ce que ses questions signifiaient : j'avais fait une gaffe, une erreur. Si, ce premier jour, je n'avais pas écouté aux portes, je me serais alors initialement adressé à elle en utilisant son nom complet, comme tous les autres. Elle avait remarqué la différence.
Je ressentis une pointe de malaise. C'était vraiment vif de sa part de relever mon erreur. Vraiment astucieux, tout particulièrement venant de quelqu'un qui était supposé être terrorisé par ma proximité.
Mais j'avais de plus gros problèmes que les suspicions qu'elle pouvait avoir à mon égard, gardées en sécurité dans sa tête.
Je manquais d'air. Si je voulais lui parler à nouveau, je devrais inhaler.
Ce serait difficile d'éviter de parler. Malheureusement pour elle, partager cette table avec moi faisait d'elle ma partenaire de labo et nous avions à travailler ensemble aujourd'hui. Cela me semblerait bizarre - et inexplicablement impoli - de l'ignorer pendant que nous étions au labo. Cela lui ferait faire plus de suspicions, l'effraierait plus...
Je m'éloignai d'elle aussi loin que je le pouvais sans bouger mon tabouret, tournant la tête vers l'allée. Je tenais bon, contractant mes muscles, puis aspirai une rapide bouffée d'air pour remplir mes poumons, inspirant uniquement par la bouche.
Ahh !!
C'était vraiment pénible. Même sans la sentir, je pouvais la goûter sur ma langue. Ma gorge fut à nouveau soudainement en feu, la soif chaque fois plus puissante que le premier jour où j'avais senti son odeur, la semaine dernière.
Je grinçai des dents et essayai de me ressaisir.
« Allez-y, » ordonna M. Banner.
Il sembla que cela me demandait tout le self-control que j'avais obtenu en soixante-dix ans de travail acharné pour me tourner vers la fille, qui regardait la table, et sourire.
« Les dames d'abord ? » Proposai-je.
Elle leva les yeux à mon expression et son visage pâlit, ses yeux s'agrandirent. Y avait-il quelque chose d'étrange dans mon expression ? Etait-elle une fois de plus effrayée ? Elle ne parla pas.
« A moins que tu préfères que je commence, » dis-je doucement.
« Non, » dit-elle et son visage passa de nouveau du blanc au rouge. « Je vais commencer. »
Je fixai l'équipement posé sur la table, le microscope cabossé, la boîte de lamelles, tout plutôt que regarder le sang tourbillonnant sous sa peau claire. Je pris une autre brève inspiration, par la bouche, et grimaçai alors que le goût me faisait mal à la gorge.
« Prophase, » dit-elle après un rapide examen. Elle commença à déplacer la lamelle, bien qu'elle l'eut à peine observée.
« Ca t'embête si je regarde ? » Instinctivement - stupidement, comme si j'étais de son espèce - je tendis le bras pour arrêter sa main qui emmenait la lamelle. Pendant une seconde, la chaleur de sa peau brûla la mienne. C'était comme une décharge électrique - sûrement plus chaude qu'un simple 37,2 ° C. La chaleur s'étendit à travers ma main et monta dans mon bras. Elle arracha sa main de sous la mienne.
« Désolé, » marmonnai-je, les dents serrées.
Ayant besoin d'un endroit où regarder, j'empoignai le microscope et jetai un bref coup d’œil dans l'oculaire. Elle avait raison.
« Prophase, » approuvai-je.
J'étais encore trop perturbé pour la regarder. Inspirant aussi vite que je le pouvais à travers mes dents serrées et essayant d'ignorer l'ardente soif, je me concentrai sur ce simple devoir, écrivant le mot sur la ligne appropriée de la feuille d'analyse, puis remplaçant la première lamelle par la suivante.
A quoi pensait-elle maintenant ? Qu'avait-elle ressenti quand j'avais touché sa main ? Ma peau devait être aussi froide que la glace - repoussante. Pas besoin de se demander pourquoi elle était si silencieuse.
Je regardai la lamelle.
« Anaphase, » me dis-je à moi-même en l'écrivant sur la seconde ligne.
« Je peux ? » Demanda-t-elle.
Je levai les yeux vers elle, surpris de voir qu'elle attendait, une main en partie tendue vers le microscope. Elle n'avait pas l'air apeurée. Pensait-elle réellement que je pouvais donner une réponse erronée ?
Je ne pouvais aider mais souris à son regard plein d'espoir tandis que je faisais glisser le microscope vers elle.
Elle regarda dans l'oculaire avec une impatience qui se fana rapidement. Les coins de sa bouche s'affaissèrent.
« Troisième lamelle ? » Demanda-t-elle sans lever les yeux du microscope mais en tendant la main.
Je déposai la lamelle suivante dans sa main, sans laisser ma peau toucher la sienne une fois de plus. Être assis à côté d'elle était comme être assis à côté d'une lampe chaude. Je pouvais me sentir lentement réchauffé par la plus haute température.
Elle n'observa pas la lamelle pendant longtemps. « Interphase, » dit-elle nonchalamment - peut-être en essayant de faire un peu trop retentir cela - et poussa le microscope vers moi. Elle ne toucha pas le papier, mais m'attendit pour écrire la réponse. Je l'examinai - elle avait de nouveau raison.
Nous finîmes de cette manière, ne prononçant qu'un mot de temps en temps et ne rencontrant jamais les yeux de l'autre. Nous étions les seuls à avoir terminé - les autres, dans la classe, semblaient passer un sale quart d'heure dans le laboratoire. Mike Newton semblait peiner à se concentrer - il essayait de nous regarder, Bella et moi.
J'espérai qu'il serait resté là où il était allé, pensait Mike en me fixant intensément. Hmm, intéressant. Je n'avais pas réalisé que le garçon nourrissait de la rancœur à mon égard. C'était un nouveau développement, tout aussi récent que l'arrivée de la fille semblait-il. Encore plus intéressant. Je découvrais - à ma surprise - que ce sentiment était réciproque.
Je baissai à nouveau les yeux sur la fille, perplexe par la grande pagaille et le bouleversement qu'elle apportait, malgré sa banalité et son apparence pacifique, dans ma vie.
Ce n'était pas que je ne pouvais pas voir ce qui attirait Mike. En fait, elle était plus que jolie... d'une façon peu commune. Mieux qu'être beau, son visage était intéressant. Pas vraiment symétrique - son menton étroit ne s'équilibrait pas avec ses larges pommettes, extrêmes dans le teint - les contrastes lumineux et sombres de son visage, et puis il y avait ses yeux, emplis de secrets silencieux...
Des yeux qui se plantèrent soudain dans les miens.
Je la fixai, essayant de deviner même un seul de ses secrets.
« Tu portes des lentilles, non ? » Demanda-t-elle tout à coup.
Quelle étrange question. « Non. » Je souris presque à l'idée de l'amélioration de ma vue.
« Ah bon, » marmonna-t-elle. « Tes yeux sont différents, pourtant. »
Je me sentis soudain refroidi, alors que je réalisai que je n'étais apparemment pas le seul à tenter de percer des secrets aujourd'hui.
Je haussai les épaules, raides, et regardai droit devant, là où le professeur faisait ses rondes.
Bien sûr qu'il y avait quelque chose de différent au sujet de mes yeux depuis la dernière fois qu'elle avait regardé dedans. Ma préparation à l'épreuve d'aujourd'hui, à la tentation de ce jour. J'avais passé le week-end entier à chasser, étanchant autant que possible ma soif, exagérant réellement. Je m'étais saturé de sang animal, non pas que cela fit beaucoup de différence devant le scandaleux arôme qui flottait dans l'air autour d'elle. Quand je l'avais regardée la semaine dernière, mes yeux étaient noircis par la soif. Maintenant, mon corps empli de sang, mes yeux étaient d'un or chaud. D'un ambre lumineux, depuis ma tentative d'étancher ma soif.
Une autre erreur. Si j'avais vu ce qu'elle avait voulu dire avec sa question, j'aurai simplement pu lui répondre oui.
J'étais maintenant assis à côté d'humains dans ce lycée depuis deux ans, et elle était la première à m'examiner de suffisamment près pour remarquer le changement de couleur de mes yeux. Les autres, alors qu'ils admiraient la beauté de ma famille, avaient tendance à rapidement regarder par terre lorsque nous leur retournions leurs regards. Ils se tenaient à l'écart, refoulant les détails de notre apparence dans une instinctive tentative de se protéger de l'incompréhensible. L'ignorance était le bonheur parfait pour l'esprit humain.
Pourquoi fallait-il que ce soit cette fille qui en vit trop ?
M. Banner s'approcha de notre table. J'inhalai avec gratitude la bouffée d'air pur qu'il apportait avant qu'il ne se mélange à l'odeur de la fille.
« Laisse-moi deviner, Edward, » dit-il en regardant par-dessus nos réponses, « tu as estimé qu'Isabella ne méritait pas de toucher au microscope ? »
« Bella, » le corrigeai-je automatiquement. « Et détrompez-vous, elle en a identifié trois sur cinq. »
Les pensées de M. Banner étaient sceptiques tandis qu'il se tournait vers elle. « Tu as déjà travaillé là-dessus ? »
Je la fixai, absorbé, alors qu'elle souriait, l'air légèrement embarrassé.
« Pas avec des racines d'oignons. »
« De la blastula de féra ? » S’enquit M. Banner.
« Oui. »
Cela le surprit. L'étude d'aujourd'hui était quelque chose qu'il imaginait d'un niveau plus élevé. Il hocha pensivement la tête. « Tu suivais un programme pour élèves avancés, à Phœnix ? »
« Oui. »
Elle avait de l'avance donc, et était intelligente pour une humaine. Cela ne me surprit pas.
« Eh bien, » dit M. Banner en plissant les lèvres. « Il n'est sans doute pas mauvais que vous deux soyez partenaires de labo. Ainsi les autres gosses peuvent avoir une chance d'apprendre quelque chose par eux-mêmes, » marmonna-t-il dans sa barbe en s'éloignant. Je doutai que la fille ait pu entendre cette dernière phrase. Elle avait recommencer à gribouiller des nœuds sur son cahier.
Déjà deux erreurs en une seule demi-heure. Une très piètre démonstration de ma part. Bien que je n'eus aucune idée de ce que la fille pensait de moi - combien était-elle effrayée ? A quel point me suspectait-elle ? - je savais qu'il m'était nécessaire de redoubler d'efforts pour la quitter avec une meilleure opinion de moi. Quelque chose qui noierait mieux dans sa mémoire le souvenir de notre féroce dernière rencontre.
« Dommage, pour la neige, hein ? » Dis-je, répétant le petit propos dont j'avais déjà entendu une douzaine d'élèves parler.
Un ennuyeux, banal sujet de conversation. Le temps - toujours intact.
Elle me regarda, une méfiance évidente dans les yeux - une réaction anormale à mes mots tout à fait normaux. « Pas vraiment, » dit-elle, me surprenant à nouveau.
J'essayais d'orienter la conversation sur des sujets banaux. Elle venait d'un endroit chaud, empli de couleurs - sa peau semblait refléter ça, d'une certaine façon, malgré sa blancheur - et le froid devait lui être inconfortable. Ce contact glacé avec moi avait dû...
« Tu n'aimes pas le froid, » devinai-je.
« Ni l'humidité, » approuva-t-elle.
« Tu dois difficilement supporter Forks. » Peut-être n'aurais-tu pas dû venir ici, voulus-je ajouter. Peut-être devrais-tu repartir là d'où tu viens.
Je n'étais pas sûr de vouloir cela, toutefois. Je me souviendrai toujours de l'odeur de son sang - n'y avait-il aucune garantie que je ne voulusse pas la suivre n'importe où ? D'ailleurs, si elle partait, son esprit resterait à tout jamais un mystère. Un puzzle permanent et tenace.
« Tu n'imagines même pas à quel point, » dit-elle d'une voix douce, lançant pendant un moment un regard noir derrière moi.
Ses réponses n'étaient jamais celles auxquelles je m'attendais. Elles me faisaient vouloir poser encore plus de questions.
« Pourquoi es-tu venue t'installer ici, alors ? » Demandai-je, réalisant dans l'instant que mon ton était trop accusateur, pas assez décontracté pour ce genre de conversation. La question sonna impolie, impudique.
« C'est... compliqué. »
Elle cligna de ses grands yeux et j'explosai presque de curiosité - la curiosité me brûlait aussi chaudement que la soif dans ma gorge. En fait, je trouvai que c'était légèrement plus facile de respirer. L'agonie devenait plus supportable avec la familiarité.
« Je devrais réussir à comprendre, » insistai-je. Peut-être que la simple courtoisie la ferait répondre à mes questions aussi longtemps que je serai assez impoli pour les poser.
En silence, elle baissa les yeux sur ses mains. Cela me rendit impatient. Je voulais mettre ma main sous son menton et lui faire lever la tête de telle façon que je pourrais lire dans ses yeux. Mais ce serait stupide - dangereux - de ma part de toucher à nouveau sa peau.
Elle releva brusquement les yeux. C'était un soulagement que de pouvoir à nouveau lire ses émotions en eux. Elle parla d'une voix rapide, empressée.
« Ma mère s'est remariée. »
Ah, c'était assez humain, facile à comprendre. La tristesse passa dans ses yeux purs et ramena la petite ride entre eux.
« Ca ne me paraît pas très compliqué, » dis-je. Ma voix fut douce sans pourtant m'appliquer à la rendre ainsi. Sa tristesse me faisait me sentir étrangement impuissant, souhaiter qu'il y eut quelque chose que je pus faire pour la faire se sentir mieux. Etrange impulsion. « Quand est-ce arrivé ? »
« En septembre. » Elle expira profondément - pas vraiment un soupir. Je repris ma respiration alors que son souffle chaud balayait mon visage.
« Et tu ne l'apprécies pas, » devinai-je, partant à la pêche aux informations.
« Si, Phil est chouette, » dit-elle, corrigeant ma supposition, une ombre de sourire relevant à présent les coins de ses lèvres pleines. « Trop jeune, peut-être, mais sympa. »
Cela ne collait pas avec le scénario que j'avais construit dans ma tête.
« Pourquoi n'es-tu pas restée avec eux, s'il est aussi agréable ? » Demandai-je d'une voix un petit peu trop curieuse. Elle résonna comme si j'étais un fouineur. Ce que j'étais, il fallait en convenir.
« Phil voyage beaucoup. Il est joueur de base-ball professionnel. »
Son sourire s'élargit. Ce choix de carrière l'amusait.
Je souriais également, sans me prononcer. Je n'avais pas essayé de la faire se sentir à l'aise. Son sourire me faisait juste vouloir sourire en retour - être dans le secret.
« Célèbre ? » Je parcourus dans ma tête les listes de joueurs professionnels de base-ball, me demandant quel Phil était son...
« Non. Il n'est pas très bon, » répondit-elle avec un autre sourire. « Juste des championnats de second ordre. Il se déplace pas mal. »
Dans ma tête, les listes changèrent instantanément et j'établis une liste de possibilités en moins d'une seconde. En même temps, j'imaginai un nouveau scénario.
« Et ta mère t'a expédiée ici afin de l'accompagner librement, » dis-je. Faire des suppositions semblait la pousser à me donner plus de réponses que les questions ne le faisaient. Cela réussit une fois de plus. Son menton s'avança et son expression se fit soudain rebelle.
« Non, elle n'y est pour rien, » dit-elle et sa voix se fit tranchante. Ma supposition l'avait bouleversée, bien que je ne pus pas vraiment voir de quelle façon. « C'est moi qui l'ai voulu. »
Je ne pouvais pas deviner ce qu'elle voulait dire, ni la source de son dépit. J'étais complètement perdu.
J'abandonnai. Il n'y avait juste rien à comprendre chez cette fille. Elle n'était pas comme les autres humains. Peut-être que le silence de ses pensées et le parfum de son odeur n'étaient pas les seules choses inhabituelles chez elle.
« Je ne saisi pas, » avouai-je, détestant l'admettre.
Elle soupira et soutint mon regard plus longtemps qu'un humain n'en était capable.
« Au début, elle est restée avec moi, » expliqua-t-elle lentement, son ton devenant plus malheureux à chaque mot. « Elle était malheureuse... Bref, j'ai décidé qu'il était temps que je connaisse un peu mieux Charlie. »
La toute petite ride entre ses yeux se creusa.
« Et maintenant, c'est toi qui n'es pas heureuse, » murmurai-je.
Je ne pouvais m'empêcher de dire mes hypothèses à voix haute, espérant en apprendre plus de ses réactions. Celle-ci, néanmoins, ne sembla pas loin de la réalité.
« La belle affaire, » dit-elle, comme si ce n'était pas un aspect à prendre en considération.
Je continuai de la regarder dans les yeux, sentant que j'avais enfin eu un réel aperçu de son âme. Je voyais dans ce seul mot où elle se plaçait elle-même dans ses propres priorités. Contrairement à la plupart des humains, ses propres besoins venaient loin vers le bas de la liste.
Elle était désintéressée.
Comme je voyais cela, le mystère de sa personne caché à l'intérieur de son esprit silencieux commença à se dévoiler un petit peu.
« Ce n'est pas très juste, » dis-je. Je haussai les épaules, essayant de paraître décontracté, de dissimuler l'intensité de ma curiosité.
Elle rit, mais sans le moindre amusement. « On ne te l'a donc jamais dit ? La vie est injuste. »
Je voulus rire à ces mots, bien que je ne ressentis moi non plus aucun réel amusement. Je savais quelques petites choses sur l'injustice de la vie. « J'ai en effet l'impression d'avoir déjà entendu ça quelque part. »
Elle me fixa et sembla à nouveau troublée. Ses yeux clignèrent sur autre chose puis revinrent sur moi.
« Inutile de se lamenter, par conséquent, » me dit-elle.
Mais je n'étais pas prêt à laisser cette conversation prendre fin. Le petit V entre ses yeux, vestige de son chagrin, me tracassait. Je voulais le lisser du bout de mes doigts. Mais, bien sûr, je ne pouvais pas la toucher. C'était malsain de bien des façons.
« Tu donnes bien le change, » constatai-je lentement, encore en train d'examiner cette nouvelle hypothèse. « Mais je parie que tu souffres plus que tu ne le laisses voir. »
Elle grimaça, ses yeux se plissant et sa bouche se tordant en une moue bancale, et fixa le devant de la classe. Elle n'aimait pas ça lorsque je devinai juste. Elle n'était pas le martyr moyen - elle ne voulait pas d'un auditoire pour sa douleur.
« Je me trompe ? »
Elle tressaillit légèrement mais prétendit ne pas m'entendre.
Cela me fit sourire. « J'en étais sûr ! »
« Et en quoi ça te concerne, hein ? » Demanda-t-elle en continuant de regarder au loin.
« Bonne question, » admis-je, plus pour moi-même que pour lui répondre.
Sa perception était meilleure que la mienne - elle voyait directement l'essentiel des choses pendant que je me débattais dans les profondeurs, passant aveuglément au crible tous les indices. Les détails de vie totalement humaine ne devraient pas me concerner. Je n'aurais pas dû m'occuper de ce qu'elle pensait. Si ce n'était pas pour protéger ma famille des soupçons, les pensées des humains étaient insignifiantes.
Je n'étais pas habitué à être le moins intuitif dans une discussion. Je m'appuyais trop sur mon ouïe hyper sensible - je n'étais visiblement pas aussi perspicace que je le croyais.
La fille soupira et lança des regards noirs à l'avant de la classe. Quelque chose, dans son expression frustrée, était comique. La situation dans son ensemble, la conversation toute entière était comique. Personne n'avait jamais été en aussi grand danger à cause de moi que cette petite fille - je pouvais à tout moment, distrait de ma ridicule absorption par la conversation, inhaler par le nez et l'attaquer avant d'avoir pu m'arrêter - et elle était irritée parce que je n'avais pas répondu à sa question.
« Je t'agace ? » Demandai-je, souriant devant l'absurdité de tout ça.
Elle me regarda rapidement, et ses yeux semblèrent piégés par mon regard.
« Pas vraiment, » me dit-elle. « Je m'agace moi-même, plutôt. Je suis tellement transparente. Ma mère m'appelle son livre ouvert. »
Elle fronça les sourcils, se renfrogna.
Je la regardai, stupéfait. La raison de son bouleversement était qu'elle pensait que je lisais trop facilement en elle. C'était bizarre. Je n'avais jamais dépensé autant d'énergie pour comprendre quelqu'un dans toute ma vie - ou plutôt, mon existence, vu que vie pouvait difficilement être le bon mot. Je n'avais pas vraiment de vie.
« Je ne suis pas d'accord, » contrai-je, me sentant étrangement... méfiant, comme s'il y avait quelques dangers cachés dans ce que j'échouais à voir.
Je fus soudain énervé, ce pressentiment me rendant anxieux. « Je te trouve au contraire difficile à déchiffrer. »
« C'est que tu es bon lecteur, » devina-t-elle, faisant sa propre supposition qui atteignit une fois de plus sa cible.
« En général, oui, » accordai-je.
Alors, je souris largement, laissant mes lèvres reculer pour exposer mes dents luisantes, tranchantes comme des rasoirs.
C'était une chose stupide à faire, mais j'étais brusquement, étonnamment, désespéré de ne pouvoir l'avertir de quelque façon que ce fût. Son corps était plus près du mien qu'avant, s'étant déplacé inconsciemment durant notre conversation. Tous les petits signes et marques qui étaient suffisants pour effrayer le reste de l'humanité ne semblaient pas fonctionner sur elle. Pourquoi ne reculait-elle pas loin de moi, terrifiée ? Sûrement parce qu'elle en avait vu suffisamment de mon côté sombre pour réaliser le danger, intuitive comme elle paraissait l'être.
Je ne vis pas si mon avertissement avait eu l'effet escompté. M. Banner demanda l'attention de la classe à ce moment-là et elle se détourna de moi une nouvelle fois. Elle semblait un petit peu soulagée par cette interruption, elle comprenait donc peut-être inconsciemment.
J'espérai que ce fut le cas.
Je reconnaissais la fascination grandissant en moi, alors même que je tentai de l'en déloger. Je ne pouvais pas me permettre de trouver Bella Swan intéressante. Ou plutôt, elle ne pouvait pas permettre ça. J'étais déjà très désireux d'une autre chance de parler avec elle. Je voulais en savoir plus sur sa mère, sur sa vie avant qu'elle ne vînt ici, sur sa relation avec son père. Tous les détails futiles qui étofferaient plus encore son personnage. Mais chaque seconde que je passais avec elle était une erreur, un risque qu'elle ne devrait pas prendre.
Elle secoua distraitement son épaisse chevelure juste au moment où je me permis de prendre une autre inspiration. Une vague particulièrement concentrée de son odeur me frappa droit dans la gorge.
C'était comme le premier jour - comme une balle dévastatrice. La douleur de la sècheresse incendiaire me donna le vertige. Je dus à nouveau empoigner la table pour rester sur mon tabouret. Cette fois, j'avais légèrement plus de contrôle. Je ne cassais rien, au moins. Le monstre grandissait en moi mais ne prit aucun plaisir de ma souffrance. Il était lui aussi fermement retenu. Pour le moment.
Je cessai complètement de respirer et m'éloignai de la fille aussi loin que je le pouvais.
Non, je ne pouvais pas me permettre de la trouver fascinante. Le plus intéressant que je lui trouvais, le plus probable, c'était que je voulais la tuer. J'avais déjà fait deux erreurs mineures aujourd'hui. Voulais-je en faire une troisième, qui ne serait pas mineure ?
Dès que la sonnerie retentit, je fuis hors de la salle de cours - détruisant probablement l'impression de politesse que j'avais à moitié réussi à construire pendant l'heure. De nouveau, j'haletai dans l'air pur, humide, de dehors comme si ça m'était curatif. Je me dépêchai de mettre autant de distance que possible entre la fille et moi.
Emmett m'attendait devant la porte de notre salle d'espagnol. Il observa mon expression sauvage pendant un moment.
Comment ça a été ? Demanda-t-il prudemment.
« Personne n'est mort, » marmonnai-je.
Je vois bien qu'il y a quelque chose. Quand j'ai vu Alice baisser les bras, à la fin, j'ai pensé...
Alors que nous marchions, je vis sa mémoire remonter à seulement quelques instants plus tôt, vis à travers la porte ouverte de sa salle précédente : Alice marchant brutalement, son visage pâle fixant le sol, vers le bâtiment des sciences. Je sentis le désir mémorisé d'Emmett de se lever et de la rejoindre, puis sa décision de rester. Si Alice avait eu besoin de son aide, elle l'aurait demandé...
Je fermai les yeux d'horreur et de dégoût en m'affalant sur ma chaise. « Je n'avais pas réalisé que c'était aussi proche. Je ne pensais pas que j'allais... Je n'ai pas vu que c'était aussi mauvais, » murmurai-je.
Ca ne l'était pas, me rassura-t-il. Personne n'est mort, hein ?
« Exact, » sifflai-je, les dents serrées. « Pas cette fois. »
Peut-être que ce sera plus facile.
« Bien sûr... »
Ou peut-être que tu la tueras, pensa-t-il en haussant les épaules. Tu ne seras pas le premier à perdre les pédales. Personne ne te jugera trop durement. Parfois, un humain sent juste trop bon. Je suis impressionné que tu aies tenu si longtemps.
« Ca ne m'aide pas, Emmett. »
J'étais révolté par son acceptation de l'idée que je pouvais tuer cette fille, que cette voie était, d'une façon ou d'une autre, inévitable.
Je sais quand ça m'est arrivé... , se souvînt-il, m'entraînant avec lui un demi siècle plus tôt, sur un chemin de campagne au crépuscule où une femme d'âge mûr prenait ses draps secs sur un fil tendu entre deux pommiers. L'odeur des pommes était péniblement suspendue dans l'air - la récolte était finie et les fruits abandonnés étaient éparpillés sur le sol, les ecchymoses sur leur peau filtraient leur flagrance en épais nuages. Un tas de foin fraîchement tondu était le fond de cette odeur, une harmonie. Il remontait le chemin, presque inconscient de la présence de la femme, pour faire une course pour Rosalie. Le ciel était pourpre au-dessus de sa tête, orange au-dessus des arbres à l'ouest. Il aurait dû poursuivre le chemin à chariots serpentant et n'aurait eu aucune raison de se souvenir de ce soir-là, sauf qu'une soudaine brise nocturne gonfla les draps blancs comme une voilure et souffla l'odeur de la femme au visage d'Emmett.
« Ah, » gémis-je doucement. Comme si le souvenir de ma propre soif n'était pas suffisant.
Je sais. Je n'ai pas tenu une demi-seconde. Je n'ai jamais pensé à résister.
Son souvenir devint trop explicite pour que je pus le supporter.
Je sautai sur mes pieds, mes dents assez serrées pour couper de l'acier.
« Esta bien, Edward ? » Demanda Senora Goff, surprise par mon brusque mouvement. Je pus voir mon visage dans son esprit et je savais que je n'avais pas l'air d'aller bien.
« Me perdona, » marmonnai-je en filant vers la porte.
« Emmett, por favor, puedas tu ayuda a tu hermano ? » Demanda-t-elle en me désignant sans pouvoir intervenir tandis que je me ruai hors de la salle.
« Bien sûr, » l'entendis-je dire et il fut juste derrière moi.
Je poussai sa main loin de moi avec une force inutile. Cela aurait brisé les os d'une main humaine, et ceux du bras qui y était attaché.
« Désolé, Edward. »
« Je sais » J'haletai profondément, essayant de vider ma tête et mes poumons.
« C'est aussi grave que ça ? » Demanda Emmett en tentant de ne penser ni à l'odeur ni au goût de son souvenir, sans vraiment y parvenir.
« Pire, Emmett, pire. »
Il resta silencieux un moment.
Peut-être...
« Non, ça n'irait pas mieux si j'en finissais avec ça. Retourne en cours, Emmett. Je veux être seul. »
Il fit demi-tour sans aucun autre mot ni aucune autre pensée et s'éloigna à pas rapides. Il dirait au professeur d'espagnol que j'étais malade, ou que je séchais, ou que j'étais un dangereux vampire hors de contrôle. Son excuse était-elle réellement meilleure ? Peut-être que je ne reviendrai pas. Peut-être devrais-je partir.
J'allai une nouvelle fois à ma voiture pour attendre la fin des cours. Pour me cacher. Encore.
J'aurais dû utiliser ce temps pour me décider, ou essayer de soutenir ma résolution, au lieu de ça, comme un drogué, je me retrouvais à fouiller dans le babillement de pensées émanant des bâtiments du lycée. Les voix familières sortaient de l'ordinaire mais, à cet instant, je n'étais pas intéressé par l'écoute des visions d'Alice ou les plaintes de Rosalie. Je trouvai facilement Jessica, mais la fille n'était pas avec elle, je continuai donc à chercher. Les pensées de Mike Newton attirèrent mon attention et je la localisai enfin, en gym, avec lui. Il n'était pas content, parce que j'avais parlé avec elle aujourd'hui, en biologie. Il était dépassé par la réponse qu'elle lui avait donnée lorsqu'il avait mis le sujet sur la table...
En fait, je ne l'ai jamais vu dire à personne plus d'un mot par-ci par-là. Bien sûr, il aura décidé de trouver Bella intéressante. Je n'aime pas la façon dont il la regarde. Mais elle ne semblait pas trop excitée à son sujet. Qu'est-ce qu'elle a dit déjà ? « Je ne sais pas ce qui lui a pris la semaine dernière » Quelque chose comme ça. Ca ne sonnait pas comme si elle y prêtait attention. Ca ne pouvait pas être plus qu'une simple conversation...
Il prolongea son monologue pessimiste dans ce sens, soutenu par l'idée que Bella n'avait pas été intéressée par son échange avec moi. Cela me dérangeait vraiment un peu plus que ce qui aurait été acceptable, j'arrêtai donc de l'écouter.
Je mis un CD de musique violente dans le lecteur puis montai le volume jusqu'à ce qu'il couvrit les autres voix. Je dus me concentrer très attentivement sur la musique pour m'empêcher de dériver à nouveau jusqu'aux pensées de Mike Newton, d'espionner cette fille naïve...
Je trichais quelques fois, alors que l'heure touchait à sa fin. J'essayais de me convaincre que ce n'était pas pour l'espionner. Je me préparais seulement. Je voulais savoir avec exactitude quand elle quitterait son cours de gym, quand elle serait dans le parking. Je ne voulais pas qu'elle me prit par surprise.
Alors que les élèves commençaient à sortir en file indienne par les portes du gymnase, je sortis de ma voiture, pas sûr de ce qui me faisait faire ça. La pluie était fine - je l'ignorai tandis qu'elle trempait lentement mes cheveux.
Voulais-je qu'elle me visse ici ? Espérai-je qu'elle viendrait me parler ? Qu'étais-je en train de faire ?
Je ne bougeai pas, alors que j'essayais de me convaincre de retourner dans la voiture, sachant que mon comportement était répréhensible. Je gardais mes bras croisés sur ma poitrine et respirais très superficiellement en la regardant marcher lentement vers moi, les coins de ses lèvres baissés. Elle ne me regardait pas. Elle lança plusieurs fois des coups d’œil aux nuages, comme s'ils l'offensaient.
Je fus déçu quand elle atteignit sa voiture avant d'avoir dû passer devant moi. Devrait-elle me parler ? Devrais-je lui parler ?
Elle entra dans une camionnette, une Chevrolet, délavée, une carcasse rouillée qui était aussi vieille que son père. Je la regardai la démarrer - l'engin rugit plus bruyamment qu'aucun autre véhicule du parking - puis tendre les mains vers le chauffage. Le froid lui était inconfortable - elle ne l'aimait pas. Elle passa ses doigts dans son épaisse chevelure, les faisant passer devant le jet d'air chaud, comme pour les sécher. J'imaginai ce que la cabine de cette camionnette pouvait sentir puis chassai rapidement cette pensée.
Elle regarda autour d'elle en se préparant à reculer, puis regarda enfin dans ma direction. Elle me fixa pendant seulement une demi-secondee et je pus lire la surprise dans ses yeux avant qu'elle ne les détachât des miens et poussât la camionnette en arrière. Et puis elle poussa un cri aigu en s'arrêtant de nouveau, l'arrière du véhicule manquant de quelques centimètres une collision avec celui d'Erin Teague.
Elle regarda dans son rétroviseur, la bouche encore ouverte d'humiliation. Quand l'autre voiture s'éloigna d'elle, elle vérifia deux fois tous les angles morts et quitta sa place de parking avec tant de précautions que cela me fit sourire. C'était comme si elle pensait qu'elle était dangereuse avec sa camionnette décrépie.
La pensée que Bella Swan put être dangereuse pour quelqu'un, peu importe si elle conduisait, me fit rire tandis qu'elle passait devant moi, regardant droit devant elle.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 3 : Phénomènes

Message par Ivy Sam 17 Oct 2009 - 17:46

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 3 : Phénomènes


Franchement, je n'avais pas soif, mais je décidai de chasser cette nuit encore. Une petite once de précaution, insuffisante, pourtant je savais qu'il le fallait.
Carlisle vînt avec moi - nous ne nous étions pas retrouvés seuls tous les deux depuis que j'étais revenu de Denali. Tandis que nous courrions à travers la forêt noire, je l'entendis repenser à cet au revoir précipité de la semaine dernière.
Dans sa mémoire, je vis la façon dont mon intense désespoir avait tordu mes traits. Je ressentis sa surprise et sa soudaine inquiétude.
Edward ?
« Je dois partir, Carlisle. Je dois partir maintenant. »
Que s'est-il passé ?
« Rien. Pour l'instant. Mais il se passera quelque chose si je reste. »
Il avait touché mon bras. Je sentis combien cela l'avait blessé lorsque j'avais reculé loin de sa main.
Je ne comprends pas.
« As-tu déjà... y a-t-il déjà eu un moment... »
Je me regardai moi-même prendre une profonde inspiration, je vis la lumière sauvage dans mes yeux à travers le voile de leur intense inquiétude.
« Y a-t-il déjà eu pour toi une personne dont l'odeur était meilleure que celle de tous les autres ? Vraiment meilleure ? »
Ah.
Quand j'avais su qu'il comprenait, j'avais baissé la tête, honteux. Il avait tendu la main, m'ignorant lorsque j'avais à nouveau reculé, et l'avait posée sur mon épaule.
Fais ce que tu dois pour résister, fils. Tu me manqueras. Tiens, prends ma voiture, elle est plus rapide.
Il se demandait maintenant si j'avais alors fait ce qu'il fallait en m'envoyant au loin. Se demandait si son manque de confiance ne m'avait pas blessé.
« Non, » murmurai-je en continuant de courir. « C'était ce dont j'avais besoin. J'aurai si facilement pu trahir cette confiance, si tu m'avais dit de rester. »
« Je suis désolé que tu souffres, Edward. Mais tu dois faire ce que tu peux pour garder l'enfant Swan en vie. Même si cela signifie que tu dois nous quitter à nouveau. »
« Je sais, je sais. »
« Pourquoi es-tu revenu ? Tu sais à quel point je suis heureux de t'avoir ici, mais si c'est aussi difficile... »
« Je n'aimais pas me sentir lâche, » admis-je.
Nous ralentîmes - nous trottions à peine maintenant dans l'obscurité.
« C'est mieux que de la mettre en danger. Elle partira dans un an ou deux. »
« Tu as raison, je sais ça. » Pourtant, ses mots ne faisaient que me rendre plus anxieux à l'idée de rester. La fille partirait dans un an ou deux...
Carlisle s'arrêta de courir et je l'imitai. Il se tourna vers moi pour examiner mon expression.
Mais tu n'as pas l'intention de fuir, n'est-ce pas ?
Je baissai la tête.
Est-ce par orgueil, Edward ? Il n'y a aucune honte à-
« Non, ce n'est pas par orgueil que je reste ici. Plus maintenant. »
Nulle part où aller ?
Je ris brièvement. « Non. Ce n'est pas ça qui m'arrêterait, si je pouvais me faire moi-même partir. »
« Nous viendrons évidemment avec toi si c'est ce dont tu as besoin. Tu n'as qu'à demander. Tu es parti pour eux sans te plaindre. Ils ne te refuseraient pas ça. »
Je haussai un sourcil.
Il rit. « D'accord, Rosalie peut-être, mais elle a une dette envers toi. En tout cas, ce serait bien mieux pour nous de partir maintenant, sans qu'aucun dégât n'ait encore été fait, que de partir plus tard, après qu'une vie ait pris fin. » Toute trace d'humour avait disparu à la fin.
Je tressaillis à ses mots.
« Oui, » accordai-je d'une voix rauque.
Mais tu n'as pas l'intention de partir ?
Je soupirais. « Je devrais. »
« Qu'est-ce qui te retient ici, Edward ? Je n'arrive pas à voir... »
« Je ne sais pas si je peux l'expliquer. » Même pour moi, cela n'avait aucun sens.
Il jaugea mon expression pendant un long moment.
Non, je ne vois pas. Mais je respecte ta vie privée, si tu préfères.
« Merci. C'est généreux de ta part, surtout quand on sait que je ne laisse d'intimité à personne. » A une exception près. Et j'avais fait ce que je pouvais pour la priver de ça, hein ?
Nous faisons tous des caprices, rit-il à nouveau. N'est-ce pas ?
Je venais juste de sentir l'odeur d'un petit troupeau de cerfs. Il était difficile de faire preuve de beaucoup d'enthousiasme pour ce que c'était, même dans les meilleures circonstances : un arôme moins qu'appétissant. Mais là, avec le souvenir tout frais de l'odeur du sang de cette fille dans mon esprit, la fragrance me tordait en fait l'estomac.
Je soupirai. « C'est parti, » consentis-je, bien que je sus que forcer le sang à entrer dans ma gorge ne m'aiderait qu'à peine.
Nous nous accroupîmes tous deux en position de chasse et laissâmes cette odeur peu ragoûtante nous attirer silencieusement en avant.






Il faisait plus froid quand nous retournâmes à la maison. La neige fondue avait regelé, c'était comme si une mince couche de glace recouvrait tout - chaque aiguille de pin, chaque buisson de fougères, chaque brin d'herbe étaient glacés.
Pendant que Carlisle allait s'habiller en vue de son départ prochain pour l'hôpital, je restais près de la rivière, attendant que le soleil se levât. Je me sentais presque gonflé par la quantité de sang que j'avais ingurgité, mais je savais que cet actuel manque de soif signifierait peu quand je serais à nouveau assis à côté de cette fille.
Calme et immobile comme la pierre sur laquelle j'étais assis, je regardai l'eau sombre s'écouler entre les bancs de glace, fixai au travers d'elle.
Carlisle avait raison. Je devais quitter Forks. Ils raconteraient une histoire quelconque pour expliquer mon absence. Que j'étais pensionnaire dans une école en Europe. Que je rendais visite à des parents éloignés. Que j'étais un adolescent fugueur. L'histoire n'était pas meilleure. Personne ne poserait trop intensément de questions.
C'était juste pour un an ou deux, puis la fille disparaîtrait. Elle poursuivrait sa vie - elle devait avoir une vie à poursuivre. Elle irait quelque part à la fac, vieillirait, entamerait sa carrière, et épouserait peut-être quelqu'un. Je pouvais m'imaginer ça - je pouvais voir cette fille vêtue tout de blanc, marchand d'un pas mesuré, au bras de son père.
C'était bizarre, la douleur que cette image causa en moi. Je ne pouvais pas comprendre ça. Etais-je jaloux, parce qu'elle avait un futur que je ne pourrais jamais avoir ? Cela n'avait pas de sens. Chaque humain autour de moi avait la même chose en lui - une vie - et je me surprenais rarement à les envier.
Je devais la quitter pour son avenir. Cesser de risquer sa vie. C'était la meilleure chose à faire. Carlisle avait déjà choisi le bon chemin. Je devrais l'écouter maintenant.
Le soleil se leva derrière les nuages, et la faible lumière scintilla sur l'herbe gelée.
Un jour de plus, décidai-je. Je voulais la voir une fois de plus. Je pouvais supporter ça. Peut-être mentionnerai-je mon éventuelle disparition, établissant l'histoire.
Ca allait être difficile, je pouvais sentir que la forte réticence qui s'était installée en moi me pousserait à trouver des excuses pour rester - pour allonger le délai de deux jours, trois, quatre... Mais je devais faire ce qui était le mieux. Je savais que je pouvais faire confiance au conseil de Carlisle. Et je savais aussi que j'étais trop en conflit avec moi-même pour prendre la bonne décision seul.
Beaucoup trop en conflit. Quelle part de cette hésitation provenait de ma curiosité obsessionnelle, et quelle part venait de mon appétit insatisfait ?
Je rentrai pour mettre des vêtements propres pour l'école.
Alice m'attendait, assise en haut des marches menant au troisième étage.
Tu t'en vas de nouveau, m'accusa-t-elle.
Je soupirai et acquiesçai.
Je ne peux pas voir où tu vas cette fois.
« Parce que je ne sais pas où je vais, » murmurai-je.
Je veux que tu restes.
Je secouai la tête.
Jazz et moi pourrions peut-être venir avec toi ?
« Ils auront d'autant plus besoin de vous si je ne suis plus là pour espionner pour eux. Et pense à Esmée. Voudrais-tu, d'un coup, éloigner d'elle la moitié de sa famille ? »
Tu vas la rendre si triste.
« Je sais, c'est pourquoi tu dois rester. »
Ce n'est pas pareil que de t'avoir ici, et tu le sais.
« Oui. Mais je dois faire ce qui est bien. »
Il y a pourtant beaucoup de bons chemins, et beaucoup de mauvaise voies, hein ?
Pendant un bref moment, elle fut emportée dans l'une de ses étranges visions ; Je me voyais avec elle tandis que les images clignotaient et tourbillonnant. Je me vis moi-même mélangé avec d'étranges ténèbres que je ne pouvais distinguer - des formes vagues et imprécises. Et puis, brusquement, ma peau se mit à scintiller dans l'éclatante lumière du soleil d'une petite clairière à ciel ouvert. C'était un endroit que je connaissais. Il y avait quelqu'un avec moi dans cette clairière, mais, de nouveau, ce fut indistinct, trop pour être reconnu. Les images frémirent et disparurent alors qu'un million de choix infimes réarrangeaient une nouvelle fois le futur.
« Je ne pouvais pas en saisir plus que ça, » lui dis-je quand la vision s'obscurcit.
Moi non plus. Ton avenir change beaucoup trop souvent pour que j'arrive à le voir clairement. Pourtant, je pense que...
Elle s'arrêta, et feuilleta une vaste collection d'autres récentes visions pour moi. Elles étaient toutes pareilles - floues et vagues.
« Pourtant, je pense que quelque chose change, » dit-elle bruyamment. « Ta vie semble en être à un moment décisif. »
Je ris d'un air grave. « Est-ce que tu te rends compte que tu beugles comme une fausse gitane au carnaval, là ? »
Elle me tira la langue.
« Néanmoins, tout va bien pour aujourd'hui, n'est-ce pas ? » Demandai-je d'une voix brusquement inquiète.
« Je ne te vois pas tuer qui que ce soit aujourd'hui, » m'assura-t-elle.
« Merci, Alice. »
« Vas t'habiller. Je ne dirai rien - je te laisserais dire aux autres quand tu seras prêt. »
Elle se leva, jeta un coup d’œil en bas des escaliers et rentra légèrement la épaules. Tu vas me manquer. Vraiment.
Oui, elle allait vraiment me manquer, elle aussi.
Le trajet pour aller à l'école se passa en silence. Jasper sentait qu'Alice était contrariée par quelque chose, mais il savait que si elle avait voulu lui en parler elle l'aurait déjà fait. Emmett et Rosalie était dans leur bulle, se regardant sans les yeux avec passion - c'était d'ailleurs assez écœurant à regarder. On était tous au courant de combien ils étaient désespérément amoureux l'un de l'autre. Ou peut-être que c'était juste plus douloureux pour moi parce que j'étais le seul célibataire de la famille. Il y avait des jours où c'était plus dur que d'habitude pour moi de vivre entouré de trois couples parfaitement unis. Aujourd'hui était un de ceux là.
Peut-être qu'ils seraient tous plus heureux sans moi dans leur pattes, aussi agressif et de mauvais caractère que le vieillard que je devrais être à présent.
Bien sûr, la première chose que je fis lorsque nous arrivâmes à l'école fut de chercher la jeune fille du regard. Juste histoire de me préparer.
Bien.
C'était tellement embarrassant de voir comme mon univers semblait vide sans elle – toute mon existence était centrée sur la fille, et non plus sur moi comme avant.
C'était plutôt facile à expliquer, en fait : après quatre-vingts ans de routine, le moindre changement devenait un évènement majeur.
Elle n'était pas encore arrivée, mais je pouvais déjà entendre les pétarades bruyantes de son antique camionnette. Je m'appuyais contre la voiture en attendant. Alice resta avec moi, alors que les autres allèrent directement en classe. Ma fixation les ennuyait – c'était incompréhensible pour eux qu'une humaine puisse retenir aussi longtemps mon attention, aussi délicieuse soit-elle.
Au volant de sa voiture, la fille arriva lentement dans mon champ de vision, ses yeux concentrés sur la route et ses mains crispées sur le volant. Elle semblait anxieuse de quelque chose. Ca me prit une seconde pour m'imaginer ce que ce « quelque chose » pouvait être, et une de plus pour réaliser que tous les humains avaient cette même expression sur le visage aujourd'hui. Ah, la route étant recouverte de verglas, et il leur fallait conduire plus prudemment. Je pouvais voir combien elle prenait ce petit risque au sérieux.
Ca semblait conforme au peu que je savais déjà sur elle. J'ajoutai ce trait de caractère à ma petite liste : c'était quelqu'un de sérieux, de responsable.
Elle ne se gara pas trop loin de moi, mais n'avait pas encore remarqué que j'étais là, à la regarder. Je me demandai ce qu'elle ferait lorsqu'elle s'en rendrait compte. Rougir et s'éloigner ?
C'était ma première supposition. Mais peut-être allait-elle me regarder à son tour. Peut-être allait-elle venir pour me parler.
Je pris une profonde inspiration, remplissant mes poumons d'espoir, juste au cas où.
Elle sortit de sa camionnette avec précautions, testant le sol glissant avant d'y mettre tout son poids. Elle ne leva pas les yeux, et ça me frustra. Peut-être que je devrais aller lui parler...
Non, mauvaise idée.
Au lieu de se tourner vers le lycée, elle avança vers l'arrière de sa camionnette, s'accrochant à son véhicule d'une drôle de manière, comme si elle n'avait pas confiance en ses jambes. Ca me fit sourire, et je sentis les yeux d'Alice sur mon visage. Je n'écoutai pas ce que ça lui faisait penser – je m'amusai trop à regarder la fille vérifier les chaînes de neiges de sa camionnette. Vu la manière dont ses pieds étaient positionnés, elle devait vraiment avoir peur de tomber. Personne d'autre n'avait de problème – s'était-elle garée sur une plaque de verglas particulièrement dangereuse ?
Elle se figea, les yeux baissés dans une étrange expression. C'était... de la tendresse ? Comme si quelque chose... l'attendrissait ?
Cette fois encore, la curiosité se fit aussi douloureuse que la soif. C'était comme si je devais absolument savoir ce qu'elle pensait – comme si c'était l'unique chose au monde qui ai la moindre importance.
J'irais lui parler. Elle avait l'air d'avoir besoin de se tenir à une main, au moins pour l'aider à se sortir de la zone verglacée. Mais bien sûr, je ne pouvais pas lui offrir cela, n'est-ce pas ? J'hésitai, déchiré. Elle semblait avoir une telle aversion pour la neige, alors elle ne risquait certainement pas d'apprécier le contact avec ma main froide et blanche. Si seulement j'avais des gants...
« NON ! » Haleta Alice
Instantanément, je scannais ses pensées, supposant d'abord que j'avais fais un mauvais choix et qu'elle me voyait faire quelque chose d'inexcusable. Mais ça n'avait rien à voir avec moi.
Tyler Crowley avait choisi de pénétrer dans le parking à une vitesse bien peu judicieuse. Ce choix allait l'envoyer glisser sur une plaque de verglas...
La vision vint juste une demi-seconde avant la réalité. Le van de Tyler prit son virage alors que j'étais encore en train de regarder le dénouement qui tordait les lèvres d'Alice en une grimace horrifiée.
Non, cette vision n'avait rien à voir avec moi, et en même temps elle avait tout à voir avec moi, parce que le van de Tyler – dont les pneus venaient juste d'heurter la glace dans le pire angle possible – tournoyait follement droit vers la fille qui était devenue malgré elle le point central de mon univers.
Même sans la prescience d'Alice, il aurait été assez simple de voir la trajectoire du véhicule, qui glissait, échappant totalement au contrôle de Tyler.
La fille, qui à l'arrière de sa camionnette se tenait exactement au mauvais endroit, leva les yeux, intriguée par les hurlements des pneus bloqués. Elle rencontra immédiatement mon regard horrifié, puis tourna les yeux pour regarder sa mort prochaine.
Pas elle ! Les mots éclatèrent dans ma tête comme s'ils appartenaient à quelqu'un d'autre.
Tout en lisant dans les pensées d'Alice, je vis la vision se transformer soudainement, mais je n'avais pas le temps de regarder ce que ce changement pouvait être.
Je m'élançai à travers la foule, me plaçant entre le van en plein dérapage et la fille tétanisée. Je bougeai si vite que tout devint une vaste tache floue et rayée, à l'exception d'elle. Elle ne me vit pas – aucun œil humain n'aurait pu suivre mon vol – regardant toujours la forme grossière qui était sur le point de la réduire en bouillie contre l'armature de métal de sa camionnette.
Je la pris par la taille, bougeant avec trop de précipitation pour être aussi doux que j'aurais dû l'être. Durant le centième de seconde entre le moment où je tirai d'un coup sec sa silhouette légère hors de danger et le moment où je m'écrasai au sol avec elle dans mes bras, je pris soudain conscience de la fragilité de son corps.
Lorsque j'entendis l'horrible craquement de sa tête contre la glace, je cru me geler à mon tour.
Mais je n'avais même pas une seule seconde pour voir comment elle allait. J'entendis le van derrière nous, râpant et couinant comme s'il tournait autour du fer solide de la camionnette de la jeune fille. Il était en train de changer sa course, se courbant, et revenant dans la direction à nouveau – comme s'il elle était un aimant qui l'attirait vers nous.
Un mot que je n'avais jamais osé prononcer en présence d'une dame sorti de mes dents serrées.
J'en avais déjà trop fait. De la même manière que j'avais presque volé devant tout le monde pour la pousser hors de la trajectoire du fourgon, j'étais pleinement conscient de l'erreur que je faisais. Savoir que c'était une erreur ne m'arrêta pas, mais je n'oubliais pas pour autant le risque que je prenais – que je ne prenais pas seulement pour moi-même, mais pour toute ma famille.
Exposition.
Et cela n'allait certainement pas aider, mais il était tout bonnement hors de question que je permette à ce van de réussir dans sa deuxième tentative de prendre sa vie.
Je la lâchai et tendis mes mains devant nous, attrapant le van avant qu'il ne puisse la toucher. Le choc m'envoya contre la voiture garée à côté de la camionnette de la fille, et je pus sentir l'armature de métal derrière mes épaules. Le van frissonna et trembla contre l'obstacle ferme de mes bras immobiles, puis commença alors a se balancer de façon instable sur ses deux pneus arrières.
Si je bougeai mes mains, l'arrière du van allait tomber sur ses jambes.
Oh, pour l'amour de tous les saints, ces catastrophes n'allaient donc jamais finir ? Restait-il quoi que ce soit qui puisse encore tourner mal ? Il aurait été délicat de rester la, à ternir le van en l'air à bout de bras et appeler à l'aide. Je ne pouvais pas non plus lancer le véhicule – je devais aussi penser au conducteur, dont les pensées étaient confuses de panique.
Avec un gémissement interne, je poussai le fourgon pour qu'il bascule et s'éloigne de nous pendant un court instant. Alors qu'il retombait vers nous, je l'attrapai par-dessous avec ma main droite tandis que j'enlaçai à nouveau sa taille de mon bras gauche. Son corps bougea mollement quand je la lâchai pour que ses jambes soient hors d'atteinte – était-elle consciente ? Combien de dégât lui avais-je infligé dans ma tentative de sauvetage improvisée ?
Je laissai tomber le van, maintenant que je savais que ça ne pouvait plus la blesser. Il s'écrasa contre le sol, toutes les fenêtres éclatant à l'unisson.
Je savais que j'étais au milieu d'une crise. Qu'avait-elle vu ? Y'avait-il un seul autre témoin qui m'eut vu me matérialiser à ses côtés et jongler avec le van tout en la manipulant pour la tirer de là ? Ces questions auraient dû être mes priorités.
Mais j'étais trop anxieux pour réellement me soucier de la menace de l'exposition autant que je le devrais. Trop paniqué à l'idée de l'avoir blessé en essayant de la protéger. Trop effrayé de l'avoir si proche de moi, tout en sachant ce que je sentirais si je me permettais de respirer. Trop conscient de la chaleur de son corps souple, pressé contre le mien – même à travers le double obstacle de nos vestes, je pouvais sentir cette chaleur...
La première peur fut la plus grande. Alors que les hurlements des témoins commencèrent à fuser autour de nous, je baissai les yeux pour examiner son visage, pour voir si elle était consciente – espérant férocement qu'elle ne saignait pas.
Ses yeux étaient grands ouverts, le regard gelé par le choc.
« Bella ? » Demandai-je en proie à l'affolement. « Ca va ? »
« Très bien. » Dit-elle automatiquement de sa voix stupéfiée.
Le soulagement, si intense qu'il en était presque douloureux, me pénétra au son de sa voix. Je suçai une bouffée d'air entre mes dents, sans me soucier de la brûlure qui l'accompagnait dans ma gorge. J'étais presque content de la sentir.
Elle frissonna pour s'asseoir, mais je n'étais pas prêt de la lâcher. Je me sentais étrangement... en sécurité ? Du moins, je me sentais mieux, à présent qu'elle était dans mes bras.
« Attention. » L'avertis-je. « Je crois que tu t'es cogné la tête assez fort. »
Il n'y avait aucune trace de sang frais dans son odeur – une indulgence – mais ça ne garantissait pas l'absence d'hémorragie interne. J'étais soudain impatient de l'amener à Carlisle et à tout son équipement de radiologie.
« Ouille ! » Dit-elle, son ton choqué était comique, comme si elle venait à peine de s'apercevoir de sa douleur.
« C'est bien ce que je me disais. » Le soulagement rendit la situation comique, et j'étais presque étourdi.
« Comment diable... » Sa voix se perdit, et ses paupières flottèrent. « Comment as-tu réussi à t'approcher aussi vite ? »
Le soulagement s'assourdit, l'humour disparu. Elle en avait trop vu.
Et maintenant que la fille semblait en sécurité et en bonne forme, l'anxiété pour ma famille reprit le dessus.
« J'étais juste à côté de toi, Bella. »Je savais par expérience que si je montrais beaucoup d'assurance lorsque je mentais, cela rendait tout questionneur moins sûr de la vérité.
Elle se débâtit à nouveau pour se redresser, et cette fois je la laissai faire. Pour jouer mon rôle correctement, j'avais besoin de respirer. Il fallait que je me tienne à distance de la chaleur de sang brûlant pour que l'odeur ne me fasse pas perdre le fil. Je glissai aussi loin que possible d'elle, du moins autant que le permettait l'espace restreint entre les deux véhicules accidentés.
Elle leva les yeux vers moi, et je soutins son regard. Détourner les yeux le premier serait une erreur que seul un mauvais menteur ferrait, et j'étais loin d'être un mauvais menteur. Mon expression semblait innocente et inquiète... Cela semblait la perturber. Bien.
La scène de l'accident était noire de monde à présent. Des élèves pour la plupart, des enfants qui scrutaient et se poussaient pour voir s'il y avait quelques corps mutilés à regarder. Le brouhaha des éclats de voix se mêlait aux pensées hurlantes. Je scannai les esprits aux alentours pour m'assurer qu'il n'y avait pas encore de suspicion parmi les témoins, puis me retourna pour me concentrer uniquement sur la fille.
Elle semblait distraite par le chahut autour d'elle, elle regarda autour d'elle, son expression toujours choquée, et essaya de se lever.
Je posai délicatement ma main sur son épaule pour l'en empêcher.
« Attend encore un peu. » Elle avait l'air d'aller bien, mais peut-être devrait-elle éviter de bouger sa nuque ? Cette fois encore, j'aurais aimé que Carlisle soit là. Mes années d'étude théorique de la médecine ne faisaient pas le poids face à ses siècles de pratique médicale.
« J'ai froid ! » Objecta-t-elle.
Elle venait de frôler la mort deux fois de suite et avait failli se faire estropier, et tout ce qui la perturbait, c'était le froid. Un petit rire fit trembler mes dents avant que je ne me souvienne que la situation n'avait rien de drôle.
Bella cligna des yeux, puis son regard se verrouilla sur mon visage. « Tu étais là bas. »
Là encore, mon rire disparu aussi rapidement qu'il était venu.
Ses yeux se dirigèrent vers le sud, même s'il n'y avait rien d'autre à voir que la tôle chiffonnée du fourgon. « Près de ta voiture. »
« Non. »
« Je t'ai vu ! » Insista-t-elle. Sa voix était enfantine quand elle s'obstinait. Elle leva le menton.
« Bella, j'étais tout près de toi et je t'ai tiré de là, c'est tout. »
Je me plongeai profondément dans son regard lointain, essayant de lui faire accepter ma version des faits – la seule version rationnelle possible.
Sa mâchoire se crispa. « Non. »
J'essayai de rester calme, de ne pas panique. Si seulement je pouvais la faire taire pendant un moment, ça me donnerait l'occasion de détruire l'évidence... et de discréditer sa version en utilisant sa blessure au crâne.
Pour toi, la fille la plus silencieuse qui soit, ça devrait être facile de te taire, non ? Si seulement elle pouvait me faire confiance, juste pendant un moment...
« S'il te plait, Bella. » Dis-je. Ma voix était trop intense, parce que soudain je réalisai combien je voulais qu'elle me croie. Je le voulais tellement, et pas uniquement pour cet accident. Un désire stupide. Qu'est-ce que ça pourrait bien changer pour elle de me faire confiance ?
« Pourquoi ? » Demanda-t-elle, toujours sur la défensive.
« Fais-moi confiance. » Suppliai-je.
« Jure que tu m'expliqueras plus tard. »
Ca m'énervait de devoir à nouveau lui mentir, alors qu'au contraire je désirais plus que tout au monde pouvoir un tant soit peu mériter sa confiance. Alors quand je lui répondis, mon ton était dur.
« D'accord ! »
« Tu as intérêt à tenir parole. »Répercuta-t-elle sur le même ton.
Tandis que les secours arrivaient – les adultes accouraient sur les lieux de l'accident, la police avait été appelée et on entendait déjà les sirènes à quelques centaines de mètres au loin – j'essayai de sortir la fille de ma tête et de remettre mes priorités dans le bon ordre. Je scannai tous les esprits aux alentours, qu'ils aient assistés à toute la scène ou non, mais je ne trouvais rien de dangereux. Bon nombre d'entre eux avaient été surprit de me voir à côté de Bella, mais ils arrivaient tous à la conclusion – la seule conclusion probable – qu'ils ne m'avaient juste pas remarqué avant que ne survienne l'accident.
Elle était la seule qui n'acceptait pas l'explication rationnelle, mais son témoignage ne sera sûrement pas celui qui aura le plus de poids. Elle avait été terrifiée, traumatisée, sans parler du traumatisme crânien que je lui avais sûrement infligé. Et elle était probablement en état de choc. On pourrait facilement considérer que son histoire était un délire post-traumatique, non ? Personne n'allait donner trop de crédit à sa version, quand on la comparerait à celle de la foule de spectateurs objectifs.
Je grimaçais lorsque j'interceptai les pensées d'Emmett, de Rosalie et de Jasper, qui venait à peine d'arriver sur les lieux. J'allais devoir rendre des comptes cette nuit, je le sentais bien.
Je voulais déformer l'indentation que mes épaules avaient creusée dans l'autre voiture, mais la fille était trop proche. J'allais devoir attendre qu'elle soit distraite par autre chose.
C'était frustrant d'attendre – il y avait tant d'yeux braqués sur moi – que les humains se débrouillent pour dégager le van pour nous libérer. J'aurais sûrement dû les aider, juste pour accélérer le processus, mais j'étais déjà trop impliqué et la fille me fixai de ses yeux perçants. Finalement, ils furent quand même capables de le déplacer assez loin pour permettre aux secouristes d'arriver jusqu'à nous avec leurs brancards.
Un homme grisonnant au visage familier apparut.
« Eh, Edward ! » Dit Brett Warner. Il était aussi infirmier, et je le connaissais bien de l'hôpital. C'était une chance – le seul évènement chanceux de la journée – qu'il soit le premier à venir vers nous. Dans ses pensées, je ne lu rien d'autre que du calme alerté et attentif. « Ca va tu n'as rien ? »
« Tout va bien, Brett, rien ne m'a touché. Mais j'ai bien peur que Bella ait une contusion. Elle s'est cognée la tête assez fort quand je l'ai tiré de la trajectoire du fourgon... »
Brett reporta son attention sur la fille, qui me regardait comme si je venais de me rendre coupable de haute trahison. Oh, c'est vrai. C'était un martyr silencieux – elle préférait souffrir en silence.
Elle ne contredit pas immédiatement ma version, et ça me détendit un peu.
Le deuxième secouriste essaya d'insister pour que je monte sur un de leur brancard, et ce ne fut pas difficile de l'en dissuader. Il me suffit de promettre que je laisserai mon père m'examiner, et il laissa tomber. Avec la plupart des humains, il suffisait généralement de s'exprimer avec assurance. Excepté la fille, évidemment. Est-ce qu'il y avait quoi que ce soit de normal chez elle ?
Dès qu'ils lui mirent une minerve – la faisant rougir d'embarras – j'utilisai ce moment de distraction pour discrètement déformer la marque laissé par mes épaules dans la voiture avec le talon. Il n'y eut que mes frères et sœur pour remarquer ce que je faisais, et j'entendis la promesse mentale d'Emmett de repasser derrière moi si j'avais oublié quoi que ce soit.
Reconnaissant pour son aide – et encore plus reconnaissant qu'Emmett m'ai dors et déjà pardonné mon choix risqué – j'étais un peu plus calme lorsque je m'installai sur le siège avant de l'ambulance.
Le chef de la police arriva avant qu'ils aient pu mettre Bella dans l'ambulance à son tour.
Inutile d'essayer de lire dans ses pensées, tant la panique qui émanait de son esprit refoulait les évènements et conversations des jours passés. Une incroyable anxiété mêlée de culpabilité dénuée de mots l'emplissait tandis qu'il voyait sa fille unique ficelée à un brancard.
Ses sentiments me pénétrèrent de toute part et grandirent en intensités. Quand Alice m'avait prévenu que tuer la fille de Charlie Swan reviendrait à le tuer lui, également, elle n'avait pas exagéré.
Ma tête fut transpercée de cette culpabilité tandis que j'entendais sa voix paniquée ?
« Bella ! » Hurla-t-il
« Tout va aussi bien que possible Char... papa, » soupira-t-elle. « Je suis indemne. »
Cette assurance ne le rassura pas pour autant. Il se tourna vers le secouriste le plus proche et demanda plus d'informations.
J'étais en train de l'écouter parler, formant des phrases parfaitement cohérentes malgré sa panique, quand je réalisais soudain que son anxiété et son souci n'étaient pas dénués de mots. C'était juste que... je ne pouvais pas entendre les termes exactes de ses pensées.
Hmm. Charlie Swan n'était pas aussi silencieux que sa fille, mais à présent je savais de qui elle tenait ça. Intéressant.
Je ne m'étais jusqu'alors jamais trop approché du chef de police municipal. Je l'avais toujours prit pour un homme assez lent d'esprit, sans me douter que j'étais celui qui était lent. Ses pensées, loin d'être absentes, étaient en parties cachées. Je pouvais seulement entendre le ténor de ses pensées, rien d'autre que le ton...
Je voulais écouter plus intensément, pour voir si je pouvais par cette découverte percer à jour le secret de la fille. Mais Bella était à présent chargée dans le coffre, et l'ambulance démarra.
C'était difficile de m'arraché à l'idée que je tenais peut-être une solution possible au mystère qui avait commencé à m'obséder. Mais il fallait que je réfléchisse – regarder ce qui avait été fait aujourd'hui sous tous les angles. Il fallait que j'écoute, pour m'assurer que ça n'était pas allé trop loin et que nous n'allions pas devoir partir immédiatement. Il fallait que je me concentre.
Il n'y avait rien d'inquiétant dans les pensées des secouristes. Pour autant qu'ils puissent le dire, la fille allait bien. Et, et aussi étonnant que ça puisse paraître, Bella s'en tenait à ma version des faits.
Ma première priorité, lorsque j'arrivai à l'hôpital, était de voir Carlisle. Je me ruai à travers les portes à ouverture automatique, mais j'étais incapable de vraiment arrêter de surveiller Bella ; je gardais un œil sur elle par l'intermédiaire des infirmiers.
Il me fut facile de repérer l'esprit familier de mon père. Il était dans son petit bureau, seul. Une deuxième petite pointe de chance dans ce jour de malchance.
« Carlisle. »
Il m'avait entendu approcher, et il s'alarma lorsqu'il vit mon visage. Il se leva d'un bond et devint encore plus pâle que d'habitude. Il me fit face derrière son bureau parfaitement organisé.
Edward... tu n'as pas...
« Non ! Non, ce n'est pas ça. »
Il prit une profonde inspiration. Evidemment. Je suis navré d'avoir eu cette pensée. Tes yeux, bien entendu, j'aurais dû m'en douter... Ajouta-t-il en regardant mes yeux d'or solide avec soulagement.
« Mais elle est blessée, Carlisle, ce n'est probablement pas grand-chose, mais... »
« Qu'est-il arrivé ? »
« Un stupide accident de voiture. Elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Mais je ne pouvais pas rester là... à le laisser la percuter... »
Attend, attend. Recommence depuis le début. En quoi es-tu impliqué ?
« Un fourgon a dérapé sur la glace. » Murmurai-je en regardant le mur derrière lui alors que je parlais – au lieu des diplômes, il n'y avait qu'une peinture à l'huile, sa préférée, un Hassam non répertorié. « Elle était en plein dans sa trajectoire. Alice l'a vu arriver, mais je n'avais pas le temps de faire quoi que ce soit d'autre que courir à travers la foule et la tirer de là. Personne ne l'a remarqué... sauf elle. J'ai aussi dû arrêter le van, mais cette fois encore, personne ne la vu... excepté elle. Je suis désolé Carlisle. Je ne voulais pas nous exposer comme ça. »
Il contourna son bureau et posa une main son mon épaule.
Tu as fais ce qu'il fallait. Je sais que ça n'a pas dû être facile pour toi. Je suis fier de toi, Edward.
Je pouvais à présent le regarder dans les yeux. « Elle sait que quelque chose... ne va pas chez moi. »
« Ca n'a pas d'importance. S'il faut que nous partions, nous partirons. Qu'a-t-elle dit ? »
Je secouai la tête, un peu frustré. « Rien, pour l'instant. »
Pour l'instant ?
« Elle s'en tien à ma version des faits... mais elle attend une explication. »
Il fronça les sourcils, considérant ce que je venais de lui dire.
« Elle s'est cognée la tête... enfin, je lui ai fais ça. » Continuai-je précipitamment. « Je l'ai cogné assez durement contre le sol. Elle a l'air d'aller bien, mais... je pense que ça devrait être facile de discréditer sa parole... »
Rien qu'en disant ces mots, j'avais déjà l'impression d'être un connard.
Carlisle entendit le dégoût dans ma voix. Peut-être que ce ne sera pas nécessaire. Regardons ce que ça donne, d'accord ? Je crois que j'ai un patient à examiner.
« Je t'en pris. » Dis-je. « J'ai tellement peur de lui avoir fait du mal. »
Une étincelle traversa l'œil de Carlisle. Il passa sa main dans ses cheveux – qui avaient des reflets un peu plus clairs que ses yeux dorés – et rit.
Ca m'a tout l'air d'être une journée plutôt intéressante pour toi, je me trompe ? Dans son esprit, je pouvais lire l'ironie, et l'humour que la situation lui inspirait. Quel revirement. Quelque part durant la seconde d'inconscience qui m'avait poussé à voler à son secours, le tueur s'était métamorphosé en protecteur.
Je ris avec lui, me souvenant que Bella n'aurait jamais autant besoin d'être protégée que de moi-même. Ca me fit rire parce que, quelque soit ce qui venait de se passer, j'étais toujours aussi dangereux pour elle qu'avant.






J'attendis seul dans le bureau de Carlisle – l'une des heures les plus longues de mon existence – écoutant l'hôpital plein de pensées.
Tyler Crowley, le conducteur du fourgon, avait l'air bien plus atteint que Bella, et toute l'attention était tournée vers lui, alors qu'elle attendait son tour pour faire des radios. Carlisle resta dans l'ombre, croyant sur parole les secouristes qui affirmaient que la fille n'était que légèrement blessée. Ca me stressa, même si je savais qu'il avait raison. Un seul coup d'œil à son visage, et Bella se souviendrait immédiatement de moi, et du fait qu'il y avait quelque chose d'anormal dans ma famille, et ça pourrait risquer de la faire parler.
Une chose était sûre, elle avait bien assez de compagnie avec qui parler. Tyler était consumé par sa culpabilité, du fait qu'il avait bien faillit la tuer – deux fois de suite – et ne semblait pas pouvoir se taire. Je pouvais clairement voir l'expression de son visage à travers ses yeux, et il était clair qu'elle voulait qu'il se taise. Comment pouvait-il ne pas s'en rendre compte ?
Je me tendis lorsque j'entendis Tyler lui demander comment elle avait pu s'en sortir. ,,,,,,,,,,
J'attendis, sans respirer, alors qu'elle hésitait.
« Um... »l'entendis-je dire. Puis elle se tut si longtemps que Tyler se demanda si sa question la dérangeait. Enfin, elle dit. « Edward m'a tiré de là. »
Je soupirai. Et là ma respiration s'accéléra. Je ne l'avais jamais entendu prononcer mon nom avant. J'aimais le son que ça produisait – même si je ne l'entendais que par l'intermédiaire des pensées de Tyler. Je voulais l'entendre moi-même...
« Edward Cullen » dit-elle, quand Tyler ne savait pas de qui elle parlait. Je me retrouvais devant la porte, une main sur la poignée. Le désire de la voir devenait de plus en plus fort. Je devais me souvenir qu'il me fallait être prudent.
« Il était près de moi. »
« Cullen ? » Huh.C’est surnaturel. « Je ne l'ai pas vu. »Je pourrais l’avoir juré … « Enfin, tout s'est passé si vite. Il va bien ? »
« Il me semble. Il traîne dans les parages. Ils ne l'ont pas couché sur un brancard, lui. »
Je vis son regard pensif, un éclair de suspicion traverser ses yeux, mais ces petits changements dans son expression passèrent inaperçus pour Tyler.
Elle est jolie, pensa-t-il, presque surprit. Même toute sale. Elle n'est pas vraiment mon type mais... je devrais sortir avec elle. Il suffit d'arranger les choses pour aujourd'hui...
J'étais dans le hall, tout près de la salle des urgences, sans penser ne serait-ce que pendant une seconde à ce que j'étais en train de faire. Par chance, l'infirmière entra dans la salle avant moi – c'était au tour de Bella pour les radios. Je m'adossai contre le mur dans un recoin sombre tout près du tournant, et essaya de me retenir de la suivre alors qu'on l'emmenait.
Qu'est-ce que ça pouvait bien faire que Tyler la trouve jolie ? Tout le monde pouvait s'en rendre compte. Il n'y avait strictement aucune raison pour que je ressente... mais qu'est-ce que je ressentais au juste ? De la gêne ? Ou est-ce que « en colère » était plus proche de la réalité ? Cela n'avait strictement aucun sens.
Je restai là où j'étais aussi longtemps que je le pus, mais mon impatience l'emporta sur tout le reste et je m'en retournai vers la salle de radiologie. On l'avait déjà reconduite aux urgences, mais je pus tout de même jeter un coup d'œil à ses radios quand l'infirmière eut le dos tourné.
Ce que je vis me rassura. Son crâne allait bien. Je ne l'avais pas blessée, pas vraiment.
Carlisle m'appela.
Tu as meilleure mine, commenta-t-il.
Je continuai à regarder droit devant moi. Nous n'étions pas seuls, les corridors étaient pleins d'employés et de visiteurs.
Ah, oui. Il accrocha ses radios au négatoscope, mais je n'avais pas besoin d'un second coup d'œil. Je vois. Elle va parfaitement bien. Bon travail, Edward.
Entendre une telle approbation venant de mon père déclencha en moi une réaction mitigée. Cela aurait dû me faire plaisir, cependant je savais qu'il n'approuverait certainement pas ce que je m'apprêtais à faire à présent. Du moins, il ne l'approuverait pas s'il connaissait mes véritables intentions...
« Je crois que je vais aller lui parler - avant qu'elle ne te voie. » Soufflai-je, « Agir naturellement, prétendre que rien ne s'est passé. Histoire d'arranger ça. » Voilà qui pourrait faire figure d'excuses acceptables.
Carlisle hochai la tête d'un air absent, toujours concentré sur ses radios. « Bonne Idée. Hmm. »
Je regardai à mon tour les images pour voir ce qui retenait son attention.
Mais regardez moi toutes ces anciennes contusions ! Combien de fois sa mère l'a-t-elle laissé tomber ? Carlisle rit de sa propre plaisanterie.
« Je commence à croire que cette fille est cernée par la malchance. Elle est toujours au mauvais endroit au mauvais moment. »
Il est vrai qu'avec toi dans les parages, Forks est sans aucun doute le mauvais endroit pour elle.
Je tressaillis.
Vas-y. Arrange les choses. Je te rejoins dans un moment.
Je m'éloignai à grands pas, sentant les remords affluer. J'étais peut-être décidément trop bon menteur, si je pouvais tromper Carlisle.
Quand je pénétrai dans la salle des urgences, Tyler marmonnait dans sa barbe d'énièmes excuses. La jeune fille essayait d'échapper à l'assaut de ses remords en faisant semblant de dormir. Ses yeux étaient clos, mais sa respiration n'était pas tranquille, et je pouvais voir ses doigts bouger avec impatience par moment.
Je contemplai son visage un long moment. C'était la dernière fois que je la verrais. Ce fait déclencha une douleur aiguë dans ma poitrine. Etait-ce parce que je détestais laisser derrière moi un mystère non résolu ? Ca ne semblait pas être une raison suffisante.
Finalement, je pris une profonde inspiration et entrai dans la salle des urgences, à la vue de tous.
Quand Tyler me vit arriver, il recommença à parler, mais je mis un doigt sur mes lèves.
« Elle dort ? » Murmurai-je.
Les paupières de Bella s'ouvrirent en grand et ses yeux se focalisèrent instantanément sur mon visage. Ils s'écarquillèrent un moment, puis se réduisirent en deux fentes soupçonneuses ou en colère. Je me rappelai qu'il fallait que je joue mon rôle, aussi lui souris-je comme si rien d'anormal ne s'était produit – mis à part un léger choc à la tête et un petit délire post-traumatique.
« Hey, Edward, je suis désolé... »commença-t-il
D'un geste de la main, je stoppai ses excuses. « Il n'y a pas mort d'homme. » Constatai-je d'un air désabusé en souriant un peu trop largement à ma petite plaisanterie personnelle.
Il était incroyablement facile d'ignorer Tyler, bien qu'il fut à seulement trois mètres de mois, et couvert de sang. Autrefois je n'avais jamais compris comment Carlisle y parvenait – ignorer le sang de ses patients pour les soigner. Après tout, n'était-il pas dangereux d'être en permanence tenté ? Mais à présent, je voyais. Si on se concentre sur quelque chose d'assez puissant, la tentation n'a plus d'atteinte sur vous.
Car même frais et à découvert, le sang de Tyler n'était rien comparé à celui de Bella.
Je restai à une distante sécurisante d'elle, m'asseyant au bord du matelas de Tyler.
« Alors, quel est le verdict ? » Lui demandais-je
Sa lèvre inférieure se retroussa légèrement. « Je n'ai rien, mais ils refusent de me relâcher. Explique-moi un peu pourquoi tu n'es pas ficelé à une civière comme nous ? » ,,,,,,,,,,« Question de relation. » Répondis-je avec légèreté. « Mais ne t'inquiète pas, je me charge de ton évasion. »
Je regardai prudemment sa réaction lorsque mon père entra dans la pièce. Ses yeux s'écarquillèrent et se retrouva bouche bée de surprise. Intérieurement, je grognai. Aucun doute possible, elle avait remarqué notre ressemblance.
« Alors, Mademoiselle Swan, » demanda Carlisle.« Comment vous sentez-vous ? » Son charisme et ses manières avaient le don de détendre n'importe quel patient en une demi-seconde. Mais bien sûr, impossible de dire avec certitude si ce pouvoir affecta Bella.
« Je vais bien. » Dit-elle calmement.
Carlisle accrocha ses radios au négatoscope près du lit. « Vos radios sont bonnes. Vous avez mal à la tête ? D'après Edward, vous avez subit un sacré choc. »
« Tout est en ordre. » Répéta-t-elle après un soupir. Une once d'impatience dans sa voix cette fois. Elle me jeta un regard noir.
Carlisle s'approcha d'elle et fit courir presque tendrement ses doigts sur son cuir chevelu jusqu'à ce qu'il ait trouvé la bosse au sommet de son crâne.
Toutes mes défenses tombèrent devant la vague d'émotions qui m'assaillait.
Maintes fois j'ai eu l'occasion de voir Carlisle travailler avec des humains. Je lui ai même servi d'assistant, il y a des années – uniquement dans les situations où le sang n'était pas impliqué cependant. Ce n'était donc pas nouveau pour moi de le voir interagir avec cette fille comme s'il était aussi humain qu'elle. J'ai souvent envié sa maîtrise de soi, c'est vrai, mais jamais à ce point là. Cette fois c'était différent. C'était bien plus que son self-control que j'enviais chez lui. Je brûlais de faire disparaître cette différence entre Carlisle et moi – le fait qu'il puisse la toucher si tendrement, sans peur, sans craindre de la blesser...
Elle tressaillit, et je remuai sur le matelas où j'étais assis. Je dus me concentrer pendant un moment pour retrouver ma position décontractée.
« C'est douloureux ? » Demanda Carlisle.
Son menton hocha d'un millimètre. « Pas vraiment. » Dit-elle.
Une autre pièce trouva sa place dans le puzzle de sa personnalité : elle était courageuse. Elle n'aimait pas montrer ses faiblesses.
C'était probablement la créature la plus vulnérable qu'il m'ait été donné de rencontrer, et elle ne voulait pas sembler faible. Un léger rire s'échappa de mes lèvres.
Elle me lança un autre regard courroucé.
« Bon, » déclara Carlisle, « votre père vous attend à côté. Vous pouvez rentrer. Mais n'hésitez pas à revenir si vous avez des vertiges ou des troubles de la vision. »
Son père était donc là ? J'avais beau scanner les pensées de la foule qui avait envahit le hall, je n'arrivais pas à trouver sa voix avant que Bella ne se remette à parler, l'air anxieux.
« Je ne peux pas retourner au lycée ? »
« Vous feriez mieux de vous reposer, aujourd'hui. » Lui suggéra Carlisle.
Elle me désigna du regard. « Et lui, il y retourne ? » Enchaîna-t-elle.
Agir normalement, arranger les choses... ignorer l'effet que ça fait quand elle me regarde dans les yeux...
« Il faut bien que quelqu'un annonce la bonne nouvelle de notre survie. » Déclarai-je.
« En fait, » me corrigea Carlisle, « la plupart des élèves semblent avoir envahit les urgences. »
Cette fois-ci, je pu anticiper sa réaction – son aversion envers les spots braqués sur elle. Je ne fus pas déçu.
« Oh, bon sang ! » Grommela-t-elle en enfouissant son visage dans ses mains
J'étais plutôt content d'avoir enfin réussi à deviner juste. Je commençai à la comprendre...
« Vous préférez rester ici ? » Demanda Carlisle.
« Non, non ! » S'empressa-t-elle de répliquer. Elle arracha ses jambes aux draps et sauta du lit, puis perdit l'équilibre et trébucha pour atterrir dans les bras de Carlisle qui s'empressa de la rattraper et de la remettre sur ses pieds.
Cette fois encore, un torrent de jalousie me dévora.
« Ca va. » Dit elle avant qu'il n'ait pu commenter, et une délicieuse teinte rose colora ses joues.
Bien sûr, qu'elle rougisse ne posa pas le moindre problème à Carlisle. Il s'assura qu'elle avait retrouvé son équilibre et la lâcha.
« Prenez un peu d'aspirine si vous avez mal. » Lui conseilla-t-il
« Ce n'est pas si affreux que ça. »
« Il semble que vous ayez eu beaucoup de chance. » Conclut-il dans un sourire en signant sa feuille de sorti
Elle tourna un peu la tête pour mon toiser . « A mettre sur le compte d'Edward la Chance. »
« Ah oui... c'est vrai. » Eluda Carlisle, percevant la même chose que moi dans son ton. Elle n'avait pas encore mit ses soupçons sur le compte de l'imagination. Pas encore.
Je te la laisse. Pensa Carlisle. Fait ce qui te semblera le mieux.
« Merci, ça m'aide énormément. » Murmurai-je rapidement.
Aucun humain ne m'entendit. A mon sarcasme, Carlisle étouffa un sourire alors qu'il se tournait vers Tyler. « J'ai bien peur que vous ne deviez rester avec nous un peu plus longtemps. » Dit-il en commençant à ausculter les coupures laissées par les éclats de verre.
Bon, je suppose qu'avec toute la pagaille que j'avais provoquée, il était logique que je dusse régler ça moi-même.
Bella marcha délibérément dans ma direction, ne s'arrêtant que lorsqu'elle était à une distance suffisamment inconfortable et gênante de moi. Je me souvins soudain comme j'avais souhaité avant tout ce grabuge qu'elle agisse ainsi... ce fut comme une parodie de mon vœu.
« Je peux te parler une minute ? » Me siffla-t-elle.
Son haleine brûlante incendia mon visage et je dû reculer d'un pas. Son charme n'avait pas le moins du monde diminué, et continuait de faire sans cesse ressurgir en moi les plus viles pulsions, mes instincts les plus primaires lorsque j'étais près d'elle. Le venin inonda ma bouche et mes muscles se bandèrent, près à bondir – à l'emprisonner dans mes bras et à enfoncer mes dents dans sa gorge.
Mon esprit était plus fort que mon corps, mais c'était limite.
« Ton père t'attend. » Lui rappelai-je en serrant les mâchoires.
Elle jeta un bref coup d'œil à Tyler et Carlisle. Si Tyler ne nous prêtait plus la moindre attention, Carlisle lui supervisait le moindre de mes soupir.
Prudence, Edward.
« J'aimerais avoir une petite discussion en privé, si tu veux bien. » Insista-t-elle à voix basse.
Je voulu lui répondre qu'au contraire, je ne voulais pas du tout, mais je savais que je devais m'y résigner. Mieux valait se débarrasser de ce problème.
J'étais en proie à un véritable conflit intérieur tandis que nous sortions de la salle, écoutant sa démarche trébuchante, essayant de me calmer.
J'allais devoir jouer la comédie à présent. Je connaissais parfaitement mon rôle : je serais le méchant de l'histoire. J'allais lui mentir, la tourner en ridicule, être cruel.
Cela allait contre tous mes sentiments – des sentiments humains que j'avais refoulé pendant toutes ces années. Jamais de ma vie je n'avais autant désiré mériter la confiance d'autrui qu'à cet instant, et pourtant, j'étais sur le point de ruiner les quelques probabilités que ce fusse le cas qu'il me restait.
Le pire, c'était de savoir que ça risquait fort d'être le tout dernier souvenir qu'elle aurait de moi. C'était ma scène d'adieux.
Je me retournai et lui fis face.
« Alors ? » Demandai-je froidement.
Elle eu un léger mouvement de recul devant mon hostilité. Ses yeux gagnèrent en profondeur, le regard ahuri, cette expression qui m'avait tant hantée...
« Tu me dois une explication. » Dit-elle d'une petite voix, sa peau d'ivoire pâlissant encore plus.
Il me fut difficile de garder un ton dur. « Je t'ai sauvé la vie, je ne te dois rien du tout. »
Elle tressaillit – voir mes paroles la blesser semblait me brûler comme de l'acide.
« Tu as juré. » Chuchota-t-elle.
« Bella, tu as pris un coup sur la tête, tu délires. »
« Ma tête va très bien ! » Riposta-t-elle en levant le menton.
A présent elle était en colère, bien, ça allait sûrement rendre les choses plus faciles pour moi. Je rencontrai son regard, et essayant de poser sur mon visage le masque le moins avenant.
« Que veux-tu de moi, Bella ? »
« La vérité. Comprendre pourquoi tu me force à mentir. »
Ce qu'elle me demandait là était totalement loyal et justifié, et ça me tuait de devoir le lui refuser.
« Mais qu'est-ce que tu vas imaginer ? »
Ses mots coulèrent comme un torrent. « Je suis sûre que tu n'étais absolument pas à côté de moi. Tyler ne t'a pas vu non plus, alors arrête de me raconter des bobards. Ce fourgon allait nous écraser tous les deux, et ça ne s'est pas produit. Tes mains ont laissées des marques dedans, et tu as aussi enfoncé l'autre voiture. Tu n'as pas une égratignure, le fourgon aurait dû m'écrabouiller les jambes mais tu l'as soulevé... » Soudain elle s'arrêta de parler et serra les dents en détournant le regard pour cacher ses yeux mouillés de larmes qu'elle refoulait.
Je gardai mes yeux vissés sur elle, le regard moqueur, alors qu'en réalité j'étais pétrifié d'effroi. Elle avait tout vu.
« Tu penses vraiment que j'ai réussi à soulever une voiture ? » Demandai-je d'un ton sarcastique.
Elle acquiesça.
« Personne ne te croira, tu sais, » continuai-je, la raillerie encore plus évidente dans ma voix.
Elle fit un effort pour contrôler sa colère. Lorsqu'elle me répondit, ce fut en articulant soigneusement chaque mot. « Je n'ai pas l'intention de le crier sur les toits. »
Elle le pensait – je pouvais le lire dans ses yeux. Même trahie et en colère, elle aurait gardé mon secret.
Pourquoi ?
Le choc détruisit en une seconde l'expression soigneusement étudiée que j'avais placé sur mon visage. Je dû reprendre contenance
« Dans ce cas, quelle importance ? » Demandai-je, faisant un réel effort pour préserver la sévérité de ma voix.
« Pour moi ça en a. » Dit-elle avec ferveur. « Je n'aime pas mentir, alors tu as intérêt de me donner une bonne raison de le faire. »
Elle me demandait de lui faire confiance. De la même manière que je voulais qu'elle me fasse confiance. Mais c'était malheureusement un chemin sur lequel je ne pouvais me permettre de m'aventurer.
« Pourquoi ne pas te contenter de me remercier et d'oublier tout ça ? » Dis-je de la même voix insensible.
« Merci. » Dit-elle, avant de fulminer en silence, attendant que je parle.
« Tu n'as pas l'intention de renoncer, hein ? »
« Non »
« Alors... » Je ne pouvais pas lui dire la vérité, même si je le voulais... et je ne le voulais pas, d'ailleurs. Je préférais encore qu'elle s'invente sa propre histoire plutôt qu'elle sache ce que j'étais, car rien ne pouvait être pire que la vérité. J'étais un cauchemar vivant, sortit tout droit des films d'horreurs. « Tu risque d'être déçue. »
Nous nous fusillâmes du regard un moment. C'était étrange de voir combien son irritation était charmante. Comme un petit chaton en colère, complètement ignorant de sa propre vulnérabilité.
Ses joues rosirent et elle serra les dents une fois de plus. « Pourquoi t'es-tu donné la peine de me sauver alors ? »
Sa question n'était pas de celles auxquelles je m'étais préparé. Je perdu le fil de mon rôle. Mon masque glissa de mon visage et se brisa à mes pieds, et cette fois je lui dis la vérité.
« Je ne sais pas. »
Je photographiai mentalement son visage une dernière fois – ses traits reflétaient encore sa colère, et le sang n'avait pas encore fui ses joues où il s'était réfugié – puis je tournai les talons et m'éloignai d'elle.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 4 : Vision

Message par Ivy Sam 17 Oct 2009 - 17:49

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 4 : Vision



Je retournai en cours. C'était la meilleure chose à faire, celle qui attirerait le moins les regards sur moi.
Vers la fin de la journée, presque tous les autres élèves étaient également de retour au lycée. Seuls Tyler et Bella ainsi que quelques autres – qui avaient certainement dû profiter de l'accident pour sécher – furent notés absents.
Il n'aurait pas du être si difficile pour moi d'agir pour le mieux. Pourtant, tout l'après midi, j'en étais à grincer des dents tellement je devais me faire violence pour ne pas sécher à mon tours – pour retrouver la fille.
Comme un traqueur. Un traqueur obsessionnel. Un vampire, traqueur obsessionnel.
Aujourd'hui l'école fut – était-ce possible ? – encore plus ennuyante qu'elle l'avait été il y a tout juste une semaine. Comme si j'étais dans le coma. Comme si les briques, les arbres, ciel et les visages autour de moi avaient perdus toute couleur. je me perdis dans la contemplation des fissures dans les murs.
Il y avait autre chose que j'aurais dû faire... et que je ne faisais pas. Bien sûr, c'était aussi quelque chose de mal. Tout dépendait du point de vue qu'on adoptait.
Du point de vue d'un Cullen – pas juste d'un vampire, mais d'un Cullen, un membre d'une famille, spécimen rare dans notre monde – la meilleure chose à faire aurait sûrement ressemblé à quelque chose de ce genre :
« Je suis étonné de vous voir en classe, Edward. J'ai appris que vous avez été impliqué dans le terrible accident de ce matin.
« C'est en effet le cas, M. Banner, mais j'étais le chanceux de l'histoire. (Sourire amical) Je n'ai pas du tout été blessé. j'aimerais pouvoir en dire autant de Tyler et de Bella. »
« Comment vont-ils ? »
« Je pense que Tyler s'en sortira... il n'a que des blessures superficielles dues aux éclats de verre. Je ne suis pas bien sûr de l'état de Bella. (Froncement de sourcil d'un air inquiet) Il est fort possible qu'elle ait un traumatisme crânien. J'ai entendu dire qu'elle a été plutôt incohérente pendant un moment – il semblerait même qu'elle ait été sujette à des hallucinations. Je sais que les médecins étaient inquiets... »
Voilà comment ça aurait du se passer. Voilà mon devoir envers ma famille.
« Je suis étonné de vous voir en classe, Edward. J'ai appris que vous aviez été impliqué dans le terrible accident de ce matin. »
« Je n'ai pas été blessé. » Pas de sourire.
M. Banner balança mon poids d'une jambe à l'autre, mal à l'aise.
« Vous avez une idée de l'état de Tyler Crowley et de Bella Swan. J'ai entendu qu'ils étaient blessés. »
« Je ne vois pas comment je pourrais le savoir. » Rétorquai-je avec un haussement d'épaules
M. Banner s'éclaircit la gorge. « Heu... bon. » Dit-il, et sa tension transparaissait clairement dans sa voix : ma froideur le rendait nerveux.
Il retourna à grand pas au tableau et commença sa lecture.
C'était la mauvaise chose à faire. Sauf si vous voyiez la situation sous un tout autre angle, plus obscure.
Il aurait juste été si... si peu chevaleresque de poignarder cette fille dans le dos, particulièrement alors qu'elle se montrait bien plus digne de confiance que j'eu pu l'espérer. Elle n'avait absolument rien dit pour me trahir, alors qu'elle avait toute les raisons du monde de le faire. Pourquoi trahirai-je quelqu'un qui n'avait rien faire d'autre que garder mon secret ?
J'eu presque mot pour mot la même conversation avec Mme Goff – en Espagnol cette fois seulement – et Emmett me gratifia d'un long, long regard.
J'espère que tu as une bonne excuse pour ce qu'il s'est passé ce matin. Rose est sur le point de déclarer une guerre.
Je levai les yeux au ciel sans le regarder.
En fait, j'avais l'excuse parfaite pour ça. Supposons juste que je n'aie rien fait pour empêcher le fourgon d'écraser la fille... et cette simple pensée me fit frissonner de dégoût. Mais si je n'avais rien fait, si elle avait été blessée, meurtrie, si elle s'était mise à saigner, si son fluide rouge s'était rependu sur le béton, si l'odeur de son sang frais avait envahit l'atmosphère...
Je frissonnai à nouveau, mais pas seulement d'horreur. Une part de moi était transi de désir. Non, je n'aurais pas été capable de la regarder se vider de son sang sans nous exposer d'une manière bien plus flagrante... et choquante.
Cela sonnait comme l'excuse parfaite... mais je n'avais pas l'intention de l'utiliser. J'avais trop honte.
Et d'ailleurs, cette excuse ne m'était venue que bien longtemps après les faits.
Fait gaffe à Jasper, me prévint Emmett, sans se préoccuper de mes rêveries. Il n'est pas aussi en colère... mais il est bien plus déterminé...
Je vis clairement ce qu'il voulait dire par là, et pendant un moment les contours de la pièce se mirent à danser autour de moi. Ma rage était telle qu'un voile rouge m'obscurcissait la vision. J'étais sur le point d'exploser.
MAIS MERDE EDWARD ! RESSAISIS-TOI ! Hurla Emmett dans sa tête. Sa main s'abattit sur mon épaule, me maintenant sur ma chaise avant que je pus me lever d'un bond. Il n'utilisait que très rarement toutes ses forces – il en avait rarement besoin, étant donné qu'il était bien plus fort que n'importe lequel des vampires qui nous avait été donné de rencontrer – mais c'était pourtant ce qu'il faisait maintenant. Il agrippa mon bras, au lieu de m'enfoncer dans ma chaise. S'il avait agit ainsi... la chaise n'aurait pas résisté.
DU CALME ! M'ordonna-t-il.
J'essayais de me calmer, mais c'était difficile. La rage enfumait mon cerveau.
Jasper ne fera rien sans nous avoir concertés auparavant. Je me suis juste dit qu'il valait mieux pour toi que tu sache dans quel camp il est.
Je me concentrai pour me calmer, et sentit la main d'Emmett relâcher la pression.
Essaye d'arrêter de te donner en spectacle. Tu es déjà dans de sales draps, ce n'est pas la peine d'en rajouter.
Je pris une profonde inspiration et Emmett me lâcha.
Je regardai autour de moi, par habitude, mais notre confrontation avait été si calme et si silencieuse que seulement quelques personnes assises derrière Emmett avaient remarqué. Ils n'en avaient strictement rien à faire, et passèrent outre bien vite. Les Cullen étaient des monstres – ce n'était un scoop pour personne.
Putain, t'es irrécupérable comme gamin, tu le sais ? Ajouta Emmett avec sympathie.
« Va te faire mordre. » Grommelai-je à voix basse, et j'entendis un petit rire discret.
Emmett ne supportait pas de faire quelque chose à contrecœur, et je devrais probablement me montrer un peu plus reconnaissant pour son caractère facile à vivre. Mais je pouvais clairement voir ce que les intentions de Jasper signifiaient pour Emmett, et qu'il considérait sans aucun problème que c'était ainsi que les choses devaient finir.
Ma rage bouillonnait en moi, et il était difficile de garder le contrôle. Certes, Emmett était plus fort que moi, mais il ne réussissait toujours pas à me battre à un match de lutte. Il avait beau clamer haut et fort que c'était parce que je trichais, mais lire dans les pensées faisait tout autant partit de moi que son immense force faisait partit de lui. Nous nous battions toujours à armes égales.
Un combat ? Etait-ce là que cela devait mener ? Etais-je prêts à me battre contre ma famille pour une humaine que je connaissais à peine ?
Je méditais cela pendant un moment, mettant d'un côté la sensation de fragilité que j'avais ressentit lorsque je tenais son corps fêle dans mes bras, et d'un autre côté Jasper, Rose, Emmett : une force et une rapidité surnaturelle, des machines à tuer par nature.
Oui, je me battrais pour elle. Contre ma famille. Je tressaillis.
De toute façon il n'était pas juste de la laisser sans défense alors que j'étais celui qui l'avait mis en danger.
Mais je ne pouvais pas non plus gagner seul contre eux trois, et je me demandais quels seraient mes alliés.
Carlisle, sans aucun doute. Il ne se battrait peut-être pas, mais il ne serait pas d'accord avec le dessein de Rose et de Jasper. C'était ce dont j'avais le plus besoin. Je pouvais aussi entrevoir...
J'avais des doutes pour Esmée. Elle ne se battrait jamais contre moi, et elle aurait en horreur d'être en désaccord avec Carlisle, mais elle dirait amen à n'importe quel plan pourvu qu'il garde la famille intacte. Sa première priorité ne serait pas la droiture, mais moi. Si Carlisle était l'âme de cette famille, alors Esmée en était certainement le cœur. Il nous avait donné un leader qui méritait allégeance, elle avait fait de cette allégeance un acte d'amour. Nous nous aimions tous les uns les autres – même si pour l'instant tout ce que je ressentais pour Jasper et Rose se résumait à de la fureur, même si je projetais de me battre contre eux pour sauver cette fille, je savais que je les aimais.
Pour ce qui était d'Alice... je n'en avais pas la moindre idée. Tout dépendait probablement de ce qu'elle verrait venir. Je suppose qu'elle se mettrait du côté du vainqueur.
Donc, en définitive, il faudrait sûrement que je me débrouille tout seul. Je ne ferais sûrement pas le poids face à eux, mais je n'avais pas l'intention de laisser cette fille souffrir à cause de moi. Il allait sûrement falloir que je l'enlève...
Ma rage s'émoussa un peu par un élan soudain d'humour noir. Je pouvais aisément imaginer comment cette fille réagirait si je la kidnappais. C'est vrai, j'étais bien souvent à côté de la plaque lorsque je faisais des suppositions avec elle, mais pouvait-elle réellement réagir autrement que par la terreur ?
De toute manière, je n'étais même pas certain de pouvoir réussir cela – la kidnapper. Je ne serais sûrement pas capable de rester proche d'elle très longtemps. Peut-être devrais-je juste la rendre à sa mère. Mais même ça restait dangereux. Pour elle.
Dangereux pour moi également, réalisai-je soudainement. Si jamais je la tuais par accident... je n'étais pas certain de la peine que ça me ferait, mais je savais que ça couvrirait de nombreuses facettes tout en étant très intense.
L'heure passa à une vitesse incroyable tandis que je tentais de regarder la situation sous tous les angles : la discussion qui m'attendait à la maison, le conflit avec ma famille, et les mesures que je serais forcé de prendre après tout cela...
Et bien, je ne pouvais désormais plus me plaindre que ma vie était monotone, en dehors de ce lycée du moins. Bella avait changé tout cela.
Emmett et moi nous dirigeâmes silencieusement vers la voiture quand la sonnerie retentit. Il était inquiet à mon sujet, et aussi pour Rosalie. Il savait quel camp il allait devoir prendre dans cette querelle, et cela l'ennuyait.
Les autres attendaient dans la voiture, silencieux eux aussi. Nous formions un groupe très calme. La seule chose que je pouvais entendre était les pensées hurlant.
Espèce d'idiot lunatique ! Débile ! Crétin ! Sale égoïste de con irresponsable ! Rosalie garda tout le long du trajet un constant flot d'injures à la surface de son mental. Ca rendit plus difficile la lecture des autres esprits, mais je fis ce que je pus pour l'ignorer.
Emmett avait raison en ce qui concerne Jasper. Il était déterminé.
Alice était troublée, inquiète pour Jasper, à cause de ce qu'elle avait vu. Quelque soit les moyens mis en œuvre par Jasper pour arriver jusqu'à la fille, Alice me voyait toujours là, le bloquant. Intéressant... ni Rosalie ni Emmett n'intervenaient dans ses visions. Alors comme ça Jasper allait faire cavalier seul. Ca changeait tout
Jasper était de loin le meilleur combattant de nous tous. Mon unique avantage consistait en ce que je pouvoir prévoir ses déplacements avant qu'il les exécute.
Je n'ai jamais réellement combattu Jasper, ou Emmett – ce n'était jamais rien d'autre que du chahut. Le simple fait de m'imaginer en train de le blesser me rendait malade.
Non. Non, pas ça. Je le bloquerais. C'était tout.
Je me concentrai sur Alice, mémorisant les différents plans d'attaque de Jasper. ,,,,,,,,,,Mais à l'instant où je pris cette résolution, ses visions se déplacèrent, s'éloignant de plus en plus de la maison des Swan. Elle prévoyait que je lui couperais la route plus tôt.
Arrête Edward ! Ca ne peut pas se passer ainsi. Je ne le permettrais pas.
Je ne répondis pas, mais continuai à scruter ses visions.
Elle commençait à chercher plus loin, dans le royaume brumeux et incertain des possibilités lointaines. Tout n'était qu'ombres et flou indistinct.
Tout le long du trajet de retour, le silence pesant n'en démordit pas. Je me garai dans le vaste garage familial. On y trouvait la Mercedes de Carlisle, à côté de la grosse Jeep d'Emmett, de la M3 de Rose et de ma Vanquish. J'étais content que Carlisle soit déjà rentré – ce silence risquait fort d'exploser, et je voulais qu'il soit là lorsque ça arriverait.
Nous allâmes directement dans la salle à manger.
Cette pièce n'était, évidemment, jamais utilisée pour son rôle initial. Elle était pourtant meublée avec une longue table en acajou et cernée de chaise. Nous étions très scrupuleux de respecter les usages, que tout soit à sa place pour mieux tromper les évidences. Carlisle aimait utiliser cette pièce comme salle de conférence. Dans un groupe constitué de tant de fortes personnalités, il était nécessaire de poser les choses calmement, de s'asseoir et de discuter.
J'avais pourtant le pressentiment que cette petite réunion n'allait pas aider aujourd'hui.
Carlisle s'assit à sa place habituelle, à l'extrémité est de la pièce. Esmée était à côté de lui, et leur main jointe étaient bien visibles, en bout de table.
Les yeux d'Esmée étaient sur moi, leurs profondeurs dorées pleine de sincère inquiétude.
Reste. Etait sa seule pensée.
Je souhaitais de tout mon cœur pouvoir sourire à cette femme que je considérais depuis des décennies comme ma mère, mais je ne pouvais me permettre de me rassurer pour l'instant.
Je m'assis de l'autre côté de Carlisle. Esmée passa sa main libre autour de lui pour pouvoir la poser sur mon épaule. Elle s'encra dans mon regard, sa jamais le quitter.
Carlisle avait une meilleure connaissance de ce qui allait arriver. Ses lèvres étaient appuyées fermement ensembles et son front était plissé. Une expression qui paraissait trop vieille pour son jeune visage.
Comme tous les autres étaient assis je pourrais voir les lignes être tirées.
Rosalie s’assit directement en face de Carlisle, à l’autre bout de la longue table. Elle me lançait des regards furieux, ne quittant jamais mon regard.
Emmett s'assit à côté d'elle ses pensées toutes aussi empreintes d'ironie que son visage.
Jasper hésita, puis alla s'adosser au mur à côté de Rosalie. Il était décidé, quelque soit ce qui sortirait de la discussion qui allait suivre. Mes mâchoires se verrouillèrent.
Alice fut la dernière à entrer, et ses yeux étaient concentrés sur quelque chose loin dans le future, trop indistinct pour qu'elle puisse l'utiliser. Sans sembler y penser, elle s'assit près d'Esmée. Elle massa ses tempes comme si elle avait une migraine. Jasper devint mal à l'aise et se demanda s'il ne devait pas la rejoindre, mais il ne bougea pas.
Je pris une profonde inspiration. C'était à moi de commencer – je devais parler le premier.
« Je suis vraiment désolé. » Dis-je, regardant tout d'abord Rose, puis Jasper et enfin Emmett. « Je n'avais pas l'intention de vous faire courir le moindre risque. C'était irréfléchi, et je prends l'entière responsabilité de ce qui a été fait. »
« Qu’es-ce que tu veux dire par ‘que prends l'entière responsabilité’ » ? Répliqua Rosalie en me toisant d'un œil torve. « Tu as l'intention d'arranger les choses ? »
« Pas dans le sens où tu l'entends. » Répondis-je, faisant un effort pour garder ma voix égale et calme. « Je consens à partir sur-le-champ si ça peut aider. »
Si j'ai la pleine certitude qu'il ne sera fait aucun mal à la fille, si j'ai la pleine certitude qu'aucun d'entre vous ne lèvera la main sur elle. Nuançai-je dans ma tête.
« Non. » Murmura Esmée. « Non, Edward. »
« C'est juste l'histoire de quelques années. » La consolai-je en lui tapotant la main.
« Mais Esmée a raison. » Dit Emmett. « Tu ne peux aller nulle part maintenant. Ca serait le contraire d'aider. Nous avons besoin de savoir ce que les gens pensent, plus que jamais. »
« Alice intercepterai tout évènement majeur. »
Carlisle secoua sa tête. « Je pense qu'Emmett a raison, Edward. Cette fille parlera plus facilement si tu n'es plus dans les parages. Soit nous partons tous, soit nous restons tous. »
« Elle ne dira rien. » Insistai-je vivement.
Rose était sur le point d'exploser, et je voulais qu'avant que ça se produise je puisse mettre en valeur ce fait.
« Tu ne peux pas lire dans ses pensées. Me rappela Carlisle. »
« Je le sais. Alice, soutient moi ! »
Alice me lança un regard las. « Je ne peux pas voir ce qu'il va venir si on se contente de faire comme si rien ne s'était passé. » Dit-elle en lançant un regard à Rose et Jasper.
Non, elle ne pouvait voir ce future – pas tant que Rosalie et Jasper ne s'étaient décidés à ignorer l'incident.
La paume de Rosalie s'abattit violemment sur la table de bois. « Nous ne pouvons nous permettre de donner la moindre chance à cette humaine de parler. Carlisle tu dois savoir ça. Même si nous décidons de disparaître, laisser des rumeurs derrières nous n'est pas bon. Nous vivons déjà si différemment du reste de notre race – tu sais qu'il y a ceux qui n'attendent qu'une excuse pour nous montrer du doigt. Nous devons être plus prudents que quiconque d'autre ! »
« Nous avons déjà laissé des rumeurs derrière nous. » Lui rappelai-je
« Juste des rumeurs et des soupçons, Edward. Pas des témoins oculaires et des preuves ! »
« Des preuves ! » Lançai-je d'un ton dubitatif.
Mais Jasper acquiesçai, le regard glacial.
« Rose... » Commença Carlisle
« Laisse-moi finir Carlisle. On n'a pas besoin de faire dans le grand spectacle. Cette fille s'est cognée la tête aujourd'hui. Alors peut-être que son traumatisme était plus grave qu'on le croyait. Continua-t-elle en haussant les épaules. Tous les mortels vont se coucher en prenant le risque de ne jamais se réveiller. Les autres attendent de nous que nous nettoyions ça nous même. Techniquement, c'est le boulot d'Edward, mais c'est manifestement au dessus de ses forces. Tu sais que je suis capable de me contrôler. Je ne laisserai aucun indice derrière moi. »
« Oui, » grondai-je, « Rosalie nous connaissons tous parfaitement tes talents d'assassin. »
Elle feula dans ma direction, furieuse.
« Edward, s'il te plait. » Dis Carlisle, puis il ajouta, se tournant vers Rosalie : ,,,,,,,,,,« Rosalie, j'ai donné mon accord pour ce qu'il s'est passé à Rochester parce que j'avais le sentiment que tu méritais de te faire justice. L'homme que tu as tué t'avait infligé un traitement monstrueux. Ce n'est pas la même situation. La fille Swan est un innocent. »
« Ce n'est pas personnel, Carlisle. » Dit Rosalie entre ses dents. « C'est pour notre protection à tous. »
Il y eu un bref instant de silence durant lequel Carlisle pensa à ce qu'il allait répondre. Lorsqu'il hocha la tête pensivement, les yeux de Rosalie s'allumèrent. Elle n'aurait pas dû s'y laisser tromper. Même si je n'avais pas été capable de lire dans ses pensées, je pouvais d'ors et déjà anticiper ce qu'il allait dire. Carlisle ne faisait jamais de compromis avec ses principes.
« Je sais que tu as de bonnes intentions Rosalie, mais... j'aimerais vraiment que notre famille fonde sa protection sur des principes. Les... accidents occasionnels et les défaillances de notre maîtrise de soi est une regrettable partie de ce que nous somme. »
C'était tout lui ça : s'inclure dans le pluriel alors que lui-même n'a jamais commis de faux pas.
« Néanmoins, » continua-t-il, « assassiner un enfant innocent de sang froid me paraît une toute autre chose. Je pense que le risque qu'elle représente, qu'elle fasse part de ses soupçons à un tiers ou non, n'est rien à côté d'un risque encore plus grand. Si nous commençons à faire des concessions pour notre propre protection, nous risquons bien pire que le qu'en-dira-t-on. Nous risquons de perdre de vue ce que nous sommes, qui nous sommes, notre essence. »
Je surveillai prudemment mon expression. Je ne voulais pas qu'on me surprenne en train d'afficher un large sourire. Ou en train d'applaudir, puisque c'était ce dont j'avais le plus envie pour le moment.
Rosalie se refrogna
« C'est juste une preuve de responsabilité. »
« Non, » corrigea calmement Carlisle, « c'est une preuve d'insensibilité. Chaque vie est précieuse. » Rosalie soupira lourdement et sa lèvre inférieure partit en avant. Emmett lui tapota l'épaule. « Tout ira bien Rose. »L'encouragea-t-il à voix basse.
« La question est donc : » continua Carlisle, « devons-nous partir ou pas ? » ,,,,,,,,,,« Non. » Gémit Rosalie. « On vient à peine de s'installer. Je ne veux pas encore recommencer la Terminale. »
« Evidemment, vous n'êtes pas obliger de changer d'âge. » Précisa Carlisle. ,,,,,,,,,,« Pourquoi partir si vite ? »
Carlisle haussa les épaules.
« J'aime cet endroit ! » S'écria-t-elle. « Avec si peu de soleil, on peu presque vivre normalement ! »
« Et bien, rien ne nous force à prendre une décision aujourd'hui. Nous pouvons attendre de voir si c'est vraiment nécessaire. Edward semble certain que la fille Swan tiendra sa langue. »
Rosalie émit un rire septique.
Mais je ne me préoccupais plus de Rose désormais. Je pouvais clairement voir qu'elle se soumettrait à la décision de Carlisle, peu importait combien cela la rendait furieuse. Ils commencèrent à aborder des points de détails peu importants.
Jasper ne semblait pas ému le moins du monde.
Je comprenais pourquoi. Avant que lui et Alice ne se rencontrent, il avait vécu dans une zone de combats, un théâtre de la guerre. Il savait ce qu'il arrivait lorsqu'on faisait fit des règles. Il avait vu les sinistres conséquences de ses propres yeux.
Cela expliquait pourquoi il n'utilisait pas ses pouvoirs pour calmer Rosalie, ni pour l'exciter encore plus. Il se plaçait au dessus de cette conversation, il la surplombait.
« Jasper. » Dis-je.
Il rencontra mon regard, le visage dénué d'expression.
« Elle ne payera pas pour mes erreurs. Je ne le permettrais pas. »
« Elle en a bénéficié largement, de cette erreur, non ? Elle aurait dû mourir ce matin, Edward. Je ne ferais rien d'autre que remettre les choses à leurs places. »
Je répétai, soulignant chaque mot. « Je ne le permettrais pas. »
Il haussa les sourcils. Il ne s'attendait pas à ça – que je me mette en tête de l'arrêter.
« Je ne laisserais par Alice courir le moindre danger, » dit-il en secouant la tête. « Même un tout petit danger. Tu ne ressens pour personne ce que je ressens pour elle, Edward, et tu n'as pas eu à endurer ce que j'ai enduré, que tu ai vu mes souvenirs ou pas. Tu ne comprends pas. »
« Je ne contredis pas cela, Jasper. Tout ce que je te dis, c'est que je ne te laisserais pas toucher à un seul des cheveux d'Isabella Swan. »
Nous nous dévisageâmes mutuellement –sans nous toiser, nous nous contentions de sonder les intentions de l'autre. Je le sentis goûter l'arôme de mon humeur autour de moi, pour tester ma détermination.
« Jazz. » Nous interrompit Alice.
Il soutint mon regard un instant de plus, avant de tourner les yeux vers elle.
« Ne me dis pas que tu peux te défendre seule, Alice. Je sais déjà cela. Cependant j'ai bien l'intention de... »
« Ce n'était pas ce que je voulais te dire. » L'interrompit Alice. « Je voulais te demander une faveur. »
Je vis ce qu'elle avait dans la tête, et ma bouche tomba béante de stupeur avec un halètement parfaitement audible. Je la fixai, choqué, vaguement conscient que tout ce monde en dehors d'Alice et de Jasper me dévisageai prudemment.
« Je sais que tu m'aimes. Merci. Mais j'apprécierais sincèrement que tu n'essaies pas de tuer Bella. Premièrement, parce qu'Edward est sérieux et que je ne veux pas que vous vous battiez. Deuxièmement, elle est mon amie. Du moins, elle va le devenir. »
C'était clair comme de l'eau de roche dans son esprit : Alice, tout sourire, avec son bras blanc et glacé autour des épaules frêles et chaudes de la fille. Et Bella, souriante également, son bras glissé autour de la taille d'Alice.
Cette vision était solide comme du roc, ce n'était plus qu'une question de temps.
« Mais... Alice... »haleta Jasper. Je ne réussi pas à tourner ma tête pour voir la tête qu'il faisait. Je ne pouvais tout simplement pas m'arracher cette image dans la tête d'Alice.
« Je vais finir par l'aimer, Jazz. Et je crois que je t'en voudrais vraiment beaucoup si tu empêchais ça. »
J'étais toujours verrouillé sur l'esprit d'Alice. Je vis le futur miroiter tandis que les résolutions de Jasper s'amoindrissaient face à sa requête inattendue.
« Ah » soupira-t-elle – son indécision éclaircissait un futur nouveau. « Tu vois ? Bella ne va rien dire du tout. Il n'y a vraiment aucun souci à se faire. »
Cette manière qu'elle avait de prononcer son nom... comme si elles étaient déjà des amies intimes...
« Alice ! » M'étranglai-je soudain. « Qu'est-ce que... est-ce que... ? »
« Je t'ai dis que des changements étaient en train de survenir. Je... je ne sais pas Edward. » Mais elle serra ses mâchoires, et je sus qu'il y avait plus que ça. Elle essayait de ne pas y penser ; elle se concentra soudain de toutes ses forces sur Jasper, alors qu'il était trop choqué pour avoir pu progresser un tant soi peu dans sa prise de décision.
Elle faisait ça parfois... quand elle essayait de me cacher quelque chose.
« Qu'est-ce qu'il y a Alice ? Qu'est-ce que tu caches ? »
J'entendis Emmett grogner. Il était toujours frustré lorsqu’Alice et moi avions ce genre de conversation.
Elle secoua sa tête, essayant de toutes ses forces de m'empêcher d'y entrer.
« Est-ce que c'est à propos de la fille ? » Demandai-je. « Est-ce que c'est à propos de Bella ? »
Ses dents grinçaient tant elle était concentrée, mais à l'instant même où je prononçais le nom de Bella, elle baissa sa garde. Un faux pas qui ne dura qu'une fraction de seconde, mais c'était déjà bien assez long.
« NON ! » Hurlai-je. J'entendis ma chaise heurter le sol, et c'est à ce moment là seulement que je réalisai que j'étais débout.
« Edward ! » Carlisle avait également bondit de sa chaise, son bras sur mon épaule, c'était à peine si je me rendais compte de sa présence.
« Ca se précise. » Chuchota Alice. « Tu es plus décidé à chaque minute. Il n'y a que deux chemins qui s'ouvrent à elles. C'est soit d'un soit l'autre Edward. »
Je pouvais voir ce qu'elle avait vu... mais je ne pouvais l'accepter.
« Non. » Répétai-je ; mais mon dénie était sans consistance. Mes jambes se dérobèrent et je dû me tenir à la table.
« Est-ce que quelqu'un pourrait avoir l'obligeance de nous expliquer ce qu'il se passe ? » Se plaignit Emmett.
« Je dois partir. » Murmurai-je à Alice, l'ignorant.
« Edward, on en a déjà parlé. » Répondit Emmett lourdement. « C'est le meilleur moyen de faire parler la fille. Et en plus, si tu te casse, on ne saura jamais avec certitude si elle a parlé ou pas. Il faut que tu reste un point c'est tout. »
« Je ne te vois aller nulle par, Edward. » Me dit Alice. « D'ailleurs je ne pense pas que tu en sois capable. » Imagine ce que ce serait. Ajouta-t-elle dans sa tête. Imagine-toi la quitter.
Je compris ce qu'elle voulait dire. Oui, la simple idée de ne jamais revoir cette fille était... douloureux. Mais c'était également nécessaire. Si je restais je la condamnais.
Et puis je ne suis pas bien sûre de Jasper, Edward, continua-t-elle. Si tu t'en va, si jamais il pense qu'elle représente un danger...
« Ce n'est pas ce que j'entends. » La contredis-je, seulement à moitié conscient de notre public.
Jasper était hésitant. Il ne ferait rien qui pourrait risquer de blesser Alice.
Pas pour l'instant. Vas-tu risquer sa vie ? Tu veux vraiment la laisser sans défense ?
« Pourquoi est-ce que tu me fais ça ? » Gémis-je, ma tête tombant entre mes mains.
Je ne pouvais pas protéger Bella. J'en étais incapable. Les visions d'Alice n'étaient-elles pas des preuves suffisantes ?
Je l'aime aussi, tu sais. Ou du moins ça va venir. Ce n'est peut-être rien en comparaison de ce que tu ressens pour elle, mais je veux aussi qu'elle s'en sorte.
« Comment ça tu l'aime aussi ? » Haletai-je, incrédule.
Elle soupira. Edward, tu es aveugle ou quoi ? Tu ne vois donc pas sur quel chemin tu t'es engagé ? Tu ne vois donc pas dans quel état tu es déjà maintenant ? C'est au moins aussi inévitable que le soleil se lève à l'est ! Regarde un peu ce que je vois...
« Non. » Assénai-je en secouant la tête, horrifié. J'essayai de me fermer aux visions qu'elle m'imposait. « Rien ne m'y oblige. Je partirai. Je changerai le futur. »
« Tu peux toujours essayer. » Dit-elle d'un ton septique.
« Bon vous m'expliquez là ? ! » Mugit Emmett
« Ecoute un peu, » lui siffla Rosalie. « Alice l'a vu s'éprendre d'une humaine ! Oh, Edward, un grand classique ! »Elle fit semblant de s'étouffer.
Je l'entendais à peine.
« Quoi ? » S'étrangla Emmett, venant de comprendre, avant d'exploser d'un rire qui ricocha en échos dans toute la pièce. « C'est vraiment ce qui va arriver ? »Nouveau rire. « C'est pas vrai Edward, t'as vraiment besoin de repos. »
Je sentis sa main sur mon épaule, et je la dégageai distraitement. J'étais tout simplement incapable de lui prêter attention.
« S'éprendre d'une humaine. » Répéta Esmée, abasourdie. « De la fille qu'il a sauvée aujourd'hui ? Tomber amoureux d'elle ? »
« Alice, dis-nous ce que tu as vu exactement. » Demanda Jasper.
Elle se tourna face à lui ; je continuai à fixer son profil, transi de stupeur.
« Tout dépend de s'il est assez fort ou pas. Soit il la tue lui-même » dit-elle en se tournant vers moi pour me lancer un regard désapprobateur. « Ce qui m'irriterait au plus au point, Edward, sans compter la peine que ça te ferait à toi. » Elle se tourna à nouveau vers Jasper et ajouta : « soit elle deviendra l'un des nôtres un jour. »
Il y eu une exclamation étouffée ; Je ne tournai pas la tête pour savoir d'où elle venait.
« Je ne laisserais pas cela arriver ! » Hurlai-je à nouveau. « Jamais ! »
Mais Alice semblait ne pas m'entendre. « Tout dépend de sa force. » Répéta-t-elle. ,,,,,,,,,.« Il est peut-être assez fort pour ne pas la tuer – mais ça va être juste. Ca va lui demander une maîtrise de soi exemplaire. Elle médita un instant avant de continuer : Peut-être même qu'il lui faudra se montrer encore plus fort que Carlisle. Peut-être qu'il est assez fort... En fait la seule chose dont il n'est pas capable c'est la quitter. Une vraie cause perdue ! »
J'étais incapable de parler. Comme tout le monde. La pièce était parfaitement immobile.
Je fixais Alice, mais je savais que tous les regards étaient posés sur moi. Je pouvais voir mon air horrifié sous cinq angles différents.
Après un long moment, Carlisle soupira.
« Et bien, voilà qui... complique les choses. »
« J'allais le dire. » Confirma Emmett. Sa voix était proche du rire. Faites confiance à Emmett pour trouver quelque chose de drôle dans la destruction de ma vie.
« Je suppose que le plan reste le même, de toute manière. » Ajouta Carlisle pensivement. « Nous restons, et observons. Evidemment, personne ne... fera de mal à la fille. »
Je me raidis.
« Je suis d'accord. » Dis Jasper calmement. « Si Alice ne voit que deux solutions... »
« NON ! » Criai-je, en ce qui s'apparentait à la fois à un hurlement, un grognement et un gémissement de désespoir. « Non... »
Il fallait que je m'en aille, que je fuie cette pièce pleine de leurs pensées. Le dégoût de Rosalie, l'humour d'Emmett, L'éternelle patience de Carlisle...
Pire : L'assurance d'Alice. La confiance de Jasper en cette assurance.
Pire que tout : la joie d'Esmée.
Je sortis de la pièce à grands pas. Esmée me toucha le bras quand je passais devant elle, mais je n'eu pas conscience de son geste.
J'étais déjà en train de courir avant même que je sois sorti de la maison. Je traversai la rivière d'un bond, et couru à travers la forêt. La pluie était de retour, tombant à flots si intenses que je fus trempé en quelques minutes. J'aimais les rideaux épais de pluie – ils étaient des murs entre moi et le reste du monde, où je pouvais m'isoler, être seul.
Je courrai en direction de l'est, par et à travers les montagnes sans réfréner ma course, jusqu'à ce que je pus distinguer les lumières de Seattle sur l'autre rive. Je m'arrêtais avant de franchir la frontière de la civilisation humaine.
Fouetté par la pluie, tout seul, je me forçai enfin à voir la réalité en face, combien mon acte avait influencé l'avenir.
Tout d'abord, la vision d'Alice, bras dessus bras dessous avec la fille – la confiance et l'amitié était si évidente dans cette image. Les yeux de Bella d'un chocolat profond n'étaient plus abasourdis dans cette vision, mais toujours aussi pleins de secrets – d'heureux secrets. Le bras gelé d'Alice ne semblait pas lui poser de problème.
Qu'est-ce que ça signifiait ? Combien en savait-elle ? Dans cet instant immobile venu du futur, que pensait-elle de moi ?
Puis, cette deuxième image, si similaire, et pourtant si horrifiante. Alice et Bella, s'enlaçant encore dans la même amitié intime. Seulement à présent, il n'y avait plus aucune différence entre leurs bras : les deux étaient blancs, lisse comme du marbre, dur comme de l'acier. Les yeux de Bella avaient perdus leur couleur chocolat. Leurs iris arboraient un rouge criard, choquant. Les secrets en eux étaient insondables : résignation ou désolation ? Il était impossible de le dire. Son visage était froid et immortel.
Je frissonnai. Je ne pouvais m'empêcher de me poser les mêmes questions : Qu'est-ce que cela signifiait ? Comment cela a-t-il pu arriver ? Et que pense-t-elle de moi à ce moment là ?
Je pouvais répondre à cette dernière question. Si je la contraignais à me suivre dans cette demi-vie par faiblesse et égoïsme, il était certain qu'elle me haïrait.
Mais il restait une autre image – la pire image qui ne se soit jamais imposée dans ma tête.
Mes propres yeux, d'un écarlate profond à cause du sang humain, les yeux du monstre. Le corps brisé de Bella dans mes bras, blanc comme de la cendre, vidé de son sang, privé de sa vie. C'était si concret, si clair.
Je ne pouvais supporter une telle vision. C'était trop pour moi. J'essayais de la bannir de mon esprit, de voir autre chose, n'importe quoi d'autre. Essayer de revoir son visage, bien vivant, avec cette expression abasourdie qui m'avait obsédée durant le dernier chapitre de mon existence. En vain.
Les visions lugubres d'Alice défilèrent dans ma tête, et je me tordis d'agonie intérieurement. Et durant tout ce temps, le monstre en moi débordait de joie, jubilant d'avance du plaisir de sa satisfaction. Ce me rendait malade.
On ne pouvait pas permettre à cela d'arriver. Il devait y avoir un moyen de changer le futur. Je ne laisserais pas les visions d'Alice diriger ma vie. Je pouvais choisir une voie différente. On a toujours le choix.
Il le faut.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 5 : Invitations

Message par Ivy Dim 18 Oct 2009 - 21:35

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 5 : Invitations


Le lycée. Plus question d'appeler cela l'enfer, à présent c'était carrément l'enfer. Feu et tourments... oui, j'avais droit aux deux.
Je faisais exactement tout ce que j'étais supposé faire. J'avais mis tous les points sur les i. Plus personne ne pouvait s'aventurer à dire que je manquais à mon devoir désormais.
Pour faire plaisir à Esmée et pour protéger les autres, je restai à Forks. Je replongeai dans ma vieille routine. Je ne chassais pas plus que les autres. Chaque jours, je patientais sagement au lycée et faisais semblant d'être humain. Chaque jour, j'étais à l'affût de la moindre nouveauté à propos des Cullen dans les esprits des élèves – et il n'y avait jamais rien de nouveau. La fille n'avait fait part de ses soupçons à personne. Elle se contentait de répéter inlassablement la même histoire – j'étais juste à côté d'elle et je l'ai poussé de la trajectoire du van - jusqu'à lasser les plus acharné qui finir par tout simplement arrêter de la harceler. Il n'y avait aucun danger. Mon impulsion n'avait fait de mal à personne.
Uniquement à moi-même.
J'étais déterminé à changer le futur. Ce n'était pas une tâche facile à réaliser tout seul, certes, mais je n'avais pas le choix.
Alice soutenait que je ne serais pas assez fort pour m'éloigner d'elle. J'allais lui prouver le contraire.
Je pensais que le premier jour serait le plus dur à passer. A la fin de celui-ci, j'en étais certain. Je me trompais, cependant.
J'étais réticent, sachant que j'allais la blesser. Je me consolai en me disant que la peine qu'elle ressentirait ne serait qu'une chiquenaude – rien d'autre que la légère sensation d'être rejetée – en comparaison de la mienne. Bella était humaine, et elle savait que j'étais quelque chose d'autre, quelque chose de maléfique, quelque chose d'effrayant. Elle allait sûrement se sentir plus soulagée qu'autre chose en me voyant me détourner d'elle et prétendre qu'elle n'existait pas.
« Bonjour, Edward. » Me salua-t-elle, ce premier jour en cour de biologie.
Sa voix avait été amicale, agréable, bref à cent quatre-vingts degrés du ton de notre dernière conversation.
Pourquoi ? Pourquoi ce brusque changement ? Avait-elle oublié ? Avait-elle mis l'épisode complet sur le compte de son imagination ? Se pouvait-il réellement qu'elle m'ait pardonné pour ne pas avoir tenu ma promesse ?
Ces questions m'avaient brûlée comme la soif qui m'attaquait à chaque fois que je respirais.
Un seul instant, la regarder dans les yeux. Juste histoire de voir si je pouvais y trouver quelques réponses...
Non. Je ne pouvais même pas me permettre cela. Pas si je voulais changer le futur.
J'avais tourné le menton d'un millimètre dans sa direction sans quitter le tableau des yeux. J'avais légèrement opiné, avant de reprendre ma position initiale.
Elle ne m'adressa plus jamais la parole.
Le soir, aussitôt que les cours s'étaient terminés, une fois que j'avais joué mon rôle, je couru jusqu'à Seattle comme je l'avais fais la veille. La douleur semblait un peu plus supportable quand je volais à travers les montagnes, qui tout autour de moi se fondaient en une tâche verte et floue.
Cette course devint mon habitude quotidienne.
Etais-je amoureux d'elle ? Je ne pensais pas. Pas encore. Les visions passagères d'Alice étaient toutes focalisées sur moi, cependant, et je pouvais voir combien il me serait aisé de tomber amoureux de Bella. Exactement comme tomber : sans effort. M'interdire de l'aime était l'opposé d'une chute – c'était comme me hisser jusqu'au sommet d'une falaise, prise après prise, la tâche aussi harassante que si je n'avais eu qu'une force humaine.
Plus d'un mois passa, chaque jour plus dur que le précédent. Cela n'avais d'ailleurs pas le moindre sens pour moi – je m'attendais à voir mes efforts pour m'éloigner d'elle diminuer, je m'attendais à ce que ça devienne plus facile au bout d'un moment. C'était sûrement ce qu'Alice sous-entendait en prédisant que je serais incapable de me tenir éloigné d'elle. Elle avait vu l'escalade de ma douleur. Mais je pouvais supporter la douleur.
Je n'allais pas détruire le futur de Bella. Si mon destin était de l'aimer, alors l'éviter n'était-il pas le moins que je puisse faire ?
Cependant, l'éviter se trouvais à la limite de mes possibilités. Je pouvais faire semblant de l'ignorer, et ne jamais la regarder. Je pouvais prétendre qu'elle ne m'intéressait pas. Mais ça se limitait à ça : des faux-semblants, pas de réalité.
J'étais toujours pendu à ses soupirs, au moindre mot qui s'échappait de ses lèvres.
Je classai mes tourments en quatre catégories.
Les deux premières m'étaient familières. Son parfum et son silence. Ou, plutôt – pour mettre le blâme là où il devait être, c'est-à-dire sur moi – ma soif et ma curiosité.
La soif était de loin le plus primaire de mes tourments. J'étais à présents totalement habitué à ne pas respirer du tout en biologie. Bien évidemment, il y avait toujours des exceptions – quand j'avais à répondre à une question par exemple, et que j'étais à cour d'air pour parler. A chaque fois que je goûtais l'air autour de la fille, c'était exactement comme au premier jour – le feu et le besoin aussi brutal que désespéré de me libérer. Il était difficile de rester capable de réfléchir ou de restreindre mes mouvements dans ce cas. Et, tout comme au premier jour, le monstre en moi voulais rugir, si proche de la surface...
La curiosité était le plus constant de mes tourments. La question ne quittait jamais mon esprit : A quoi pense-t-elle maintenant ? Quand je l'entendais pousser un léger soupir. Quand elle enroulait distraitement une mèche de ses cheveux autour de son doigt. Quand elle posait ses livres sur la paillasse avec un peu plus de force que d'habitude. Quand elle se ruait en cours, en retard. Quand elle tapait nerveusement du pied par terre. Chaque petit mouvement perçut par ma vision périphérique étaient des énigmes destinées à me rendre fou. Quand elle parlait aux autres élèves, j'analysais chacun de ses mots et le ton qu'elle utilisait. Disait-elle ce qu'elle pensait ou ce qu'elle pensait devoir dire ? Il me semblait bien souvent qu'elle essayait de dire ce que son interlocuteur voulait entendre, et cela me rappelait l'illusion quotidienne à laquelle ma famille et moi nous nous prêtions – nous étions d'ailleurs bien meilleurs qu'elle à ce petit jeu. A moins que je ne me trompe, peut-être que je m'imaginais juste des choses. Après tout, pourquoi jouerait-elle un rôle ? Elle était l'une des leurs – une adolescente humaine.
Mike Newton était le plus surprenant de mes tourments. Qui aurait pu suspecter qu'un mortel aussi banal qu'ennuyeux puisse se révéler aussi agaçant ? Pour être loyal, il m'aurait fallu montrer un peu de gratitude envers ce garçon : plus que quiconque, il faisait parler la fille. J'en apprenais tant sur elle par le biais de leurs conversations – je composais toujours ma liste – mais au contraire, l'assistance de Mike ne faisait qu'aggraver mon cas. Je ne voulais pas que Mike soit celui qui lui tire ses secrets. Je voulais que ce soit moi.
Ca aidait un peu qu'il ne remarque jamais ses petites révélations, ses légers faux-pas. Il ne savait rien d'elle. Il s'était crée de toutes pièces une Bella qui n'existait pas – une fille aussi banale que lui. Il n'avait pas vu l'altruisme et la bravoure qui la différenciait des autres humains, il ne percevait pas l'incroyable maturité de ses paroles. Il ne voyait pas que lorsqu'elle parlait de sa mère, on dirait un parent parlant de son enfant plutôt que l'inverse – aimante, indulgente, un peu amusée, et férocement protectrice. Il n'entendait pas la patience dans sa voix quand elle faisait semblant de s'intéresser à ses histoires ennuyantes, et n'avait pas la moindre idée de la gentillesse derrière cette patience.
Toutes ces conversations avec Mike me permirent d'ajouter l'élément le plus important de ma liste de ses qualités, le plus révélateur de tous, aussi simple qu'il était rare. Bella était doté d'une grande bonté. Tous les autres éléments rejoignaient parfaitement ce dernier – gentil, modeste, altruiste, adorable, aimant et courageux. Sa bonté traversait toutes les facettes de sa personnalité.
Ces découvertes encourageantes ne heurtèrent pas l'esprit du garçon, pourtant. Cette vision possessive qu'il avait de Bella – comme si elle était un objet qu'on acquiert – me provoquait presque autant que les fantasmes obscènes qu'il avait à son sujet. Il gagnait en assurance, également, le temps passant, persuadé que Bella le préférait lui à tous ceux qu'il considérait comme ses rivaux – Tyler Crowley, Eric Yorkie, et même, à la rigueur, moi-même. Il avait prit l'habitude de s'asseoir sur son côté de notre table avant que le cours ne débute, discutant avec elle, encouragé par ses sourires. Rien que des sourires polis, me persuadais-je. De la même manière, je m'amusais souvent à m'imaginer l'envoyer voler à l'autre bout de la pièce pour qu'il aille s'écraser sur le mur...ça n'allait pas probablement pas le blesser mortellement...
Mike ne pensait pas souvent à moi comme à un rival. Après l'accident, il s'était inquiété que Bella et moi, on ne tisse des liens suite à notre expérience partagée, mais manifestement l'incident avait plutôt eu l'effet opposé. Il avait de toute manière toujours eu peur que j'accapare l'attention de Bella. Mais à présent que je l'ignorais tout autant que les autre, son assurance ne cessait de grandir.
A quoi pensait-elle à présent ? Comment accueillait-elle son attention ?
Enfin, le dernier de mes tourments, le plus douloureux : l'indifférence de Bella. Elle m'ignorait autant que je l'ignorais. Elle n'essaya plus jamais de me reparler. Pour autant que j'en sache, elle ne pensait jamais à moi.
Cela aurait pu me rendre fou – ça aurait même pu détruire mes résolutions pour ce qui était de changer le futur – sauf que parfois, elle me regardait comme elle le faisait avant. Je ne le voyais pas moi-même, car je ne pouvais tout simplement pas me permettre de la regarder, mais Alice nous prévenait toujours à chaque fois qu'elle était sur le point de lever les yeux vers nous ; les autres restaient prudents vis-à-vis de la connaissance problématique de la jeune fille.
Cela soulageait un peu ma douleur, qu'elle me regarde de loin, de temps en temps. Bien sûr, elle devait sans doute se contenter de se demander quelle espèce de monstre je pouvais être.
« Bella va admirer Edward dans une minute. Ayez l'air normal. » Chantonna Alice un mardi de mars.
Les autres prirent grand soin de gigoter et de balancer leur poids d'une jambe à l'autre comme les humains : l'immobilité absolue était une marque distinctive de notre race.
Je commençai à compter le nombre de fois qu'elle regardait dans ma direction. Cela me faisait plaisir, même si ça n'aurait pas dû, que la fréquence ne déclinait pas avec le temps. Je ne savais pas ce que cela signifiait, mais ça me faisait me sentir mieux.
Alice soupira. J'aimerais tellement...
« Reste en dehors de ça, Alice. » Soufflai-je. « Ca n'arrivera pas. »
Elle fit la moue. Alice avait hâte de fonder cette amitié qu'elle s'était vue avoir avec Bella. D'une étrange manière, cette fille qu'elle ne connaissait pas lui manquait.
Je l'admets, tu es plus fort que ce que je croyais. Tu as rendu le futur aussi flou et insensé qu'autrefois. J'espère que tu es content.
« Au contraire Alice, tout cela a parfaitement un sens pour moi. »
Elle gronda doucement.
J'essayai de la faire taire, trop nerveux pour pouvoir supporter une conversation. Je n'étais pas de très bonne humeur – j'étais plus tendu que je ne le laissais paraître. Seul Jasper, avec sa capacité à sentir et à influencer les états d'âmes des autres, était au courant de ma tension et sentait le stress émaner de moi. Il ne comprenait pas les raisons de ces sensations, cependant, et – comme j'étais sans arrêt d'une humeur noire ces derniers jours – il n'y prêtait pas attention.
Aujourd'hui allait être un jour difficile. Plus dur à passer que le précédent, comme le voulais la tradition.
Mike Newton, cet odieux jeune garçon que je ne pouvais me permettre de considérer comme un rival, allait demander à Bella de sortir avec lui.
Le bal de printemps pointait son nez à l'horizon, et c'était aux filles de choisir leur partenaire, et il avait espéré de toutes ses forces que Bella le choisisse, lui. Qu'elle ne l'ait pas encore fait avait ébranlé sa confiance en lui. A présent il était dans une situation délicate – et je savais que je ne devrais pas normalement être aussi amusé par sa gêne – car Jessica Stanley venait tout juste de lui demander d'être son cavalier. Il ne voulait pas dire « oui », espérant toujours que Bella le choisisse (lui permettant ainsi de prouver sa victoire à ses rivaux), mais il ne voulait pas non plus dire « non » et finir sans partenaires. Jessica, blessée par son hésitation et supposant la raison de celle-ci, fulminait contre Bella. Cette fois encore, j'eu le désir impulsif de me placer entre les pensée destructrices de Jessica et Bella. A présent je commençais à mieux comprendre ce désir, mais cela rendait encore plus frustrant le fait de ne pas pouvoir le satisfaire.
Qui l'eu cru ! Me voilà obnubilé, sinon carrément obsédé par des petits feuilletons de lycéens, ces mêmes feuilletons que je méprisais autrefois.
Mike rassembla tout son courage et avança vers Bella en biologie. J'écoutais sa lutte intérieure tandis que j'attendais sa venue, assis à côté d'elle. Ce garçon était faible. Il avait attendu ce bal exprès, car il avait peur que son béguin ne soit connu de tous avant qu'elle n'ait elle-même montré une préférence à son égard. Il ne voulait pas se sentir vulnérable à un possible rejet, et préférait que ce soit elle qui fasse le premier pas.
Lâche.
Il s'assit sur notre table, se mettant à l'aise, comme s'il était chez lui, et j'imaginai le son que cela pourrait produire si son corps percutait le mur d'en face assez violemment pour que tous ses os se brisent sous le choc.
« Tu sais, » dit-il à la fille, ses yeux vissés au sol, « Jessica m'a invité au bal. »
« Super ! » Répondit-elle immédiatement avec enthousiasme. C'était difficile de ne pas sourire devant la façon dont le ton de sa voix s'encra dans l'esprit de Mike. Il avait espéré qu'elle serait déçue. « Vous allez vous éclater. »
Il se dépatouilla pour trouver une réponse adéquate. « C'est que... » Il hésitait, à deux doigts de se dégonfler. Puis il se ressaisit et ajouta. « Je lui ai répondu que j'avais besoin d'y réfléchir. »
« Quelle idée ! » Plastronna-t-elle.
Son ton était désapprobateur, mais s'y pointait également une touche de soulagement.
Qu'est-ce que cela signifiait ? Une furie aussi intense qu'imprévue transforma mes mains en poings.
Mike n'avait pas perçut la touche de soulagement. Son visage était rouge, le sang affluait – vu la violence qui venait de monter en moi, cela ressemblait fort à une invitation – et il regarda le sol à nouveau pour parler.
« Je me demandai si...euh, si tu comptais m'inviter, toi. »
Bella hésita.
A ce moment précis, ce moment d'hésitation, je pu voir le future plus clairement qu'Alice ne l'avait jamais fait.
La fille allait dire oui à la question tacite de Mike, ou peut-être que non, mais de toute manière, un jour, bientôt, elle allait dire oui à quelqu'un. Elle était adorable et intrigante, et ça les hommes allaient le remarquer – ils le remarquaient déjà. Qu'elle jette son dévolu sur quelqu'un parmi cette foule terne, ou qu'elle attende d'être libérée de Forks, un jour viendra ou elle dirait oui.
Je vis sa vie comme je l'avais fais autrefois – université, carrière...amour, mariage. Je la vis au bras de son père, à nouveau, vêtue de soie blanche et de tulle, son visage rouge de bonheur tandis qu'elle se déplaçait lentement au rythme de la marche de Wagner.
La douleur fut plus forte que tout ce que j'avais pu endurer par le passé. Un humain aurait été au bord de l'agonie devant une telle souffrance – un humain ne s'en relèverait pas.
Et ce n'était pas uniquement de la douleur, mais aussi, carrément de la rage.
Ma furie avait désespérément besoin d'un exutoire physique. Même si ce garçon ingrat et insignifiant avait peu de chance d'être celui à qui Bella dirait oui, je mourais d'envie d'écraser son crâne entre mes paumes, de le faire payer, lui, à la place de cette personne.
Je ne comprenais pas cette émotion – c'était un étrange mélange de douleur, de rage, de désir et de désespoir. Je n'avais jamais ressentit cela auparavant, et je ne pouvais pas mettre un nom dessus.
« Mike, je crois que tu devrais accepter. » Dis Bella d'une voix douce.
Les espoirs de Mike se cassèrent royalement la figure. En d'autres circonstance, cela m'aurait beaucoup amusé, mais j'étais perdu dans le contrecoup de cette douleur – et dans le remords pour l'effet que cette douleur et cette rage avait eu sur moi.
Alice avait raison. Je n'étais pas assez fort.
En cet instant précis, Alice devait sûrement être en train d'observer le futur changer à nouveau de cap pour se retrouver à nouveau dépendant du choix déchirant entre ces deux destinées. Etait-elle satisfaite ?
« Tu as déjà choisi quelqu'un ? » Demanda soudain Mike. Il me toisa, méfiant envers moi pour la première fois depuis des semaines. Je réalisai trop tard que je m'étais fourvoyé : ma tête était à présent légèrement tournée vers Bella.
L'envie sauvage qui envahit ses pensées – une envie envers quiconque serait préféré de Bella – m'aida soudain à mettre un nom sur mon étrange émotion.
J'étais jaloux.
« Non. » Répondit la fille, une trace d'humour dans sa voix. « J'ai bien l'intention de sécher le bal. »
Parmi mes remords et ma colère, je ressentis du soulagement à ses mots. Soudainement, je m'étais mis à dresser la liste de mes rivaux.
« Pourquoi ? » Demanda Mike. Son ton avait été presque grossier. Qu'il lui parle de cette manière m'offensait. Je retins un grognement.
« Je vais à Seattle, ce samedi là. » Répondit-elle.
Ma curiosité ne fut pas aussi vicieuse que d'habitude, cette fois, car je savais que j'étais en mesure de la satisfaire. Je saurais le pourquoi du comment de cette nouvelle révélation en temps et en heures.
Mike prit un ton dragueur qui me déplut fortement. « Tu ne peux pas choisir un autre week-end ? »
« Non, désolée. » Dis brusquement Bella. « En tout cas, tu ne devrais pas faire attendre Jessica plus longtemps. C'est impoli. »
Sa sollicitude pour Jessica éteignit d'un soudain les flammes de ma jalousie. Cette excursion à Seattle était clairement une excuse pour dire non – avait-elle refusé par pure loyauté envers son amie ? Elle était bien assez altruiste pour ça. Désirait-elle en réalité dire oui ? Ou peut-être était-ce totalement différent : était-elle intéressée par quelqu'un d'autre ?
« Ouais, » marmonna Mike, « tu as raison. » Il était tellement démoralisé que j'avais presque pitié de lui. Presque.
Il détacha son regard de la jeune fille, interrompant mon angle de vue de son visage par ses pensées.
Je n'allais pas tolérer ça.
Je me tournai pour voir son visage de mes propres yeux, pour la première fois depuis plus d'un mois. C'était incroyablement soulageant de me permettre cela, comme une bouffée d'air après une longue apnée.
Ses yeux étaient clos, et ses mains se pressaient de chaque côté de son visage. Ses épaules étaient légèrement courbées en avant, en position défensive. Elle secoua un peu sa tête, comme si elle essayait de chasser une pensée de son esprit.
Frustrant. Fascinant.
La voix de M. Banner la tira de ses rêveries, et ses yeux s'ouvrirent lentement, avant de se poser presque immédiatement sur moi, sentant peut-être mon regard. Elle soutint mon regard avec la même expression abasourdie qui m'avait hantée pendant si longtemps.
En cet instant, il ne restait plus aucune trace de remord, de culpabilité ou de rage en moi. Je savais que tout cela allait revenir, et revenir bientôt, mais pour le moment je subissais une étrange escalade de nervosité. Un sentiment de victoire, plutôt que de défaite.
Elle ne détourna pas les yeux, même si je la fixais avec une intensité inappropriée, essayant vainement de tirer quelque information de son regard de chocolat fondu, un regard plein de question, plutôt de que réponses.
Je pus voir mon propre reflet dans ses yeux, et je vis que les miens étaient noircis par la soif. Cela faisait presque deux semaines que je n'avais pas chassé ; Je n'avais pas choisi le bon jour pour laisser ma volonté s'écrouler. Mais cette noirceur ne semblait pas l'effrayer. Elle ne détournait toujours pas le regard, et un rose au pouvoir de séduction purement dévastateur vint colorer sa peau.
A quoi pensait-elle maintenant ?
J'avais presque posé ma question à haute voix, mais à ce moment là, M. Banner m'avait appelé. Je dénichai la bonne réponse dans sa tête pendant de que tournai la tête dans sa direction.
J'inspirai brièvement. « Le Cycle de Krebs. »
La soif m'écorcha la gorge, banda mes muscles et remplis ma bouche de venin, et je fermais les yeux, essayant de me concentrer malgré le désir que son sang m'inspirait rageusement.
Le monstre était plus fort qu'avant. Le monstre se réjouissait. Il embrassait pleinement se futur coupé en deux que je lui avais offert sur un plateau, ce « fifty-fifty » auquel il inspirait si vicieusement. Le troisième, ce future incertain que j'avais tenté de construire par la force de ma seule volonté venait de s'effondrer – détruit par une banale jalousie de surcroît – et à présent, le monstre n'avais jamais été aussi près du but.
Le remord et la culpabilité me brûlèrent en même temps que la soif, et, s'ils en avaient été capables, mes yeux se seraient remplis de larmes.
Qu'avais-je fait ?
Sachant que le combat était dors et déjà perdu, il ne semblait plus subsister la moindre raison qui puisse m'empêcher de faire ce que je désirais : je me tournai et la regardai à nouveau.
Elle s'était cachée derrière un épais rideau de ses cheveux sombres, mais je pouvais tout de même distinguer entre les mèches que ses joues étaient cramoisie à présent.
Le monstre aimait ça.
Elle ne croisa pas mon regard à nouveau, mais elle tritura nerveusement l'un de ses cheveux entre ses doigts. Ses doigts fins, son poignet délicat, ils étaient si fragiles, comme si je pouvais les casser d'un simple souffle.
Non, non, non. Je ne pouvais pas faire ça. Elle était trop fragile, trop bonne, trop précieuse pour mériter ce sort. Je ne pouvais pas permettre à ma vie d'entrer en collision avec la sienne, et de la détruire.
Mais je ne pouvais pas non plus rester éloigné d'elle. Alice avaient raison depuis le début.
Le monstre en moi feula de frustration tandis que j'hésitais, considérant d'abord une solution, puis l'autre.
Mon heure en sa compagnie passa bien trop vite, alors que je vacillais toujours d'un choix à l'autre. La cloche sonna, et elle commença à rassembler ses affaires sans me regarder. Cela me déçu, mais je ne pouvais rien attendre d'autre de sa part. Mon attitude envers elle depuis l'accident était tout bonnement inexcusable.
« Bella. » L'appelai-je, incapable de me retenir. Ma volonté tombait déjà en lambeaux.
Elle hésita avant de me regarder ; lorsqu'elle se retourna, elle était sur ses gardes, méfiante.
Je me rappelai qu'elle avait toutes les raisons du monde de ne pas me faire confiance. Que c'était la meilleures des attitudes qu'elle puisse avoir.
Elle attendait que j'ajoute quelque chose, mais je me contentais de la regarder, de lire dans son visage. J'inspirais régulièrement et à petites bouffées, combattant ma soif. , « Quoi ? » Dit-elle finalement. « Tu me parles de nouveau ? » Il y avait une pointe de ressentiment dans sa voix qui était, à l'instar de sa colère, attendrissante. Ca me donnait envie de sourire.
Je n'étais pas sur de savoir quelle réponse lui donner. Lui reparlai-je, au sens où elle l'entendait ?
Non. Pas si je pouvais faire autrement. Et j'allais tout faire pour ça.
« Non, pas vraiment. » Lui dis-je.
Elle ferma les yeux, ce qui me frustra. Elle coupait mon meilleurs accès à ses sentiments. Elle prit une longue, profonde inspiration sans rouvrit les yeux. Ses mâchoires étaient serrées.
Ses yeux toujours clos, elle parla. Voilà qui n'était certainement pas un moyen de conversation très répandu chez les humains. Pourquoi s'y prenait-elle de cette manière ? , « Alors, qu'est-ce que tu veux, Edward ? »
Le son de mon nom sur ses lèvres déclencha une réaction étrange dans mon corps. Si mon cœur battait encore, il se serait affolé.
Mais comment lui répondre ?
Par la vérité, décidai-je. J'allais me montrer aussi fiable que possible avec elle désormais. Je ne voulais pas qu'elle se méfie de moi, même si espérer sa confiance était tout simplement impossible.
« Je te prie de m'excuser. » Lui dis-je. C'était sûrement la chose la plus vraie qu'elle n'entendrait jamais de ma part. Malheureusement, je pouvais uniquement m'excuser sur mes crimes les moins graves. « Je ne suis pas très courtois, je sais. Mais c'est mieux comme ça, crois moi. »
Ca serait encore mieux si je pouvais continuer de me montrer discourtois. Le pouvais-je ?
Ses yeux s'ouvrirent, toujours aussi prudents.
« Je ne te comprends pas. »
J'essayais de la mettre en garde autant que possible. « Il vaut mieux que nous ne soyons pas amis. » Ça elle pouvait le comprendre, c'était une fille intelligente. « Fais-moi confiance. »
Son expression se durcit, et je me souvins un peu tard que je lui avais déjà demandé sa confiance – juste avant de la trahir. Je tressaillis quand ses dents grincèrent – elle s'en souvenait parfaitement, elle aussi.
« Dommage que tu ne t'en sois pas aperçu plus tôt. » Dit-elle avec colère. « Tu te serais épargné tous ces regrets. »
Sous le choc, je la fixai. Que savait-elle de mes regrets ?
« Des regrets ? De quoi ? » Demandais-je.
« De ne pas avoir laissé cet imbécile de fourgon me réduire en bouillie ! » Asséna-t-elle.
Je me figeai, abasourdi.
Comment pouvait-elle penser cela ? Lui sauver la vie était la seule chose acceptable que j'avais faite depuis que je l'avais rencontrée. La seule chose dont je n'avais pas honte. La seule et unique chose qui me rendait fier d'exister ! Depuis la seconde où j'avais humé son odeur pour la première fois, je m'étais littéralement battu pour la garder en vie. Comment pouvait-elle penser cela de moi ? Comment osait-elle remettre en question mon unique bonne action dans tout ce foutoir ?
« Tu penses vraiment que je regrette de t'avoir sauvée ? »
« Je le sais ! » Rétorqua-t-elle.
Son interprétation de mes intentions me laissait pantois. « Tu ne sais rien du tout. »
Combien le fonctionnement de son esprit était incompréhensible ! Elle ne devait pas raisonner comme les autres humains. Cela pourrait expliquer son silence énigmatique. Elle était entièrement autre.
Elle tourna brusquement la tête, ses dents grinçant à nouveau. Ses joues étaient rouges, de colère cette fois. Elle empila violemment ses livres et les tira d'un coup sec vers elle avant de partir en direction de la porte sans m'accorder un regard.
Tout aussi irrité que je fusse, je ne pus m'empêcher de trouver sa colère un tantinet divertissante. Elle marchait d'un pas chancelant, sans regarder où elle allait, et se prit le pied dans la chambranle. Elle trébucha, et toutes ses affaires s'étalèrent sur le sol. Au lieu de se pencher immédiatement pour les ramasser, elle resta droite comme un I, sans même regarder par terre, comme si elle n'était pas certaine que ses livres en valaient la peine.
Je me démenai pour ne pas rire.
Personne ne me regardait : je volai à ses côté et tenais ses livres empilé dans l'ordre avant qu'elle n'eu le temps de regarder par terre.
Elle se baissa à moitié, m'aperçut, et se figea. Je lui rendis ses livres, m'assurant qu'aucune parcelle de ma peau glaciale n'entre en contact avec la sienne.
« Merci. » Dit-elle d'une voix froide, sévère.
Ce ton fit revenir mon irritation.
« De rien. » Dis-je aussi froidement.
Elle se redressa et partit à grands pas vers son prochain cours.
Je la suivi des yeux jusqu'à ce que je ne pus plus voir son visage en colère.
Je passai le cours d'Espagnol dans les nuages. Mme Goff ne me reprocha jamais mon inattention – consciente du fait que mon Espagnol était bien supérieur au sien – et me laissa tout loisir de rêver
Donc, je ne pouvais ignorer la fille. C'était évident. Mais cela voulait-il forcément dire que je n'avais pas d'autre choix que de la détruire ? Ca ne pouvait pas être le seul avenir possible. Il devait y avoir une autre solution. J'essayai de penser à un moyen de...
Je ne prêtai attention à Emmett que vers la fin de l'heure. Il était curieux – Emmett n'était peut-être pas doué pour voir clairement les changements d'humeur chez les autres, lui, mais cela ne l'avait pas empêché de remarquer un changement manifeste chez moi. Il se demandait ce qui avait bien pu ôter mon habituelle humeur massacrante de mon visage. Il chercha à définir ce changement, et décréta finalement que j'avais l'air plein d'espoir
Plein d'espoir? C'était donc cela que l'on voyait en me regardant ?
Je méditai sur l'idée que je me faisais de l'espoir tandis que nous nous dirigions vers la Volvo, me demandant ce que je pouvais bien espérer.
Mais je n'eu pas le temps de méditer à ce sujet. Sensible que j'étais à toute pensée se rapportant à la fille, le son du nom de Bella dans la tête de...de mes rivaux, je suppose que je devais l'admettre, attira mon attention. Eric et Tyler, ayant apprit – à leur grande satisfaction – l'échec de Mike, se préparaient à tenter leur chance.
Eric était déjà en place, placé près de sa camionnette, là où elle ne pourrait pas le louper. La classe de Tyler était retenue un peu plus longtemps pour recevoir une consigne, et il se dépêchait pour la rattraper avant qu'elle ne s'échappe.
Je devais absolument voir ça.
« Attend les autres ici, d'accord ? » Murmurai-je à Emmett.
Il me dévisagea d'un air soupçonneux, puis haussa les épaules et acquiesça.
Ce gosse a perdu la tête. Pensa-t-il, amusé par mon étrange requête.
Je vis Bella arriver du gymnase, et attendis là où elle ne pourrait pas me voir. Alors qu'elle s'approchait de l'embuscade d'Eric, je m'approchai à grands pas, calculant mes pas pour pouvoir arriver à leur niveau pile au bon moment.
Je vis son corps se raidir à la vue du garçon qui l'attendait. Elle se figea un moment, puis se détendit et s'approcha.
« Salut Eric ! » L'entendis-je le saluer d'une voix amicale.
Je ressentis alors une soudaine anxiété totalement imprévue. Et si cet adolescent dégingandé et boutonneux lui plaisait ?
Eric déglutit bruyamment, faisant rebondir sa pomme d'Adam. « Salut, Bella. »
Elle ne semblait pas consciente de sa nervosité.
« Quoi de neuf ? » Demanda-t-elle, déverrouillant sa camionnette sans regarder son air effrayé.
« Euh, je me demandais juste...si tu accepterais d'aller au bal avec moi ? » Sa voix se brisa.
Elle leva enfin les yeux. Etait-elle décontenancée, ou flattée ? Eric ne pouvait pas la regarder dans les yeux, alors je ne pu voir son visage dans son esprit.
« Je croyais que c'était aux filles de choisir leur cavalier ? » Dit-elle d'une voix troublée.
« Euh, ouais. » Admit-t-il lamentablement.
Ce pitoyable garçon ne m'irrita pas autant que Mike Newton, mais je ne pus me résoudre à ressentir la moindre compassion à son angoisse jusqu'à ce que Bella ne lui réponde d'une voix douce.
« Je serais à Seattle ce jour là, mais merci quand même. »
Il avait déjà entendu cela ; pourtant, il était déçu.
« Oh, » marmonna-t-il, réussissant à peine à lever ses yeux jusqu'au niveau de son nez. « Une autre fois peut-être. »
« C'est ça. » Dit-elle. Aussitôt elle se mordit la lèvre inférieure, comme si elle regrettait de lui donner de faux espoirs. Cela me plu beaucoup.
Eric baissa les bras et partit, dans la direction opposée à sa voiture, pensant uniquement à s’échapper.
Je passai devant elle à ce moment précis, et l'entendis pousser un soupir de soulagement. Je ris.
Elle tourna la tête à droite à gauche pour identifier la source du son, mais je me contentai de regarder droit devant moi, essayant de me retenir de sourire d'amusement.
Tyler était derrière moi, courant presque pour l'attraper avant qu'elle ne prenne la route pour rentrer chez elle. Il était plus audacieux et plus serein que les deux autres ; la seule raison pour laquelle il n'avait pas approché Bella plus tôt était qu'il avait laissé Mike tenter d'abord sa chance, par respect pour lui.
Je voulais qu'il réussisse à parler à Bella pour deux raison. Si – comme je le soupçonnais déjà – son attention n'allais faire que gêner Bella, je voulais avoir le plaisir de regarder sa réaction. Mais, si c'était l'inverse – si l'invitation de Tyler était précisément celle qu'elle espérait – alors je voulais le savoir, également.
Je considérais Tyler Crowley comme un rival, tout en sachant que c'était mal. Il me semblait assez transparent et quelconque, mais que savais-je des goûts de Bella ? Peut-être qu'elle aime les garçons transparents...
Je tressaillis à cette pensée. Je ne pourrais jamais être un garçon transparent. Qu'il était idiot de me placer moi-même en compétition pour obtenir son affection. Comment pourrait-elle ne serait-ce que de se soucier de quelqu'un qui était, selon toute vraisemblance, un monstre ?
Elle était bien trop bonne pour un monstre.
J'aurais dû la laisser s'échapper, mais mon inexcusable curiosité eu le dessus. Une fois de plus. En effet, et si Tyler loupait sa chance maintenant, et la contactait plus tard, quand il ne me serait plus possible de connaître le fin mot de l'histoire ? Je fis sortir ma Volvo de la place de parking pour la placer sur l'allée étroite, empêchant Bella de sortir.
Emmett et les autres arrivèrent, mais il leur avait décrit mon étrange attitude, et ils marchaient lentement, tout en me regardant, essayant de savoir ce que je faisais.
Je regardais la fille dans le rétroviseur. Elle lançait des regards mauvais à l'arrière de ma voiture sans me regarder, comme si elle aurait souhaité être aux volants d'un tank plutôt que d'une Chevrolet rouillée.
Tyler se précipita dans sa voiture, et se plaça dans l'embouteillage juste derrière elle, reconnaissant pour mon inexplicable attitude. Il essaya d'attirer son attention, mais elle ne le remarqua pas. Il attendit un moment, puis sortit de sa voiture, et alla taper légèrement sur la fenêtre du côté passager.
Elle sursauta, et le regarda avec étonnement. Après une seconde, elle baissa manuellement la vitre, semblant d'ailleurs rencontrer quelques problèmes avec.
« Excuse-moi Tyler, » dit-elle d'une voix agacée, « je suis coincée derrière Cullen. »
Elle prononça mon nom de famille d'une voix dure – elle était toujours fâché.
« Oh, je sais. » Dit Tyler, pas perturbé le moins du monde par son humeur, « je voulais juste te proposer quelque chose pendant qu'on est bloqué ici. »
Son sourire était bien trop sur de lui.
Je fus content de la voir pâlir devant ses évidentes intentions.
« Tu veux bien m'inviter au bal ? » Demanda-t-il, persuader d'aller au devant d'une victoire.
« Je ne serais pas là Tyler. » Répondit-elle, l'irritation perçant toujours dans sa voix.
« Ouais, Mike me l'a dit. »
« Alors pourquoi... ? »
« J'espérais seulement que c'était une façon sympa de l'éconduire. » Dit-il en haussant les épaules.
Ses yeux s'écarquillèrent, puis se refroidirent. « Désolée Tyler. » dit-elle ne semblant pas désolée du tout, « je serais effectivement absente. »
Il accepta son excuse, son assurance intacte. « Pas grave. Il nous restera toujours le bal de promo. »
Il retourna dans sa voiture.
J'avais eu raison d'attendre.
L'expression horrifiée qui s'étalait sur son visage n'avait pas de prix. Ce qui répondit à une question dont je ne devrais pas vouloir à ce point la réponse : parmis tous les hommes humains qui la courtisaient, aucun d'eux n'avaient droit à un traitement de faveur. Elle ne ressentait rien pour eux.
Il y avait aussi que cette expression était certainement la chose la plus hilarante qu'il m'ait été donné de voir.
C'est alors que ma famille arriva, étonné de me voir secoué de rire plutôt qu'en train de fixer avec des envies de meurtre tout ce sur quoi mon regard se posait.
Qui a-t-il de si drôle ? Demanda Emmett, curieux.
Je secouai ma tête, à nouveau pris d'un fou-rire tandis que Bella faisait rugir son engin à grands bruits. On aurait à nouveau dit qu'elle désirait un tank.
« Démarre ! » Siffla Rosalie impatiemment. « Arrête de faire l'idiot. Si tu en es capable. »
Ses mots n'eurent aucun effets sur moi – je m'amusais trop. Mais je fis quand même ce qu'elle me dit.
Personne ne me parla sur le chemin du retour. Je continuais de pouffer de temps à autre, repensant à la tête qu'avait faite Bella.
Alors que l'on sortait de la ville – accélérant maintenant qu'il n'y avait plus de témoins – Alice ruina ma bonne humeur.
« Alors, j'ai le droit de parler à Bella maintenant ? » Demanda-t-il soudainement, sans m'avertir par une pensée.
« Non. » Assénai-je.
« Ce n'est pas du jeu ! Qu'est-ce que je dois attendre ? »
« Je n'ai rien décidé, Alice. »
« C'est inutile, Edward. »
Dans sa tête, les deux destinées de Bella étaient à nouveau claires comme du cristal.
« A quoi ça t'avancerait de la connaître ? » Marmonnai-je, soudain morose. « Si je vais la tuer ? »
Alice hésita pendant une seconde. « Tu marques un point, là. » Admit-elle.
Je pris de dernier virage à cent kilomètres à l’heure, et pilla pour m'arrêter à un millimètre du mur du garage.
« Bon jogging. » Dit Rosalie d'un ton grinçant alors que je m'extirpais hors de la voiture.
Mais je n'allais pas courir cette nuit. J'allais chasser.
Les autres s'étaient habitués à aller chasser demain, mais je ne pouvais pas me permettre d'être assoiffé maintenant. J'en fis trop, buvant plus que de raison, m'empiffrant à nouveau – un petit troupeau de cerf et un ours que je fus chanceux de trouver aussi tôt dans l'année. J'étais si plein que c'en était inconfortable. Pourquoi n'était-ce pas assez ? Pourquoi son odeur devait être plus forte que tout le reste ?
Je devais chasser pour me préparer au jour suivant, mais, alors que j'étais trop plein pour chasser à nouveau et que le soleil menaçait à chaque heure de percer, je sus que le jour suivant était trop loin.
Mes nerfs s'affolèrent lorsque je me rendis compte que j'étais partit rejoindre la fille.
Je me disputai avec moi-même tout le long du trajet de retour à Forks, mais ce fut mes moins bons côtés qui l'emportèrent, et je suivis mon plan indéfendable. Le monstre était là, mais bien nourrit. Je savais que je resterais à une distance raisonnable d'elle. Je voulais juste savoir où elle était. Je voulais juste voir son visage.
Il était minuit passé, et la maison de Bella était sombre et calme. Sa camionnette était garée à côté de la voiture de fonction de son père sur la place de parking. Il n'y avait pas de pensée éveillée dans les environs. Je regardais la maison pendant un moment depuis la pénombre de la forêt qui longeait la façade est. L'entrée principale devrait probablement être fermée – cela ne poserait aucun problème, excepté qu'il valait mieux que je ne laisse pas de trace de mon passage. Je décidai d'essayer la fenêtre en premier. Presque personne ne se donnait la peine d'y installer des sécurités.
Je traversai la route déserte et escaladai la façade en une demi-seconde. Pendu d'une main à l'avant-toit de la fenêtre, je regardais à travers la vitre, et là mon souffle se coupa.
C'était sa chambre. Je pouvais la voir dans le petit lit une place, ses couvertures sur le sol et ses draps ondulants autours de ses jambes. Alors que je regardais, elle s'agita et mit un bras sur sa tête. Elle ne ronflait pas, en tout cas pas cette nuit. Avait-elle sentit le danger près d'elle ?
La voyant se retourner à nouveau, je me dégoûtais. En cet instant, je ne valais pas mieux qu'un pervers voyeur. Je n'étais rien d'autre. J'étais pire, bien pire.
Je détendis mes phalanges, sur le point de me laisser tomber, mais avant cela je m'autorisai un long regard sur son visage.
Il n'était pas calme. Le petit creux était à nouveau entre ses sourcils et les coins de ses lèvres étaient tournés vers le bas. Ses lèvres tremblèrent, puis se séparèrent.
« Ok, Maman. » Murmura-t-elle.
Bella parlait dans son sommeil.
Ma curiosité bondit, dépassant de loin ma répugnance pour ce que j'étais en train de faire. Cette petite lucarne vers des pensées inconscientes et sans défenses étaient incroyablement tentante.
Je testai la fenêtre, elle n'était pas verrouillée, mais elle grinçait, sûrement qu'elle n'avait pas été ouverte depuis longtemps. Je la fis glisser lentement, terrorisé à chaque petit grincement de la charpente de métal. La prochaine fois, j'amènerai de l'huile...
La prochaine fois ? Je secouais ma tête, dégoûté à nouveau.
Je me glissai lentement à l'intérieur.
Sa chambre était petite – désorganisée mais propre. Il y avait des livres empilés sur le sol à côté de son lit, leur reliure me tournant le dos, et des CD s'étalaient près de son modeste lecteur – le disque du dessus n'était qu'une boite vide. Des piles de papiers entouraient un ordinateur qui mériterait d'avoir sa place dans un musée réservé aux technologies obsolètes. Des chaussures parsemaient le parquet.
Je désirais ardemment aller lire les titres de ses livres et de ces disques, mais je m'étais promis de rester à bonnes distances, alors à la place, j'allai m'installer dans un rocking-chair dans un coin de la pièce.
L'avais-je vraiment un jour trouvé banale ? Je pensais à ce premier jour, et à mon dégoût pour tous ces garçons immédiatement intrigués par elle. Mais à présent que je me souvenais de la manière dont son visage avait été représenté dans leur esprit, je ne pouvais comprendre pourquoi je ne l'avais pas immédiatement trouvé belle. Ca semblait si évident.
A présent que je la regardais – avec ses cheveux sombres ondulants sauvagement autour de son visage pâle, vêtue de son t-shirt élimé et plein de trous et de son vieux pantalon de jogging, ses membres détendu, ses lèvres pleines légèrement entrouvertes – elle me coupais le souffle. Du moins l'aurait-elle fais, pensai-je avec humour, si je respirais.
Elle ne parla plus. Peut-être que son rêve était terminé.
J'admirais son visage tout en essayant de penser à un moyen de rendre l'avenir supportable.
La blesser n'était pas supportable. Cela voulait-il dire que mon seul choix était d'essayer de partir à nouveau ?
Les autres ne m'en blâmeraient pas à présent. Mon absence ne mettrait personne en danger. Personne n'aurait de soupçons, personne ne ferait le lien avec l'accident.
J'hésitai comme j'avais hésité cet après midi, et rien ne semblait possible.
Je ne pouvais pas espérer rivaliser avec les jeunes humains, que ces humains là l'attirent où pas. J'étais un monstre. Comment pourrait-elle me voir autrement ? Si jamais elle venait à savoir la vérité à mon sujet, cela l'effraierait et l'écœurerait. Comme les victimes présumées dans les films d'horreur, elle s'enfuirait en hurlant.
Je me souvins de ce premier jour en biologie...oui, elle s'enfuirait ; et elle aurait bien raison.
Il était complètement débile d'imaginer que si je l'avais invité à ce bal ridicule, elle aurait annulé ses plans et accepté ma proposition.
Je n'étais pas celui à qui elle allait dire oui. C'était quelqu'un d'autre, quelqu'un d'humain et de chaud. Et je ne pourrais même pas me permettre – ce jour là, lorsqu'elle aura dit oui – de le traquer et de le tuer, parce qu'elle le mériterait, qui ce que soit. Elle méritait le bonheur et l'amour plus que quiconque.
Je lui devais d'agir pour le mieux à présent. A présent que je ne pouvais plus prétendre être sur le point de l'aimer.
Après tout, cela importait peu, si je partais, parce que Bella ne pourrais jamais me voir comme je désirerais qu'elle me vît. Elle ne me verrait jamais comme quelqu'un dont elle pourrait tomber amoureuse.
Jamais.
Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait encore se briser ? Le mien en semblait capable.
« Edward. » Dit Bella.
Je me figeai, regardant ses yeux clos.
M'avait-elle vu, était-elle éveillée ? Elle semblait endormie, mais sa voix avait été si claire...
Elle soupira calmement, et bougeant à nouveau, se roulant sur le côté.
« Edward... »Répéta-t-elle doucement.
Elle rêvait de moi.
Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait battre à nouveau. Le mien en semblait capable.
« Reste. » Soupira-t-elle. « Ne pars pas. Je t'en prie...ne pars pas. »
Elle rêvait de moi, et ce n'était même pas un cauchemar. Elle voulait que je reste avec elle, là, dans son rêve.
Je débattis pour trouver des mots pour nommer les sensations qui se déversèrent en moi, mais aucun mot n'était assez fort pour les contenir. Pendant un long moment, je m'y noyai.
Quand je refis surface, je n'étais pas le même homme qu'avant.
Ma vie était un minuit éternel et immuable. Pour moi, c'était inévitable, il sera toujours minuit. Alors comment était-il possible que le soleil se lève, là maintenant, au milieu de ce minuit ?
A l'instant où je suis devenu vampire, échangeant mon âme et ma mortalité pour l'immortalité la douleur brûlante de la transformation, j'avais été littéralement gelé. Mon corps s'était transformé en quelque chose qui s'apparentait plus à de la pierre qu'à de la chaire, dure et immobile. Ma conscience, aussi, s'était gelée – ma personnalité, mes goûts et mes dégoûts, mes désirs et mes répugnances ; tout c'était figé.
C'était la même chose pour chacun de nous. Nous étions tous figés. Des pierres vivantes.
Quand un changement survint en nous, c'est une chose rare et permanente. Je l'ai vu chez Carlisle, puis plus tard chez Rosalie. L'amour les changea d'une façon permanente, éternelle. Plus de quatre-vingts ans s'étaient écoulés depuis que Carlisle avait trouvé Esmée, et il continuait à la regarder avec les yeux incrédules du premier amour. Il en sera ainsi pour l'éternité.
De même que pour moi. J'allais aimer cette humaine, si fragile et délicate, pour le restant de mon existence sans limite.
J'admirais son visage, sentant cet amour pour elle s'encrer dans chaque portion de mon corps de pierre.
Elle dormait calmement à présent, un petit sourire aux lèvres.
Tout en la regardant, je commençai à comploter.
Je l'aimais, alors j'allais essayer d'être assez fort pour la quitter. Je savais que je n'étais pas assez fort pour le moment. J'allais travailler ce point. Mais peut-être étais-je assez fort pour faire changer le futur de cap.
Alice avait vu deux avenirs pour Bella, et à présent je comprenais les deux.
L'aimer ne m'empêcherais pas de la tuer, si je me laissais faire des erreurs.
Je ne pouvais plus sentir le monstre à présent, je ne le trouvais plus nulle part en moi. Peut-être que l'amour l'avait réduit au silence. A présent, si je la tuais, ce ne serait pas intentionnel, seulement un effroyable accident.
J'allais devoir être extrêmement prudent. Je ne devrais jamais, jamais baisser ma garde. J'allais devoir contrôler chacune de mes inspirations, chacun de mes mouvements. J'allais devoir respecter une permanente distance de sécurité.
Je n'allais pas faire d'erreur.
Je compris enfin le second futur. J'avais été dérouté par cette vision – que pouvait-il bien se passer pour que Bella se retrouve prisonnière de cette demi-vie immortelle ? Mais à présent – dévasté de désir pour cette fille – je pouvais comprendre comment je pourrais, dans un élan d'impardonnable égoïsme, implorer mon père de me faire cette faveur. L'implorer de lui prendre et sa vie et son âme pour que je puisse la garder près de moi pour toujours.
Elle méritait mieux.
Mais je vis un autre avenir, un fil extrêmement fin et fragile sur lequel je pourrais peut-être marcher, si je savais garder l'équilibre.
Pouvais-je faire cela ? Etre avec elle et la garder humaine ?
Délibérément, je pris une profonde inspiration, puis une autre, laissant son arôme me déchirer comme un feu sauvage. Sa chambre débordait de son parfum, sa fragrance restait accrochée à chaque objet. Ma tête me tournait mais je combattis le vertige. Je devais m'y habituer, si je voulais essayer d'avoir une quelconque relation avec elle. Je pris une autre bouffée d'air brûlant.
Je la regardais dormir jusqu'à ce que le soleil se lève derrière les nuages à l'est, complotant contre moi.






Je rentrai à la maison juste après le départ des autres pour le lycée. Je me changeai rapidement, ignorant le regard interrogateur d'Esmée. Elle avait vu comme mon visage rayonnait, et cela l'avait rendue tant soulagée qu'inquiète. Ma longue mélancolie lui avait fait de la peine, et elle était heureuse de voir que ma douleur semblait s'en être allée.
Je couru jusqu'au lycée, arrivant quelque secondes après mes semblables. Ils ne se retournèrent pas, alors qu'Alice savait au minimum que je me tenais dans le bois qui longeait la chaussée. J'attendis que personne ne regarde, puis sortit du bois comme si de rien n'était pour arriver au milieu des nombreuses voitures garées.
J'entendis la camionnette de Bella gronder près du virage, et m'arrêtais derrière une Suburban, d'où je pouvais voir sans être vu.
Elle roula en direction du parking, fixant ma Volvo un long moment avant de se garer à l'une des places les plus éloignées de ma voiture, en fronçant les sourcils.
Il était étrange de se rappeler qu'elle était probablement toujours fâchée contre moi, et avec de bonne raisons.
J'avais envie de me moquer de moi – ou de me gifler. Tout mon complot ainsi que mes plans étaient entièrement caduc si de son côté elle n'éprouvait rien pour moi, n'est-ce pas ? Son rêve avait sûrement dû porter sur quelque chose de complètement banal. Je n'étais qu'un crétin arrogant.
De toute façon, il valait mieux pour elle qu'elle ne ressente rien pour moi. Cela ne m'empêcherait pas de la harceler, mais ça l'avertirait en tout cas que je la harcelai. Je lui devais bien ça.
J'avançais dans sa direction silencieusement, me demandant quel était le meilleur moyen de l'approcher.
Elle ma facilita la tâche. Les clés de sa voiture glissèrent de ses doigts alors qu'elle sortait de sa camionnette, et tombèrent dans une flaque d'eau.
Elle se pencha, mais j'arrivai le premier, les attrapant avant qu'elle n'eu à plonger ses doigts délicats dans l'eau froide.
Je m'adossai à sa camionnette pendant qu'elle se redressait avant de se raidir.
« Pour quelle raison as-tu fait ça ? » Brailla-t-elle.
Oui, elle était toujours fâchée.
Je lui tendis ses clés. « Fait quoi ? »
Elle tendit sa main, et je laissai tomber les clés dans sa paume. Je pris une profonde inspiration, engloutissant son odeur.
« Surgir à l'improviste. » Précisa-t-elle
« Bella, je ne suis quand même pas responsable si tu es particulièrement inattentive. » Mes paroles étaient humoristiques, c'était presque une blague. Y'avait-il quelque chose qu'elle ne remarquait pas ?
Avait-elle remarqué, par exemple, comme ma voix avait enveloppé son nom, comme une caresse ?
Elle me regarda, n'appréciant pas mon humour. Son rythme cardiaque s'emballa – de colère ? De peur ? Après un moment, elle regarda le sol.
« Pourquoi ce bouchon, hier soir ? » Demanda-t-elle, sans me regarder. « Je croyais que tu étais censé te comporter comme si je n'existais pas, pas t'arranger pour m'embêter jusqu'à ce que mort s'ensuive. »
Très fâchée. J'allais faire un effort pour arranger les choses avec elle. Je me souvins avoir résolu d'être digne de confiance...
« Je rendais service à Tyler, histoire de lui donner sa chance. » Puis je ris. Je ne pus m'en empêcher, repensant à la tête qu'elle avait faite.
« Espèce de... »Haleta-t-elle, puis elle s'interrompit, apparemment trop furieuse pour finir. La voilà : cette expression, exactement la même. Je me retins un nouveau rire. Elle était déjà assez hors d'elle comme ça.
« Et je ne prétends pas que tu n'existes pas. » Finis-je. C'était ainsi que je devais m'y prendre : rester sur le ton de la conversation, la taquiner. Elle ne comprendrait pas si je lui montrais mes véritables sentiments. Ca l'effraierait. Je devais maîtriser mes sentiments, garder les choses au clair.
« C'est donc bien ma mort que tu souhaites, puisque le fourgon de Tyler n'y a pas suffit ! »
Un éclair de colère me traversa. Pouvait-elle réellement penser une chose pareille ? Il était irrationnel de ma part d'être si offensé – elle ne savait rien de la transformation qui s'était opéré en moi durant la nuit. Mais j'étais tout de même en colère.
« Bella, tu es complètement absurde. » Assénai-je.
Elle rougit et me tourna le dos. Elle commença à s'éloigner.
Remords. Je n'avais pas le droit de lui en vouloir.
« Attends ! » Suppliai-je.
Elle ne s'arrêta pas, alors je la rattrapai.
« Désolé pour ces paroles désagréables. Non qu'elles soient fausse » -parce qu'il était bel et bien absurde de penser que je puisse vouloir sa mort- « mais je n'étais pas obligé de les dire. »
« Et si tu me fichais la paix, hein ? »
Crois moi, voulais-je lui répondre, j'ai essayé.
Et, à propos, je suis désespérément amoureux de toi.
Reste clair.
« Je voulais juste te poser une question, c'est toi qui m'as fais perdre le fil. » Dis-je en riant. Je venais d'avoir une idée lumineuse.
« Souffrirais-tu d'un dédoublement de la personnalité ? » Demanda-t-elle.
Cela y ressemblait fort, en effet. J'étais plutôt lunatique, à cause de toutes ces nouvelles émotions qui me traversaient.
« Voilà que tu recommences. » Lui fis-je remarquer.
« Très bien, » soupira-t-elle. « Vas-y, pose-la, ta question. »
« Je me demandais si, samedi de la semaine prochaine... » Je vis le choc traverser son visage, et retint un autre rire. « Tu sais, le jour du bal... »
Elle m'interrompit, me regardant enfin dans les yeux. « Essaierais-tu d'être drôle, par hasard ? »
Oui ! « Et si tu me laissais terminer ? »
Elle attendit en silence, ses dents mordant doucement sa lèvre inférieure.
Cette vue attira mon attention pendant une seconde. Cela provoqua d'étranges réactions au plus profond de mon enveloppe charnelle jusqu'alors oubliée. Je tentai de les mettre de côté pour pouvoir me concentrer sur mon rôle.
« J'ai appris que tu allais à Seattle, ce jour là, et j'ai pensé que tu avais peut-être besoin d'un chauffeur. » Lui proposais-je. Je réalisai que, mieux que de l'interroger sur ses projets, je lui demandais de m'inclure dedans.
Elle me regarda, choquée. « Quoi ? »
« As-tu envie qu'on t'accompagne là bas ? » Seul dans une voiture avec elle...ma gorge me brûla à cette seule pensée. Je pris une longue inspiration. Prend en l'habitude...
« Qui donc ? » Me demanda-t-elle, ses yeux montrant nouveau cette expression abasourdie.
« Moi, évidemment. » Dis-je lentement.
« Pourquoi ? »
Etait-il vraiment aussi étonnant que je veuille passer du temps avec elle ? Elle avait vraiment dû interpréter mon ancienne attitude de la pire manière qu'il soit.
« Disons, » dis-je aussi naturellement que possible, « que j'avais l'intention de me rendre à Seattle dans les semaines à venir et, pour être honnête, je ne suis pas persuadé que ta camionnette tiendra le coup. »
Il semblait plus prudent de continuer à la taquiner plutôt que de me permettre d'être sérieux.
« Ma camionnette marche très bien, merci beaucoup. » Dit-elle de la même voix surprise. Elle recommença à marcher. Je ne la lâchai pas d'une semelle.
Elle n'avait pas vraiment dit non, alors j'insistai.
Dirait-elle non ? Que ferais-je si elle refusait ?
« Mais un seul réservoir te suffira-t-il ? »
« Je ne vois pas en quoi ça te concerne. »
Ce n'était toujours pas un non. Et son cœur recommençait à s'emballer, sa respiration à s'accélérer.
« Le gaspillage des ressources naturelles devrait être l'affaire de tous. »
« Franchement, Edward ! Ton comportement m'échappe. Je croyais que tu ne désirais pas être mon ami. »
Un frisson de ravissement me prit quand elle prononça mon nom.
Comment pouvais-je répondre clairement à cela tout en restant honnête ? Bon, il était plus important que je sois honnête. Au moins en ce qui concerne ce sujet.
« J'ai dis que ce serait mieux que nous ne le soyons pas, pas que je n'en avais pas envie. »
« Ben tiens ! Voilà qui éclaire ma lanterne ! » Railla-t-elle.
Elle s'arrêta, sous l'auvent de la cantine, et rencontra mon regard à nouveau. Son cœur s'affola. Avait-elle peur ?
Je pris un grand soin à choisir mes mots. Non, je ne pouvais la quitter, mais peut-être serait-elle assez intelligente pour me quitter, elle, avant qu'il ne soit trop tard.
« Il serait plus...prudent pour toi de ne pas être mon amie. » Puis, en plongeant dans les profondeurs de chocolat fondu de ses yeux, je perdis ma désinvolture. Les mots que je prononçai en suite brûlèrent d'une trop grande ferveur. « Mais j'en ai assez d'essayer de t'éviter, Bella. »
Elle arrêta de respirer et, vu le temps qu'elle mit avant de recommencer, cela m'inquiéta. Combien l'avais-je effrayée ? Eh bien, j'allais avoir la réponse.
« Viendras-tu à Seattle avec moi ? » Demandais-je sans cérémonie.
Elle acquiesça, son cœur battant la chamade.
Oui. Elle m'avait dit oui. A moi !
Puis ma conscience refit surface. Combien cela allai-t-il lui coûter ?
« Tu devrais vraiment garder tes distances. » La prévins-je. M'avait-elle entendu ? Echappera-t-elle au futur qui la menaçait ? Pouvais-je faire quoi que ce soit pour la protéger de moi-même ?
Reste clair. M'ordonnai-je. « On se voit en cours. »
Je dû me concentrer pour m'empêcher de courir alors que je m'enfuyais.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 6 : Groupe Sanguin

Message par Ivy Dim 18 Oct 2009 - 21:42

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 6 : Groupe Sanguin


Je la suivis toute la journée à travers les yeux d'autres personnes, à peine conscient de mon propre entourage.
Pas par les yeux de Mike Newton, parce que je ne pouvais plus supporter le moindre de ses fantasmes blessants, ni par ceux de Jessica Stanley, parce que son ressentiment à l'encontre de Bella me faisait bouillir d'une colère qui n'était pas sans danger pour la prétentieuse jeune fille. Angela Weber était un bon choix quand ses yeux étaient disponibles; elle était gentille – son esprit était un endroit agréable. Et puis parfois c'était les professeurs qui offraient le meilleur point de vue.
J'étais surpris, la regardant trébucher tout au long de la journée – trébuché sur les différences de niveau du trottoir, des livres perdus, et, le plus souvent, sur ses propres pieds – que les gens que j'épiais pensaient que Bella était maladroite.
Je considérai cela. Il était vrai qu'elle avait souvent du mal à rester debout. Je me la rappelai le premier cours de biologie, quand elle s'était rattrapée sur le bureau; puis glissant sur le verglas avant l'accident, et trébuchant sur le pas de la porte hier... Comme c'était étrange, ils avaient raison. Elle était maladroite.
Je ne savais pas pourquoi je trouvai cela si drôle, que je ris haut et fort sur le chemin entre le cours d'histoire américaine et celui d'anglais et plusieurs personnes me lancèrent des coups d'œil méfiants. Comment avais-je pu passer à côté de cela? Peut-être parce qu'il y avait quelque chose de très gracieux en elle quand elle était immobile, la façon dont elle tenait sa tête, la courbe de son cou...
Il n'y avait rien de gracieux en elle à ce moment-là. M. Varner la regarda se prendre la botte dans le bord du tapis et littéralement s'effondrer sur sa chaise.
Je ris derechef.
Le temps passa au ralenti pendant que j'attendais ma chance de pouvoir la voir de mes propres yeux. Enfin, la sonnerie retentit. Je marchai rapidement à la cafétéria pour réserver ma place. Je fus l'un des premiers à y arriver. Je choisis une table qui était d'habitude vide, sûr qu'elle le resterai une fois que je m'y serai assis.
Quand ma famille entra et me vit assis seul à une nouvelle place, elle ne fut pas surprise. Alice avait dû les prévenir.
Rosalie passa furieusement à côté de moi, sans un regard.
Imbécile.
Rosalie et moi n'avions jamais eu une relation très facile – je l'avais offensée la première fois qu'elle m'avait entendu parler, et cela n'avait fait que se dégrader depuis – mais il me semblait qu'elle était de pire humeur encore que d'habitude ces derniers jours. Je soupirai. Rosalie ramenait tout à elle-même.
Jasper m'envoya un demi-sourire en passant.
Bonne chance, pensa-t-il sans vraiment y croire.
Emmett roula des yeux et secoua sa tête.
Il a perdu la tête, pauvre gosse.
Alice rayonnait positivement de joie, ses dents étincelant d'un éclat trop aveuglant.
Je peux parler à Bella maintenant??
« Ne t'en mêles pas, » dis-je tout bas.
Sa figure s'affaissa, puis s'éclaira de nouveau.
Bien. Fais ton têtu. Ce n'est qu'une question de temps.
Je soupirai derechef.
N'oublie pas pour le TP de sciences nat d'aujourd'hui, me rappela-t-elle.
Je hochai la tête. Non, je n'avais pas oublié cela.
En attendant qu'elle arrive, je suivis Bella au travers des yeux d'un garçon de première année qui marchait juste derrière Jessica sur le chemin de la cafétéria. Jessica babillait sur le bal à venir, mais Bella ne répondait rien. Non que Jessica lui en laissât l'occasion.
Au moment où Bella passa la porte, ses yeux se dirigèrent directement vers la table où se tenaient mes frères et sœurs. Elle les fixa un moment, puis son front se froissa et ses yeux glissèrent au sol. Elle ne m'avait pas remarqué ici.
Elle avait l'air si...triste. Je ressentis un besoin urgent et puissant de me lever pour aller à ses côtés, pour la réconforter d'une manière ou d'une autre, seulement je ne savais pas ce qu'elle trouverait réconfortant. Je n'avais aucune idée de ce qui la rendait si triste. Jessica continuait son monologue à propos du bal. Bella était-elle triste parce qu'elle allait le rater? Cela ne me semblait pas très probable...
Mais je pouvais y remédier, si elle le souhaitait.
Elle ne s'acheta rien d'autre qu'une boisson pour son déjeuner. Était-ce normal? N'avait-elle pas besoin de plus de nourriture que cela? Je n'avais jamais vraiment prêté attention au régime alimentaire des humains auparavant.
Les humains étaient si désespérément fragiles! Il y avait des millions de choses dont il fallait se soucier...
« Edward Cullen te mate une fois de plus, » entendis-je dire Jessica. « Je voudrais bien savoir pourquoi il s'est isolé, aujourd'hui. »
J'étais reconnaissant à Jessica – bien qu'elle éprouvât encore plus de ressentiment à présent – parce que la tête de Bella se releva d'un coup et que ses yeux cherchèrent les miens jusqu'à ce qu'ils les trouvent.
Il n'y avait plus aucune trace de tristesse sur son visage à présent. Je me laissai espérer qu'elle avait été triste en pensant que j'avais dû quitter l'école plus tôt, et cet espoir me fit sourire.
Je lui fis signe de l'index de me rejoindre. Elle eut l'air si surprise que cela me donna envie de la taquiner de nouveau.
Je la gratifiai d'une œillade, et on aurait dit que sa mâchoire se décrocha.
« C'est à toi qu'il s'adresse? » demanda Jessica de façon très impolie.
« Il a peut-être besoin d'un coup de main pour le devoir de sciences nat, » dit-elle d'une voix basse, incertaine. « Il vaut mieux que j'y aille. »
C'était un autre oui.
Elle trébucha deux fois sur le chemin de ma table, alors qu'il n'y avait sur son passage que du lino parfaitement plat. Sérieusement, comment avais-je pu passer côté de cela auparavant? J'avais été accaparé par ces pensées silencieuses, supposai-je...Qu'avais-je manqué d'autre?
Reste sincère, reste léger, me répétai-je.
Elle s'arrêta derrière la chaise qui me faisait face, hésitante. Je pris une grande inspiration, par le nez cette fois, plutôt que par la bouche.
Ressens la brûlure, pensai-je sèchement.
« Et si tu t'asseyais avec moi? » lui demandais-je.
Elle tira la chaise et s'assit, sans cesser de me regarder. Elle semblait nerveuse, mais son acceptation physique était encore un autre oui.
J'attendis qu'elle parle.
Cela pris un moment, mais, finalement, elle dit, « Quel revirement. »
« Disons que... » J'hésitai. « J'ai décidé, puisque je suis voué aux Enfers, de me damner avec application. »
Qu'est-ce qui m'avait fait dire ça? Je suppose que c'était sincère, au moins. Et peut-être entendrait-elle l'avertissement peu subtil que me mots sous-entendaient. Peut-être réaliserait-elle qu'elle devrait se lever et s'éloigner le plus vite possible...
Elle ne se leva pas. Elle me regarda intensément, attendant la suite comme si je n'avais pas fini ma phrase.
« Tu sais, je n'ai pas la moindre idée de ce que tu entends par là, » dit-elle puisque je ne continuais pas.
C'était un soulagement. Je souris.
« Ça ne m'étonne pas. »
C'était difficile d'ignorer les pensées qui hurlaient depuis derrière son dos – et je voulais changer de sujet de toute façon.
« Je crois que tes amis m'en veulent de t'avoir enlevée. »
Cela n'eut pas l'air de l'inquiéter. « Ils s'en remettront. »
« Sauf si je ne te relâche pas. » Je ne savais même pas si j'essayais d'être sincère à ce moment-là, ou si j'essayais juste de la taquiner de nouveau. Être près d'elle rendait mes propres pensées bien confuses.
Bella avala bruyamment sa salive.
Je ris en voyant son expression. « Ça a l'air de t'inquiéter. » Cela ne devrait vraiment pas être drôle... Elle devrait s'inquiéter.
« Non. » Elle ne savait pas mentir; sa voix se brisa, ce qui ne l'aida pas. « Ça m'étonne... pourquoi cette volte-face ? »
« Je te l'ai dit, » lui remémorai-je. « Je suis las de m'acharner à garder mes distances avec toi. J'abandonne. » Je me forçai difficilement à garder mon sourire en place. Cela ne fonctionnait pas du tout – essayer d'être sincère et désinvolte en même temps.
« Tu abandonnes ? » répéta-t-elle, perdue.
« Oui. Je renonce à être sage. » Et, apparemment je renonçait à essayer d'être désinvolte par la même occasion. « Désormais, je ne ferai que ce que je veux, et tant pis pour les conséquences. » C'était assez honnête. Lui montrer mon égoïsme. Le laisser l'avertir, lui aussi.
« Encore une fois, je ne te comprends pas. »
J'étais assez égoïste pour être content que ce soit le cas. “Je parle trop, en ta compagnie. C'est l'un des problèmes que tu me poses, d'ailleurs.”
Un problème plutôt insignifiant, comparé au reste.
« Ne te tracasse pas, » me rassura-t-elle. « Tout m'échappent. »
Bien. Dans ce cas elle resterait. « J'y compte bien.. »
« Alors, en bon anglais, ça signifie que nous sommes de nouveau amis ? »
Je songeai à cela pendant une seconde. « Amis... » Répétai-je. Je n'aimais pas cela. Ce n'était pas assez.
« Ou ennemis, » marmotta-t-elle, l'air embarrassé.
Pensait-elle que je ne l'aimais pas à ce point-là ?
Je souris. « Eh bien, on peut toujours essayer. Mais je te préviens d'ores et déjà que je ne suis pas l'ami qu'il te faut. »
J'attendis sa réponse, déchiré – espérant qu'elle entendrait enfin ma menace et comprendrait, tout en sachant que je risquais de mourir si c'était le cas. Quel mélodrame. J'étais en train de me transformer en un humain pure souche.
Son cœur accéléra. « Tu te répètes. »
« Oui. Parce que tu ne m'écoutes pas, » dis-je, de nouveau trop intense. « Je continue d'espérer que tu me croiras. Si tu est un tant soit peu intelligente, tu m'éviteras. »
Ah, mais l'autoriserai-je à s'éloigner de moi, si elle essayait ?
Ses yeux se rétrécirent. « Il me semble que tu m'as déjà signifié ce que tu pensais de mon intellect. »
Je n'étais pas exactement sûr de ce qu'elle voulait dire, mais je souris en guise d'excuse, devinant que j'avais dû l'offenser accidentellement.
« Alors, » dit-elle lentement. « Tant que je suis... idiote, on essaie d'être amis ? »
« Ça me paraît correct. »
Elle baissa les yeux, regardant intensément ses doigts crispés autour de sa bouteille de limonade.
L'ancienne curiosité me tourmentait.
« À quoi penses-tu ? » demandai-je – c'était un soulagement que de pouvoir enfin prononcer les mots à voix haute.
Elle rencontra mon regard, et sa respiration s'accéléra, ses joues se tintant de rose. Je pris une inspiration, le sentant dans l'air.
« Je m'efforçais de deviner qui tu es. »
Je maintins mon sourire, bloquant toutes mes expressions en place, pendant que la panique s'insinuait dans mon corps tout entier.
Bien sûr qu'elle se le demandait. Elle n'était pas stupide. Je ne pouvais pas espérer qu'elle soit inconsciente d'un fait si évident.
« Ça donne des résultats ? » m'enquis-je d'une voix aussi décontractée que possible.
« Pas vraiment, » admit-elle.
Je ris doucement tellement j'étais soulagé. « Tu as des théories? »
Elles ne pouvaient pas être pires que la réalité, quoi qu'elle ait pu inventer.
Elle piqua un fard, ses joues encore plus rouges, et ne répondit pas. Je sentis la chaleur de ses joues envahir l'atmosphère.
J'essayai d'utiliser mon ton le plus persuasif. D'habitude ça marchait plutôt bien sur les humains normaux.
« Tu ne veux rien dire ? » Je souris en encouragement.
Elle secoua la tête. « Trop embarrassant. »
Uh. Ne pas savoir, c'était pire que tout. Pourquoi ses conjectures l'embarrasseraient-elle ? Je ne supportais pas de ne pas savoir.
« C'est vraiment frustrant, tu sais. »
Ma complainte éveilla quelque chose en elle. Ses yeux lancèrent des éclairs et ses mots sortirent plus rapidement que d'habitude.
« Non, j'ignore complètement ce qu'il peut y avoir de frustrant dans le fait qu'une personne refuse d'avouer ce à quoi elle pense, alors qu'une autre personne passe son temps à lancer des remarques sibyllines spécifiquement destinées à flanquer des insomnies à la première en la forçant à chercher leur sens caché... voyons! En quoi cela serait-il frustrant ? »
Je fronçai les sourcils, bouleversé de remarquer qu'elle avait raison. J'étais injuste envers elle.
Elle continua. « Autre exemple, admettons que cette même personne ait commis tout un tas d'actes étranges, comme sauver la vie de la première dans des circonstances improbables un jour pour la traiter en paria le lendemain sans prendre jamais la peine de s'expliquer, bien qu'elle l'ait promis, ça non plus ne serait pas du tout frustrant. »
C'était le plus long discours qu'elle ait tenu devant moi, et il me donnait une nouvelle qualité à ajouter à ma liste.
« Tu as vraiment sale caractère, hein ? »
« Je n'apprécie guère qu'il y ait deux poids deux mesures. »
Elle avait toutes les raisons d'être irritée contre moi, bien sûr.
Je me perdis dans la contemplation de son visage, me demandant comment je pouvais possiblement faire quelque chose de bien pour elle, jusqu'à ce que le hurlement silencieux dans la tête de Mike Newton me tire de ma rêverie.
Il était si furieux que cela me fit rire tout bas.
« Quoi? » demanda-t-elle.
« Ton petit copain à l'air de penser que je suis désagréable avec toi. Il se demande s'il doit venir séparer les duellistes. » J'adorerais le voir essayer. Je ris derechef.
« Bien que j'ignore de qui tu parles, » commença-t-elle d'une voix glaciale, « je suis certaine que tu te trompes. »
J'appréciai énormément la façon dont elle le renia dédaigneusement.
« Oh que non! Je te l'ai déjà dit, la plupart des gens sont faciles à déchiffrer. »
« Sauf moi. »
« En effet. » Devait-elle être l'exception à tout ? Cela n'aurait-il pas été plus juste – si l'on considérait tout ce à quoi je devais déjà faire face – si j'avais pu entendre ne serait-ce qu'une petite pensée ? Cela était-il trop demander? « Je voudrais bien savoir pourquoi... »
Je plongeai dans ses yeux, essayant encore une fois...
Elle détourna son regard. Elle ouvrit sa bouteille de limonade et prit une courte gorgée, ses yeux sur la table.
« Tu ne manges pas ? » lançai-je.
« Non. » Elle regarda la table vide entre nous. « Et toi? »
« Je n'ai pas faim, » dis-je. Définitivement pas.
Elle fixa la table du regard, pinçant ses lèvres. J'attendis.
« Tu me rendrais service ? » demanda-t-elle, relevant soudainement ses yeux.
Que pouvait-elle vouloir de moi ? Me demanderait-elle la vérité que je n'étais pas autorisé à lui dire – la vérité que je ne voulais qu'elle sache pour rien au monde ?
« Ça dépend. »
« Ce n'est pas grand-chose, » promit-elle.
J'attendis, de nouveau curieux.
« C'est seulement que... » Commença-t-elle doucement, fixant sa bouteille de limonade, traçant le bord de l'ouverture avec son petit doigt. « Pourrais-tu me prévenir à l'avance la prochaine fois que tu décideras de m'ignorer pour mon bien ? Histoire que je me prépare. »
Elle voulait un avertissement? Cela voulait dire qu'être ignorée par moi était une mauvaise chose...Je souris.
« C'est une requête qui me paraît fondée, » acceptai-je.
« Merci, » dit-elle, levant les yeux. Ses traits étaient si soulagés que j'avais envie de rire de mon propre soulagement.
« A mon tour d'obtenir une faveur. » demandai-je avec espoir.
« Juste une, alors, » autorisa-t-elle.
« Confies-moi une de tes théorie. »
Elle rougit. « Pas ça. »
« Trop tard! Tiens parole. »
« C'est toi qui as tendance à trahir la tienne, » répondit-elle aussi sec.
Elle m'avait eu.
« Allez, rien qu'une. Je te promets de ne pas me moquer. »
« Je suis persuadée du contraire. » Elle semblait très sûre d'elle, bien que je ne puisse rien concevoir d'amusant dans un sujet pareil.
J'essayai de nouveau la persuasion. Je plongeai mon regard dans ses yeux – chose facile à faire, avec des yeux si profonds – et soufflai, « Je t'en prie. »
Elle cilla, et sa figure devint vide.
Eh bien, ce n'était pas vraiment la réaction à laquelle je m'attendais.
« Euh... pardon ? » demanda-t-elle. Elle avait l'air d'avoir le vertige. Qu'est-ce qui n'allait pas ?
Mais je n'allais pas abandonner si vite.
« S'il te plaît, une de tes théories, » implorai-je de ma voix douce, celle qui ne faisait pas peur, ne relâchant pas ses yeux.
À ma grande surprise – et pour mon plus grand plaisir – cela marcha enfin.
« Eh bien, disons... mordu par une araignée radioactive ? »
Des bandes dessinées? Pas étonnant qu'elle pensât que j'allais rire.
« Pas très original, » la réprimandai-je, essayant de cacher mon soulagement tout neuf.
« Désolée, je n'ai que ça en réserve, » dit-elle, vexée.
Cela me soulagea encore plus. Je fus de nouveau en état de la taquiner.
« En tout cas, tu es à des kilomètres de la vérité. »
« Pas d'araignée ? »
« Non. »
« Ni de radioactivité? »
« Non plus. »
« Flûte, » soupira-t-elle.
« Et je suis insensible à la kryptonite, » ajoutai-je rapidement – avant qu'elle ne puisse parler de morsures – et puis je dus rire, parce qu'elle pensait que j'étais un super héros.
« Tu n'es pas censé rire. »
Je tâchai de recouvrer mon sérieux.
« Je finirai par deviner, » promit-elle.
Et quand elle aurait trouvé, elle s'enfuirait.
« Je préférerais que tu n'essaies pas, »dis-je, plus aucune trace de plaisanterie dans ma voix.
« Pourquoi ? »
Je lui devais d'être honnête. Mais tout de même, j'essayai de sourire, pour que mes mots ne soient pas trop menaçants. « Et si je n'étais pas un super héros, mais juste un méchant ? »
Ses yeux s'élargirent perceptiblement et ses lèvres s'écartèrent légèrement. « Oh, » dit-elle. Et puis, après une autre seconde, « J'y suis ! »
Elle avait enfin entendu mes avertissements.
« Vraiment ? » demandai-je, essayant tant bien que mal de dissimuler mon agonie.
« Tu es dangereux... » Devina-t-elle. Sa respiration s'accéléra, tout comme les battements de son cœur.
Je n'arrivai pas à lui répondre. Cela serait-il mon dernier moment en sa compagnie? Allait-elle s'enfuir maintenant? Serais-je autorisé à lui dire que je l'aimais avant qu'elle parte? Ou cela lui ferait-il encore plus peur?
« Mais pas méchant, » chuchota-t-elle, secouant la tête, aucune trace de peur dans ses yeux. « Non, je ne crois pas que tu sois méchant. »
« Tu te trompes, » soufflai-je.
Bien sûr que j'étais méchant. N'étais-je pas en train de me réjouir, qu'elle pense plus de bien de moi que je ne le méritais? Si j'avais été une bonne personne, je me serais tenu à distance.
Je tendis la main à travers la table, attrapant le bouchon de sa bouteille de limonade, m'en servant comme excuse. Elle ne s'éloigna pas de ma main soudainement si proche. Elle n'avait réellement pas peur de moi. Pas encore.
Je fis rouler le bouchon entre mes mains, le regardant plutôt qu'elle. Mes pensées étaient prises dans un tourbillon.
Cours, Bella, cours. Je n'arrivai pas à dire ces mots tout hauts.
Elle sauta sur ses pieds. « On va être en retard, » dit-elle, juste au moment où je commençais à m'inquiéter qu'elle ait entendu d'une façon ou d'une autre mon avertissement silencieux.
« Je ne vais pas en sciences nat, aujourd'hui. »
« Pourquoi ? »
Parce que je ne veux pas te tuer. « Un peu d'école buissonnière de temps en temps est bon pour la santé. »
Pour être plus précis, c'était bon pour la santé des humains si les vampires séchaient les cours les jours où du sang humain allait être versé. M. Banner prévoyait d'établir les groupes sanguins aujourd'hui. Alice avait déjà séché son cours ce matin.
« Et bien moi, j'y vais, » dit-elle. Cela ne me surprit pas. Elle était responsable – elle faisait toujours la bonne chose.
Elle était ma négation.
« À plus, alors, » dis-je, m'essayant de nouveau à la désinvolture, baissant les yeux vers le bouchon tourbillonnant entre mes doigts. Et, au passage, je t'adore... d'une façon effrayante et dangereuse.
Elle hésita, et j'espérai un moment qu'elle resterait avec moi finalement. Mais la sonnerie retentit et elle se dépêcha de sortir.
J'attendis qu'elle soit partie, puis mis le bouchon dans ma poche – un souvenir de cette conversation si importante – et rejoignis ma voiture sous un rideau de pluie.
Je mis mon CD “calmant” préféré – le même que celui que j'avais écouté ce premier jour – mais je n'écoutai pas Debussy pendant très longtemps. D'autres notes résonnaient dans ma tête, le début d'un air qui me plaisait et m'intriguait. Je baissai le volume du lecteur CD et écoutai la musique dans ma tête, jouant avec cette esquisse de mélodie jusqu'à ce qu'elle commence à évoluer en une harmonie plus complète. Instinctivement, mes doigts se déplacèrent en l'air sur des touches de piano imaginaires.
La nouvelle composition commençait à vraiment prendre tournure quand mon attention fut attirée par une vague d'angoisse mentale.
Je me tournai instinctivement vers l'âme en détresse.
Et si elle s'évanouit ? Qu'est-ce que je fais ? Paniqua Mike.
Une centaine de mètres plus loin, Mike Newton était en train de déposer le corps affaissé de Bella sur le trottoir. Elle s'effondra sans réagir sur le béton mouillé, ses yeux fermés, sa peau aussi pâle que celle d'un cadavre.
Je faillis arracher la portière de la voiture.
« Bella? » hurlai-je.
Il n'y eut aucun changement dans son expression sans vie quand je criai son nom.
Mon corps tout entier devint plus froid que de la glace.
Je fus conscient de la surprise exaspérée de Mike alors que je passais furieusement ses pensées au crible. Il ne pensait qu'à sa colère envers moi, je ne pus donc pas savoir ce qui n'allait pas pour Bella. S’il avait fait le moindre geste pour la blesser, je l'anéantirai.
« Que se passe-t-il ? Elle est blessée? » Demandai-je, essayant de concentrer ses pensées sur le sujet. Ça me rendait fou de devoir marcher à l'allure humaine. Je n'aurais pas dû attirer l'attention sur mon approche.
Et enfin je pus entendre les battements de son cœur et sa respiration régulière. Cela calma en partie ma panique.
Je vis un éclair de souvenir dans les pensées de Mike, une série d'images floues de la salle de sciences nat. La tête de Bella sur notre paillasse, sa peau pâle devenant verte. Des tâches rouges sur les lames blanches...
Groupes sanguins.
Je m'arrêtai où j'étais, retenant ma respiration. Son odeur était une chose, son sang jaillissant en était une autre.
« Je crois qu'elle a perdu connaissance, » bégaya Mike, éprouvant en même temps du ressentiment à mon égard et de l'angoisse pour Bella. « Je ne sais pas pourquoi, elle n'a même pas eu le temps de se piquer le doigt. »
Le soulagement m'envahit, et je respirai à nouveau, goûtant l'air. Ah, je pouvais sentir le sang coulant de la minuscule piqûre de Mike Newton. Autrefois, j'aurai peut-être trouvé ça appétissant.
Je m'agenouillai à côté d'elle pendant que Mike rôdait autour de moi, furieux de mon intervention et ne voulant pas céder la place.
« Bella, tu m'entends? »
« Non, » gémit-elle. « Fiche le camp. »
Le soulagement était si exquis que je ris. Elle allait bien.
« Je l'emmenais à l'infirmerie, » se justifia Mike, « mais elle n'a pas réussi à aller plus loin. »
« Je m'en occupe. Toi, retourne en cours, » lui dis-je dédaigneusement.
Mike serra les dents. « Non ! On me l'a confiée. »
Je n'allai pas rester là à me disputer avec le malheureux.
Ravi et terrifié, à moitié reconnaissant et à moitié contrarié par la situation difficile qui m'obligeait nécessairement à la toucher, je soulevai avec douceur Bella de l'allée et la tint dans mes bras, ne touchant que ses vêtements, et laissant la distance la plus grande possible entre nos deux corps. J'avançai dans le même mouvement, pressé qu'elle soit saine et sauve – en d'autres mots, plus loin de moi.
Ses yeux s'écarquillèrent, tout étonnés.
« Lâche-moi, » ordonna-t-elle d'une voix faible – de nouveau embarrassée, devinai-je par son expression. Elle n'aimait pas montrer ses faiblesses.
J'entendis à peine le cri réprobateur de Mike derrière nous.
« Tu as une mine affreuse, » lui dis-je, souriant parce qu'elle n'avait qu'un simple tournis et un estomac barbouillé.
« Repose-moi par terre, » grogna-t-elle. Ses lèvres étaient blanches.
« Alors, comme ça, tu t'évanouis à la vue du sang ? » Cela ne pouvait pas être plus ironique!
Elle ferma les yeux et pressa ses lèvres l'une contre l'autre.
« Et il ne s'agit même pas du tien, » ajoutai-je, mon sourire s'élargissant.
Nous étions arrivés à l'accueil. La porte était entrouverte, et je lui donnai un coup pour qu'elle s'ouvre sur mon passage.
Mme Cope sursauta. « Oh, mon Dieu, » s'écria-t-elle en examinant la fille au teint cendré dans mes bras.
« Elle est tombée dans les pommes pendant le cours de biologie, » expliquai-je avant que son imagination ne s'emballe.
Mme Cope se dépêcha d'aller ouvrir la porte de l'infirmerie. Les yeux de Bella s'étaient rouverts, la regardant. J'entendis l'étonnement interne de la vieille infirmière au moment où j'étendais précautionneusement la jeune fille sur l'unique lit miteux. Dès que j'eus déposé Bella, je mis la plus grande distance possible entre nous. Mon corps était trop excité, trop impatient, mes muscles tendus et le venin coulant à flot ans ma bouche. Elle était si chaude et parfumée.
« Rien qu'une petite perte de connaissance, » rassurai-je Mme Hammond. « On pratiquait un test sanguin en sciences nat. »
Elle acquiesça, comprenant à présent. « Ça ne rate jamais. »
J'étouffai un rire. Faites confiance à Bella pour faire partie de ceux que ça ne ratait pas.
« Reste allongée un moment, petite, » dit Mme Hammond. « Ça va passer. »
« Je sais, » dit Bella.
« Ça t'arrive souvent ? » s'enquit l'infirmière.
« Parfois, » admit Bella.
J'essayai de cacher mon nouvel accès d'hilarité en le faisant passer pour de la toux.
Cela attira l'attention de l'infirmière sur moi. « Tu peux retourner en cours, » m'informa-t-elle.
Je la regardai droit dans les yeux et lui mentit avec une assurance sans faille. « Je suis censé rester avec elle. »
Hmm. Je me demande... oh et puis bon. Mme Hammond hocha la tête.
Cela marchait très bien avec elle. Pourquoi Bella devait-elle être si difficile?
« Je vais chercher un peu de glace pour ton front, petite, » dit l'infirmière, légèrement mal à l'aise après m'avoir regardé droit dans les yeux – comme tout humain devrait l'être – et fila hors de la pièce.
« Tu avais raison, » gémit Bella, fermant les yeux.
Que voulait-elle dire? Je sautai à la pire conclusion: elle avait accepté mes avertissements.
« C'est souvent le cas, » dis-je, essayant de garder un ton amusé. Mais ma voix était amère quand je continuai: « À propos de quoi, cette fois ? »
« Sécher est bon pour la santé, » soupira-t-elle.
Ah, de nouveau le soulagement.
Ensuite, elle fut silencieuse. Elle respirait juste doucement, inspirant puis expirant régulièrement. Ses lèvres redevenaient roses petit à petit. Sa bouche ne se compensait pas parfaitement, sa lèvre inférieure juste un peu trop pleine pour contrebalancer la supérieure. Cela me faisait bizarre de fixer sa bouche. Cela me donnait envie de me rapprocher d'elle, ce qui n'était en aucun cas une bonne idée.
« Tu m'as flanqué une sacrée frousse, » dis-je – redémarrant la conversation, pour pouvoir entendre de nouveau sa voix. « J'ai cru que Newton s'apprêtait à enterrer ta dépouille dans la forêt. »
« Ha ha, » dit-elle.
« Franchement, j'ai vu des cadavres qui avaient meilleure mine. » C'était la vérité. « J'ai craint un instant de devoir venger ton assassinat. » Et je l'aurai fait.
« Pauvre Mike, » soupira-t-elle. « Je parie qu'il est furax. »
La fureur m'envahit le temps d'un éclair, mais je la maîtrisai rapidement. Son inquiétude n'était sûrement que de la pitié. Elle était gentille. C'était tout.
« Il me déteste, » lui révélai-je, réjoui de cette idée.
« Tu n'en sais rien.. »
« J'en suis sûr, je l'ai lu sur son visage. » C'était probablement vrai que lire son expression m'aurait donné assez d'indices pour en déduire ce fait en particulier. À force de m'exercer avec Bella, mon habileté à lire les expressions humaines grandissait.
« Comment se fait-il que tu nous aies aperçus ? Je croyais que tu avais quitté le lycée... » Elle avait meilleure mine – la teinte verte avait disparu de sa peau translucide.
« J'écoutais un CD dans ma voiture. »
Elle tiqua, comme si ma réponse très ordinaire l'avait surprise d'une manière ou d'une autre.
Elle rouvrit ses yeux quand Mme Hammond revint avec une compresse froide.
« Tiens, » dit l'infirmière en l'étalant sur le front de Bella. « Tu as repris des couleurs. »
« Je crois que ça va, » dit Bella, et elle s'assit en posant la compresse de côté. Bien sûr. Elle n'aimait pas que l'on s'occupe d'elle.
Les mains ridées de Mme Hammond papillonnèrent autour de la jeune fille, comme si elle allait la repousser sur le lit, mais à ce moment-là Mme Cope entrouvrit la porte du secrétariat et passa sa tête dans l'ouverture. Avec elle apparut une nouvelle odeur de sang frais, juste un souffle.
Invisible derrière elle, Mike Newton était toujours furieux, souhaitant que le garçon volumineux qu'il soutenait à présent fusse la fille qui était ici avec moi.
« Nous en avons un deuxième, » annonça Mme Cope.
Bella sauta rapidement du lit de camp, pressée d'être hors de la lumière des projecteurs.
« Tenez, » dit-elle, tendant la compresse à Mme Hammond. « Je n'en ai pas besoin. »
Mike grogna en poussant à moitié Lee Stephens à travers l'ouverture de la porte. Du sang dégoulinait encore de la main que Lee tenait à sa figure jaunâtre, un filet coulant lentement jusqu'à son poignet.
« Flûte. » Cela sonnait la retraite – pour moi comme pour Bella, semblait-il. « Va dans le bureau, Bella. »
Elle me dévisagea avec de grands yeux.
« Fais-moi confiance et file. »
Elle se retourna et passa la porte avant qu'elle ne se soit refermée, traversant le secrétariat à grands pas. Je la suivis à quelques centimètres. Ses cheveux volants effleurèrent ma main...
Elle se retourna pour me regarder, les yeux toujours écarquillés.
« Tu m'as obéi, pour une fois. » C'était une première.
Elle fronça son petit nez. « J'ai détecté l'odeur du sang. »
Je la fixai, blanc de surprise. « Pour la plupart des gens, le sang n'a pas d'odeur. »
« Pour moi si. Un mélange de rouille...et de sel. Qui me rend malade. »
Ma figure se pétrifia, la fixant toujours.
Était-elle vraiment humaine? Elle avait l'air d'une humaine. Elle était douce et chaude. Elle sentait l'humaine – même bien meilleur que cela. Elle agissait comme les humains...en quelque sorte. Mais elle ne pensait pas comme un humain, ou ne répondait pas comme l'un d'eux.
Mais que pouvait-elle être d'autre, après tout?
« Quoi? » demanda-t-elle.
« Rien. »
Mike Newton nous interrompit à cet instant, surgissant dans la salle avec des pensées colériques et violentes.
« Tu as l'air d'aller beaucoup mieux, dis donc, » lui dit-il impoliment.
Ma main se contracta nerveusement, voulant lui inculquer les bonnes manières. J'allais devoir me surveiller, où j'allais réellement me retrouver en train de tuer cet odieux garçon.
« Contente-toi de grader tes mains dans tes poches, » dit-elle. Pendant une folle seconde, je pensai qu'elle s'adressait à moi.
« Le test est fini, » répondit-il d'un air maussade. « Tu reviens en cours? »
« Tu plaisantes? Je me retrouverai aussi sec ici. »
C'était une très bonne chose. Je croyais que j'allais perdre toute cette heure avec elle, mais à la place je gagnais des heures supplémentaires. Je me sentais gourmand, un avare comptant chaque minute.
« Mouais... » Marmotta Mike. « Au fait, tu es partante, pour ce week-end ? La balade à la plage ? »
Ah, ils avaient des plans. La colère me pétrifia. Cependant, c'était un voyage de groupe. J'en avais entendu parler dans les pensées d'autres élèves. Ils n'étaient pas seuls. J'étais tout de même furieux. Je m'appuyai sans bouger contre le comptoir, essayant de me contrôler.
« Bien sûr, » lui promit-elle. « C'était entendu, non ? »
Elle lui avait donc dit oui, à lui aussi. La jalousie me rongeait, brûlante, plus douloureuse que la soif.
Non, ce n'était qu'une sortie de groupe, essayai-je de me convaincre. Elle allait juste passer la journée avec des amis. Rien de plus.
« Rendez-vous au magasin de mon père, alors. À dix heures. » Et Cullen n'est PAS invité.
« J'y serai, » dit-elle.
« On se voit en gym. »
« C'est ça, » répondit-elle.
Il sortit en traînant des pieds, ses pensées pleines de colère. Qu'est-ce qu'elle peut bien trouver à ce monstre ? Évidemment, il est riche, j'imagine. Les filles pensent qu'il est sexy, mais je ne trouve pas du tout. Ils sont trop... trop parfaits. Je suis sûr que leur père fait des expériences de chirurgie esthétique sur eux. C'est pour ça qu'ils sont tous si blancs et beaux. Ce n’est pas naturel. Et en plus, il... fait peur. Des fois, quand il me regarde, je jurerai qu'il est en train de penser à me tuer... Monstre...
Mike était plutôt perspicace, parfois.
« Ah, la gym ! » répéta Bella doucement. Un grognement.
Je la regardai, et vis qu'elle était de nouveau triste à propos de quelque chose. Je n'étais pas sûr de la raison, mais il était clair qu'elle ne voulait pas aller en gym avec Mike, et j'étais complètement d'accord avec ce plan.
Je fus à ses côtés en un instant et me penchai vers son visage, plus proche que jamais. Je n'osai pas respirer.
« Je peux arranger ça, » murmurai-je. « Va t'asseoir et tâche d'avoir l'air malade. »
Elle fit ce que je lui suggérais, s'affalant dans une de chaises pliantes et appuyant sa tête contre le mur, pendant que, derrière moi, Mme Cope revenait de la pièce de derrière et s'asseyait à son bureau. Les yeux fermés, Bella avait l'air de s'être évanouie de nouveau. Ses couleurs n'étaient pas encore toutes revenues.
Je me retournai vers la secrétaire. Avec un peu de chance, Bella entendrait ça, pensai-je sardoniquement. C'était ainsi qu'un humain était censé répondre.
« Mme Cope ? » demandai-je, utilisant de nouveau ma voix persuasive.
Ses cils battirent, et son cœur s'accéléra. Trop jeune, concentre-toi ! « Oui ? »
Voilà qui était intéressant. Quand le pouls de Shelly Cope s'accélérait, c'était parce qu'elle me trouvait physiquement attirant, pas parce je lui faisais peur. J'en avais l'habitude autour des humaines... mais je n'y avais pas pensé quand j'avais tenté d'expliquer le cœur de Bella battant la chamade.
J'aimai cela. Beaucoup trop, d'ailleurs. Je souris, et la respiration de Mme Cope s'accentua.
« Bella a cours de gym, après, et je ne pense pas qu'elle soit assez bien. En fait, je me demande si je ne devrais pas la ramener chez elle. Vous croyez que vous pourriez lui épargner cette épreuve? » Je plongeai mes yeux dans ses yeux superficiels, appréciant les ravages que je provoquais dans le processus de ses pensées. Était-ce possible que Bella...?
Mme Cope dût avaler bruyamment sa salive avant de répondre. « Et toi, Edward, tu as aussi besoin d'un mot d'excuse? »
« Non, j'ai Mme Goff, elle comprendra. »
Je ne lui prêtais plus vraiment attention. J'explorais mes nouvelles possibilités.
Hmm. J'aurai aimé croire que Bella me trouvait attirant comme le faisaient d'autres humains, mais Bella n'avait jamais les mêmes réactions que ses pairs. Je ne devrais pas me faire de faux espoirs.
« Bon. C'est d'accord. Tu te sens mieux, Bella ? »
Bella acquiesça faiblement – exagérant son rôle un peu trop.
« Tu es en état de marcher ou il faut que je te porte ? » m'enquis-je, amusé par ses pauvres talents d'actrice. Je savais qu'elle allait vouloir marcher – elle ne voudrait pas paraître faible.
« Je me débrouillerai. »
Bien deviné. Je commençais à être bon.
Elle se leva, hésitant un moment comme pour vérifier qu'elle tenait debout. Je lui tins la porte, et nous sortîmes sous la pluie.
Je la regardai lever la tête vers la pluie, les yeux fermés, un sourire léger sur les lèvres. À quoi pensait-elle? Quelque chose dans cette action semblait décalé, et je réalisai rapidement pourquoi cette posture me paraissait étrange et peu familière. La plupart des filles ne présentaient pas ainsi leurs visages à la bruine; la plupart des filles portaient du maquillage, même ici, dans cet endroit plus qu'humide.
Bella ne se maquillait jamais, et ça lui allait bien. L'industrie des cosmétiques se faisait des milliards chaque année sur le dos de femmes qui rêvaient avoir une peau comme la sienne.
« Ça vaudrait presque le coup d'être malade, ne serait-ce que pour manquer la gym. Merci, » me dit-elle en souriant.
Mon regard se perdit au loin, cherchant un moyen de prolonger ce moment avec elle. « De rien, » lui répondis-je.
« Tu viendras ? Samedi ? » Elle semblait pleine d'espoir.
Ah, son espoir était réconfortant. Elle me voulait à ses côtés, pas Mike Newton. Et j'avais envie de dire oui. Mais il y avait d'autres paramètres à prendre en compte. D'un, le soleil brillerait samedi...
« Où allez-vous, exactement ? » J'essayai de rester nonchalant, comme si cela n'avait pas grande importance. Mais Mike avait dit plage. Peu de possibilités pour éviter les rayons du soleil.
« À La Push. First Beach, pour être exacte. »
Mince. Impossible, dans ce cas.
De toute façon, Emmett serait irrité si j'annulai nos plans.
Je lui jetai un coup d'œil, souriant ironiquement. « Je ne crois pas avoir été invité. »
Elle soupira, déjà résignée. « Qu'est-ce que je suis en train de faire ? »
« Soyons sympa avec ce pauvre Mike, toi et moi. Ne le provoquons pas plus que nécessaire. Nous ne voudrions pas qu'il morde. » Je pensais à mordre moi-même ce pauvre Mike, et l'image mentale me procura une réelle satisfaction.
« Maudit Mike, » dit-elle, de nouveau dédaigneusement. Je souris de toutes mes dents.
Et là elle commença à s'éloigner de moi.
Sans penser aux conséquences de mes actes, je l'attrapai par le dos de son coupe-vent. Cela l'obligea à s'arrêter sur le coup.
« Où crois-tu aller, comme ça ? » J'étais presque en colère qu'elle me quitte. Je n'avais pas eu assez de temps avec elle. Elle ne pouvait pas partir, pas encore.
« Ben... à la maison, » dit-elle, stupéfaite quant à la raison de ma colère.
« J'ai promis de te ramener saine et sauve chez toi. Tu t'imagines que je vais te laisser conduire dans cet état ? » Je savais qu'elle n'allait pas aimer mon insinuation – celle de sa faiblesse. Mais de toute façon, j'avais besoin d'entraînement pour le voyage à Seattle. Il fallait que je voie si je pouvais supporter sa proximité dans un endroit restreint et fermé. Ce voyage était bien plus court.
« Quel état ? » demanda-t-elle. « Et ma voiture ? »
« Alice te la déposera après les cours. » Je la remorquai précautionneusement vers ma voiture, maintenant que je savais que marcher vers l'avant présentait des difficultés pour elle.
« Lâche-moi ! » cria-t-elle, se débattant et manquant de tomber à la renverse. Je tendis une main pour la rattraper, mais elle se redressa sans mon aide. Je ne devrais pas chercher sans arrêt des excuses pour la toucher. Cela me fit penser à la réaction de Mme Cope, mais je rangeai cela dans un coin de mon esprit, le gardant pour plus tard. Il y avait trop de choses à considérer sur ce sujet.
Je la laissai aller à côté de la voiture, et elle s'affala contre la portière passager. Je devrais être plus prudent, prendre en compte son manque d'équilibre...
« Quelle délicatesse ! »
« C'est ouvert. »
J'entrai du côté conducteur et mis le moteur en marche. Elle se tenait rigide, toujours dehors, bien que la pluie ait redoublé d'intensité – et je savais qu'elle n'aimait pas ce qui était froid et humide. L'eau trempait ses cheveux épais, les fonçant jusqu'à ce qu'ils deviennent quasiment noirs.
« Je suis tout à fait capable de rentrer chez moi toute seule ! »
Bien sûr qu'elle l'était – mais moi je n'étais pas capable de la laisser partir.
Je baissai la fenêtre automatique et me penchai vers elle. « Monte, Bella. »
Ses yeux devinrent deux fentes étroites, et je devinai qu'elle hésitait à essayer de s'enfuir.
« Je te jure que je te traînerai là-bas par la tignasse s'il le faut, » promis-je, m'amusant du dépit que je lus sur son visage quand elle réalisa que je ne plaisantais pas.
Conservant autant de dignité que possible, elle ouvrit la portière et grimpa à l'intérieur. ,,,,,,,,,,Ses cheveux dégoulinèrent sur le cuir et ses bottes couinèrent l'une contre l'autre.
« Tout cela est inutile, » dit-elle froidement. Sous son dépit, elle semblait embarrassée.
Sans lui répondre, j'augmentai le chauffage pour qu'elle ne se sente pas inconfortable, et baissai le volume de la musique pour qu'elle ne soit plus qu'un fond sonore agréable. Je sortis du parking, la regardant du coin de l'œil. Sa lèvre intérieure décrivait une moue boudeuse. Je la fixai avec ravissement, examinant les sentiments que cela m'inspirait... et pensai de nouveau à la réaction de la secrétaire...
Tout d'un coup, son regard se posa sur le lecteur CD et elle sourit, ses yeux s'écarquillant. « Clair de Lune? » s'étonna-t-elle.
Une fan des classiques ? « Tu connais Debussy? »
« Pas bien, » répondit-elle. « Ma mère est une fan de classique. Je ne reconnais que mes morceaux préférés. »
« C'est également l'un de mes favoris. » Je contemplai la pluie, considérant cela. J'avais effectivement un point commun avec la fille. Moi qui commençais à penser que tout nous opposait.
Elle semblait plus à l'aise à présent, contemplant la pluie comme moi, les yeux perdus dans le vague. Je profitai de sa distraction momentanée pour essayer de respirer.
Je pris très prudemment une inspiration par le nez.
Puissant.
Je m'agrippai au volant. Elle sentait tellement bon sous la pluie. Je n'aurais pas cru cela possible, mais elle sentait encore meilleur que d'habitude. De façon stupide, je me retrouvai en train d'imaginer le goût qu'aurait son sang.
J'essayai d'avaler, pour contrer la soif qui brûlait littéralement ma gorge, et me concentrai sur quelque chose d'autre.
« De quoi ta mère à l'air? » demandai-je en guise de distraction.
Bella sourit. « Elle me ressemble beaucoup, en plus jolie. »
J'en doutais.
« Je tiens pas mal de Charlie, » continua-t-elle. « Elle est plus extravertie, plus courageuse que moi. »
Je doutais de cela également.
« Irresponsable, un peu excentrique. Et sa cuisine est imprévisible. Je l'adore. » Sa voix était devenue mélancolique; son front se plissa.
Encore une fois, elle ressemblait plus au parent qu'à l'enfant.
Je m'arrêtai devant sa maison, me demandant un peu tard si j'étais censé savoir où elle habitait. Non, cela ne semblerait pas étrange dans une ville si petite, son père étant une figure publique...
« Quel âge as-tu, Bella? » Elle devait être plus âgée que ses pairs. Peut-être avait-elle commencé l'école plus tard, ou été retenue... c'était peu probable, cependant.
« Dix-sept ans, » répondit-elle.
« Tu fais plus. »
Elle rit.
« Qu'est-ce qu'il y a de drôle? »
« Ma mère passe son temps à répéter que j'avais trente-cinq ans à ma naissance et que je suis un peu plus dans la force de l'âge chaque année. » Elle rit de nouveau, puis soupira. « Il faut bien que quelqu'un soit adulte. »
Cela clarifiait les choses pour moi. Je comprenais à présent...comment une mère irresponsable expliquait la maturité de Bella. Elle avait dû grandir tôt, pour prendre la place de celle qui s'occupait de tout. Voilà pourquoi elle n'aimait pas que l'on s'occupe d'elle – elle avait le sentiment que c'était son travail.
« Toi non plus, tu n'as pas beaucoup l'allure d'un lycéen, » dit-elle, me tirant de ma rêverie.
Je grimaçai. Pour chaque chose que je percevais chez elle, elle en percevait autant en retour. Je changeai de sujet.
« Pourquoi ta mère a-t-elle épousé Phil? »
Elle hésita une minute avant de répondre. « Elle...elle n'est pas très mûre pour son âge. Je pense que Phil lui donne l'impression d'être plus jeune. Et puis, elle est folle de lui. » Elle secoua la tête avec indulgence.
« Tu approuves? » me demandai-je.
« Quelle importance? Je veux qu'elle soit heureuse...et il est ce dont elle a envie. »
Le désintérêt total de sa remarque m'aurait choqué si ce trait de caractère n'avait pas sa place dans le portrait que j'avais esquissé d'elle.
« C'est très généreux... Je me demande... »
« Oui? »
« Pousserait-elle la courtoisie à te rendre la pareille? Quel que soit le garçon que tu choisisses? »
C'était une question idiote, et mon ton n'était plus décontracté quand je la posai. Comme c'était stupide de seulement considérer que quelqu'un puisse m'approuver pour sa fille. Comme c'était stupide de seulement penser que Bella ma choisirait.
« Je...je crois, » balbutia-t-elle, sensible à mon regard. Peur... ou attirance?
« Mais c'est elle la mère, après tout. C'est un peu différent, » finit-elle.
Je souris ironiquement. « Alors, pas un type trop effrayant, j'imagine. »
Elle me sourit à son tour. « Qu'entends-tu par là? Des piercings sur toute la figure et une collection de tatouages? »
« C'est une des définitions possibles du mot. » Une définition très peu dangereuse, si on me demandait on avis.
« Quelle est la tienne? »
Elle posait toujours les mauvaises questions. Ou exactement les bonnes, peut-être. En tout cas, celles auxquelles je ne voulais pas répondre.
« Penses-tu que je pourrais passer pour effrayant? » lui demandai-je, essayant de sourire un peu.
Elle médita cela un instant avant de répondre d'une voix sérieuse. « Euh...oui. Si tu le voulais. »
J'étais tout aussi sérieux. « As-tu peur de moi, là, maintenant? »
Elle répondit aussitôt, ne réfléchissant pas pour celle-là. « Non. »
Je souris plus facilement. Je ne pensais pas qu'elle dise complètement la vérité, mais elle ne mentait pas complètement non plus. Au moins, elle n'était pas assez effrayée pour vouloir partir. Je me demandai ce qu'elle ressentirait si je lui disais qu'elle était en train de discuter avec un vampire. J'eus un mouvement de recul interne en pensant à la réaction qu'elle ne manquerait pas d'avoir.
« Et toi, vas-tu me parler de ta famille? Elle doit être beaucoup plus intéressante que la mienne. »
Plus effrayante en tout cas.
« Que veux-tu savoir? » demandai-je, sur mes gardes.
« Les Cullen t'ont adopté? »
« Oui. »
Elle hésita, puis parla d'une petite voix. « Qu'est-il arrivé à tes parents? »
Celle-là n'était pas trop difficile; je n'étais même pas obligé de lui mentir. « Ils sont morts il y a des années. »
« Désolée, » marmotta-t-elle, clairement soucieuse de m'avoir blessé.
Elle se faisait du souci pour moi.
« Je ne m'en souviens pas bien. Carlisle et Esmée les ont remplacés depuis si longtemps. »
« Et tu les aimes, » déduit-elle.
Je souris. « Oui. Je doute qu'il y ait meilleures personnes au monde. »
« Tu as beaucoup de chance. »
« J'en suis conscient. » Sur ce point très précis, les parents, ma chance était indéniable.
« Et ton frère et ta sœur? »
Si je la laissais creuser d'autres détails, j'allais devoir mentir. Je jetai un coup d'œil à l'horloge de bord, le cœur déchiré que mon temps avec elle se soit écoulé.
« Mon frère et ma sœur, sans parler de Jasper et Rosalie, vont être furieux si je les fais languir sous l'averse. »
« Désolée. Il faut que tu y ailles. »
Elle ne bougea pas. Elle ne voulait pas que ce soit déjà fini, elle non plus. J'aimai cela énormément.
« De ton côté, tu préfères sûrement récupérer ta camionnette avant que le Chef Swan rentre, histoire de ne pas avoir à mentionner le petit incident de tout à l'heure. » Je souris au souvenir de son embarras dans mes bras.
« Je suis sûre qu'il est déjà au courant. Il n'y a pas de place pour les secrets, à Forks. » Elle prononça le nom de la ville avec un dégoût profond.
Je ris à ses mots. Pas de secrets, en effet. « Amuse-toi bien à la mer. » Je jetai un coup d'œil au rideau de pluie qui recouvrait la voiture, sachant que celle-ci ne durerait pas, et souhaitant plus que jamais qu'elle dure. « Joli temps pour bronzer. » En fait, ce serait presque le cas samedi. Elle apprécierait le soleil.
« Je ne te vois pas, demain? »
Le souci transparaissant dans sa voix me fit plaisir.
« Non. Emmett et moi avons décidé de nous octroyer un week-end précoce. » J'étais furieux contre moi-même d'avoir fait ces projets. Je pouvais les reporter...mais je ne pourrais jamais trop chasser au point où j'en étais, et ma famille allait déjà être assez inquiète de mon attitude sans que je révèle à quel point je devenais obsédé.
« Qu'est-ce que vous avez prévu? » demanda-t-elle, ne semblant pas ravie de ce que je venais de lui révéler.
Bien.
« Une randonnée du côté des Goat Rocks, au sud du mont Rainier. » Emmett était impatient de commencer la saison des ours.
« Ah bon. Profites-en bien, » dit-elle, peu enthousiaste. Ce manque d'enthousiasme me fit de nouveau plaisir.
En la contemplant, je commençai à ressentir l'agonie d'un au revoir même temporaire. Elle était si douce et vulnérable. Cela semblait si téméraire de la laisser hors de vue, où n'importe quoi pouvait lui arriver. Et cependant, la pire chose qui pourrait lui arriver résulterait de ma présence à ses côtés.
« Accepterais-tu de me rendre service, ce week-end? » lui demandai-je sérieusement.
Elle acquiesça, les yeux surpris par l'intensité de ma voix.
Reste léger.
« Ne le prends pas mal, mais j'ai l'impression que tu es de ces gens qui attirent les accidents comme un aimant. Alors...tâche de ne pas tomber à l'eau, ni de te faire écraser par quoi que ce soit, d'accord? »
Mon sourire exprimait mon regret, et j'espérais qu'elle ne voyait pas la tristesse dans mes yeux. Combien je souhaitais qu'elle ne soit pas plus en sécurité loin de moi, quoi qu'il puisse lui arriver là-bas.
Cours, Bella, cours. Je t'aime trop, pour ton bien comme pour le mien.
Elle fut offensée par ma plaisanterie. Elle me lança un regard noir. « On verra! » aboya-t-elle, sautant hors de la voiture sous la pluie et claquant la portière aussi fort qu'elle put derrière elle.
Exactement comme le chaton furieux qui se prend pour un tigre.
Je fis tourner dans ma main la clé que je venais de prendre de sa poche de manteau, et souris en m'éloignant.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 7 : Mélodie

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 20:49

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 7 : Mélodie


Je dus attendre quand je revins au lycée. La dernière heure n'avait pas encore sonné. Tant mieux, parce que j'avais besoin de temps, de temps seul, pour réfléchir à toutes ces nouvelles choses.
Son odeur persistait dans la voiture. Je gardai les vitres fermées, la laissant m'assaillir, essayant de m'habituer à me brûler intentionnellement la gorge.
L'attrait.
C'était une chose problématique. Tant de facettes à ce mot, tant de significations différentes... Pas la même chose que l'amour, mais inextricablement mêlé à celui-ci.
Je n'avais aucune idée si Bella était attirée par moi. (Son silence mental deviendrait-il de plus en plus frustrant, jusqu'à ce que je devienne fou? Ou bien y avait-il une limite que j'atteindrai à un moment?)
J'essayai de comparer ses réponses physiques à d'autres, comme celles de la secrétaire et de Jessica Stanley, mais la comparaison n'était pas concluante. Les mêmes symptômes – accélération du rythme cardiaque et de la fréquence de la respiration – pouvaient aussi bien signifier le choc ou l'anxiété, autant que l'intérêt. Il semblait peu probable que Bella partage le même genre de pensées que Jessica. Après tout, Bella savait très bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas chez moi, même si elle ne savait pas ce que c'était. Elle avait touché ma peau glacée, et écarté aussitôt sa main du froid.
Mais pourtant...quand je me rappelais les fantasmes que j'avais repoussés, et que je les prêtais à Bella plutôt qu'à Jessica...
Je respirais plus rapidement tout d'un coup, le feu dévorant ma gorge.
Et si ça avait été Bella m'imaginant avec mes bras entourant son corps fragile? Me sentant la serrer très fort contre ma poitrine, puis lui prenant le menton dans ma main? Repoussant doucement le lourd rideau de ses cheveux hors de son visage teinté de rose? Traçant la forme de ses lèvres pleines avec le bout de mes doigts? Penchant ma tête plus près d'elle, là où je pourrais sentir la chaleur de son souffle sur ma bouche? M'approchant encore plus près...
Mais je m'obligeai à sortir de ma rêverie, sachant, autant que je l'avais su quand Jessica avait imaginé ces choses, ce qui allait inévitablement arriver si je m'approchais si près d'elle.
L'attrait était un dilemme impossible, parce que j'étais déjà trop attiré par Bella d'une autre façon, bien pire.
Est-ce que je voulais que Bella soit attirée par moi, comme une femme par un homme?
C'était la mauvaise question. La bonne question était devrais-je vouloir que Bella soit attirée par moi d'une telle façon, et la réponse était non. Parce que je n'étais pas un homme humain, et que ce n'était pas juste envers elle.
De toutes les fibres de mon être, je brûlais d'être un homme normal, pour pouvoir la serrer dans mes bras sans qu'elle risque sa vie. Pour pouvoir être libre d'avoir mes propres fantasmes, fantasmes qui ne se finiraient pas par du sang sur mes mains, son sang brillant dans mes yeux.
Ma quête pour elle était indéfendable. Quel genre de relation pouvais-je lui offrir, étant donné que je ne pouvais pas la toucher?
Je me pris la tête dans les mains.
Tout cela était encore plus déroutant parce que je ne m'étais jamais senti aussi humain de toute ma vie – même pas quand j'étais humain, pour autant que je me rappelle. Quand j'avais été humain, toutes mes pensées avaient été tournées vers la gloire du soldat. La Grande Guerre avait fait rage durant presque toute mon adolescence, et je n'avais été qu'à neuf mois de mon dix-huitième anniversaire quand la peste avait frappé... Je n'avais que de vagues souvenirs de ces années humaines, des souvenirs troubles qui s'effaçaient toujours plus à mesure que le temps passait. Je me rappelai ma mère le plus clairement, et je ressentis une douleur ancienne en repensant à son visage.
Je me rappelai vaguement à quel point elle détestait le futur vers lequel je me précipitais, priant tous les soirs au dîner pour que cette “affreuse guerre” finisse... Je n'avais aucun souvenir d'un autre type de désir. À part l'amour de ma mère, aucun autre amour ne m'avais empêché de vouloir partir...
C'était entièrement nouveau pour moi. Je n'avais aucun parallèle ni aucune comparaison à faire.
Mon amour pour Bella avait été très pur; maintenant il paraissait sali. J'avais très envie d'être capable de la toucher. Ressentait-elle le même désir?
Peu importait, essayai-je de me convaincre.
Je fixai mes mains blanches, détestant leur dureté, leur froideur, leur force inhumaine...
Je sursautai quand la portière passager s'ouvrit.
Ha. Je t'ai eu par surprise. C'est une première, pensa Emmett en se glissant sur le siège. « Je parie que Mme Goff pense que tu te drogues, tu as été tellement lunatique ces derniers temps. Où est-ce que tu te cachais? »
« Je...faisais mes bonnes œuvres. »
Hein?
Je ris tout bas. « Je m'occupais des malades, ce genre de choses. »
Cela le dérouta encore plus, jusqu'à ce qu'il inspire et sente son odeur dans la voiture.
« Oh. Encore la fille? »
Je grimaçai.
Ce truc devient vraiment bizarre.
« Ne m'en parle pas, » marmottai-je.
Il inspira de nouveau. « Hmm, elle a vraiment une sacrée senteur. »
Le grognement passa mes lèvres avant que ses mots ne se soient complètement pensés, en réponse automatique.
« Eh, calme toi, je dis juste. »
Les autres arrivèrent à ce moment-là. Rosalie remarqua l'odeur aussitôt et me lança un regard noir, toujours aussi irritée. Je me demandai quel était son problème, mais tout ce que j'entendais d'ici étaient des insultes.
Je n'aimai pas la réaction de Jasper non plus. Tout comme Emmett, il remarqua l'attrait de Bella. Non que la senteur ait pour eux le millième de l'attirance qu'elle exerçait sur moi. Mais ça m'énervait tout de même que son sang leur paraisse doux et sucré. Jasper ne se maîtrisait pas totalement...
Alice se glissa d'un côté de la voiture et tendit la main, attendant la clé de la camionnette de Bella.
« J'ai juste vu que je le faisais, » me dit-elle – obscurément, comme à son habitude. « Il va falloir que tu m'explique pourquoi. »
« Cela ne veut pas dire- »
« Je sais, je sais. J'attendrai. Cela ne durera pas longtemps. »
Je soupirai et lui donnai la clé.
Je la suivis jusqu'à la maison de Bella. La pluie tombait comme des millions de minuscules marteaux, ce qui rendait les oreilles humaines – comme celles de Bella – sûrement peu sensibles au tonnerre du moteur de la camionnette. Je surveillai sa fenêtre, mais elle ne vint pas pour regarder. Peut-être qu'elle n'était pas là. Je n'entendais aucune pensée.
Cela me rendit triste de savoir qu'il n'y avait pas le moindre esprit par lequel je pouvais la surveiller – pour être sûr qu'elle aille bien, qu'elle soit heureuse, ou tout du moins en sécurité.
Alice grimpa à l'arrière alors que nous accélérions vers la maison. Les routes étaient vides, cela ne prit donc que quelques minutes. Nous entrâmes tous ensemble dans la maison, puis vaquâmes à nos différentes activités chacun de notre côté.
Emmett et Jasper étaient au milieu d'un jeu d'échec élaboré, utilisant huit plateaux mis bout à bout – éparpillés le long de la vitre qui recouvrait toute la façade arrière de la maison – et leurs propres règles compliquées. Ils ne voulaient pas me laisser jouer; seule Alice acceptait encore de jouer avec moi.
Alice alla à son ordinateur dans un coin de la salle juste à côté d'eux et j'entendis les moniteurs s'éveiller en bourdonnant. Alice travaillait sur un projet de conception de vêtements de mode pour la garde-robe de Rosalie, mais celle-ci ne vint pas la rejoindre aujourd'hui, pour décider des coupes et des couleurs alors qu'Alice dessinait sur les écrans sensibles de sa main habile (Carlisle et moi-même avions dû modifier légèrement le système, étant donné que la plupart de ces écrans répondaient à la température). Aujourd'hui Rosalie s'étala sur le canapé d'un air maussade et commença à changer de chaîne de télé sur le grand écran à la vitesse de vingt par seconde, ne s'arrêtant jamais.
Je l'entendais essayer de se décider à aller dans le garage pour faire de nouveaux réglages sur sa BMW.
Esmée était à l'étage, fredonnant en étudiant de nouveaux plans.
Alice pencha sa tête autour du mur au bout d'un moment et commença à mimer les prochains coups d'Emmett – Emmett était assis par terre, lui tournant le dos – à Jasper, qui resta de marbre en éliminant le cavalier préféré d'Emmett.
Et moi, pour la première fois depuis si longtemps que j'en étais honteux, j'allai m'asseoir au magnifique piano à queue situé juste après l'entrée.
Je passai doucement mes doigts sur les touches, testant le son. Il était toujours parfaitement accordé.
À l'étage, Esmée arrêta ce qu'elle était en train de faire et dressa l'oreille.
Je commençai par esquisser l'air qui m'était venu dans la voiture cet après-midi, heureux que cela sonne encore mieux que ce que j'avais imaginé.
Edward recommence à jouer, pensa Esmée joyeusement, un sourire éclairant son visage. Elle se leva de son bureau, et se glissa sans bruit en haut des escaliers.
J'ajoutais une touche harmonieuse, le thème central s'embellissant encore.
Esmée soupira de contentement, s'assit sur la première marche du haut, et s'adossa contre la rampe d'escalier. Une nouvelle chanson. Cela faisait si longtemps. Quelle harmonie merveilleuse.
Je laissai la mélodie partir dans une direction, les basses suivant.
Edward compose de nouveau? pensa Rosalie, et ses dents se serrèrent de ressentiment.
À ce moment-là, son attention glissa, et je pus lire tout son outrage sous-jacent. ,,,,,,,,,,Je vis pourquoi elle ne me supportait pas ces derniers temps. Pourquoi tuer Isabella Swan ne l'aurait pas empêché de dormir.
Avec Rosalie, c'était toujours une histoire de vanité.
La musique s'arrêta abruptement, et je ris sans pouvoir m'en empêcher, un aboiement d'amusement qui s'interrompit dès que je mis ma main sur ma bouche.
Rosalie se retourna pour me lancer un regard noir, chagrinée, mais ses yeux étincelant de fureur.
Emmett et Jasper se retournèrent pour me fixer, eux aussi, et j'entendis la confusion d'Esmée. Esmée fut en bas des escaliers en un éclair, s'arrêtant pour jeter un coup d'œil entre Rosalie et moi.
« Ne t'arrêtes pas, Edward, » m'encouragea Esmée après un moment tendu.
Je recommençai à jouer, tournant le dos à Rosalie en essayant de contrôler le sourire qui s'élargissait sur mon visage. Elle sauta sur ses pieds et sortit dignement de la salle, plus en colère qu'embarrassée. Mais certainement embarrassée.
Si tu dis quoi que ce soit je te poursuivrai comme un chien.
J'étouffai un autre rire.
« Qu'est-ce qui ce passe, Rose? » l'appela Emmett. Rosalie ne se retourna pas. Elle continua, le dos raide comme un piquet, vers le garage, et se tortilla sous sa voiture comme si elle voulait s'y enterrer.
« C'est quoi le problème? » me demanda Emmett.
« Je n'en ai pas la moindre idée, » mentis-je.
Emmett grommela, frustré.
« Continue de jouer, » me pressa Esmée. Mes mains s'étaient de nouveau arrêtées.
Je fis ce qu'elle me demandait, et elle vint se placer derrière moi, posant ses mains sur mes épaules.
Le morceau était envoûtant, mais incomplet. Je jouai avec le pont sonore, mais cela sonnait faux quelque part.
« C'est charmant. Il a un nom? » S’enquit Esmée.
« Pas encore. »
« Quelle est son histoire? » demanda-t-elle, un sourire dans sa voix. Cela lui procurait un grand plaisir, et je me sentis coupable d'avoir négligé ma musique pendant si longtemps. C'était égoïste.
« C'est...une berceuse, je suppose. » Le pont me réussit à ce moment-là. Il faisait parfaitement la transition entre les deux mouvements, prenant vie de lui-même.
« Une berceuse, » se répéta-t-elle.
Cette mélodie avait une histoire, et une fois que je vis cela, les pièces manquantes s'ajustèrent sans effort. L'histoire était celle d'une fille dormant dans un petit lit, ses cheveux épais et foncés éparpillés sur son oreiller comme des algues folles...
Alice laissa Jasper livré à lui-même et vint s'asseoir à côté de moi sur le banc. De sa voix flûtée et carillonnante, elle esquissa un déchant sans paroles, deux octaves au-dessus de la mélodie.
« Je l'aime bien, » murmurai-je. « Mais que penses-tu de cela? »
J'ajoutai son chant à l'harmonie – mes mains volaient au-dessus des touches maintenant, pour que les différentes parties tiennent ensemble – modifiant légèrement, prenant une nouvelle direction...
Elle saisit l'humeur, et chanta avec la mélodie.
« Oui. Parfait, » dis-je.
Esmée pressa mon épaule.
Mais je voyais la fin arriver, la voix d'Alice s'élevant au-dessus de la mélodie, l'emmenant vers un autre endroit. Je voyais comment le morceau devait se finir, parce que la jeune fille dormant calmement était parfaite comme elle était, et tout changement serait mal, triste. La mélodie dériva petit à petit en réalisant cela, de plus douce et silencieuse maintenant. La voix d'Alice baissa elle aussi, et devint solennelle, d'une harmonie plus digne des échos d'une cathédrale illuminée par des centaines de cierges.
Je jouai la dernière note, puis penchai ma tête au-dessus des touches.
Esmée caressa mes cheveux. Ça va bien se passer, Edward. Tout ce passera pour le mieux. Tu mérites le bonheur, mon fils. Le destin te doit bien ça.
« Merci, » lui-répondis-je en chuchotant, espérant de tout mon cœur pouvoir le penser.
L'amour ne vient pas souvent dans les meilleures conditions.
Je ris une fois, sans humour.
Toi, plus que quiconque sur cette planète, est peut-être le mieux équipé pour faire face à un dilemme aussi terrible. Tu es le meilleur et le plus vif de nous tous.
Je soupirai. Toutes les mères pensaient la même chose de leurs fils.
Esmée était toujours pleine de joie que mon cœur ait finalement été touché après tout ce temps, et peu importait le potentiel tragique des circonstances. Elle avait pensé que je serais toujours seul...
Elle devra t'aimer en retour, pensa-t-elle soudainement, me surprenant dans la direction de ses pensées. Si elle est intelligente. Elle sourit. Mais je ne peux imaginer personne d'assez bête pour passer à côté de la belle prise que tu représentes.
« Arrêtes ça, maman, tu vas me faire rougir, » taquinai-je. Ses mots, bien qu'improbables, étaient encourageants.
Alice rit et joua le thème principal de « Heart And Soul ». Je souris largement et complétai l'harmonie simple avec elle. Puis je lui fis plaisir en jouant « Chopsticks.»
Elle pouffa, puis soupira. « Alors, si tu me disais pourquoi tu riais tout à l'heure, à propos de Rose, » dit Alice, et ajouta aussitôt, « ...mais je vois que tu ne me le diras pas. »
« Non. »
Elle me donna un petit coup dans l'oreille.
« Sois gentille, Alice, » la réprimanda Esmée. « Edward est un gentleman. »
« Mais je veux savoir. »
Son ton gémissant me fit rire. Puis je dis, « Pour toi, Esmée, » et commençai à jouer son morceau favori, un hommage sans nom à l'amour dont j'avais été témoin entre elle et Carlisle depuis tant d'années.
« Merci, mon chéri. » Elle pressa derechef mon épaule.
Je n'avais pas besoin de me concentrer pour jouer le morceau familier. Je pensai à Rosalie, se tordant toujours figurativement de honte dans le garage, et je souris pour moi-même.
Ayant juste découvert la puissance de la jalousie par moi-même, je ressentais un petit peu de pitié pour elle. C'était un état vraiment misérable. Bien sûr, sa jalousie était mille fois plus mesquine que la mienne. Un peu comme le renard dans le poulailler...
Je me demandai quelles auraient été la vie et la personnalité de Rosalie si elle n'avait pas toujours été la plus merveilleusement belle. Aurait-elle été plus heureuse si sa beauté n'avait pas toujours été son point le plus remarquable? Moins égocentrique? Plus compatissante? De toute façon, j'imaginai que c'était vain de se poser la question, puisque ce qui était fait était fait, et elle avait toujours été la plus merveilleusement belle. Même humaine, elle n'avait vécu que dans la lumière de sa propre beauté. Non qu'elle s'en plaignît. Le contraire – elle aimait l'admiration plus que tout. Cela n'avait pas changé avec la perte de sa mortalité.
Cela n'avait donc pas été une surprise, étant donné ce besoin, qu'elle ait été offensée parce que je n'avais pas, dès le début, vénéré sa beauté comme elle s'attendait à ce que tous les autres mâles le fassent. Non qu'elle m'aime ou me veuille de quelque façon que ce soit – loin de là. Mais cela l'avait exaspérée que je ne l'aie pas aimée, elle, même malgré cela. Elle était habituée à être aimée.
C'était différent avec Jasper et Carlisle – ils étaient déjà tous les deux complètement amoureux. Moi, j'étais complètement détaché, et je restais tout à fait insensible.
Je croyais que cet ancien ressentiment était enterré, qu'elle l'avait dépassé depuis belle lurette.
Et cela avait été le cas...jusqu'au jour où je trouvai une beauté qui me touchait, ce que la sienne n'avait pas fait.
Rosalie avait compté sur le fait que si je n'avais pas trouvé sa beauté digne de vénération, cela voulait certainement dire qu'aucune beauté sur Terre ne m'atteindrai jamais. Elle avait été furieuse dès le moment où j'avais sauvé la vie de Bella, devinant, avec son astucieux instinct féminin, l'intérêt dont j'étais moi-même complètement inconscient.
Rosalie était mortellement offensée que je trouve une insignifiante humaine plus attirante qu'elle.
Je réprimai de nouveau un besoin pressant de rire.
Cela me dérangeait, pourtant, la façon dont elle voyait Bella. Rosalie pensait vraiment que la fille était quelconque. Comment pouvait-elle croire une chose pareille? Cela me semblait incompréhensible. Un produit de sa jalousie, sans doute.
« Oh! » s'exclama soudainement Alice. « Jasper, devine quoi? »
Je vis ce qu'elle venait de voir, et mes doigts se pétrifièrent sur les touches.
« Quoi, Alice? » demanda Jasper.
« Peter et Charlotte viennent nous rendre visite la semaine prochaine ! Ils vont dans le voisinage, n’est-ce pas merveilleux ? »
« Qu'est-ce qui ne va pas, Edward? » demanda Esmée, sentant la tension de mes épaules.
« Peter et Charlotte viennent à Forks? » sifflai-je entre mes dents.
Alice roula les yeux. « Calme-toi, Edward. Ce n'est pas leur première visite. »
Mes dents se serrèrent. C'était leur première visite depuis que Bella était arrivée, et son sang sucré n'attirait pas que moi.
Alice fronça des sourcils à mon expression. « Ils ne chassent jamais ici. Tu le sais bien. »
Mais le frère – à bien des égards – de Jasper et la petite vampire qu'il aimait n'étaient pas comme nous; ils chassaient à la manière traditionnelle. Je ne pourrais pas leur faire confiance autour de Bella.
« Quand? » m'enquis-je.
Elle serra les lèvres, mécontente, mais m'appris ce que j'avais besoin de savoir. Lundi matin. Personne ne fera de mal à Bella.
« Non, en effet, » acquiesçai-je, et je me détournai d'elle. « Prêt, Emmett? »
« Je croyais qu'on partait au matin? »
« Nous revenons dimanche à minuit. À toi de voir quand tu veux partir. »
« Ok, bien. Laisse-moi dire au revoir à Rose avant. »
« 'Sûr. » Vu l'humeur de Rosalie, les adieux ne dureraient pas longtemps.
T'es vraiment complètement cinglé, Edward, pensa-t-il en se dirigeant vers la porte de derrière.
« J'imagine que c'est vrai. »
« Joue-moi une dernière fois le nouveau morceau, » demanda Esmée.
« Si ça te fais plaisir. » Cette fois je fus un peu hésitant à laisser la mélodie dériver vers sa fin inévitable – la fin qui me faisait tant de mal intérieurement, sans que je sache d'où cela venait. Je restai pensif pendant un moment, puis tirai le bouchon de la bouteille de ma poche et le posai sur le porte-partitions vide. Cela m'aida un peu – mon souvenir personnel de son oui.
Je hochai la tête pour moi-même, et commençai à jouer.
Esmée et Alice échangèrent des regards, mais ne posèrent aucune question.





.
« Personne ne t'a jamais dit de ne pas jouer avec la nourriture? » lançai-je à Emmett.
« Oh, tiens, Edward! » hurla-t-il en retour, me souriant et me faisant de grands signes. L'ours prit avantage de sa distraction momentanée pour envoyer sa lourde patte contre la large poitrine d'Emmett comme un énorme râteau. Les griffes aiguisées mirent sa chemise en lambeaux, et crissèrent contre sa peau.
L'ours mugit au bruit sourd et aigu.
Raahh, c'est Rose qui m'a donné cette chemise!!
Emmett rugit contre l'animal enragé.
Je soupirai et m'assis sur un rocher bien placé. Ça pourrait prendre du temps.
Mais Emmett avait presque fini. Il laissa l'ours essayer de lui arracher la tête d'un autre mouvement de patte, riant à gorge déployée lorsque le coup se répercuta et envoya l'ours trébucher en arrière. L'ours rugit et Emmett lui rendit son rugissement à travers son rire. Puis il se jeta sur l'animal, qui avait une tête de plus que lui debout sur ses pattes arrière, et leurs corps s'effondrèrent par terre, emmêlés, emportant dans leur chute un épicéa adulte. Les grognements de l'ours prirent fin dans un gargouillement.
Quelques minutes plus tard, Emmett accourut vers l'endroit où je m'étais assis en l'attendant. Sa chemise était détruite, déchirée et ensanglantée, collante de sève et couverte de fourrure. Ses cheveux foncés et bouclés n'étaient pas en meilleur état. Il souriait de toutes ses dents.
« Celui-là était fort. Je l'ai presque senti quand il m'a griffé. »
« T'es vraiment qu'un gosse, Emmett. »
Il apprécia du regard ma chemise à col boutonné parfaitement impeccable. « Tu n'as donc pas été capable de chasser ce puma? »
« Bien sûr que si. Mais je ne mange pas comme un sauvage, moi. »
Emmett rit de son rire bruyant comme le tonnerre. « Si seulement ils étaient plus forts. Ce serait bien plus drôle. »
« Personne n'a dit que tu devais te battre avec ta nourriture. »
« Oui, mais avec qui me battrai-je, dans ce cas? Toi et Alice, vous trichez, Rose ne veut jamais risquer de se décoiffer, et Esmée s'énerve si Jasper et moi commençons vraiment à nous battre. »
« La vie est dure, hein? »
Emmett me lança un grand sourire, balançant son poids très légèrement de façon à être en position de charge.
« Allez, Edward. Éteins ça juste une minute et bas-toi comme un homme. »
« Ça ne s'éteint pas, » lui rappelai-je.
« Je me demande ce que fait cette humaine pour te garder hors de sa tête, » songea-t-il. « Peut-être qu'elle pourrait me donner des tuyaux. »
Ma bonne humeur disparut sur-le-champ. « Ne l'approche pas, » grognai-je entre mes dents.
« Sensible, sensible. »
Je soupirai. Emmett vint s'asseoir avec moi sur le rocher.
« Désolé. Je sais que tu traverse une période difficile. J'essaie vraiment de ne pas être un imbécile insensible, mais comme c'est un peu mon état normal... »
Il attendit que je rie à sa blague, puis fis la grimace.
Si sérieux tout le temps. C'est quoi le problème, maintenant?
« Je pense à elle. Je me fais du souci, en fait. »
« De quoi est-ce que tu pourrais te soucier? Tu es ici. » Il rit à gorge déployée.
J'ignorai derechef sa blague, mais répondit à sa question. « Tu as déjà pensé à quel point ils sont fragiles? Combien de mauvaises choses peuvent arriver à un humain? »
« Pas vraiment. Mais je crois que je vois ce que tu veux dire. Je ne pesais pas bien lourd face à cet ours, cette première fois, hein? »
« Des ours, » marmottai-je, ajoutant une nouvelle source de craintes au tas. « Ça serait bien sa chance...Un ours égaré en ville. Évidemment qu'il irait tout de suite vers Bella. »
Emmett rit moins fort. « Si tu t'entendais! On dirait un fou, tu sais cela? »
« Imagine juste une minute que Rosalie soit humaine, Emmett. Et elle pourrait rencontrer un ours... ou se faire renverser par une voiture... ou frapper par la foudre... ou tomber dans les escaliers... ou tomber malade – attraper une maladie! » Explosai-je. C'était soulageant de les extérioriser enfin – ces pensées s'étaient agglutiné en moi tout le week-end. « Incendies et tremblements de terre et tornades! Huhh! Quand est-ce que tu as regardé les infos pour la dernière fois? As-tu vu le genre de choses qui leur arrive? Les cambriolages et les homicides... » Mes dents grincèrent, et je fus tout d'un coup tellement en rage à l'idée d'un autre humain lui faisant du mal que je n'arrivais plus à respirer.
« Hola, hola! Du calme. Elle habite à Forks, tu te souviens? Au pire, la pluie lui tombe dessus. » Il haussa les épaules.
« Je pense très sérieusement que la malchance lui colle à la peau, Emmett, je le pense vraiment. Regarde les preuves. De tous les endroits au monde où elle pouvait aller, elle finit dans une ville où des vampires représentent un pourcentage significatif de la population. »
« Oui, mais nous sommes végétariens. C'est plutôt de la chance, non? »
« Avec son odeur? C'est définitivement de la malchance. Et puis, encore la malchance, la façon dont elle sent pour moi. » Je foudroyai mes mains du regard, les détestant toujours autant.
« Sauf que tu te contrôles mieux que quiconque, à part peut-être Carlisle. Encore de la chance. »
« La camionnette? »
« C'était juste un accident. »
« Si tu l'avais vu venir vers elle, Em, encore et encore. Je te jure, on aurait dit une sorte de magnétisme. »
« Mais tu étais là. C'était de la chance. »
« Vraiment? N'est-ce pas la pire chose qui puisse jamais arriver à un humain – qu'un vampire tombe amoureux de lui? »
Emmett considéra cela en silence pendant un moment. Il se représenta la fille dans sa tête, et trouva l'image inintéressante. Sincèrement, je ne vois vraiment pas l'attrait.
« Eh bien, je ne comprends pas tellement celui que Rosalie exerce sur toi, non plus, »dis-je impoliment. « Honnêtement, n'importe quel beau visage ne vaut pas la peine déployée pour la comprendre. »
Emmett rit. « Je suppose que tu ne me diras pas... »
« Je ne sais pas ce qu'elle a, Emmett, » mentis-je en souriant largement tout d'un coup.
Je vis ses intentions à temps pour réagir. Il essaya de me pousser du rocher, et il y eut un grand bruit de craquement quand une fissure s'ouvrit entre nous deux dans la roche.
« Tricheur, » murmura-t-il.
Je m'attendais à ce qu'il essaie une seconde fois, mais ses pensées prirent une autre direction. Il se représentait encore le visage de Bella, mais cette fois il l'imagina plus blanc, ses yeux d'un rouge vif...
« Non, » dis-je, ayant l'impression de m'étrangler.
« Ça résoudrait tes soucis à propos de sa mortalité, non? Et puis tu n'aurais plus envie de la tuer, non plus. N'est-ce pas le meilleur moyen? »
« Pour moi? Ou pour elle? »
« Pour toi, » répondit-il facilement. Son ton y ajoutait un évidemment.
Je ris sombrement. « Mauvaise réponse. »
« Ça ne m'a pas dérangé, » se souvint-il.
« Mais Rosalie, ça la dérange maintenant. »
Il soupira. Nous savions tous les deux que Rosalie ferait n'importe quoi, abandonnerait tout pour être de nouveau humaine. Même Emmett.
« Oui, Rose ça la dérange, » acquiesça-t-il doucement.
« Je ne peux pas... Je ne devrais pas... Je ne vais pas détruire la vie de Bella. Ne penserais-tu pas la même chose, si ça avait été Rosalie? »
Emmett pensa à cela pendant un moment. Tu...l'aimes vraiment?
« Je ne peux même pas te le décrire, Emmett. Tout d'un coup, cette fille est le monde entier pour moi. Je ne vois pas l'intérêt du reste du monde sans elle. »
Mais tu ne la transformeras pas? Elle ne durera pas éternellement, Edward.
« Je sais, » gémis-je.
Et, comme tu l'as fait remarquer, elle est plutôt fragile.
« Fais-moi confiance – ça aussi, je le sais. »
Emmett n'était pas une personne pleine de tact, et les discussions délicates n'étaient pas son fort. Là, il faisait un effort, essayant vraiment de ne pas être offensant.
Est-ce que tu peux seulement la toucher? Enfin je veux dire, si tu l’aimes... tu n'as pas envie de, tu sais, la toucher ?
Emmett et Rosalie partageaient un amour intensément physique. Il avait du mal à comprendre comment quelqu'un pouvait aimer, sans cet aspect.
Je soupirai. « Je ne peux même pas y penser, Emmett. »
Wow. Mais qu'est-ce qu'il te reste comme choix, dans ce cas?
« Je ne sais pas, »soupirai-je. « J'essaie de trouver un moyen de... de la quitter. Je n'arrive simplement pas à m'imaginer comment m'obliger à garder mes distances... »
Avec une énorme satisfaction, je réalisai brusquement que c'était la bonne chose à faire que de rester – tout du moins maintenant, avec Peter et Charlotte en route. Elle était plus sûre ici avec moi, temporairement, qu'elle l'aurait été si je partais. Pour le moment, je pouvais être son défenseur improbable.
Cette pensée me rendit nerveux; cela me démangeait d'être de retour pour remplir mon rôle aussi longtemps que possible.
Emmett remarqua le changement dans mon expression. À quoi est-ce que tu penses?
« Là tout de suite, » admis-je d'un air légèrement penaud, « Je meurs d'envie de rentrer en courant à Forks pour la surveiller. Je ne sais pas si j'arriverais à tenir jusqu'à dimanche soir. »
« Eh-eh! Tu ne rentreras pas plus tôt à la maison. Laisse à Rosalie le temps de se calmer un peu. S'il te plaît! Fais-le au moins pour moi. »
« J'essaierai de rester, » dis-je sans vraiment y croire.
Emmett tapota le téléphone dans ma poche. « Alice appellerait s’il y avait le moindre fondement à tes crises de panique. Elle est aussi folle de cette fille que toi. »
Je grimaçai à sa remarque. « Bien. Mais je ne reste pas plus tard que dimanche. »
« Il n'y a aucune raison de se dépêcher de rentrer – il va faire beau, de toute façon. Alice a dit que nous étions libres jusqu'à mercredi. »
Je secouai fermement la tête.
« Peter et Charlotte savent se tenir. »
« Peu importe, Emmett. Avec la chance qu'elle a, elle décidera d'aller se promener dans la forêt exactement au mauvais moment et- » Je tressaillis. « Peter n'est pas vraiment connu pour sa maîtrise de soi. Je reviens dimanche. »
Emmett soupira. Exactement comme un fou.







Bella dormait paisiblement lorsque je grimpai par la fenêtre de sa chambre tôt le lundi matin. Je m'étais souvenu l'huile cette fois, et la fenêtre s'ouvrit sans bruit sur mon passage.
Je pus voir à la manière dont ses cheveux étaient étalés bien raides sur son oreiller qu'elle avait eu une nuit moins agitée qu'à ma dernière visite. Ses mains étaient pliées sous sa joue comme un petit enfant, et ses lèvres étaient légèrement entrouvertes. J'entendais son souffle calme passer sur ses lèvres.
C'était un soulagement immense d'être ici, de pouvoir la revoir enfin. Je réalisai que je n'étais pas vraiment à l'aise avant que ça ne soit le cas. Rien n'allait bien quand j'étais loin d'elle.
Non que tout soit parfait quand j'étais près d'elle, cependant. Je soupirai, laissant le feu de la soif me ratisser la gorge. Je m'étais éloigné d'elle pendant trop longtemps. Le temps passé sans douleur ni tentation les rendait plus puissantes maintenant. C'était au point que j'eus peur d'aller m'agenouiller au pied de son lit pour aller lire les titres de ses livres. Je voulais connaître les histoires dans sa tête, mais j'avais peur d'autres choses que de ma soif seule: je craignais que si je me laissais l'approcher de si près, j'aurais envie d'être encore plus près...
Ses lèvres avaient l'air très douces et chaudes. Je m'imaginais les toucher du bout des doigts. Juste une caresse...
C'était exactement le genre d'erreurs que je devais éviter.
Mes yeux parcoururent son visage encore et encore, le fouillant pour trouver des changements. Les mortels changeaient tout le temps – j'étais triste à la pensée de rater quoi que ce soit...
Je pensai qu'elle avait l'air...fatigué. Comme si elle n'avait pas eu assez de sommeil ce week-end. Était-elle sortie?
Je ris silencieusement et ironiquement, pensant à quel point cela me bouleversait. Et si c'était le cas? Elle ne m'appartenait pas. Elle n'était pas mienne.
Non, elle n'était pas mienne – et je fus de nouveau triste.
Une de ses mains se retourna, et je remarquai des égratignures superficielles mais à peine refermées sur sa paume. Elle avait été blessée? Bien que ce ne soit clairement pas une blessure grave, cela me dérangeait quand même. Je considérai leur emplacement, et décidai qu'elle devait avoir trébuché. Cela semblait raisonnable comme explication, tout considéré.
C'était réconfortant de penser que je ne devrais plus éternellement me casser la tête sur ces petits mystères. Nous étions des amis à présent – ou nous essayions de l'être, tout du moins. Je pourrai lui poser des questions sur son week-end – sur la plage, et sur l'activité nocturne qui l'avait lassée à ce point. Je pourrai lui demander ce qui était arrivé à ses mains. Et je pourrai rire un peu quand elle confirmerait ma théorie.
Je souris doucement en me demandant si elle était tombée à l'eau. Je me demandai si elle avait passé du bon temps à cette sortie. Je me demandai si elle avait seulement pensé à moi. Si je lui avais manqué ne serait-ce qu'une minuscule portion de ce qu'elle m'avait manqué.
J'essayai de me la représenter au soleil sur la plage. L'image était incomplète, pourtant, parce que je n'avais jamais été à First Beach moi-même. Je ne l'avais jamais vue qu'en photo...
Je ressentis un petit malaise en repensant à la raison pour laquelle je n'étais jamais allé à la jolie plage qui ne se situait qu'à quelques minutes de ma maison en courant. Bella avait passé la journée à La Push – un endroit qu'il m'était interdit, par traité, de pénétrer. Un endroit où quelques vieux hommes se souvenaient encore des histoires à propos des Cullen, s'en souvenaient et y croyaient. Un endroit où l'on connaissait notre secret...
Je secouai la tête. Je n'avais rien à craindre de ce côté-là. Les Quileutes étaient condamnés au silence par traité, eux aussi. Même si Bella rencontrait par hasard l'un de ces sages vieillissants, ils n'étaient pas autorisés à révéler quoi que ce soit. Et pourquoi ce sujet serait-il abordé de toute façon? Pourquoi Bella penserait-elle à exprimer sa curiosité là-bas? Non – les Quileutes étaient peut-être les seules personnes à propos desquelles je n'avais pas besoin de me soucier.
Je fus en colère contre le soleil quand il commença à se lever. Cela me rappela que ma curiosité ne serait pas satisfaite avant plusieurs jours. Pourquoi avait-il décidé de briller maintenant?
Avec un soupir, je me penchai hors de sa fenêtre avant qu'il fasse assez clair pour que quelqu'un puisse me voir. J'avais prévu de rester dans les sous-bois épais près de sa maison et de la regarder partir pour le lycée, mais quand je pénétrai sous les arbres, je fus surpris de sentir son odeur persistant sur le sentier qui s'enfonçait dans la forêt.
Je la suivis rapidement, curieusement, devenant de plus en plus inquiet à mesure qu'elle s'enfonçait plus loin dans l'obscurité. Qu'est-ce que Bella avait fait là?
La piste s'arrêta brusquement, au milieu de nulle part en particulier. Elle s'était juste écartée du sentier de quelques pas, dans les fougères, où elle avait touché le tronc d'un arbre étendu par terre. Peut-être qu'elle s'y était assise...
Je m'assis là où elle s'était assise auparavant, et regardai à la ronde. Tout ce qu'elle avait pu voir était des fougères et de la forêt. Il avait probablement plu – l'odeur était comme délavée, ne s'étant jamais imprégnée dans le bois du tronc.
Pourquoi Bella serait-elle venue s'asseoir ici toute seule – et elle avait été seule, aucun doute là-dessus – au milieu de la forêt humide et trouble?
Cela n'avait aucun sens, et, contrairement à ces autres interrogations, je pouvais difficilement aborder la question dans une conversation à bâtons rompus.
Alors, Bella, j'étais en train de suivre ton odeur à travers les bois après avoir passé la nuit dans ta chambre pour te regarder dormir... Oui, ça serait parfait pour rompre la glace.
Je ne saurai jamais ce qu'elle avait pensé ou fait ici, et cela me fit grincer des dents de frustration. Pire, c'était bien trop semblable au scénario que j'avais imaginé pour Emmett – Bella se promenant seule dans les bois, où son odeur attirerait quiconque avait les sens nécessaires pour la détecter...
Je grognai. Non seulement la malchance lui collait à la peau, mais en plus elle allait à sa rencontre.
Bon, pour le moment elle avait un protecteur. Je la surveillerai, la garderai du mal, pendant aussi longtemps que je pourrai le justifier.
Tout d'un coup, j'espérai ardemment que Peter et Charlotte fassent un séjour prolongé.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 8 : Fantôme

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 20:52

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 8 : Fantôme


Je n’ai pas beaucoup vu les invités de Jasper pendant les deux jours ensoleillés qu’ils passèrent à Forks. Je rentrais à la maison seulement pour qu’Esmée ne s’inquiète pas. Sinon, mon existence ressemblait plus à celle d’un fantôme qu’a celle d’un vampire. Je tournais, invisible dans l’ombre, où je pouvais suivre l’objet de mon amour et de mon obsession – où je pouvais la voir et l’entendre dans l’esprit des humains chanceux qui pouvait marcher à travers la lumière du soleil à côté d’elle, et parfois accidentellement caresser le dos de sa main avec la leur. Elle ne fuirait jamais ce contact ; Leurs mains étaient tout aussi chaleureuses que les siennes.
L’absence forcée de l’école n’était jamais aussi difficile comme cela auparavant. Mais le soleil semblait la rendre heureuse et je ne pouvais pas le ressentir. Rien de ce qui lui plut ne pouvait me convenir.
Lundi matin, j’écoutais de manière indiscrète une conversation qu’avait le potentiel pour détruire ma confiance et rendre le temps passé loin d’elle une torture.
A sa fin cependant il m’a plutôt redonné ma bonne humeur.
Je devais ressentir quelque peu de respect pour Mike Newton ; Il n’avait pas tout simplement renoncé et s’en était allé loin soigner ses blessures. Il avait eu plus de courage que ce que je pensais. Il allait essayer de nouveau.
Bella arriva à l’école tôt et silencieusement et avait semble-t-il l’intention de profiter du soleil pendant que ça durait. Assise sur l’un des bancs de pique-nique rarement utilisés, elle attendait la première sonnerie. Ces cheveux capturaient le soleil de manière inattendue, ils dégageaient un éclat roux auquel je ne m’étais pas attendu.
Mike la trouva là-bas, en gribouillant de nouveau, et s’exalta de sa bonne chance.
Il était douloureux de seulement être en mesure de regarder, impuissant, lié à l’ombre de la forêt par la lumière vive du soleil.
Elle l’a accueilli avec assez d’enthousiasme pour le rendre fou de joie et moi le contraire.
Ben voilà, elle m’aime moi. Elle ne sourirait pas comme ça si elle ne m’aimait pas. Je parie qu’elle voulait aller au bal avec moi. Je me demande ce qui est si important à Seattle …
Il perçut le changement dans ses cheveux. « Je n’avais jamais remarqué auparavant qu’il y avait du roux dans tes cheveux.
J’ai accidentellement déraciné le jeune arbre sur lequel ma main reposait quand il pinça un de ses cheveux entre ses doigts.
« Seulement au soleil » dit-elle. A ma grande satisfaction, elle s’était blottie loin de lui quand il a glissé sa mèche derrière son oreille.
Cela pris une minute à Mike pour rassembler son courage, en gaspillant quelques minutes en bavardages.
Elle lui rappela la dissertation qu’ils devaient tous faire pour mercredi. A l’expression avantageuse qu’elle affichait, le sien était déjà fait. Lui avait complètement oublié de le faire ce qui aller sévèrement diminué son temps libre.
Mince ! Stupide disert.
Finalement il arriva au point qui l’intéressait - mes dents étaient serrées si durement qu’elles auraient pulvérisé du granit - et même alors, il ne pouvait pas poser la question catégoriquement.
« Je me demandais si tu voulais sortir »
« Oh » dit-elle
Il y eu un bref silence
Oh ? Que cela signifie ? Est-elle d’accord ? Je suppose que je ne lui ai pas vraiment demandé.
Il avala durement.
« Bien, nous pourrions aller dîner ou quelque chose d’autre … et je pourrais travailler plus tard.»
Stupide – ce n’était pas une question non plus.
« Mike … »
L’angoisse et la fureur de ma jalousie était aussi puissante qu’elle l’avait été la semaine dernière. Je cassais un autre arbre, essayant de rester ici. Je voulu courir à travers le campus, trop vite pour les yeux humains et la ramasser en vitesse – pour l’emmener loin du garçon que je détestais tant en ce moment, je pourrais l’avoir tué et en être fier.
Et si elle lui disait oui ?
« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. »
Je respirais de nouveau. Mon corps rigide se détendit.
Seattle est juste une excuse après tout. Je n’aurais pas dû demander. A quoi je pensai ? La raison c’est ce monstre, Cullen …
« Pourquoi ? » demanda-t-il d’un air renfrogné
« Je pense … » hésita-t-elle « Et si tu répète ce que je te dis en ce moment, je te battrais à mort avec joie. »
Je ris au son d’une menace mortelle sortant de ses lèvres. Un geai hurlas, surpris et s’éloignas loin de moi.
« Mais je pense que ça blesserait la susceptibilité de Jessica.»
« Jessica ? Pourquoi ? Mais … Oh. Ok. Je comprends … donc …Hein »
Ses pensées n’étaient plus cohérentes.
« Sérieusement, Mike, tu es aveugle ? »
Je répercutais son sentiment. Elle ne devait pas s’attendre à ce que chacun ait été aussi perspicace qu’elle, mais vraiment ce cas était plus qu’évidant. Ayant eu autant de mal à demander à Bella de sortir avec lui, ne pouvait-il même pas s'imaginer à quel point c'était difficile pour Jessica? Ce doit être l’égoïsme qui rend aveugle. Et Bella est si généreuse, qu’elle a tout vu.
Jessica? Hein. Hou là. Huh. « Oh » réussit-il à dire.
Bella utilisa sa confusion pour faire s’échapper.
« C’est l’heure d’aller en cour et je ne peut pas me permettre d’être en retard encore une fois »
Mike devint un point de vue douteux à partir de ce moment là. Il tournait et retournait l’image de Jessica dans sa tête, et commença à se dire que l’idée qu’elle ai des sentiments pour lui était attrayante. Elle venait en deuxième position, ce n'était pas aussi bien que si Bella pensait cela de lui.
Il semble me rappelait qu’elle est jolie. Un corps décent. Un oiseau dans la main.
Il était alors sur de nouvelles fantaisies qui étaient juste aussi vulgaire que celle qu’il avait eu pour Bella mais maintenant elles m’irritaient plutôt qu’elles ne m’exaspéraient .Comment pouvait-il mériter n’importe laquelle de ces filles, elles étaient presque interchangeables pour lui. J’ai évité sa tête après cela.
Quand elle était hors de vue, je me suis pelotonné contre le tronc frais d’un énorme arbre et j’ai dansait d’esprit en esprit en la gardant en vue, toujours content quand l’esprit Angela Weiber était disponible pour pouvoir la regarder. Je voulais d’une manière ou d’une autre remercier la fille Weber d’être simplement une personne agréable. Il m’a fait me sentir mieux de penser que Bella avait une amie ayant de la valeur.
J’e regardais le visage de Bella et peu importe sous quel angle on me le donner, je pouvais voir qu’elle était triste de nouveau. Cela me surpris – je croyais que le soleil serait assez grand pour lui faire garder son sourire. Au déjeuner, j’ai vu le temps de son coup d’œil vers la table Cullen vide et cela me fit plaisir. Il m’e donna espoir. Peut-être lui avais-je manqué aussi.
Elle avait le projet de sortir avec d’autres filles – J’ai automatiquement planifié ma surveillance – mais ces plans ont étés remis quand Mike invita Jessica à sortir à la date qu’elles avaient prévue avec Bella.
Au lieu de cela je suis donc allé directement à sa maison, en faisant un balayage rapide des bois pour m’assurer que personne de dangereux ne se promenait autour. Je savais que Jasper avait conseillé à son ancien frère d’éviter la ville – citant ma folie en tant qu’explication – mais je ne voulais prendre aucuns risques. Peter et Charlotte n’avaient aucune intention de créer d’animosité avec ma famille, mais les intentions étaient des choses changeantes …
D’accord j’exagérai. Je le savais.
Comme si elle savait que je la regardais, comme si elle avait pitié de l’angoisse que je ressentais quand je ne pouvais pas la voir, Bella parti dans le jardin après une longue heure à l’intérieur. Elle avait un livre dans la main et une couverture sous le bras.
Silencieusement, je grimpais à la plus haute branche de l’arbre le plus proche donnant sur la cour.
Elle étendit la couverture sur l’herbe humide et se coucha sur le ventre, elle commença à feuilleter le livre qu’elle avait apporté comme si elle cherchait son passage. Je lu par-dessus son épaule.
Ah - très classique. Elle était une fan d’Austen.
Elle lu vite en croisant et recroisant ses chevilles dans les aires. Je regardais la lumière du soleil et le jeu du vent dans ses cheveux quand son corps se redit subitement
et sa main resta gelée sur la page. Tous ce que je vis c’est qu’elle avait atteint le chapitre trois quand elle saisit grossièrement une épaisse section de pages et les tourna.
J’attrapai d’un coup d’œil le titre d’une page, le parc Mansfield. Elle commençait une nouvelle histoire – le livre était une compilation de roman. Je me suis demandé pourquoi elle avait changé d’histoire si soudainement.
Juste quelques moments plus tard, elle ferma le livre avec colère. Avec une mine renfrognée sur son visage, elle poussa le livre et se tourna sur le côté. Elle respira profondément, comme si elle essayait de se calmait, remonta ses manches et ferma les yeux. Je me souviens du roman mais je ne trouve rien dans cela qui puisse la bouleverser. Un autre mystère. Je soupirai.
Elle était immobile, bougeant juste une fois pour éloigner les cheveux de son visage. Ils s’étaient déployés en éventail sur sa tête, un fleuve de châtaignes. Et ensuite elle se tint immobile de nouveau.
Sa respiration ralentie. Après plusieurs longues minutes, ses lèvres commencèrent à trembler. Elle marmonnait dans son sommeil
Impossible de résister. J’ai écouté aussi loin que je pouvais, en attrapant des voies dans les maisons à côté.
Deux cueilleres à soupe de farine … un verre de lait …
Allez ! Vissez-le par le cerceau ! Allez !
Rouge, ou bleu … ou peut-être devrais-je porter quelque chose que plus décontracté…
Il n’y avait personne à côté. Je sautai à terre, en atterrissant silencieusement sur mes orteils.
C’était très incorrect, très risqué. Quand je me souvenais la façon condescendante dont j'avais autrefois jugé Emmett pour son irréflexion et Jasper pour son manque de discipline! – et maintenant, je défiais consciemment toutes les règles avec un abandon si sauvage que leurs écarts de conduite ne valaient rien en comparaison. Autrefois, j'avais été le plus responsable.
J’ai soupiré mais sorti lentement sous le soleil, malgré tout.
J’évitais de me regarder sous l’effet horrible du soleil. Il était déjà regrettable que ma peau soit de la pierre et inhumaine dans l’ombre ; Je ne voulais pas nous regarder, Bella et moi, côte à côte dans la lumière du soleil. La différence entre nous était déjà assez insurmontable, assez pénible, sans cette image en plus dans ma tête.
Mais je ne pus ignorer l’arc-en-ciel étincellent qui se réfléchissait sur sa peau quand je m’approchai d’elle. Ma mâchoire se bloquât à sa vue. Cela pouvait-il être plus monstrueux ? J’imaginais sa terreur si elle ouvrait les yeux maintenant.
Je commençais à partir, mai elle marmonna de nouveau, en me retint là.
« Mmmm … Mmmm »
Rien de compréhensible. Bien, j’attendrai un moment.
J’ai soigneusement pris son livre, en tendant mon bras et en retenant mon souffle pendant que j’étais proche, au cas où. J’ai commencé à respirer de nouveau quand j’étais quelque centimètre plus loin observant la façon dont le soleil et le plein air avait affecté son odeur. La chaleur semblait adoucir l’odeur. Ma gorge flamba avec le désir, le feu augmentait, neuf et féroce, parce que j’avais été loin d’elle trop longtemps.
Je passais un moment à me contrôler, et ensuite – en me forçant moi-même à respirer par le nez – je laissais tomber le livre ouvert dans mes mains. Elle avait commencé avec le premier livre … je basculais rapidement les pages jusqu’au troisième chapitre de sens et sensibilité, en cherchant quelque chose de potentiellement injurieux dans la prose trop polie d’Austen.
Quand mes yeux s’arrêtèrent automatiquement à mon nom – Le caractère Edward Ferras étant présenté pour la première fois – Bella parla de nouveau.
« Mmm … Edward » Soupira-t-elle.
A ce moment j’eu craint qu’elle se soit réveillée. Sa voie était juste un murmure bas, nostalgique. Pas le cri de peur qu’elle aurait eu si elle m’avait vu moi maintenant.
L'euphorie bataillait contre ma répugnance à mon égard.
« Edmund. Ah. Trop … Proche … »
Edmund ?
Ah ! Elle ne rêvait pas de moi du tout, je le réalisais noirement. Ma répugnance envers moi-même est revenue en force. Elle rêvait de personnages imaginaires. C’était trop pour ma vanité.
J’ai replacé son livre, et me suis glissé en arrière dans la couverture des ténèbres – auxquels j’appartenais.
L’après midi passa et je la surveillais, me sentant inutile à nouveau comme le soleil s’enfonçait lentement dans le ciel et les ténèbres plongeaient à travers le gazon, vers elle. Je voulu les repousser mais l’obscurité était inévitable ; Les ténèbres l’ont prise. Quand la lumière disparue sa peau devint pâle – comme un fantôme. Ses cheveux étaient sombres de nouveau, presque noir contre son visage. C’était une chose effrayante à regarder – comme d’être témoin de la réalisation de la vision d’Alice. Les pulsations régulières et fortes de Bella étaient le seul réconfort, le son qui m’empêchait en ce moment d’avoir l’impression d’être dans un cauchemar.
J’étais soulagé quand son père arriva à la maison.
Je n’entendais pas grand choses de ses pensées tandis qu’il remontait la rue.
Un vague énervement… mais c’était flou, quelque chose à son travail. L’attente se mélangeait avec la faim – J’ai supposé qu’il attendait son dîner impatiemment. Mais il
était si silencieux et si contenu que je ne pouvais pas être sûr que j’avais raison ; J’avais
seulement perçu le principale d’entre-elles.
Je me suis demandé de quoi sa mère avait l’air – car la combinaison génétique avait été ce qui l’avait formé de façon si unique.
Bella commença à se réveiller, s’étirant doucement jusqu'à une position assise, quand les pneus de la voiture de son père frappèrent l’allée de brique. Elle regarda fixement autour d’elle, sembla troublé par l’obscurité inattendue. Pendant un bref moment, ses yeux touchèrent les ténèbres dans lesquels je m’étais caché, mais ils regardèrent rapidement ailleurs, au loin.
« Charlie ? » demanda-t-elle à voie basse, toujours en regardant attentivement dans les arbres entourant la petite coure.
La porte de sa voiture claqua. Elle se remit vite sur ses pieds et ramassa ses affaires, en jetant encore un regard en arrière, vers les bois.
Je me déplaçais dans un arbre plus prés de la fenêtre de la petite cuisine, et j’écoutais leur conversation. C’était intéressant de comparer les mots de Charlie avec ses pensées emmitouflées. Son amour et son inquiétude pour sa fille étaient presque écrasant, et ses mots étaient toujours brefs et décontractés. La plus part du temps, ils restaient dans un silence agréable.
Je l’entendis discuter de ses plans pour le soir suivant à Port-Angeles, et je réadaptai mes propres plans comme je l’écoutais. Jasper n’avait pas demandé à Peter et Charlotte d’éviter Port-Angeles. Bien que je sache qu’ils avaient mangé et n’avait aucune intention de rechercher une victime aux environs de notre maison, je les surveillais, au cas où. Puis, il y en avait d’autre de ma sorte là-bas. Et enfin tous ces dangers humains, que je n’avais jamais trop considéré.
J’entendais à haute voie son inquiétude de quitter son père en le laissant préparer le dîner seul et sourit à cette preuve de ma théorie – oui, elle était sa nounou.
Et ensuite je suis parti, en sachant que je reviendrais quand elle serait endormie.
Je ne m’introduirais pas illégalement dans sa vie privée, de la façon dont un voyeur le ferait. J’étais ici pour sa protection, pas pour lui jeter des regards sournois comme Mike Newton le faisait sans doute, était-il assez agile pour se déplacer à la cime des arbres comme je le faisais. Je ne la traiterais pas de façon si grossière.
Ma maison était vide quand je revins, ce qui était parfait pour moi. Je n’aurais pas manqué les pensées troubles ou dénigrantes, s’interrogeant sur ma santé mentale. Emmett avait laissé une note collée sur la télévision.
Football au champ pluvieux – viens – S’il te plaît !
J’ai trouvé un stylo et ai griffonné désolé en dessous de son mot. L’équipe était la même sans moi, en tout cas.
Je suis partis pour la plus courte partie de chasse en me contentant de la plus petite des créatures qui n’avait pas bon goût et j’ai mis des vêtements frais avant de retourner à Forks.
Bella ne dormit pas aussi bien ce soir là. Elle cachait dans les couvertures son visage, quelque fois inquiet, quelque fois triste. Je me suis demandé quel cauchemar hanté son … et me suis ensuite rendu compte que je ne voulais pas le savoir.
Quand elle parlait, elle marmonnait surtout des choses désobligeantes à propos de
Forks.
Seulement une fois, quand elle soupira le mot « reviens » et que sa main se tendis ouverte –un appel inaudible – j’avais une chance d’espérer qu’elle pouvait rêver de moi...
Le jour d’école suivant, le dernier jour où le soleil me tiendrais prisonnier, était presque le même que la journée de la veille. Bella sembla plus lugubre qu’hier et je me demandai si elle se dégagerait de ses plans – elle ne semblait pas dans l’humeur.
Mais, connaissant Bella, elle ferait sûrement passer le plaisir de ses amis avant le sien.
Elle portait une blouse d’un bleu profond aujourd’hui et la couleur allait tout à fait avec sa peau, en la faisant ressembler à de la crème fraîche.
L’école pris fin et Jessica accepta d’emmener les autres filles – Angela y allait aussi et je lui en étais reconnaissant.
J’allais à la maison pour prendre ma voiture. Quand j’ai constaté que Peter et Charlotte étaient là, je décidai que je pouvais me permettre de donner une heure aux filles pour partir en tête.
Je ne serais jamais capable de les suivre, sans plonger à la vitesse maximale –pensée
hideuse.
Je suis entré par la cuisine, en faisant un vague signe de la tête pour répondre
aux salutations d’Emmett et d’Esmée, je passais devant chacune des pièces et allais
directement au piano.
Houu, il est de retour. Rosalie, évidemment.
Ah, Edward. Je suis désolée de te voir souffrir ainsi. La joie d’Esmée était gâchée par son inquiétude. Elle se sentait concernée. Cette histoire d’amour qu’elle imaginait pour moi se transformait en une tragédie plus perceptible à chaque moment.
Amusés vous bien à Port-Angeles ce soir, pensa Alice joyeusement. Fais-moi savoir quand tu me permettras de parler à Bella.
Tu es pathétique, je ne peux pas croire que tu es manqué le jeu de la nuit dernière, juste pour regarder quelqu’un dormir. Ronchonna Emmett
Jasper tut ses pensées, même quand la chanson que je jouais partit un peu plus agitée que ce que j’avais prévu. C’était une vieille chanson, avec un thème familier : l’impatience. Jasper disait au revoir à ses amis, qui me regardaient avec curiosité.
Quelle créature étrange. Pensait, la blonde et blanche Charlotte, pas plus grande qu’Alice. Il était si normal et plaisant la dernière fois que nous nous sommes rencontrés.
Les pensées de Peter étaient synchronisées avec les siennes, comme c’était d’habitude le cas.
Ca doit être les animaux. Le manque de sang humain les conduit à faire des choses bizarres finalement, conclut-il. Ses cheveux étaient aussi blonds que ceux de Charlotte et presque aussi longs. Ils étaient très semblables – à part pour la taille, lui étant aussi grand que Jasper - tant dans le coup d’œil que dans la pensée. Une paire bien assortie, je le pensais toujours.
Tout le monde sauf Esmée avait arrêté de penser à moi depuis un moment, et je jouais dans les tons les plus tristes pour ne pas attirer l’attention.
Je ne leur prêtais pas attention pendant longtemps, en permettant juste à la musique de distraire mon malaise. Il était dur d’avoir la fille hors de vue et d’esprit. J’ai seulement porté mon intention à leur conversation quand l’adieu est devenu plus final.
« Si tu vois Maria de nouveau », lui dit Jasper, avec prudence, « dis lui que je lui souhaite du bien. »
Maria est le vampire ayant crée tant Jasper que Peter – Jasper à la dernière moitié du dix-neuvième siècle, Peter plus récemment dans les années mil neuf cent quarante. Elle avait cherché Jasper quand nous étions à Calgary. Cela avait été une petite visite pleine d’incidents – et nous avions du bouger immédiatement. Jasper lui avait poliment demandé de gardé ses distances à l’avenir.
« Je ne pense pas que ça arrivera bientôt »dit Peter avec un petit rire – Maria était indéniablement dangereuse et il n’y avait pas beaucoup d’amour éperdu entre elle et Peter. Peter avait, enfin, contribué à l’abandon de Jasper. Jasper était le préféré de Marie – elle l’a considéré comme un détail mineur une fois qu’elle avait projeté de le tuer. « Mais si ça arrive, je le ferait certainement. »
Ils se seraient les mains, en se préparant à partir. Je laissais la chanson, jouait une fin insatisfaisante et me hâtait sur mes pieds.
« Peter, Charlotte. » Dis-je, en faisant un signe de tête
« C’était agréable de te revoir Edward » dis Charlotte douteusement. Peter fis juste un signe de tête en échange.
Espèce de fou, lança Emmett après moi
Idiot, pensa Rosalie au même moment
Pauvre garçon. Esmée
Et Alice, sur un ton blâmant. Ils vont droit vers l’est, à Seattle. Pas prés de Port-Angeles. Elle me montra la preuve dans ses visions.
J’ai simulé que je ne l’avais pas entendue. Mes excuses étaient déjà assez minces.
Une fois dans ma voiture, je me sentis plus détendu ; le ronronnement robuste du moteur que Rosalie avait améliorait pour moi - l’année dernière, quand elle était de meilleure humeur – me relaxait. C’était un soulagement, de savoir que je devenais plus proche de Bella à chaque kilomètre qui passait sous mes pneus.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 9 : Port Angeles

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:00

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 9 : Port Angeles


Il faisait trop clair pour que je puisse entrer en ville quand j'y arrivai; le soleil était toujours bien trop haut dans le ciel, et, malgré mes vitres teintées, je n'avais aucune raison de prendre des risques inconsidérés. Encore plus de risques inconsidérés, devrais-je dire.
J'étais certain de pouvoir retrouver l'esprit de Jessica, même de loin – les pensées de Jessica étaient plus fortes que celles d'Angela, mais une fois que j'aurai trouvé les premières, je pourrais entendre les secondes. Alors, quand les ombres s'allongeront, je pourrais m'approcher. Pour l'instant, je tournai dans un chemin envahi par la végétation juste à la sortie de la ville qui ne semblait pas être utilisé très fréquemment.
Je savais vaguement dans quelle direction chercher – en fait, il n'y avait qu'un endroit pour acheter des robes à Port Angeles. Je ne mis pas longtemps à trouver Jessica, s'admirant devant un triple miroir en pied, et je pus voir Bella dans son champ de vision, appréciant du regard la longue robe noire qu'elle portait.
Bella a toujours l'air en rogne. Ha ha. Angela avait raison – Tyler se faisait des films. Mais quand même, je ne comprends pas pourquoi elle est si bouleversée. Au moins, elle sait qu'elle a un garçon prêt à l'emmener au bal de fin d'année en dernier recours. Et si Mike ne s'amusait pas au bal, et ne m'invitait plus à sortir? Et s’il invitait Bella au bal de fin d'année? Est-ce qu'elle aurait invité Mike au bal si je n'avais rien dit? Est-ce qu'il la trouve plus belle que moi? Est-ce qu'elle se trouve plus belle que moi?
« Je pense que je préfère la bleue. Ça fait bien ressortir tes yeux. »
Jessica sourit à Bella, faussement chaleureuse, tout en la regardant avec méfiance.
Est-ce qu'elle le pense vraiment? Ou est-ce qu'elle veut me faire ressembler à une grosse vache samedi?
J'en avais déjà assez d'entendre Jessica. Je recherchai dans les environs, essayant de localiser Angela – ah, mais Angela était en train de changer de robe, et je me glissai rapidement hors de sa tête pour lui laisser son intimité.
Bon, il ne pouvait pas arriver grand-chose à Bella dans un grand magasin. Je les laisserai faire leurs courses et les retrouverai plus tard, quand elles auraient fini. Il ferait bientôt plus sombre – les nuages étaient en train de revenir, depuis l'ouest. Je ne pus leur jeter qu'un coup d'œil à travers la végétation dense, mais je vis qu'ils allaient accélérer le coucher du soleil. Je les accueillis chaleureusement, j'en avais plus besoin que jamais; je n'avais jamais attendu plus impatiemment le retour des ténèbres dans lesquelles je pourrais me glisser. Demain, je pourrai de nouveau m'asseoir à côté de Bella en classe, et monopoliser son attention au déjeuner. Je pourrai lui poser toute les questions qui me hantaient...
Donc, elle était furieuse de la présomption de Tyler. Je l'avais vu dans sa tête – qu'il était sérieux en parlant du bal de fin d'année, que ses mots étaient à prendre au sens littéral, et qu'il les revendiquait. Je me remémorai la réaction de Bella l'autre après-midi – son incrédulité outragée – et je ris. Je me demandai ce qu'elle lui dirait à ce propos. Je ne voulais rater son expression pour rien au monde.
Le temps passa lentement en attendant que les ombres s'allongent. Je jetai un coup d'œil dans l'esprit de Jessica de temps à autres, pour vérifier que tout se passait bien; son esprit était le plus facile à repérer, mais je n'aimais y traîner trop longtemps. Je vis l'endroit où elles comptaient aller dîner. Il ferait noir à ce moment-là...peut-être que je pourrai choisir le même restaurant par pure coïncidence. Je frôlai le portable dans ma poche, pensant à inviter Alice à dîner... Elle adorerait cela, mais elle voudrait aussi parler à Bella. Je n'étais pas sûr d'être prêt à ce que Bella soit encore plus impliquée dans mon monde. Un vampire n'entraînait-il pas déjà suffisamment de problèmes?
Je vérifiai machinalement dans l'esprit de Jessica qu'il ne se passait rien d'anormal. Elle pensait à ses bijoux, demandant l'opinion d'Angela.
« Peut-être que je devrais aller rendre le collier. J'en ai un à la maison qui ferait sûrement l'affaire, et j'ai déjà dépensé plus que ce que je ne devais... » Ma mère va me tuer. Mais à quoi est-ce que je pensais?
« Ça ne me dérange pas de retourner au magasin. Mais... tu ne penses pas que Bella va nous attendre? »
Quoi? Bella n'était pas avec elles? Je cherchai au travers des yeux de Jessica, puis passai à ceux d'Angela. Elles étaient sur un trottoir longeant une longue ligne de vitrines de magasins, faisant demi-tour. Bella n'était nulle part.
Oh, mais on s'en fiche de Bella, pensa Jessica impatiemment, avant de répondre à la question d'Angela. « Ne t'inquiète pas. On arrivera au restaurant bien avant elle, même en retournant au magasin. De toute façon, j'ai l'impression qu'elle avait envie d'être seule. » Elle me gratifia d'un coup d'œil de la librairie à laquelle Bella s'était rendue, selon elle.
« Dépêchons-nous, alors, » dit Angela. J'espère que Bella ne pense pas qu'on l'évite. Elle a été si sympa avec moi dans la voiture, tout à l'heure... C'est vraiment une fille adorable. Mais elle avait l'air d'avoir le cafard toute la journée. Je me demande si c'est à cause d'Edward Cullen? Je parie que c'est pour ça qu'elle me posait des questions sur sa famille...
J'aurai dû faire plus attention. Tout ce que j'avais manqué! Bella était partie se promener toute seule de son côté, et elle avait posé des questions à propos de moi auparavant? Angela avait reporté son attention sur Jessica à présent – Jessica babillait une fois de plus à propos de cet idiot de Mike – et je n'eus aucune réponse de sa part.
Je mesurai les ombres du regard. Le soleil serait derrière les nuages bien assez tôt. Si je restais du côté ouest de la route, où les bâtiments projetaient leur ombre, sa me protégerait de la lumière déjà faiblissante...
Je commençai à être anxieux, trouvant mon chemin à travers la circulation peu dense vers le centre de la ville. Je n'avais pas pensé à cette possibilité – Bella s'éloignant de son côté – et je n'avais aucune idée de la façon dont je pourrais la retrouver. J'aurais dû considérer cette possibilité.
Je connaissais bien Port Angeles; je fonçai directement à la librairie à laquelle Jessica avait pensé, espérant que mes recherches seraient courtes, mais me doutant que ce ne serait pas si facile que cela. Bella avait-elle jamais rendu les choses faciles?
Bien sûr, le petit magasin était vide à part la femme, habillée de façon très anachronique, derrière le comptoir. Cela ne ressemblait pas au genre d'endroit qui pourrait intéresser Bella – trop new age pour une personne à l'esprit aussi pratique. Je me demandai si elle avait seulement pris la peine d'entrer?
Il y avait une tâche d'ombre dans laquelle je pourrais me garer...et qui traçait un chemin sombre jusqu'à l'auvent de la boutique. Je ne devrais vraiment pas. Me promener pendant les heures où le soleil brillait encore était réellement dangereux. Que ferai-je si une voiture passant par là envoyait le reflet du soleil au mauvais moment dans mon allée sombre?
Mais je ne savais comment faire autrement pour retrouver Bella!
Je me garai et sortis, m'appliquant à rester là où l'ombre était la plus profonde. J'entrai à grands pas dans le magasin, sentant l'odeur de Bella dans l'air. Elle avait été ici, sur le trottoir, mais il n'y avait aucune trace de son odeur à l'intérieur du magasin.
« Bienvenue! Je peux vous aid–» commença la vendeuse, mais j'étais déjà ressorti.
Je suivis l'odeur de Bella aussi loin que l'ombre me le permit, m'arrêtant à la limite des rayons du soleil.
Comme je me sentais impuissant – tenu à distance par cette mince ligne entre l'ombre et la lumière qui s'étendait devant moi sur le trottoir. Comme enfermé.
Je ne pouvais que deviner qu'elle avait continué en traversant la route, en direction du sud. Il n'y avait pas grand chose dans cette direction. S'était-elle perdue? Hmm, cette possibilité ne semblait pas tout à fait exclue, si on considérait le personnage...
Je remontai dans la voiture et avançai doucement à travers les rues, la recherchant. Je ressortis là où il y avait des tâches d'ombre, mais je ne sentis son odeur qu'une autre fois, et sa direction me pris au dépourvu. Où essayait-elle d'aller?
Je fis la navette entre la librairie et le restaurant, plusieurs fois, espérant la voir en route. Jessica et Angela y étaient déjà revenues, se demandant si elles devaient passer commande, ou bien l'attendre. Jessica insistait pour commander tout de suite.
Je commençai à passer au crible les pensées de parfaits inconnus, regardant par leurs yeux. C'était obligé, quelqu'un devait l'avoir vue quelque part!
Je devenais de plus en plus anxieux à mesure qu'elle demeurait introuvable. Je n'avais encore jamais réalisé qu'elle pourrait s'avérer difficile à trouver, une fois, comme c'était le cas maintenant, hors de ma vue et des sentiers battus. Je détestai cela.
Les nuages s'amassaient à l'horizon, et dans quelques minutes, je pourrai la traquer à pied. Cela ne me prendrait pas longtemps, alors. Seul le soleil me rendait impuissant en ce moment même. Juste quelques minutes, puis je récupérerai l'avantage et ce serait le monde humain qui serait impuissant.
Un autre esprit, puis un autre. Tant de pensées triviales.
...pense que le bébé a encore une otite...
C'était six cent quarante ou bien six cent quatre...?
Encore en retard? Je devrais lui dire...
Ah, la voilà!
Et là, je pus de nouveau voir son visage. Enfin, quelqu'un l'avait remarquée!
Le soulagement ne dura qu'une fraction de seconde, avant que je n'entendisse la suite des pensées de l'homme qui jubilait en la voyant, caché dans l'ombre.
Son esprit m'était inconnu, et pourtant pas si étranger. Autrefois, j'avais chassé exactement le même genre d'esprits.
« NON! » hurlai-je, et une suite ininterrompue de grognements s'échappèrent de ma gorge. Mon pied enfonça la pédale d'accélérateur, mais où allais-je?
Je ne connaissais que la direction générale de son esprit, et cette connaissance n'était pas assez précise. Quelque chose, il devait y avoir quelque chose – un panneau de rue, un éventaire de boutique, n'importe quoi dans son champs de vision qui trahirait sa position. Mais Bella était dans l'ombre, et ses yeux n'étaient focalisés que sur son expression effrayée – se réjouissant de la peur qu'il y lisait.
Son visage était flou dans ses pensées, effacé par le souvenir d'autres visages. Bella n'était pas sa première victime.
Le son de mes grognements ébranlait la voiture, mais il en fallait plus pour briser ma concentration.
Il n'y avait aucune fenêtre dans le mur derrière elle. Une zone industrielle, éloignée du quartier plus commerçant.
Les pneus hurlèrent en prenant le virage, puis ma voiture fit une embardée en dépassant un autre véhicule, se dirigeant vers ce que j'espérai être la bonne direction. Le temps que l'automobiliste klaxonne, j'étais déjà loin.
Regardez-là trembler! L'homme rit d'avance. La peur était ce qui l'attirait dans le procédé – la partie qu'il appréciait le plus.
« Fichez-moi la paix. » Sa voix était basse et assurée, pas un cri.
« Sois pas comme ça, chérie! »
Il la regarda tressaillir au rire chahuteur qui vint d'une autre direction. Il fut irrité par ce son – Ta gueule, Jeff! pensa-t-il – mais il adora son mouvement de recul. Cela l'excitait. Il commença à imaginer ses appels au secours, et la façon dont elle le supplierait...
Je n'avais pas réalisé qu'il n'était pas seul avant d'entendre le rire gras. J'essayai de localiser un esprit autour du sien, désespéré de trouver une indication quelconque. Il était en train de faire un premier pas dans sa direction, étirant ses mains.
Les esprits alentours n'étaient pas le cloaque qu'était le sien. Ils étaient tous légèrement intoxiqués, aucun d'eux ne réalisant jusqu'où l'homme qu'ils appelaient Lonnie prévoyait d'aller. Ils suivaient Lonnie aveuglément. Il leur avait promis qu'ils s'amuseraient...
L'un d'eux jeta un coup d'œil au bout de la rue, nerveux – il ne voulait pas se faire prendre en train de harceler la fille – et me donna l'indice que je cherchais. Je reconnus le croisement vers lequel il dirigea son regard.
Je passai au feu rouge, me glissant dans l'espace très restreint entre deux voitures au cœur de la circulation rapide. Des coups de klaxon retentirent derrière moi.
Mon portable sonna dans ma poche. Je l'ignorai.
Lonnie s'avança doucement vers la fille, faisant durer le suspense – le moment de terreur anticipée qui éveillait le désir en lui. Il attendit son cri, se préparant à le savourer.
Mais Bella serra la mâchoire et sembla se préparer à se défendre. Il fut surpris – il s'était attendu à la voir essayer de s'enfuir. Surpris et un peu déçu. Il aimait à traquer ses proies, l'adrénaline de la chasse.
Courageuse, celle-là. Peut-être que c'est mieux, qui sait...elle montrera plus de résistance.
J'étais à un pâté de maison. Le monstre entendait le grondement de mon moteur, mais il n'y prit pas attention, trop absorbé.
J'allais voir s'il aimait les chasses dont on était la proie. J'allais voir ce qu'il pensait de mon genre de chasse.
Dans une autre partie de ma tête, j'étais déjà en train de choisir entre tout un éventail de tortures dont j'avais été témoin pendant ma période de rébellion, cherchant la plus douloureuse d'entre toutes. Il souffrirait pour cela. Il se tordrait de douleur, souffrirait l'agonie. Les autres, de leur côté, seraient simplement tués, mais le monstre nommé Lonnie me supplierait de le tuer bien avant que j'en aie fini avec lui.
Il était en train de traverser la rue, s'approchant d'elle.
Je pris le virage sur les chapeaux de roues, mes phares éclairant brièvement la scène les pétrifiant tous. J'aurai pu renverser leur chef, qui sauta hors de ma route, mais c'était une mort trop facile pour lui.
Je laissai la voiture faire un demi-tour complet en glissant, de façon à ce que je sois de nouveau face à la route par laquelle j'étais arrivé, et que la portière passager soit du côté de Bella. Je l'ouvris avec force, et elle était déjà en train de courir vers la voiture.
« Grimpe, » grognai-je en montrant les dents.
Mais qu'est-ce que-?
Je savais que ce n’était pas une bonne idée! Elle n’est pas toute seule.
Je devrais courir, non?
...crois que je vais dégueuler...
Bella sauta par la porte ouverte sans hésiter, claquant la porte derrière elle.
Et là, elle me regarda avec l'expression la plus confiante que j'aie jamais vu sur le visage d'un humain, et mes projets violents s'effondrèrent.
Cela me prit bien moins d'une seconde pour réaliser que je ne pouvais pas la laisser dans la voiture pendant que je m'occupais des quatre hommes dans la rue. Que lui dirai-je, de ne pas regarder? Ha! Avait-elle jamais fait ce que je lui disais de faire? Avait-elle jamais fait la bonne chose à faire?
Allai-je les traîner dans un coin sombre, hors de sa vue, et la laisser toute seule ici? C'était un risque à prendre, qu'un autre humain dangereux rôde dans les rues de Port Angeles ce soir, mais c'était déjà hors du commun qu'il y en ait même un premier! Comme un aimant, elle attirait irrésistiblement tout ce qui était dangereux. Je ne pouvais pas la laisser hors de ma vue.
J'accélérai dans ce qui, pour elle, semblerait faire partie du même geste, l'éloignant de ses poursuivants si rapidement qu'ils fixèrent ma voiture avec des expressions ébahies et incompréhensives. Elle n'aurait pas remarqué mon instant d'hésitation. Elle penserait que le plan était de s'échapper depuis le début.
Je ne pouvais même pas le blesser avec ma voiture. Cela ferait peur à Bella.
Je voulais sa mort, d'une façon si sauvage que ce besoin résonnait dans mes oreilles et flouait ma vue et avait un goût sur ma langue. Mes muscles étaient tendus dans ce but, ce besoin insatiable, cette nécessité. Je devais le tuer. Je le découperai lentement en morceaux, petit à petit, de la peau aux muscles, des muscles aux os...
Sauf que la fille – la seule fille au monde – agrippait le siège de ses deux mains, me fixant intensément, les yeux toujours écarquillés et complètement confiants. La vengeance allait devoir attendre.
« Attache ta ceinture, » ordonnai-je. Ma voix était rude de haine et de soif de sang. Pas la soif de sang usuelle. Je ne me souillerai pas en prenant une quelconque part de cet homme en moi.
Elle attacha sa ceinture, sursautant légèrement au bruit qu'elle produisit. Ce petit son la fit sursauter, pourtant elle ne montra aucune peur alors que je traversais toute la ville sans me préoccuper d'aucun panneau de signalisation. Je sentais ses yeux sur moi. Elle avait l'air étrangement détendue. Cela n'avait aucun sens pour moi – pas après tout ce qu'elle venait de traverser.
« Ça va? » demanda-t-elle, sa voix rude sous l'effet de la tension et de la peur.
Elle voulait savoir si j'allais bien?
Je réfléchis à sa question pendant une fraction de seconde. Pas assez longtemps pour qu'elle remarque mon hésitation.
« Non, » réalisai-je, et mon ton bouillit de rage.
Je l'emmenai sur la petite route envahie par la végétation où j'avais passé l'après-midi absorbé par la plus mauvaise surveillance jamais effectuée. À présent, il faisait noir sous les arbres.
J'étais si furieux que mon corps était pétrifié, complètement immobile. Mes mains, comme congelées sur place, souffraient de ne pouvoir anéantir son agresseur, de le hacher en morceaux, de mutiler son corps si complètement qu'il ne pourrait jamais être identifié....
Mais cela impliquerait de la laisser seule ici, sans protection dans la nuit noire.
« Bella? » demandai-je entre mes dents.
« Oui? » répondit-elle d'une voix rauque. Elle s'éclaircit la gorge.
« Tu n'as rien? » C'était vraiment la chose la plus importante, la première priorité. Le châtiment était secondaire. Je savais cela, mais mon corps était si débordant de rage qu'il m'était difficile de réfléchir.
« Non. » Sa voix était toujours rauque – de peur, sans aucun doute.
Et je ne pouvais donc pas la quitter.
Même si elle ne risquait pas constamment sa vie comme c'était, de façon exaspérante, le cas – sûrement une farce que me jouait l'univers – même si j'étais absolument certain qu'elle serait parfaitement en sécurité pendant mon absence, je ne pourrais pas la laisser seule dans le noir.
Elle devait avoir tellement peur.
Cependant, je n'étais pas en condition de la réconforter – même si je savais exactement comment procéder, ce qui n'était pas le cas. Elle sentait sûrement toute la brutalité qui irradiait de moi en ce moment, c'était sûrement assez évident. Je l'effrayerai encore plus si je n'arrivais pas à apaiser l'envie de carnage qui bouillait en moi.
J'avais besoin de penser à autre chose.
« Distrais-moi, s'il te plaît, » suppliai-je.
« Pardon? »
Je me contrôlais à peine assez pour essayer de lui expliquer ce dont j'avais besoin.
« Parle-moi, dis n'importe quoi, même des bêtises, jusqu'à ce que je me calme, » éclaircis-je, la mâchoire toujours serrée. Seule la pensée qu'elle ait besoin de moi me retenait dans la voiture.
J'entendais les pensées de l'homme, sa déception et sa colère... Je savais où le trouver... Je fermai les yeux, souhaitant ne plus pouvoir rien voir...
« Euh... » Elle hésita – essayant de donner un sens à ma requête, supposai-je. « Demain avant les cours, j'écrase Tyler Crowley? » Elle le dit comme si c'était une question.
Oui – c'était ce dont j'avais besoin. Bien sûr qu'elle me trouverait quelque chose de complètement inattendu. Comme auparavant, la menace de violence passant ses lèvres était hilarante – si drôle qu'elle détonait. Si je n'avais pas été en train de mourir d'envie de tuer, j'aurai ri.
« Pourquoi? » aboyai-je, pour la forcer à continuer à parler.
« Il raconte à tout le monde que je serai sa cavalière au bal de fin d'année, » dit-elle, sa voix pleine de l'outrage du tigre-chaton. « Soit il est marteau, soit il continue à essayer de se racheter pour avoir failli me tuer quand... bref tu es au courant, » inséra-t-elle sèchement. « Visiblement, il croit que le bal est le bon moyen pour ça. Du coup, j'ai pensé que si je mettais sa vie en danger nous serions à égalité, et qu'il cesserait de s'excuser. Je n'ai pas besoin d'ennemis, et Lauren se calmera peut-être s'il me fiche la paix. Sauf que je vais sans doute devoir bousiller sa Sentra, » continua-t-elle, songeuse à présent. « S'il n'a plus de voiture, il ne pourra accompagner personne au bal de fin d'année... »
C'était encourageant de voir que parfois, elle comprenait mal les choses. La ténacité de Tyler n'avait rien à voir avec l'accident. Elle ne semblait pas remarquer l'attirance qu'elle exerçait sur les garçons humains du lycée. Ne voyait-elle pas l'attirance qu'elle exerçait sur moi, non plus?
Ah, ça marchait. Les rouages déconcertants de son esprit étaient toujours totalement passionnants. Je commençai à recouvrer un certain contrôle, à voir quelque chose au-delà de la vengeance et la torture...
« J'en ai entendu parler, » lui appris-je. Elle avait arrêté de parler, et j'avais besoin qu'elle continue.
« Toi? » demanda-t-elle, incrédule. Et sa voix devint plus furieuse qu'avant. « Bon sang, si j'arrive à le paralyser de la tête au pieds, il n'ira pas au bal non plus. »
J'aurai souhaité pouvoir lui demander de continuer à proférer des menaces de mort ou de violence corporelle sans paraître complètement cinglé. Elle n'aurait pas pu trouver un meilleur sujet de conversation pour me calmer. Et ses mots – qui n'étaient que des sarcasmes dans son cas, des hyperboles – étaient un rappel qui me manquait beaucoup à ce moment-là.
Je soupirai, et ouvris les yeux.
« Ça va mieux? » demanda-t-elle timidement.
« Ce n'est pas terrible. »
Non, j'étais plus calme, mais je n'allais pas mieux. Parce que je venais de réaliser que je ne pouvais pas tuer le monstre du nom de Lonnie, et j'en avais toujours plus envie plus que de presque tout au monde. Presque.
La seule chose dont j'avais plus envie que de commettre un crime parfaitement justifiable, était cette fille. Et, malgré le fait que je ne puisse pas l'avoir, le seul rêve de l'avoir m'interdisait de partir en chasse ce soir – et peu importait à quel point une telle chose était défendable.
Bella méritait mieux qu'un assassin.
J'avais passé sept décennies à essayer d'être autre chose que cela – tout sauf d'être un assassin. Ces années d'effort ne me feraient jamais valoir la fille qui était assise à côté de moi. Et pourtant, je sentais que si je retournais à cette vie – la vie d'assassin – pour juste une nuit, je la mettrais irrévocablement hors de ma portée pour toujours. Même si je ne buvais pas leur sang – même si je n'avais pas cette preuve flamboyant de rouge dans mes yeux – ne sentirait-elle pas la différence?
J'essayais d'être assez bon pour elle. C'était un but impossible. Je continuerai d'essayer.
« Qu'est-ce qu'il y a? » chuchota-t-elle.
Son odeur respiration remplit mon nez, ce qui me rappela pourquoi je ne pouvais pas la mériter. Après tout cela, même avec tout l'amour que j'éprouvais pour elle...elle me faisait quand même saliver.
Je voulais lui donner autant d’honnêteté que je pouvais. Je lui devais bien ça.
« Parfois, j'ai du mal à contrôler mes humeurs, Bella. » Je fixai la nuit noire, espérant en même temps qu'elle entende l'horreur inhérente à mes mots et qu'elle ne l'entende pas. Surtout qu'elle ne l'entende pas. Cours, Bella, cours. Reste, Bella, reste. « Sauf qu'il ne servirait à rien que je retourne là-bas pour régler leur compte à ces... » Rien que d'y penser me propulsa presque hors de la voiture. Je pris une profonde inspiration, laissant son odeur me brûler toute la gorge. « Enfin, j'essaie de m'en convaincre. »
« Oh. »
Elle ne dit plus rien. Qu'avait-elle perçu dans mes mots? Je lui jetai furtivement un coup d'œil, mais son visage était indéchiffrable. Peut-être figé par le choc. Bon, elle ne criait pas. Pas encore.
Nous fûmes silencieux pendant un moment. Une guerre faisait rage en moi, essayant de m'obliger à être ce que j'étais. Ce que je ne pouvais pas être.
« Jessica et Angela vont s'inquiéter, » dit-elle doucement. Sa voix était très calme, et je n'étais pas sûr de comprendre pourquoi. Était-elle sous le choc? Peut-être qu'elle n'avait pas encore intégré les événements de ce soir. « J'étais censée les retrouver. »
Voulait-elle être loin de moi? Ou ne s'inquiétait-elle que du souci que se feraient ses amies?
Je ne lui répondis pas, mais je démarrai la voiture et la ramenai au restaurant. À mesure que nous nous rapprochions de la ville, j'avais de plus en plus de mal à me tenir à ma bonne résolution. J'étais si proche de lui...
Si c'était impossible – si je ne pouvais jamais avoir ou mériter cette fille – alors pourquoi laisser cet homme impuni? Cela au moins devait m'être permis...
Non. Je n'abandonnerai pas. Pas encore. Je la voulais beaucoup trop pour baisser les bras.
Nous arrivâmes au restaurant où elle était censée retrouver ses amies avant que je réussisse à mettre de l'ordre dans mes pensées. Jessica et Angela avaient fini de manger, et étaient toutes deux sérieusement inquiètes pour Bella à présent. Elles se préparaient à aller la chercher, arpentant la rue sombre.
Ce n'était pas une bonne nuit pour se promener dehors-
« Comment savais-tu où...? » La question inachevée de Bella interrompit le cours de mes pensées, et je réalisai que j'avais fait une nouvelle gaffe. J'avais été bien trop distrait pour me rappeler de lui demander où elle était censée retrouver ses amies.
Mais, au lieu de finir sa phrase et d'insister sur ce point, Bella secoua juste la tête et fit un demi-sourire.
Qu'est-ce que cela signifiait, à présent?
Bon, je n'avais pas le temps d'essayer de comprendre l'étrange acceptation de mon savoir venu d'elle ne savait où... J'ouvris ma portière.
« Qu'est-ce que tu fais? » demanda-t-elle en sursautant.
Je refuse de te laisser hors de ma vue. Et j'essaie de ne pas me laisser être seul ce soir. Dans cet ordre des priorités. « Je t'invite à dîner. »
Eh bien, voilà qui allait être intéressant. Je n'arrivais pas à croire que ce même soir, j'avais envisagé d'emmener Alice à dîner en prétendant avoir choisi accidentellement le même restaurant que Bella et ses amies. Et maintenant, voilà, j'avais pratiquement un rendez-vous avec la fille. Sauf que ça ne comptait pas, parce que je ne lui laissais pas le choix.
Elle avait déjà entrouvert sa portière avant que j'aie fait le tour de la voiture – d'habitude, ce n'était pas aussi frustrant de devoir marcher à une vitesse qui passe inaperçue – au lieu d'attendre que je la lui ouvre. Était-ce parce qu'elle n'avait pas l'habitude d'être traitée comme une lady, ou parce qu'elle ne pensait pas que je fusse un gentleman?
J'attendis qu'elle me rejoigne, de plus en plus anxieux à mesure que ses amies s'éloignaient dans le noir.
« Va prévenir Jessica et Angela avant que je doive les sauver, elles aussi, » lui demandai-je rapidement. « Je ne suis pas certain que j'arriverai à me retenir si je tombe une nouvelle fois sur tes potes. » Non, je ne serai pas assez fort pour cela.
Elle frémit, puis se reprit rapidement. Elle s'avança d'un demi-pas dans leur direction, criant, « Jess! Angela! » D’une voix forte. Elles se retournèrent, et elle fit de grands signes pour attirer leur attention.
Bella! Oh, elle va bien! pensa Angela avec soulagement.
Pas trop tard... grommela Jessica pour elle-même, mais elle aussi était reconnaissante que Bella ne se soit pas perdue ou blessée. Elle remonta dans mon estime pour cette pensée.
Elles se précipitèrent en avant, puis marquèrent une pause, stupéfaites, en me voyant à côté d'elle.
Non! pensa Jessica, abasourdie. Me dites pas que c'est vrai!
Edward Cullen? Se serait-elle en allée de son côté pour aller le retrouver? Mais pourquoi se serait-elle demandée pourquoi ils étaient absents si elle savait qu'il était ici... J'eus droit à un éclair de souvenir, le visage mortifié de Bella quand elle avait demandé à Angela pourquoi ma famille était souvent absente de l'école. Non, elle ne pouvait pas être au courant, décida Angela.
Les pensées de Jessica passaient, elles, de la surprise aux soupçons. Bella ne m'a pas tout dit.
« Où étais-tu passée? » demanda-t-elle, fixant Bella, mais me jetant des coups d'œil furtifs.
« Je me suis perdue. Et puis j'ai rencontré Edward, » dit Bella, faisant un signe dans ma direction. Son ton était étonnamment normal. Comme si c'était vraiment tout ce qui c'était passé.
Elle devait être sous le choc. C'était la seule explication à son calme.
« Ça vous dérange, si je me joins à vous? » demandai-je – pour être poli; je savais qu'elles avaient déjà mangé.
Bon sang mais qu'est-ce qu'il est sexy! pensa Jessica, ses pensées un peu incohérentes tout d'un coup.
Celles d'Angela n'étaient pas plus posées. Si seulement on n'avait pas mangé. Waou. Juste. Waou.
Mais pourquoi est-ce que je ne pouvais pas faire ça à Bella?
« Euh...Bien sûr que non, » acquiesça Jessica.
Angela fronça les sourcils. « En fait, Bella, nous avons dîné en t'attendant, » admit-elle. « Désolée. »
Quoi? Mais tais-toi! Se plaignit Jessica intérieurement.
Bella haussa les épaules, désinvolte. Tellement à l'aise. Définitivement sous le choc. « C'est très bien comme ça – je n'ai pas faim. »
« Je crois que tu devrais manger un morceau, » la contredis-je. Elle avait besoin de sucre dans le sang – bien qu'il semble bien assez sucré comme ça, pensai-je ironiquement. L'horreur allait s'abattre sur elle d'une minute à l'autre, et un estomac vide ne l'aiderait pas. Elle s'évanouissait facilement, d'après ce que je savais d'elle.
Ces filles ne seraient pas en danger si elles rentraient directement à la maison. Le danger ne les suivait pas à la trace, elles.
Et je préférais être seul avec Bella – du moment qu'elle voulait bien être seule avec moi.
« Ça vous ennuie si je ramène Bella plus tard? » dis-je à Jessica avant que Bella puisse répondre. « Comme ça, vous n'aurez pas attendre qu'elle ait fini son repas. »
« Euh...non. » Jessica fixa Bella, cherchant un signe qui montre que c'était ce qu'elle voulait.
J'ai envie de rester...Mais, probable qu'elle le veut pour elle toute seule. Qui ne le voudrait pas? pensa Jess. À ce moment, elle regarda Bella lui faire un clin d'œil.
Bella lui avait fait un clin d'œil?
« D'accord, » dit rapidement Angela, pressée de partir si c'était ce que voulait Bella. Et il semblait que ce soit ce qu'elle voulait. « À demain, Bella...Edward. » Elle s'efforça de dire mon nom d'un ton désinvolte. Puis elle attrapa la main de Jessica et commença à l'entraîner derrière elle.
Il fallait que je trouve un moyen de remercier Angela pour ça.
La voiture de Jessica était garée tout près, et dans un large cercle de lumière venue d'un lampadaire. Bella les regarda prudemment, un léger froncement de soucis entre les yeux, jusqu'à ce qu'elles montent dans la voiture, elle devait donc être tout à fait consciente du danger qu'elle avait encouru. Jessica lui dit au revoir de la main en s'éloignant, et Bella lui rendit son signe. Elle ne prit une grande inspiration et ne se retourna vers moi qu'une fois la voiture disparue.
« Franchement, je n'ai pas faim, » dit-elle.
Pourquoi avait-elle attendu qu'elles soient parties pour le dire? Avait-elle vraiment envie d'être seule avec moi – même maintenant, après avoir été témoin de ma rage de tuer?
Que ce soit le cas ou non, elle allait manger quelque chose.
« Fais-moi plaisir, » dis-je.
Je lui tins la porte du restaurant et attendis.
Elle soupira, puis passa la porte.
Je marchai à ses côtés jusqu'à l'accueil, où l'hôtesse attendait. Bella semblait toujours complètement maîtresse d'elle-même. J'avais envie de toucher sa main, son front, pour vérifier sa température. Mais elle fuirait le contact de ma main froide, comme elle l'avait fait auparavant.
Ça par exemple! M’interrompit la voix mentale plutôt forte de l'hôtesse. Bon sang de bon sang...
Il semblait que c'était le jour où j'attirais tous les regards. Ou ne le remarquai-je ce soir, que parce que tout ce que j'espérais, c'était que Bella me voie de cette façon? Nous étions toujours attirants pour nos proies. Je n'y avais jamais vraiment réfléchi auparavant. D'habitude – sauf quand, comme pour Shelly Cope ou Jessica Stanley, l'habitude avait émoussé l'horreur – la peur arrivait assez tôt après l'attirance initiale...
« Nous sommes deux, » pressai-je l'hôtesse puisqu'elle ne parlait pas.
« Oh, euh, oui. Bienvenue à La Bella Italia. » Mmm! Quelle voix! « Je vous en prie, suivez-moi. » Ses pensées étaient préoccupées – toutes à ses estimations.
Peut-être qu'elle est sa cousine. Elle ne peut pas être sa sœur, ils ne se ressemblent pas du tout. Mais ils sont forcément de la même famille. Dans tous les cas, lui ne peut pas être avec elle.
Les yeux humains étaient voilés; ils ne voyaient jamais clairement. Comment cette femme étroite d'esprit pouvait-elle trouver mes attraits physiques – des pièges pour mes proies – si attirants, sans voir la douce perfection de la fille à mes côtés?
Bon, pas besoin de lui faciliter la tâche, au cas où, pensa l'hôtesse en nous amenant à une table de taille familiale au milieu d'une partie bondée du restaurant. Pourrais-je lui donner mon numéro pendant qu'elle est là? Songea-t-elle.
Je tirai un billet de ma poche de derrière. Les gens étaient invariablement coopératifs quand on mettait de l'argent en jeu.
Bella prenait déjà place là où l'hôtesse le lui indiquait, sans objection. Je secouai la tête à son intention, et elle hésita, penchant sa tête sur le côté, l'air curieux. Oui, elle serait très curieuse ce soir. Et la foule n'était pas l'endroit idéal pour ce genre de conversations.
« Vous n'avez rien de plus intime? » demandai-je à l'hôtesse, lui tendant l'argent. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise, puis se resserrèrent en refermant sa main sur le pourboire.
« Bien sûr. »
Elle jeta un coup d'œil au billet tout en nous conduisant de l'autre côté d'un mur de séparation.
Cinquante dollars pour une meilleure table? Il est riche, par dessus le marché. En même temps, c'est logique – je parie que sa veste coûte plus cher que ma dernière paie. Mince. Pourquoi veut-il plus d'intimité avec elle ?
Elle nous indiqua une table séparée par des paravents dans un coin calme du restaurant, où personne ne pourrait nous voir – voir Bella réagir à ce que j'allais lui dire, quoi que ce soit. Je n'avais aucune idée de ce qu'elle voudrait de moi ce soir. Ou de ce que j'allais lui avouer.
Combien avait-elle deviné? Quelle explication plausible avait-elle bien pu trouver pour expliquer mon comportement de ce soir?
« Ça vous va? » demanda l'hôtesse.
« Parfait, » lui dis-je, et, légèrement énervé par le ressentiment qu'elle exprimait à l'égard de Bella, je lui souris de toutes mes dents. La laissant me voir clairement.
Woa. « Euh...la serveuse sera là dans une minute. » Il ne peut pas être réel. Je dois être en train de rêver. Peut-être qu'elle disparaîtra...peut-être que j'écrirai mon numéro au ketchup sur son assiette... Elle s'éloigna, énumérant les possibilités.
Bizarre. Elle n'avait toujours pas peur. Je me rappelai soudain Emmett me taquinant à la cafétéria, il y a de si nombreuses semaines. Je parie que j'aurai pu lui faire plus peur que ça.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 9 (suite) : Port Angeles

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:02

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 9 : Port Angeles (suite)


Étais-je en train de perdre la main?
« Tu devrais arrêter de faire ça aux gens, » m'interrompit Bella dans le train de mes pensées, d'un ton réprobateur. « Ce n'est pas du jeu. »
Je fixai son expression critique. Que voulait-elle dire? Je n'avais pas du tout fait peur à l'hôtesse, malgré mes intentions. « Faire quoi? »
« Les éblouir ainsi. À l'heure qu'il est, elle est en train de suffoquer dans les cuisines. »
Hmm. Bella était très proche de la réalité. L'hôtesse n'était qu'à moitié cohérente en ce moment, décrivant sa fausse impression de moi à son amie qui faisait partie de l'équipe de service.
« Oh, s'il te plait, » me gronda Bella, ne me voyant pas répondre aussitôt. « Tu es quand même conscient de l'effet que tu produis! »
« J'éblouis les gens, moi? » C'était une façon très intéressante de le formuler. Assez exact pour ce soir. Je me demandai pourquoi il y avait une telle différence...
« Tu n'as pas remarqué? » demanda-t-elle, toujours critique. « Tu crois donc que tout le monde obtient ce qu'il veut aussi facilement que toi? »
« Est-ce que je t'éblouis? » demandai-je, voulant satisfaire instinctivement à ma curiosité, les mots sortant trop vite pour que je puisse les retirer à temps.
Mais avant que j'aie le temps de regretter plus que cela d'avoir prononcé les mots tout haut elle répondit, « Fréquemment. » Et ses joues se teintèrent d'un rose tendre.
Je l'éblouissais.
Mon cœur silencieux se gonfla d'un espoir plus intense qu'aucun de ceux que je me rappelais avoir ressenti.
« Bonjour, » dit quelqu'un, la serveuse, se présentant. Ses pensées étaient fortes, et plus explicites que celles de l'hôtesse, mais je les ignorai complètement. Je contemplai le visage de Bella au lieu de les écouter, regardant le sang se répandre sous sa peau, ne remarquant pas comment il faisait brûler ma gorge, mais plutôt comment il embellissait son visage pâle, comment il rehaussait la couleur crème de sa peau...
La serveuse attendait quelque chose de moi. Ah, elle avait demandé ce que nous voulions boire. Je continuai à fixer Bella, et la serveuse se tourna à contrecœur vers elle.
« Un Coca? » dit Bella, comme si elle attendait mon approbation.
« Mettez-en deux, » approuvai-je. La soif – normale, celle d'un humain – était un signe de choc. Je m'assurerai qu'elle ait tout le sucre du soda en plus dans son système.
Elle avait l'air bien portante, pourtant. Plus que bien portante. Elle avait l'air radieuse.
« Quoi? » lança-t-elle – se demandant sûrement pourquoi je la fixais comme ça, supposai-je. J'eus vaguement conscience du départ de la serveuse.
« Comment vas-tu? » demandai-je.
Elle cligna des sourcils, surprise de ma question. « Bien. »
« Tu ne te sens pas étourdie, nauséeuse, glacée...? »
Elle était encore plus déconcertée, à présent. « Je devrais? »
« Je guette les effets du contrecoup. » Je fis un demi-sourire, m'attendant à son démenti. Elle ne voudrait pas que l'on s'occupe d'elle.
Cela lui prit une minute de me répondre. Ses yeux étaient légèrement dans le vague. Elle prenait cet air-là, parfois, quand je lui souriais. Était-elle...éblouie?
J'adorerai penser que ce soit vrai.
« Je ne crois pas qu'il aura lieu. J'ai toujours été très douée pour réprimer les choses déplaisantes, » répondit-elle, et j'eus l'impression qu'elle reprenait encore son souffle.
Avait-elle alors beaucoup d’expérience des choses désagréables ? Sa vie avait-elle était toujours dangereuse ?
« Quand bien même, » lui dis-je. « Je serai plus à l'aise quand tu auras avalé quelque chose. »
La serveuse revint avec les Cocas et une corbeille de gressins. Elle les posa en face de moi, et me demanda ce que j'avais choisi, essayant d'attirer mon regard au passage. Je lui signifiai de s'adresser à Bella, puis m'appliquai derechef à ignorer ses pensées. Son esprit était vulgaire.
« Euh... » Bella jeta un coup d'œil au menu. « Les raviolis aux champignons. »
La serveuse se retourna vers moi impatiemment. « Et Monsieur? »
« Rien pour moi, merci. »
Bella fit une petite moue. Hmm. Elle devait avoir remarqué que je ne mangeais jamais rien. Elle remarquait tout. Et j'oubliais toujours d'être prudent autour d'elle.
J'attendis que nous soyons de nouveau seuls.
« Bois, » insistai-je.
Je fus surpris de la voir obtempérer aussitôt et sans objection. Elle but jusqu'à ce que son verre soit entièrement vide, je poussai donc le deuxième verre vers elle, fronçant un peu les sourcils. Soif, ou contrecoup?
Elle but encore un peu, puis frissonna.
« Tu as froid? »
« C'est le Coca, » dit-elle, mais elle frissonna de nouveau, ses lèvres tremblant légèrement, comme si ses dents étaient sur le point de claquer.
Le joli chemisier qu'elle portait avait l'air trop fin pour la protéger convenablement; il collait son corps, lui faisant comme une seconde peau, presque aussi fragile que la première. Elle était si frêle, si mortelle. « Tu n'as pas pris de veste? »
« Si. » Elle se retourna vers le dossier de sa chaise, un peu perplexe. « Oh, je l'ai oubliée dans la voiture de Jessica. »
J'enlevai la mienne, espérant que le geste ne soit pas gâché par la température de mon corps. Ç'aurait été bien, si j'avais pu lui offrir un manteau bien chaud. Elle me dévisagea, ses joues s'échauffant de nouveau. Qu'était-elle en train de penser?
Je lui tendis la veste au travers de la table, et elle l'enfila aussitôt, puis frémit de nouveau.
Oui, ça aurait été bien d'être chaud.
« Merci, » dit-elle. Elle prit une grande inspiration, puis remonta les manches, trop longues, pour se libérer les mains. Elle inspira derechef un grand coup.
Le contrecoup de la soirée s'annonçait-il enfin? Elle avait toujours de bonnes couleurs; sa peau avait une couleur de crème et de roses en contraste avec son chemisier d'un bleu profond.
« Cette couleur sied à merveille à ton teint, » la complimentai-je. J'étais juste honnête.
Elle rougit, rehaussant encore l'effet.
Elle avait l'air tout à fait bien, mais il n'y avait aucune raison de prendre des risques. Je poussai la corbeille de gressins vers elle.
« Je t'assure que je ne suis pas sous le choc, » objecta-t-elle, devinant les motifs de mon geste.
« Tu devrais – N'importe quel être normalement constitué le serait. Tu n'as même pas l'air ébranlé. » Je la fixai, désapprobateur, me demandant pourquoi elle ne pouvait pas être normale puis me demandant si je voulais vraiment qu'elle le soit.
« Je me sens très en sécurité avec toi, » souffla-t-elle, ses yeux de nouveau débordants de confiance. Une confiance que je ne méritais pas.
Ses instincts semblaient inversés. Ça devait être le problème. Elle ne reconnaissait pas le danger comme le ferait un être humain normal. Ses réactions étaient inversées. Au lieu de s'enfuir, elle restait là, liée à ce qui devrait lui faire peur...
Comment pourrais-je la protéger de moi-même si aucun de nous deux ne le voulait?
« Cela devient plus compliqué que je ne l'avais prévu, » murmurai-je.
Je la vis tourner et retourner mes mots dans sa tête, et je me demandai ce qu'elle en pensait. Elle prit un gressin et commença à grignoter sans paraître s'en rendre compte. Elle le mordilla un moment, puis pencha sa tête pensivement sur le côté.
« D'habitude, tu es de meilleure humeur quand tes yeux sont aussi clairs, » dit-elle sur un ton désinvolte.
Sa remarque, si terre-à-terre, m'embrouilla la tête. « Pardon? »
« Je me suis aperçue que plus tes yeux étaient sombres, plus tu étais maussade. D'ailleurs, j'ai une théorie à ce sujet, » ajouta-t-elle simplement.
Elle avait fini par trouver une explication à tout ce qu'elle avait vu. Bien sûr que oui. Je ressentis au plus profond de mon être une terreur sans nom en me demandant de combien elle s'était approchée de la vérité.
« Encore une? »
« Mm-hm. » Elle croqua un autre bout de gressin, tout à fait nonchalante. Comme si elle n'était pas en train de discuter des aspects d'un monstre avec le monstre en personne.
« J'espère que tu seras plus créative, cette fois... » Mentis-je puisqu'elle ne continuait pas. Ce que j'espérais vraiment, c'est qu'elle ait tort – qu'elle soit à des kilomètres de la vérité. « À moins que tu ne l'aies empruntée à d'autres BD? »
« Non, pas une BD, » dit-elle, un peu embarrassée. « Mais ce n'est pas moi qui l'ai trouvée non plus. »
« Et? » demandai-je entre mes dents.
Elle ne parlerait sûrement pas aussi calmement si elle était sur le point de hurler.
Alors qu'elle hésitait, mordillant sa lèvre, la serveuse réapparut avec le plat de Bella. Je ne lui payai pas grande attention pendant qu'elle déposait l'assiette devant Bella puis me demandait si je voulais quelque chose.
Je déclinai l'offre, mais commandai plus de Coca. La serveuse n'avait pas remarqué les verres vides. Elle les prit et partit.
« Alors, cette théorie? » la pressai-je anxieusement dès que nous fûmes de nouveau seuls.
« Je t'en parlerai dans la voiture, » dit-elle à voix basse. Ah, ça n'était pas une bonne idée. Si elle refusait de parler de ses théories en présence d'autres personnes...
« Seulement si... » Ajouta-t-elle soudainement.
« Des conditions? » J'étais si tendu que je grognai presque les mots.
« C'est que j'ai quelques questions, bien sûr. »
« Bien sûr, » accordai-je d'une voix dure.
Ses questions m'indiqueraient sûrement la direction de ses pensées. Mais comment y répondre? Avec responsabilité, en mentant? Ou la chasserai-je, en lui révélant mon secret? Ou ne lui répondrai-je rien, incapable de me décider?
Nous fûmes silencieux pendant que la serveuse nous réapprovisionna en Coca.
« Très bien, vas-y, » lançai-je, mâchoire serrée, une fois la serveuse partie.
« Que fais-tu à Port Angeles? »
C'était une question bien trop facile – pour elle. Elle ne me révélait rien, alors que ma réponse, si elle était sincère, lui révèlerait bien trop de choses. Je la laisserai me révéler quelque chose avant.
« Question suivante, » dis-je.
« Mais c'est la plus facile! »
« Suivante, » répétai-je.
Elle se montra frustrée par mon refus. Elle éloigna son regard, le posant sur sa nourriture. Doucement, réfléchissant durement, elle prit une bouchée et mâcha avec application. Elle avala avec une gorgée de Coca, puis releva enfin son regard vers moi.
« Très bien, » dit-elle. « Admettons, et ce n'est qu’une hypothèse, bien sûr, que... quelqu'un... sache lire dans les pensées des gens, tu vois ce que je veux dire – mais à quelques expressions près. »
Cela aurait pu être pire.
Cela expliquait le petit demi-sourire dans la voiture. Elle était vive d'esprit – personne n'avait jamais deviné cela à mon sujet. À part Carlisle, et cela avait été plutôt évident à l'époque, au début, parce que je répondais à toutes ses pensées comme si il les avait prononcées. Il avait compris avant moi...
Cette question n'était pas trop compromettante. Il était clair qu'elle savait que quelque chose n'allait pas chez moi, mais ce n'était pas aussi sérieux que ça aurait pu l'être. Lire dans les pensées n'était après tout, pas un caractère propre à l'espèce des vampires. Je jouai le jeu et complétai son hypothèse.
« À une expression près, » corrigeai-je, « Théoriquement. »
Elle réprima un sourire – mon honnêteté, même vague, lui plaisait. « À une expression près, alors. Comment ça marche? Quelles sont les limites? Comment ce... quelqu'un... parviendrait-il à deviner où une autre personne se trouve à un moment précis? Comment saurait-il qu'elle a des ennuis? »
« Théoriquement? »
« Bien sûr. » Ses lèvres réprimèrent un sourire, et ses yeux bruns liquide étaient impatients.
« Eh bien, » hésitai-je. « Si... ce quelqu'un... »
« Appelons-le Joe, » suggéra-t-elle.
Je dus sourire face à son enthousiasme. Pensait-elle vraiment que la vérité serait une bonne chose? Si mes secrets étaient plaisants, pourquoi les lui cacherais-je?
« Va pour Joe,» acceptai-je. « Si Joe avait été plus attentif, le timing n'aurait pas été aussi serré. » Je secouai la tête et réprimai un frémissement à la pensée du peu qui avait manqué pour que j'arrive trop tard. « Il n'y a que toi pour t'attirer des problèmes dans une aussi petite ville. Tu aurais ruiné leurs statistiques sur la délinquance pour dix ans, tu sais. »
Les coins de ses lèvres se rabaissèrent, faisant la moue. « Nous parlons d'un cas hypothétique.»
Je ris de son irritation.
Ses lèvres, sa peau...elles paraissaient si douces. Je voulais les toucher. Je voulais poser le bout de mon doigt sur les bords de son froncement et la refaire sourire. Impossible. Ma peau la repousserait.
« En effet, » dis-je, revenant à la conversation avant de pouvoir me déprimer tout à fait. « T'appellerons-nous Jane? »
Elle se pencha en travers de la table, toute trace d'humour et d'irritation disparue de ses grands yeux.
« Comment as-tu su? » demanda-t-elle, d'une voix basse et intense.
Devais-je lui dire la vérité? Et, dans ce cas, jusqu'où devais-je aller?
Je voulais tout lui dire. Je voulais mériter la confiance que je voyais toujours sur son visage.
« Tu peux avoir confiance en moi, tu sais, » murmura-t-elle, et elle tendit la main comme pour toucher les miennes, posées à plat sur la table vide devant moi.
Je les retirai – détestant la pensée de sa réaction si elle touchait ma peau de pierre glacée – et elle laissa tomber sa main.
Je savais que je pouvais lui faire confiance pour qu'elle ne divulgue pas mes secrets; elle était, de la tête au pied, une personne de confiance, bonne jusqu'à la moelle. Mais je ne pouvais pas lui faire confiance pour qu'elle ne soit pas horrifiée par ces secrets. Elle devrait être horrifiée. La vérité était une horreur.
« Je ne suis pas sûr d'avoir encore le choix, » murmurai-je. Je me rappelai l'avoir taquinée, une fois, en la qualifiant de 'particulièrement inattentive.' Offensée, si j'en jugeai par son expression à ce moment-là. Bon, je pouvais au moins m'excuser de cette injustice-là. « Je me suis trompé. Tu es beaucoup plus observatrice que je ne le pensais. » Et, bien qu'elle ne puisse pas le savoir, j'avais compris qu'elle était très observatrice dès le début. Elle ne manquait rien.
« Et moi qui croyais que tu avais toujours raison, » me remémora-t-elle, souriant en me taquinant.
« Avant, oui. » Avant, je savais ce que je faisais. Avant, je maîtrisais le cours de ma vie. Et maintenant, tout n'était que chaos et tumulte.
Pourtant, je n'en changerai pour rien au monde. Je ne voulais pas de la vie rangée que j'avais eue. Pas si le chaos signifiait que je pouvais être avec Bella.
« J'ai commis une deuxième erreur à ton sujet, » continuai-je, changeant de sujet. « Ce ne sont pas les accidents que tu attires – cette classification est encore trop réduite. Ce sont les ennuis. Dès qu'un danger surgit dans un rayon de quinze kilomètres, il est invariablement pour toi. » Pourquoi elle? Qu'avait-elle fait pour mériter cela?
L'expression de Bella redevint sérieuse. « Et tu te places toi-même dans cette catégorie? »
L'honnêteté dans ma réponse à cette question était plus importante que pour n'importe quelle autre. « Sans équivoque. »
Ses yeux se rétrécirent subrepticement – ils n'étaient plus suspicieux, mais curieusement soucieux. Elle tendit sa main à travers la table encore une fois, doucement et délibérément. Je reculai les miennes d'un centimètre, mais elle ignora mon geste, déterminée à me toucher. Je retins ma respiration – cette fois, pas à cause de son odeur, mais à cause de la soudaine tension qui m'envahissait. La peur. Ma peau allait la dégoûter. Elle allait s'enfuir en courant.
Elle caressa lentement le dessus de ma main avec le bout de ses doigts. La chaleur de son toucher doux et intentionnel ne ressemblait à rien de ce que j'avais ressenti jusqu'à présent. Ce fut presque du plaisir à l'état pur. Ou cela l'aurait été, si je n'avais pas été aussi effrayé. Je la dévisageai tandis qu'elle touchait la pierre glaciale qu'était ma peau, toujours incapable de respirer.
Un demi-sourire éclaira son visage.
« Merci,» dit-elle, relavant ses yeux incroyablement intenses pour rencontrer mon regard. « Cela fait deux fois, désormais. »
Ses doigts doux restaient sur ma main, comme s'ils trouvaient cela agréable.
Je répondis du ton le plus décontracté que je pus. « Essayons d'éviter une troisième occasion, d'accord? »
Elle grimaça, mais acquiesça.
Je repris ma main de sous la sienne. Aussi exquis que puisse être le fait de la toucher, je n'allais pas attendre que la magie de sa tolérance passe, se transforme en répulsion. Je cachai mes mains sous la table.
Je lus dans ses yeux; bien que son esprit fût silencieux, je percevais de la confiance et de l'étonnement émanant d'elle. Je réalisai à cet instant que je voulais répondre à ses questions. Pas parce que je le lui devais. Pas parce que je voulais mériter sa confiance.
Je voulais qu'elle me connaisse.
« Je t'ai suivie à Port Angeles, » lui révélai-je, les mots sortant trop vite pour que je puisse les modérer. Je savais que la vérité représentait un danger, que je prenais un risque. À tout instant, son calme peu naturel pouvait s'ébranler et se transformer en crise de nerfs. Au contraire, cette prise de conscience ne me poussa qu'à accélérer. « C'est la première fois que je m'évertue à garder une personne en vie et c'est beaucoup plus difficile que je ne le supposais. Sans doute parce qu'il s'agit de toi. Les gens ordinaires, eux, ont l'air de traverser l'existence sans collectionner les catastrophes. »
Je la dévisageai, attendant sa réaction.
Elle sourit. Ses lèvres se soulevèrent aux extrémités, et ses yeux chocolat pétillèrent chaleureusement.
Je venais d'admettre que je la suivais comme un traqueur obsessionnel, et elle souriant.
« As-tu jamais songé que les Parques avaient jugé que mon heure était venue, cette première fois, avec le fourgon, et que tu avais influé sur le destin? » demanda-t-elle.
« Ce n'était pas la première fois, » soufflai-je, baissant les yeux sur la nappe bordeaux foncé, mes épaules s'abaissant honteusement. Toutes les barrières étaient baissées, la vérité sortant toujours aussi imprudemment. « La première fois, ç'a été quand je t'ai rencontrée. »
C'était vrai, et cela m'énervait. J'avais été, face à sa vie, dans la position de la lame de guillotine. Comme si elle avait été maudite, condamnée à mort par un destin cruel et injuste, et – comme je ne m'étais pas révélé être un instrument assez efficace – ce même destin continuait d'essayer de l'exécuter. J'imaginai la personnification du destin – une vieille femme horrible et jalouse, une harpie vengeresse.
Je voulais quelque chose, quelqu'un, que je puisse tenir responsable pour cela – pour avoir quelque chose de concret à combattre. Quelque chose, n'importe quoi que je puisse détruire, pour que Bella soit en sécurité.
Bella était très calme; sa respiration s'était accélérée.
Je relevai mon regard vers son visage, sachant que j'allais enfin voir la peur que j'attendais. Ne venais-je pas d'avouer que j'avais manqué de la tuer? J'avais été plus près de la tuer que le fourgon qui, lui, avait été à deux doigts de l'écraser. Et pourtant, son expression était toujours calme, ses yeux rétrécis uniquement par le souci.
« Tu te souviens? » Elle devait se rappeler cela.
« Oui, » dit-t-elle d'une voix égale et grave. Ses yeux profonds étaient emprunts de conscience.
Elle savait. Elle savait que j'avais voulu l'assassiner.
Où étaient les cris?
« Et pourtant, tu es là, assise avec moi, » dis-je, mettant l'accent sur cette contradiction.
« Et pourtant, je suis là...à cause de toi. » Son expression s'altéra, devint curieuse, tandis qu'elle changeait peu subtilement le sujet de conversation. « Parce que tu as réussi à me trouver...? »
Sans espoir, je poussai une nouvelle fois contre la barrière qui protégeait ses pensées, tentant désespérément de la comprendre. Cela n'avait aucun sens logique. Comment pouvait-elle seulement s'intéresser au reste avec cette vérité si criante devant elle?
Elle attendit, seulement curieuse. Sa peau était pâle, ce qui était normal pour elle, mais je me faisais quand même du souci. Son dîner n'était presque pas entamé devant elle. Si je continuais de lui révéler tant de choses, elle allait avoir besoin d'un support quand le contre choc se ferait sentir.
Je posai mes conditions. « Tu manges, j'explique. »
Elle y réfléchit une demi-seconde, puis avala une bouchée – si vite que cela la trahissait. Elle était plus anxieuse d'avoir ma réponse que ses yeux ne me l'avaient avoué.
« Ça a été plus difficile que prévu – de te suivre à la trace, » lui révélai-je. « D'habitude, ça ne me pose pas autant de problèmes, il suffit que j'aie déjà lu dans l'esprit de la personne. »
Je la dévisageai précautionneusement en prononçant ces paroles. Deviner ce qui allait arriver était une chose, voir ses craintes se confirmer en était une autre.
Elle se tint tout à fait immobile, les yeux écarquillés. Je sentis mes dents se serrer en attendant sa panique.
Mais elle sourcilla une fois, avala bruyamment, puis enfourna une autre bouchée. Elle voulait que je continue.
« Je gardais l'œil sur Jessica, » continuai-je – je percevais ses réactions pour chaque mot qui s'insinuait dans son esprit. « Un peu distraitement, je l'avoue – comme je te l'ai dit, seule toi pouvais te fourrer dans les ennuis à Port Angeles-» Je n'avais pas pu résister d'ajouter cela. Réalisait-elle que les autres vies humaines n'étaient pas maudites comme la sienne, harcelées par des événements souvent mortels, ou pensait-elle qu'elle était normale? Elle était la personne la plus éloignée de ce que l'on pourrait qualifier de 'normale' que je n’aie jamais rencontrée. « Bref, je n'ai pas tout de suite compris que tu étais partie de ton côté. Quand je me suis aperçu que tu n'étais plus avec elles, je t'ai cherchée dans la librairie qui flottait dans sa tête. J'ai tout de suite deviné que tu n'y avais pas mis les pieds et que tu t'étais dirigée vers le sud... Je savais aussi que tu serais bientôt obligée de revenir sur tes pas. Donc, je t'ai attendue en scannant au hasard les esprits des gens alentour – afin de déceler si quelqu'un t'avait remarquée, ce qui m'aurait renseigné sur l'endroit où tu pouvais être. Je n'avais aucune raison de m'inquiéter... pourtant, j'étais étrangement anxieux... » Ma respiration s'accéléra en me rappelant ce sentiment de panique. Son odeur me lacéra la gorge, et j'en fus heureux. Cette douleur signifiait également qu'elle était vivante. Tant que je brûlais, elle était en sécurité.
« J'ai tourné dans le quartier en voiture... écoutant, aux aguets. » J'espérai qu'elle comprenait ces mots. Cela devait lui paraître assez confus. « Le jour se couchait et je m'apprêtais à continuer à pieds. Et là-»
La mémoire m'emporta – parfaitement claire, aussi vive que si je revivais le même instant – et je ressentis la même vague de fureur assassine se répandre en moi, me pétrifiant du même coup.
Je voulais sa mort. J'avais besoin de sa mort. Ma mâchoire se crispa tandis que je me concentrai pour rester en place, assis à table. Bella avait toujours besoin de moi. C'était la seule chose qui comptait.
« Et ensuite? » chuchota-t-elle, ses yeux sombres grands ouverts.
« J’ai perçu ce qu'ils préparaient, » crachai-je, incapable d'empêcher les mots de sortir en un grognement. « J'ai distingué ton visage dans leurs esprits. »
Je ne réussi à m'empêcher de bouger qu'à grand peine. Je savais toujours précisément où il se trouvait. Ses pensées noires se repéraient facilement dans la nuit, m'aspirant vers lui...
Je me couvris le visage, car je savais que mon expression était celle d'un monstre, d'un traqueur, d'un meurtrier. Je fixai son image derrière mes yeux clos pour me contrôler, ne me concentrant que sur son visage. Le contour délicat de ses traits, la minceur de sa peau pâle – comme de la soie tendue sur du verre, incroyablement douce et facile à briser. Elle était trop vulnérable pour ce monde. Elle avait besoin d'un protecteur. Et, par une distorsion étrange du destin, j'étais le seul disponible qui corresponde à peu près à cette description.
J'essayai d'expliquer ma réaction de violence pour qu'elle comprenne.
« Ça a été... très dur – tu ne peux pas t'imaginer à quel point – de me contenter de t'emporter en les laissant...vivre, » soufflai-je. « J'aurais pu te ramener à Jessica et Angela et m'en aller, mais j'avais peur, si tu me laissais seul, de ne pas résister à mon envie de les pourchasser. »
Pour la deuxième fois de la soirée, j'avouais avoir voulu commettre un meurtre. Au moins, celui-là se défendait.
Elle fut silencieuse pendant que je peinai à retrouver mon calme. J'écoutai les battements de son cœur. Leur rythme était irrégulier, mais il ralentit avec le temps jusqu'à devenir égal, tout comme sa respiration.
J'étais trop près de mes limites. Il fallait que je la ramène à la maison avant que...
Alors, allais-je le tuer? Allais-je redevenir un meurtrier alors qu'elle me faisait confiance? Y avait-il un moyen de m'arrêter?
Elle m'avait promis de me dire sa nouvelle théorie quand nous serions seuls. Avais-je envie de l'entendre? J'étais impatient de l'entendre, mais ne pas savoir ne vaudrait-il pas mieux que sa réponse à ma curiosité?
De toute façon, elle avait eu assez de réponses sincères pour ce soir.
Je la dévisageai de nouveau, et son visage était plus pâle qu'avant, mais son expression composée.
« On rentre? » proposai-je.
« Je suis prête à partir, » dit-t-elle, ayant l'air de choisir ses mots soigneusement, comme si un simple 'oui' n'exprimait pas entièrement ce qu'elle voulait dire.
Frustrant.
La serveuse revint. Elle avait entendu la dernière phrase de Bella alors qu'elle tournait en rond de l'autre côté du panneau de séparation, se demandant ce qu'elle pouvait m'offrir de plus. J'aurai pu rouler des yeux devant certaines de ses divagations.
« Tout s'est bien passé? » me demanda-t-elle.
« Oui, merci. La note, s'il vous plaît, » lui lançai-je, les yeux sur Bella.
La respiration de la serveuse s'accéléra, et elle fut momentanément – pour utiliser les mots de Bella – éblouie par ma voix.
Dans un soudain moment de perception, en entendant la façon dont ma voix sonnait dans la tête de cet humaine sans importance, je réalisai pourquoi je semblais provoquer tant d'admiration ce soir – sans superposition avec la peur usuelle.
C'était à cause de Bella. En essayant de tout mon corps de la garder en sécurité, d'être moins effrayant, d'être humain, j'avais réellement perdu mon côté obscur. Les autres humains ne voyaient que de la beauté à présent, mon horreur inhérente étant si radicalement sous contrôle.
Je levai les yeux vers la serveuse, attendant qu'elle reprenne ses esprits. C'était assez drôle, maintenant que j'en comprenais la raison.
« Oh, oui, bien sûr, » balbutia-t-elle. « La voilà. »
Elle me tendit le portefeuille avec la note, en pensant à la carte qu'elle y avait glissé, derrière le reçu. Une carte avec son nom et son numéro de téléphone.
Oui, c'était plutôt amusant.
Une nouvelle fois, l'argent était prêt dans ma main. Je lui rendis directement le portefeuille, pour qu'elle ne passe pas son temps à attendre un coup de téléphone qui ne viendrait pas.
« Gardez la monnaie, » lui lançai-je, espérant que le montant du pourboire lui ferait ravaler sa déception.
Je me levai, et Bella me suivit aussitôt. Je voulus lui offrir ma main, mais je songeai que cela serait un peu pousser ma chance pour ce soir. Je remerciai la serveuse, sans jamais quitter le visage de Bella des yeux. Bella semblait trouver quelque chose amusant, elle aussi.
Nous sortîmes; je marchai aussi près d'elle que je l'osai. Assez près pour que la chaleur émanant d'elle se ressente sur tout le côté gauche de mon corps et me donne l'impression de la toucher. Au moment où je lui tenais la porte du restaurant, elle soupira, et je me demandai quel regret la rendait triste. Je plongeai mon regard dans ses yeux, sur le point de le lui demander, mais elle baissa subitement son regard, l'air embarrassé. Cela me rendit plus curieux encore, tout en me rendant plus réticent à le lui demander. Le silence continua entre nous tandis que je j'ouvrai sa portière, puis montai dans la voiture.
Je mis le chauffage en marche – les beaux jours avaient laissé brutalement place à un temps bien plus froid, ce qui devait lui être désagréable. Elle s'emmitoufla dans ma veste, un léger sourire sur les lèvres.
J'attendis, remettant la conversation à plus tard, jusqu'à ce que les lumières de la ville s'éloignent. Je me sentis plus seul avec elle.
Quelle était la bonne chose? Maintenant que je lui consacrais toute mon attention, la voiture semblait vraiment très étroite. Son odeur se répandait, accentuée par le chauffage, de plus en plus entêtante. Elle grandissait comme une force à part entière, une entité de plus dans la voiture. Une présence qui réclamait sa reconnaissance.
Elle l'eut; je brûlai. La brûlure était pourtant supportable. Elle me semblait étrangement appropriée. On m'avait tant donné ce soir – bien plus que je ne l'avais espéré. Et elle était là, toujours à mes cotés par sa propre volonté. Je devais quelque chose en retour. Un sacrifice. Une offrande dans les flammes.
Si seulement je pouvais en rester là; brûler, c'est tout. Mais le venin se déversait dans ma bouche, et mes muscles se raidirent en anticipation, comme si j'étais en train de chasser...
Il fallait que je bannisse de telles pensées de mon esprit. Et je savais ce qui me distrairait.
« Et maintenant, » lui dis-je, la peur de sa réponse prenant la place de la brûlure. « À ton tour. »

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 10 : Théories

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:03

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 10 : Théories


« Puis-je en t’en poser encore une ? » Implora-t-elle au lieu de répondre à ma demande.
J’étais énervé, inquiet pour le pire. Et pourtant, il était tentant de prolonger ce moment. Avoir Bella prés de moi, volontiers, juste pour quelques longues seconde. Je soupirais au dilemme et dit ensuite. « Une. »
« Bien … » Hésita-t-elle un moment, comme si elle décidait sur le choix de la question.
« Tu as dis que tu savais que j’étais entré dans la librairie et que j’étais partie vers le sud. Je me demandais juste comment tu le savais. »
Je lançais un regard furieux au pars-brise. Là était une autre question qui ne révélait rien sur elle et trop sur moi.
« J’ai cru que nous avions passé les tergiversions, » dit-elle, sur un ton critique et déçu.
Presque ironique. Elle était implacablement évasive sans même s’en rendre compte.
Bien, elle voulait que je sois directe. Et cette conversation allait n’importe où, de toute façon.
« Parfait, alors, » dis-je. « J’ai suivi ton odeur. »
Je voulu regarder son visage, mais j’eu peur de ce que je verrais. Mais au lieu de ça j’écoutais son haleine s’accéléré pour se stabiliser ensuite. Elle parla de nouveau au bout d’un moment et sa voie était plus régulière que ce à quoi je m’étais attendu.
« Et ensuite, tu n’as toujours pas répondu à une de mes premières questions… » Dit-elle.
Je l’ai regardé en fronçant les sourcils. Elle se tint à distance aussi.
« Laquelle ? »
« Comment ce travail la lecture des pensées ? » Demanda-t-elle, réitérant sa question du restaurant. « Tu peux lire les pensées de n’importe qui, n’importe où ? Comment tu fais cela ? Le reste de ta famille le peut … ? » Elle s’arrêta en rougissant de nouveau.
« C’est plus que ça, » ai-je dis.
Elle me regarda juste, en attendant ses réponses.
Et pourquoi ne lui dirais-je pas ? Elle avait déjà deviné la plupart et c’était un sujet plus facile que celui qui allait bientôt surgir.
« Non, c’est juste moi. Et je ne peux pas entendre n’importe qui n’importe où. Je dois être assez proche. Plus la voix de quelqu’un m’est familière plus je peux l’entendre loin. Mais tout de même pas à plus de quelques kilomètres. » J’essayais de penser à une façon de le décrire pour qu’elle comprenne. Une comparaison à laquelle elle pourrait se rapporter. « C’est un peu comme être dans un énorme hall remplis de gens, chacun parlant en même temps. C’est juste un bourdonnement – un bourdonnement de voix à l’arrière plan. Jusqu'à ce que je me concentre sur une voix et ensuite ce qu’il pense est clair. La plupart du temps, j’éteins tout ça – Je peux être très distrait. Et ensuite il est plus facile de sembler normal. » - Je grimaçais – « Quand je ne réponds pas par hasard aux pensées de quelqu’un plutôt qu’a ses mots. »
« Pourquoi crois-tu que tu ne peux pas m’entendre ? » Demanda-t-elle.
Je donnais une autre vérité et une autre comparaison.
« Je ne sais pas », admis-je. « La seule supposition que j’ai est que peut-être ton esprit ne travaille pas pareil que ceux des autres. Comme si tes pensées étaient sur la fréquence AM et que je ne capte que la fréquence FM. »
Je réalisais qu’elle ne voudrait pas de cette comparaison. L’anticipation de sa réaction me fit sourire. Elle ne me déçue pas.
« Mon esprit ne travaille pas bien ? » Demanda-t-elle, sa voix montant avec le dépit. « Je suis une anomalie ? »
Ah, encore une fois, qu’elle ironie.
« J’entends des voix dans mon esprit et tu t’inquiète d’être une anomalie. » Je ris. Elle comprenait les petites choses, mais percevait encore les grandes à reculons. Toujours le mauvais instinct …
Bella torturait sa lèvre et le pli entre ses yeux était gravé profondément.
« Ne t’inquiète pas, » l’ai-je rassurée. « C’est juste une théorie … » Et il y avait une théorie plus importante à discuter. J’étais inquiet d’en finir avec cela. Chaque seconde passagère commençait à se sentire de plus en plus comme du temps emprunté.
« Qui nous ramène à toi, » dis-je, divisé en deux, tant inquiet que réticent.
Elle soupira en mordant toujours sa lèvre – j’eu peur qu’elle se fasse mal. Elle me regarda fixement dans les yeux, son visage préoccupé.
« Ne sommes nous pas passé par tout les échappatoires maintenant ? » Demandais-je calmement.
Elle baissa le regard, se battant avec un dilemme intérieur. Subitement, elle se raidit et ses yeux volèrent grands ouverts. La peur brillait pour la première fois à travers son visage.
« Mon dieu ! » Haleta-t-elle.
J’ai paniqué. Qu’avait-elle vu ? Comment lui avais-je fait peur ?
Alors elle cria, « ralenti ! »
« Qu’est ce qui ne va pas ? » Je ne comprenais pas d’où venait sa terreur.
« Tu roule à cent soixante kilomètres/heures ! »M’a-t-elle crié. Elle jeta un coup d’œil par la fenêtre et regarda les arbres sombres défilés devant nous.
Cette petite chose, juste un peu de vitesse, l’avais fait crier ?
Je roulais mes yeux, « détends-toi Bella. »
« Penses-tu à nous tuer ? » Demanda-t-elle d’une voix haute et serrée.
« Nous n’allons pas nous écraser, » lui promis-je.
Elle aspira dans une haleine pointue et parla ensuite dans un ton légèrement plus haut. « Pourquoi es-tu si pressé ? »
« Je conduis toujours comme ça. »
Je rencontrais son regard, amusé par son expression choquée.
« Garde tes yeux sur la route ! » Cria-t-elle.
« Je n’ai jamais eu d’accident, Bella. Je n’ai jamais même reçu une contravention. » Je lui souris en grimaçant et toucha mon front. Ca l’a rendu encore plus comique – l’absurdité d’être capable de plaisanter avec elle sur quelque chose de si secret et étrange. « J’ai un radar intégré. »
« Très drôle, » dit-elle d’un ton sarcastique, sa voix plus effrayé qu’énervé.
« Charlie est flic, tu te souviens ? J’ai été élevée pour respecter les lois de la circulation. En plus, si tu nous transforme en bretzel Volvo autour d’un tronc d’arbre, tu t’en sortiras probablement sans aucune égratignure. »
« Probablement, » répétais-je, et ensuit ri d’un rire dénué d’humour. Oui, nous nous porterions tout à fait différemment dans un accident de voiture. Elle avait raison d’avoir peur en dépit de mes capacités de conduite … « Mais pas toi. »
Avec un soupir, je laissai dériver la voiture doucement. « Heureuse ? »
Elle regarda l’indicateur de vitesse, « presque. »
Etais-ce toujours trop vite pour elle ? « Je déteste rouler lentement, »marmonnais-je, mais laissant l’aiguille descendre plus bas.
« Ca c’est lentement ? » Demanda-t-elle.
« Assez de commentaires sur ma conduite, » dis-je impatiemment. Depuis combien de temps esquivait-elle ma question maintenant ? Trois fois ? Quatre ? Ces théories étaient si horribles ? Je devais savoir – immédiatement. « J’attends toujours ta dernière théorie. »
Elle mordu sa lèvre de nouveau et son expression devint bouleversée, presque douloureuse.
Je contrôlais mon impatience, et adouci ma voix .Je ne voulais pas qu’elle soit bouleversée.
« Je ne rirais pas, » promis-je, en voulant seulement que ce soit l’embarras qui la rende peu disposée à parler.
« J’ai plus peur que tu sois furieux après moi, » chuchota-t-elle.
Je forçais ma voix à rester la même. « C’est si mal que ça ? »
« Assez, oui. »
Elle baissa le regard, refusant de rencontrer mes yeux. Les secondes passèrent.
« Feu vert, » l’encourageais-je.
Sa voix était petite. « Je ne sais pas par où commencer ? »
« Pourquoi ne commence-tu pas par le commencement ? » Je me rappelais ses mots avant le dîner. « Tu as dit que tu ne l’as pas trouvé toi-même »
« Non, » confirma-t-elle, et ensuite le silence de nouveau.
Je pensais aux choses qui pouvaient l’avoir inspiré. « Qu’est ce qui t’a fait commencer – un livre ? Un film ?
J’aurais du feuilleter ses collections quand elle n’était pas dans la maison. Je n’avais aucune idée si Bram Stoker ou Anne Rice étaient dans sa pile de livres de poche …
« Non, »répéta-elle de nouveau. « C’était samedi à la plage. »
Je n’avais pas écarté cela. Les potins locaux sur nous ne s’étaient jamais égarés dans rien de trop bizarre – ou de trop précis. Y avait-il une nouvelle rumeur que j’avais manquée ? Bella jeta un coup d’œil en haut de ses mains et vu la surprise sur mon visage.
« Je suis tombé sur un vieil ami de la famille - Jacob Black, » continua-t-elle. « Son père et Charlie sont amis depuis que je suis bébé. »
Jacob Black – le nom ne m’était pas familier et encore il me rappela quelque chose …il y a quelque temps, jadis … Je regardais fixement le pare-brise, en feuilletant dans mes souvenirs pour trouver la relation.
« Son père est un des anciens Quileute, » dit-elle.
Jacob Black. Ephraim Black. Un descendant sans doute.
Il était ce qui pouvait arriver de pire.
Elle savait la vérité.
Mon esprit explora les possibilités pendant que la voiture volait autour des courbes sombres sur la route, mon corps était rigide d’anxiété – immobile, à part les petites actions automatiques qu’il prit pour conduire la voiture.
Elle savait la vérité.
Mais … si elle avait appris la vérité samedi … alors elle le savait tous les soirs … et encore …
« Nous faisions une promenade, » continua-t-elle. « Et il me parla de quelques vieilles légendes – essayant de m’effrayer je pense. Il m’a parlé d’une … »
Elle s’est retenue mais il n’y avait aucun besoin de scrupule maintenant ; Je savais ce qu’elle allait dire. Le seul mystère était pourquoi elle était ici avec moi maintenant.
« Continue, » ai-je dis.
« A propos des vampires, » soupira-t-elle, les mots moins qu’un chuchotement.
D’une manière ou d’une autre, c’était encore plus mauvais de connaître ce qu’elle savait, en l’entendant dire le mot à voix haute. J’ai hésité sur le son, et me suis contrôlé de nouveau.
« Et tu as immédiatement pensé à moi ? » Demandais-je.
« Non. Il … a mentionné ta famille. »
Quelle ironie que la progéniture d’Ephraim viole le traité qu’il avait juré de respecter. Un petit-fils ou un arrière-petit-fils peut-être. Combien d’année avait-il ? Soixante-dix ?
J’aurais du me rendre compte que ce n’était pas les vieux hommes qui croyaient dans les légendes qui représentaient un danger. Evidemment, la génération la plus jeune – ceux qui avaient été prévenus, mais qui auraient pensé à l’ancienne superstition comique – Evidemment, c’était là que le danger d’exposition serait.
Je supposais que j’étais maintenant libre d’abattre la petite tribu sans défense sur le littorale, j’étais enclin. Ephraim et son paquet de protecteurs étaient morts depuis longtemps …
« Il croit que c’est juste une bête superstition, » dit Bella soudainement, sa voix approchant avec une nouvelle anxiété. « Il ne s’attendait pas à ce que je pense quelque chose de ça. »
Du coin de mes yeux, je vis ses mains se tortiller avec inquiétude.
« C’était ma faute, » dit-elle après une brève pause, et ensuite elle suspendu sa tête comme si elle avait honte. « Je l’ai forcé à me le dire. »
« Pourquoi ? » Il n’était pas si dur de garder un niveau de voix normal maintenant. Le pire était passé. Aussi longtemps que nous avons parlé des détails de la révélation, nous ne devions pas en repartir les conséquences.
« Lauren m’a dit quelque chose sur toi – elle essayé de me provoquer. » Elle fit une grimace à ce souvenir. J’étais légèrement distrait en me demandant comment Bella serait provoqué par quelqu’un parlant de moi … « Et un garçon plus vieux de la tribu a dit que ta famille ne venait pas à la réserve, seulement il semblait qu’il voulait dire autre chose. Donc j’ai pris Jacob seul et je l’ai trompé. »
Sa tête tomba encore plus bas comme elle l’admit et son expression sembla … coupable.
Je regardais loin d’elle et ris à voix haute. Elle se sentait coupable ? Que pouvait-elle avoir fait pour mériter d’être blâmer de la sorte ?
« Comment l’a tu dupé ? » demandais-je
« J’ai essayé de flirter – ça a marché mieux que ce que je pensais. »a-t-elle expliqué, sa voix tournée incrédule à la mémoire de ce succès.
Je pouvais juste imaginer – considérant cette attraction qu’elle semblait exercé sur toute chose mâle, totalement inconsciemment pour sa part – comment écrasant cela devait être quand elle essayait d’être attractive. J’ai été subitement plein de compassion pour ce garçon crédule sur qui elle avait lâché une telle force puissante.
« J’aurais voulu voir ça, » dis-je, et ensuite je ris de nouveau avec un humour noir.
Je regrettais de ne pas avoir entendu la réaction du garçon, qui fut témoin de la désolation pour moi.
« Et tu m’accuse d’éblouir les gens – pauvre Jacob Black. »
Je n’étais aussi furieux contre la source de mon exposition que ce à quoi je m’étais attendu. Il n’en savait pas plus. Et comment aurais-je pu m’attendre à ce que quelqu’un refuse à cette fille ce qu’elle voulait ? Non, j’ai seulement senti la sympathie au dommage qu’elle ait fait à sa paix intérieure.
J’ai eu l’impression que sa rougeur chauffait l’air entre nous. Je lui jetais un coup d’œil et elle baissa les yeux vers la fenêtre. Elle ne parla pas de nouveau.
« Qu’a tu fais alors ? » Soufflais-je.Il était temps de revenir à l’histoire d’horreur.
« J’ai fais un peu de recherche sur Internet. »
Jamais appliqué. « Et ça t’a convaincu ? »
« Non, » dit-elle. « Rien ne va. La plupart de cela était des sortes de bêtes. Et ensuite -»
Elle s’arrêta de nouveau, et j’entendis ses dents se serrer ensembles.
« Quoi ? » Demandais-je. Qu’avait-elle trouvé ? Qu’est ce qui avait fait le sens du cauchemar pour elle ?
Ce fut une courte pause, et ensuite elle chuchota, « J’ai décidé que ce n’était pas important. »
Le choc congela mes pensées pendant une demi-seconde, et ensuite toutes les pièces se remirent en place dans ma tête. Pourquoi avait-elle renvoyé ses amies ce soir plutôt que de prendre la fuite avec elles. Pourquoi était-elle montée dans la voiture avec moi au lieu de courir, criant à la police …
Ses réactions étaient toujours incorrectes – toujours complètement incorrectes. Elle tiré le danger vers elle. Elle l’invitait.
« Ce n’est pas important ? » Dis-je entre mes dents, la colère me remplissant. Comment étais-je censé protéger quelqu’un de si … si … si déterminer à être sans protection ?
« Non, » dit-elle dans une voix basse qui était inexplicablement tendre. « Ce n’est pas important pour moi de savoir ce que tu es. »
Elle était impossible.
« Tu ne te soucie pas de savoir si je suis un monstre ? Si je ne suis pas humain ? »
« Non. »
Je commençais à me demander si elle était totalement équilibrée.
J’ai supposé que je pourrais prendre des dispositions pour qu’elle reçoive les meilleurs soins disponibles … Carlisle aurait les relations pour lui trouver les docteurs les plus adroits, les thérapeutes les plus talentueux. Peut-être quelque chose pourrait être fait pour fixer ce qui n’allait pas chez elle, ce qu’était son contenu pour qu’elle puisse s’asseoir à côté d’un vampire avec son cœur battant calmement et progressivement. Je veillerais à ce qu’elle ait tout ce dont elle avait besoin, naturellement, et à la visité aussi souvent que l’on me le permettrait …
« Tu es furieux, » soupira-t-elle. « J’aurais du ne rien dire. »
Comme si cacher ses théories inquiétantes pouvait aider n’importe lequel d’entre nous.
« Non. Maintenant je sais ce que tu pense – même si ce que tu pense est insensé. »
« Donc je me trompe de nouveau ? » Demanda-t-elle, un peu agressive maintenant.
« Ce n’est pas ce à quoi je faisais allusion ! » Mes dents se serrèrent ensemble de nouveau. « Ce n’est pas important ! » Répétais-je d’un ton acerbe.
Elle haleta. « J’ai raison ? »
« Est-ce important ? » Ai-je riposté.
Elle respira profondément. J’attendis sa réponse avec colère.
« Pas vraiment, » dit-elle, sa voix calme de nouveau. « Mais je suis curieuse. »
Pas vraiment. Ce n’était pas vraiment important. Elle ne s’en souciait pas. Elle savait que j’étais inhumain, un monstre, et ce n’était pas vraiment important pour elle.
A part mes inquiétudes sur sa santé d’esprit, je commençais à sentir une enflure d’espoir. J’essayais de l’étouffer.
« De quoi es-tu curieuse ? »Lui demandais-je. Il n’y avait aucuns secrets à révéler, seulement des détails mineurs.
« Quel âge as-tu ? » Demanda-t-elle.
Ma réponse fut automatique et invétérée. « Dix-sept ans. »
« Et depuis combien de temps as-tu dix-sept ans ? »
J’essayais de ne pas sourire au de son ton condescendant. « Un moment, » admis-je.
« Ok, » dit-elle, soudainement enthousiaste. Elle me souri. Je fis la grimace.
« Ne rigole pas, » prévint-elle. « Mais comment peut-tu sortir le jour ? »
Je ris malgré sa requête. Ses recherches n’avaient pas étés nets, rien d’inhabituel, me semblait-il. « Mythe, » lui dis-je
« Brûlé avec le soleil ? »
« Mythe. »
« Dormir dans des cercueils ? »
« Mythe. »
Le sommeil n’avait pas fait parti de ma vie pendant longtemps – pas avant ces quelques nuits dernières, quand je regardais Bella rêver …
« Je ne peux pas dormir, » murmurais-je, répondant plus complètement à sa question.
Elle fut silencieuse pendant un moment.
« Du tout ? » Demanda-t-elle.
« Jamais, » soupirais-je.
J’ai regardé fixement dans ses yeux, larges, sous la frange épaisse de ses cils et j’ai désiré le sommeil. Pas pour l’oubli, comme j’en avais envie avant, pas pour échapper à l’ennuie, mais parce que je voulais rêver. Peut-être, si je pouvais être évanoui, si je pouvais rêver, je pourrais vivre quelque heure dans un monde avec elle et où nous étions ensembles. Elle rêvait de moi. Je voulais rêver d’elle.
Elle regarda derrière moi, son expression plein d’émerveillement. Je devais regarder loin.
Je ne pouvais pas rêver d’elle. Elle ne devait pas rêver de moi.
« Tu ne m’as pas encore posé la question la plus importante, » dis-je, le silence de ma poitrine plus froid et plus dur qu’avant. Elle devait être forcée de comprendre. A un point qu’elle devrait réaliser ce qu’elle faisait maintenant. Elle devait voir que cela était le plus important – plus que toute autres considérations. Les considérations comme le fait que je l’aime.
« La quelle ? » Demanda-t-elle, surprise et ignorante.
Cela ne fit que rendre ma voix plus dure. « Tu n’es pas intéressée par mon régime ? »
« Oh, ça. » Elle parla d’un ton silencieux que je ne pus interpréter.
« Oui, ça. Tu ne veux pas savoir si je bois du sang ? »
Elle se blotti loin de ma question. Finalement. Elle comprenait.
« Bien, Jacob a dit quelque chose à propos de ça, » dit-elle.
« Qu’est ce qu’a dit Jacob ? »
« Il a dit que vous … ne tuez pas les gens. Il a dit que votre famille n’était pas supposée être dangereuse parce que vous tuez seulement des animaux. »
« Il a dit que nous n’étions pas dangereux ? » Répétais-je cyniquement.
« Pas exactement, » clarifia-t-elle. « Il a dit que vous n’étiez pas supposé être dangereux. Mais les Quilleutes ne vous veulent toujours pas sur leurs terres, juste au cas où. »
Je regardais la route fixement, mes pensées dans un grondement désespéré, ma gorge ayant mal avec la soif enflammée qui m’était familière.
« Alors, il avait raison ? » demanda-t-elle, aussi calmement que si elle confirmait un rapport météorologique. « Sur le fait que vous ne tuez pas les gens ? »
« Les Quileutes ont une longue mémoire. »
Elle fit un signe de la tête, en pensant durement.
« Ne laisse pas ça te rendre contente, cependant, » ai-je dis rapidement. « Ils ont raison de garder leur distance avec nous. Nous sommes toujours dangereux. »
« Je ne comprend pas. »
Non, elle ne comprenait pas. Comment lui faire voir ?
« Nous faisons des efforts, » lui dis-je. « Nous sommes très bons dans tous ce que nous faisons. Parfois nous commettons des erreurs. Moi par exemple en me permettant d’être seul avec toi. »
Son odeur était toujours forte dans la voiture. Je commençais à m’y habituer, je pouvais presque l’ignorer, mais il n’y avait aucun démenti que mon corps aspirait toujours vers elle pour la mauvaise raison. Ma bouche nageait dans le venin.
« C’est une erreur ? » Demanda-t-elle, il y a avait du déchirement dans sa voix. Le son de cela me désarma. Elle voulait être avec moi – en dépit de tout, elle voulait être avec moi.
L’espoir se gonfla de nouveau et je le repoussais.
« Une très dangereuse erreur, » lui dis-je sans mentir, si seulement la vérité pouvait arrêter de poser problème.
Elle ne répondit pas pendant un moment. J’entendis ces pulsations changées – ils n’accrochaient pas de la même façon que quand elle avait peur.
« Dis m’en plus » dit-elle soudainement, sa voix dénaturée par l’anxiété.
Je l’examinais attentivement.
Elle était dans la douleur. Comment l’avais-je permis ?
« Que veux-tu savoir de plus ? » Demandais-je, essayant de penser à une façon de ne pas la laisser blessée. Elle ne devait pas être blessée. Je ne pouvais pas la laisser être blessée.
« Dis-moi pourquoi vous chassez les animaux au lieu de chassez les hommes, » dit-elle, toujours angoissée.
Cela n’était-il pas évident ? Ou peut-être que ce n’était pas important non plus.
« Je ne veux pas être un monstre, » marmonnais-je.
« Mais les animaux ne sont pas suffisants ? »
Je cherchais une autre comparaison, de sens à ce qu’elle puisse comprendre. « Je ne suis pas sûr, évidemment, mais je comparerais ça à vivre avec du tofu et du lait de soja ; Nous nous appelons végétariens, notre petite plaisanterie intérieure. Ca ne suffit pas complètement la faim – ou plutôt la soif. Mais ça nous rend assez fort pour résister. La plupart du temps. » Ma voix devint plus basse. J’eu honte du danger dans lequel je lui avais permis d’être. Danger que je continuais à lui permettre … « Parfois c’est plus difficile que d’autre. »
« C’est très difficile pour toi maintenant ? »
J’ai soupiré. Evidemment elle voulait me poser la question à laquelle je ne voulais pas répondre. « Oui, » admis-je.
Je me suis correctement attendu à sa réponse physique cette fois : sa respiration était régulière, son cœur garda le même trottinement. Je m’étais attendu à ça, mais je ne le comprenais pas. Comment pouvait-elle ne pas avoir peur ?
« Mais tu n’as pas faim maintenant, » déclara-t-elle, tout à fait sûr d’elle.
« Pourquoi penses-tu ça ? »
« Tes yeux, » dit-elle, d’un ton désinvolte. « Je t’ai dit que j’avais une théorie. J’ai remarqué que les gens – hommes en particulier – étaient plus grincheux lorsqu’ils avaient faim. »
J’ai gloussé à sa description : grincheux. Mais elle avait parfaitement raison, comme d’habitude. « Tu es observatrice n’est ce pas ? » Riais-je de nouveau.
Elle souri un petit peu, le pli revenant entre ses yeux comme si elle était concentrée sur quelque chose.
« Tu chassais ce week-end, avec Emmett ? » Demanda-t-elle après que mon rire se soit fané. La façon décontractée avec laquelle elle parlait était aussi fascinant que frustrant. Pouvait-elle vraiment en accepter trop dans la foulée ? J’étais plus proche du choc qu’elle ne semblait l’être.
« Oui, » lui dis-je, et ensuite, comme j’étais sur le point d’en rester là, je sentis le même besoin que dans le restaurant : Je voulais qu’elle me connaisse. « Je ne voulais pas partir, » continuais-je lentement, « mais c’était nécessaire. C’est un peu plus facile d’être autour de toi quand je ne suis pas assoiffé. »
« Pourquoi ne voulais-tu pas partir ? »
Je respirais profondément, et ensuite me tournais pour rencontrer son regard. Cette sorte d’honnêteté était difficile d’une façon très différente.
« Ca me rend … anxieux, » je supposais que ce mot suffisait, la pensée n’était pas assez forte, « d’être loin de toi. Je ne plaisantais pas quand je t’ai demandé d’essayer de ne pas tomber dans l’océan ou de ne pas te faire écraser jeudi dernier. J’ai été distrait tout le week-end, m’inquiétant à ton sujet. Et après ce qui est arrivé ce soir, je suis surpris que tu sois vraiment sortie de ce week-end saine et sauve. » Je me suis alors souvenu du raclement sur ces paumes. « Enfin, pas tout à fait saine et sauve. » Ai-je corrigé.
« Quoi ? »
« Tes mains, » lui rappelais-je.
Elle soupira et grimaça. « Je suis tombée. »
J’avais vu juste. « C’est ce que je pensais, » dis-je incapable de contenir mon sourire. « Je suppose, te connaissant, que ça aurait pu être pire – et cette possibilité m’a tourmenté tout le temps que j’étais loin. C’était trois très longs jours. J’ai probablement joué avec les nerfs d’Emmett. » Honnêtement, cela n’appartenait pas au passé. J’irritais probablement toujours Emmett, et tout le reste de ma famille aussi. Excepté Alice …
« Trois jours ? » Demanda-t-elle, sa voix soudainement pointue. « Tu n’es pas juste rentré aujourd’hui ? »
Je ne comprenais pas l’énervement de sa voix. « Non, nous somme rentré dimanche. »
« Alors, pourquoi vous n’êtes pas venus à l’école ? » Demanda-t-elle. Son irritation me brouilla. Elle ne semblait pas se rendre compte que cette question s’était étendue vers la mythologie de nouveau.
« Bien, tu m’as demandé si le soleil me blessait, et il ne le fait pas, » dis-je. « Mais je ne peut pas sortir sous le soleil, au moins, nul part où quelqu’un pourrait me voir. »
Cela l’a distraite de son énervement mystérieux. « Pourquoi ? » Demanda-t-elle, penchant la tête sur un côté.
J’ai douté que je puisse trouver comparaison appropriée pour lui explique ce-ci. Donc je lui dis juste, « je te montrerais un de ces jours. » Et ensuite, je me suis demandé si c’était une promesse que je pourrais tenir. La reverrais-je après ce soir ? Es ce que je l’aime assez fort pour supporter de partir loin d’elle ?
« Tu aurais pu m’appeler, » dit-elle.
Quelle conclusion étrange. « Mais je savais que tu étais en sécurité. »
« Mais je ne savais pas où tu étais. Je -» Elle s’arrêta soudainement, et regarda ses mains.
« Quoi ? »
« Je n’aime pas ça, » dit-elle timidement, sa peau se réchauffant sur ses pommettes. « Ne pas te voir. Ca me rend anxieuse aussi. »
Tu es heureux maintenant ? Me demandais-je à moi-même. Bien, ici était ma récompense pour avoir espérer.
J’étais déconcerté, enchanté, rempli d’horreur – surtout rempli d’horreur – de réaliser que toute mes conceptions les plus sauvages ne sont pas si loin du but. C’est pourquoi ce n’était pas important pour elle que je sois un monstre. C’était exactement la même raison pour laquelle les règles ne m’importaient plus.
Pourquoi le bien et le mal ne sont plus d’impérieuses influences. Pourquoi toutes mes priorités ont été décalées d’un cran vers le bas pour faire de la place à cette jeune fille tout en haut.
Bella m’aimait, elle aussi.
Je savais que ce n’était rien en comparaison de comment je l’aimais. Mais c’était assez pour elle de risquer sa vie à s’asseoir ici avec moi. Le faire si joyeusement.
Assez, de causer sa peine si je faisais la chose juste et la quittais.
Y a-t-il quelque chose que je puisse faire maintenant qui ne vas pas la blesser ? N’importe quoi ?
J’aurais du rester éloigner. Je n’aurais jamais du revenir à Forks. Je ne lui causerais que de la souffrance.
Qu’es ce qui m’arrêtait à rester maintenant ? De faire le mauvais choix ?
Je me sentais sur la bonne voie maintenant, en sentant sa chaleur contre ma peau …
Non. Rien ne devrait m’arrêter.
« Ah » Gémis-je pour moi-même. « C’est mal. »
« Qu’est ce que j’ai dis ? » Demanda-t-elle, rapide pour prendre la faute sur elle.
« Tu ne vois pas, Bella ? C’est une chose pour moi de me mettre fautif, mais c’est totalement autre chose pour toi d’être si impliqué. Je ne veux plus t’entendre dire des balivernes pareilles. »
C’était la vérité, c’était un mensonge. La partie la plus égoïste en moi était euphorique à l’idée qu’elle me voulait comme je la vouais. « C’est mal. Ce n’est pas sûr. Je suis dangereux Bella - s’il te plaît, comprend ça. »
« Non. » Ses lèvres firent la moue irritablement.
« Je suis sérieux. » Je luttais avec moi-même si fortement – Moitié désespérée pour elle qu’elle accepte, moitié désespérée d’empêcher les avertissements de sortir - que les mots survécurent à mes dents comme un grognement.
« Moi aussi je le suis, » insista-t-elle. « Je t’ai dit que ce n’était pas important ce que tu es. C’est trop tard. »
Trop tard ? Le mot était désolément noir et blanc pendant une seconde sans fin que je regardais les ténèbres ramper sur le gazon ensoleillé vers la forme dormante de Bella dans ma mémoire. Inévitable, instopable. Ils volaient la couleur de sa peau, et la plongeait dans les ténèbres.
Trop tard ? Les visions d’Alice tourbillonnaient dans ma tête, les yeux de Bella rouges de sang me regardant fixement en arrière, impassibles. Inexpressif – mais il n’y avait aucune possibilité pour qu’elle ne me déteste pas pour ce future. Me déteste pour volait tout ce qu’elle avait. Voler sa vie et son âme.
Ca ne pouvait pas être trop tard.
« Ne redit jamais ça, » sifflais-je.
Elle regarda fixement par la fenêtre et ses dents mordirent dans sa lèvre de nouveau. Ses mains étaient des poins serrés sur ses genoux. Sa respiration attachée et cassée.
« A quoi penses-tu ? » Voulais-je savoir.
Elle secoua la tête sans me regarder. Je voyais quelque chose luire, comme du cristal, sur sa joue.
Agonie. « Tu pleure ? » J’avais provoqué ses pleurs. Je lui avais fait si mal.
Elle frotta ses larmes avec le dos de sa main.
« Non, » menti-t-elle, sa voix cassée.
Un long instinct enterré me poussa à aller vers elle – durant une seconde je fus plus humain que je ne l’avais jamais été. Et ensuite je me remémorais ce que j’étais … non. Et je baissais mes mains.
« Je suis désolé, » dis-je, ma mâchoire se bloqua. Comme pourrais-je lui dire combien j’étais désolé ?
Désolé pour toutes les stupides erreurs que je faisais. Désolé pour mon éternel égoïsme. Désolé qu’elle soit si malchanceuse pour avoir inspiré mon premier et tragique amour. Désolé aussi des choses en dehors de mon control – que j’avais été un monstre choisi par le destin pour mettre fin à sa vie en premier lieu.
Je pris une grande inspiration - ignorant ma minable réaction au goût de la voiture – et essaya de recouvrir mes esprits.
Je voulais changer de sujet, penser à autre chose. Heureusement pour moi, ma curiosité à propos de la fille était insatiable. J’avais toujours une question.
« Dis-moi quelque chose, » dis-je
« Oui ? » Demanda-t-elle d’une voix enrouée, les larmes toujours dans sa voix.
« A quoi pensais-tu ce soir, juste avant que j’arrive au coin de la rue ? Je n’ai pas compris ton expression – tu n’avais pas le regard effrayé, tu étais comme concentré très fort sur quelque chose. » Je me rappelais son visage – me forçant à oublier les yeux à travers lesquels je regardais – son regard de détermination.
« J’essayais de me rappeler comment immobiliser un attaquant. » Dit-elle, sa voix plus calme. « Tu sais, l’autodéfense. J’allais fracasser son nez dans son cerveau. »
Son calme ne dura pas jusqu’à la fin de son explication. Son ton s’est entortillé jusqu'à ce qu’il bouillonne avec la haine. Ce n’était pas une exagération, et sa fureur de chaton n’était pas humoristique maintenant.
Je pouvais voir sa personnalité fragile – juste la soie tendue sur un verre – ombragé par le lourd-poings monstre humain qui lui aurait fait mal. La fureur bouillait derrière ma tête.
« Tu allais lutter contre eux ? » Voulu-je savoir en gémissant. Son instinct était mortel – pour elle. « Tu n’as pas pensé à courir ? »
« Je tombe beaucoup quand je cours, » dit-elle d’un air penaud.
« Et crier à l’aide ? »
« J’arrivais à cette partie. »
Je secouais ma tête, incrédule. Comme avait-elle réussi à rester en vie avant d’arriver à Forks ?
« Tu avais raison. » Lui dis-je, un bord aigre à ma voix. « Je lutte sans doute contre le destin en essayant de te maintenir en vie. »
Elle soupira et jeta un coup d’œil à travers la fenêtre. Puis elle regarda vers moi.
« Es ce que je te verrais demain, » demanda-t-elle brutalement.
Aussi longtemps que je serais sur ma voie au diable – je pourrais apprécier la journée.
« Oui – je dois rendre un devoir moi aussi, » Je lui souriais, et je me sentis bien de le faire. « Je te garderais une place au déjeuner. »
Son cœur battu ; mon cœur mort s’est subitement senti plus chaud.
Je stoppais la voiture en face de la maison de son père. Elle ne fit aucun mouvement pour partir.
« Tu me promets d’être là demain ? » Insista-t-elle.
« Je te le promets. »
Comment faire la mauvaise chose pouvait me donner autant de bonheur ? Sûrement y avait-il quelque chose de travers dans cela.
Elle fit un signe de tête pour elle-même, satisfaite, et commença à enlever ma veste.
« Tu peux la garder, » lui assurais-je rapidement. Je voulais plutôt qu’elle parte avec quelque chose de moi. Une marque, comme le bouchon qui était maintenant dans ma poche … « Tu n’as pas de veste pour demain. »
Elle me la rendit en souriant tristement. « Je ne veux pas avoir à l’expliquer à Charlie, » me dit-elle.
Je n’imaginais pas. Je lui souri. « Oh, bien. »
Elle posa sa main sur la poignée de la porte, et ensuite se stoppa. Peu disposée à partir, juste comme j’étais peu disposé à la laisser s’en aller.
L’avoir sans protection, encore pour un petit moment …
Peter et Charlotte étaient sur la bonne voie en ce moment, loin après Seattle, sans doute.
Mais il y avait toujours les autres. Ce monde n’était un endroit sûr pour n’importe quel humain et pour elle il paraissait plus dangereux que pour le reste.
« Bella ? » Demandais-je, surpris par le plaisir que j’avais à simplement prononcé son nom.
« Oui ? »
« Me promettrais-tu quelque chose ? »
« Oui, » accepta-t-elle facilement, et ensuite ses yeux se sont serrés comme si elle avait pensé à une raison d’objecter.
« Ne vas pas dans la forêt alentour » la prévins-je, me demandant si cette requête déclenchera une objection à ses yeux.
Elle cligna des yeux, surprise. « Pourquoi ? »
Je lançais des regards noirs dans les ténèbres indignes de confiance. Le manque de lumière n’était pas des problèmes pour mes yeux, mais il ne dérangeait pas non plus les autres chasseurs. C’était seulement aveuglant pour les humains.
« Je ne suis pas le plus dangereux là-bas. » Lui dis-je. « C’est tout. »
Elle frissonna, mais récupéra rapidement et elle souriait toujours quand elle me dit, « D’accord. »
Son haleine toucha mon visage, si douce et fragrante.
Je pourrais rester là toute là nuit comme ça, mais il lui était nécessaire de dormir
Les deux envies semblaient aussi fortes comme eux se battaient constamment à l’intérieur de moi : La vouloir contre la vouloir en sécurité.
Je soupiré à ces impossibilités. « Je te verrais demain, » dis-je, sachant que j’allais la voir plus tôt que ça. Elle, n’allait pas me voir avant demain, bien que.
« Demain, alors, » accepta-t-elle comme elle ouvrait la porte.
Agonie de nouveau, en la voyant partir.
Je m’appuyais après elle, voulant la retenir ici. « Bella ? »
Elle se retourna, et ensuite se gela, surprise de trouver nos visages prés l’un de l’autre.
J’étais, moi aussi, submergé par la proximité. Sa chaleur roulait dans les airs, en caressant mon visage. Je pouvais presque sentir la soie de sa peau …
Ses pulsations bégayèrent et ses lèvres restèrent ouvertes.
« Dort bien, » chuchotais-je, et me suis reculé avant l’urgence dans mon corps – la soif familière ou la très nouvelle et étrange faim que je ressentais subitement – qui pourrait me faire faire quelque chose qui pourrait la blesser.
Elle s’est assise là, immobile, pendant un moment ses yeux larges et assommés. Ebloui, devinais-je.
Comme je l’étais.
Elle retrouva ses esprits – bien que son visage soit toujours un peu déconcerté – et tomba à moitié de la voiture, trébuchant sur son pied et se rattrapant au chassie de la voiture à sa droite.
Je gloussais – heureusement c’était trop bas pour qu’elle puisse entendre.
Je regardais son faux pas jusqu'à la piscine de lumière qui entourait la porte d’entrée. Sauve pour le moment. Et je devais revenir bientôt pour m’en assurer.
Je pouvais sentir ses yeux me suivre comme je conduisais dans la rue noire. Pareil à la différente sensation à laquelle je m’étais accoutumé. Habituellement, je pouvais simplement me voir à travers les yeux de quelqu’un me suivant, quand j’étais dans un esprit. C’était étrangement excitant – cette sensation impalpable de regarder des yeux. Je savais que c’était juste parce que c’était ses yeux.
Un million de pensées chassèrent cette pensée de ma tête comme je conduisais sans but dans la nuit.
Pendant un moment je tournais à travers les rues, allant nul part, pensant à Bella et à la libération incroyable de faire savoir la vérité. Ne plus avoir à redouter qu’elle découvre ce que je suis. Elle savait. Ce n’était pas important pour elle. Même si c’était évidemment une mauvaise chose pour elle, elle me libérait étonnement.
Plus que ça je pensais à Bella et à mon amour récompensé. Elle ne pouvait pas m’aimer comme je l’aimais – une telle répression, consommant tout, l’amour percutant pourrait probablement casser son corps fragile. Mais elle s’est sentie assez forte. Assez pour soumettre la peur instinctive. Assez pour vouloir être avec moi. Et être avec elle était le plus grand bonheur que je n’ai jamais connu.
Pendant quelques temps – comme j’étais seul et que je ne faisais de mal à personne d’autre pour changer – je me suis permis d’estimer mes joies sans m’étendre sur la tragédie. Juste être heureux qu’elle se soucie de moi. Juste exulter dans le triomphe d’avoir gagné son affection. Juste imaginer jour après jour me rapprocher d’elle, entendre sa voix et gagner ses sourires.
Je repassais ce sourire dans ma tête, voyant ses lèvres remplies s’étirer sur les coins, l’allusion d’une fossette qui touche son menton pointu, la voix de ses yeux réchauffant qui me font fondre … Ses doigts étaient si chauds et mous dans ma main ce soir. J’imaginais comment ça serait si je touchais la peau délicate qui s’étendue sur ses pommettes – soyeuse, chaude … si fragile. La soie sur la glace … Terriblement cassable.
Je n’ai pas vu où menaient mes pensées jusqu'à ce que ce soit trop tard. Comme je m’étendais sur cette vulnérabilité ravageuse, de nouvelles images de son visage s’imposèrent sur mes fantaisies.
Perdu dans les ténèbres, pâle avec la peur – encore sa mâchoire serrée et déterminé, ses yeux féroces, complet de concentration, son corps mince fortifié pour attaquer les formes lourdaudes qui se sont rassemblées autour d’elle, les cauchemars dans l’obscurité …
« Ah, » gémis-je, comme la haine cuisant à petit feu, que j’avais tout sauf oublié dans la joie d’aimer de nouveau son éclatement dans un brasier de rage.
J’étais seul. Bella était, j’en avais confiance, sûr à l’intérieur de sa maison ; pour un moment j’étais farouchement content que Charlie Swan – le chef de la police locale, entraîné et armé – soit son père. Cela devait signifier quelque chose, lui fournir un abri.
Elle était en sécurité. Ca ne devrait pas me prendre trop de temps pour venger l’insulte …
Non. Elle méritait mieux. Je ne pouvais pas lui permettre de se soucier d’un meurtrier.
Mais … Et les autres ?
Bella était en sécurité, oui. Angela et Jessica étaient aussi, sûrement, en sécurité dans leurs lits.
Encore un monstre était perdu dans les rues de Port Angeles. Un humain monstre – le prenait-il pour des problèmes humains ? Commettre le meurtre que je brûlais de commettre était incorrecte. Je savais ça. Mais le laisser partir, libre d’attaquer de nouveau n’était pas la bonne chose non plus.
L’hôtesse blonde du restaurant. La serveuse que je n’avais jamais vraiment regardé. Toutes les deux m’avait irrité de façon banale, mais cela ne voulait pas dire qu’elles méritées d’être en danger.
N’importe laquelle d’entre elle pourrait être Bella.
Le fait de réaliser ceci me décida.
Je tournais la voiture vers le Nord, accélérant maintenant que j’avais un but. A chaque fois que j’avais un problème qui était au-dessus de moi – quelque chose de tangible comme ça – je savais où je pouvais trouver de l’aide.
Alice était assise sous le porche, m’attendant. Je m’arrêtais en face de la maison au lieu d’aller autour du garage.
« Carlisle est dans son bureau, » me dit Alice avant que je ne lui pose la question.
« Merci, » dis-je, ébouriffant ses cheveux au passage.
Merci de me rendre mon appel pensa-t-elle sarcastiquement.
« Oh. » Je m’arrêtais à côté de la porte, sortant mon téléphone et l’ouvrant. « Désolé. Je n’ai pas regardé qui c’était. J’étais … occupé. »
« Oui, je sais. Je suis désolé aussi. Le temps que je voie ce qui allait ce passé tu étais déjà sur la route. »
« C’était privé, » murmurais-je
Désolé, répéta-t-elle, honteuse d’elle-même.
C’était facile d’être généreux, sachant que Bella allait bien. « Ne le soit pas. Je sais que tu ne peux pas tout ignorer. Personne ne s’attend à ce que tu sois omnisciente, Alice. »
« Merci. »
« Je me demandais presque si tu voulais sortir dîner ce soir – a tu vu ça avant que je change d’esprit ? »
Elle grimaça. « Non, j’ai raté ça aussi. Je regrette de ne pas l’avoir su. Je serais venu. »
« Tu te concentrais sur quoi pour en manquer autant ? »
Jasper pensait à notre anniversaire rit-elle. Il essaye de ne pas prendre de décision sur mon cadeau, mais je pense que j’ai une assez bonne idée …
« Tu es effrontée. »
« Ouais. »
Elle se mordit les lèvres et me regarda fixement, une insinuation d’accusation dans son regard. Je ferais plus attention la prochaine fois. Vas-tu leur dire ce qu’elle sait ?
Je soupirais. « Oui. Plus tard. »
Je ne dirais rien. Fais moi une faveur et dit le à Rosalie quand je ne serais pas dans les parages, ok ?
J’hésitais. « Sûr. »
Bella l’a plutôt bien pris.
« Trop bien. »
Alice grimaça. Ne sous-estime pas Bella.
J’essayais de bloquer l’image que je ne voulais pas voir – Bella et Alice meilleures amies.
Impatient maintenant, je soupirais lourdement. J’aurais voulu en finir avec la deuxième partie de la soirée. Mais j’étais un peu inquiet de partir de Forks …
« Alice… » Commençais-je. Elle vit ce que je voulais demander.
Elle ira bien cette nuit. Je garde une meilleure vue maintenant. Elle à besoin d’une supervision de vingt-quatre heures n’est ce pas ?
« Au moins. »
« En tout cas tu seras encore avec elle bientôt. »
Je pris une grande inspiration. Les mots étaient magnifiques pour moi.
« Vas-y – tant que tu peux être la où tu veux être. » Me dit-elle.
Je fis un signe de la tête et montais vers le bureau de Carlisle.
Il m’attendait, les yeux sur la porte plutôt que sur l’épais livre sur son bureau.
« J’ai entendu Alice te dire où tu pourrais me trouver. » dit-il en souriant
C’était un soulagement d’être avec lui, de voir la compassion et une profonde intelligence dans ses yeux. Carlisle devrait savoir que faire.
« J’ai besoin d’aide. »
« Tout ce que tu voudras Edward, » promit-il.
« Alice t’a dit ce qui c’était passé avec Bella ce soir ? »
Presque passé, amenda-t-il.
« Oui, presque. J’ai un dilemme Carlisle. Tu vois je peux … vraiment … le tuer. » Les mots commençaient à couler vite et passionnés. « Tellement. Mais je sais que ce n’est pas bien, parce que ce serait de la vengeance, pas de la justice. Toute ma colère sans impartialité. Tout de même il ne peut pas être juste de laisser un tueur et un violeur en série déambuler dans les rues de Port Angeles ! Je ne connais pas d’humains là-bas, mais je ne puis pas permettre à quelqu’un d’autre de prendre la place de Bella comme sa victime. Ces d’autres femmes – quelqu’un pourrait ressentir pour elle la même chose que ce que je ressens pour Bella. Qui subirait ce que j’aurais subi s’il lui avait fait du mal. Ce n’est pas juste. »
Son large sourire inattendu stoppa net mon flot de paroles.
Elle est vraiment bien pour toi, n’est ce pas ? Tant de compassion, tant de control. Je suis impressionné.
« Je ne suis pas venu pour des compliments, Carlisle. »
« Bien sur, non. Mais je ne peux pas retenir mes pensées n’est ce pas ? » Il souri de nouveau. « Je vais m’occuper de ça. Tu peux être tranquille. Personne d’autre n’aura de torts dans le même endroit que de Bella. »
Je vis le plan dans sa tête. Ce n’était pas exactement ce que je voulais, ça ne satisfaisait pas mon désir de violence, mais je pouvais voir ça comme une bonne chose.
« Je vais te montrer où le trouver, » dis-je.
« Allons-y. »
Il saisit son sac noir au passage. J’aurais préféré une forme plus agressive de sédation – comme un crâne craqué – mais je voulais laisser Carlisle faire ça à sa façon.
Nous prenions ma voiture. Alice était toujours sur les marches. Elle grimaça et fis un signe de la main alors que nous partions. Je voyais ce qu’elle avait vu à l’avance pour moi ; nous ne devrons pas avoir de difficultés.
Le trajet fut très court dans le noir, route déserte. Je ne mis pas mes phares pour empêcher d’attirer l’attention. Ca me fit sourire de penser comment Bella aurais réagis à cette allure. Je serai en train de conduire plus doucement que d’habitude – pour prolonger le temps passé avec elle – dés qu’elle objecterait.
Carlisle pensait à Bella aussi.
Je n’avais pas prévu qu’elle soit si bien pour lui. C’est inattendu. Peut-être cela devait-il se dérouler ainsi. Peut-être sert-il un plus haut but. Seulement …
Il peigna Bella avec la peau banche et froide comme la neige et les yeux rouges de sang, et ensuite hésita loin de l’image.
Oui. Seulement. Vraiment. Parce que comment cela pourrait être bien d’anéantire quelque chose d’aussi pur et jolie ?
Je lançais des regards noirs dans la nuit, toute la joie de cette soirée détruite pas ses pensées.
Edward mérite le bonheur. Ca lui est dû. La fureur de Carlisle me surpris. Il doit y avoir un moyen.
J’espérais que je pouvais croire ça – n’importe laquelle des deux. Mais il n’y avait pas de plus haut but sur ce qui allait arriver à Bella. Juste une méchante harpie, un inquiétant, destin amer qui ne pouvait pas supporter que Bella ait la vie qu’elle ait mérité.
Je n’ai pas traîné dans Port Angeles. Je conduis Carlisle à l’endroit où la créature nommée Lonnie noyais sa déception avec ses amis – deux d’entre eux avaient déjà perdu connaissance. Carlisle pouvait voir combien c’était dur pour moi d’être si prés – pour moi d’entendre les pensées du monstre et de voir sa mémoire, mémoire de Bella mélangées à des filles moins fortunées qui ne pouvaient plus être sauvées maintenant.
Ma respiration s’accéléra. Je serais le volant.
Vas-y, me dit-il doucement. Je garderais le reste d’eux saufs. Retourne avec Bella.
C’était exactement la bonne chose à dire. Son nom était la seule distraction qui pouvait signifier quelque chose pour moi.
Je le laissais dans la voiture et courus vers Forks, en ligne droite à travers la forêt endormie. Je mis moins de temps que la première journée dans la rapide voiture. C’était juste quelques minutes plus tard que j’escaladais la façade de sa maison et me glissais par sa fenêtre.
Je soupirais silencieusement avec soulagement. Tout était juste comme il devait être. Bella était sauve dans son lit, rêvant, ses cheveux mouillés étalés sur l’oreiller.
Mais, contrairement aux autres nuits, elle était enroulée en une petite boulle dans les couvertures tendues autour de ses épaules. Froid, je devinais. Avant que je puisse m’asseoir à ma place habituelle, elle trembla dans son sommeil et ses lèvres s’agitèrent.
Je réfléchis pendant un bref moment et ensuite me suis rendu dans le vestibule, explorant une autre partie de sa maison dans un premier temps.
Les ronflements de Charlie étaient forts et constants. Je pouvais presque saisir l’acrimonie de ses rêves.
Quelque chose avec le précipité de l’eau et une patiente attente … pêche, peut-être ?
Là, au sommet de l’escalier, se trouvait un placard plein de promesses. Je l’ouvris plein d’espoir, et trouva ce que je cherchais. Je choisis la couverture la plus étoffée de la boite de linge de maison du placard, et l’amenais dans sa chambre. Je voulais y retourner après qu’elle se soit levée et que personne ne soi plus là.
Retenant ma respiration, j’étendis prudemment la couverture sur elle ; elle ne réagit pas à mon ajout de poids. Je retournais au rocking-chair.
Pendant que j’attendais anxieusement qu’elle se réchauffe, je pensais à Carlisle, cherchant où il était maintenant. Je savais que son plan allait doucement – Alice l’avait vu.
Penser à mon père me fis soupirer – Carlisle me donnait trop de confiance. Je regrettais de ne pas être la personne qu’il pensait. Cette personne, la première qui méritait le bonheur, pouvant espérer être noble de cette fille endormie. Combiens les choses seraient différentes, si je pouvais être cet Edward.
Comme je réfléchissais à ça, une étrange, inexplicable image remplis ma tête.
Pendant un moment, le destin maléfique que j’avais imaginé, celui qui a cherché la destruction de Bella, a été remplacé par le plus fou et imprudent des anges. Un ange gardien – quelque chose comme ce que Carlisle représentait pour moi. Avec un étourdissant sourire sur ses lèvres, ses yeux colorés comme le ciel, plein de malice, l’ange représentant Bella d’une telle manière qu’il m’était impossible de la négliger. Une odeur ridiculement puissante pour demander mon attention, un esprit silencieux à enflammer ma curiosité, une beauté silencieuse pour tenir mes yeux, une âme altruiste pour gagner ma crainte révérencielle. Omettant le sens naturel de préservation de soi - pour que Bella puisse supporter d’être prés de moi – et, finalement, ajouter un large côté d’épouvantable infortune.
Avec un rire négligeant, l’ange irresponsable propulsa directement sa fragile création dans mon sentier, en se fiant avec insouciance à ma moralité défectueuse de garder Bella en vie.
Dans cette vision, je n’étais pas la sentence de Bella ; elle était ma récompense
Je secouais ma tête à la fantaisie de cet impensable ange. Il n’était pas beaucoup mieux que le destin maléfique. Je ne pouvais m’incliner à un plus haut pouvoir qui se comporterait s’une telle manière dangereuse et stupide. Au moins le destin, je pouvais le combattre.
Et je n’avais pas d’ange. C’était réservé aux bonnes personnes – les personnes comme Bella. Ainsi où était son ange pour tout cela ? Qui veillait sur elle ?
Je ris silencieusement, surpris, comme je réalisais ça juste maintenant, je tenais ce rôle.
Un vampire ange – c’était extensible.
Après une demi-heure, Bella se relaxa dans son cocon. Sa respiration était plus profonde et elle commença à murmurer. Je souris, satisfait. C’était une petite chose, mais au moins, elle était en train de dormir confortablement ce soir parce que j’étais là.
« Edward, » soupira-t-elle, et elle souri, elle aussi.
Je poussais la tragédie de côté pour un moment, et me laissais être heureux de nouveau.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 11 : Interrogation

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:07

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 11 : Interrogation


CNN furent les premiers à ébruiter l’affaire.
J’étais heureux que les nouvelles frappent avant que je dus partir à l’école, inquiet de savoir comment les humains exprimeraient le compte et la quantité d’informations qu’ils recueilleraient. Heureusement, l’actualité étais chargée aujourd’hui. Il y avait un séisme en Amérique du sud et un enlèvement politique au moyen-orient. La nouvelle ne prit donc que quelques secondes, quelques phrases et une bien piètre photo.
« Alonzo Calderas Wallas, soupçonné de viole et de meurtre commis dans les états du Texas et d’Oklahoma, a été arrêté la nuit dernière à Portland, dans l’Oregon grâce à un témoignage anonyme. Wallace a été retrouvé évanoui dans une allée en début de matinée, à juste quelques mètres d’un commissariat de police. Les fonctionnaires sont incapables en ces temps de nous dire s’il sera extradé de Houston et de la ville de l’Oklahoma pour passer en jugement. »
La photo était peu évidente, une tronche de tueur, et il avait une barbe épaisse au moment de la photographie, même si Bella le voyait, elle ne le reconnaîtrait probablement pas. J’espérai qu’elle ne le voit pas ; Il l’aurait effrayé inutilement.
« La couverture de cette actualité, en ville, sera claire. Ce doit être trop loin pour être considérer comme intérêt local. »M’a dit Alice. « C’était une bonne chose d’appeler Carlisle pour le faire sortir de l’état. »
Je fis un signe de tête. Bella ne regardait pas beaucoup la télé après tout, et je n’avais jamais vu son père regarder autre chose d’autre que les chaînes sportives.
J’avais fait ce que je pouvais. Ce monstre ne chassait plus et je n’étais pas un meurtrier. Pas récemment, en tout cas. J’avais eu raison de me fier à Carlisle, autant que je regrettais que le monstre soit parti aussi facilement. Je me suis pris à espérer qu’il serait extrader au Texas alors où la peine de mort était si populaire …
Non. Cela n’a pas d’importance. Je mettais ça derrière moi, et me concentrais sur ce qui était le plus important.
J’avais quitté la chambre de Bella, il y a moins d’une heure.
« Alice, surveilles-tu - »
Elle me coupa. « Rosalie va conduire. Elle fera la contrariée, mais tu sais qu’elle apprécie les excuses pour montrer sa voiture. »Alice ravala un rire.
Je lui souriais en grimaçant. « Je te vois à l’école. »
Alice soupire et mon sourire devint une grimace.
Je sais, je sais pensa-t-elle. Pas encore. J’attendrais jusqu'à ce que tu soir prêt pour que Bella fasse ma connaissance. Tu devrais savoir, penser, que je ne suis pas la seule intéressée. Bella veut venir à moi, aussi.
Je ne lui ai pas répondu, comme bousculé par la porte. C’était une façon différente de voir la situation. Bella voulait-elle connaître Alice ? Avoir un vampire pour meilleure amie ?
Connaissant Bella … cette idée ne la tracasserait pas le moins du monde.
Je fronçais les sourcils. Ce que Bella voulait et ce qui était la meilleure chose pour Bella étaient deux choses très séparées.
Je commençais à me sentire gêné comme je me garais dans l’allée de Bella. L’adage humain dit que les choses sont différentes le matin –que les choses changeaient quand on dormait dessus. Semblerais-je différent à Bella dans la faible lumière d’un jour brumeux ? Plus sinistre ou moins sinistre que je l’étais dans la noirceur de la nuit ?
La vérité s’était-elle enfoncée pendant qu’elle dormait ? Allait-elle finalement avoir peur ?
Ces rêves étaient pacifiques cependant, la nuit dernière. Quand elle avait prononcé mon nom, de temps en temps de nouveau, elle avait souri. Plus encore quand elle avait murmuré une excuse pour que je reste. Cela ne signifiait-il rien aujourd’hui ?
J’attendis nerveusement, en écoutant les sons à l’intérieur de la maison – les pas rapides, trébuchants sur les escaliers, le bruit pointu d’un papier d’aluminium, les contenus du réfrigérateur, se choquant entre eux quand la porte claqua. Il sembla qu’elle était pressée. Inquiète d’arriver à l’école ? Cette pensée me fit sourire, plein d’espoir de nouveau.
J’ai regardé l’heure. Je supposais que – prenant en compte la vitesse limitée de son vieux camion en mauvais état – elle courrait un peu tard.
Bella se dépêchât de sortir de la maison, son sac de livre glissant sur son épaule, ses cheveux entortillés dans un tourbillon sur sa nuque. Le pull vert épais qu’elle portait n’était pas assez pour que son sac reste sur ses épaules, ni pour la protéger contre le brouillard froid.
Le chandail était trop grand pour elle, peu flatteur. Il masquait sa figure menue, en transformant toutes ces courbes délicates et ses lignes molles en un tas difforme. J’aurais apprécié autant que je l’aurais voulu, qu’elle porte quelque chose comme la blouse bleue qu’elle portait la nuit dernière … l’étoffe s’était cramponnée à sa peau d’une façon tellement charmante, avait coupé assez bas pour révéler la voie hypnotisante du creux sous sa gorge. Le bleu avait coulé comme l’eau le long de la forme subtile de son corps …
C’était mieux – indispensable – que je garde mes pensées loin, loin de cette forme, donc j’étais reconnaissant au pull peu flatteur qu’elle portait. Je ne pouvais pas me permettre de faire des erreurs et ce serait une faute monumentale de m’étendre sur les faims étranges que les pensées de ses lèvres … sa peau … son corps … provoquaient à l’intérieur de moi. Les faims qui m’avaient évité depuis cent ans. Mais je ne pouvais pas me permettre de penser à la toucher, parce que c’était impossible.
Je la casserais.
Bella se détourna de la porte, dans un tel empressement qu’elle a presque couru jusqu’à ma voiture sans le remarquer.
Alors, elle a dérapé, ses genoux se bloquant comme un poulain surpris. Son sac glissa d’avantage sur son bras et ses yeux volèrent comme elle fixait la voiture.
Je suis sorti, ne prenant aucun soin pour bouger à la vitesse humaine et lui ai ouvert la porte passagère. Je n’essaierais pas de la tromper non plus – quand nous serions seuls, au moins, je serais moi.
Elle leva les yeux, surprise de nouveau comme si apparemment je sortais du brouillard. Et ensuite la surprise dans ses yeux se changeât en quelque chose d’autre, et je n’eu plus peur – ou espérant – que ses sentiments pour moi avaient changé au cour de la nuit. La chaleur, l’émerveillement, la fascination, tout baignait dans le chocolat qui faisait fondre ses yeux.
« Veux-tu venir avec moi aujourd’hui ? »Demandais-je.A la différence du dîner de la nuit dernière, je lui permettrais de choisir. Désormais, ce devrait toujours être son choix.
« Oui, merci, »murmura-t-elle, en montant dans ma voiture sans hésitation.
Cela ne cesserait-il jamais de m’exalter, que je sois celui à qui elle disait oui ? J’en doutais.
Je contournais rapidement la voiture, désireux de la rejoindre. Elle ne montrait aucun signe de choque par ma réapparition soudaine.
Le bonheur que je ressenti quand elle s’assit à côté de moi, n’avait aucun précédent. Autant que j’ai apprécié l’amour et la compagnie de ma famille, en dépit des amusements variés et des distractions que le monde offrait, je n’avais jamais été heureux comme cela. Même la connaissance que c’était incorrect, que cela ne pouvait peut-être pas faire une fin heureuse, ne pouvait pas m’empêcher de garder le sourire de mon visage plus longtemps.
Ma veste était posée sur l’appuie-tête de sa place. Je le voyais la regardait fixement.
« J’ai pris la veste pour toi. »Lui ai-je dis. C’était mon excuse, eussè-je besoin d’en procurer une, pour m’être manifester non-invité ce matin. Il faisait froid. Elle n’avait pas de veste.
Sûrement c’était acceptable d’un chevalier. « Je ne voulais pas que tu tombe malade ou quelque chose d’autre. »
« Je ne suis pas si fragile, » dit-elle, en regardant fixement ma poitrine plutôt que mon visage, comme si elle hésitait à rencontrer mes yeux. Mais elle mit le manteau avant que je dus recourir au commandement ou à la cajolerie.
« Tu ne l’es pas ? » marmonnais-je pour moi-même
Elle baissa les yeux sur la route comme j’accélérais vers l’école. Je pourrais seulement avoir le silence pendant quelques secondes. Je devais savoir ce qu’étaient les pensées ce matin. Tellement de choses avaient changé entre nous depuis la dernière fois où le soleil avait été haut.
« Quoi, aucunes questions aujourd’hui ? »Demandais-je en regardant la lumière de nouveau.
Elle sourit, semblant contente que j’aie abordé le sujet. « Mes questions te tracassent ? »
« Pas autant que ta réaction, »lui ai-je dit honnêtement, souriant en réponse à son sourire.
Sa bouche se rabattue. « Je réagis mal ? »
« Non, c’est bien là le problème. Tu prends tout si légèrement –c’est anormal. »Pas un cri pour l’instant .Comment cela était-il possible ? « Ca me fait me demander ce que tu pense vraiment. »
Evidemment, tout ce qu’elle fait ou ne fait pas me fait me demander ce qu’elle pense.
« Je te dis toujours ce que je pense vraiment. »
« Tu élude. »
Ses dents appuyèrent sur sa lèvre de nouveau. Elle ne sembla pas le remarquer quand elle le fit – il s’agissait d’une réaction inconsciente à la tension. « Pas vraiment. »
Juste ces mots étaient assez pour éveillez ma curiosité qui faisait rage. Que voulait-elle résolument garder de moi ?
« Assez pour me rendre four, »dis-je
Elle hésita et chuchota, « tu ne veux pas l’entendre. »
J’ai dû penser un moment, parcourir notre conversation entière de la nuit dernière, mots pour mots, avant de faire le rapprochement. Peut-être m’a t’il prit tant de concentration parce que je ne pouvais rien imaginer que je ne voudrais pas qu’elle me dise. Et ensuite –Parce que le ton de sa voix était le même que la nuit dernière ; subitement la douleur était là de nouveau – je me rappelais. Une fois, je lui avais demandé de ne pas me parler de ses pensées. Ne dis jamais ça, l’avais-je presque grondé. Je l’avais fait pleurer …
Etais-ce cela qu’elle refusée de me dire ? La profondeur de ses sentiments pour moi ? Que je sois un monstre n’avait pas d’importance, pensait-elle que c’était trop tard pour elle de changer d’avis ?
J’étais incapable de parler, parce que la joie et la douleur étaient trop fortes pour les mots, le conflit entre eux trop sauvage pour obtenir une réponse cohérente. C’était silencieux dans la voiture à part les rythmes réguliers de son cœur et de ses poumons.
« Où est le reste de ta famille ? » Demanda-t-elle subitement.
Je respirais profondément –enregistrant l’odeur de la voiture avec une vraie douleur pour la première fois; je m’y habituais et le réalisais avec satisfaction –et me suis forcé pour être décontracté de nouveau.
« Ils ont pris la voiture de Rosalie. »Je me garais sur la place libre à côté de la voiture en question. Je cachais mon sourire en voyant ses yeux s’élargirent. « Ostentatoire n’est ce pas ? »
« Hum, Ouh la. Si elle a ça, pourquoi se fait-elle conduire par toi ? »
Rosalie aurait apprécié la réaction de Bella … si elle avait été objective sur Bella ce qui n’arrivera probablement pas.
« Comme je l’ai dit c’est ostentatoire. Nous essayons de nous harmoniser. »
« Vous ne réussissez pas, » me dit-elle et ensuite elle ria d’un rire nonchalant.
Le son souple, entièrement non dérangé de son rire me réchauffa la poitrine même si ma tête baignait dans une mer pleine de doutes.
« Donc pourquoi Rosalie a-t-elle fait le trajet aujourd’hui si c’est si ostentatoire ? » Demanda-t-elle.
« Tu n’as pas remarqué ? Je casse toutes les règles maintenant. »
Ma réponse aurait du avoir l’air légèrement effrayante – donc, évidement, Bella rit à cela.
Elle ne m’attendit pas pour ouvrir la porte, jute comme la nuit dernière. Je dû feindre la normalité, ici, à l’école – donc, je ne bougerais pas assez vite pour empêcher ça – mais elle allait juste avoir à s’habituer à être traité avec plus de courtoisie ; Et s’y habitué bientôt.
J’osais marchais prés d’elle, en regardant soigneusement n’importe quel signe de bouleversement dû à ma proximité. Deux fois sa main trembla vers moi, puis elle la ramenait en arrière. Il semblait qu’elle aurait voulu me toucher … ma respiration s’accéléra.
« Pourquoi vous avez des voitures comme ça ? Si vous chercher la discrétion ? » Demanda-t-elle alors que nous marchions.
« Une indulgence, » admis-je. « Nous aimons tous conduire vite. »
« Apparences, »murmura-t-elle, sur un ton aigre.
Elle ne leva pas les yeux pour voir mon sourire répondant.
Nun-uh ! Je n’y crois pas ! Comment l’enfer a poussé Bella à faire ça ? Je ne comprends pas ! Pourquoi ?
L’effraiement mental de Jessica interrompit mes pensées. Elle attendait Bella, prenant refuge de la pluie sous le bord du toit de la cafétéria, avec la veste d’hiver de Bella sur son bras. Ses yeux étaient larges d’incrédulité.
Bella le remarqua, aussi, au moment suivant. Un rose léger tinta ses joues quand Bella enregistra l’expression de Jessica. Les pensées dans la tête de Jessica étaient assez claires sur son visage.
« Hey, Jessica. Merci de t’être souvenue. »L’accueilli Bella. Elle montra la veste et Jessica la lui rendit sans paroles.
Je devrais être poli avec les amis de Bella, qu ‘ils soient de bons amis ou non.
« Bonjour Jessica. »
Whoa …
Les yeux de Jessica faillirent sortirent de leurs orbites. C’était étrange et amusant … et, honnêtement, un peu embarrassant … de réaliser combien être prés de Bella m’avait adouci. C’était comme si personne n’avait plus peur de moi. Si Emmett découvrait cela, il en rirait jusqu’au siècle prochain.
« Er … Salut, »marmonna Jessica, ses yeux se lançant sur le visage de Bella, complet de signification. « Je suppose que je te verrais en Math. »
Tu vas cracher le morceau. Je ne prends pas non pour une réponse. Détails. Il faut que j’aie des détails. Edward, curiosité CULLEN !! La vie est trop injuste.
La bouche de Bella trembla. « Bien, alors je te verrai. »
Les pensées de Jessica ont couru en liberté comme elle se dépêchait d’aller à son premier cour, en jetant un coup d’œil en arrière parfois.
L’histoire entière. Je n’accepterais rien de moi. Avaient-ils projetés de se rencontré la nuit dernière ? Datent-ils ? Depuis combien de temps ? Comment pourrait-elle se le garder en secret ? Pourquoi voudrait-elle ça ? Cela n’est peut-être pas une chose facile – elle doit être sérieusement avec lui. Y a-t-il une autre option ? J’apprendrais. Je ne peux pas ne pas savoir. Je me demande si elle sort avec lui ? Oh, défaillance …Les pensées de Jessica étaient subitement disjointes et ses fantaisies sans paroles tourbillonnaient dans sa tête. Je grimaçais à ses spéculations et aussi parce qu’elle avait remplacé Bella par elle dans ses peintures mentales.
Je ne pouvais pas être comme ça. Et encore je … je voulais …
Je résister devant cette idée. De combien de manières voulais-je Bella ? Finirais-je par la tuer ?
J’hochais la tête et essayais d’éclaircir mes idées.
« Que vas-tu lui dire ? » demandais-je à Bella
« Hey ! » Chuchota-t-elle avec férocement. « Je croyais que tu ne pouvais pas lire dans mes pensées ! »
« Je ne peux pas. »Lui répondis-je en la regardant fixement, surpris, essayant de trouver du sens à ses mots. Ah – Nous devions avoir pensé à la même chose, en même temps. Hmm … j’aime plutôt.
« Toutefois, » lui dis-je « Je peux lire les siennes – elle t’attend pour te tendre une embuscade dans la classe. »
Bella gémis et laissa ensuite la veste glisser de ses épaules. Je ne réalisais pas qu’elle me la rendait au début – je ne l’aurais pas demandé; j’aurais voulu qu’elle la garde … un signe- donc j’étais trop lent pour lui offrir mon aide. Elle me donna la veste et glissa le sienne sur ses bras, sans voir que mes bras étaient tendus pour l’aider. Je l’ai regardé en fronçant les sourcils et ai ensuite contrôlé mon expression avant qu’elle ne le remarque.
« Donc, que vas-tu lui dire ? » La pressais-je.
« Une petite aide ? Que veut-elle savoir ? »
Je souris et secoua la tête. Je voulais entendre ce qu’elle pensait sans lui souffler la réponse. « Ce n’est pas équitable. »
Ses yeux se serrèrent. « Non, tu ne veux pas partager ce que tu sais – maintenant c’est injuste. »
Bien – elle n’aimait pas les injustices.
Nous sommes arrivés à la porte de sa classe – où je devrais la quitter ; je me suis demandé paresseusement si Mme Cope s’accommoderait d’un changement de programme dans ma classe d’anglais … Je me suis concentré. Je pourrais être équitable.
« Elle veut savoir si nous sommes secrètement ensemble depuis longtemps. » Dis-je lentement. « Et elle veut savoir ce que tu ressens pour moi. »
Ses yeux étaient larges – pas surpris, mais astucieux maintenant. Ils étaient ouverts à moi, lisible. Elle jouait l’innocente.
« Merde, »murmura-t-elle. « Qu’est ce que je devrais dire ? »
« Hmmm. »Elle essayer toujours de me faire dire plus que ce que je ne voulais. Je réfléchis comment répondre.
Une mèche rebelle de ses cheveux, légèrement humide à cause du brouillard, tomba sur son épaule et s’enroula là où sa clavicule était cachée par ce sweater ridicule. Elle entraina mes yeux … bien au-delà des courbes cachées…
Je l’atteins soigneusement, en ne touchant pas sa peau – le matin était déjà assez frais sans mon contact – et l’ai torsadé et remis dans sa coiffure désordonnée afin qu’elle ne me distraie pas de nouveau. Je me suis souvenu quand Mike Newton avait touché ses cheveux, me mâchoire se crispa à se souvenir. Elle s’était alors éloignée de lui. Sa réaction maintenant n’était pas la même ; au lieu de ça il y avait une faible dilatation de ses yeux, une ruée de sang sous sa peau et les tambourinements soudain inégaux de son cœur.
J’essayais de cacher mon sourire, alors que je répondais à sa question.
« Je suppose que tu peux réponde oui à la première … si ça ne te dérange pas -, »son choix, toujours son choix, « -c’est plus facile que n’importe quelle autre explication. »
« Ca ne me dérange pas, » chuchota-t-elle. Son cœur n’avait pas encore retrouvé un rythme normal.
« Et quant à son autre question, » je ne pouvais plus cacher mon sourire maintenant. « J’écouterais pour entendre la réponse à celle là moi-même. »
Permettant à Bella de considérer la chose. Je retenu mon rire quand le choc traversa son visage.
Je me tournais vite, avant qu’elle ne puisse me demander plus de réponses. C’était difficile de ne pas lui donner ce qu’elle demandait. Et je voulais savoir ses pensées, pas les miennes
« Je te vois au déjeuner, »lui ais-je rappelé par-dessus mon épaule, une excuse pour vérifier si elle regardait toujours fixement vers moi. Sa bouche était restée ouverte. Je me suis détourné de nouveau et j’ai ris.
Comme je marchais à pas lents j’étais vaguement conscient des pensées choquées et spéculatives qui tourbillonnaient autour de moi –les yeux faisaient rebondir ça et là le visage de Bella et ma silhouette qui s’éloignait. Je leur accordais peu d’attention. Je ne pouvais pas me concentrer. C’était dur de garder le mouvement de mes pieds à une vitesse acceptable comme je traversé l’herbe détrempée vers ma classe suivante. Je voulais courir – vraiment courir, aussi vite que je disparaîtrais, aussi vite que j’aurais l’impression que je volais. Une partie de moi volait déjà.
Je mis la veste quand j’arrivai en classe, laissant sa fragrance épaisse autour de moi. Je brûlais maintenant – laisser l’odeur me désensibiliser –et ensuite il serait plus facile de l’ignorer plus tard, quand je serais de nouveau avec elle au déjeuner…
C’était une bonne chose que mes enseignants ne se tracassaient plus à m’interroger. Aujourd’hui pourrait avoir été le jour où ils m’auraient pris sur le fait, pas prêt et répondant. Mon esprit était dans tant d’endroits ce matin ; seul mon corps était dans la classe.
Evidemment je regardais Bella. Ce qui devenait naturel –aussi automatique que de respirer. J’entendis sa conversation avec un Mike Newton complètement démoralisé. Elle a vite commencé la conversation avec Jessica et je souris en grimaçant si large que Rob Sawyer, qui était assit au bureau à ma droite, hésita visiblement et glissa sur sa chaise, le plus loin de moi.
Pouah. Horrible
Bien, je n’avais pas complètement perdu la main.
Je contrôlais aussi Jessica vaguement, en la regardant affiner ses questions pour Bella. Je ne pouvais plus attendre d’être seul au déjeuner, dix fois plus désireux et inquiet que la fille humaine curieuse qui voulait des potins frais.
Et j’écoutais aussi Angela Weber.
Je n’avais pas oublié la gratitude que j’avais envers elle – pour penser des choses rien que gentil envers Bella en premier lieu, et ensuite pour son aide de la nuit dernière. Donc j’attendis à travers le matin, cherchant quelque chose qu’elle désire. Je supposais que ce serait facile ; Comme beaucoup d’autres humains il devait bien y avoir une babiole ou un jouet qu’elle voulait en particulier. Plusieurs, probablement. Je livrerais quelque chose anonymement et nous ensuite nous serions quittes.
Mais Angela s’est avérée presque aussi incommodante que Bella dans ses pensées. Elle était bizarrement contente pour une adolescente. Heureuse. Peut-être était-ce la raison de ça gentillesse inhabituelle – elle était une de ces rares personnes qui avaient ce qu’ils voulaient et qui voulaient ce qu’ils avaient. Si elle ne faisait pas attention à ses enseignants et à ses notes elle pensait à ses deux petits frères jumeaux qu’elle emmènerait à la plage ce week-end – anticipant leur excitation avec un plaisir presque maternel. Elle les a soigné souvent, mais n’était pas pleine de ressentiments de ce fait …c’était très doux.
Mais elle ne m’était pas vraiment utile.
Il devait y avoir quelque chose qu’elle voulait. Je devrais juste continuer à regarder. Mais plus tard. C’était l’heure des maths pour Bella et Jessica.
Je ne regardais pas où j’allais alors que j’avançais en Anglais. Jessica était déjà à sa place, les deux pieds tapant impatiemment contre le sol pendant qu’elle attendait que Bella arrive.
Inversement, dés que je me suis installé à ma place allouée dans la classe, je suis devenu complètement calme. Je dus me rappeler de remuer parfois. Il était difficile de continuer la charade, mes pensées étaient si concentrées sur celles de Jessica. J’espérais qu’elle ferait attention, essayer de vraiment lire le visage de Bella pour moi.
Le tapage de Jessica s’intensifia quand Bella marcha dans la pièce.
Elle semble … morose. Pourquoi ? Peut-être qu’il n’y a rien avec Edward Cullen. Ce serait une déception. Sauf … alors il serait toujours disponible … s’il s’intéresse à la coure je ne serais pas embarrassée par cela …
Le visage de Bella ne semblait pas morose, il semblait réticent. Elle était inquiète – elle savait que j’entendrais tout cela. Je souris à moi-même.
« Dis-moi tout ! »Demanda Jess, pendant que Bella enlevait sa veste pour la suspendre au dossier de sa chaise. Elle bougeait avec réflexion, n’en ayant pas envie.
Ah, elle est si lente. Arrivons aux trucs juteux !
« Que veux-tu savoir ? »Demanda Bella comme elle regardait sa place.
« Que s’est-il passé la nuit dernière ? »
« Il m’a offert à dîner, et ensuite il m’a reconduis à la maison. »
Et ensuite ? Aller, il doit y avoir plus que cela ! Elle ment en tout cas, je le sais. Je vais lui faire cracher le morceau.
« Comment t’es tu retrouvée chez toi si vite ? »
Je voyais Bella rouler ses yeux vers Jessica, méfiante.
« Il conduit comme un maniaque. C’est terrifiant. »
Elle eu un sourire très petit et je ris à haute voix, en interrompant les annonce de M.Manson. J’essayer de transformer mon rire en toux, mais personne n’y crut. M.Manson me tira un coup d’œil fâché, mais je ne me tracassais pas de bien écouté après cela. J’écoutais Jessica.
Hein. Il semble qu’elle dise la vérité. Pourquoi me fait-elle tirer mot par mots ? Je me vanterais en vidant mes poumons si j’étais elle.
« C’étais un rendez-vous – lui avait-tu dis de te rencontrer là ? »
Jessica regarda surprise l’expression de Bella et fut déçue de voir comment elle semblait vraie.
« Non – et j’ai été très surprise de le voir là, » lui dit Bella.
Qu’est ce qui ce passe ?? « Mais il t’a amené à l’école aujourd’hui ? » Il doit y avoir plus derrière cette histoire.
« Oui – c’était une surprise, aussi. Il avait remarqué que je n’avais pas de veste la nuit dernière. »
Ce n’est pas très amusant, pensa Jessica, encore déçue.
J’étais fatigué de sa ligne d’interrogatoire – je voulais quelque chose que je ne savais pas déjà. J’espéré qu’elle ne soit pas si mécontente qu’elle passe les questions que j’attendais.
« Donc, vous allez sortir encore ? » demanda Jessica
« Il m’a proposé de me conduire à Seattle samedi parce qu’il pense que ma camionnette n’est pas à la hauteur – tu es d’accord ? »
Hm mm. Il essaierait sûrement … bien, de s’occuper d’elle, en quelque sorte. Il doit bien y avoir quelque chose de son côté si ce n’est pas du sien .Comment cela est-il possible ? Bella est folle ?
« Oui, »Répondit Jessica à la question de Bella.
« Eh bien »conclut Bella. « Oui. »
« Wow, Edward Cullen. » Si elle l’aime ou pas c’est important.
« Je sais »dit Bella.
Le ton de sa voie encouragea Jessica. Finalement il me semble qu’elle se rend compte ! Elle réalise …
« Attend ! »Dis Jessica, se rappelant soudainement sa question la plus vitale. « T’as t’il embrassé ? » S’il te plaît dit oui. Et ensuite décrit chaque secondes !
« Non, »murmura Bella, et ensuite elle regarda ses mains, le visage de Bella se baissa.
« Ce n’est pas comme ça entre nous. »
Fichu. J’espérais … ah. Il semble qu’elle soit déçue.
Je froncé les sourcils. Bella semblait vraiment bouleversée par quelque chose mais cela ne pouvait pas être le désappointement comme Jessica l’a supposé, elle ne pouvait pas vouloir être prés de mes dents. Pour tout elle savait, j’avais des crochets à venin.
Je frissonnais.
« Tu pense que samedi … ? »Demanda doucement Jessica.
Bella semblait plus frustré qu’elle ne le disait. « J’en doute vraiment. »
Vraiment, elle le désir. Ca craint pour elle.
Etait-ce parce que je regardais tout cela à travers le filtre des perceptions de Jessica, que j’avais l’impression que Jessica avait raison.
Pendant une demi-seconde j’étais distrait pas l’idée, l’impossibilité, qui serait celle de l’embrasser, mes lèvres sur ces lèvres, la pierre froide et la soie chaude, cédante …
Et ensuite elle meurt.
J’ai hoché la tête, grimaçant, et ai repris mon attention
« Vous avez parlé de quoi ? » Tu lui as parlé ou l’as-tu laissé t’extirper chaque informations de cette manière ?
Je souris tristement. Jessica n’était pas loin.
« Je ne sais pas, Jess, beaucoup de trucs. Nous avons un peu parlé de le disserte d’anglais. »
Très peu. Je souris.
Oh, aller. « S’il te plait Bella ! Donne-moi plus de détails. »
Bella réfléchis un moment.
« Bien, ok. Je vais t’en donner un. T’aurais du voir la serveuse flirter avec lui – c’était excessif. Mais lui n’a pas fait attention à elle du tout. »
Quel détail étrange qu’elle choisit de partager. J’étais surpris que Bella l’ai remarqué. Cela semblait une chose très inconséquente.
Intéressant … « C’est bon signe. Elle était jolie ? »
Hmm. Jessica y prêtait attention plus que moi. Ce devait être une chose de fille.
« Très » lui dit Bella. « Elle avait probablement dix-neuf ou vingt ans. »
Jessica fut momentanément distraite par un souvenir de Mike lundi soir – Mike était un peu trop sympathique avec une serveuse que Jessica ne considérée pas belle du tout. Elle poussa loin sa mémoire et est revenue, en étouffant son irritation, à sa quête de détails.
« Encore mieux. Il doit t’aimer. »
« Je pense aussi, »dit Bella lentement, et j’étais sur le bord de ma chaise, mon corps toujours très raide. « Mais c’est difficile à dire. Il est toujours si secret. »
Je n’avais pas dut être aussi transparent et contrôlé que ce que j’avais pensé. Tout de même … observatrice comme elle était … Comment ne pouvait-elle pas se rendre compte que j’étais amoureux d’elle ? Je me repassais notre conversation, presque surpris que je n’aie pas dit les mots à voie haute. On avait l’impression que cela avait été le sous-texte de chaque mot entre nous.
Hou la. Comment as-tu fait pour rester avec un model masculin et lui faire la conversation ?
« Je ne savais pas que tu étais assez courageuse pour rester seul avec lui, » dit Jessica.
Le choc traversa le visage de Bella. « Pourquoi ? »
Réaction surnaturelle. Qu’est ce qu’elle croit que j’ai voulu dire ? « Il est si … » Quel était le mot juste. « Intimidant. Je ne saurais pas quoi lui dire. » Je ne pouvais même pas lui parler français et tout ce qu’il a dit aujourd’hui était bonjour. Je devais avoir eut l’air d’une telle idiote.
Bella sourit. « J’ai quelques problèmes d’incohérence quand je suis autour de lui. »
Elle devait essayer de rassurer Jessica. Elle était presque naturellement possessive lorsque nous étions ensembles.
« Oh, bien, » soupira Jessica. « Il est absolument splendide. »
Le visage de Bella devint subitement plus froid. Ses yeux lançaient de la même façon que quand elle ressentait quelque injustice. Jessica ne remarqua pas le changement d’expression.
« Il y a beaucoup plus en lui que cela, »cassa Bella.
Oooh. Maintenant nous arrivons quelque part. « Vraiment ? Comme quoi ? »
Bella mordilla ses lèvres un moment. « Je ne peut pas bien l’expliquer, » dit-elle finalement.
« Mais il est encore plus incroyable, derrière son visage. »Elle regarda loin de Jessica, ses yeux légèrement non concentrés comme si elle regardait quelque chose fixement très loin.
Le sentiment que je sentis maintenant était sans exagérer semblable à comment je me sentais quand Carlisle ou Esmée me loué au-delà de ce que je méritais. Semblable, mais plus intense, plus dévorant.
Vends tes stupidités ailleurs – Il n’y a rien de mieux que son visage ! A moins que ce ne soit son corps. Oh. « C’est possible ? » Rit sottement Jessica.
Bella ne releva pas, continuant à regarder fixement à distance, ignorant Jessica.
Une personne normale jubilerait. Peut-être que je devrais lui poser des questions plus simple. Ha ha. Comme si je parlais à un enfant dans une garderie. « Donc tu l’aime alors ? »
J’étais rigide de nouveau.
Bella ne regarda pas Jessica. « Oui. »
« Je veux dire, est-ce que tu l’aime vraiment ? »
« Oui. »
Regardez la rougir !
« Combien tu l’aime ? » Demanda Jessica.
La salle d’anglais pourrait être envahie par les flammes que je ne l’aurais pas remarqué.
Le visage de Bella était rouge brillant maintenant – je pouvais presque sentir la chaleur de l’image mentale.
« Trop, »chuchota-t-elle. « Plus qu’il ne m’aime. Mais je ne vois pas comment je pourrais changer ça. »
But ! Que viens juste de demander M.Varner ? « Hum – quel nombre M.Varner ? »
C’était une bonne chose que Jessica ne puisse plus continuer à questionner Bella. J’avais besoin d’une minute.
Qu’est ce que cette fille pouvait penser maintenant ? Plus qu’il ne m’aime ? Comment est-elle arrivée à ça ? Mais je ne vois pas comment je pourrais changer ça. Qu’était-ce supposé signifier ? Je ne pouvais pas convenir à une explication rationnelle de cette expression. Elles étaient pratiquement insensées.
Il semblait que je ne pouvais rien considérer comme acquis. Les choses évidentes qui aurait eu le sens parfait, aurait d’une manière ou d’une autre étaient tournées à l’envers dans ce cerveau bizarre qui était le sien. Plus qu’il ne m’aime ? Peut-être ne devrais-je pas encore exclure cette idée.
Je lançais un regard furieux à l’horloge, serrant mes dents .Comment les pures minutes pouvaient-elles paraître si affreusement longues à un immortel ? Où était mon don pour relativiser les choses ?
Ma mâchoire était serrée durant la leçon entière de mathématique de M.Varner. J’en entendu plus que la leçon de ma propre classe. Bella et Jessica ne reparlèrent pas, mais Jessica jeta des coups d’œil à Bella plusieurs fois, jusqu'à ce que son visage soit brillant écarlate de nouveau, sans aucune raison apparente.
Le déjeuner ne pouvait pas venir assez vite.
Je n’étais pas sûr que Jessica obtienne certaines réponses aux questions que j’attendais quand la classe fut finie, mais Bella fut plus rapide qu’elle.
Aussitôt que la cloche sonna, Bella se tourna vers Jessica.
« En anglais Mike m’a demandé si tu avais dit quelque chose sur lundi soir, » Dit Bella, un sourire tirant au coin de ses lèvres. Je compris ce qu’il en était – l’offense était la meilleure attaque.
Mike a parlé de moi ? La joie rendue subitement l’esprit de Jessica imprudent, plus mou, sans son sarcasme ordinaire. « Tu rigole ! Qu’est ce que tu lui as dit ? »
« Je lui ai dit que tu avais dit que vous vous étiez beaucoup amusé –et il a semblé satisfait. »
« Dis-moi exactement ce qu’il a dit et ta réponse exacte ! »
C’était tout ce que j’allais avoir de Jessica aujourd’hui, clairement. Bella souriait alors qu’elle pensait la même chose que moi. Elle avait gagné la partie.
Ensuite, le déjeuner sera une autre histoire. J’aurais un meilleur succès dans l’obtention de réponse de sa part que Jessica, je m’en assurais.
Je pourrais à peine supporter de vérifier de temps à autres les pensées de Jessica durant la dernière heure. Je n’avais aucune patience avec ses pensées obsessives de Mike Newton. J’en avais eu plus qu’assez de lui pendant les deux dernières semaines. Il avait de la chance d’être vivant.


Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 11 (suite) : Interrogation

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:10

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 11 : Interrogation (suite)


J’allais avec indifférence dans la salle de gym en compagnie Alice, nous avions toujours cette façon de marcher quand venait l’heure de l’activité physique avec des humains. Elle était ma coéquipière, naturellement. C’était le premier jour de badminton. Je soupirais d’ennui en balançant ma raquette au ralenti pour taper le volant vers l’autre côté. Lauren Mallory était dans l’autre équipe ; Elle l’a manqué.
Alice tortillait sa raquette comme un bâton, en regardant fixement le plafond.
Nous détestons la gym, surtout Emmett. Le fait de truquer des jeux était un affront à sa philosophie personnelle. La gym était plus ennuyante aujourd’hui que d’habitude – je me suis senti aussi irrité qu’Emmett l’était toujours.
Avant que ma tête explose d’impatience, le coach Clapp appela les jeux et nous renvoya plus tôt. J’étais reconnaissant de façon ridicule qu’il a loupé le petit-déjeuner – il essayait d’être au régime – et la faim conséquente l’avait obligé à quitter le campus en tout hâte à fin de déjeuner quelque chose de gras quelque part. Il se promit qu’il commencerait demain …
Ca me donnait le temps d’arriver aux bâtiments de mathématiques avant que la classe de Bella finisse.
Amusez-vous bien, pensa Alice comme elle évitait de rencontrer Jasper. Plus que quelques jours à être patiente. Je suppose que tu ne diras pas salut à Bella de ma part, n’est-ce pas ?
J’hochais la tête, exaspéré. Depuis quand les mediums étaient-ils suffisants ?
Pour ton information, ça va être ensoleillé des deux côtés ce week-end. Tu pourras réarranger tes plans.
J’ai soupiré et continué dans la direction opposée. Suffisante, mais sans doute utiles.
Je m’appuyais contre le mur à côté de la porte en attendant. J’étais assez proche pour pouvoir entendre la voie de Jessica à travers les briques, aussi bien que ses pensées.
« Tu t’assois avec nous aujourd’hui ou pas ? » Elle a le regard tout … illuminé. Je parie qu’il y a des tonnes de choses qu’elle ne m’a pas dites.
« Je ne sais pas, » répondit Bella, bizarrement peu sûr.
Ne lui avais-je pas promis de passer le déjeuner avec elle ? A quoi était-elle en train de penser ?
Ils sont sortis de la classe ensembles et les yeux des filles se sont élargis quand ils m’ont vu. Mais je pouvais seulement entendre Jessica.
Agréable. Hou là. Oh, vraiment, là c’est plus que ce qu’elle m’a dit. Peut-être que je l’appellerais ce soir … ou peut-être que je ne devrais pas l’encourager. Hein. J’espère qu’il va accourir devant elle en toute hâte. Mike est mignon, mais … wow.
« On te voit plus tard Bella. »
Bella marcha vers moi, en marquant une pause à un pas de moi, toujours hésitante. Sa peau était rose au niveau de ses pommettes.
Je la connaissais assez bien maintenant pour être sur qu’il n’y avait pas de peur derrière son hésitation.
Apparemment, c’était le gouffre qu’elle avait imaginé entre ses sentiments et les miens. Plus qu’il ne m’aime. Absurde.
« Salut, » dis-je de ma voie un peu brusque.
Son visage devint plus brillant. « Salut. »
Elle ne semblait pas disposée à dire quelque chose, donc j’étais en tête de marche vers la cafétéria et elle marchait silencieusement à côté de moi.
La veste avait travaillé – son odeur n’était pas la même que d’habitude. C’était juste une intensification de la douleur que je sentais déjà. Je pouvais l’ignorait plus facilement que ce que j’aurais cru possible.
Bella était agité lorsque nous attendions dans la file, jouant d’un air absent avec la fermeture éclaire de sa veste et se balançant nerveusement sur ses pieds. Elle me jetait souvent un coup d’œil, mais à chaque fois qu’elle rencontrait mon regard, le sien se baissait comme si elle était embarrassée. Etait-ce parce que tant de personnes nous regardaient fixement ? Peut-être pouvait-elle entendre les chuchotements - les potins étaient verbaux aussi bien que mentaux aujourd’hui.
Ou peut-être a-t-elle réalisé, en observant mon expression, qu’elle était dans le pétrin.
Elle ne dit rien jusqu'à ce que je rassemble son déjeuner. Je ne savais pas ce qu’elle aimait – pas encore – donc je saisis un peu n’importe quoi.
« Qu’est ce que tu fais ? »Siffla-t-elle à voie basse. « Tu n’as pas pris tout ça pour moi ? »
J’hochais la tête et poussais le plateau jusqu’au registre. « La moitié est pour moi, bien sur. »
Elle leva un sourcil avec scepticisme, mais ne dit rien de plus pendant que je payais pour la nourriture et l’escortais jusqu'à la table où nous nous étions assis la semaine dernière, avant sa désastreuse expérience avec le travail sur le sang. Cela paraissait plus que quelques jours auparavant. Tout était différent maintenant.
Elle s’assit en face de moi de nouveau. Je poussais le plateau vers elle.
« Prend ce que tu veux, » l’encourageais-je.
Elle prit une pomme et la fit tourner dans ses mains, le regard spéculatif.
« Je suis curieuse. »
Quelle surprise.
« Qu’est ce que tu ferais si quelqu’un te défiait de manger des aliments ? » Continua-elle à voie basse qui ne porterait pas jusqu’aux oreilles humaines. Les oreilles immortelles étaient une autre question, si ces oreilles là nous prêtaient attention. J’aurais probablement dû leur en toucher un mot plus tôt …
« Tu es toujours curieuse, » me plains-je. Oh bien. Ce n’était pas comme si je n’avais pas mangé auparavant. C’était une partie du mensonge. Une partie désagréable.
J’atteins cette chose répugnante, et tins ses yeux pendant que j’arrachais un petit morceau d’un coup de dents. Sans regard, je ne pouvais pas le répéter. C’était aussi visqueux, corpulent et repoussant que les autres aliments humains. Je mâchais rapidement et avalais, en essayant de garder la grimace de mon visage. La boule d’aliments se déplaça lentement et inconfortablement dans ma gorge. Je soupirais, comme je pensais que j’aurais du m’étouffer, elle fit marche arrière plus tard. Dégoûtant.
L’expression de Bella était choquée. Impressionnée.
Je voulu rouler mes yeux. Bien sûr nous avions perfectionné notre petite supercherie.
« Si quelqu’un te défiait de manger de la terre tu le pourrais, ou pas ? »
Son nez se rida et elle sourit. « Je l’ai fait une fois … pour un défi. Ce n’était pas si mauvais. »
Je ris. « Je suppose que je ne dois pas être surpris. »
Ils semblent intimes, ou pas ? Un bon langage du corps. Je donnerais ma recette à Bella plus tard. Il se penche vers elle juste comme il faut, s’il est intéressé. Il semble intéressé. Il semble … parfait. Soupira Jessica. Yum.
Je rencontrais les yeux curieux de Jessica et elle regarda ailleurs nerveusement, riant stupidement avec la fille à côté d’elle.
Hm mm. Probablement qu’il vaut mieux que je reste fidèle à Mike. La réalité, pas la fantaisie …
« Jessica est en train d’analyser tout ce que je fais, » Informais-je Bella. « Elle te le décrira plus tard. »
Je poussé l’assiette d’aliments vers elle – de la pizza, réalisais-je – me demandant comment aborder le sujet. Mon ancienne frustration brilla comme les mots que je me répétais dans ma tête : Plus qu’il ne m’aime. Mais je ne vois pas comment je pourrais l’aider.
Elle prit un peu de la même part de pizza que moi. Il me stupéfiait de voir comment sa confiance était évidente. Evidemment, elle ne savait pas que j’étais un poison- pas que partager des aliments lui ferait du mal. Tout de même je me suis attendu à ce qu’elle me traita différemment. Comme quelque chose d’autre. Elle ne l’a jamais fait – au moins pas de façon négative …
Je vais commencer doucement.
« Donc la serveuse était jolie ? »
Elle leva un sourcil de nouveau. « Tu n’avais vraiment pas remarqué ? »
Comme si une femme quelconque pouvait capturer mon attention à bella ? Absurde, de nouveau.
« Non. Je ne faisais pas attention. J’avais beaucoup de choses dans mon esprit. » Pas la moindre partie de moi n’avait pas adhérée à sa fine blouse …
C’était une bonne chose qu’elle porte ce vilain pull aujourd’hui.
« Pauvre fille, »dit Bella en souriant.
Elle aimait que je ne trouve pas la serveuse intéressante du tout. Je pouvais comprendre ça. Combien de fois m’étais-je imaginé en train d’estropier Mike Newton en cour de biologie ?
Elle ne pouvait pas honnêtement croire que ses sentiments humains, la réalisation de dix-sept courtes années mortelles, pouvaient être plus forts que les passions immortelles qui s’étaient accumulées en moi depuis un siècle.
« Quelque chose que tu as dit à Jessica … » Je ne pouvais pas garder ma voie décontractée. « Bien, ça me tracasse. »
Elle fut immédiatement sur la défensive. « Je ne suis pas surprise que tu aies entendu quelque chose que tu n’aies pas aimé. Tu sais ce qu’on dit des oreilles indiscrètes. »
Les oreilles indiscrètes n’entendent jamais rien de bons à leur sujet, c’était le dicton.
« Je t’ai avertis que j’écouterais, » lui rappelais-je.
« Et je t’ai avertis que tu ne voulais savoir tout ce que je pensais. »
Ah, elle était en train de penser au moment où je l’avais fait pleurer. Le repenti rendis ma voie plus épaisse.
« Tu l’as fait. Cependant tu ne l’as pas fait avec précision. Je veux vraiment savoir ce que tu pense – tout. Je voudrais simplement … que tu ne pense pas certaines choses. »
Encore des demi-mensonges. Je savais que je ne devais pas vouloir qu’elle se soucie de moi. Mais je le fis. Evidemment je le fis.
« C’est une sacrée distinction, » ronchonna-t-elle en me faisant la grimace.
« Mais ce n’est pas vraiment le sujet en ce moment. »
« Alors c’est quoi ? »
Elle se pencha vers moi, le creux de sa mais légèrement contre sa gorge. Elle attira mon œil- me distrais .Comme sa peau doit-être douce …
Concentre-toi, me commandais-je.
« Crois-tu vraiment que je me soucie plus de moi que de toi ? » Demandais-je. La question me sembla ridicule, comme si les mots étaient mélangés.
Ses yeux étaient larges, sa respiration stoppée. Elle regarda loin en clignant des yeux rapidement. Son haleine entra dans un faible halètement.
« Tu le fais de nouveau, »murmura-t-elle.
« Quoi ? »
« M’éblouir, » admit-elle, rencontrant mes yeux avec prudence.
« Oh. » Hmmm je n’étais pas sûr de ce que je faisais à ce propos. Je n’étais pas sûr non plus que je n’ai pas voulu l’éblouir. J’étais toujours enthousiasmé que je le pouvais. Mais ça n’aidait pas dans la progression de la conversation.
« Ce n’est pas ta faute. » Soupira-t-elle. « Tu ne peux pas t’en empêcher. »
« Es-tu en train de répondre à ma question ? » demandais-je
Elle regarda fixement la table. « Oui. »
C’est tout ce qu’elle dit.
« Oui tu es en train de répondre à ma question, ou oui, tu le pense vraiment ? » Demandais-je impatiemment.
« Oui, c’est ce que je pense vraiment, » dit-elle sans chercher. Il y avait une légère pointe de tristesse dans sa voix. Elle rougit de nouveau et ses dents se déplacèrent inconsciemment sur sa lèvre.
Soudainement je me suis rendu compte que c’était très dur pour elle de l’admettre, parce qu’elle l’avait vraiment cru. Et je n’étais pas mieux que ce lâche, Mike, lui demandant de sortir pour confirmer ses sentiments avant que je ne confirme les miens. Je ne l’avais pas persuadé, je n’avais aucune excuse.
« Tu te trompe, » promis-je. Elle devait entendre la tendresse dans ma voix.
Bella regarda jusqu'à moi, ses yeux opaques ne dévoilaient rien. « Tu ne peux pas le savoir, » chuchota-t-elle.
Elle a crut que je sous-estimais ses sentiments parce que je ne pouvais pas entendre ses pensées. Mais, en vérité, le problème était qu’elle sous-estimait les miens.
« Qu’est ce qui te fait penser ça ? » Demandais-je.
Elle me regarda fixement en arrière, le sillon sur son front, en se mordant la lèvre. Pour la millième fois, je regrettais désespérément de ne pouvoir juste l’entendre.
J’étais sur le point de la supplier de me dire ce à quoi elle pensait, mais elle dressa un doigt pour m’empêcher de parler.
« Laisse-moi penser, » demanda-t-elle.
Aussi longtemps qu’elle organiserait simplement ses pensées, je pourrais être patient.
Ou faire semblant de l’être.
Elle pressa ses mains ensembles, tortillant et désentortillant ses doigts menus. Elle regardait ses mains, comme si elles appartenaient à quelqu’un d’autre pendant qu’elle parlait.
« Bien, à part l’évident, » murmura-t-elle. « Quelque fois … je ne peux pas être sûr – je ne peux pas lire les esprits –mais quelque fois c’est comme si tu essayais de dire au revoir quand tu dis quelque chose d’autre. » Elle ne leva pas les yeux.
Elle s’n était rendu compte, n’est ce pas ? Se rendait-elle compte que c’était seulement la faiblesse et l’égoïsme qui m’avait gardé ici ? Est-ce qu’elle se méprenait sur mon compte.
« Perspicace, » soupirais-je, et ai ensuite regardé dans l’horreur comme la douleur avait tourné son expression. Je me bousculé de contredire son hypothèse. « C’est exactement pourquoi tu te trompe, bien que- » ais-je commencé et ensuite j’aie marqué une pause, me rappelant du premier mot de son explication. Ils m’ont tracassés bien que je ne sois pas sûr de les avoir compris exactement. « Que voulais-tu dire par ‘ l’évident ’ ? »
« Bien, regarde-moi, » dit-elle.
Je la regardais. Tout ce que je faisais était la regarder. Que voulait-elle dire ?
« Je suis absolument ordinaire, » expliqua-t-elle. « Bien, excepté les mauvaises choses comme passer tout prés des expériences mortelles et être si maladroite que j’en suis presque infirme. Et regarde-toi. » Elle éventait l’air autour de moi, comme si elle rendait un point si évident qu’il ne valu pas la peine d’être clairement expliqué.
Elle croyait qu’elle était ordinaire ? Elle a cru que j’étais d’une manière ou d’une autre, préférable à elle ? Dans quelle estimation ? Les bêtes humaines, aux vues étroites, aveugles, comme Jessica ou Mme.Cope ? Comment ne pouvait-elle pas se rendre compte qu’elle était la plus belle … la plus exquise.
Les mots n’étaient même pas assez forts.
Et elle n’en avait aucune idée.
« Tu ne te voies pas très clairement, tu sais, » lui ai-je dis. « Je reconnais que tu es forte pour tomber sur les mauvaises choses … » Je ris, d’un rire dépourvu d’humour. Je n’ai pas trouvé le méchant destin qui hantera son comique. Sa maladresse, pourtant, était une sorte de comique. Séduisant. Me croirait-elle si je lui disais qu’elle était belle, de l’intérieur et de l’extérieur ? Peut-être trouverait-elle la confirmation plus persuasive. « Mais tu n’as pas entendu ce que chaque humain male pensait à ton premier jour. »
Ah, l’espoir, le frisson, l’avidité de ces pensées. La vitesse avec laquelle elles avaient tourné à l’impossible fantaisie. Impossible, parce qu’elle n’a voulu d’aucun d’eux.
J’étais le seul à qui elle avait dit oui.
Mon sourire devait être béat.
Son visage était blanc avec la surprise. « Je ne le crois pas, » marmonna-t-elle.
« Fie toi à moi, juste pour une fois – tu es l’opposée d’ordinaire. »
Son existence à elle seule était l’excuse pour justifier la création du monde entier.
Elle n’aimait pas les compliments, je pouvais le voir. Une autre chose à laquelle elle devrait s’habituer. Elle rougit et changeât de sujet. « Mais je ne te dis pas au revoir. »
« Tu ne vois pas ? C’est ce qui prouve que j’ai raison. Je t’apprécie plus que toi plus, parce que si je peux le faire … » Ne serais-je jamais assez fort pour faire la chose juste ? Je secouais la tête dans le désespoir. Je devrais trouver la force. Elle mérite une vie. Pas ce qu’Alice avait vu arriver pour elle. « Si mon départ est la chose juste … » Et cela devrait-être la chose juste, n’est ce pas ? Il n’y avait aucun ange imprudent. Bella ne m’appartiens pas. « Alors, je me ferais du mal pour t’empêcher la douleur, te protéger. »
Comme je disais ces mots, je désirais que ce soit vrai.
Elle me lança un regard furieux. D’une manière ou d’une autre, mes mots l’avaient mise en colère. « Et tu ne crois pas que je ferais la même chose ? » Demanda-t-elle furieusement.
Si furieuse – si faible et si fragile. Comment pourrait-elle faire du mal à quelqu’un ? « Tu ne devras jamais faire ce choix, » lui dis-je, déprimé de nouveau par la large différence entre nous.
Elle me regarda fixement, l’inquiétude remplaçant la colère dans ses yeux et mettant en évidence le sillon qu’il y avait entre eux.
Il y avait quelque chose vraiment incorrecte avec l’ordre de l’univers si quelqu’un de si bon et de si fragile ne méritait pas un ange gardien pour la protéger des problèmes.
Bien, pensais-je avec un humour noir, au moins elle a un vampire gardien.
Je souris. Combien j’aimais mon excuse pour rester. « Evidemment le fait de te protéger commence à être une occupation à plein-temps qui exige ma présence constante. »
Elle souri aussi. « Personne n’a essayé d’en finir avec moi aujourd’hui, » dit-elle légèrement et ensuite elle tourna son visage, spéculative pendant une demi-seconde avant que ses yeux soit opaque de nouveau.
« Pas encore, » ajoutais-je d’un ton pince-sans-rire.
« Pas encore, » confirma-t-elle à ma surprise. Je m’étais attendue à ce qu’elle nie avoir besoin d’une protection.
Comment peut-il ? Cet abruti égoïste ! Comment peut-il nous faire ça ? Le cri mental de Rosalie franchi ma concentration.
« Calme-toi, Rose, » ai-je entendu Emmett chuchoté de l’autre côté de la cafétéria. Son bras était autour de ses épaules, la tenant à son côté - la retenant.
Désolé, Edward, pensa Alice d’un air coupable. Elle a deviné que Bella en savait trop à cause e votre conversation … et, eh bien, elle aurait été plus mauvaise si je ne lui avais pas dit la vérité tout de suite. Fie-toi à moi sur cela.
Je grimaçais à l’image mentale qui suivit, ce qui serait arrivé si j’avais dit à Rosalie que Bella savait que j’étais un vampire, à la maison, où Rosalie n’avait pas de façade pour se maintenir. Je devrais cacher mon Aston Martin quelque part hors de l’état si elle n’était pas calmée quand l’école serait finie. La vue de ma voiture préférée, mutilait et incendiée, était bouleversante – bien que je sache que j’avais mérité le châtiment.
Jasper n’était pas beaucoup plus heureux.
Je m’occuperais des autres plus tard. J’avais seulement tant de temps alloué avec Bella, et je n’allais pas le gaspiller. Et le fait d’entendre Alice m’avait rappelé que j’avais quelques affaires pour m’occuper.
« J’ai une autre question pour toi, » dis-je, en délaissant la crise de nerf mentale de Rosalie.
« Vas-y, » dit Bella, souriante.
« As-tu vraiment besoin d’aller à Seattle ce samedi, ou c’était juste une excuse à sortir à tout tes admirateurs ? »
Elle grimaça vers moi. « Tu sais, je ne t’ai pas encore pardonné pour l’affaire Tayler. C’est de ta faute s’il a lui-même pensé que j’irais au bal avec lui. »
« Oh, il aurait trouvé une chance de te demander sans moi – J’ai juste vraiment voulu regarder ton visage. »
Je riais maintenant, me rappelant son expression atterrée. Rien de ce que je lui disais de ma propre histoire rendait son coup d’œil si scandalisé. La vérité ne lui fait pas peur. Elle a voulu être avec moi. Stupéfiante.
« Si je t’avais demandé, m’aurait-tu repoussé ? »
« Probablement pas, » dit-elle. « Mais j’aurais annulé plus tard – faignant une maladie ou une entorse à la cheville. »
Comme c’est étrange. « Pourquoi l’aurais-tu fait ? »
Elle secoua la tête, comme si elle était déçue que je ne comprenne pas immédiatement.
« Tu ne m’as jamais vu à la gym, je devine, mais j’ai cru que tu comprendrais. »
Ah. « Fait tu référence au fait que tu ne peux pas marcher sur une surface plate, stable, sans trouver quelque chose pour trébucher ? »
« Evidemment. »
« Ce n’est pas un problème. Tout est dans la conduite. »
Pendant une brève fraction de seconde, j’étais submergé par l’idée de la tenir dans mes bras pour une danse – où elle porterait sûrement quelque chose de plus joli et de plus délicat que ce pull hideux.
Avec une clarté parfaite, je me rappelais comment son corps s’était senti sous le mien après que je l’avais dégagée de la trajectoire de la fourgonnette. Plus fort que la panique, le désespoir ou le dépit je pouvais me souvenir de cette sensation. Elle avait été si chaude, et si douce, épousant facilement la forme de son corps à la mienne …
Je me suis arraché à ma mémoire.
« Mais tu ne m’as pas répondu - » dis-je rapidement, en l’empêchant de se disputer avec moi sur sa maladresse, comme elle avait clairement l’intention de le faire. « Es-tu résolu à aller à Seattle ou tu ne t’opposeras pas si nous faisons autre chose ? »
Tortueux –Je lui offrais le choix, sans lui donner l’option de se tenir à l’écart de moi pour la journée. A peine équitable pour moi. Mais je lui avais fait une promesse la nuit dernière … et j’aimais l’idée de la réalisation de cela – presque autant que cette idée me terrifiait.
Le soleil brillerait samedi. Je pourrais lui montrer le réel moi, si j’étais assez brave pour endurer son horreur et son dégoût. Je ne savais juste pas à quel endroit je prendrais un tel risque …
« Je suis ouverte aux alternatives, » dit Bella. « Mais j’ai une faveur à te demander. »
Un qualifié oui. Que voudrait-elle de moi ?
« Quoi ? »
« Je peux conduire ? »
Etait-ce son idée de l’humour ? « Pourquoi ? »
« Bien, surtout parce que quand j’ai dit à Charlie que j’allais à Seattle, il a spécialement demandé si j’y allais seule et à cette époque, j’y allais seule. S’il me redemande, je ne mentirais probablement pas, mais je ne crois pas qu’il va me demander à nouveau, et laisser mon camion à la maison aborderait le sujet inutilement. Et aussi, parce que ta conduite me fait peur. »
Je roulais mes yeux vers elle. « De toutes les choses sur moi qui pourrait te faire peur, tu t’inquiète au sujet de ma conduite. » Vraiment son cerveau travaillait à l’envers. Je secouais la tête, dégoûté.
Edward, appela Alice dans l’urgence.
Subitement je regardais fixement dans un cercle brillant de la lumière du soleil, coincé dans une des visions d’Alice.
C’était un endroit que je connaissais bien, l’endroit où je comptais emmener Bella – une petite prairie où personne n’allais jamais avec moi. Un silencieux et joli endroit où je pourrais compter être seul – assez loin de n’importe quelle piste ou habitation humaine pour que mon esprit puisse avoir la pais et le silence.
Alice aussi reconnu l’endroit, parce qu’elle m’avait déjà vu là il n’y a pas si longtemps dans une autre vision – une de ces visions vacillantes, indistinctes qu’Alice m’avait montré le matin où j’avais sauvé Bella de la fourgonnette.
Dans ces visions vacillantes, je n’étais pas seul. Et maintenant c’était clair – Bella était là avec moi. Donc j’avais été assez courageux. Elle me regardait fixement, les arcs-en-ciel dansant à travers son visage, ses yeux insondables.
C’est le même endroit, pensa Alice, son esprit complet d’une horreur qui ne correspondait pas avec la vision. La tension, peut-être, mais l’horreur ? Qu’a-t-elle voulu dire par, le même endroit ?
Et ensuite je la vis.
Edward ! Protesta Alice d’une voie perçante. Je l’aime, Edward !
Je l’ai repoussée brutalement.
Elle n’aimait pas Bella de la même façon que moi. Sa vision était impossible. Fausse. Elle était aveuglée d’une manière ou d’une autre, envoyant des impossibilités.
Pas même une moitié de seconde avait passé. Bella regardait avec curiosité mon visage, en m’attendant pour approuver sa demande. Avait-elle vu l’éclat de terreur, ou avait-il était trop rapide pour elle ?
Je me suis concentré sur elle, sur notre conversation, en poussant Alice et ses visions défectueuses loin de mes pensées. Elles ne devaient pas mériter mon attention.
Je n’étais pas capable de continuer le ton enjoué de notre conversation, bien que.
« Tu ne voudrais pas dire à ton père que tu passe la journée avec moi ? » Ai-je demandé, l’obscurité suintant dans ma voix.
Je poussé les visions de nouveau, essayant de les pousser plus loin, les empêcher de passer par ma tête.
« Avec Charlie, un rien est toujours énorme, » dit Bella, certaine de ce fait. « Bref, où allons-nous ? »
Alice s’était trompée. Complètement trompé. Il n’y avait aucune chance de ça. Et s’était juste une ancienne vision, incorrecte maintenant. Les choses avaient changé.
« Le temps sera agréable, » lui dis-je lentement, en luttant contre la panique et l’indécision. Alice s’était trompée. Je continuerais comme si je n’avais rien vu et rien entendu. « Ainsi, je resterais hors de la vue du public … et tu peux rester avec moi si tu veux. »
Bella compris la signification immédiatement ; ses yeux étaient brillant et désireux. « Et tu me montreras ce que tu avais voulu dire à propos du soleil ? »
Peut-être, comme tant de fois auparavant, sa réaction sera à l’opposé de ce à quoi je me serais attendu. Je souris à cette possibilité, me battant pour revenir au moment présent. « Oui. Mais … » Elle n’avait pas dit oui. « Si tu ne veux pas être … seul avec moi, je préfère encore que tu n’aille pas seule à Seattle. Je frissonne en pensant aux problèmes que tu pourrais rencontrer dans une si grande ville. »
Ses lèvres s’appuyèrent ensemble ; elle était offensée.
« Phœnix est trois fois plus grande que Seattle – juste en population. Dans la grandeur physique- »
« Mais apparemment, ton compte n’est pas encore bon à Phœnix. » Ai-je dis, coupant ses justifications. « Donc, je préférerait que tu reste avec moi. »
Elle pourrait rester pour toujours et ça ne durerait pas assez.
Je ne devrais pas penser à ça. Nous n’avions pas l’éternité. Le passage des secondes comptait plus que jamais qu’auparavant. ; Chaque seconde la changeait, pendant que je restais intacte.
« Il se trouve que cane me dérange pas d’être seule avec toi, » dit-elle.
Non – parce que ses instincts étaient à l’envers.
« Je sais. » Soupirais-je. « Tu devrais le dire à Charlie, cependant. »
« Pourquoi diable le ferais-je ? » Demanda-t-elle, semblant remplie d’horreur.
Je lui lançais un regard furieux, les visons ne pouvaient pas réussir tout à fait à réprimer le tourbillon écœurant dans ma tête.
« Pour me donner un stimulant pour te ramener, » sifflais-je. Elle pourrait au moins faire ça pour moi – m’offrir un temoin pour me pousser à être prudent.
Pourquoi Alice m’avait-elle forcé à prendre en compte cette information maintenant ?
Bella déglutit lourdement et me regarda fixement pendant un long moment. Que voyait-elle ?
« Je pense que je prendre le risque, » dit-elle.
Houa ! Ressentait-elle des frissons au fait de risquer sa vie ? Mourait-elle d’envie d’un peu d’adrénaline ?
Je fis la grimace à Alice, qui rencontra mon regard furieux avec un coup d’œil d’avertissement. A côté d’elle, Rosalie lançait des regards noirs, furieuse, mais je ne pouvais moins m’en soucier. Je la laisserais détruire la voiture. Ce n’était qu’un jouet.
« Parlons d’autre chose, » suggéra Bella soudainement.
Je me retournais vers elle, cherchant combien elle pouvait être vraiment inconsciente sur ce qui importait. Ne voyait-elle pas en moi le monstre que j’étais ?
« De quoi veux-tu parler ? »
Ses yeux regardèrent à gauche, puis à droite, comme si elle cherchait à être sûre qu’il n’y avait pas d’oreilles indiscrètes. Elle doit projeter de me présenter un autre de ses sujets mythiques. Ses yeux gelèrent pendant une seconde et son corps se raidi et ensuite elle se retourna vers moi.
« Pourquoi est-tu allé à Goat Rocks le week-end dernier … pour chasser ? Charlie dit que ce n’est pas un bon endroit pour faire de la randonnée, à cause des ours »
Tellement inconscient. Je l’ai regardé fixement en levant un sourcil.
« Ours ? » Haleta-t-elle.
J’ai souri d’un air narquois en la regardant s’enfoncer. Allais-t-elle me prendre au sérieux à présent ? Pour n’importe quoi ?
Elle prit son expression simultanément. « Tu sais, que les ours ne sont pas de saison, » dit-elle sévèrement, en réduisant ses yeux.
« Si tu lisais attentivement tu verrais que le loi interdit la chasse armée. »
Elle perdu de nouveau le control sur son visage pendant un moment. Ses lèvres restèrent ouvertes.
« Ours ? » Redit-elle, une question timide cette fois plutôt q’un halètement de choc.
« Les grizzlis sont les préférés d’Emmett. »
Je regardais ses yeux, voyant l’image s’établir dedans.
« Hmm, » murmura-t-elle. Elle prit un petit bout de pizza, regardant en bas. Elle mâchait pensivement, et ensuite elle prit une boisson.
« Donc, » dit-elle, en levant finalement le regard. « Quel est ton préféré ? »
Je suppose que j’aurais du m’attendre à quelque chose comme ça, mais je ne m’y étais pas attendu. Bella était toujours intéressé au moins.
« Les pumas, » répondis-je brusquement.
« Ah, » dit-elle avec un ton neutre. Ses pulsations étaient régulières et normales, comme si nous discutions de notre restaurant préféré.
Très bien dans ce cas. Si elle voulait agir comme si tout cela était parfaitement naturel …
« Evidemment, nous devons être prudents de notre impact sur l’environnement en chassant judicieusement. » Lui ai-je dit, ma voix détachée et clinique. « Nous essayons de nous concentrer sur les régions de surpopulation des prédateurs – variant aussi loin que nous en ayons besoin. Il y a toujours une abondance de cerf et d’élans ici, et nous les chassons, mais où est l’amusement dans tout ça ? »
Elle écoutait avec un intéressement polis, comme si j’étais un enseignant donnant une conférence. J’ai dû sourire.
« Où en effet, » murmura-t-elle calmement, prenant un autre morceau de pizza.
« Le début du printemps est la saison préférée d’Emmett pour chasser les ours. » Dis-je continuant ma conférence. « Ils sortent juste de l’hibernation, donc ils sont plus irritables. »
Soixante-dix ans avaient passées et il ne se remettait toujours pas d’avoir perdu la première manche.
« Rien de plus amusant qu’un ours grizzli irrité, » accorda Bella, en hochant la tête solennellement.
Je ne pus retenir un gloussement comme je secouais la tête à son calme illogique.
« Dit-moi ce que tu pense vraiment s’il te plait. »
« J’essaye de me le représenter – mais je n’y arrive pas, » dit-elle le pli apparaissant entre ses yeux. « Comment vous tuez un ours sans armes ? »
« Oh, nous avons des armes, » lui ai-je dit, en lui lançant un large sourire. Je me suis attendu à ce qu’elle recule, mais elle était toujours calme en me regardant. « Simplement ce ne sont pas celles qui sont prises en compte lorsqu’ils réfléchissent en écrivant des lois de chasse. Si tu as déjà vu une attaque d’ours à la télé, tu devrais être capable de visualiser la chasse d’Emmett. »
Elle regarda vers la table où les autres étaient assis et frissonna.
Finalement. Et ensuite je ris de moi, parce que je savais qu’une partie de moi voulait qu’elle reste insouciante.
Ses yeux sombres étaient larges et profonds comme elle me regardait fixement. « Tu ressemble aussi à un ours ? » Demanda-t-elle dans un presque chuchotement.
« Plus comme un puma, enfin c’est ce qu’ils me disent, » lui ai-je dit, en m’efforçant de garder un ton détaché de nouveau. « Peut-être que nos préférences sont indicatives. »
Ses lèvres se tirèrent. « Peut-être, » répéta-t-elle. Et ensuite sa tête s’est appuyée sur le côté et la curiosité à éclairée ses yeux. « Est-ce que c’est quelque chose que je puisse voir ? »
Je n’eu pas besoin de l’aide d’Alice pour imaginer cette horreur – mon imagination suffisait.
« Absolument pas, » ai-je grogné.
Elle s’éloigna de moi, les yeux déconcertés et effrayés.
Je me suis penché en arrière, aussi, essayant de mettre le plus d’espace possible entre nous. Elle n’allait jamais voir ça, n’est ce pas ? Elle ne voulait pas faire une chose pour m’aider à la maintenir en vie.
« Trop effrayant pour moi ? » Demanda-t-elle, de la même voix. Son cœur, pourtant, battait toujours en double temps.
« Si c’était cela, je t’emmènerais dés ce soir, » ai-je répliqué entre mes dents. « Tu as besoin d’une dose de peur pour être en bonne santé. Rien ne pourrait être plus favorable pour toi. »
« Alors pourquoi ? » Demanda-t-elle découragé.
Je lui lançais un regard noir furieux, attendant qu’elle soit effrayée. J’étais effrayé. Je pouvais imaginer très clairement d’avoir Bella prés de moi quand je chassais …
Ses yeux restèrent curieux, impatient, rien de plus. Elle attendait sa réponse, qui ne venait pas.
Mais notre heure était finie.
« Plus tard, » ai-je lâché en me levant. « Nous allons être en retard. »
Elle regarda autour d’elle, désorienté, comme si elle avait oublié que nous n’étions pas seuls dans un endroit privé. C’était difficile de se souvenir du reste du monde quand j’étais avec elle.
Elle se leva rapidement, maladroitement, mis son bonnet et jeta son sac sur ses épaules.
« Plus tard alors, » dit-elle, et je pu voir la détermination dans sa bouche ; Elle me le rappellerait.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Midnight Sun - Chapitre 12 : Complications

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:12

Midnight Sun

Fascination du point de vue d'Edward

Chapitre 12 : Complications


Bella et moi marchions silencieusement vers le court de biologie. J’essayais de me concentrer sur ce moment, sur la fille à côté de moi, sur ce qui était réel et solide, sur n’importe quoi qui enlèverait de ma tête les visions fausses d’Alice, dénuées de sens.
Nous sommes passés à côté d’Angela Weber, s’attardant sur le trottoir d’en face en discutant avec un garçon de la classe de mathématiques. Je lus rapidement ses pures pensées, attendant une nouvelle déception, mais je fus surpris par le plus sage des ténors.
Ah, ainsi il y avait quelque chose qu’Angela veuille. Malheureusement, ce n’était pas quelque chose qui pouvait être facilement emballé dans du papier cadeau.
Je me sentis, de façon étrange, réconforté un moment, en entendant le désir ardant et désespéré d’Angela. Un lien d’affinité avec Angela, qui n’en serait jamais au courant, m’a traversé et je fus, dans cette seconde à égalité avec cette fille humaine et gentille.
Ca me consolait bizarrement de savoir que je n’étais pas le seule à vivre une histoire d’amour tragique. Le déchirement des cœurs était partout.
Dans la seconde suivante, j’étais soudainement et complètement irrité. Parce que l’histoire d’amour d’Angela ne devait pas être tragique. Elle était humaine et il était humain et la différence qui semblait si insurmontable dans sa tête était ridicule, vraiment ridicule comparé à ma propre situation. Il n’y avait rien dans son cœur brisé. Quelle tristesse inutile, quand il n’y avait aucune raison valable pour elle de ne pas être avec celui qu’elle voulait .Pourquoi ne devrait-elle pas avoir ce qu’elle voulait .Pourquoi cette histoire ne devrait pas avoir une fin heureuse ?
Je voulu lui donner un cadeau … Bien, je lui donnerais ce qu’elle voulait .Sachant ce que je fais de la nature humaine, ce ne seras probablement pas difficile. J’explorais la conscience du garçon à côté d’elle, l’objet de ses troubles, il ne semblait pas indisposé, il était juste contrarié par les mêmes difficultés qu’elle .Désespérés et résignés, tout comme elle.
Tout ce que je devais faire, était de faire une suggestion …
Le plan s’est formé rapidement, le script s’est écrit sans efforts de ma part. J’aurais besoin de l’aide d’Emmett – qu’il soit d’accord était la seule réelle difficulté .La nature humaine était tellement plus facile à manipuler que les vampires.
J’étais content de ma solution, de mon cadeau pour Angela .C’étais une agréable diversion à mes propres problèmes .Les miens eurent-ils étés aussi faciles à réparer.
Mon humeur était légèrement améliorée quand Bella et moi prîmes nos places. Peut-être devrais-je être plus positif .Peut-être y avait il une solution pour nous qui m’échappait, de la même façon que la solution si évidente aux problèmes d’Angela lui était invisible à elle. Probablement pas … mais pourquoi perdre son temps avec le désespoir ? Je n’avais pas de temps à perdre quand je le passais avec Bella .Chaque seconde comptait.
M.Banner entra en traînant une vieille télé et un vieux magnétoscope. Il sautait une section qui ne l’intéressait pas particulièrement – les désordres génétiques – en montrant un film pour les trois jours suivants. Le pétrole de Lorenzo n’était pas un morceau très joyeux mais cela n’arrêta pas l’excitement dans la pièce .Aucune notes, aucun matériel à tester .Trois jours de liberté. Les humains exultaient.
L’un ou l’autre ne me dérangé pas. J’avais planifié le fait de ne faire attention à rien, sauf à Bella.
Je n’éloignais pas ma chaise de la sienne aujourd’hui, pour me donner l’espace pour respirer. Au lieu de ça je m’assis prés d’elle comme n’importe quel humain normal. Plus prés que lorsque nous étions assis à l’intérieur de ma voiture, assez prés pour que le côté gauche de mon corps soit submergé par la chaleur de sa peau.
C’était une expérience étrange mais je préférais cela au fait de m’asseoir à l’autre bout de la table, loin d’elle. Je n’étais pas satisfait. Etre si proche d’elle me donnait seulement l’envie d’être encore plus proche. Cette attirance s'accentuait plus je me rapprochais.
Je l’accusais d’être un aimant pour le danger. En ce moment j’ai eu l’impression que c’était la vérité au sens littéral. J’étais le danger, et, avec chaque centimètre que je me permettais plus prés d’elle, la force de son attraction grandissait.
Et ensuite M.Banner éteignit les lumières.
Il était étrange de voir combien cela faisait une différence, en considérant que le manque de lumière signifiait peu à mes yeux. Je pouvais toujours voir, mais mieux qu’auparavant. Chaque détail de la pièce était clair.
Pourquoi ce choc soudain d’électricité dans l’air, dans cette obscurité qui n’était pas sombre pour moi ? Etais-ce parce que je savais être le seul à pouvoir voir clairement ? Que Bella et moi étions invisibles aux autres ? Comme si nous étions seuls, juste tous les deux, cachés dans la pièce sombre, en étant aussi prés l’un à côté de l’autre …
Ma main bougeât vers elle, sans ma permission. Juste toucher sa main, la tenir dans l’obscurité. Serait-ce une horrible faute ? Si ma peau l’a dérangeait, elle enlèverait seulement sa main …
Je retirais d’un coup ma main en arrière, pliait mes bras fermement sur ma poitrine, et serrais mes mains fermées. Aucunes fautes. Je m’étais promis de ne faire aucune erreur, peu importe qu’elle semble minimale. Si j’avais tenu sa main, j’aurais voulu plus – un autre contact insignifiant, un autre pour se rapprocher d’elle. Je pouvais le sentir. Une nouvelle sorte de désire grandissait en moi, et travaillait pour passer outre mon self-control.
Aucunes fautes.
Bella plia ses bras solidement à travers sa poitrine, et ses mains se pelotonnèrent, comme les miennes.
A quoi penses-tu ? Je mourrais d’envie de lui chuchoter ses mots, mais la salle était trop silencieuse pour échapper à une conversation, même chuchoté.
Le film commença en éclaircissant juste un peu l’obscurité. Bella jeta un coup d’œil vers moi. Elle nota la manière rigide de tenir mon corps – tout comme le sien – et sourit. Ses lèvres se sont légèrement séparées et ses yeux ressemblaient à une invitation.
Ou peut-être voyais-je ce que j’aurais voulu voir.
Je lui rendis son sourire ; elle reprit sa respiration dans un faible souffle et regarda vite au loin.
Cela ne fit qu’empirer. Je ne savais pas ses pensées, mais j’étais subitement positif me disant que j’avais eu raison auparavant et qu’elle avait voulu me toucher.
Elle avait ressentit ce dangereux désire, tout comme moi.
Entre son corps et le mien, l’électricité bourdonnait.
Elle ne bougeât pas durant toute l’heure, tenant sa position rigide, contrôlée, se faisant j’ai tenu la mienne. De temps à autre elle me jetait un coup d’œil et de nouveau le courant bourdonnant se secouait en moi avec un choc soudain.
L’heure passa – lentement et encore, pas assez lentement à mon goût. C’était si nouveau, je pouvais être assis comme cela avec elle pendant des jours, juste pour ressentir pleinement cette expérience.
Je me disputais avec moi-même sur douze sujets différents pendant que les minutes passaient, la rationalité se battant avec le désir alors que j’essayé de justifier l’envie de la toucher.
Finalement, M. Banner ralluma les lumières.
Dans la lumière fluorescente et brillante, l’atmosphère redevint normale.
Bella soupira et se détendit, en étirant ses doigts devant elle. Ce devait être inconfortable pour elle de tenir cette position aussi longtemps. C’était plus facile pour moi – le confort est venu naturellement.
J’ai remarqué l’expression soulagée sur son visage. « He bien, c’était intéressant. »
« Umm. »Murmura-t-elle, comprenant clairement ce à quoi je faisais référence, mais ne faisant aucuns commentaires. Qu’est ce que je ne donnerais pas pour entendre ce qu’elle pensait en ce moment.
J’ai soupiré. J’aurais beau espérer de tout mon corps, cela n’y changerait rien.
« Qu’allons nous faire ? » Demandais-je sérieusement.
Elle fit un drôle de visage et regarda ses pieds, ses mains étaient écartés comme si elle allait tomber.
Je pourrais lui tendre la main. Ou je pourrais placer ma main en dessous de son coude – juste légèrement – et le retenir. Sûrement ne serait-ce pas une terrible infraction.
Aucunes fautes.
Elle était très silencieuse alors que nous marchions vers la gym. Le pli était à l’évidence entre ses yeux, un signe qu’elle était dans une pensée profonde. Moi aussi je pensais profondément.
Un seul contact avec sa peau ne lui ferait pas de mal, rivalisa mon côté égoïste.
Je pourrais facilement modérer la pression de ma main. Ce n’était pas difficile, aussi longtemps que je serais dans le contrôle de moi-même. Mon sens tactile était plus développé que celui d’un humain ; je pourrais jongler avec une douzaine de verre à pieds en cristal sans casser aucun d’eux ; Je pourrais caresser une bulle de savon sans la faire éclater. Aussi longtemps que je serais fermement dans le contrôle.
Bella était comme une bulle de savon – légère et éphémère – temporaire.
Combien de temps encore pourrais-je justifier ma présence dans sa vie ? Combien de temps ai-je ? Aurais-je une autre chance comme celle-là, comme ce moment, comme cette seconde ? Elle ne sera pas toujours à la portée de mes bras …
Bella tourna la tête pour me faire face devant la porte de gym, et ses yeux s’élargirent sur l’expression de mon visage. Elle ne parla pas. Je me suis regardé dans le reflet de ses yeux et vis le conflit faisant rage sur mon propre visage. Je regardais le changement de mon visage comme mon meilleur côté perdait les arguments.
Ma main se leva inconsciemment. Tout doucement, comme si elle avait été faite du verre le plus fin, comme si elle était aussi fragile qu’une bulle d’air, mes doigts caressèrent la peau chaude de ses pommettes. Elle chauffa sous mon contact et je pouvais sentire la rapide circulation de son sang sous sa peau transparente.
Assez, ai-je ordonné, à ma main qui brûlait de se fondre sur le côté de son visage. Assez.
C’était difficile de retenir ma main, de m’arrêter de m’approcher d’elle plus que je ne l’étais déjà. Milles possibilités différentes ont parcouru mon esprit en un instant – Mille façons différentes de la toucher. Le bout de mes doigts traça la forme de ses lèvres. Ma paume souleva son menton. Je retirais la pince de ses cheveux et les laissais s’échapper sur ma main. Mes bras serpentant autour de sa taille, en la tenant contre la longueur de mon corps.
Assez
Je me forçais à me tourner, partir loin d’elle. Mon corps se déplaça avec raideur – avançant malgré lui.
Je permis à mon esprit de s’attarder en arrière pour la regarder alors que je marchais rapidement loin, en courant presque, pour m’éloigner de la tentation. J’attrapais les pensées de Mike Newton –elles étaient les plus grandes – pendant qu’il regarder marcher Bella qui lui passait devant sans le remarquer, ses yeux non concentrés et ses joues rouges. Il lança de grands regards noirs et subitement, mon nom fut mêlé à un juron dans sa tête. Je ne pus m’empêcher de sourire en grimaçant légèrement de sa réponse.
Ma main me picotait. Je l’ai plié et l’ai ensuite serrée dans mon poing, mais elle continuait à me piquer sans douleur.
Non, je ne lui avais pas fait de mal – mais la toucher avait été une faute.
J’eu l’impression que le feu – comme la soif qui brûlait ma gorge – s’était étendu dans mon corps tout entier.
La fois suivante serais-je plus prés d’elle, serais-je capable de m’arrêter de la toucher à nouveau ? Et si je la touchais une fois, serais-je capable de m’arrêter à cela ?
Pas plus de fautes. C’était tout. Savoure la mémoire Edward, me suis-je dis d’un ton grave, et garde tes mains pour toi.
C’était ça ou je devrais me forcer à la quitter … d’une manière ou d’une autre. Parce que je ne pouvais pas me permettre d’être prés d’elle si je faisais des erreurs.
J’ai pris une profonde inspiration et essayais de contenir mes pensées.
Emmett pris contact avec moi à l’extérieur du bâtiment d’anglais.
« Hey, Edward »Il semble mieux. Bizarre, mais mieux. Heureux
« Hey, Emm »En fait, je paraissais heureux. Je supposais, en dépit du chaos dans ma tête, que je l’étais.
T’a bien fait de garder ta langue, mon gars. Rosalie veut te l’arracher.
Je soupirais. « Désolé de t’avoir laissé gérer ça. Es-tu énervé ? »
« Naw. Rose traversera sa colère. Ca devait arriver de toute façon. » Alice l’a vu arriver …
Les visions d’Alice n’étaient pas ce à quoi je voulais penser en ce moment .J’ai commencé à avancer, les mâchoires verrouillées.
Comme je cherchais une distraction, j’aperçus Ben Cheney, entrant dans la salle d’espagnol devant nous. Ah – j’avais ma chance d’offrire à Angela Weber son cadeau.
Je m’arrêtais de marcher et pris le bras d’Emmett. « Attend une seconde. »
Que ce qu’il y a ?
« Je sais je ne le mérite pas, mais pourrais-je te demander une faveur ? »
« De quoi s’agit-il ? » demanda-t-il curieux
Dans un souffle – et à une vitesse qui faisait les mots incompressibles pour les humains aussi forts qu’ils aient été dits – je lui expliqué ce que je voulais.
Il me regardait avec un air ébahi et ses pensées étaient aussi blanches que son visage.
« Donc ? » Soufflais-je « Vas-tu m’aider à le faire ? »
Je lui donnais une minute pour répondre. « Mais, pourquoi ? »
« Allez Emmett. Pourquoi pas ? »
Qui êtes vous et qu’avez vous fait de mon frère ?
« Ce n’est pas toi qui te plains que l’école c’est toujours pareil ? C’est quelque chose d’un peu différent, n’est ce pas ? Considère ça comme une expérience – une expérience sur la nature humaine. »
Il me regarda une autre fois et céda. »Bien, c’est différent. Mais qu’est-ce que ça t’apporte … okay, parfait. »Emmett grogna et haussa ensuite les épaules « Je vais t’aider »
Je lui souriais en grimaçant, en sentant mon plan plus inspiré maintenant qu’il était de la partie. Rosalie soufrait, mais je lui serais toujours reconnaissant d’avoir choisi Emmett. Personne n’avait un meilleur frère que le mien.
Emmett n’eut pas besoin de s’exercer.Je lui murmurais ses lignes dans un souffle, pendant que nous marchions dans la classe.
Ben était déjà à sa place, derrière la mienne, rassemblant son devoir pour le rendre. Emmett et moi nous sommes assis et avons fait la même chose. La salle de classe n’était pas silencieuse du tout ; Le murmure des conversations continua jusqu'à ce que madame Goff demande l’attention.
Elle n’était pas pressée, évaluant les interrogations de sa dernière classe.
« Donc, » dit Emmett, plus fort que nécessaire- s’il parlait uniquement à moi.
« As-tu demandé à Angela Weber de sortir avec toi ? »
Le bruit de papier froissé derrière moi s’arrêta soudainement, l’attention de Ben était subitement rivée sur notre conversation.
Angela ? Ils parlent d’Angela ?
Bien. Il était intéressé.
« Non, »répondis-je, secouant lentement ma tête pour montrer mon regret.
« Pourquoi pas ? » Improvisa Emmett « Tu es une poule mouillée ? »
Je grimaçais vers lui. « J’ai entendu dire qu’elle était intéressée par quelqu’un d’autre. »
Edward Cullen allais demander à Angela de sortir avec lui ? Mais… non. Je n’aime pas ça. Je ne veux pas qu’il soit prés d’elle. Il n’est… pas bien pour elle. Pas… sain.
J’avais anticipé le côté chevalier, l’instinct protecteur. J’avais parié sur sa jalousie. Mais peu importe ce qui marcherait.
« Tu vas te laisser arrêter par ça ? »Demanda Emmett avec mépris, en improvisant encore une fois.
« Je n’aime pas la compétition. »
Je lui lançais un regard furieux, mais utilisais ce qu’il m’avait donné. « Ecoute, je crois qu’elle aime vraiment ce Ben. Je ne vais pas essayer de la convaincre du contraire. Il y a d’autres filles. »
La réaction sur la chaise derrière moi fut électrique.
« Quoi ? »Demanda Emmett.
« Ma partenaire de laboratoire a dit que c’était un gars appelé Cheney, je ne suis pas sure, je ne pense pas savoir qui il est. »
Je ravalai mon sourire. Seulement les arrogants Cullens pouvaient prétendre ne pas connaître chaque étudiant de cette très petite école.
La tête de Ben tournoya sous le choc. Moi ? Au-dessus d’Edward Cullen ? Mais pourquoi m’aimerait-elle moi ?
« Edward »murmura Emmett d’un ton plus bas, faisant rouler ses yeux vers le garçon. « Il est juste derrière toi, »articula-t-il, si évidemment que n’importe quel humain aurait pu lire les mots sur ses lèvres.
« Oh, »murmurais-je à mon tour.
Je me tournais sur ma place et jetais un coup d’œil au garçon derrière moi. Durant une seconde, ses yeux noirs derrières ses lunettes furent effrayés, mais alors il s’est raidi, et a redressée ses épaules étroites, offensé par mon évaluation clairement dénigrante. Son menton se souleva et une rougeur furieuse obscurcie sa peau marron-or.
« Heu, » dis-je avec arrogance comme je me retournais vers Emmett.
Il pense qu’il est mieux que moi. Mais Angela ne le pense pas .Je lui montrerais …
Parfait.
« Tu n’as pas dit qu’elle emmenait Yorkie au bal ? » Demanda Emmett en grognant comme il disait le nom du garçon que beaucoup méprisaient pour sa gêne.
« C’est une décision de groupe apparemment » Je voulais être sur que Ben voyait clair la dessus. « Angela est timide .Si B- bien, si ce gars n’a pas les nerf pour lui demander de sortir, elle ne lui demandera jamais. »
« Tu aimes les filles timides, »dit Emmett en improvisant .Les filles silencieuses. Des filles comme … hmmm, je ne sais pas. Peut-être Bella Swan.
Je lui souris en grimaçant. « Exactement. »Puis je retournais au plan. « Peut-être qu’Angela seras fatigué d’attendre. Peut-être pourrais-je l’inviter au bal des étudiants. »
Non tu ne pourras pas, pensa Ben, se redressant sur sa chaise .Ce n’est pas grave si elle est plus grande de que moi ? Si elle ne se soucie pas, alors moi aussi .Elle est la plus gentille, la plus élégante et le plus jolie de toutes les filles de cette école … et elle me veut, moi.
J’aimais ce Ben. Il semblait brillant et bien intentionné. Peut-être même noble d’une fille comme Angela.
Je donnais à Emmett des coups sous le bureau alors que Mme.Goff se levait et accueillait la classe.
Okay, je l’admets – c’était amusent. Pensa Emmett
Je souris, cela me plus d’être capable de former la fin heureuse d’une histoire d’amour. J’étais positif, Ben ferait ce qu’il pensait et au moment de l’annonce Angela recevrait mon cadeau anonyme. Ma dette était remboursée.
Comme les humains pouvaient être bêtes, permettre à une différence de taille de 15 centimètres, de mettre en péril leur bonheur.
Ma réussite me mit de bonne humeur. Je souris de nouveau tandis que je m’installais sur ma chaise, et me préparais à être diverti. Après tout, comme Bella l’avait montré au déjeuner, je ne l’avais jamais vu en action pendant son cours de gym.
Les pensées de Mike étaient les plus faciles à repérer exactement dans le murmure confus des voix qui s’éparpillaient dans la salle de gym. Son esprit m’était devenu trop familier durant les dernières semaines. Dans un soupir, je me suis résigné à la regarder à travers lui. Au moins je pouvais être sûr que son attention se porterait sur Bella.
J’arrivais juste à temps pour l’entendre lui offrir d’être son partenaire de badminton ; Comme il a fait la suggestion, d’autres partenaires parcoururent son esprit. Mon sourire disparut, mes dents bloquèrent le tout, et je me remémorais que le fait d’assassiner Mike Newton n’était pas une option permise.
« Merci Mike – tu n’avais pas à faire ça tu sais. »
« Ne t’inquiète pas, je ne me mêlerais pas de ce qui ne me regarde pas. »
Ils se sourirent l’un à l’autre en grimaçant, et les éclairs de nombreux accidents – toujours d’une certaine façon raccordés à Bella –furent lancés par la tête de Mike.
Mike joua seul en premier, pendant que Bella hésitait sur l’arrière moitié du cours, manipulant sa raquette avec précautions, comme si s’avait été une arme. Puis, le coach Clapp arriva et ordonna à Mike de laisser Bella jouer.
Oh Oh, pensa Mike comme Bella avançait avec un soupire, en tenant sa raquette sous un angle malaisé.
Jennifer Ford servit le volant directement sur Bella, avec un petit air suffisant dans son esprit.
Mike vit Bella tanguer vers le volant, faisant vaciller sa raquette dans un espace très large autour de son objectif, et il se précipita pour tenter de sauver cette volée.
Je regardais la trajectoire de la raquette de Bella alarmé. Evidemment, la raquette frappa le filet tendu et bondit en arrière, rebondissant d’abord sur le front de Bella avant de frapper le bras de Mike avec un crack retentissant.
Ow. Ow. Ungh.Cela va me faire un bleu.
Bella pétrissait son front. Il était difficile de rester sur ma chaise, sachant qu’elle s’était fait mal. Mais qu’aurais-je pu faire, si j’avais été là bas ? Et ça n’avait pas l’air sérieux … j’hésitais, regardais. Si elle avait l’intention de continuer à essayer de jouer, je devrais trouver une excuse pour la tirer hors de la classe.
L’entraîneur rit. « Désolé, Newton. » Cette fille est la plus mauvaise joueuse que je n’ai jamais vue. Je ne devrais pas l’infliger aux autres …
Il tourna le dos délibérément et porta son attention à un autre jeu pour que Bella puisse revenir à son ancien rôle de spectatrice.
Ow, pensa Mike encore une fois, en massant son bras. Il se retourna vers Bella « Tu vas bien ? »
« Ouais, et toi ? »Lui demanda-t-elle d’un air penaud, en rougissant.
« Je crois que ça va aller. »Je ne veux pas avoir l’air d’un pleurnicheur. Mais, mec, ça fait mal !!
Mike balança son bras en cercle, en grimaçant.
« Je vais juste rester là, moi. »Dit Belle, embarras et chagrin se lisant sur son visage, plutôt que la douleur. Peut-être que Mike avait pris le pire. J’espérais certainement que c’était le cas. Au moins, elle ne jouait plus. Elle tenait sa raquette soigneusement derrière elle, ses yeux pleins de remords … J’avais déguisé mon rire comme une toux.
« Qu’est ce qu’il y a de drôle ? » chercha à savoir Emmett
« Je te le dirais plus tard. »Murmurais-je
Bella ne s’aventurât plus dans le jeu. L’entraîneur l’ignora et laissa Mike jouer seul.
Le quizz de fin de cours fut un jeu d’enfant, et Mrs. Goff me laissa sortir plus tôt. J’écoutais attentivement Mike comme je marchais à travers le campus .Il avait décidé de confronter Bella à mon sujet.
Jessica jure qu’ils sortent ensembles. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallut qu’il la choisisse, elle ?
Il ne reconnaissait pas le réel phénomène – qu’elle m’a choisi.
« Donc, »
« Donc quoi ? »demanda-t-elle
« Toi et Cullen, hein ? »Toi et le monstre, j’imagine, que si le gars est riche c’est important pour toi …
Je serrais les dents à sa supposition dégradante.
« C’est pas tes affaires Mike. »
Défensive, Donc, c’est vrai .Merde. « Je n’aime pas ça. »
« Tu n’as pas à aimer ça ou pas » lui répondit-t-elle
Pourquoi ne veut-elle pas voire l’attraction de cirque qu’il est ? Comme ils sont tous .Il la regarde fixement .Ca fait peur à voir. « Il te regarde comme si … comme si tu étais quelque chose à manger. »
Je ma figeas, attendant sa réponse.
Son visage tourna au rouge, et ses lèvres étaient pressées ensembles, comme si elle retenait son haleine. Puis, subitement, un petit éclat de rire sortit entre ses lèvres.
Maintenant, elle se moque de moi. Bien.
Mike se tourna, les pensées renfrognées, et se promena pour se changer les idées.
Je m’appuyai contre le mur de la salle de gym et essayai de me calmer.
Comment pouvait-elle avoir rit à l’accusation de Mike – Si bien ciblé que je commençais à avoir peur que Forks devienne trop conscient … Pourquoi riait-elle de la suggestion que je puisse la tuer, quand elle savait que c’était entièrement vrai ? Qu’est ce qu’il y avait de drôle là dedans ?
Qu’est ce qui n’allait pas bien chez elle ?
Avait-elle un sens de l’humour morbide ? Ca ne collait pas avec l’idée que je me faisais de son caractère, mais pouvais-je en être sûr ? Ou peut-être mon rêve de l’ange pris d’étourdissement était vrai, dans un respect, dans lequel elle n’avait aucun sens de la peur. Brave –c’était l’un des mots pour la définir. D’autres pourraient dire stupide, mais je savais combien elle était brillante. Peu importe la raison, cependant son manque de peur ou tourné en sens de l’humour n’était pas bon pour elle. Etait-ce ce manque étrange qui la mettait en danger si constamment ? Peut-être aurait-elle toujours besoin de moi ici …
Comme ça, mon humeur remontait.
Si je pouvais juste me discipliner, faire de moi une personne sûr, alors il serait juste pour moi de rester avec elle.
Quand elle passa les portes de la gym, ses épaules étaient rigides, et sa lèvre inférieure était entre ses dents – un signe d’anxiété. Mais aussitôt que ses yeux rencontrèrent les miens, ses épaules rigides se détendirent, et le sourire se propagea à travers son visage. C’était une expression bizarrement pacifique. Elle marcha droit vers moi sans hésitation, en s’arrêtant seulement quand elle était si proche que la chaleur de son corps s’écrasa sur moi comme un raz-de-marée.
« Salut. » chuchota-t-elle
Le bonheur que je ressentis en ce moment était, de nouveau, sans précédents.
« Bonjour, » dis-je et ensuite – parce qu’avec mon humeur aussi brillante je ne pouvais pas m’opposer à ses taquineries – J’ajoutais « Comment c’était la gym ? »
Son sourire vacilla « Bien, »
C’était une piètre menteuse.
« Vraiment, » demandais-je, en étant sur le point de craquer – j’étais toujours concentré sur son front ; était-ce toujours douloureux ? – Mais alors les pensées de Mike Newton étaient si fortes qu’elles cassèrent ma concentration.
Je le déteste. Je voudrais qu’il soit mort. J’espère qu’il conduira sa voiture luisante sur le bord d’une falaise. Pourquoi ne lui fiche-t-il pas la paix ? Rester fidèle à sa propre espèce –aux monstres.
« Quoi ? » demanda Bella.
Mes yeux se re-fixèrent sur son visage. Elle regarda Mike se retirant, puis moi de nouveau.
« Newton me tape sur les nerfs, »admis-je
Sa bouche s’ouvrit et son sourire disparut. Elle devait avoir oublié que j’avais le pouvoir de regarder la calamiteuse dernière heure, ou avais-t-elle espérait que je ne m’en servirais pas.
« Tu nous as encore écoutés ? »
« Comment va ta tête ? »
« Tu es incroyable ! » Dit-elle entre ses dents, puis elle se tourna loin de moi et marcha furieusement vers le parking. Sa peau rougit – elle était embarrassée.
Je marchais de pair avec elle en espérant que sa colère passerait bientôt. Elle avait l’habitude de me pardonner rapidement.
« Tu étais la première à dire que je ne t’avais jamais vu en gym »expliquais-je
« Ca m’a rendu curieux. »
Elle ne répondait pas ; ses sourcils se redressèrent.
Elle s’arrêta soudain sur le parking quand elle se rendit compte que l’accès à ma voiture était bloqué par une foule d’étudiants mâles.
Je me demande à quelle vitesse ils vont dans cette chose …
Regarder les changements vitesses. Je n’ai jamais vu ça en dehors d’un magasine …
Grilles de côté agréables …
Elle doit coûter autour des soixante mille dollars …
C’était exactement ce pourquoi il valait mieux que Rosalie utilise sa voiture en dehors de la ville.
Je blessais la foule de garçons passionnés par sa voiture ; Après une seconde d’hésitation, Bella me suivit.
« Ostentatoire »marmonnais-je, pendant qu’elle grimpait à l’intérieur.
« C’est quelle sorte de voiture ? »demanda-t-elle
« Une M3. »
Elle fronça les sourcils « Je n’ai pas pris auto-moto deuxième langue ! »
« C’est une BMW »Je roulais mes yeux, puis me suis ensuite concentré à reculer sans écraser quelqu’un .J’ai dû fixer mes yeux sur quelques garçons qui ne semblaient pas disposer à bouger de ma trajectoire .Rencontrer mon regard rien qu’une demi-seconde a semblé les convaincre.
« Tu es toujours furieuse ? »Lui demandais-je .Son froncement de sourcil s’était relaxé.
« Evidemment, »répondit-elle brusquement.
Je soupirais. Peut-être que je n’aurais pas dû lancer le sujet. Oh, et puis. Je pouvais bien me faire pardonner, j’imagine. « Vas-tu me pardonner si je m’excuse ? »
Elle y réfléchit un moment. « Peut-être … si tu le pense vraiment. » Décida-t-elle.
« Et si tu me promet de ne pas recommencer. »
Je n’allais pas lui mentir et je n’allais surement pas promettre ça.
Peut-être si j’offrais un échange différent.
« Si je le pense vraiment et que j’accepte de te laisser conduire ce samedi ? »Je me blottis à l’intérieur de ma pensée.
Le sillon éclatait entre ses yeux comme elle considérait la nouvelle affaire. « Marché conclut » dit-elle après un long moment de pensée.
Maintenant pour mes excuses … je n’avais jamais essayé d’éblouir Bella intentionnellement auparavant, mais j’avais maintenant l’intention d’essayé. Je regardais fixement dans ses yeux comme je m’éloignais de l’école, me demandant si je faisais une bonne chose. J’utilisais mon ton le plus persuasif.
« Je suis vraiment désolé de t’avoir incommodé. »
Ses pulsations étaient plus rapides qu’auparavant et le rythme était soudainement saccadé.
Ses yeux se sont élargis, semblant un peu assommé.
Je souriais à moitié. Il semblait que j’avais obtenu ce que je souhaitais. Evidemment, j’avais un peu de difficulté à regarder loin de ses yeux, moi aussi. Tout aussi ébloui. C’était une bonne chose que j’avais fait d’apprendre cette route par cœur.
« Et je serais sur le seuil de ta porte, tôt samedi matin. » Ajoutais-je, finalisant l’accord.
Elle cligna de l’œil rapidement et hocha la tête. « Um, » dit-elle « Ca ne va pas m’aider dans la situation Charlie, si une inexpliquée Volvo est garée dans l’allée.
Comment pouvait-elle si peu me connaître. « Je n’avais pas l’intention d’apporter une voiture. »
« Comment- ? »Commença-t-elle à demander.
Je l’interrompis. La réponse serait difficile à explique sans une démonstration et maintenant je n’avais pas le temps. « Ne t’en inquiète pas. Je serais là, aucune voiture. »
Elle mit sa tête sur le côté et chercha une seconde, comment elle allait faire pression pour en savoir plus, mais elle sembla changer d’avis.
« Sommes-nous plus tard ? » Demanda-t-elle, me rappelant notre conversation inachevée dans la cafétéria aujourd’hui ; Elle avait posé une question difficile, juste retour à une autre qui a été plus que peu attrayante.
« Je suppose qu’il est plus tard. »Acceptais-je à contre-cœur.
Je me garais en face de sa maison, alors que j’essayer de penser comment lui expliquer … sans rendre ma nature monstrueuse trop évidente, sans lui faire peur de nouveau .Où était le mal ? Vouloir minimiser mon obscurité ?
Elle attendit avec le même masque poliment intéressée qu’elle avait porté au déjeuner. Si j’avais été moins inquiet, son calme irrationnel m’aurais fait rire.
« Et tu veux toujours savoir, pourquoi tu ne peux pas venir me voir chasser ? »
Demandais-je.
« Bien, je pensais surtout à ta réaction. » Dit-elle
« T’ais-je effrayé ? » Lui demandais-je, positif sur le fait qu’elle nierait.
« Non »
J’essayais de ne pas sourire, et échouai. « Je m’excuse de t’effrayé. »Et ensuite mon sourire disparut avec un humour momentané. « C’était juste la pensée de toi étant là … alors que nous chassions. »
« Ce serait mauvais ? »
L’image mentale était trop – Bella, si vulnérable dans l’obscurité vide; moi-même, hors de control … J’essayais de la bannir de ma tête. « Extrêmement. »
« Parce que … ? »
Je respirais profondément, me concentrant pendant un moment sur ma soif brûlante. La sentant, la contrôlant, en prouvant ma domination sur elle. Elle ne me contrôlerait jamais de nouveau – je l’ai désiré pour que ce soit vrai. Je serais sûr pour elle. Je regardais fixement les nuages sans les voir, en voulant croire que ma détermination ferait n’importe qu’elle différence si je chassais quand je serais traversé par son odeur.
« Quand nous chassons … nous nous réservons à notre raison. »Lui dis-je, en réfléchissant bien a chaque mot avant de les dires. « Nous gouvernons moins avec notre esprit. Surtout avec notre odorat .Si tu étais n’importe où prés de moi lorsque je perd le control de cette façon … »
Je hochais ma tête dans l’angoisse à la pensée de ce qui devrais – pas de ce qui pourrait, mais de ce qui devrais- arriver sûrement alors.
J’ai écouté la pointe de ses pulsations et me suis ensuite tourné, agité, pour lire dans ses yeux.
Le visage de Bella était composé, ses yeux graves. Sa bouche était plissée juste légèrement et j’y ai deviné de l’inquiétude. Mais inquiétés par quoi ? Sa propre sécurité ? Ou mon anxiété ? Je continuais de la regarder fixement, pour traduire son expression équivoque en un fait sûr.
Elle me regarda aussi. Ses yeux s’élargirent après un moment, ses pupilles se dilatèrent, bien que la lumière n’ait pas changé.
Ma respiration s’accéléra, et le silence de la voiture sembla bourdonné, comme dans la salle obscurcie de biologie, cet après-midi. Le courant circulant à courut entre nous et le désire de la toucher était, brièvement, plus fort même que ma soif.
L’électricité battante m’a donné l’impression d’avoir un pouls à nouveau. Mon corps chantait avec ça .Comme si j’étais humain. Plus que n’importe quoi dans le monde, je voulu sentir la chaleur de ses lèvres contre les miennes. Pendant une seconde, je me suis battu désespéramment pour trouver la force, le contrôle, d’être capable de mettre ma bouche ainsi, prés de sa peau…
Elle aspira dans un souffle irrégulier et s’est seulement alors que je me suis rendu compte que quand j’avais commencé à respirer plus vite, elle avait arrêté de respirer entièrement.
Je fermais les yeux, essayant de rétablir la connexion entre nous.
Pas plus de fautes.
L’existence de Bella était attachée à milles processus chimiques délicatement équilibrés, tous si facilement désorganisables. L’expansion rythmique de ses poumons, le plein d’oxygène, étaient la vie ou la mort pour elle. Les battements de son cœur fragile pouvaient être arrêtés par tant d’accidents stupides ou maladies ou … par moi.
Je n’ai pas cru que n’importe quel membre de ma famille hésiterait si on lui offrait à lui ou à elle une chance de revenir en arrière – s’il ou elle pouvait échanger l’immortalité contre la mortalité de nouveau. N’importe qui d’entre nous se tiendrait debout dans le feu pour ça. Brûler pendant autant de jours ou de siècle que c’était nécessaire.
La plus part de notre sorte prise l’immortalité au-dessus de n’importe quoi d’autre. Il y a même des humains qui en sont morts d’envie, qui ont cherché dans les endroits les plus sombres ceux qui pourraient leur donner le plus noir des cadeaux …
Pas nous. Pas ma famille. Nous échangerions n’importe quoi pour être humains.
Mais aucun d’entre nous n’a jamais désespéré de revenir en arrière, comme je le voulais maintenant.
Je regardais fixement les microscopiques mines et défauts du pare-brise, comme s’il y avait la solution caché dans le verre. L’électricité ne s’était pas fanée et j’ai du me concentrer pour garder ma main sur le volant.
Ma main droite commença à me piquer sans douleur de nouveau, comme quand je l’avais touché auparavant.
« Bella, je pense que tu devrais sortir maintenant. »
Elle obéit immédiatement, sans commentaires, sortant de la voiture et fermant la porte derrière elle. A-t-elle sentit le potentiel d’un désastre aussi clairement que moi ?
Lui a-t-il fait mal de partir, comme il m’a fait mal de lui permettre de s’en aller ? La seule consolation était que je la verrais bientôt. Aussitôt qu’elle voudrait me voir. Je souris à ça, et ai ensuite descendu la fenêtre et me suis appuyé en travers pour lui parler encore une fois – c’était plus sûr maintenant avec la chaleur de son corps à l’extérieur de la voiture.
Elle se tourna pour voir ce que je voulais, curieuse.
Toujours curieuse, même si elle m’avait posé tant de questions aujourd’hui .Ma propre curiosité était complètement insatisfaite ; répondre à ses questions aujourd’hui avait seulement révélé mes secrets – j’en savais peu sur elle, si ce n’est mes propres soupçon. Ce n’était pas équitable.
« Oh, Bella ? »
« Oui ? »
« Demain c’est mon tour ? »
Ses sourcils se levèrent. « Ton tour de quoi ? »
« De poser des questions.» Demain, quand nous serons dans un endroit plus sûre, entourés par les témoins, je recevrais mes propres réponses .Je souris en grimaçant à cette pensée, et ensuite je me suis détourné parce qu’elle ne fit aucun mouvement pour partir .Même avec elle à l’extérieure de la voiture, l’écho de l’électricité bourdonnait dans l’air .Je voulais sortir aussi, et marcher à côté d’elle jusqu'à sa porte, comme excuse pour rester à côté d’elle …
Pas plus de fautes .Je démarrais et j’ai ensuite soupiré tandis qu’elle disparaissait derrière moi. Il me semblait que je courrais toujours vers Bella, ou loin d’elle, ne restant jamais dans en place. Je devais trouver une façon de tenir le coup, si nous voulons un jour avoir la paix.

Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Merci au blog sourire
Ivy
Ivy
Admin fondateur
Admin fondateur

Féminin Messages : 23450
Date d'inscription : 08/10/2009
Age : 38
Localisation : Normandie, 76
Humeur : Joyeuse et positive :)

Revenir en haut Aller en bas

[Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12] Empty Re: [Meyer, Stephenie] midnight sun [Fascination du point de vue Edward] [Chapitre 1-12]

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum