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[Meyer, Stephenie] tome 2 : tentation / scènes coupées

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[Meyer, Stephenie] tome 2 : tentation / scènes coupées Empty [Meyer, Stephenie] tome 2 : tentation / scènes coupées

Message par Ivy Lun 19 Oct 2009 - 19:26

Tome 2 : Tentation / Scènes coupées

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Les Nouvelles de Rosalie


Le téléphone à l'intérieur de ma poche vibra une nouvelle fois. C'était la vingt-cinquième fois en quatre heures. Je songeai à l'ouvrir, au moins pour voir qui essayait de me contacter. Peut-être était-ce important. Peut-être Carlisle avait-il besoin de moi.

J'y songeai, mais ne bougeai pas.

Je n'étais pas tout à fait sûr du lieu où je me trouvais. Une espèce de grenier sombre, infesté de rats et d'araignées. Celles ci m'ignoraient, et les rats m'offraient une large couchette. L'air était étouffant, mêlé à de fortes odeurs d'huile, de viande avariée, de sueur ; et l'épaisse couche de pollution était réellement visible dans l'air humide, comme une pellicule noire qui recouvrait tout. Au dessus de moi, quatre étages branlants d'un appartement de guetto habité. Je ne m'embêtais pas à essayer de séparer les voix des pensées — le tout constituait un énorme et bruyant bourdonnement en espagnol auquel je ne prêtai pas attention. Je laissais juste les sons rebondir sur moi. Insignifiant. Tout cela était insignifiant. Mon existence elle même était insignifiante.

Le monde entier était insignifiant.

Mon front pressé contre mes genoux, je me demandais combien de temps je serai capable de tenir ainsi. Peut-être était-ce sans espoir. Si ma tentative était vouée à l'échec, peut-être devrais-je cesser de me torturer et rentrer...

Cette idée était si puissante, si apaisante — comme si les mots contenaient un fort anésthésiant, emportant l'avalanche de douleur sous laquelle je croulais — cette pensée me fit haleter, elle me donna le vertige.

Je pourrais partir maintenant, je pourrais rentrer.

Le visage de Bella me sourit derrière mes paupières.

C'était un sourire de bienvenue, de pardon, mais il n'eut pas l'effet que mon subconscient aurait voulu qu'il ait.

Evidemment que je ne pouvais pas partir. Qu'était ma douleur, après tout, en comparaison de son bonheur ? Elle devait être capable de sourire, libre de la peur et du danger. Libre du désir d'un futur sans âme. Elle méritait mieux que ça. Elle méritait mieux que moi. Lorsqu'elle quitterait ce monde, elle rejoindrait un lieu qui
m'est fermé à jamais, quelle que soit la façon dont je me serais conduit ici.

L'idée de cette ultime séparation était tellement plus intense que la douleur que je ressentais déjà. Mon corps trembla à cette idée. Quand Bella poursuivra son chemin vers le lieu auquel elle appartient et que je ne pourrais pas rejoindre, je ne resterai plus caché ici.

C'était mon espoir, mais il n'y avait aucune garantie. "To sleep, perchance to dream: ay, there's the rub" [Quote Shakespeare's Hamlet, 1603], me citai-je à moi même. Quand je ne serai plus que poussière, ressentirai-je tout de même le supplice de sa perte ?

Je frissonai à nouveau.

Et, bon sang, j'ai promis. Je lui ai fait la promesse de ne plus hanter sa vie, de ne plus y amener mes sombres démons. Je ne reviendrai pas sur ma parole. Pouvais-je faire une seule chose de bien auprès d'elle ? N'importe quoi ?

L'idée de retourner dans la petite ville nuageuse qui sera toujours mon vrai chez moi sur cette planète me traversa l'esprit une nouvelle fois.

Juste pour vérifier. Juste pour m'assurer qu'elle allait bien, qu'elle était en sécurité et heureuse. Pas pour empiéter sur sa vie. Elle ne saura jamais que j'étais là...

Non. Bon sang, non.

Le téléphone vibra encore.

« Bon sang, bon sang, bon sang, » grognai-je.

Je pouvais me servir de cette distraction, j'imagine. J'ouvris le clapet du téléphone et pour la première fois depuis six mois, ressentis un choc en voyant le numéro.

Pourquoi Rosalie m'appelerait-elle ? Elle était probablement la seule personne qui se réjouissait de mon absence.

Il devait se passer quelque chose de réellement grave pour qu'elle ait besoin de me parler. Soudainement inquiet pour ma famille, je pressai le bouton "répondre".

« Quoi ? » demandai-je, tendu.

« Oh, waw. Edward répond au téléphone. C'est un tel honneur. »

Dès que je perçus le ton de sa voix, je sus que ma famille allait bien. Elle devait juste s'ennuyer. Il était difficile de deviner ses motivations sans ses pensées pour me guider. Je n'ai jamais réellement compris comment fonctionnait Rosalie. Ses pulsions était généralement fondées sur la plus tortueuse des logiques.

Je fis claquer le téléphone.

« Laisse moi tranquille » murmurai-je dans le vide.

Evidemment le téléphone vibra à nouveau aussitôt.

Persisterai t-elle à appeler jusqu'à ce qu'elle ait réussi à me transmettre son message pour m'ennuyer, quel qu'il soit ? Probablement. Il lui faudrait plusieurs mois pour en venir à se lasser de ce jeu. J'effleurai l'idée de la laisser me rappeler encore et encore pendant une demie année... Puis je soupirai et pris l'appel.

« Fais vite. »

Rosalie débita ses mots à toute vitesse. « J'ai pensé que tu aimerais être au courant qu'Alice est à Forks. »

J'ouvris les yeux et fixai la poutre de bois en décomposition à moins de dix centimètres de mon visage.

« Quoi ? » Ma voix était impassible, dépourvue d'émotion.

« Tu connais Alice — elle croit tout savoir. Comme toi. » gloussa Rosalie sans aucun humour. Sa voix était légèrement nerveuse, comme si soudainement, elle n'était plus sûre de ce qu'elle faisait.

Mais ma colère rendit difficile de me préoccuper du problème de Rosalie.

Alice avait promis qu'elle suivrait mes directives concernant Bella, bien qu'elle n'approuvait pas ma décision. Elle avait promis qu'elle laisserai Bella tranquille... tant que je le ferai. Manifestement, elle croyait que je cèderai face à la douleur. Peut-être avait-elle raison à ce sujet.

Mais je n'avais pas cédé. Pas encore. Alors que faisait-elle à Forks ? J'aurais voulu étrangler son maigre cou. Non pas que Jasper m'aurait laissé m'approcher assez d'elle aussitôt qu'il aurait ressenti la fureur qui aurait explosé en moi...

« Tu es toujours là, Edward ? »

Je ne répondis pas. Je me pinçai l'arrête du nez, me demandant s'il était possible pour un vampire d'avoir la migraine.

D'un autre côté, si Alice était déjà rentrée...

Non. Non. Non. Non.

J'ai fait une promesse. Bella mérite une vie. J'ai fait une promesse. Bella mérite une vie.

Je me répétais ces mots comme un mantra, essayant de chasser de ma tête l'idée attirante de la fenêtre sombre de Bella. La porte d'entrée à mon seul sanctuaire.

Je devrais sûrement ramper à ses pieds si je rentrais. Mais cela ne m'importait pas. Je pourrais passer la prochaine décennie à genoux si c'était avec elle.

Non, non, non.

« Edward ? Tu ne cherches même pas à savoir pourquoi Alice est là bas ? »

« Pas particulièrement. »

La voix de Rosalie devint suffisante, elle était ravie, sans aucun doute, de m'avoir forcé à répondre. « Eh bien, naturellement, elle n'enfreint pas exactement les règles. Je veux dire, tu nous as seulement demandé de rester éloignés de Bella, pas vrai ? Le reste de Forks importe peu. »

Je clignai lentement les yeux. Bella avait quitté Forks ? Mes pensées tournèrent autour de cette surprenante idée. Elle n'était pas encore diplômée, elle était donc sûrement retournée vivre avec sa mère. C'était un bon point. Elle devait vivre au soleil. C'était bien qu'elle ait réussi à laisser l'obscurité derrière elle.

Je tentai d'avaler ma salive, mais n'y parvint pas.

Rosalie eut un rire nerveux. « Alors tu n'as pas à être en colère après Alice. »

« Alors pourquoi m'as-tu appelé Rosalie ? Si ce n'est pas pour attirer des ennuis à Alice ? Pourquoi est-ce que tu me déranges ? »

« Attend ! » dit-elle, sentant, à juste titre, que j'étais capable de raccrocher à nouveau. « Ce n'est pas pour ça que j'ai appelé. »

« Pourquoi alors ? Dis moi vite et laisse moi tranquille. »

« Eh bien... » hésita t-elle.

« Crache le morceau, Rosalie. Tu as dix secondes. »

« Je pense que tu devrais rentrer à la maison, » dit-elle précipitamment. « J'en ai assez de voir Esme pleurer et Carlisle qui ne sourit plus. Tu devrais avoir honte de ce que tu leur as fait. Tu manques à Emmett constamment et il commence à m'énerver. Tu as une famille. Grandis et pense un peu aux autres pour changer. »

« Intéressant comme conseil Rosalie. Laisse moi te raconter une petite histoire à propos d'une théière et d'une bouilloire... »

« Je pense à eux, contrairement à toi. Réalises-tu à quel point tu as blessé Esme, si ce n'est personne d'autre ? Elle t'aime plus que nous tous, et tu le sais. Rentre à la maison. »

Je ne répondis pas.

« Je pensais qu'une fois toute cette histoire avec Forks terminée, tu t'en remettrai. »

« Forks n'a jamais été le problème, Rosalie, » commencai-je, tentant d'être patient. Ce qu'elle venait de me dire à propos d'Esme et Carlisle m'avait déstabilisé. « Juste parce que Bella » — il m'était difficile de prononcer son nom — « a déménagé en Floride, ne signifie pas que je suis capable de... Ecoute, Rosalie, je suis vraiment désolé, mais crois moi, ma présence ne rendrait personne plus heureux. »

« Hm... »

Eh voilà, encore l'hésitation nerveuse.

« Qu'est ce que tu me caches Rosalie ? Esme va bien ? Est-ce que Carlisle — »

« Ils vont bien. C'est juste que... Eh bien, je n'ai jamais dit que Bella avait déménagé. »

Je me tus. Je me repassai notre conversation mentalement. Oui, Rosalie avait dit que Bella avait déménagé. Elle avait dit : ... tu nous as seulement demandé de rester éloignés de Bella, pas vrai ? Le reste de Forks importe peu. Puis : Je pensais qu'une fois toute cette histoire avec Forks terminée... Alors Bella n'était pas à Forks. Que voulait-elle dire par "Bella n'a pas déménagé" ?

Puis Rosalie s'embrouilla dans ses mots encore une fois, elle les prononça presque férocement cette fois ci.

« Ils ne voulaient pas te mettre au courant, mais je trouve ça stupide. Plus vite tu te remettras de tout ça, plus vite les choses rentreront dans l'ordre. A quoi bon te laisser te morfondre inutilement dans les recoins sombres de la planète ? Tu peux rentrer maintenant. Nous serons à nouveau une famille. C'est terminé. »

Mon esprit sembla se briser. Je ne comprenais plus ses mots. C'était comme s'il y avait quelque chose d'extrêmement évident dans ce qu'elle était en train de me dire, mais je n'avais aucune idée de quoi. Mon cerveau joua avec l'information, formant d'étranges motifs avec. Cela n'avait aucun sens.

« Edward ? »

« Je ne comprend pas ce que tu dis, Rosalie. »

Long silence, de la longueur de quelques battements de coeur humain.

« Elle est morte, Edward. »

Silence encore plus long.

« Je suis... désolée. Mais tu as le droit de savoir, je pense. Bella... s'est jetée d'une falaise il y a deux jours. Alice l'a vu, mais il était trop tard pour envisager quoique ce soit. Je pense qu'elle l'aurait aidée, qu'elle aurait rompu sa promesse, si elle avait eu assez de temps. Elle est rentrée faire son possible pour aider Charlie. Tu sais à quel point elle a toujours tenu à lui — »

Le téléphone coupa. Il me fallut quelques secondes pour réaliser que je l'avais éteint.

Je m'assis dans l'obscurité poussiéreuse l'espace d'un long moment. C'était comme si le temps s'était arrêté. Comme si l'univers s'était figé.

Lentement, me déplaçant comme un vieil homme, je rallumai mon téléphone et composai le numéro que je m'étais promis de ne plus jamais appeler.

Si c'était elle, je raccrocherais. Si c'était Charlie, je parviendrais à obtenir l'information dont j'avais besoin par un subterfuge. Je prouverais que la mauvaise plaisanterie de Rosalie n'était qu'un mensonge, et je pourrais retourner à mon néant.

« Résidence Swan, » répondit une voix que je n'avais jamais entendue auparavant. Une voix de husky, profonde, mais toujours jeune.

Je ne m'arrêtai pas pour réfléchir à ce que cela impliquait.

« C'est le Docteur Carlisle Cullen, » dis-je, imitant avec perfection la voix de mon père. « Pourrais-je parler à Charlie ? »

« Il n'est pas là, » répondit la voix dont la colère me surprit légèrement. Les mots étaient presque grondés férocement. Mais je n'y prêtai pas attention.

« Bien, où est-il alors ? » demandai-je, commençant à m'impatienter.

Il y eut une courte pause, comme si l'étranger hésitait à me révéler l'information.

« Il est à l'enterrement. » répondit finalement le garçon.

J'éteignis le téléphone une nouvelle fois.


Dernière édition par Ivy le Dim 17 Juin 2018 - 20:40, édité 6 fois
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[Meyer, Stephenie] tome 2 : tentation / scènes coupées Empty Re: [Meyer, Stephenie] tome 2 : tentation / scènes coupées

Message par Kisten Lun 19 Oct 2009 - 19:35

ça confirme ce que je pensais de Rosalie . Elle est vraiment égoïste et plutôt méchante dans sa façon d'annoncer la mort de Bella
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Message par Ivy Lun 19 Oct 2009 - 19:41

Oui et tu vas voir dans le tome 4 son attitude est encore pire...mais bon je peux pas spoiler mais on en reparlera quand tu les aura tous lu :lol!:
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Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:24

Narcotiques


  Note de Stephenie Meyer : Vous reconnaîtrez cette scène de la fin du chapitre 2 de Tentation. Seules quelques lignes ont changé. C’est la première version, Carlisle a donné un médicament  à Bella pour l’aider à lutter contre la douleur et elle a une réaction imprévue. Pourquoi ce morceau a-t-il été coupé ? Premièrement,  mes éditeurs pensaient que l’ambiance ne collait pas (j’ai essayé de mettre une touche d’humour partout, ils m’en ont empêché). Deuxièmement, ils ne pensaient pas que la réaction de Bella était réaliste. Mais la blague s’est retourné contre eux, car l’histoire est tirée d’un fait réel (mais pas le mien cette fois ci).




   Je m’effondrai de nouveau sur mon oreiller, le souffle court, ma tête tournait. Mes bras ne me faisaient plus souffrir, mais je ne savais pas si cela était dû aux antis-douleur ou au baiser. Quelque chose d'insaisissable me revint en mémoire...

    - Désolé, dit-il, le souffle court lui aussi. C’était déplacé.
   A ma propre surprise, je ricanai.
   - Tu es drôle, marmonnai-je, ricanant de nouveau.

   Il fronça les sourcils dans la pénombre. Il avait l’air si sérieux. C’était délirant.

  Je couvris ma bouche, étouffant mon fou rire pour ne pas que Charlie m’entende.
   - Bella, est-ce que tu as déjà pris du Percocet auparavant ?

   - Je ne crois pas, gloussai-je. Pourquoi ?
   Il leva les yeux au ciel ; je ne pouvais plus m'arrêter de rire.
   - Comment va ton bras ?

   - Je ne le sens plus. Est-ce qu’il est toujours là ?
   Il soupira tandis que je continuais de rire.
   - Essaie de dormir, Bella.
   - Non, je veux que tu m’embrasses encore.
   - Tu surestimes mon contrôle.
   Je ris, sarcastique.
   - Qu’est ce qui te dérange le plus, mon sang ou mon corps ?
   Ma question me fit rire.

   - Ex aequo.
   Il me fit malgré lui un grand sourire.
   - Je ne t’avais jamais vu planer. Tu es très divertissante.

    - Je ne plane pas.
    J’essayai d’étouffer mon fou rire pour le prouver.
   - Dors maintenant, suggéra-t-il.

   Je réalisai que j’étais en train de me ridiculiser, ce qui était assez commun, mais c’était tout de même embrassant, donc je tentai de suivre son conseil. Je mis ma tête sur son épaule une nouvelle fois, et fermai les yeux. De temps en temps, un rire m’échappait. Mais cela devint moins fréquent au fur et à mesure que la drogue m’enfonçait dans  l'inconscience.




    Je me sentis absolument hideuse le lendemain matin...
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Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:25

[Meyer, Stephenie] Tentation - Tome 2 : Mauvais Calculs
Mauvais Calculs


Un bruit, presque inaudible – pas ici, environ cent mètres au nord – me fit sursauter. Ma main fermement serrée autour du téléphone, je le refermai et le cachai de la vue d'un possible arrivant, en un même mouvement.
               Je remis mes cheveux derrière mon épaule, jetant furtivement un coup d'œil vers la forêt par les grandes fenêtres. La lumière était faible, croissante ; mon propre reflet dans la vitre était plus lumineux que les arbres et les nuages. Je regardais fixement mes yeux larges et effrayés, mes lèvres se courbant, aux coins, vers le bas, le petit pli vertical sur mon front...
               Je me ressaisis, effaçant l'expression de la culpabilité sur mon visage. Distraitement, je notai comment l'expression de férocité sciait à merveille à mon visage, contrastant délicieusement avec les épaisses ondulations dorées de mes cheveux. Parallèlement, mes yeux balayaient la forêt d'Alaska toujours sans le moindre signe de vie, et je fus soulagée de voir que j'étais encore seule. Le bruit que j'avais entendu n'était rien d'important – sûrement un oiseau, ou la brise.
              Je n'ai pas à me sentir soulagée, me dis-je à moi-même. Je n'ai pas à me sentir coupable. Je n'avais rien fait mal.
              Les autres n'avaient-ils pas décidés de ne pas dire la vérité à Edward ? De le laisser vagabonder à jamais sans but alors qu'Esmée se lamentait constamment, que Carlisle ne prenait plus aucune décision de son propre chef et que l'habituelle joie d'exister d'Emmett s’évaporait en même temps que grandissait sa solitude ? N'était-ce pas injuste ?
              De plus, il n'y avait aucune raison de laisser Edward dans l'ignorance à long terme. Tôt ou tard il nous aurait trouvés, venu pour voir Alice ou Carlisle pour quelque raison, et il aurait découvert la vérité. Nous aurait-il remerciés d'avoir menti en gardant le silence ? Je ne pense pas. Edward doit toujours tout savoir ; il avait toujours vécu pour cette sensation d'omniscience. Il serait d'une humeur massacrante, et nous l'aurions seulement aggravée par le fait de ne lui avoir rien dit et de n'avoir rien fait pour le prévenir, il me remercierait probablement d'être celle qui avait été assez courageuse pour être honnête avec lui.
               A des kilomètres de là, un faucon hurla ; le bruit me fit sursauter et je vérifiai par la fenêtre encore une fois. Mon visage avait gardé la même expression de culpabilité qu'avant, et je me contemplai dans la vitre. Était-ce une si mauvaise chose que de vouloir que ma famille soit à nouveau réunie ? Était-ce si égoïste de ma part de regretter la paix qui était la nôtre, notre franc bonheur que j'avais considéré comme acquis, ce bonheur qui a semblé partir en même temps qu'Edward ? Je voulais juste que les choses redeviennent comme elles l'étaient avant. Etait-ce donc si mal ? Ça ne me semblait pas si horrible. Après tout, je n'avais pas agi que pour moi-même, mais pour tout le monde. Pour Esmée, Carlisle et Emmett. Et pour Alice aussi. Je pense que j'aurais assumé... Mais Alice avait été tellement sûre que les choses se rétabliraient à la fin, qu'Edward ne pouvait pas rester loin de sa petite amie humaine.
Alice avait toujours fait partie d'un monde différent de celui dans lequel le reste d'entre nous vivait, fermé à clef par les constants changements du futur. Du fait qu'Edward était le seul qui pouvait faire partie de la réalité d'Alice, j'avais pensé que son absence causerait plus de dégâts sur elle. Mais elle était fermée, comme toujours, vivant en avant, son esprit ayant atteint un niveau que son corps n'avait pas . Toujours aussi calme.
                Elle avait été assez effrayée lorsqu’elle avait vu Bella sauter, cependant...
Avais-je été trop impatiente ? Avais-je agi trop tôt ?
                Je pouvais être honnête envers moi-même, parce que dès qu'il serait rentré, Edward verrait probablement un peu de mesquinerie dans ma décision de lui dire la vérité. J'étais obligée de reconnaître que c'était le cas. Oui, j'étais jalouse qu'Alice se soit sentie si bouleversée au sujet de Bella. Alice aurait-elle été si traumatisée, si empreinte de panique si c'était moi qu'elle avait vu sauter du haut de la falaise ? Etait-elle obligée d'aimer cette humaine banale tellement plus qu'elle ne m'aimait, moi ?
               Mais cette jalousie ne pesait pas grand chose dans la balance. Elle pouvait avoir précipité ma décision mais ne l'avait pas commandée. J'aurais appelé Edward de toute façon. J'étais sûre qu'il préférerait mon honnêteté au silence préservateur des autres. Leur bonté était condamnable dès le début ;
               Edward serait revenu à la maison tôt au tard.
               Et maintenant, il pourrait revenir plus tôt.
               Je n'étais pas uniquement impatiente que ces choses qui m'avaient tellement manqué redeviennent comme auparavant. Edward m'avait réellement manqué, lui aussi. Ses petites remarques sarcastiques et son humour noir – qui était plus en harmonie avec mon propre sens de l'humour qu'avec la nature blagueuse d'Emmett – me manquaient. Sa musique, sa stéréo hurlant des tubes, anciens comme récents, et le piano, le bruit d'Edward transcrivant ses pensées en mélodie harmonieuse me manquaient. Je m’ennuyais de l'Edward qui était avec moi dans le garage tandis que nous réparions nos voitures, le seul moment où nous étions en parfaitement en symbiose.
               Mon frère me manquait. Il y avait peut-être des chances pour qu'il ne soit pas trop dur avec moi après avoir vu ça dans mes pensées.
               Ses pensées à lui n'aimeraient sûrement pas ça, je le savais. Mais plus vite il serait à la maison, plus vite tout reviendrait à la normale, à nouveau...
               Je recherchai dans mon esprit une forme de peine pour Bella, et je fus heureuse de constater que je pleurais la jeune fille. Un peu. C'était déjà ça. Elle avait rendu Edward heureux comme jamais je ne l'avais vu avant. Naturellement, elle l'avait également rendu plus malheureux que toute autre chose dans son siècle d'existence. Mais la paix qu'elle lui avait donnée durant quelques mois me manquerait . Je regrettais vraiment sa perte.
               Grâce à ça je me sentie mieux vis-à-vis de moi-même. Je souriais à mon visage dans la vitre, encadré par mes cheveux d'or dans la longue et confortable salle de séjour aux murs rouges de Tanya, et j'appréciais la vue. Lorsque je souriais, il n'y avait aucun homme, aucune femme sur cette planète, mortel ou immortel, qui pouvait rivaliser avec ma beauté. Etait-ce une pensée soulageante ? Peut-être n'étais-je pas la personne avec laquelle il était le plus facile de vivre. Peut-être étais-je superficielle et égoïste. Peut-être aurais-je développé un meilleur caractère si j'étais née avec un visage et un corps communs et ennuyeux. Peut-être aurais-je été plus heureuse de cette façon. Mais c'était impossible à prouver. J'étais belle ; c'était quelque chose sur quoi je pouvais compter.
               Je souris encore plus.
               Le téléphone sonna et je serrai automatiquement la main, bien que le bruit soit venu de la cuisine, et non de mon poing.
               Je fus immédiatement certaine que c'était Edward appelant pour vérifier l'information que j'avais fournie. Il n'avait pas confiance en moi. Il me pensait assez cruelle pour faire une plaisanterie de ce genre, apparemment. Mes yeux lançaient des éclairs lorsque je me dirigeai vers la cuisine pour répondre au téléphone de Tanya.
               Le téléphone était au bord de la longue table qui servait de plan de travail. Je l'avais dans les mains avant même que la première sonnerie aie fini de retentir, et je me retournai vers les grandes portes fenêtres lorsque je répondis. Je ne voulais pas l'admettre, mais je guettais le retour d'Emmett et de Jasper. Je ne voulais pas qu’ils m’entendent parler à Edward. Ils se mettraient en colère...
                 « Oui ? » demandai-je.
                 « Rose ? Il faut que je parle à Carlisle. Tout de suite, » lâcha sèchement la voix d'Alice.
                 « Oh, Alice ! Carlisle chasse. Qu'est-ce qui ...?
                 « Très bien, j’attendrais son retour, alors. »
                 « Qu'est-ce qu'il y a ? Je lui demanderai de te rappeler lorsqu'il rentrera ... »
                 « Non, » coupa-t-elle encore. Je serai bientôt dans l'avion. Dis-moi, tu as des nouvelles d'Edward ? »
                 Mon estomac se noua et sembla tomber au fond de mon abdomen. Le sentiment que cela apportait avait un étrange goût de déjà-vu, un faible brin de ma mémoire humaine, longtemps disparu. Nausée...
                 « Et bien, oui, Alice. En fait, je viens de lui parler. Il y a quelques minutes de cela. » Pendant une brève seconde je fus très attirée par l'idée de dire à Alice que c'était Edward qui m'avait appelée, comme si cela n'était qu'une coïncidence. Mais naturellement il n'y avait aucun avantage à mentir. Edward sera déjà assez en colère contre moi lorsqu'il rentrerait pour ne pas en rajouter. « Carlisle et toi aviez tort, » dis-je. « Edward n'apprécierait pas d'être trompé de la sorte. Il voudrait la vérité. Il la voulait. Alors je la lui ai donnée. Je l'ai appelé... Je l'ai appelé, plusieurs fois, » admis-je. « Jusqu'à ce qu'il décroche. Laisser un message aurait été une... mauvaise idée. »
                « Pourquoi ? » haleta Alice. « Pourquoi as-tu fait ça, Rosalie ? »
                « Parce que plus vite il aura surmonté ça, plus vite tout rentrera dans l'ordre. Ça n'aurait pas été plus facile pour lui avec le temps donc pourquoi attendre ? Le temps n'y changera rien. Bella est morte. Edward sera triste et puis il surmontera cette épreuve. Mieux vaut que cela arrive maintenant que plus tard. »
                « Et bien, tu as eu tort à tous les points de vue, Rosalie. Ce qui nous pose un problème, tu ne crois pas ? », demanda Alice d'un ton féroce et méchant.
                 Tort à tous les points de vue? Je clignai des yeux rapidement, essayant de comprendre.
               « Bella est vivante ? » chuchotai-je, ne croyant pas ces mots. J'essayais juste de mettre le doigt sur les points auxquels Alice faisait référence.
               « Oui, je te le confirme, elle se porte comme un charme. »
               « Comme un charme ? Tu l'as vue se jeter d'une falaise ! »
               « J'avais tort. »
Les mots sonnaient si étrangement dans la voix d'Alice. Alice, qui n'avait jamais tort, qui n'était jamais attrapée par surprise...
               « Comment ? », chuchotai-je.
               « C'est une longue histoire. »
Alice avait tort. Bella était vivante. Et j'avais dis à...
               « Super, tu as mis un sacré désordre, » grognai-je, transformant ma contrariété en accusation. « Edward va être furieux quand il reviendra à la maison. »
               « Tu as tout faux là-dessus aussi, figure toi, » dit Alice. Je pouvais entendre qu'elle parlait entre ses dents. « D'où mon appel... »
               « Faux à propos de quoi ? Edward revient à la maison ? Bien sûr qu'il
viendra. », riais-je moqueusement. « Quoi ? Tu penses qu'il va nous faire son Roméo ? Ha ! Comme certains romantique stupides - »
               « Oui, » siffla Alice, sa voix comme la glace. « C'est exactement ce que j'ai
vu. »
La dure conviction de ses mots rendit les genoux bizarrement chancelants. Je m'appuyais contre le mur le plus proche – soutenant mon corps dur comme du diamant qui ne devait probablement pas en avoir besoin. « Non. Il n'est pas aussi stupide. Il... il devrait se rendre compte que... »
                Mais je ne pouvais pas finir ma phrase, parce que je voyais dans ma tête, une vision me concernant. Une vision de moi. Une vision impensable de ma vie si d'une façon ou d'une autre Emmett cessait d'être. Mon frisson ne fut pas à la hauteur de l'horreur de l'idée.
                Non – il n'y avait aucune comparaison. Bella était juste une humaine. Edward ne voulait pas qu'elle devienne immortelle, donc ce n'était pas pareil. Edward n'avait pas pu ressentir la même chose !
               « Je... Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, Alice ! Je voulais juste qu'il revienne à la maison ! » Ma voix était presque un hurlement.
               « C'est un peu tard, Rosalie, » me dit Alice, plus dure et plus froide qu'avant. « Garde tes regrets pour quelqu'un qui acceptera de les gober. »
               Il y eût un clic, et puis une tonalité.
              « Non, » chuchotai-je. Je secouai la tête pendant un moment. « Edward doit impérativement revenir à la maison. »
              Je regardai fixement mon visage dans le carreau de la porte fenêtre, mais je ne pouvais plus le voir. Il était juste une souillure difforme de blanc et d'or.
              Puis, par delà la souillure, au loin dans les bois, un arbre énorme vacilla. Emmett.
J'ouvris la porte à la volée pour sortir. Elle frappa brusquement contre le mur, mais le bruit était lointain derrière moi car je courrais déjà dans l'herbe verte.
             « Emmett ! » criai-je. « Emmett, je t'en conjure, aide-moi ! » .


Dernière édition par Ivy le Mar 29 Mai 2018 - 9:58, édité 2 fois
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[Meyer, Stephenie] tome 2 : tentation / scènes coupées Empty [Meyer, Stephenie] Tentation - Tome 2 : Être Jacob Black

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:26

Être Jacob Black


Donc tu es un gamin heureux. Tu as quelques bons amis, ton père est vraiment cool, bien qu'un peu superstitieux. Tu es relativement bon à l'école - tu n'as pas à travailler trop dur pour y arriver. Tu as beaucoup de liberté. Tu aimes tout ce qui touche la mécanique.

Un jour, la fille du meilleur ami de ton père arrive dans le coin. Elle est vraiment mignonne dans son genre, mais, plus que ça, vous êtes directement sur la même longueur d'onde tous les deux. Même état d'esprit. Bella fait une sortie avec tous ses amis du lycée, et elle parait très intéressée par tout ce que tu dis. Elle te plait immédiatement, mais tu sais qu'elle est hors d'atteinte. Elle est lycéenne, tu es un gamin - faut pas rêver. Malgré tout, tu penses beaucoup à elle. "Peut-être qu'un jour..." tu te dis.

Bien sûr, tu es beaucoup plus intéressé maintenant, chaque fois que ton père parle de Charlie. Tu continues à pousser ton père à s'excuser auprès de Charlie pour les Cullen. Dans ta tête, Billy est le seul qui est en tort. Tu le presses de s'excuser. Finalement, il le fait. Il se rend là-bas, et, naturellement, tu l'accompagnes. Quelqu'un doit bien conduire. (Tu sais que tu ne dupes personne, Billy voit totalement à travers toi).

Donc tu vois Bella avec un gars dans une super voiture (la voiture est la première chose que tu remarques. Tu es impressionné). Tu as trop d'amour-propre pour avouer qu'il est pas mal. Observateur comme tu l'es, tu peux voir l'étincelle qu'il y a entre eux. Tu soupires - pourtant, tu savais qu'elle serait très vite prise. Mais les relations du lycée sont les plus importantes, alors tu l'acceptes. Tu te demandes qui il est (tu connais tout le monde autour d'elle) et pourquoi ton père réagit si bizarrement.

Tu as une chance de parler à Bella, et c'est sympa, encore une fois. C'est vraiment agréable d'être avec elle. Tu la questionnes à propos du gars, et c'est un Cullen, maintenant tu as le pourquoi du comment de la réaction de Billy. Tu passes une bonne soirée avec Bella, excepté le fait qu'elle parait très dissipée et qu'elle porte un nouveau parfum que tu n'aimes pas du tout.

Tu rentres chez toi et ton père est insoutenable. Il appelle tous ses amis superstitieux. Tu peux entendre (en écoutant discrètement depuis ta chambre) qu'ils lui disent que ce ne sont pas ses affaires. Tu es d'accord, mais Billy ne te demande pas ton avis. Ton père pense que ce gars est littéralement une espèce de monstre - c'est tellement embarrassant.

Billy retourne rendre visite à Charlie, et il est toujours très inquiet pour Bella. Il est très tendu, et tu devines (il marmonne quand il est agité) qu'il pense qu'il est en train de violer ce légendaire traité. Tu es à moitié conscient qu'il faudrait que tu lui dises que tu as raconté l'histoire à Bella, mais tu sais que tu vas être disputé, donc tu ne dis rien.

Tu revois Bella avec son ami. Évidemment, c'est son petit ami - il l'embrasse dans le cou avant qu'elle ne rentre. Billy a presque une attaque. Oh, c'est vrai - vampires. Mince, ce vieillard va encore vous humilier tous les deux. Tu te demandes pourquoi son petit ami reste assis dans la camionnette...

Tu es plus triste que tu n'aurais pensé l'être. Tu pensais que tu aurais accepté que Bella ait un petit ami, mais cette épreuve et plus déprimante que tu ne le pensais. Il y a une différence entre supposer quelque chose et le voir par soi-même. Soupir. Ton père t'envoie dehors chercher quelque chose, et tu réalises plus tard qu'il voulait parler à Bella seul à seule. Tu espères qu'il n'est pas passé pour un imbécile.

La vie continue. Tu as plusieurs relations avec des filles de l'école, mais elles s'achèvent rapidement. Tu penses encore beaucoup à Bella. Tu espères que tu pourras juste passer encore de bons moments avec elle, mais ton père réagit toujours comme un idiot à propos des Cullen. Il ne te laissera pas lui rendre visite. Comme si tu allais être blessé ou un truc du genre. Tu roules beaucoup des yeux face à lui.

Un jour, Bella quitte Forks. Quand Billy te l'annonce, ça te blesse profondément. Tu t'inquiètes pour elle - ça te réveille la nuit. Tu n'avais pas idée à quel point elle était malheureuse. Tu es furieux que Billy ne t'aies pas laissé la voir. Peut-être que tu aurais pu l'aider...

Puis Charlie appelle Billy pour lui dire que Bella a eu un terrible accident à Phoenix - elle est tombée à travers une fenêtre et elle est dans un sale état à l'hôpital. La nouvelle est comme une enclume qui te tombe sur la tête. Quand Billy apprend que le Dr. Cullen est là-bas en train de la soigner, il supplie Charlie de prendre l'avion immédiatement. Ils se disputent encore. Tu proposes de partir là-bas pour prendre de ses nouvelles, et Billy se déchire devant toi. Tu pars, mais tu es retenu au dernier moment. Tu l'entends au téléphone avec quelqu'un, hurler à propos de traités et de guerres - tu n'entends pas très bien à travers la porte. Mais tu l'entends dire que les Cullen ont blessé Bella, et aussi Sam. Tu te demandes ce que Sam vient faire dans cette conversation. Mais tu ne t'attardes pas longtemps là-dessus. Tu es trop inquiet pour Bella.

Bella guérit et revient à la maison. Tu meurs d'envie de la revoir - bien sûr tu pourrais au moins lui apporter un bouquet de fleurs pour son bon rétablissement ou quelque chose. Mais Billy t'interdis d'y aller, et tu ne peux demander à personne de te prêter une voiture (ils sont tous du côté de Billy). Tu narrives pas croire à quel point cette histoire de vampires est allée loin.

Et puis Billy change de comportement. Il veut que tu ailles parler à Bella. Mais il veut que tu fasse irruption à son bal de promo. Tu es mortifié. Cependant, il t'offre un pot-de-vin, et tu veux vraiment voir Bella. Alors tu y va. Bella est tellement belle. Tu lui transmets le message embarrassant de Billy, mais, à ton grand soulagement, elle en rit avec toi. Tu vois qu'elle regarde Edward Cullen, et tu comprends qu'elle est vraiment hors d'atteinte. Mais tu vas bien, parce que tu sais aussi qu'elle sera toujours ton amie. Tu veux qu'elle soit heureuse, et ce gars la rends clairement heureuse. Tu te sens mal pour tous les préjugés de ton père envers les Cullen, et tu souhaites qu'ils soient ouverts aux excuses. Bella porte encore un drôle de parfum. Tu te demandes pourquoi elle l'aime bien.

Tu passes un super été à La Push. Tu travailles dans ton garage la plupart du temps, tu fais quelques heures par semaine au magasin pour avoir un peu d'argent, tu sors avec Embry et Quil, tu fais quelques sorties en groupe. Une fille en pince pour toi, mais c'est juste une amie pour toi. Billy est toujours inquiet pour Bella, et tu ne peux pas t'empêcher d'y prêter attention quand son nom est mentionné. Il y a un stupide gang qui se forme en ville, et toi et tes amis vous moquez de Sam et des siens derrière leur dos.

L'école recommence, et tout est normal.

Tard dans la nuit, Billy reçoit un coup de fil affolé de Charlie. Bella a disparu, il pense qu'elle est perdue dans les bois. Billy lui promet de l'aide. Tu accoures pour aider, mais il te dit "non". Tu es tellement furieux, que tu pars à pied quand même. Tu arrives là-bas vers trois heures du matin, et tout le monde s'en va à ce moment-là. Bella est endormie te disent-ils, donc tu ne rentres pas. Tu vois Sam, Jared et Paul, et ça te met hors de toi. Mr. Weber te propose de te ramener lorsqu'il te vois marcher. Il est le seul à t'annoncer que les Cullen sont partis. Les gens n'arrêtent pas d'en parler. Edward a quitté Bella dans les bois, et elle s'est évanouie là-bas.

Au début, tes sentiments sont confus. Tu dois admettre que tu es quand même content, mais tu essaies de ne pas y penser. Ils ont tort - Bella doit être très malheureuse. Tu espères qu'elle va bien.

Puis tu as les détails. Charlie est désespéré, et il appelle souvent Billy pour qu'il l'aide. Mais aucune de tes soeurs n'a connu cela, et Billy ne pas plus l'aider que ça. Tu apprends à quel point Bella va mal, dans un état catatonique, sans manger ni dormir.
Tu commences à détester Edward Cullen. Comment a-t-il pu faire cela à une personne si géniale et si gentille ? Quel espèce de monstre est-il ? Tu t'en veux d'avoir toujours voulu t'excuser auprès de lui.

Au même moment, tu es aussi furieux que les gens de La Push soient si heureux du départ des Cullen. Ca t'ennuie beaucoup. Ils font la fête pour la même chose qui a dévasté Bella.

Le temps passe, et Charlie est de plus en plus inquiet. Billy ne t'interdis plus d'aller voir Bella, mais tu sais d'instinct qu'elle n'a pas envie de te voir - ni personne d'autre. Tu essayes de ne pas trop t'inquiéter pour elle, mais c'est dur quand Billy est sans arrêt en train de parler d'elle. Elle ressemble à un zombie selon Charlie. Elle n'a plus jamais sourit depuis qu'Edward est parti.

Un mois s'écoule. Un jour, tu entends le ronronnement familier d'un engin devant la maison. Tu peux à peine le croire, mais Bella vient de s'arrêter. Tu frissonnes jusqu'à ce que tu la voies. Elle est dans un état encore pire que ce que tu avais imaginé. Elle a perdu beaucoup de poids et de profondes cernes entourent ses yeux. Ses cheveux semblent plus foncés, et elle est blanche comme un linge. On dirait qu'elle va s'écrouler à tout instant. Et puis elle te regarde, et elle sourit d'un véritable sourire. Elle est contente de te voir. Ce n'est pas grand chose, mais c'est tout pour toi.

Tu prêtes attention à tout ce qu'elle dit ou fait, sans qu'elle ne le remarque. Tu compares son image à ce que tu en as entendu dire par Charlie. Elle te parle des motos et tu es très excité. C'est quelque chose que tu maîtrise, et tu crânes un peu. Elle a l'air vraiment à l'aise, et tu te sens pareil. C'est comme si elle avait été avec toi tous les jours durant les années passées- tu n'as pas l'impression de ne pas l'avoir vue pendant des mois. Vous vous amusez tous les deux, comme toujours. Même état d'esprit.

Tu commences à réaliser pendant les jours suivants que tu es bon à autre chose qu'à la mécanique : tu peux rendre Bella heureuse. Pas comme elle l'était avant, mais plus qu'elle l'était ces derniers temps. Charlie et Billy s'appellent tous les jours, et tu es transporté de joie à l'idée de pouvoir l'aider. Tu la vois aller de mieux en mieux - souriant et rigolant de plus en plus, très excitée à propos de vos petites manigances - et tu te dis au fond de toi que tu ferais tout pour elle.

Elle n'est pas redevenue comme avant pourtant, et tu lui passes tous ses caprices. Elle a l'air de renaître d'elle-même, et tu lui donnes la place de le faire, juste en restant à ses côtés et en la laissant diriger.

Avec Bella, tout va bien, mais si ça n'était pas pour elle, la vie serait nulle. Embry a rejoint le culte de Sam, et tu es à la fois inquiet pour lui et en colère après lui. Il ne te reparlera plus. Toi et Quil essayez de vous imaginez qu'est-ce qui se passe, mais vous ne comprenez pas. Billy est tellement exaspéré à propos de tout ça, et il te regarde en riant tout le temps. Ca te rend anxieux. Tu en parles à Bella, et elle te remonte le moral parce qu'elle le prend au sérieux elle aussi. Elle t'enlace, et ton coeur explose presque.

Bien sûr, tu es conscient que tu es en train de tomber amoureux d'elle. Tu sais aussi qu'elle n'est pas prête, et qu'elle ne pense pas à toi de cette façon. Tu sais qu'il faudra être patient pourtant, et tu croises les doigts pour qu'un jour elle te voit différemment. Tu es content d'être si grand, parce que tu ne parait pas avoir seize ans. Tu prends de la carrure sans pour autant avoir à faire de la muscu comme le fait Quil, et ça te rend heureux aussi. Elle dit que tu es pas mal...

Elle t'invite à sortir avec sa bande d'amis, mais les plans tombent à l'eau, et il n'y a que toi et Bella et Mike Newton. Il est aisé de percevoir la tension dans l'air. Tu te détends quand tu les vois - elle n'apprécie pas plus que ça ce gars. Elle n'est pas à l'aise avec lui comme elle l'est avec toi. Elle lui parle à peine. Tu apprécies le film d'horreur plus que ceux que tu as déjà vus. Elle te préfère. C'est évident.

Il tombe malade. Tu l'attends avec Bella, et tu te sens vraiment lourd. C'est bizarre - tu te sens supérieur, très en confiance. Tu planes, et tu te choques toi-même avec les choses que tu lui dis. Tout sort comme ça. Elle admet que tu es son préféré, bien qu'elle pleure encore la pourriture qui lui a brisé le coeur. Pendant une demi seconde, tu es rempli de rage à l'idée que quelqu'un puisse la blesser autant. Tu voudrais le tuer. Tu es surpris par cette vague d'émotion, et tu te reprends rapidement.

Tu ramènes Bella chez elle, et tu es plein d'espoir. Ca va marcher. Tu es le seul avec qui elle est heureuse. Elle a besoin de toi. Tu feras tout ce qui est en ton pouvoir pour la rendre heureuse. Tu lui promets. Tu te sens bien. Encore une fois...

Tu rentres à la maison, et Billy te regarde d'une façon agaçante. Tu te sens énervé, comme si on te plantait des aiguilles partout sur la peau. La pièce semble trop chaude - Bella t'a dit que tu avais de la température. Tu confirmes.

Billy dit que tu as l'air bizarre, dans un état critique, et une vague de rage te transporte. Cette fois-ci, tu ne peux pas l'arrêter. Tu te sens perdre le contrôle, une colère si puissante que tout ton corps en tremble. Une part de toi sait que cette réaction est stupide, mais l'autre part, plus importante, est habitée par la fureur. Tout est brûlant, comme si la pièce était en feu. Tu peux sentir la chaleur dans tes os.

Et puis, horrifié et choqué, les tremblements sont de plus en plus incontrôlables et tu sens ton corps se détacher. Tu es terrifié. Ca prend seulement une seconde, mais c'est la plus longue seconde de ta vie. Tu te sens exploser, et tu as l'impression de mourir.

Mais ton corps se rattrape avant cela - tu ne voles pas en éclats. Tu es dans une nouvelle forme que tu ne comprends pas. Ta tête cogne le plafond, et tu regardes Billy d'une certaine hauteur. Les tremblements ont stoppé, mais la colère est toujours là. Tout ce qu'il y a autour de toi est brûlant et rouge. Tu essayes de crier après Billy, pour qu'il t'explique, mais tout ce qui sort de ta bouche est un grognement monstrueux. Tu recules d'un pas, et la pièce tremble. Tes lèvres s'étirent sur tes dents et tu peux entendre grogner et tu veux secouer Billy et lui demander ce qu'il t'a fait. Tu tends le bras dans sa direction, et cette énorme patte avec des griffes bouge à la place de ta main. Tu te regardes, et un terrible hurlement sort à travers ta bouche.

Billy te parle comme si tu étais un enfant, lentement et calmement, te disant d'être calme, que tout va bien. Mais il ne te dit pas ce qui s'est passé - qu'est-ce que tu es. Ça te met en colère à nouveau, ce qui n'a pas l'air de le surprendre. Est-ce qu'il s'y attendait ? Pourquoi est-ce qu'il ne t'en avait pas averti ?

Billy s'approche du téléphone et appelle quelqu'un. Aussitôt que tu entends le nom de Sam, tu t'énerves. Sam était au courant de ça. Un horrible grognement empli la maison. Billy parait effrayé, et tu es juste en face de lui, tes mâchoires à deux doigts de le mordre. Tu te fais violence pour reculer, et entends encore ce cri effrayant.

C'est à ce moment que les voix commencent à parler dans ta tête. Mais il y a tellement plus que des voix. Derrière les mots, tu peux voir des images et ressentir des émotions. En quelques secondes, tu comprends. Tu vois le monde à travers des mots, la réponse à ta question. Loup-garou. Tu es un monstre.

C'est Embry qui t'aide le plus. Tu reconnais sa voix même s'il n'y a pas de son. Tu vois à quel point il est soulagé de t'avoir avec lui maintenant. Sam le laisse t'expliquer, le laisse te parler hors de la maison (Billy te facilite la tâche en te gardant la porte ouverte - tes épaules peuvent à peine passer). Dans les bois derrière la maison, tu vois les autres pour la première fois. Ils sont énormes et terrifiants. Tu es horrifié d'être comme eux.

C'est une longue nuit. Ils te montrent tout. Toutes les histoires et les légendes dont tu as entendu parler au long de ta vie sont des faits historiques. C'est comme atterrir dans le pays d'Oz, où tout devient coloré, excepté que ce nouveau monde n'est pas ce beau petit lieu rempli de munchkins. Tu es en train de vivre un film d'horreur. Tu es l'un des monstres. Ils te montrent pourquoi c'est arrivé, et c'est la pire partie. Parce que les vampires sont réels, eux aussi. Plus que ça, hors mis le fait qu'il existe des vampires assoiffés de sang, il y a ta meilleure amie, la fille que tu aimes, qui est amoureuse de l'un d'entre eux. Au début, tu ne veux pas croire qu'elle connaît la vérité, mais ils réussissent à te convaincre qu'elle en est pleinement consciente. Ça te rend malade maintenant, de te rappeler combien elle a pleuré pour lui.

Tu es un monstre, toi aussi, mais pas un méchant. Tu es de ceux qui existent pour protéger ta famille contre les méchants. Et ce n'est pas facile. Particulièrement quand ils t'annoncent que ton statut de protecteur légendaire implique que tu ne peux plus fréquenter les gens normaux. Tu es trop dangereux pour ça maintenant. Dans six mois, dans un an, peut-être. Tu dois aller à l'école pour garder le secret, mais pas d'autres risques inutiles. A l'école, tu dois focaliser toute ton énergie pour rester calme. Oublier tes études. Ne tuer personne.

Et Bella, c'est totalement hors de question. Quand tu protestes, tu vois les souvenirs de Sam. C'est comme si tu y étais. Tu le vois implorer Emily. Tu entends la réponse que Sam a envoyé dans un accès de folie irrationnelle - la furie qui est la marque de fabrique et la fléau de l'existence des loups. Tu le vois se mettre hors de lui, sa main toujours tendue vers elle. Tu regardes ses griffes lacérer son visage. Tu la vois tomber par terre, inconsciente. Tu ressens sa panique, sa terreur. C'est si fort qu'il ne peut pas revenir en arrière pour l'aider. Tu penses que tu es en train de regarder sa mort (même si tu sais qu'elle est toujours en vie, ça te frappe - tu te retires de la souffrance du souvenir). Tu vois Jared et Paul accourir pour aider, amenant Sue Clearwater (une aide-soignante - le meilleur choix possible quand l'un des employé de l'hôpital est un vampire). Sue s'occupe d'Emily tandis que Sam agonise dans la forêt, se cachant, encore incapable de revenir à lui-même...

Et tu comprends qu'ils ont raison, tu ne peux pas voir Bella. Ta promesse sera inutile. Tu vas la blesser, comme les autres monstres.

En regardant les souvenirs de Sam continuer à défiler, tu vois comment revenir à toi-même. Tu te calmes comme il l'a fait, et tu reviens à ta forme normale. Nu et malade, tu t'enfonces dans le noir et tu pleures comme tu n'as jamais pleuré de ta vie.

Les autres sont surpris. Ça te prend des jours, voire des semaines pour que tu comprennes vraiment comment redevenir humain.

Ta nouvelle vie commence sur des accès de tension. Non seulement les vampires sont réels, mais en plus ils sont ici. Des nouveaux, pas les Cullen. Ils chassent dans le territoire, et c'est ton job de les arrêter. Tu peux le faire. Toute ta haine envers ce qu'Edward et le reste des Cullen ont fait à Bella est canalisée dans ta chasse après ces deux-là, le mâle aux cheveux noirs et la femelle aux cheveux oranges.

Vous attrapez le mâle en un rien de temps. Tu flaires le vampire, en prenant soin de l'éviter. Jared fait le guet, car ses yeux sont comme des télescopes - il peut voir à des kilomètres. Le vampire s'arrête dans une petite clairières, et Jared le voit parler à Bella. Tu te précipites vers eux, mais Sam hésite. Tu as dépassé les frontières du traité. Est-il un des amis des Cullen ? Il a violé le traité avec ses meurtres, mais tu ne peux pas le prouver - tu n'en as pas été témoin. Sam ne veut pas commencer une guerre sans être sûr des conséquences. Tu penses qu'il devient trop précautionneux. Vous vous disputez, et quand il est clair que Laurent veut faire du mal à Bella, Sam est aussitôt à tes côtés.

Tuer Laurent est plus simple que vous ne vous y seriez attendu. C'était peut-être dû au fait que vous étiez cinq contre un ? Tu sais que ce n'est pas le cas. Toi et Sam avez fait le plus gros du boulot, et tu penses que tu aurais pu le faire tout seul. Peut-être que les vampires ne sont pas aussi solides que les histoires le laissent penser.

L'image du visage terrifié de Bella dans la clairière est toujours ancrée en toi. Elle était horrifiée - plus horrifiée par ta nouvelle image que par le vampire aux yeux rouge sang. Tu te demandes constamment comment elle s'explique ce qu'elle a vu.

La chasse continue, et la femelle aux cheveux oranges vous donne plus de fil à retordre. La meute ne comprend pas ses motivations, il est donc difficile de deviner ses actes. Et elle est vraiment très forte pour s'éclipser.

Avoir un vampire dans les pattes te rend nerveux. Ils ont tous l'air d'en avoir après Bella à la fin. Tu tournes autour de sa maison la nuit, pour t'assurer qu'elle est en sécurité.

La vie quotidienne devient une corvée. Mais les autres sont impressionnés par ton contrôle, et durant ces nombreuses semaines à traquer la vampire aux cheveux oranges, ils sont de plus en plus stupéfaits. Tu es meilleur pour contrôler tes "épisodes" (comme vous les appelez) que les autres. Ca a pris un an et demi à Sam pour arriver au point où tu en es au bout de deux semaines. Tu es même meilleur pour ça qu'Embry, Jared et Paul. Mais ça ne te rend pas plus heureux pour autant. Pourquoi quelqu'un voudrait-il être meilleur en tant que loup-garou qu'un autre ?
Pourtant, tu commences à penser que tu pourrais aller voir Bella. Tu es certain, maintenant que tu sais à quoi t'attendre, que tu peux te contrôler en sa présence. Et elle appelle tout le temps. Les monstres dans la forêt l'ont sans aucun doute traumatisée. Elle a besoin de toi. Ça occupe tes pensées la plupart du temps. Sam te met en garde - personne mieux que lui ne peux savoir ce qu'on ressent lorsqu'on a fait une erreur.

Tu ne peux même pas lui parler par téléphone. Tous les loups et les anciens sont perturbés par tes souvenirs - ils ont été si prudents par rapport au traité, et tu l'as brisé, bien qu'inconsciemment. Au moins les vampires qui avaient signé le traité étaient partis, donc ça ne provoquerait pas de guerre. Et Bella ne semblait pas croire plus que ça à cette histoire... Mais Sam te donne un ordre : tu n'es pas autorisé à dire la vérité à Bella. Il te l'a dit sous sa forme de loup, et tu peux percevoir tout l'autorité que ça implique à travers ses pensées. C'est le chef de meute, et tu ne peux pas lui désobéir.

Bella est persistante pourtant, et tu n'es pas surpris de la voir se camper devant la maison. Tu convaincs les autres que tu peux soutenir une conversation, de toute façon elle doit bien avoir lieu. Sam accepte - il est incapable d'être trop dictatorial dans son rôle de chef de meute, surtout avec toi (mais c'est une autre histoire). Il te conseille de rester calme, et il insiste sur le fait que tu dois lui dire ce qui est nécessaire pour la garder éloignée. Il pense à Emily, et comment peux-tu lui en vouloir ?

C'est plus difficile que tu le pensais. Tu regardes le visage de Bella alors que tu reviens sur tes mots, et c'est comme si quelqu'un te plantait une lame dans le ventre. Tu es tout aussi minable que ce vampire qui l'a brisée. Tu as l'impression de prendre toute ton espérance et toute ta joie, et les siennes aussi, et de les écraser dans ta main. Pendant un moment, la colère est tangible - tu commences à avoir chaud, mais tu le contrôle. Tu es à deux doigts de perdre le contrôle quand elle se met sur la défensive à propos des vampires. Comment peut-elle penser qu'ils sont si bons, en particulier maintenant, après tout ce qu'ils lui avaient fait ? Comme si être un vampire n'était pas déjà assez.

Et puis elle rejette la faute sur elle - elle pense qu'elle a fait quelque chose de mal, et que c'est pour ça que tu es comme ça. Elle te supplie presque de la pardonner. Tu te détestes terriblement de lui faire ça. Tu t'enfuis, mutant aussitôt que tu es hors de vue afin de ne pas pleurer comme tu l'as fait la dernière fois.

C'est une longue après-midi. Tu en as ras-le-bol qu'Embry essaie de te réconforter, ras-le-bol que Sam approuve sans arrêt ce que tu as fait. Tu te demandes si tu n'as pas blessé Bella aujourd'hui de la même façon qu'il avait blessé Emily. Tu retournes à ta forme humaine pour t'éloigner d'eux, et tu rumines toute la nuit. Tu quittes la maison pour t'éloigner de Billy, qui est aussi énervant que les autres.

Tu réalises cependant que bien que Sam t'aies interdit d'expliquer la vérité à Bella, il ne t'a pas pour autant interdit de la voir. Tu sais que ça va être difficile, mais tu ne peux pas rester là en la laissant penser que tu ne veux plus être son ami. Tu dois t'excuser, trouver une solution.

Tu prends ta moto et la cache dans une autre rue. Tu rentres furtivement dans sa chambre, et tu es surpris par sa colère. De plus, elle est dans un état épouvantable - presque aussi épouvantable que le jour où elle a débarqué chez toi. Ses yeux sont rouges et ses joues sont humides. Tu te détestes encore plus, en voyant ça. Tu essayes de lui expliquer, mais les ordres de Sam te retiennent.

Tu essaies au moins de lui faire clairement comprendre à quel point elle est importante à tes yeux et que cette séparation n'est pas ton choix. Alors que tu lui parles, tu penses d'abord que tu as eu tort de venir. Tu n'arranges rien. Ça ne peut pas s'arranger, du moment qu'elle ne comprend pas. Si seulement elle pouvait croire à toutes les histoires que tu lui avais racontées le premier jour...

Tu réalises ensuite qu'elle sait déjà ce que tu veux qu'elle sache. Tu essaies de la faire se rappeler, mais elle est à moitié endormie et dans les vappes. Tu as un peu plus d'espoir, mais tu es aussi plus tendu. Va-t-elle s'en souvenir ? Va-t-elle y penser ? Si elle le fait, que va-t-elle penser ? Va-t-elle être effrayée et dégoûtée ? La perspective qu'elle puisse réagir comme ça te rend triste. Elle est capable d'accepter un vampire... Ça te débecte.

Tu sais qu'aussitôt que tu auras muté, Sam et les autres seront au courant de cette escapade. Tu espères que tu pourras le cacher jusqu'à ce que Bella comprenne. Tu conduis ta moto jusque chez toi, et tu te promets que tu vas rester calme, peu importe la raison.

Quand tu te réveilles le matin, Billy te signale que Bella est passée, et qu'elle t'attend sur la plage. Tu es surexcité et stressé. Peut-être qu'elle a déjà compris. Elle n'a pas simplement appelé. A-t-elle déjà accepté ce que tu es ?

Donc tu te rends sur la plage et tu vois son visage. Elle est effrayée et chamboulée. Tu peux voir dans son expression qu'elle n'accepte pas ta nouvelle vie. Ça te met hors de toi. Tu dois focaliser ton énergie pour rester humain. Tu l'accuses de son hypocrisie, et puis tu ressens un soulagement accablant lorsque les malentendus sont éclaircis. C'est toujours énervant de voir à quel point elle est protectrice envers ses vampires, mais au moins elle accepte aussi ta situation. Encore une fois, tu es plein d'espoir. Peut-être que vous pourrez passer outre ce bazar et vous voir encore.

C'est un immense soulagement de pouvoir parler ouvertement avec elle. Tu es surpris d'apprendre qu'elle en sait plus à propos vampires qui rôdent autour de Forks que la meute, et horrifié de savoir que la femelle aux cheveux oranges en a toujours voulu après Bella. Tu appréhendes d'en parler aux autres ; tu veux mettre un plan en place pour protéger Bella. Tu te sens très furieux, sachant que quelqu'un veut la blesser. Pour la première fois, tu es content d'être un loup-garou. C'est horrible, mais, en même temps, tu peux protéger Bella. Finalement, c'est quand même utile.

Tu réunis la meute. Alors que tu es confiant maintenant que tu peux te contrôler en présence de Bella, tu as oublié d'en faire un compte rendu aux autres. Paul réagit plus violemment que tu t'y étais attendu. Tu es obligé de muter devant Bella pour la protéger, mais tu ne peux pas voir sa réaction. Tu dois éloigner Paul d'elle. Heureusement pour toi, tu es plus imposant et fort de jour en jour. Ce n'est pas difficile de pousser Paul dans les bois. Sam vous rejoint rapidement, et ordonne à Paul de se calmer. Tu leur parles de la vampire aux cheveux oranges et de Bella - ça ne prend pas longtemps, en communiquant à travers les pensées comme vous le faites. Bien que Sam doive reconnaître l'importance et la nécessité de ces informations, il t'enguirlande un moment. Il met le doigt sur la façon dont tu as mis Bella en danger ce jour-là, et ensuite, il enguirlande Paul pour être ce danger. Finalement, il te rappelle qu'il comprend, et vous vous réconciliez tous les trois. Tu réalises que vous vous entendez mieux qu'avant. Tu trouves plus agréable de faire partie de la situation, maintenant que tu peux aider Bella.

C'est étrange comme les choses redeviennent normales, bien qu'en même temps tout soit différent et dangereux. Bella est la seule chose qui te permet d'équilibrer la situation. Tu passes quelques heures à dormir la nuit, mais la plupart du temps tu parcours les bois avec Sam ou Embry, à la recherche d'un indice montrant le retour de la femelle aux cheveux oranges. Quand ce n'est pas ton tour, tu passes autant de temps que possible avec Bella. Votre amitié a atteint un nouveau niveau d'intimité. Tu connais tous les autres secrets, et ça fait une plus grande différence que tu ne l'avais imaginé. Tu es stupéfait de voir à quel point elle est incapable de partager, à quel point elle est seule depuis qu'elle a eu le coeur brisé. Ça te perturbe encore de voir qu'elle pleure toujours les Cullen. Tu n'arrives pas à voir la différence entre les Cullen et les vampires qui lui tournent autour, mais elle, elle y arrive. C'est évident qu'elle est terrifiée par ce vampire. Tu essaies de la rassurer. Et tu es content qu'elle n'ait plus à rester seule maintenant.

Tu t'inquiètes pour Bella quand elle est seule lorsque tu patrouilles. Tu n’es pas heureux quand tes plans pour l'aider sont amusants - se détacher de l'anxiété constante -, et encore moins quand tes plans sont interrompus par Victoria. Elle fait une tentative peu enthousiaste pour traverser votre territoire. Ça te semble suspect, et lorsqu'elle prend la fuite par la mer, tu t'inquiètes de savoir si elle a un nouveau plan. Toi, Jared et Embry reprenez votre forme humaine le long de la côté, cherchant un signe montrant qu'elle a essayé de revenir sur la côté. Vous retournez à La Push sans réussir à flairer son odeur. Embry continue de chercher avec Jared, mais tu veux prendre des nouvelles de Bella. Juste pour être sûr que la femelle aux cheveux oranges ne vous a pas échappé.

Bella n'est pas sur la plage, ni la femelle aux cheveux rouges, ni personne d'autre. Tu retournes au milieu des arbres, mais la tempête est si forte que personne ne peut te voir. Sa camionnette n'est plus devant la maison. Tu penses d'abord qu'elle est rentrée chez elle, mais des marques fraîches se dirigent dans l'autre direction. Ce n'est qu'au moment où tu trouves la camionnette abandonnée au bord de la route près des falaises que tu te rappelles la promesse que tu lui a faite quelques jours auparavant. Sauter des falaises. Au même moment, tu entends au loin le cri de Bella, diminuant au fur et à mesure qu'elle tombait.

Tu te précipites jusqu'au bord en quelques secondes. Tu n'arrives pas à distinguer quoi que ce soit au-dessous - les vagues sont violentes, il n'y a aucune trace d'un impact récent. Tu t'élances au-delà du bord, et tu plonges tête la première dans les eaux profondes

Il y a beaucoup de courant. Tu sais quelle force tu déploies pour réussir à nager à travers, et tu sais que Bella n'est pas aussi forte. Aucun humain n'est assez fort pour lutter contre ce courant.

Tu cherches frénétiquement, tes yeux perçants ratissent l'eau. Finalement, tu vois quelque chose d'un blanc éclatant - ses mains luttant inutilement contre les vagues. Tu es submergé, essoufflé, et incroyablement paniqué. Personne d'autre n'aurait été capable de le faire dans les mêmes circonstances, même pas Sam, mais tu te concentres et te forces à retrouver ta forme humaine. Alors tu t'accroches à Bella et la remonte à la surface.

Tu souhaites lui apporter les premiers soins. Tout ce à quoi tu penses est de lui enlever l'eau des poumons. Il y en a tellement. Elle reprend conscience, puis s'évanouit. Tu ne sais pas quoi faire. Tu la ramènes sur la plage, espérant qu'il y a de l'aide qui les attend. Les pensées de Jared et d'Embry étaient avec toi pendant que tu plongeais, mais maintenant tu es coupé d'eux.

Sam arrive, mais Bella se réveille avant qu'il ait pu t'annoncer la nouvelle de la tragédie qui a eu lieu au village. Tu es désolé de l'avoir enlevé de là où on avait besoin de lui. Bella semble aller bien. Tu ne sais pas si elle a besoin d'un docteur, mais elle veut seulement rester, alors tu la ramènes chez toi. Tu es exténué par toutes ces nuits à courir, et tu tombes de sommeil à ses côtés. Tu te sens bien là, tous les deux sans secrets, en sachant qu'elle est en sécurité.

Billy te réveille quand il rentre à la maison. Il est chamboulé de réaliser que Harry est parti. C'était un des meilleurs amis de Billy, un oncle en quelques sortes, et aussi un des plus trois anciens au courant pour les loups. Ça semble injuste qu'il soit mort.

Tu ramènes Bella chez elle, sachant que Charlie sera affligé lui aussi. De plus, tu remarques qu'il y a quelque chose de différent avec elle, mais tu n'arrives pas à mettre le doigt dessus. Perdre Harry te fait prendre conscience que tu as bien failli la perdre aussi - c'en était si proche. Ces pensées te terrifient. En même temps, tu es tout de suite content de l'avoir sauvée. Elle est vivante parce que tu es un loup-garou. Tu deviens plus conciliant pour ton destin.

Comme vous allez bientôt arriver, tu la prend dans tes bras, soulagé de pouvoir le faire. Pour la première fois depuis la première nuit où tu as muté - la nuit du film d'horreur - tu penses que ça peut marcher. C'est tellement agréable de la porter comme ça. Est-ce qu'elle ressent la même chose ? Peut-être que ce n'est pas aussi fort que ce qu'elle ressent pour le vampire, mais ça doit bien vouloir dire quelque chose qu'aucun de vous ne soit entier sans l'autre. C'est comme si tu étais là pour être avec elle.

Elle commence à se débattre. Elle n'est pas encore prête pour le moment, mais tu penses qu'elle le sera bientôt. Il faut juste être patient. Tu ouvres la portière de la voiture, et cet instant tranquille est brisé.

Il y a un vampire à proximité. Tu penses d'abord à la femelle aux cheveux oranges, et tu devines qu'elle s'est servie de la distraction causée par la mort de Harry pour s'infiltrer à l'intérieur. Tu ne sais pas exactement où elle est ou si elle vous regarde. Tu as peur de te changer pour la chasser, au cas où elle se servirait du moment où tu muteras pour attaquer. Tu décides que le meilleur plan est de ramener Bella à La Push, de laisser Embry avec elle, et d'aller la traquer avec Sam.

Cependant, quelque chose ne va pas. L'odeur n'est pas la bonne. Un vampire, certes, mais pas le même dont l'odeur t'a brûlé le nez la semaine dernière.

Avant que tu n'aies pu donner un sens à cela, Bella te demande de t'arrêter. Son visage est nettement plus éclairé et coloré que d'habitude, depuis qu'elle est venue te chercher, totalement détruite. Elle pense que les Cullen sont revenus, et la voiture rutilante près de la maison confirme sa théorie. Son enthousiasme t'écoeure. Tout ce qu'elle veut c'est aller retrouver son vampire, comme si elle n'avait pas été touchée par ce qu'il lui avait fait. Tu es furieux. Tu as du mal à te calmer.

Il est clair que tu vas devoir utiliser la force si tu veux l'empêcher de rentrer. Elle a l'air certaine que ce sont ses vampires. Elle est déjà partie - pour toi, elle est à des kilomètres. Et tu as des responsabilités. La meute avait totalement ignoré les limites de traité depuis que les Cullen étaient partis. Tu ne peux pas laisser tes frères avoir des problèmes, ignorant que les Cullen étaient de retour.

Tu détestes avoir à la laisser partir ici, et tu es tellement en colère que ce soit ce qu'elle veuille. Le futur qui semblait si prometteur quelques secondes auparavant est réduit à néant. S'en fichait-elle qu'ils l'aient quittée ? Ça ne comptait donc pas ? Pas une fois elle n'avait exprimé de colère envers ce qu'ils lui avaient fait. Tu supposes qu'elle n'a même jamais été en colère contre eux. Elle accepte ce qu'ils avaient fait sans poser de question.

Il faut que tu t'en ailles, parce que tu ne vas pas être capable de te contrôler plus longtemps. Tu peux sentir la fureur monter. Tu la laisses toute seule dans la rue, souhaitant plus que tout qu'elle va t'appeler, qu'elle va changer d'avis. Elle ne le fait pas.

Tu cours à l'hôpital, et finalement reviens sur tes pas. La colère a légèrement baissé, et tu te rends malade pour sa sécurité. Tu appelles, et elle répond. C'est donc vrai. Les Cullen sont de retour, et elle a choisi les vampires à ta place.

C'est une mauvaise nuit pour les loups Quileute. Sam a remis les limites en place, si bien que vous ne pouvez plus protéger que la réserve. Sam ne veut laisser aucune chance au vampire de passer - il peut y avoir une demi-douzaine de vampires de l'autre côté, et leurs intentions ne sont pas claires. Tu t'inquiètes pour Bella et la femelle aux cheveux oranges, mais Sam te dit de laisser les Cullen s'occuper d'eux. Tu détestes l'idée que Bella leur appartienne.

Les jours passent. Personne n'a essayer de franchir la frontière. Billy appelle Charlie, et il s'avère qu'un seul des Cullen est revenu, et elle va rester avec eux. Ça ta rend fou. Sam est inquiet - quelle est la nouvelle politique ? Les frontières sont-elles maintenues ? Pour combien de temps ? Le reste d'entre eux va-t-il revenir ? Sont-ils au courant pour la femelle aux cheveux oranges ? Considèrent-ils qu'elle est sous la protection du traité ? Dans ce cas, le traité est violé. Et s'ils ne s'occupent pas d'elle, la meute se verra obligée de le faire elle-même. Sam, Billy et le vieux Quil discutent à propos des possibilités pour qu'il y ait une guerre...

Mais Sam veut d'abord avoir des informations - essayer de rester pacifiste autant que possible - et tu es volontaire pour ce job. Tu insistes pour y aller en personne. Tu as besoin de voir son visage, de voir combien elle est impliquée là-dedans. Tu dis à Sam que tu pourras mieux connaître la vérité si tu y vas en personne, que tu seras capable de voir si elle ment ou pas. Tu ne le trompes pas sur tes motivations, mais il te laisse y aller quand même.

Tu y vas pendant les funérailles, afin de pouvoir lui parler honnêtement, sans que Charlie ne vous interrompe. Jared et Embry ne veulent pas te laisser y aller tout seul, même si tu es certain que le vampire est parti pour le moment. Tu sais qu'ils vont rester à proximité, mais tu ne veux pas qu'ils entendent. Tu veux pouvoir parler vraiment à Bella, mais c'est sans compter sur ta capacité à rester calme. Sa maison sentait mauvais - ça te brûlait le nez. Elle est imprégnée de l'odeur de la vampire. Vous êtes tous les deux quelque peu hostiles, mais elle répond à tes questions. La Cullen est juste de visite. Tu te dis que les choses vont redevenir normales une fois qu'elle sera repartie.

Tu n'arrive pas à partir. Tu peux voir que tu l'a blessée, et tu reviens pour la trouver en train de pleurer. Tu te sens à la fois pire, et mieux. Mieux parce qu'au moins elle ne s'en fiche pas de toi. Elle pleure pour toi. C'est quelque chose.

Tu es capable de parler maintenant, mais c'est difficile. Elle les aime. Les monstres qui l'ont blessée - elle les aime. Elle s'intéresse à toi aussi, mais pas autant. Cependant, la vampire est repartie... Tu es confus, pas certain de savoir comment te sentir.

Tu la prend dans tes bras, et c'est comme avant - comme ça doit être. Tu prends son visage dans tes mains, et soudain, tu as envie de l'embrasser plus que tout au monde. Ce n'est pas comme tu l'avais prévu - mauvais moment avec la vampire qui tournait quelque part autour. Mais tu penses que c'est peut-être comme ça que ça doit se passer. Peut-être qu'elle va le sentir. Tu vois le conflit dans ses yeux, et tu te demandes quelle part d'elle va gagner quand tes lèvres toucheront les siennes.

La sonnerie du téléphone retentit à ce moment, et tu réponds. Quel autre choix avais-tu ? Ça pouvait être Sam, il pouvait y avoir des ennuis là-bas. Tu entends le ton clair de la voix, avec ce léger accent anglais, et tu sais qui c'est au premier mot. Encore l'un d'entre eux. Peut-être que Bella avait tort à propos du retour des autres. Peut-être qu'elle mentait.

Bella est à nouveau en colère lorsque la vampire revient. Avant de pouvoir éclaircir les choses, tu sens la brûlure causée par l'approche d'un vampire. Tu entends le bruit sourd du retour presque silencieux de la vampire. Tu essayes de t'en aller, mais l'odeur est plus forte dans le hall. Avant que tu aies pu sortir, la sangsue est là.

C'est juste une chose mince, mais d'après ce que Bella t'a dit à propos des vampires avec des dons, tu n'es pas près de relâcher ta garde. Elle te prête à peine attention, cependant. Elle semble à peine consciente par ceux qui l'entourent, distraite par quelque chose. Bella appelle Alice. Alice prononce le prénom d'Edward une fois, et Bella s'écroule. La vampire l'avait-elle blessée ? Tu ne vois rien. Mais tu t'empresses d'attraper Bella avant que la vampire ne la touche, et tu l'éloignes.

La petite vampire semble très inquiète, et ça te surprend. Tu n'avais pas réalisé qu'ils pouvaient aussi avoir des sentiments et des émotions. Tu es révolté et stupéfait de voir combien Bella et Alice sont à l'aise quand elles se touchent. Tu aurais pu penser que les vampires ne pouvaient pas toucher les humains de telle sorte sans les blesser. Et Bella est tellement à l'aise avec Alice - capable d'interagir avec elle comme si Alice était humaine. Bella semblait la voir comme ça - comme une personne, presque.

La conversation est dure à suivre. Tu crois comprendre qu'Edward Cullen a des problèmes et c'est la faute de quelqu'un du nom de Rosalie. Bella gémit et appelle à l'aide, et la petite vampire est sur le point de la laisser faire, bien qu'il soit clair que c'était une question de suicide.

Tu suis Bella dans la cuisine, où elle écrit un petit mot à Charlie. Tu lui demandes de ne pas y aller. C'est comme si tu n'avais rien dit du tout. Elle te demande de t'occuper de son père.

Bella court prendre des affaires, et tu te retrouves seul avec Alice. Tu te mets le plus loin possible d'elle - l'instinct qui te pousse à muter et à attaquer est dur à contrôler - et tu l'accuses de conduire Bella à sa mort. En fait, c'est plus facile de lui parler que tu l'aurais pensé - elle réagit et parle comme un humain, bien que son apparence se rapproche affreusement de celle d'un monstre. Pour tes yeux perçants, elle est comme une pierre en cristal, anguleuse et brillante.

Alice s'énerve juste un moment, mais Bella revient, et elles partent. Pourras-tu jamais la revoir ? Tu la supplies littéralement de ne pas y aller, mais Bella s'en va après t'avoir embrassé la main. Tu a à peine le temps de cligner des yeux qu'elle a déjà foncé vers la mort, pour cette sangsue qui a ruiné sa vie. Pour la première fois depuis le début, tu perds le contrôle et tu mute contre ton gré.

La vie est plus sombre qu'elle ne l'a été auparavant. Les autres sont soulagés qu'Alice soit partie, qu'elle ait emmené Bella avec elle ou pas. Ils essayent de garder leurs sentiments pour eux, mais bien sûr, il n'y a aucun secret dans une meute de loups. Sam te fait patrouiller encore plus, et tu prends un soin tout particulier à veiller sur Charlie, comme Bella te l'a demandé.

C'est comme ça que tu découvres que la femelle aux cheveux oranges traque encore Bella. La meute l'encercle, rétrécissant lentement le périmètre, la laissant se rapprocher de Forks tout en plaçant un mur entre elle et Charlie... Cependant, elle fait demi-tour et détale. Vous la poursuivez, mais elle est rusée et plus rapide que le vampire aux cheveux noirs. Sa fuite inattendue vous fait relâcher votre garde - vous n'aviez pas donné signe de votre proximité. Faisait quelques recherches sur les faits, Sam réussit à voir ce qui s'est passé. Sa trajectoire avait rencontré la trace récente qu'avait laissée Alice Cullen. Ça semble avoir été suffisant pour qu'elle panique. Au moins, il est clair que ce n'est pas une amie des Cullen.

Charlie est paniqué, naturellement. Il débarque à La Push pour t'interroger, pour voir si tu sais quoi que ce soit qui pourrait l'aider à retrouver Bella. Tu aimerais pouvoir tout lui dire à propos des Cullen, mais tu ne peux pas livrer ton propre secret, et quel bien cela lui ferait-il ? Aucun d'entre vous ne peut sauver Bella.

Certaines rumeurs provenant de Forks disent que Bella est revenue vivante. Charlie n'appelle pas Billy pour autant - il a l'air trop furieux apparemment - alors tu l'apprends par Leah Clearwater. Charlie a appelé pour annuler la visite à sa mère : il ne voulait pas laisser Bella toute seule, parce qu'elle avait de gros ennuis. Tu es si soulagé qu'elle aille bien, tu ne te soucie de rien d'autre au début. Mais il ne faut pas longtemps avant que les autres ne débarquent. Le Dr. Cullen est revenu à l'hôpital - la famille entière est revenue à Forks. Sam remet les patrouilles en place, mais pas aussi loin qu'avant. Les vampires n'étaient pas au courant de la présence des loups-garous avant, mais à présent ils le sont. S'ils sont revenus pour de bon, alors la meute doit renforcer les frontières. Pour être sûrs qu'ils ne se méprisent pas sur ce qui appartenait aux Quileutes.

Billy a des nouvelles de tout ça, grâce à Charlie. Edward est revenu, apparemment à nouveau tenant du titre de petit ami de Bella, sans aucune répercussion pour son abandon. Bella ne vient pas te voir, et tu es en colère, bien que tu ne t'attendais pas à ce qu'elle le fasse. Tu es aussi en colère parce que Charlie laisse Bella sortir avec Edward. Ne pourrait-il pas, en tant que père, être capable de faire quelque chose à ce propos ?

Tu y vas avec un plan, et tu ne penses pas que c'est terminé. Si tu parviens à lui faire entendre raison, elle ne devrait plus vouloir le voir... Peut-être que si elle était loin de lui, elle serait capable de se rendre compte de son emprise sur elle, se rappeler ce qu'il est et ce qu'il a fait.

De plus, tu as un nouveau soucis maintenant. Depuis qu'Alice est revenue, ta plus grande frayeur est que l'un des vampires perde le contrôle en présence de Bella et la tue, trop assoiffé. Ça te vient à l'esprit maintenant, qu'il y a peut-être quelque chose de pire. Peut-être qu'ils ont des intentions pire que de vouloir se désaltérer. Tu ne veux même pas y penser, mais tu n'arrives pas à t'enlever ça de la tête.

Peut-être qu’ils vont essayer de la faire devenir l'une des leurs.

C'est la plus horrible chose que tu puisses imaginer. Pire que de la tuer - la voler à elle-même et la faire devenir une créature inhumaine et comme la pierre, une parodie de ce qu'elle a déjà été une fois. Ça serait comme de laisser un étranger entrer dans son corps, juste une version détournée et froide de son corps.

Tu sais que la seule chose qui pourrait mettre Charlie en colère plus que tout (à part la vérité, que tu ne peux pas lui dire) est la moto de Bella. Tu la conduis jusqu'à sa maison et dit à Charlie que tu la ramènes, puisque Bella ne vient plus à La Push. Charlie vire au rouge et te crie dessus pendant un quart d'heure et te promets d'appeler Billy pour lui raconter de quoi il retourne. Quand il te laisse partir, tu préfères te retirer dans les bois plutôt que de rentrer, sachant que la sangsue saura que tu es là, à cause de ton odeur. Tu as un avertissement à lui délivrer

Comme prévu, Edward Cullen vient avec Bella pour te voir avant qu'elle n'affronte Charlie. C'est très dur de te contrôler, mais tu ne vas pas te battre ici, devant Bella. Elle pourrait être blessée, et tu ne serais pas le seul à violer le traité cette fois-ci. Que les Cullen aient le mauvais rôle pour une fois.

Bella est furieuse. Tu étais préparé à ça, mais c'est dur de la blesser comme ça.

Le vampire te prend par surprise, en te remerciant pour tout ce que as fait pour Bella. Tu refuses de croire qu'il est véritablement sincère. C'est juste par politesse. Tu découvres que ses capacités à lire dans les pensées sont pires que ce tu croyais. Il voit tout ce que tu penses.

Bien qu'il sache l'avertissement que tu étais venu lui donner, tu réponds à la question de Bella à propos du traité. Non seulement ils ne sont pas autorisés à se nourrir des humains s'ils veulent préserver la paix avec les loups-garous, mais ils ne sont pas non plus autorisés à créer de nouveaux vampires.

La réaction de Bella t'en apprend tellement plus que ce que tu voulais savoir. Jusqu'ici, tu pensais seulement que les Cullen voulaient la transformer. Tu ne t'étais pas attendu à ce qu'elle en soit consciente. Maintenant tu apprends qu'elle l'a même planifié elle-même - c'est ce qu'elle veut.

Tu dois lutter plus que jamais pour rester calme et ne pas muter. Le reste de la conversation ne veut plus rien dire. Bella veut être un vampire. Elle ne réalise pas que ce changement est une forme de mort - pire que toutes les autres.

S'il la transforme, la guerre sera ouverte. Tu rentres pour l'annoncer à tes frères. Vous devez vous préparer...
Ivy
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[Meyer, Stephenie] tome 2 : tentation / scènes coupées Empty [Meyer, Stephenie] Tentation - Tome 2 : Bourse scolaire

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:28

Bourse scolaire


Note : C'est la partie la plus grosse que j'aie coupé de Tentation, il s’agit de la plupart du chapitre six d'origine (Amitié), plus sept petites scènes qui continuent l'histoire de la "Bourse d'étude" tous au long du roman, jusqu'à la fin. Je pensais que ce serait quelque chose d'amusant, mais mes éditeurs n'étaient pas d'accord. Ce n'était pas essentiel, donc je les ai sacrifiés sur l'autel de l'édition.

Scène 1 : le jour après que Bella soit allée voir le film sur les zombies avec Jessica.

Phoenix me manquait toujours, en de rares occasions, quand quelque chose m'embêtait. Maintenant, par exemple, alors que je me dirigeais vers la Banque Fédérale de Forks pour y déposer mon salaire. Que n’aurais-je pas donné pour utiliser un distributeur de billets pour les voitures. Ou pour au moins avoir un inconnu derrière son bureau.
"Bonjour, Bella", me salua la mère de Jessica.
"Bonjour, Madame Stanley."
"C'est bien que tu soies sortie avec Jessica hier soir. Ca faisait bien longtemps."
Elle me faisait la conversation, souriant pour paraître plus amicale. Quelque chose dans mon expression devait être mort, parce que tout d'un coup le sourire se figea, et elle se tordait nerveusement les mains, alors qu’une minute plus tôt elles étaient croisées; ses cheveux étaient aussi bouclés que ceux de Jessica et arrangés en de vaporeuses boucles souples.
Je lui souris aussi, réalisant que je le faisais quelques secondes trop tard. Mes reflexes étaient rouillés.
"Oui", dis-je d'une voix que j’espérais sociable. "J'ai été très occupée, vous savez. Le lycée, ... le travail ..." Je faisais un effort pour trouver quelque chose à rajouter dans ma courte liste, mais j'eu un blanc.
"Bien sûr" elle souriait plus chaleureusement, certainement ravie que ma réponse semble tout à fait normale et bien équilibrée.
Soudain il m'apparut que je ne pourrai pas sourire quand je connaîtrais ce qui se cachait derrière son sourire. Qui sait ce que Jessica était allée lui raconter pour hier soir. Quoi que cela puisse être, ce ne serait absolument pas fondé. J'étais la fille de l'ex épouse excentrique de Charlie - la folie devait être héréditaire. Ancien membre du groupe de monstres de la ville; je laissai tomber cette idée rapidement en tressaillant. Récente victime d'un coma éveillé. J'estimai qu'il y avait assez de bonnes raisons pour justifier ma folie, sans parler des voix que j'entendais maintenant, et je me demandais si Mme Stanley était réellement en train de penser ça.
Elle dû voir ma réflexion dans mes yeux. Elle détourna rapidement les yeux, vers la fenêtre derrière moi.
"Le travail" répétai-je, attirant son attention en posant mon chèque sur le comptoir. "C'est la raison pour laquelle je suis là, bien sûr".
Elle sourit à nouveau. Son rouge à lèvres se fendillait à mesure que la journée avançait, et il était clair qu'elle s'était redessiné des lèvres plus pleines qu'elles ne l'étaient à l'origine.
"Comment vont les choses chez les Newton?" me demanda-t-elle brièvement.
"Bien, la saison s'annonce bonne." répondis-je automatiquement, en pensant qu'elle passait près du  parking de la Quincaillerie d'Olympique plusieurs fois par jour et qu'elle avait dû voir des voitures peu familières. Elle devait connaître les fluctuations du commerce de la randonnée mieux que moi.
Elle acquiesça d'un air absent alors qu'elle pianotait sur le clavier de l'ordinateur en face d'elle. Mes yeux déambulèrent sur le comptoir marron foncé avec ses lignes d'un orange chatoyant, très années soixante-dix, qui décoraient les bords. Un gris plus neutre s'étendait sur les murs et la moquette, le comptoir restait l'élément de décor original du bâtiment.
"Humm. " Le murmure de Mme Stanley était beaucoup plus aigu que d'ordinaire. Je jetai un coup d'œil, seulement à moitié intéressée, et espérai que c'était une araignée sur le bureau, qui l'avait effrayée.
Ses yeux étaient rivés sur l'écran de l'ordinateur. Maintenant, ses doigts étaient inactifs, elle était surprise et mal à l'aise. J'attendais, mais elle ne dit rien d'autre.
"Il y a un problème?" Les Newton m’avaient-ils fait un chèque sans provision?
"Non, non" bredouilla-t-elle rapidement, me regardant avec une étrange lueur dans les yeux. Elle semblait réprimer une quelconque excitation. Elle me rappelait Jessica, quand elle avait un nouveau potin qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de partager.
"Est-ce que tu veux que je t'imprime ton solde?" me demanda Mme Stanley avec impatience. Ce n'était pas dans mes habitudes - mon pécule croissait si lentement et si invariablement qu'il n'était pas difficile de faire le calcul de tête. Mais son changement de ton m'intrigua. Qu'y avait-il sur l'écran qui la fascinait?
"Oui", approuvai-je.
Elle appuya sur une touche et un petit document sortit rapidement de l'imprimante.
"Et voilà" Elle tira le papier avec tellement de précipitation qu'elle le déchira en deux.
"Oups, je suis vraiment désolée". Elle s’agitait à son bureau, sans jamais croiser mon regard curieux, jusqu'à ce qu'elle trouve un rouleau de ruban adhésif. Elle scotcha les deux morceaux de papiers et me le tendit brusquement.
"Heu, merci" grommelai-je. Le papier en main, je me tournai et allai vers la porte, y jetant un rapide coup d'œil pour voir quel était le problème de Mme Stanley.
Je pensais que mon compte allait être en hausse d'environ mille cinq cent trente-cinq dollars. Je me trompais. Il n’y avait pas trente-cinq dollars, mais trente-six cinquante.
Et il y avait aussi un bonus de vingt mille.
Je me figeai sur place, essayant de comprendre les chiffres. Mon compte avait été augmenté de vingt milles dollars avant mon dépôt d'aujourd'hui, qui avait bien été ajouté.
Pendant un bref instant je pensai à fermer mon compte immédiatement. Mais après avoir soupiré, je retournai vers le comptoir où Mme Stanley m'attendait gaiement, une lueur d’intérêt brillant dans ses yeux.
"Il y a du avoir une erreur avec l’ordinateur, Mme Stanley. " lui dis-je en lui rendant le morceau de papier. Il devrait y avoir mille cinq cent trente six dollars cinquante.
Elle sourit avec un air de conspiratrice "Je savais que c’était un peu étrange."
"Ca ne serait possible que dans mes rêves", je ris aussi. Parler aussi normalement m’impressionnait.
Elle tapait vivement.
"Je vois d’où vient le problème … Il y a trois semaines il y a eu un dépôt de vingt milles dollars de … humm, il semblerait que ce soit une autre banque. Je suppose que quelqu’un n’a pas pris les bons numéros de compte. "
"Qu’est ce que je risque si je soldais mon comte ? " la taquinai-je.
Elle gloussa distraitement tout en continuant à taper.
"Humm, dit-elle à nouveau, trois rides profondes plissant son front. Il semblerait que ce transfert soit un virement. Nous n’en avons pas beaucoup de ce genre-là. Tu sais quoi ? Je vais demander à Mme Gérandy de jeter un coup d’œil …" Sa voix s'estompa comme elle se détourna de l'ordinateur, et elle tendit le cou pour regarder par la porte ouverte derrière elle.
« Charlotte, es-tu occupée ? » demanda-t-elle.
Pas de réponse. Mme Stanley n'attendit pas la réponse, et passa rapidement par la porte derrière elle pour entrer dans ce qui devait être les bureaux.
Je scrutai la porte pendant une minute, mais elle ne réapparut pas. Je me tournai et contemplai distraitement par la fenêtre la pluie ruisseler sur la vitre. Elle dégoulinait en ruisseaux irréguliers, et elle tombait parfois en biais à cause du vent. L'attente m'évitait de remarquer les minutes s'écouler. J'essayais de laisser mon esprit vagabonder, ne pensant à rien, mais je n'avais pas l'air de revenir à cet état de semi-coma.
Finalement, j'entendis à nouveau des voix derrière moi. Je me tournai pour voir Mme Stanley et la femme du Dr Gérandy entrer dans la pièce avec le même sourire poli sur leur visage.
"Désolée pour tout ça, Bella, dit Mme Gérandy, je devrais pouvoir éclaircir ceci avec un petit coup de fil. Tu peux attendre si tu veux." Elle désigna une rangée de chaises en bois contre le mur. Elles avaient l'air d'appartenir à la salle à manger de quelqu'un.
"Ok" approuvai-je. Je me dirigeai vers les chaises et m'assis en plein milieu de la rangée, souhaitant subitement avoir un livre. Je n'avais rien lu depuis un moment, excepté pour le lycée. Et quand par hasard, certaines histoires d'amour ridicules faisaient partie du programme d'études, je trichais en utilisant une trombe de notes. J'étais soulagée d'étudier La Ferme des Animaux désormais. Pourtant, il y avait bien d'autres bons livres. Les thrillers politiques. Les meurtres non élucidés. Les meurtres macabres ne posaient aucun problème, tant que l'intrigue secondaire n'était pas fleur bleue et romantique.
L’affaire s’éternisa et je commençai à m’énerver. J'en avais assez de l'ennuyeuse pièce grise, sans une seule image pour rehausser les murs vides. Je ne pouvais qu'observer Mme Stanley brasser une pile de papiers et faisant une pause de temps en temps pour entrer quelque chose dans l'ordinateur - elle leva les yeux vers moi une fois, et quand elle croisa mon regard, elle semblait mal à l'aise et fit tomber un dossier. Je pouvais entendre la voix de Mme Gérandy, un murmure à peine audible filtrant de la pièce du fond, mais il n'était pas difficile de comprendre qu'elle avait menti sur la longueur de l'appel. C’était si long que l'on pouvait s'attendre à ce que mon esprit sombre, et si ça ne se terminait pas très vite, je ne pourrais plus rien faire. Je devais réfléchir. Je paniquai légèrement, essayant de trouver un sujet décent auquel je pourrais penser.
Le retour de Mme Gérandy me sauva. Je lui souris avec gratitude, alors qu'elle passait la tête par la porte, ses épais cheveux blancs attirant mon regard pour la première fois.
"Bella, voudrais-tu bien venir?" demanda-t-elle, et je réalisai qu'elle avait le téléphone contre son oreille.
"Bine sûr" marmonnai-je alors qu'elle disparaissait.
Mme Stanley dû ouvrir le portillon au bout du comptoir pour me laisser entrer. Elle sourit distraitement, elle ne croisait toujours a mon regard. J'étais absolument certaine qu'elle était en train d'envisager un moyen pour écouter aux portes.
Je songeai à quelques solutions possibles alors que je me hâtais d'aller vers le bureau. Quelqu'un avait blanchi de l'argent avec mon compte. Ou peut-être que Charlie touchait des pots-de-vin et j'étais sa couverture. Qui avait assez d'argent pour soudoyer Charlie, après tout? Peut-être que Charlie appartenait à la pègre, touchait des pots-de-vin et utilisait mon compte pour blanchir de l'argent. Non, je ne pouvais pas imaginer Charlie dans la pègre. C'était peut-être Phil. Connaissais-je bien Phil, après tout?
Mme Gérandy était toujours au téléphone, et elle me montra du menton une chaise pliante en métal devant son bureau. Elle griffonnait précipitamment quelque chose au bas d'une enveloppe. Je m’assis en me demandant si Phil avait un sinistre passé, et si j'allais finir en prison.
"Merci, oui. Et bien, je pense que ce sera tout. Oui, oui. Merci beaucoup pour votre aide." Mme Gérandy adressa un sourire inutile à son interlocuteur avant de raccrocher. Elle n'avait pas l'air en colère ni même menaçante. Plutôt excitée et confuse. Cela me rappela Mme Stanley dans le couloir. Pendant une seconde je caressai l'idée de franchir la porte d'un bond et de l'effrayer.
Mais Mme Gérandy se mit à parler.
"Et bien, je pense que j'ai une excellente nouvelle pour toi ... bien que je ne puisse pas imaginer que tu n'aies pas été informée de ça. Elle me fixait d'un air grave, comme si elle attendait que je me tape le front en disant Oh, ces vingt milles dollars LA! Ca m'était complètement sorti de la tête!
"Bonnes nouvelles?" la poussai-je. Ces mots devaient signifier que ce problème était trop compliqué pour qu'elle puisse le résoudre et qu'elle avait l'impression que j'étais plus riche que nous le pensions il y a quelques minutes.
"Bon, si tu ne sais vraiment pas ... alors toutes mes félicitations. On t'a accordé une bourse d'étude de ..." elle regarda ses notes "la Pacific Northwest Trust".
"Une bourse?" répétai-je incrédule.
"Oui, n'est-ce pas excitant? Mon Dieu, tu peux aller à l'université de ton choix."
C'est à cet instant précis, alors qu'elle s'extasiait joyeusement sur ma bonne fortune, que je su exactement d'où venait l'argent. En dépit d'un soudain élan de colère, d'émotion, d'humiliation et de souffrance, j'essayai de parler calmement.
"Une bourse de vingt mille dollars qui a été virée en liquide sur mon compte." remarquai-je "Au lieu de la verser à l'école. Sans même avoir la certitude que je m'en servirais pour l'université."
Ma réaction l'énerva. J'avais l'impression de l'avoir offensée par mes paroles.
"Il serait vraiment imprudent de ne pas utiliser cette argent pour ce à quoi il est destiné, ma chère Bella. C'est le genre de chance qu'on n'a qu'une fois dans sa vie."
"Bien sûr" dis-je aigrement. "Et, est-ce que cette Pacific Northwest Trust a expliquée pourquoi elle m'avait choisie?"
Elle regarda ses notes une fois de plus, mon ton lui faisant légèrement froncer les sourcils.
"C'est vraiment un honneur - il ne décerne pas une bourse comme celle-là tous les ans."
"Ca, j'en mettrais ma main à couper."
Elle me jeta un coup d'œil et regarda ailleurs promptement. "La banque à Seattle qui dirige la transaction m'a renvoyée vers l'homme qui gère l'allocation des bourses. Il a dit que la bourse est attribuée sur la base du mérite, le sexe de la personne et le lieu. Ca concerne les étudiantes dans les petites villes qui n'ont pas l'opportunité d'une ville plus grande."
Il semblait que ce quelqu'un se trouvait drôle.
"Mérite? répondis-je avec désapprobation. J'ai une moyenne de 17. Je peux vous citer trois filles à Forks qui ont de meilleurs résultats que moi, et l'une d'elles est Jessica. Par ailleurs - je n'ai jamais fais de demande de bourse."
Elle était vraiment énervée maintenant, prenant son stylo et le reposant encore, attrapant le pendentif qu'elle portait entre le pouce et l'index. Elle parcouru ses notes à nouveau.
"Il n'a pas évoqué ça ... " Elle baissa les yeux vers l'enveloppe, elle n'était pas certaine de savoir comment réagir face à mon comportement. "Ils n'acceptent pas les demandes. Ils vérifient les demandes rejetées pour d'autres bourses et ils choisissent les étudiants qu'ils estiment avoir été injustement oubliés. Ils ont eu ton nom sur une demande de bourse que tu as envoyé pour une demande d'aide financière pour l'Université de Washington.
Je senti les coins de ma bouche s'affaisser. Je ne savais pas que ma demande avait été rejetée. C'était quelque chose que j'avais rempli il y a longtemps, bien avant ...
Et je n'avais pas pensé à d'autres alternatives, bien que les dates limites fussent dépassées. Je n'arrivais pas à me concentrer sur mon futur. Mais l'Université de Washington était le seul lieu où je serais assez près de Charlie et de Forks.
"Comment reçoivent-ils les demandes rejetées ?" demandais-je d'une voix plate.
"Je n'en suis pas sûre, ma chère." Mme Gérandy n'était pas contente. Elle s'attendait à de l'excitation et elle avait trouvé de l'hostilité. J'aurais souhaité lui expliquer que ma réaction négative n'était dirigée contre elle. "Mais l'administrateur m'a laissé son numéro au cas où j'aurais d'autres questions - tu pourrais l'appeler toi-même. Je suis sûre qu'il arrivera à te convaincre que cet argent est bien pour toi."
Je n'avais aucun doute là-dessus. "J'aimerais avoir le numéro."
Elle écrivit rapidement sur un petit bout de papier déchiré. Je mis en tête d'envoyer anonymement un bloc de post-it à la banque.
C'était un appel longue distance. "Je suppose qu'il n'a pas laissé une adresse e-mail?" demandai-je sans grande conviction. Je ne voulais pas faire grimper la facture de Charlie.
"En fait, si." elle souriait, contente d'avoir quelque chose que je voulais. Elle se pencha par dessus le bureau pour écrire une autre ligne sur mon bout de papier.
"Merci. Je vais le contacter dès que je serais rentrée chez moi." Ma bouche formait une ligne dure.
"Ma chère", dit Mme Gérandy hésitante. "Tu devrais être heureuse pour tout ça. C'est une grande opportunité."
"Je ne vais pas prendre vingt milles dollars que je n'ai pas mérité", répliquai-je en essayant de cacher le dégout dans ma voix.
Elle se mordit la lèvre et baissa les yeux à nouveau. Elle aussi pensait que j'étais folle. Et bien, j'allais le lui faire dire à haute voix.
"Quoi?" demandais-je.
"Bella ... "elle s'arrêta et attendit, les dents serrées. "C'est beaucoup plus que vingt mille dollars."
"Excusez-moi?"
J'étais choquée.
"Plus?"
"En fait, le paiement initial est juste de vingt mille. A partir de maintenant, tu recevras cinq mille dollars tous les mois jusqu'à la fin du lycée. Si tu t'inscris à l'université, la bourse continuera à être versée." En me disant ça, elle était à nouveau excitée.
Dans un premier temps je n'arrivais plus à parler, j'étais trop furieuse. Cinq milles dollars par mois pendant une durée indéterminée. J'aurais voulu casser quelque chose.
"Comment?" réussi-je à lâcher.
"Je ne comprends pas ce que tu veux dire."
"Comment vais-je recevoir cinq milles dollars par mois?"
"Ca sera viré sur ton compte." répondit-elle, perplexe.
Il y eut un bref instant de silence.
"Je vais clôturer mon compte maintenant." dis-je d'une voix blanche.
Cela me prit quinze minutes pour la convaincre que j'étais sérieuse. Elle finit par me dire que mes raisons, quelles qu'elles fussent, n'étaient pas bonnes. Je discutai avec entêtement, jusqu’a ce qu'il me vienne à l'esprit qu'elle se faisait du souci pour me donner les vingt mille dollars. Est-ce qu'ils disposaient d'une telle somme?
"Attendez, Mme Gérandy", la rassurai-je. "Je veux juste retirer mes mille cinq cents dollars. J'apprécierais vraiment si vous pouviez renvoyer le reste de l'argent d'où il vient. Je vais m'arranger avec ce -" Je vérifiai le papier. "- Monsieur Isaac Randall. C'est vraiment une erreur."
Elle sembla se détendre.
Environs vingt minutes plus tard, avec une liasse de mille cinq cent dollars, un billet de vingt, un de dix, un de cinq, un de un et cinquante cents en poche, je m'enfuyais de la banque avec soulagement. Mme Stanley et Mme Gérandy se tenaient debout près du comptoir me regardant avec de grands yeux.

Scène deux : la même soirée après avoir acheté les motos, et après avoir rendu visite à Jacob la première fois.

Je refermai la porte derrière moi, et je sorti mon argent pour l’université de ma poche. Ca semblait bien modeste dans la paume de ma main.  Je le mis au fond d’une chaussette immettable et la rangeai au fond d’un tiroir avec mes sous-vêtements. Ce n’était sûrement pas le lieu le plus original pour cacher quelque chose, mais je m’occuperais de trouver quelque chose de plus inventif plus tard.
Dans mon autre poche, il y avait le petit morceau de papier avec le numéro de téléphone et l’adresse e-mail d’Isaac Randall. Je le pris et le posai sur le clavier de mon ordinateur, ensuite appuyai sur le bouton, tapant impatiemment du pied pendant que l’écran s’éclairait.
Quand je fus connectée, j’ouvris ma messagerie.  Je dû patienter, car il me fallut fermer une montagne de fenêtre de pubs qui avait inondé ma boîte mail durant les quelques jours où j’avais écris à Renée. J’en finissais avec ce travail laborieux, et je pus ouvrir une page vierge pour écrire un message.
L’adresse e-mail indiquait « irandall », donc je supposais que j’allais être dirigée vers la personne concernée.

Cher Monsieur Randall, écrivai-je,
J’espère que vous vous souvenez de la conversation que vous avez eue cet après-midi avec Mme Gérandy de la Banque Fédérale de Forks. Mon nom est Isabella Swan et apparemment, il s’avère qu’il m’a été attribué  une très généreuse bourse scolaire de la Pacific Northwest Trust Company.
Je suis navrée, mais je ne peux pas accepter cette bourse. J’ai déjà demandé que l’argent soit renvoyé sur le compte d’où il  venait, et clôturé mon propre compte à la Banque Fédérale de Forks. S’il vous plaît, veuillez attribuer cette bourse à une autre candidate.
Merci. I. Swan.

Il me fallut plusieurs essais pour que cela sonne bien – formel et explicite. Je le relu deux fois avant de l’envoyer. Je n’étais pas tout à fait certaine des instructions que Mr Randall avaient reçues à propos de cette fausse bourse, mais je ne voyais aucune alternative à ma réponse.

Scène trois : quelques semaines plus tard, juste avant le « rendez-vous » de Bella et Jacob avec les motos …

En rentrant, je pris le courrier sur le chemin. J’écartai rapidement les factures et les pubs, jusqu’à ce que je trouve la lettre pratiquement à la fin de la pile.
C’était une enveloppe administrative normale qui m’était adressée – mon nom était en manuscrit, ce qui était inhabituel. Je regardai l’adresse de l’expéditeur avec intérêt.
Intérêt qui se transforma rapidement en une nausée nerveuse. La lettre venait de la Pacific Northwest Trust, Bureau d’Attribution des Bourses. Il n’y avait pas de rue sous le nom.
C’était sûrement juste une confirmation de mon refus, me disais-je. Il n’y avait aucune raison pour que je sois nerveuse. Aucune raison du tout, bien qu’un seul petit détail pourrait me renvoyer en bas de la spirale de zombie land. Seulement ça.
Je déposai le reste du courrier sur la table pour Charlie, ramassai mes livres qui gisaient sur le sol du salon et me précipitai dans les escaliers. Une fois dans ma chambre, je verrouillai la porte et déchirai l’enveloppe. Je ne devais pas oublier que je devais rester en colère. La colère, c’était la solution.

Chère Melle Swan,
Permettez-moi de vous féliciter officiellement pour l’attribution de la prestigieuse bourse J. Nicholls de la Pacific Northwest Trust. Cette bourse n’est attribuée que rarement, et vous devez être fière de savoir que le Comité d’Attribution ayant retenu votre nom a fait l’unanimité pour cet honneur.
Il y a eu quelques petites difficultés dans le versement de votre bourse, mais je vous prie de ne pas vous sentir concernée. J’ai pris sur moi de vous évitez tout désagrément. Vous trouverez ci-joint un chèque de caisse d’un montant de vingt-cinq mille dollars ; le versement initial plus le premier mois de l’allocation.
Encore une fois je me permets de vous adresser mes félicitations pour votre bourse. Veuillez accepter tous les vœux de la Pacific Northwest Trust pour votre scolarité.
Cordialement,
I. Randall

Pour ce qui était d'être en colère, il n'y avait aucun problème.
Je regardai dans l'enveloppe, et bien entendu, il y avait le chèque à l'intérieur.
"Qui sont ces gens?" grognai-je les dents serrées, écrasant la lettre, d'une main, en une boule bien serrée.
J'avançai furieusement vers ma poubelle, pour y dénicher le numéro de téléphone de Mr Randall. Peu importe que ce soit un appel longue distance- ce sera une conversation très courte.
"C'est pas vrai!" sifflai-je. La poubelle était vide. Charlie avait jeté les ordures.
Je jetai l'enveloppe avec le chèque sur le lit et défroissai la lettre. C'était un papier à entête, en haut duquel était inscrit en vert foncé Pacific Northwest Bureau d'Attribution des Bourses, mais il n'y avait aucune autre information, ni adresse, ni numéro de téléphone.
"Bon sang. "
Je m’assis sur le rebord de mon lit et essayai de réfléchir calmement. Apparemment ils avaient décidé de m'ignorer. J'avais pourtant été très claire, ce n'était donc pas un problème de compréhension. Ca ne ferait probablement aucune différence si je téléphonais.
Il n'y avait donc qu'une seule chose à faire.
Je chiffonnai de nouveau la lettre, détruisis l'enveloppe ainsi que le chèque, et dévalai les escaliers.
Charlie était au salon, le volume de la télé fort.
Je me dirigeai vers l'évier de la cuisine, et jetai les boules de papiers à l'intérieur. Ensuite, je farfouillai dans notre tiroir à bazar jusqu'à ce que je trouve une boîte d'allumettes. J'en allumai une, et l'insérai délicatement dans un des trous du papier. J'en allumai une autre, et fis de même. J'avais l'intention d'en allumer une troisième, mais le papier avais brûlé avec enthousiasme, ce n'était donc vraiment pas nécessaire.
"Bella?" La voix de Charlie couvrait le son de la télé.
J'ouvrai rapidement le robinet, ressentant un sentiment d'intense satisfaction alors que la force du jet réduisait le brasier en une espèce de pâte de cendre plate et gluante.
"Oui, Papa?" je remis les allumettes dans le tiroir et le fermai rapidement.
"Tu ne sens pas de la fumée?"
"Non, Papa."
"Mmmm."
Je rinçai l'évier, pour être certaine que toutes les cendres finiraient dans le tuyau d'évacuation, et allumai le broyeur par prudence.
Je retournai dans ma chambre, quelque peu apaisée. Ils pourraient m'envoyer tous les chèques qu'ils voulaient" pesai-je gravement. Quand je manquerai d'allumettes, je pourrais toujours en racheter.

Scène quatre : pendant la période où Jacob l'évitait ...

Il y avait un colis sur le pas de la porte. Je le ramassai avec curiosité, m'attendant à un retour de courrier de Floride, mais il venait de Seattle. Il n'y avait aucun nom  d'expéditeur inscrit sur le côté du carton.
C'était à moi qu'il était adressé, pas à Charlie, ainsi je le posai sur la table et je déchirai l'étiquette du carton pour l'ouvrir.
A peine avais-je vu le logo vert foncé de la Pacific Northwest Trust que je sentis ma gastro-entérite revenir. Je m'affalai sur la chaise la plus proche sans un regard pour la lettre, ma colère grandissant lentement.
Je ne pouvais pas me résoudre à la lire, même si ça n'avait pas été long. Je la sortis du carton, la posai en la retournant sur la table, et jetai à contre cœur un autre coup d'œil dans le carton pour voir ce qu'il y avait dessous. C'était une enveloppe bombée. J'avais peur de l'ouvrir, mais j'étais malgré tout assez en colère pour l'arracher au carton.
Mes lèvres formaient une ligne dure alors que je l’ouvrai sans prendre la peine d'utiliser l'ouverture. J'avais déjà assez à faire maintenant. Réminiscence et provocation étaient vraiment les dernières choses dont j'avais besoin.
J'étais choquée, mais cependant pas surprise. Qu'est-ce que ça aurait pu être d'autre à part ça - trois grosses liasses de billets, attachées proprement par de larges bandes. Je n'avais pas besoin de regarder les coupures. Je savais exactement combien ils me forçaient à accepter. C'était trente mille dollars.
Tout en me levant, je soulevai précautionneusement l'enveloppe, puis me retournai et la laissai tomber dans l'évier. Les allumettes étaient au fond du tiroir à bazar, exactement là où je les avais laissées la dernière fois. J'en pris une et l'allumai.
La flamme s'approchait de plus en plus près de mes doigts alors que je fixais l'horrible enveloppe. Je ne parvenais pas à la lâcher. J'éteignis l'allumette avant de me brûler. Une grimace de dégout se dessina sur mon visage.
Je saisis la lettre de la table, en fit une boule et la balançai dans l’autre bac de l’évier. Je grattai une autre allumette et la glissai entre les papiers, et je regardai le tout brûler avec une amère satisfaction. Un simple échauffement. Je m’emparai d’une autre allumette. Encore une fois, la tenant, elle se consumait, au-dessus de l’enveloppe. Encore une fois, je me brûlai presque les doigts avant de la jeter dans  les cendres de la lettre. Je ne pouvais pas me résoudre à brûler trente mille dollars.
Qu’allais-je donc faire de ça ? Il n’y avait pas d’adresse où les renvoyer – j’étais pratiquement sûre que la société n’existait pas réellement.
Puis il me vint à l’esprit que j’avais une adresse.
Je fourrai à nouveau l’argent dans le carton, arrachant l’étiquette portant mon nom, comme ça si quelqu’un d’autre le trouvait, il serait impossible de faire le rapprochement avec moi. J’allai vers ma camionnette, râlant stupidement tous le long du trajet. Je me promis d’être particulièrement téméraire avec ma moto cette semaine.
Je ferais quelques cascades s’il le fallait.
Je haïssais chaque centimètre de la route alors que je m’enfonçais dans les arbres sombres, serrant les dents à en avoir mal aux mâchoires. Mes cauchemars seraient violents ce soir – je ne demandais que ça. Des fougères remplacèrent les arbres, je roulai rageusement dessus, laissant deux traces de pneus derrière moi. Je m’arrêtai devant les escaliers du porche, les gravis impassiblement.
La maison était toujours dans le même état, tristement vide, morte. Je savais que je projetais mes propres émotions en son apparence, mais ça ne changeait en rien la façon dont je la voyais. En prenant soin  de ne pas regarder par les fenêtres, je marchai vers la porte d’entrée. Je souhaitai désespérément être un zombie un instant de plus, mais ma léthargie avait pris fin.
Je posai minutieusement le carton sur le palier de la maison abandonnée, et m’en allai.
Je m’arrêtai en haut de la première marche. Je ne pouvais quand même pas laisser un tas de billets devant la porte d’entrée. C’était presque aussi mal que de les brûler.
Avec un soupir, baissant les yeux, je fis demi-tour et ramassai le carton injurieux. Peut-être pourrais-je en faire don anonymement à une œuvre de charité. Une œuvre de bienfaisance pour les gens atteints de maladie du sang, ou quelque chose comme ça.
Mais je secouai la tête en retournant vers la camionnette. C'était son argent, et bon sang, il allait le garder. Si on lui volait sous son porche, ça serait de sa faute, pas de la mienne.
Ma fenêtre était ouverte, et au lieu de descendre de ma camionnette, je lançai simplement le carton aussi fort que possible vers la porte d'entrée.
Je n'avais jamais su viser, et le carton brisa bruyamment la baie vitrée, laissant un trou si gros qu'on aurait dit que j'avais envoyé une machine à laver.
"Oh, c'est pas vrai!", soupirai-je tout haut, couvrant mon visage avec mes mains.
Ce que j'avais fais n'avait aucune importance, je le savais, je rendais juste les choses encore plus difficiles.
Heureusement, ma colère reprit le dessus. C'était de sa faute, me répétai-je. Je lui rendais simplement ce qui lui appartenait. S'il devait faire cette réparation, ça serait son problème.
Par ailleurs, le bruit du verre brisé était plutôt agréable - je me sentais un peu mieux d'une façon perverse.
Je n’étais pas vraiment convaincue, mais je démarrai la camionnette, passai une vitesse et m'en allai. C'était si proche que je pouvais revenir prendre l'argent où il reposait. Et maintenant, j'avais un endroit approprié pour laisser le colis du mois prochain.
C'était le mieux que je pouvais faire.
J'y repensai, une demi heure plus tard quand je fus à la maison. Je me dirigeai vers le bottin pour chercher un vitrier, mais il n'y avait aucun témoin qui puisse m'aider. Comment allais-je justifier l'adresse? Est-ce que Charlie devrait m'arrêter pour vandalisme?

Scène cinq : la première nuit où Alice est revenue après qu'elle aie vu Bella "se suicider" ...

"Jasper n'a pas voulu t'accompagner?
"Il n'approuvait pas que j'intervienne."
Je reniflai. "Tu n'es pas la seule."
Elle se raidit, puis se détendit. "Est-ce que ça a un rapport avec le trou dans la baie vitrée de ma maison et le carton rempli de billets de mille dollars sur le sol du salon?"
"Assurément" dis-je avec colère. "Désolé pour la fenêtre. C'était un accident."
"C'est souvent le cas avec toi. Qu'a-t-il fait?"
"Quelque chose appelé la Pacific Northwest Trust m'a attribué une très étrange et très persistante bourse d'étude. Ce n'était rien de plus qu'une couverture. Je veux dire, je pense qu'il ne voulait pas que je sache que c'était lui, mais j'espère qu'il n'imaginait pas que je serais aussi naïve."
"Et bien, quel gros tricheur." murmura Alice.
"Exactement."
"Et il me disait de ne pas t'épier." Elle secouait la tête avec irritation.

Scène six : Avec Edward, la nuit après l'Italie, dans la chambre de Bella ...

"Y a-t-il une raison pour que le danger ne puisse te résister plus que moi ? "
"Le danger n'essaie pas" marmottai-je.
"Bien sur, il semble que tu cherchais activement le danger. A quoi pensais-tu Bella? J'ai vu dans la tête de Charlie le nombre de fois où tu as fini aux urgences ces derniers temps. T'ai-je dis que j'étais furieux contre toi?"
De sa voix paisible on percevait plus la douleur que la colère.
"Pourquoi? Ce ne sont pas tes affaires." dis-je, embarrassée.
"En fait, je me rappelle clairement que tu avais promis de ne rien faire de téméraire."
Ma réponse fut prompte "Et tu n'avais pas promis de ne plus interférer?"
"A l'époque, tu avais franchi la limite" me signifia-t-il avec précaution. "J'ai respecté ma part du contrat"
"Ah, c'est comme ça? Trois mots, Edward : Pacific. Northwest. Trust"
Il releva la tête pour me regarder, il paraissait perplexe et innocent - beaucoup trop innocent. C'était peine perdue. "C'est censé me dire quelque chose?"
"C'était vraiment insultant." me plaignis-je. "Tu penses que je suis aussi stupide?"
"Je ne comprends pas un mot de ce que tu dis." dit-il les yeux écarquillés.
"Si tu le dis" grommelai-je.

Scène sept : conclusion de ce fil d’Ariane : la même nuit/matin, quand ils arrivent chez les Cullen pour le vote …

Soudainement, la fumière du porche s’alluma d’un coup, et je pus voir Esmée nous attendre sur le pas de la porte. Ses cheveux caramel ondulés étaient détachés, et elle tenait une sorte de truelle dans la main.
« Est-ce que tout le monde est à la maison ? » demandai-je avec espoir alors que nous montions les marches.
« Oui, ils sont là ». Alors qu’elle parlait, les fenêtres furent soudain pleines de lumières.
Je regardai par la plus proche pour voir qui nous avait aperçus, mais posé sur un tabouret, un seau contenant une épaisse bouillie grise attira mon attention. Je regardai la perfection lisse du verre, et réalisai ce que faisait Esmée sous le porche avec une truelle.
« Oh non, Esmée. Je suis vraiment désolée pour la fenêtre ! J’allais … »
« Ne t’en fais pas pour ça » m’interrompit-t-elle avec un sourire. « Alice m’a raconté l’histoire, et je tiens à te dire que je ne te blâme pas d’avoir fait ça pour cette raison. ». Elle dévisageait son fils, qui me dévisageait.
Je levai un sourcil. Il regardait ailleurs marmonnant doucement qu’à cheval donné on ne regarde pas la bride.
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[Meyer, Stephenie] tome 2 : tentation / scènes coupées Empty [Meyer, Stephenie] Tentation - Tome 2 : Si Jacob n'avait pas enfreint les règles

Message par Ivy Mer 28 Oct 2009 - 21:31

Si Jacob n'avait pas enfreint les règles


Note de l'auteur : La plus grande différence (c’est une ENORME diffé-rence) entre le premier brouillon  de «Tentation » et la version finale c’est ça : à l’origine, Bella n’a jamais découvert quel était le problème de Jacob. C’était un livre plus court, où il manquait les 70 pages cruciales dans lesquelles Jacob et Bella partagent tous leurs secrets et où leur relation se transforme en quelque chose qui dépasse l’amitié.
(Avant de la lire, ne laissez pas cette version vous embrouiller. Ce n’est pas comment ça s'est « vraiment passé ». Au fur et à mesure que ma connais-sance du personnage de Jacob grandissait, cette première version m'a semblée de plus en plus improbable (bien sûr que Jacob allait enfreindre les règles - c'est Jacob !). C'est un peu comme un squelette - juste des os, pas de chair.)
Essayez d'imaginer ça : Bella se rend chez Jacob pour lui demander la vérité au sujet du "culte". Jacob se montre avec Sam et les autres, et accepte ensuite de parler à Bella en privé. Il plaque Bella (manque de mots plus explicites) et elle a le cœur brisé pour la seconde fois du roman. Ok, tout ça semble familier. Mais ensuite, cette fameuse nuit ... rien ne se passe. Jacob n'enfreint pas les règles et il ne grimpe pas à sa fenêtre pour lui parler. Jacob ne lui donne aucun indice pour l'aider à découvrir ce qu'elle sait déjà. Bella est encore isolée, seule. Elle n'a aucune idée que Victoria est là, la traquant, ou que les loups-garous sont dehors, la protégeant.
Malgré tout, Bella est trop obstinée pour accepter le non de Jacob. Elle ne se sous-estime pas comme elle l'a fait dans sa relation avec Edward, au début de Tentation, ça ne l'arrête donc pas.. Non, Jacob lui DOIT plus que ça, et bon sang, elle va obtenir son dû.
Elle n'arrive pas à le trouver, et ses recherches la mènent finalement au sommet de la falaise. Elle se rappelle avoir vu "le gang" plonger dans l'in-connu - et vous savez combien elle est accro aux hallucinations. Plonger de la falaise est son idée dans cette version. Quand Jacob lui sauve la vie cette fois, les répercussions entre eux sont à des années lumières de la version définitive...

"Comment allons-nous sortir de là?" Je toussais et crachais les mots. J'avais si froid maintenant que je ne pouvais plus rien sentir, à part la chaleur de son corps tandis qu'il me retenait prudemment au dessus des vagues, et la douleur dans mon dos. On aurait dit que le courant me tirait par les jambes, comme refusant de me lâcher, mais elles étaient si engourdies que j'avais très bien pu imaginer tout ça.

"Je vais te tirer jusqu'à la plage. Tu vas essayer de rester immobile comme si tu étais inconsciente et ne pas te débattre. Ca sera plus facile pour moi."
"Jake" dis-je anxieusement, "Le courant est trop fort. Tu ne pourras sûrement pas y arriver pour toi, sans parler de me tirer."
"Je t'ai repêché, non?" Il me tenait trop étroitement pour que je puisse voir son visage, mais sa voix semblait légèrement arrogante.
"Oui" acquiesçais-je dubitativement. « Comment y as-tu fait? Le courant … »
"Je suis plus fort que toi"
Je voulus répliquer, mais l'eau décida de sortir de mon estomac juste à ce moment.
"Okay,"dit-il quand j'eus fini de vomir "je dois te sortir de là. Rappelle-toi, reste immobile."
J'étais trop faible pour discuter, mais j'étais terrifiée de quitter la sécurité du rocher et de laisse les vagues reprendre possession de moi. Aussi résignée que j'étais à l'idée de me noyer il y a deux minutes, j'étais maintenant terrifiée. Je ne voulais retourner dans l'obscurité. Je ne voulais pas que l'eau recouvre mon visage encore une fois.
Je pus le sentir quand Jacob se poussa du rocher. J'étais sur le dos et il me tenait toujours sous les bras alors qu'il nageait vers le rivage. La mer agitée nous ébranlait, et je paniquai et commençai à battre des pieds.
"Arrête ça," dit-il sèchement.
Je m'obligeai à rester immobile, et ce fut plus difficile que je ne l'avais cru, , même si mes membres ankylosés ne désiraient rien d’autre que de se laisser flotter sans bouger.
C'était incroyable - nous filions à travers les flots comme si un fil nous tirait vers la côte. Jacob était le nageur le plus fort que j'avais jamais vu. Les mouvements du courant semblaient impuissants à perturber le chemin qu'il se faisait à travers les vagues. Et il était rapide. Une vitesse de record du monde.
Puis je sentis le sable frotter mes talons.
"Okay, tu peux te lever, Bella."
Aussitôt qu'il me lâcha, je retombai tête la première dans les vagues à hauteur de genou.
Il me rattrapa avant que je ne puisse m'étrangler plus dans l'eau,  me jetant facilement sur son épaule et avançant sur la plage. Il ne disait rien, mais sa manière de respirer semblait énervée.
"Par ici," murmura-t-il pour lui-même, et il changea de direction. Je pouvais seulement voir,suspendue comme je l'étais sur son épaule, ses pieds nus laisser d'énormes empreintes dans le sable humide.
Il me posa sur un coin de sable qui semblait sec. Il faisait sombre ici - je réalisai que nous étions dans une grotte peu profonde que les flots avaient creusée dans la falaise. La pluie ne pouvait pas m'atteindre directement, mais de petites éclaboussures de bruine rebondissaient sur le sable à l'extérieur et me touchaient.
Je tremblais si fort que mes dents en claquaient – cela sonnait comme des castagnettes.
"Viens là" dit Jacob, mais je n'eus pas à bouger. Il enroula son bras chaud autour de moi et me serra étroitement sur son torse nu. Je frissonnais, mais lui était impassible. Sa peau était si chaude - comme si il avait de la fièvre.
"Tu n'as pas froid?" bégayais-je.
"Non."
Je me sentis honteuse. Non seulement il m'avait vaillamment sortie de l’eau, mais maintenant il me faisait sentir que j'étais faible.
"Je suis une vraie mauviette" marmottais-je
"Non, tu es normale". Il y avait de l'amertume dans sa voix. Il me devança rapidement, ne me laissant pas la chance de lui demander ce qu'il voulait dire.
"Tu comptes me dire ce que tu voulais faire?" me demanda-t-il.
"Plongeon depuis la falaise. Divertissement." Incroyable, mais il y avait encore de l'eau dans mon estomac. Elle choisit ce moment pour faire son apparition.
Il attendit que je puisse à nouveau respirer. "Tu as l'air de t'être bien amusée."
"C'était amusant, jusqu'à ce je heurte l'eau. On ne devrait pas aller chercher de l'aide ou quelque chose?" Mes dents claquaient toujours, mais il comprit ce que je disais.
"Ils arrivent."
"Qui vient?" demandai-je, suspicieuse et surprise.
"Sam et les autres."
Je grimaçai. "Comment sauraient-ils que nous avons besoin d'aide?" Mon ton était sceptique.
Il grogna.  "Parce qu'ils m'ont vu courir et me jeter de la falaise après toi."
"Tu m'observais?" l'accusai-je légèrement outrée.
"Non, je t'ai entendue crier. Si je t'avais vue, je t'en aurais empêché. C'était vraiment stupide, tu sais."
"Tes amis le font bien."
"Ils sont plus costauds que toi."
"Je suis une bonne nageuse," protestai-je, malgré les faits.
"Dans une pataugeoire," répliqua t-il. "Bella, il y a un ouragan qui approche. Tu n'as pas réalisé ou quoi?"
"Non," admis-je.
"Stupide," répéta-t-il.
"Ouais," avouai-je en soupirant. Il faisait si froid et j'étais si fatiguée.
"Reste éveillée." Jacob me secoua vigoureusement.
"Arrête," râlai-je. "Je vais pas m'endormir."
"Alors ouvre tes yeux."
Sincèrement, je n'avais même pas réalisé qu'ils s’étaient fermés. Je ne lui dis pas. Je les ouvrais simplement et répondis, "Okay."
"Jacob?" L’appel semblait proche malgré le bruit du vent et des vagues. La voix était profonde.
Jacob se pencha de côté pour ne pas crier dans mes oreilles. "Dans la grotte, Sam!"
Je ne les entendis pas approcher. Tout d'un coup, la petite grotte se remplit de jambes brunes. Je levais la tête, sachant  mes yeux remplis de méfiance et de colère, consciente de la proximité de Jacob. Ses bras m'entouraient, mais soudainement je me sentis comme si j’étais celle qui le protégeait.
Le visage impassible de Sam fût la première chose que je vis. Une impression confuse de déjà-vu me submergea. La grotte sombre n'était pas si différente de la forêt la nuit, et, une fois de plus, je me retrouvais faible et sans défense à ses pieds. Il me sauvait à nouveau. Je le toisais, agacée.
"Est-ce qu'elle va bien?" demanda -t-il a Jacob avec la voix assurée du seul adulte parmi des gamins.
"Je vais bien," rouspétai-je.
Personne ne m'écouta.
"Il faut la réchauffer- elle s'endort," lui répondit Jacob.
"Embry?" demanda Sam, et un des garçons s'avança, tendant à Jacob un pack de couvertures. Le ton de commandement de Sam m'irritait au plus haut point. C'était comme si aucun d'eux n'était capable de quoi que ce soit avant qu'il ne l'ait autorisé. Je lui lançai un regard noir et féroce tandis que Jacob enroulait les couvertures autour de moi.
"Sortons-la d’ici," ordonna Sam froidement. Il se pencha vers moi avec ses bras ouverts, mais s'arrêta net quand je m’écartais de lui.
"Je m'en occupe, Sam," dit Jacob, passant ses bras sous moi et me soulevant avec aisance tandis qu'il se levait.
"Je peux marcher," protestai-je.  "Okay." Jacob me remis sur pieds et attendit.
Mes jambes se dérobèrent. Sam me rattrapa dans ma chute; instinctivement, je luttai contre ses mains.
Jacob m'attrapa de nouveau, m'écartant de Sam et me balançant dans ses bras. Il était ridiculement fort pour son âge. Je fronçai furieusement les sourcils quand Sam passa à nouveau les couvertures autour de moi.
"Paul, tu as toujours ce poncho?"
Un autre garçon s'avança sans dire un mot et ajouta une couche de plastique sur les couvertures.
Ce fût à ce moment là, enveloppée dans des couches de protection, que je réalisai que Sam et les autres n'étaient pas plus vêtus que Jacob. J'avais pensé que Jacob avait déchiré ses vêtements après avoir sauté à ma suite, mais ils étaient tous nu-pieds et torse-nus, portant seulement un short ou un jean coupé aux genoux, trempé par la pluie. Des gouttes tombaient de leurs cheveux et ruisselaient le long de leurs torses couleur caramel; ils ne semblaient pas s'en apercevoir. Sous ma pile de couvertures, je tremblais sans pouvoir me contrôler et me sentais comme un petit enfant ridicule.
"Allons-y," ordonna Sam, et tous sortirent de la grotte.
Il y avait un sentier qui partait de la plage. Ils gravirent agilement le chemin escarpé, Jacob aussi rapidement que les autres. Personne ne se proposa de l'aider, et il ne demanda rien. Cela ne paraissait pas embêter Jacob de ne pas avoir les mains libres. Il ne trébucha à aucun moment.
Sam et les trois autres étaient devant nous, et, tandis que je les regardais escalader avec l'agilité de chamois en plein montagne, je fus surprise de constater à quel point ils se fondaient dans le paysage. Ils se mêlaient harmonieusement avec les couleurs des rochers et des arbres, le mouvement du vent; ils ne fai
Je jetai un coup d'œil furtif vers Jacob, lui aussi semblait  faire corps avec le reste. Les nuages, l'orage et la forêt encadraient son visage de façon parfaite. Il paraissait encore plus naturel, plus à l'aise, bien plus que le Jacob heureux qui travaillait dans son garage fait-maison, encore plus que dans son petit royaume. C'était perturbant.
Nous atteignîmes le sommet, un peu plus bas sur la route que là où je m'étais aventurée. Je pouvais voir une vague bosse, de couleur rouille, un peu plus au Sud, et je devinai qu'il s'agissait de ma camionnette.
Je voulais essayer de marcher à nouveau, mais Jacob ignora mes murmures plaintifs. Ils s'arrêtèrent à l'orée de la forêt, comme s'il leur était plus facile de se mouvoir parmi les arbres plutôt que le long de la route. Et ils bougeaient vite; mon camion se rapprochait plus rapidement qu'il ne l'aurait dû.
"Où sont tes clés?" Jacob demanda tandis qu'on se rapprochait. Sa respiration était toujours calme et régulière.
"Dans ma poche," je répondis automatiquement avant de réaliser ce qu'il voulait dire.
"File-les moi."
Je lui jetai un regard furieux, mais son visage était impassible et déterminé. Renfrognée, j’enfonçai ma main dans mon jean trempé et en sortis ma clé. Je me débattis avec les couvertures pour libérer ma main. Je lui tendis la clé.
"Pour toi ou pour Sam?" demandai-je, aigrie.
Il roula des yeux. "Je vais conduire."
Dans un soudain et rapide mouvement, il inclina sa tête vers moi et saisit la clé de ma main avec ses dents.
"Hé!" objectai-je surprise, sursautant dans ses bras.
Il esquissa un sourire ironique, la clé dans la bouche.

Nous étions arrivés à la camionnette maintenant; Sam ouvrit la porte du côté passager et Jacob me poussa à l'intérieur. Jacob fit le tour jusqu'au côté passager tandis que le reste d'entre eux s'empilait à l'arrière. Jacob mit le moteur en marche et alluma le chauffage, tournant  les volets pour que la chaleur vienne de mon côté. Je jetai un œil coupable dans le rétroviseur, vers ses amis qui étaient assis sans bouger, à moitié nus sous la pluie battante.
"Et puis qu’est-ce que tu faisais dehors, de toutes façons?" demandai-je à Jacob. "T’étais en train de nager au milieu de l'ouragan, toi aussi?"
               "Nous courrions," répondit-il brièvement.
               "Sous la pluie?"
"Oui... heureusement pour toi."
Je ne dis plus un mot et regardai au delà de la vitre.
Nous ne retournions pas sur la 110 comme je le pensais, mais plutôt vers chez les Black.
"Pourquoi tu me ramènes chez toi?"
"Je vais chercher ma moto pour la mettre à l'arrière pour le trajet du retour - à moins que tu veuilles me laisser ta camionnette."
"Oh."
"Et puis, je voulais que Billy te voit. Je veux pas que Charlie entende parler de cette histoire avant de te savoir complètement okay. Il m’arrêterait sûrement pour tentative de meurtre ou un truc du genre," ajouta t-il avec amertume.
"Ne sois pas stupide," rétorquai-je.
"Okay," admit-il. "On a déjà eu une bonne dose de stupidité ce soir... sauté de la falaise!"
Je rougis et regardai droit devant moi.
Jacob me porta dans la maison. Les autres suivaient en silence. Le visage de Billy était sans expression.
"Que s'est-il passé?" demanda t-il, dirigeant sa question vers Sam plutôt que vers son propre fils. Je lui jetai un regard noir.
"J’ai plongé du haut de la falaise," dis-je rapidement, avant que Sam ne puisse répondre.
Billy leva un seul sourcil et garda ses yeux sur Sam.
"Elle est gelée, mais je pense qu'elle ira mieux avec des vêtements secs," dit Sam.
Jacob m'installa sur un petit canapé, qu'il poussa rapidement  près du chauffage. Les pieds du canapé crissèrent bruyamment sur le parquet de bois. Puis il disparut dans sa minuscule chambre.
Billy ne dit rien au sujet de son fils trempé, ni de n'importe lequel d'entre eux. Personne ne semblait se préoccuper d'une éventuelle hypothermie autre que la mienne.
Je me sentais mal en pensant au fait que je trempais le sofa, mais je n’arrivais pas à garder ma tête assez droite pour que mes cheveux mouillés épargnent le tissu du canapé. Même les grandes et inquiétantes silhouettes qui remplissaient la pièce étroite, alignées le long des murs sans bouger, n’arrivèrent à me faire garder les yeux ouverts. Je me sentais enfin réchauffée près du radiateur bourdonnant, et mes poumons me faisaient mal d'une façon qui me poussait vers l'inconscience plutôt que de me laisser éveillée.
"Je ne devrais pas la réveiller pour la changer?" entendis-je Jacob murmurer, s'adressant sans doute à Sam.
"Comment est sa peau?" demanda la voix profonde de Sam. Je voulais lui envoyer un autre regard noir, mais mes yeux ne daignaient plus s'ouvrir.
Les doigts de Jacob effleurèrent légèrement ma joue.
"Chaude."
"Laisse-la dormir alors, je pense."
J'étais contente qu'ils me laissent enfin tranquille.
"Charlie?" demanda Jacob.
Billy répondit cette fois-ci. "Il viendra sûrement ici en premier. Attendons que l'orage passe pour l'appeler."
Bonne réponse, pensai-je. J'étais là, entourée par des hommes étranges que j'avais appris à craindre, mais je me sentais paradoxalement en sécurité et au chaud.
Quelqu'un parla, une voix que je ne connaissais pas. "Vous voulez que nous y retournions tous les trois?"
Il y eut une pause. "Je pense qu'il vaut mieux oui," dit finalement Sam. "L'orage est une couverture parfaite, on ne sera pas pris au dépourvu."
"Trois ça suffit?" demanda Billy, soudainement tendu.
Quelqu'un eut un rire guttural. “Aucun problème."
"S'il n’y en a qu’un," corrigea sévèrement Sam. Personne ne répondit, mais j'entendis la porte s'ouvrir.
"De la retenue, mes frères," Sam parlait à nouveau, comme quelqu'un faisant ses adieux. "Soyez rapides et confiants."
Je fus légèrement réveillée par cet échange de paroles, mais je gardais ma respiration régulière.
"Frères," les autres répétèrent à l'unisson. J'entendis la voix de Jacob se joindre aux autres.
La porte se referma doucement. Il n'y eût plus aucun bruit pendant un long moment, et la chaleur me dirigea à nouveau vers l'inconscience. J'étais sur le point de succomber quand Sam parla calmement.    
"Tu ne veux pas la quitter."
"Si elle se réveillait, je pense qu'elle aurait peur de toi." Jacob semblait sur la défensive.
"Tu ne peux pas faire ça, Jacob. Sauver sa vie était la chose à faire aujourd'hui, bien sûr. Mais tu ne peux pas la garder près de toi."
Je dus me mordre la langue pour stopper la réponse acide que je voulais lui balancer. Mais il paraissait plus important d'écouter maintenant.
"Sam... Je... Je pense que je peux y arriver. Je pense que ce serait sûr."
"Un seul moment de colère, c'est tout ce qu'il faudrait. A quel point t’en es-tu rapproché hier après-midi?"
Jacob ne répondit pas.
"Je sais à quel point c'est dur."
"Je sais que tu sais," approuva Jacob.  Non, je voulais lui crier. Ne t’écrase pas comme ça!
"Sois patient," Sam lui conseilla. "Dans un an ou deux..."
"Elle sera partie," Jacob conclut amèrement.
"Elle n'est pas pour toi," Sam dit gentiment.
Jacob ne répondit rien, et j'étais tiraillée. Je détestais tomber d'accord avec Sam sur quoi que ce soit. Et je ne voyais pas pourquoi cela devait rendre notre amitié hors-la-loi.
Il faisait trop doux pour que je puisse me concentrer, et dans le silence qui suivit cet échange, je perdis le combat contre mon esprit fatigué. Tout près, j'entendis une voix exquise qui fredonnait une berceuse familière, et je sus que je m’étais endormie. ***

Notes de l'auteur : La partie précédente semblait une bonne introduction à l'épilogue d'origine de New Moon.
Alors que l’on avance dans cet univers alternatif, souvenez-vous bien que, si Bella sait qu'il y a quelque chose qui cloche avec Jacob, elle n'a toujours aucune idée qu'il s’agit d’un loup-garou. Dans l'épilogue, elle et Edward sont ensemble à Forks à nouveau, et les choses sont de retour à la normale...


Epilogue - Humain

C'était l'une de ces rares journées ensoleillées, celles que j’aimais le moins. Mais Edward ne pouvait pas tenir sa promesse à chaque minute. Il avait des besoins.
“Alice pourrait rester encore une fois,” avait-il proposé, tard le vendredi soir. Je pouvais voir l’anxiété derrière son regard - la peur de me voir péter un plomb quand il me laissait seule et que je fasse quelque chose de stupide. Comme aller chercher ma moto à La Push, ou jouer à la roulette russe avec le pistolet de Charlie.
“Tout se passera bien," dis-je avec un faux air assuré. Tant de mois à prétendre que tout allait bien avait amélioré mon don pour tromper les gens.  "Vous avez besoin de manger, vous aussi. Autant se replonger dans la routine."
Presque tout était revenu à la normale, en moins de temps que je l'aurais cru possible. L'hôpital avait accueilli Carlisle à nouveau, les bras grands ouverts, ne se préoccupant pas le moins du monde du simple fait qu'Esme n'avait pas trouvé Los Angeles à son goût.  A cause de l'examen de Maths que j'avais raté pendant mon escapade, Alice et Edward étaient mieux placés que moi pour avoir leur bac. Charlie n'était pas content de moi - ni même de parler à Edward -  mais au moins Edward avait la permission de revenir à la maison. Je n'avais juste pas la permission d'en sortir.

"J'ai toutes ces dissertations à rédiger, de toutes façons," soupirai-je, montrant les piles de candidatures pour l’université -  Edward en avait récupéré une dans chaque établissement qui lui paraissait correct et dont la date limite d'inscription était toujours ouverte -  qui étaient posées sur mon bureau. "Je n'ai pas besoin de distractions."
"C'est vrai," dit-il avec une sévérité teintée de moquerie. "Tu as plus que de quoi t'occuper. Et je serai de retour quand il fera de nouveau nuit."
"Prends ton temps," lui dis-je légèrement, et je fermais mes yeux feignant d’être fatiguée.
J'essayais de le convaincre que je lui faisais confiance, ce qui était le cas. Il n'avait pas besoin de savoir pour les cauchemars zombiesques. Ils ne reflétaient pas mon manque de confiance en lui - mais plutôt de la confiance que je n’accordais toujours pas.
Charlie resta à la maison, ce qui était plus qu’anormal pour un samedi.  Je travaillais mes candidatures sur la table de la cuisine de façon à ce qu'il puisse garder un œil sur moi plus facilement. Mais j'étais ennuyeuse à mourir à regarder, et il finit par ne quitter que rarement la télé des yeux, pour vérifier si j'étais encore là.
J'essayais de me concentrer sur les formulaires et les questions, mais c'était dur. De temps à autres je me sentais seule; ma respiration s'emballait et je devais me battre pour me calmer.
Je sentais comme cette petite machine qui pouvait... - sans cesse je dus me dire à moi-même, tu peux y arriver, tu peux le faire, tu peux le faire.
Alors, quand la sonnette de la porte retentit, la surprise fût plus que bienvenue. Je n'avais aucune idée de qui cela pouvait être, et je m'en fichais à vrai dire.
"J'y vais!" braillai-je, m'échappant de la table.
"Okay," dit Charlie d'un ton absent.  Quand je traversai le salon en courant, il était clair qu'il n'avait pas bougé d'un pouce.
J'arborais déjà un sourire de soulagement et de bienvenue, prête à éblouir tout démarcheur à domicile ou bien tout Témoin de Jéhovah.
"Salut, Bella," Jacob Black me renvoya un sourire malicieux, quand la porte s'ouvrit.
"Oh, Jacob, salut," marmonnai-je, surprise. Je n'avais plus entendu parler de lui depuis que j'avais réussi à rentrer d'Italie vivante. J'avais accepté son dernier au revoir comme un point final. Cela faisait mal quand j'y repensais, mais pour être tout à fait honnête, mon esprit avait été trop occupé avec d'autres choses pour qu'il me manque autant qu'il aurait dû.
"Tu es libre?" demanda t-il. Le ton amer dans sa voix n'avait pas disparu, et il disait cela avec beaucoup de ressentiment.
"Ca dépend." Ma voix devint acide, imitant la sienne. "Je ne suis si occupée, mais par contre je suis assignée à domicile. Finalement pas si libre que ça, donc."
"Mais tu es seule, sinon, pas vrai?" clarifia t-il sarcastiquement.
"Charlie est là."
Son sourire s'allongea. "J'aimerais te parler en privé... si c'est possible."
Je levai mes mains en l'air, impuissante. "Tu peux demander à Charlie," répondis-je, masquant mon triomphe. Charlie ne me laisserait jamais sortir de la maison.
"Ce n'est pas ce que je voulais dire." Ses yeux sombres soudain redevenus plus sérieux. "Je ne demandais pas la permission à Charlie."
Je lui lançai un regard furieux. "Mon père est la seule personne qui peut me dire ce que je peux ou ne peux pas faire."
"Si tu le dis," il haussa des épaules. "Salut Charlie!" cria-t-il au dessus de mes épaules.
"C'est toi, Jake?"
"Ouais. Est-ce que Bella peut faire une petite ballade avec moi?"
"Bien sûr," répondit Charlie naturellement, et mon sourire plein d'attente, s'attendant à un refus, se changea alors en une moue renfrognée.  
Jacob haussa ses sourcils comme pour me narguer.
Le regard railleur que me lançait ses yeux me fît réagir plus vite que je ne l'aurais fait habituellement. J'étais au dehors en moins d'une seconde, refermant la porte derrière moi.
"Où est ce que tu veux aller?" demandai-je, faussement ravie.
Pour la première fois, il paraissait moins sûr de lui. "Vraiment?" demanda t-il. "Tu seras vraiment seule avec moi?"
"Evidemment," dis-je, fronçant les sourcils.  "Pourquoi pas?"
Il ne répondit pas. Il me dévisagea pendant une longue minute avec des yeux surpris et suspicieux.
"Quoi?" demandai-je.
"Rien," marmonna t-il. Il commença à marcher vers la forêt.
"Allons plutôt de ce côté-ci," suggérai-je, lui indiquant l'angle ouest de la rue en contrebas. J'en avais eu assez de cette partie de la forêt, et ça ne risquait pas de me manquer avant longtemps.
Il me jeta un regard furtif, redevenu méfiant. Puis il haussa les épaules pour lui-même et marcha d'un pas tranquille sur le trottoir vers la route en contrebas.
C'était à son tour de parler, et je me tus, même si j'étais de plus en plus intriguée.
"Je dois dire que je suis surpris," reprit-il enfin quand nous étions à mi-chemin du virage. "Est-ce que le petit suceur de sang ne t'a pas tout raconté?"
Je me retournai brusquement et reprit le chemin de la maison.
"Quoi?" demanda t-il, confus, rattrapant mon pas énervé d'un trait.
Je m'arrêtai et lui jetai un regard furieux. "Je ne te parle pas si tu comptes être insultant."
"Insultant?" il cligna des yeux, surpris.
"Tu peux appeler mes amis par leurs vrais prénoms."
"Oh." Il semblait toujours un peu surpris que je trouve le surnom qu’il avait utilisé offensant.  "Alice alors, ça te va?  Je peux pas croire qu'elle ne t'ait toujours rien dit."  Il reprit son chemin vers le bas de la route et je le suivis à contrecœur.
"Je ne sais pas de ce dont tu veux parler."
"Ca te fatigue pas, au bout d’un moment, de jouer à être stupide?"
"Je ne joue pas," dis-je amèrement. "Apparemment, je suis vraiment stupide."
Il me dévisagea patiemment. "Humpf," marmonna t-il.
"Quoi?" demandai-je.
"Elle ne t'a vraiment rien dit à propos de moi?"
"A propos de toi? Qu'est ce qu'il y a à propos de toi?"
Il fronça les sourcils un instant tandis qu'il scrutait mon visage à nouveau. Puis il secoua sa tête en signe de résignation et changea de sujet.
"Est-ce qu'ils t'ont déjà demandé de choisir?"
Je sus précisément ce qu'il voulu dire.
"Je te l'ai dit qu’ils ne feraient pas ça. Tu es le seul qui est obsédé par le fait de choisir un camp."
Il émit un rictus, et ses yeux se rétrécirent. "Nous verrons bien."
De façon soudaine, il se pencha et me saisit dans ses bras, dans une accolade d'ours, soulevant mes pieds du trottoir.
"Lâche-moi!" luttai-je futilement. Il était trop fort.
"Pourquoi?" riait-il.
"Parce que je ne peux plus respirer!"
Il me lâcha, reculant d'un pas avec un sourire espiègle sur son visage.
"Tu prends des drogues," accusai-je, baissant mes yeux de gêne, faisant comme si je lissais mon t-shirt.
"N'oublie juste pas que je t'avais prévenue,"  grimaça t-il avec satisfaction, se penchant à nouveau - pas assez loin - entourant mon visage de ses grandes mains.
"Um, Jacob..." protestai-je, ma voix montant d'une octave, me couvrant la bouche de façon infantile  avec une main.
Il m'ignora, inclinant sa tête pour écraser ses lèvres sur mon front pendant une longue seconde. Le baiser semblait avoir commencé comme une blague, mais son visage était fâché quand il le releva.
"Tu devrais me laisser t'embrasser, Bella," dit-il en s'écartant, ses mains relâ-chant leur étreinte.
"Tu pourrais même aimer ça. Quelquechose de plus chaud pour changer."
"Je t'avais prévenu dès le début, Jacob."
"Je sais, je sais," soupira t-il. "C'est ma faute. C'est moi qui n'ai pas su tenir la grenade."
Je regardais vers le sol, mordant ma lèvre.
"Tu me manques toujours, Bella," dit-il.  "Beaucoup.  Et puis, juste quand on aurait pu au moins être amis à nouveau, il revient."
Je lui jetais un regard. "S'il n'y avait pas Sam, nous serions amis de toutes façons."
"Tu le penses vraiment?" Jacob sourit soudainement, et le sourire était arrogant.  "Ok, alors je laisse la décision entre ses mains."  Il était clair qu'il ne faisait pas référence à Sam.  
"Qu'est ce que tu veux dire?"
"Je serai ton ami - si ça ne lui pose pas de problème," proposa Jacob, et puis il se mit à rire comme s'il s'agissait d'une excellente blague.
Je fronçais les sourcils, mais je n'allais pas passer à côté de cette occasion inattendue. "Très bien." Je tendis la main devant moi. "Amis."
Il me serra la main avec un rictus. "La part d'ironie c'est que - s'il te laisse être mon amie," il grommela en dérision, "ça pourrait probablement marcher. Je suis plus fort à ça que le reste d'entre eux. Sam dit que je suis du genre naturel." Il fit une moue indignée.
"Du genre naturel de quoi?" demandai-je perdue.
"Je laisse le soin au suceur de sang de te le dire - quand il t'expliquera pourquoi tu n'es pas autorisée à être amie avec moi." Jacob rit à nouveau.
Je me retournai automatiquement, mais il m'attrapa par l'épaule.
"Désolé. Ca m'a échappé. Je voulais dire... Edward, bien sûr."
"Bien sûr. N'oublie pas que tu as passé un accord," lui rappelai-je sombrement.
"J'essaierai de respecter ma part du contrat, ne t'en fais pas." Il gloussa.
"Je vois toujours pas pourquoi c’est si marrant," dis-je, me plaignant.
"Tu verras."  Il continua de rire.
"Même si je peux pas garantir que tu trouveras ça marrant."
Il continua de se balader mais de retour vers la maison, et je devinai qu'il avait finit de me raconter tout ce qu'il avait prévu de me dire.
"Comment va Sam?" demandai-je d'un ton fade.
"Pas très content, comme tu peux t'en douter," dit il, de fait. "Tu ne peux pas attendre de nous qu’on soit super heureux de revoir les vampires débarquer en ville."
Je le fixais, mon visage glacé par le choc.
"Oh, allez, Bella," grogna t-il, roulant des yeux.
J'haussais les sourcils et regardait ailleurs, tandis qu'il gloussait à nouveau. Mon humeur s'embrasa.
"Et comment va Quil?" le raille-je.
Son expression se transforma tout à coup en un regard noir.  "Je ne le vois pas beaucoup," grogna t-il.
"Tant mieux."
"C'est qu'une question de temps," dit il avec un ton dégoûté, énervé. "Maintenant."
"Maintenant quoi?
"Que tes amis sont de retour."
Nous nous fixâmes pendant un moment.
"Je ne peux pas te parler quand tu te comportes comme ça," objectai-je finalement.
Je ne m'attendais pas à ce qu'il recule, mais il le fît.
"Tu as raison. Je ne suis pas très sympa, hein? Je ne devrais pas bousiller ce moment -  c'est probablement la dernière conversation qu'on aura."
"Ca va être vraiment amusant de prouver que tu as tort," marmonnai-je.
"C'est marrant. Je ne pense pas que moi, ça va beaucoup m’amuser de te prouver à quel point tu as tort."
Nous étions de retour à la maison. Jacob m'accompagna jusqu'au porche, puis s'arrêta.
"Est ce qu'il rentre bientôt?" Jacob demanda nonchalamment.
"Edward, tu veux dire?"
"Oui... Edward." Ca paraissait dur pour lui de prononcer ce nom. Il avait eu moins de problème avec 'Alice'.
"Un peu plus tard," dis-je évasivement.
Jacob plissa les yeux vers le soleil, qui rayonnait à travers de fins nuages de façon inhabituelle.
"Ah," dit il, sous-entendant qu'il avait compris. "Dis lui 'salut' de ma part."
Lâcha t-il avec un autre long éclat de rire.
"Bien sûr," râlai-je .
"Je peux pas te dire à quel point j'aimerai que tu puisses comprendre cette blague là," dit-il quand il eût fini, son sourire disparaissant.
"La Push c'est mortel sans toi."
Si rapidement que j’en eus le souffle coupé, Jacob jeta à nouveau ses bras autour de moi.
"Bye, Bella," marmonna t-il, expirant chaudement dans mes cheveux.
Avant que je ne puisse me ressaisir et lui répondre, Jacob se retourna et se dirigea vers le bas de la rue, ses mains fourrées dans les poches de son jean. Ce fût seulement à ce moment-là que je me demandais comment il avait fait pour venir jusqu'ici. Il n'y avait pas la moindre trace d'un véhicule. Mais ses longues jambes le portèrent si loin que j'aurais dû crier pour lui demander. Et puis j'étais sûre qu'il rencontrerait Sam quelque part dans les parages.
Il me semblait que tout ce que je pouvais encore faire avec Jacob était de lui dire au revoir. Je soupirais.
Charlie ne me jeta même pas un regard tandis que je passais près de lui.
"C'était bref," remarqua t-il.
"Jacob jouait les morveux," lui répondis-je.
Il rit un court instant, les yeux rivés sur la télé.
Sur ce, je pris mon boulot avec moi dans ma chambre, déterminée à me mieux me concentrer dessus. Je savais que si je restais dans la cuisine, je ne pourrais pas détacher mes yeux de l'horloge au dessus de la cuisinière avant un bon moment. Dans ma chambre, j'avais juste à débrancher le réveil pour résoudre ce problème. J'avais déjà rempli 5 formulaires, prêts à être postés, quand le bruit de la pluie attira mon attention. Je regardais au dehors de la fenêtre. Apparemment, le beau temps en avait eu assez. Je souris fugitivement, et repris à la question suivante. J'avais toujours de longues heures devant moi.
Quelque chose de dur m'attrapa par la taille et me projeta hors du lit. Avant que je puisse reprendre mon souffle pour crier, mon dos était collé au mur du fond de ma chambre. J'étais maintenue là par quelque chose de dur et froid - et familier. Un grognement bas et alerté sorti d'entre ses dents.
"Edward, qu'est-ce qui ne vas pas? Qui est là?" murmurai-je terrorisée. Il y avait tant de mauvaises réponses à cette question. Il était trop tard. Je n'aurais jamais dû les écouter, j'aurai dû laisser Alice me changer dès que possible. Je commençais à hyper ventiler de peur.
Puis soudain Edward dit, "Hmm," avec une voix qui ne semblait pas le moins concernée. "Fausse alarme."
Je repris une profonde, calme respiration. "Ok."
Il se tourna vers moi, reculant un peu pour me laisser de l'espace. Il mit ses mains sur mes épaules, mais ne me serra pas contre lui. Ses yeux scrutaient mon visage, et son nez parfait se plissa un peu.
"Désolé pour ça," il sourit d'air piteux. "J'ai un peu paniqué."
"A quoi?" me demandai-je.
"Dans une minute," promit-il. Il fit un pas en arrière et me regarda avec une étrange expression que je ne pouvais déchiffrer. "Premièrement, pourquoi tu ne me dirais pas plutôt ce que tu as fait aujourd'hui?"
"Ca allait," dis-je sans respirer. "J'en suis à la moitié."
"Seulement la moitié?" taquina t-il, ses yeux me parcourant encore avec cet étrange regard.
"Tu es revenu tôt.  Pas que je me plaigne." Maintenant que j'avais réussi à dépasser le moment de panique, je pouvais sentir le déferlement de bonheur qui arrivait à l'intérieur de moi. Il était revenu.
"Est-ce que tu as fait autre chose?" continua t-il, comme dans l'attente.
J'haussai les épaules. "Jacob Black est passé."
Il acquiesça, pas le moins surpris. "Il a choisi le bon moment. Je suppose qu'il a dû attendre que je m'en aille."
"Sûrement," admis-je, soudain anxieuse. "Parce que, Edward, il... et bien, il semble qu'il soit au courant de tout. Je ne sais pas pourquoi il a commencé à croire Billy juste maintenant -"
"Je le sais," marmonna t-il.
"Comment ça?" demandai-je, prise de court.
Mais Edward s'était éloigné, son visage distant et pensif.
Je commençai à m'énerver. "C'est si fatiguant. Est-ce tu vas finir par me dire ce qui se passe?"
"Peut-être," mais il hésita. "Est ce que je peux te demander une faveur d’abord?"
Je grognai. "D'accord." J'allais m'asseoir sur le lit, essayant de rassembler les papiers éparpillés.
"Qu'est que tu veux?" Il savait qu'il y avait peu de choses que je ne ferai pas pour lui. Demander en devenait même superflu.
"J'apprécierai vraiment beaucoup si tu me faisais la promesse de te rester loin de Jacob Black.
Juste pour le bien de ma tranquillité."
J'étais bouche bée. Je le regardais avec une incrédulité horrifiée. "Tu blagues," dis je sans pouvoir le croire.
"Non, je ne blague pas." Il me regardait avec un regard sombre. "Tu as failli me donner une attaque il y a un instant - et ce n'est pas la chose la plus facile à faire."
Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire par là, seulement qu'il était en train de faire exactement l’inverse que je pensais qu’il ferait.  "Tu n'es pas sérieux. Tu ne peux pas honnêtement me demander de choisir un camp."
"Choisir un camp?" me demanda t-il, levant les sourcils.
"Jacob a dit que je devrais choisir, que tu ne me laisserais pas être amie avec lui - et je lui ai répondu que c'était ridicule."  Je le regardais avec des yeux implorants - l'implorant avec toute la confiance que j’avais en lui.
Ses yeux se rétrécirent lentement. "Autant que je hais profondément donner raison à Jacob Black..." commença t-il.
"Non!" je gémis. "Je n'y crois pas!"  Je donnais un coup de pied énervé et ma pile de formulaires bien nette retomba à nouveau sur le sol.
Ses yeux devinrent froids. "Tu pourrais choisir l'autre camp", me rappela t-il.
"Ne sois pas idiot!" grognai-je.
"Je n'avais pas réalisé à quel point il était important pour toi," dit Edward avec une voix sombre. Ses yeux se plissèrent à nouveau.
"Tu ne peux pas être jaloux,"  marmonnai-je incrédule.
Il renifla, puis plissa son nez à nouveau. "Eh bien, il semblerait qu'il se soit bien rapproché cet après-midi."
"Ce n'était pas mon idée." Mais je rougis.
Il s'en aperçu. Et leva un sourcil.
"Il n'y a aucune et n'aura jamais aucune raison pour toi d'être jaloux de qui ou de quoi que ce soit.
Comment peux-tu en douter?  Mais Jacob est important pour moi. Il est le meilleur ami humain que j'ai. Il fait partie de la famille. S'il ne s'agissait pas de Jacob..."  Je perdis mes mots, en secouant ma tête. Etre morte n'était pas la pire des choses que je pouvais être sans Jacob.
"Meilleur ami humain,"  Edward répéta très doucement, regardant de façon absente au travers de ma fenêtre pendant une seconde puis se retournant vers moi. Il vint s'asseoir près de moi sur le lit, tout en laissant un petit espace entre nous, ce qui me surprit. "Je dois admettre, je lui dois une fière chandelle -  au moins une - pour t'avoir sauvé du tombeau des eaux.  Malgré tout ça, je... préférerais que tu gardes tes distances.  Que je sois jaloux ou pas, ça n'est pas le problème. Mais tu dois comprendre que la seule chose qui importe vraiment pour moi maintenant, c'est ta sécurité."
Je clignais mes yeux de surprise. "Sécurité? Enfin qu'est ce que tu veux dire par là?"
Il soupira, renfrogné. "Ce n'est pas à moi de te révéler ce secret. Pourquoi tu n'as pas demandé à Jacob ce qui passait?"
"Je l'ai fait."
Il mit un doigt sur sa bouche, me rappelant de ne pas parler trop fort.
"Je l'ai fait, encore et encore," continuai-je énervée, mais un ton plus bas. "Et Jacob a dit, 'Je laisse le soin au suceur de sang de te le dire - quand il t'expliquera pourquoi tu n'es pas autorisée à être amie avec moi.' "
Il roula des yeux, alors je continuai.
"Il a aussi dit de te dire 'Salut' " ajoutai-je, utilisant le même ton moqueur que Jacob avait utilisé.
Il secoua sa tête, puis sourit d'un air piteux. Il posa ses mains sur mes épaules, me tenant un peu à distance, comme si il voulait avoir un meilleur aperçu de mon expression.
 "Très bien, dans ce cas," dit-il. "Je vais tout te dire. En fait, je vais tout t'expliquer dans le détail et je répondrai à la moindre de tes interrogations. Seulement, peux-tu faire un petit quelque chose pour moi d'abord?" Il souleva ses sourcils, s'excusant presque, et plissa son nez à nouveau.
"Pourrais-tu aller te laver les cheveux? Tu empestes littéralement le loup-garou."

Note de l'auteur : Je dois admettre, j'ai toujours un petit faible pour cette dernière phrase.
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Message par Ange Mer 3 Mar 2010 - 15:54

Note de Stephenie Meyer :
C’est une drôle d’histoire – en fait j’ai écrit cet extrait comme une blague. J’ai lu quelque chose sur le site Twilight Fanfiction, et le concours “Mettez-vous à ma place”, et j’ai dit à Alphie (une célébrité du Lexicon) que j’y participerais peut-être, pour m’amuser. Elle m’a dit que ça ne marcherait jamais, Pelirroja me reconnaîtrait en une seconde. Je pariai que Pel ne m’aurait pas, et Alphie paria le contraire. Donc, j’ai écrit cette portion de New Moon (NdT : Tentation) du point de vue de Rosalie (ce fut très intéressant d’être dans la tête de Rosalie !), et je l’ai envoyée, gloussant de ma propre blague. Pour finir, la blague s’est retournée contre moi. Ma participation à été perdue dans le cyberespace et Pel ne l’a jamais su. Donc, j’imagine qu'Alphie et moi ne connaîtrons jamais le vainqueur de notre pari... sauf si Twilight Fanfiction organise un autre concours...
Voici donc ma blague loupée, le coup de téléphone entre Alice et Rosalie dans le chapitre 18 de New Moon.
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