[Guibé, Mathieu] Germ-in-es[sens]ce

Germ-in-es[sens]ce est un petit recueil de nouvelles aux styles et ambiances variés mais dont le thème central est toujours l'identité, la quête de soi.

Le Bug Humain ouvre cette série d'histoires sur un ton SF qui rappelle un peu 1984 d' Orwell. L'auteur nous dépeint un monde où chacun est contrôlé et programmé comme le sont nos ordinateurs. Un "et si..." nous étreint alors, angoisse d'un futur possible. Dans son intrigue, un homme va se réveiller à sa propre conscience et tout va basculer. Si le thème est intéressant, son traitement l'est tout autant avec une alternance de récit à la première personne et des extraits de journaux et compte-rendus. Le style est fluide et on se laisse embarquer facilement. Une délicieuse mise en bouche !

V.M. Location vient ensuite et apporte un souffle plus léger. Ici l'histoire est placée sous le signe de l'humour, mais de cet humour où l'on rit du pathétique. En effet, le personnage qui s'est improvisé Super Héros est à la fois drôle et touchant et nous laisse au fond de la bouche un petit goût de dérisoire.

L'ennemi dans la glace change de ton, avec un récit vampirique... de la romance. Banal, me direz-vous ? Et bien pas du tout ! L'auteur s'appuie sur l'idée de l'image et de l'identité pour nous servir une histoire émouvante et originale. Une star de ciné qui ne se reconnait plus dans tous ses personnages incarnés et un vampire qui s'est perdu en oubliant le reflet de son propre visage... Ici, il est question du vide de l'âme et de la solitude. La rencontre de ces deux êtres meurtris est touchante, poignante même, et le dénouement est juste grandiose ! La double narration apportant une profondeur supplémentaire aux personnages.

Dans "Dans l'ombre d'un géant" , il est question d'amitié entre les membres d'un groupe de rock. On assiste avec tristesse à la lente agonie née de la maladie mais les thèmes de l'amitié, du sacrifice de soi et de la générosité en font une histoire vibrante d'émotions et qui malgré sa mélancolie et sa tragédie, dégage quelque chose de résolument positif.

Lis-moi est une nouvelle qui parle de romance mais aussi du handicap. Sujet délicat et périlleux mais l'auteur s'en sort avec brio. Tout y est juste et mesuré et si encore il y souffle un vent de tragédie et de désespoir, on ne tombe pas dans le pathos exagéré. Là encore, on souffre avec les personnages, on pleure mais l'amour peut braver n'importe quel obstacle et guérir toutes les blessures.

L'arc-en-ciel en braille clôt ce recueil d'une bien jolie manière. Nous retrouvons ce thème de l'amitié cher à l'auteur, mais aussi cette espèce de force positive qui affleure plus ou moins tout au long de ces histoires. Encore une fois, on est touché et la fin est juste si bien trouvée ! (à noter que cette nouvelle a eu le prix Odette Massfelder)

Mathieu Guibé a une plume sensible et généreuse qui vous fera ressentir une palette d'émotions riches et intenses. Et si la douleur vous étreint parfois, l'espoir n'est jamais très loin. C'est, somme toute, cela la plus grande force de ce livre, vous faire croire envers et contre tout à cette lumière qui brille et qu'il nous faut trouver au fond de nous.

Super Avis !
C’est Atalan qui va être content !

Au fait, ce sujet n’aurait-il pas plus sa place dans l'une des sections de l’imaginaire ?

OUIIIII je suis content :) !! Il est toujours très gratifiant de voir que mes modestes écrits ont pu toucher quelqu'un ^^ Merci Azylis.
Pour la place du post, j'avoue que moi-même je m'y serais perdu vu qu'on passe de la SF à un histoire d'amitié dénuée de tout élément imaginaire, en passant par une nouvelle vampirique...
J'ai essayé justement de laisser plusieurs fenêtres ouvertes avec ce recueil pour permettre aux lecteurs de choisir celle qui leur plairait le mieux pour pénétrer dans mon univers :) Mais je suis content de voir que chacune de ces histoires fait ressentir sa propre force. ^^

^^