[Woodiwiss, Kathleen E.] La rivière de la passion

Résumé : 1747, Virginie. Les prisonniers enchaînés s'apprêtent à débarquer et les acheteurs se pressent sur le quai. Pourtant, la qualité de la marchandise laisse à désirer : les condamnés semblent à bout de forces. L'idée d'acheter un être humain a toujours paru révoltante à Gage Thornton. Mais il est veuf et ne peut s'occuper seul de son fils de deux ans. Quoique le confier à une criminelle ne soit guère judicieux... Il est sur le point de renoncer lorsque son regard se pose sur une captive à l'éclatante crinière rousse. Malgré les loques dont elle est vêtue, il émane d'elle une indéniable distinction. Et une troublante sensualité...

Mon avis :

Petit coup de cœur pour ce livre ! Je ne m’attendais peut-être pas à être si positivement surprise !
Ce que j’ai apprécié dans ce roman, c’est que la romance ne prend pas toute la place, bien au contraire, elle est discrète et solidement construite grâce à un scénario de qualité. Les deux héros ont chacun (sans forcément le savoir) beaucoup d’ennemis, et leur « couple » (au sens de maître et esclave et non d’amants bien sûr) va attirer encore plus l’attention et la haine sur eux. On sait que Shemaine était une petite fille gâtée avant d’être condamnée à être vendue, mais nous la découvrons directement sur le bateau vers les Amériques, endurcie par les maltraitances et les privations subies. Gage lui aussi a un passé en Angleterre, mais ce n’est bien loin dans le roman que l’on en saura un peu plus. Mais on aurait pu se passer de ce passif anglais, puisque sa vie en Amérique est vraiment déjà très lourde : veuf depuis deux ans d’une femme qu’il a sincèrement aimée, et papa d’un petit garçon de deux ans, il recherche une nurse capable d’élever correctement son fils. Shemaine étant la seule esclave ayant reçu une bonne éducation, c’est normal qu’il décide de la prendre avec lui. Les personnages secondaires sont également bien développés, et on voit que l’auteure n’hésite pas à nous donner des informations sans grande importance pour l’intrigue principale pour bien nous montrer que ses autres personnages ne sont pas creux. Je trouve cela vraiment très bien ce soin qu’elle a mis à créer une ambiance réaliste. On ne peut du coup qu’imaginer le destin de certains personnages à la fin, mais une fin ouverte pour des personnages secondaires est normale.
Le livre est épais, mais j’ai littéralement dévoré les 500 pages ! Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, tant l’aventure était prenante et riche en rebondissements et suspense. Gros point positif de ce livre : il n’en fait pas trop (hormis peut-être sur un détail) et est assez réaliste. Tout s’emboîte vraiment bien !
[Attention, spoilers sur la fin !]

Spoiler:

Je pense que les amateurs de littérature générale rebutés par la mièvrerie des romances pourraient vraiment aimer ce livre (à condition d’être emballé par le résumé bien entendu) tant l’action est présente. De plus, d’un point de vue historique, il était intéressant de voir la mentalité des colons et les conditions de traversée des condamnés !
Enfin, l’écriture est vraiment très agréable : simple mais efficace, sans répétitions, avec des changements de registres de paroles contrôlés en fonction de la condition sociale des interlocuteurs. Je lirai bien volontiers un autre livre de cette auteure (décédée malheureusement en 2007).

Ma note :