[Volpi, Jorge] À la recherche de Klingsor
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[Volpi, Jorge] À la recherche de Klingsor
Résumé :
Octobre 1946 : le procès des dirigeants nazis s’ouvre à Nuremberg. Un criminel de guerre, cerveau du programme atomique nazi, se révèle introuvable. Nom de code : Klingsor. Au service des Alliés, Francis Bacon, un physicien, est chargé de le démasquer. Une traque sans merci que de puissants intérêts politiques transforment vite en mission presque impossible...
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Re: [Volpi, Jorge] À la recherche de Klingsor
Mon avis :
Une chose est certaine, je ne m’attendais pas à ce type de bouquin ! Je pensais lire une sorte de roman d’espionnage avec une enquête en bonne et due forme : crimes précis commis, indices, interrogatoires de suspects, etc. Mais ce n’est pas du tout cela ici. Il s’agit avant tout d’une plongée dans le milieu scientifique (surtout allemand) durant le nazisme. Presque comme un documentaire ou un livre d’histoire, ce roman est une mine d’informations, du moins pour ceux qui, comme moi, n’avaient pas réfléchi au lien entre la Seconde Guerre Mondiale et l’avancée scientifique plus loin que ces deux faits établis : « les Alliés ont gagné la course à la bombe atomique » et « les généticiens nazis faisaient des expériences sur les juifs ». La question raciale – celle qu’on connaît le plus dans l’idéologie nazie - est très peu abordée dans le livre, et on se concentre sur les découvertes du milieu de la physique. Ainsi, on rencontre dans le livre de célèbres scientifiques comme Einstein, Bohr, Heisenberg, Schrödinger, etc. On s’intéresse bien entendu à leurs découvertes mais aussi à leurs vies, leurs positions politiques, leurs parcours dans cette atmosphère de guerre, etc. J’ai beaucoup apprécié cet aspect : je ne me suis jamais intéressée à la science, et pourtant tout est bien expliqué et je n’ai eu aucun mal à suivre les logiques de l’histoire. La question morale du « jusqu’où doit-on aller pour l’avancée de la science ? » plane au-dessus de chaque ligne.
Pour nous faire découvrir cette période scientifique, l’auteur nous présente deux personnages : Gustav Links, un mathématicien allemand, et Francis Bacon, un physicien nord-américain. Links a été sauvé par hasard (grâce à un bombardement allié) de son procès où la condamnation à mort était le verdict décidé à l’avance. Il avait été arrêté pour avoir participé au complot (qui avait échoué) visant à assassiner Hitler. Bacon est chargé par les services secrets américains de démasquer le mystérieux Klingsor, un proche d’Hitler qui, apparemment, avait le pouvoir de décider quels projets scientifiques seraient financés. Je n’ai pas trop accroché au personnage de Bacon : il est un peu trop passif et ne sait jamais prendre des décisions par lui-même. Par contre, Links, le mystère qui l’entoure, et ses actions à la fois taboues (vie privée) et louables (position anti-nazie claire), tout cela a contribué à me le rendre sympathique. Bon, le fait qu’il soit le narrateur a peut-être aussi beaucoup joué dans mes sentiments : quelqu’un qui parle à la première personne directement au lecteur influence forcément le jugement de ce dernier.
C’est un gros roman mais il se lit assez facilement. Mais finalement, très peu de chapitres sont consacrés au soi-disant but de l’histoire : la recherche de Klingsor. Le suspense est là, mais cela relève pour moi plus d'une quête d’informations que d'un thriller. On s’attache énormément à la vie privée des deux protagonistes, depuis leurs études jusqu’à leur rencontre au lendemain de la fin de la guerre, sans pour autant y voir un rapport concret avec l’affaire principale. Mais c’est comme cela qu’est constitué le roman, jusqu’à même la division des chapitres, qui suivent les règles de la recherche mathématique, avec les hypothèses, etc.
Concernant la fin (gros spoilers !) :
Enfin, dans les nombreuses références utilisées dans le livre, deux m’ont fortement marquée. Tout d’abord, bien entendu, celle de Klingsor, ce méchant de la légende arthurienne qui a maudit le roi Pêcheur et que doit combattre Perceval dans sa quête du graal. Ensuite il y a de nombreuses théories philosophiques antiques utilisées, comme celle du lièvre et de la tortue (le lièvre n’arrivera jamais à rattraper la tortue car dès qu’il atteint un point, elle est déjà un point plus loin : elle a continué à avancer, même si ce n’est que deux fois moins vite, et blablabla… je ne vais pas vous répéter vos cours de philo ! ) et puis tout un débat sur le paradoxe d’Épiménide « Tous les Crétois sont des menteurs » : Épiménide est Crétois, donc il ment et sa phrase est fausse, donc tous les Crétois disent la vérité, mais alors Épiménide disait la vérité !, donc sa phrase est vraie, mais alors tous les Crétois sont des menteurs, etc. à l’infini ! Je n’avais jamais vu le paradoxe avant de lire ce livre mais là, enfin le déclic s’est produit ! Enfin soit, ce ne sont que des détails !
Pour conclure, je ne regrette pas du tout d’avoir lu ce livre. C’est bête à dire, mais j’ai l’impression d’en sortir moins inculte. L’auteur écrit très bien, et on sent des heures de recherches documentaires sérieuses pour nourrir convenablement le récit. Et puis, le monde n’est pas présenté comme tout noir ou tout blanc. On voit qu’un petit détail peut tout faire basculer, et que avec des « et si… », il y aurait définitivement matière à faire des milliers de mondes parallèles !
Je conseille ce roman au férus de sciences, d’histoire de la seconde guerre mondiale, ou plus généralement à tous les curieux. Ce n’est pas distrayant mais assez accrocheur et stimulant pour l’esprit et la culture générale.
Ma note :
Une chose est certaine, je ne m’attendais pas à ce type de bouquin ! Je pensais lire une sorte de roman d’espionnage avec une enquête en bonne et due forme : crimes précis commis, indices, interrogatoires de suspects, etc. Mais ce n’est pas du tout cela ici. Il s’agit avant tout d’une plongée dans le milieu scientifique (surtout allemand) durant le nazisme. Presque comme un documentaire ou un livre d’histoire, ce roman est une mine d’informations, du moins pour ceux qui, comme moi, n’avaient pas réfléchi au lien entre la Seconde Guerre Mondiale et l’avancée scientifique plus loin que ces deux faits établis : « les Alliés ont gagné la course à la bombe atomique » et « les généticiens nazis faisaient des expériences sur les juifs ». La question raciale – celle qu’on connaît le plus dans l’idéologie nazie - est très peu abordée dans le livre, et on se concentre sur les découvertes du milieu de la physique. Ainsi, on rencontre dans le livre de célèbres scientifiques comme Einstein, Bohr, Heisenberg, Schrödinger, etc. On s’intéresse bien entendu à leurs découvertes mais aussi à leurs vies, leurs positions politiques, leurs parcours dans cette atmosphère de guerre, etc. J’ai beaucoup apprécié cet aspect : je ne me suis jamais intéressée à la science, et pourtant tout est bien expliqué et je n’ai eu aucun mal à suivre les logiques de l’histoire. La question morale du « jusqu’où doit-on aller pour l’avancée de la science ? » plane au-dessus de chaque ligne.
Pour nous faire découvrir cette période scientifique, l’auteur nous présente deux personnages : Gustav Links, un mathématicien allemand, et Francis Bacon, un physicien nord-américain. Links a été sauvé par hasard (grâce à un bombardement allié) de son procès où la condamnation à mort était le verdict décidé à l’avance. Il avait été arrêté pour avoir participé au complot (qui avait échoué) visant à assassiner Hitler. Bacon est chargé par les services secrets américains de démasquer le mystérieux Klingsor, un proche d’Hitler qui, apparemment, avait le pouvoir de décider quels projets scientifiques seraient financés. Je n’ai pas trop accroché au personnage de Bacon : il est un peu trop passif et ne sait jamais prendre des décisions par lui-même. Par contre, Links, le mystère qui l’entoure, et ses actions à la fois taboues (vie privée) et louables (position anti-nazie claire), tout cela a contribué à me le rendre sympathique. Bon, le fait qu’il soit le narrateur a peut-être aussi beaucoup joué dans mes sentiments : quelqu’un qui parle à la première personne directement au lecteur influence forcément le jugement de ce dernier.
C’est un gros roman mais il se lit assez facilement. Mais finalement, très peu de chapitres sont consacrés au soi-disant but de l’histoire : la recherche de Klingsor. Le suspense est là, mais cela relève pour moi plus d'une quête d’informations que d'un thriller. On s’attache énormément à la vie privée des deux protagonistes, depuis leurs études jusqu’à leur rencontre au lendemain de la fin de la guerre, sans pour autant y voir un rapport concret avec l’affaire principale. Mais c’est comme cela qu’est constitué le roman, jusqu’à même la division des chapitres, qui suivent les règles de la recherche mathématique, avec les hypothèses, etc.
Concernant la fin (gros spoilers !) :
- Spoiler:
- Immense frustration : 600 pages pour en arriver là ? Aucune certitude concernant le destin de Klingsor ? Enfin bon, on sait quel est l’opinion de Links…
Je pensais au moins qu’on aurait des nouvelles de Bacon (un imbécile du début à la fin du roman si vous voulez mon avis) mais non ! Bon au moins on sait qu’en 1989 l’occupation russe va finir…
Enfin, dans les nombreuses références utilisées dans le livre, deux m’ont fortement marquée. Tout d’abord, bien entendu, celle de Klingsor, ce méchant de la légende arthurienne qui a maudit le roi Pêcheur et que doit combattre Perceval dans sa quête du graal. Ensuite il y a de nombreuses théories philosophiques antiques utilisées, comme celle du lièvre et de la tortue (le lièvre n’arrivera jamais à rattraper la tortue car dès qu’il atteint un point, elle est déjà un point plus loin : elle a continué à avancer, même si ce n’est que deux fois moins vite, et blablabla… je ne vais pas vous répéter vos cours de philo ! ) et puis tout un débat sur le paradoxe d’Épiménide « Tous les Crétois sont des menteurs » : Épiménide est Crétois, donc il ment et sa phrase est fausse, donc tous les Crétois disent la vérité, mais alors Épiménide disait la vérité !, donc sa phrase est vraie, mais alors tous les Crétois sont des menteurs, etc. à l’infini ! Je n’avais jamais vu le paradoxe avant de lire ce livre mais là, enfin le déclic s’est produit ! Enfin soit, ce ne sont que des détails !
Pour conclure, je ne regrette pas du tout d’avoir lu ce livre. C’est bête à dire, mais j’ai l’impression d’en sortir moins inculte. L’auteur écrit très bien, et on sent des heures de recherches documentaires sérieuses pour nourrir convenablement le récit. Et puis, le monde n’est pas présenté comme tout noir ou tout blanc. On voit qu’un petit détail peut tout faire basculer, et que avec des « et si… », il y aurait définitivement matière à faire des milliers de mondes parallèles !
Je conseille ce roman au férus de sciences, d’histoire de la seconde guerre mondiale, ou plus généralement à tous les curieux. Ce n’est pas distrayant mais assez accrocheur et stimulant pour l’esprit et la culture générale.
Ma note :
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