La fête au Bouc

Résumé : Que vient chercher à Saint-Domingue cette jeune avocate new-yorkaise après tant d'années d'absence ? Les questions qu'Urania Cabral doit poser à son père mourant nous projettent dans le labyrinthe de la dictature de Rafael Leonidas Trujillo, au moment charnière de l'attentat qui lui coûta la vie en 1961. Dans des pages inoubliables - et qui comptent parmi les plus justes que l'auteur nous ait offertes -, le roman met en scène le destin d'un peuple soumis à la terreur et l'héroïsme de quatre jeunes conjurés qui tentent l'impossible : le tyrannicide. Leur geste, longuement mûri, prend peu à peu tout son sens à mesure que nous découvrons les coulisses du pouvoir : la vie quotidienne d'un homme hanté par un rêve obscur et dont l'ambition la plus profonde est de faire de son pays le miroir fidèle de sa folie.
Jamais, depuis Conversation à « La Cathédrale », Mario Vargas Llosa n'avait poussé si loin la radiographie d'une société de corruption et de turpitude. Son portrait de la dictature de Trujillo, gravé comme une eau-forte, apparaît, au-delà des contingences dominicaines, comme celui de toutes les tyrannies - ou, comme il aime à le dire, de toutes les «satrapies». Exemplaire à plus d'un titre, passionnant de surcroît, La fête au Bouc est sans conteste l'une des œuvres maîtresses du grand romancier péruvien.

Mon avis :

Dans ce très bon livre qu’est La fête au Bouc , Mario Vargas Llosa revient sur cet événement qui a tout changé dans l’histoire de Saint-Domingue : l’assassinat du dictateur Trujillo. Mais l’auteur ne se contente pas de nous rapporter les faits, il nous les fait vivre en insérant du suspense et en ne nous dévoilant que petit à petit tous les éléments qui ont conduit à la "nécessité" de cet acte.
Il y a trois sortes de chapitres, avec des personnages point de vue différents. Il y a le personnage d’Urania Cabral qui revient, 35 ans après la fin de l’Ère Trujillo, dans sa famille et raconte ce qui l’a poussée à partir si soudainement aux USA, alors qu’elle n’avait que 14 ans, et à couper les ponts avec son père. Puis il y a bien sûr les jeunes « anti-Trujillo » qui veulent débarrasser leur pays du tyran. Et enfin, on a Trujillo lui-même. J’ai trouvé cela super intéressant d’avoir également l’opinion de l’autre camp, de Trujillo, qui se sent trahi par l’abandon soudain du soutien des USA, qui n’hésite pas à tout donner à son peuple (il semble sincère), qui n’accepte pas de vieillir (il a plus de 70 ans au moment de son meurtre je crois). Seulement, c’est la terreur qu’il inspire à tous, et à juste titre. La liberté de la presse n’existe pas, les enlèvements et assassinats politiques sont nombreux, etc. Il dirigeait absolument tout et la seule solution pour changer le pays (ne fusse que pour qu’il y ait de vraies élections avec un président actif) était de l’éliminer.
Certains chapitres sont très durs à lire. On ne s’attend évidemment pas à lire une histoire toute rose lorsqu’on traite d’un régime totalitaire, mais quand même, les scènes de torture et autres atrocités sont assez éprouvantes. Il faut avoir le cœur bien arrêté pour aller jusqu’au bout. La cruauté de l’homme est partout. Ces chapitres étaient nécessaires, on ne pouvait pas faire comme si cette partie de l’histoire n’existait pas, mais j’ai quand même très eu envie d’arrêter ma lecture.

Spoiler:

Enfin, j’ai apprécié le fait que l’auteur ne s’arrête pas à la mort du Bouc , il nous dévoile également toutes ses conséquences.

Bref, La fête au Bouc est un livre très intéressant ayant pour point culminant la chute de Trujillo. Je le conseille aux passionnés d’Histoire. C’est un superbe livre écrit par un grand nom de la littérature hispano-américaine !

Ma note :