Le Portrait de Dorian Gray

Date de sortie: 1945
Durée: 1h51
Réalisateur: Albert Lewin
Genre: Fantastique Epouvante-horreur, Drame
Nationalité: Américain
Interprètes: Hurd Hartfield, George Sanders, Donna Reed, Angela Lansbury

Après ma dernière présentation de film dédié au Portrait de Dorian Gray tourné en 2009, voici une oeuvre dont je rêvais de vous parler sur le forum...   

Amateurs de vieux films fantastiques et d'adaptations littéraires, j'ai le plaisir de vous présenter Le Portrait de Dorian Gray signé Albert Lewin, sorti en 1945. Je l'ai vu bien avant le film d'Oliver Parker avec Ben Barnes, et tout comme La Belle et la Bête de Jean Cocteau, sorti à peu près à la même période, ce "vieux coucou" en noir et blanc figure parmi mes classiques.

On pourrait juger, à l'aune de nos critères actuels, que la mise en scène du film, à la fois luxueuse et élégante, est extrêmement classique. Le visuel y est très étudié, soigné... et audacieux. En effet, le réalisateur a pris un parti très intéressant: si le film a été tourné en noir et blanc, les gros plans sur le portrait de Dorian sont en couleur! Je vous assure que cela est extrêmement saisissant, parce que très surprenant la première fois que l'on voit le film! Et le portrait devient réellement monstrueux, à la limite du macabre (la réalisation du tableau a d'ailleurs été confiée à un spécialiste de ce genre de sujet, et la toile est exposée à l'Art Institute de Chicago), et ses couleurs chatoyantes ne font que souligner le malaise qui s'empare du spectateur face au changement de Dorian Gray.

Quant à la débauche des personnages, elle n'est pas affichée comme dans le film de 2009, mais plutôt suggérée par un éclairage particulier, des contrastes très marqués, des plans légèrement tordus, par des jeux de silhouettes (pour les soirées exotiques synonymes de moeurs dissolus, par exemple). Car l'une des réussites de l'oeuvre de Lewin est de distiller une ambiance inquiétante, étouffante, avec une touche de noirceur que l'on sent monter. J'ai donc mis la bande-annonce que vous puissiez vous en rendre compte!
Le surnaturel s'invite par petites touches... D'ailleurs, bien que l'adaptation soit relativement fidèle, on note des détails qui sont la patte du réalisateur, son interprétation personnelle de l'histoire. Quand le jeune Dorian formule le voeu de rester jeune en regardant son portrait, il pose au côté d'une statut de chat égyptien, la déesse Bastet... qui selon les analyses du film est la divinité qui va l'exaucer. Mais là, ça s'appelle pinailler!   

En parlant du personnage principal, l'acteur Hurd Hartfield qui l'incarne, jugé très beau selon les critères de l'époque, affiche un visage lisse qui nous rend Dorian Gray encore plus inquiétant. Dans la scène de l'assassinat du peintre, il est même carrément effrayant!... Seul petit bémol, on ne ressent pas assez le mal-être du protagoniste, palpable dans le livre d'Oscar Wilde.
Par ailleurs, vous verrez une actrice, toute jeune à l'époque (c'est d'ailleurs en regardant Dorian Gray que je me suis dit: "Vindieu! C'est qu'elle a été jeune un jour!), que nous connaissons tous pour son rôle de Jessica Fletcher dans Arabesque: Angela Lansbury dans le rôle de Sibyl Vane, le premier amour de Dorian Gray. Ce rôle lui a d'ailleurs valu le Golden Globe du Meilleur Second Rôle Féminin. Il faut dire qu'elle apporte un peu de fraicheur et d'innocence dans l'histoire!

Spoiler:

J'ai vraiment adoré! Il est certes très différent de l'adaptation de 2009, mais il vaut vraiment le détour pour son atmosphère particulière, présente uniquement dans les films anciens. Je pense que Le Portrait de Dorian Gray d'Albert Lewin a toute sa place sur ce forum! Je vous le conseille fortement!
Ma note:   

Et qui sait, je ne suis peut-être pas la seule à l'avoir vu?