Le Cycle Arthurien

Arthur, Guenièvre, Lancelot, Perceval, Merlin, Morgane, Mordred. Autant de noms issus de légendes celtes et du merveilleux médiéval, qui évoquent chevaliers en armures étincelantes et braves à la recherche d’amour, de gloire et d’aventures extraordinaires.


Le règne légendaire d'Arthur

Le roi Arthur de la légende, roi de Bretagne (la Grande-Bretagne), est le fruit d’un adultère, né au Ve siècle de notre ère. Son père, Uther Pendragon est devenu roi après la chute de l’usurpateur Vortigern (aussi connu sous le nom de Vertigier) et a battu les Saxons. Il est alors tombé amoureux fou d’Ygerne, l’épouse de son vassal Gorlois, duc de Cornouailles. Pour approcher la dame, il prend l’apparence de Gorlois, aidé par l’énigmatique sorcier Merlin. C’est ainsi qu’Arthur est conçu.
Il passe son enfance loin de la cour, élevé par un membre de la petite noblesse, sous la protection de Merlin. À la mort d’Uther, il se révèle être son héritier légitime en retirant Excalibur, l’épée de son père, d’un rocher ou d’une enclume, selon les versions.

Roi à son tour, il épouse Guenièvre, et crée la Table Ronde, s’entourant des meilleurs chevaliers – Lancelot, Gauvain, Perceval, Galaad, Yvain pour ne citer que les plus connus. La cour du roi est brillante et le règne d'Arthur a inauguré un véritable âge d'or. En 516, il vainc les Saxons au Mont Badon… Les chevaliers, quant à eux, partent régulièrement vivent de nombreuses aventures, défendant la veuve et l'orphelin, se confrontant à des monstres - géants, dragons, à des demoiselles en détresse ou à des fées. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux, dont Lancelot et Perceval, ont été élevés soit dans le Lac d'Avalon, soit dans la forêt, à l'écart du monde, par des fées, avant de gagner la cour du roi Arthur.
Mais tout ne se passe pas comme prévu. Guenièvre est séduite par Lancelot. Le royaume traverse alors une période sombre. Il semble qu'une malédiction se soit abattue du fait de l'adultère de Guenièvre, ou de la naissance de Mordred - dont Arthur ignore l'existence - d'une liaison incestueuse entre le roi Arthur et sa demi-soeur, la fée Morgane. (À noter que selon les versions, Mordred est soit le fils d'Arthur et Morgane, soit le fils d'Arthur et de sa soeur Anna - aussi appelée Morgause, soit tout le neveu du roi, fils d'Anna et d'un chevalier)
Une nouvelle quête commence pour Arthur et ses chevaliers, en particulier pour les plus purs d'entre eux, Perceval et Galaad, fils de Lancelot: celle de la rédemption et le Graal. Après maintes pérégrinations au Royaume du Roi Pêcheur, Perceval et Galaad parviennent à ramener le Graal. Le règne d'Arthur prend un nouveau souffle et le roi reprend ses conquêtes. Alors qu'il se trouve en Bretagne continentale, il apprend que Mordred a usurpé le trône et qu'il malmène la reine. De retour, Arthur combat à la bataille de Camlann en 537. Là, lui et Mordred s'entretuent.
La dépouille d'Arthur est emportée vers Avalon, l' "Île des Fées" où il serait toujours vivant en attendant de revenir pour reconquérir le Royaume de Bretagne.

Très populaire au Moyen-Âge, la littérature arthurienne puise ses sources dans la "matière de Bretagne", un ensemble de mythes et de légendes, principalement galloises. Des chroniques rapportent des défaites des Bretons face aux Saxons a Ve siècle de notre ère, et font mention d'un chef de guerre nommé Arthur (étymologiquement, ce prénom signifie "ours", à l'époque animal très présent dans les forêts galloises, et symbole de royauté). Au XIIe siècle, La Chronique des Rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth est traduite en français par le poète Wace. Geoffroy de Monmouth est également l'auteur d'une Vie de Merlin, qui raconte l'errance du sorcier, fils d'un démon et d'une vierge vertueuse, qui décide de mettre ses pouvoirs hérités du Malin au service du bien, en aidant Uther Pendragon, puis le jeune Arthur. C'est son amour pour Viviane, la Dame du Lac, qui le perd: lui livrant ses secrets, il fait d'elle une puissante enchanteresse qui, ingrate, l'ensorcelle et l'enferme sous une dalle, d'où les chevaliers l'entendent crier sa douleur.
C'est Chrétien de Troyes qui donne au cycle arthurien ses lettres de noblesse. Entre 1170 et 1185, il rédige cinq "romans bretons" en langue française: Erec et Enide, Cligès, Lancelot ou Le Chevalier de la Charette, Yvain ou Le Chevalier au Lion et enfin Perceval ou Le Conte du Graal resté inachevé.
Ils sont extrêmement apprécié par la noblesse et la chevalerie française.

Ces romans s'adressent surtout à une partie de la noblesse française qui nourrit plusieurs idéaux, notamment les franges des cadets de la noblesse, qui contrairement à leurs frères aînés, n'héritent pas des terres et ne sont pas prioritaires pour les mariages. Pour eux, la quête ultime est la croisade: pour acquérir leur propre gloire et leur propre terre par le mérite et non par l'ordre de naissance. De plus, au Moyen-Âge, Chrétien de Troyes met l'accent sur la quête du Graal, plus que sur la magie, Merlin et Morgane: en effet, Arthur et ses chevaliers sont des modèles de chrétienté auxquels s'identifier.
Par ailleurs, la Table Ronde est un motif très populaire à cette époque où en France, l'autorité royale se renforce et laisse moins de place à la noblesse dans le processus de décision. Ainsi, Arthur qui reçoit ses chevaliers à une table ronde sans ordre de préséance, représente le roi idéal, le "premier des chevaliers" qui traite ses guerriers en égaux - ce à quoi aspire la noblesse. Ainsi, le cycle arthurien a une dimension politique.
C'est à la même époque, en 1191 qu'est découverte en Angleterre, à l'abbaye de Glastonbury, une tombe... contenant les restes d'Arthur et Guenièvre. Il s'agit en fait d'un "coup" politique de la part des autorités politiques d'Angleterre: non-seulement ces reliques permettent aux moines de Glastonbury d'attirer de nouveaux pèlerins alors qu'émergent des établissements religieux aux reliques prestigieuses, mais elle permet également à la dynastie régnante des Plantagenêt d'asseoir leur légitimité. En effet, ces deux corps identifiés comme ceux d'Arthur et Guenièvre sont la preuve que le roi de légende est bien mort et ne reviendra pas régner et restaurer le royaule de Bretagne.

Le mythe arthurien fait encore partie de la culture populaire et a fait l'objet de nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles, qui ancrent le cycle arthurien dans la légende pure ou dans une réalité historique, sur un mode lyrique ou comique.
En voici quelques-unes, notables:
- Les Chevaliers de la Table ronde (1953) de Richard Thorne: Avec sa mise en scène classique et son esthétique médiévale, il met l'accent sur les amours de Lancelot, interprété par Richard Taylor, et Guenièvre.
- Merlin l'Enchanteur (1963): Produit par Disney, il présente Merlin comme un magicien facétieux qui vient en aide au jeune "Moustique" qui deviendra le roi Arthur en retirant l'épée de l'enclume.
- Monty Python, Sacré Graal (1975): Il traite la quête du Graal sur le ton de la parodie.
- Excalibur (1981) de John Boorman: Considéré comme un film culte, avec ses images oniriques, ses décors et ses costumes soignés, il est l'une des adaptation la plus populaire du mythe. Il explore diverses dimensions de la légende - l'épée dans le roc, les chevaliers de la table ronde, l'inceste entre Arthur et Morgane, les amours de Guenièvre et Lancelot, la puissance de Merlin, la quête du Graal et la bataille de Camlann.
- Le Roi Arthur (2004) d'Antoine Fuqua: Ce film tente de remettre le personnage d'Arthur, interprété par Clive Owen, dans une réalité historique précise, à savoir la fin de l'empire romain et les invasions saxonnes du Ve siècle après Jésus-Christ. Ici, Arthur et ses chevaliers ne portent pas de côte de maille étincelantes, mais des cuirasses romaines, tandis que Merlin est un druide à la tête de guerriers Pictes.

- Kaamelot (2005-2009): Traité sur un ton comique et moderne, la série joue sur l'absurde en relatant non-seulement les aventures des chevaliers, mais aussi les affres de la royauté comme la collecte de l'impôt ou les déboires conjugaux du roi avec son épouse, la reine Guenièvre.
- Merlin (2008-2012): Diffusée sur BBC One, la série met l'accent sur la relation entre Merlin et Arthur, tout deux jeunes adultes, l'un au service de l'autre. Mis en scène dans une esthétique médiévale assez luxueuse, elle rajeunit et prend des libertés avec le mythe. Pourtant, un public anglo-saxon ou amateur des légendes arthuriennes saura identifier les différentes références au cycle arthurien.