[Barjavel, René] le diable l'emporte

Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Poche : 336 pages
Date de parution : le 4 avril 2001
Prix : 5,95 €

Merci Kraken !

Erf... Un ajout de plus à ma wish list. J'y arriverai jamais!! C'est un puits sans fond!!!

Keogh : De rien, il faut bien une fiche si on veut voir vos avis !

Autant le dire tout de suite, ce bouquin là a été une déconvenue pour moi. Je l'avais dégoté car il était cité parmi les classiques de Barjavel mais, ou c'est exagéré ou c'est moi qui ais changé depuis ma lecture de « Ravage » ou « la Nuit des Temps »
Bon, pour être honnête ça commence et ça fini plutôt bien. Il y a encore dans ce bouquin des idées à 100 briques, de celles qui font les blockbusters hollywoodiens tellement elles sont efficaces ( d'ailleurs c'est pas pour rien que le début du film « 2012 » ressemble au début du  « Grand Secret » ou si on retrouve l'idée maîtresse de « Ravage » dans la série « Revolution » ).
Barjavel, qu'on sent complètement marqué par l'utilisation des 1ères bombes atomiques (le roman a été écrit en 1947) imagine les années qui suivent la 2èmeGM, où l'antagonisme des nations résiste malgré tout les horreurs subies, et conduit un riche négociant d'arme (le plus riche en fait) à construire une arche souterraine pour accueillir les quelques élus qu'il a sélectionné pour survivre à un 3ème conflit mondial. Tant que j'en suis aux qualités du bouquin, on retrouve la plume tragi-comico-poétique de Barjavel qui heureusement parvient encore à écrire des passages très beaux.
Le problème ?
C'est que rapidement l'histoire s'effiloche en suivant des directions qu'elle abandonne très vite et bégaie à plusieurs reprise comme si l'auteur n'arrivait pas à s’intéresser ou à s'impliquer dans le récit qu'il construit.
Mais pire encore (ce qui a été une torture pour moins sur plusieurs dizaines de pages) c'est le côté réactionnaire de l'idéologie du bouquin : d'abord il y a encore la diabolisation de la technologie, mais ça ce n'est pas une découverte.
Également présente dans Ravages, mais alors cela correspondait au contexte de l'écriture du roman (Ravage a été écrit sous l'occupation, donc que le livre soit un appel au retour à la nature et à la glorification de la paysannerie c'est tout à fait compréhensible).
Mais dans ce bouquin-ci, l'auteur imagine l'époque contemporaine, soit quelques années dans l'avenir pour lui, mais il le fait de façon tellement irréaliste que ça tourne non plus au roman spéculatif mais à la satire ou tout les gouvernements démocratiques ou autoritaires sont aveuglés par le profit et le nationalisme et ou toutes la communauté scientifique n'est qu'un ramassis de béni-oui-oui jouant avec le progrès comme des gosses avec le flingue paternel.
Gênant aussi (pour moi en tout cas) : que la référence de vérité soit dans le lien qui unis chaque être avec ses premiers ancêtres (comprendre Adam et Ève ) et que l'image de la femme et de sa place dans la société soit vu à travers le même filtre ( pour occuper de jeunes femmes dans l'Arche ? Bin on leur mets des chaussettes trouées à repriser et on leurs donne un joli jardin de fleurs à entretenir !! )
Petit extrait révélateur, p,159 :
« L'Homme seul, ça vaudrait la peine. C'est toujours de la femme que vient le péché. Le mal a commencé le jour où Dieu a donné une compagne à Adam. Sans elle, nous serions encore au Paradis » beurk !!
Alors, comment expliquer que « la nuit des Temps », ou « le grand Secret » soit si réussis si celui-ci est si réac' ?
Je crois que le problème réside dans le fait qu'ici Barjavel parle du Monde et de l'époque dans lequel il vit. Alors que dans ses autres ouvrages il décrit des sociétés plus éloignés de nous, il peut se permettre d'être plus détaché ou disons que ses sentiments personnels sont moins au cœur de l'histoire.
En plus là où la science non réaliste d'un Ravage était acceptable par la virtualité de la société futuriste, ici les percées scientifiques tombent souvent dans le grotesque ( toute avancée ou presque est liée au traitement du nucléaire, on voit ainsi du chocolat nucléaire pour aider l'apprentissage des jeunes et le lâché d'un Godzi-poulet qui devient incontrôlable et picore les humains par dizaine sisi!).
Heureusement que l'auteur reprend son histoire en main pour le final qui a presque la même force (évocatrice) que celui de « la nuit des temps », hélas, ça ne m'a pas suffit pour que le bilan du bouquin bascule vers le positif.

Ma note: ( uniquement pour le style et quelques scènes marquantes, dont le final )

(Allez, juste pour modérer un peu mon mécontentement voici le genre de passage qui peut justifier une lecture du livre et prouve que Barjavel a une belle plume) Les personnages dont un couple qui vient de comprendre qu'il s'aime sont à bord d'un hélico dernier cri qui vole sans bruit dans la nuit :
« La cabine transparente se trouva dissoute dans la nuit. Le ciel était noir.Les étoiles s'étageaient dans la densité des ténèbres, depuis celles qui semblaient possibles à cueillir de la main jusqu'à d'autres que l'on apercevait tout au fond de l'univers. Toutes brillantes avec une pureté si nettes qu'on les eût dites à l'instant jaillies de l'eau d'un torrent dans laquelle elles s'étaient lavées pendant mille siècles. »
EDIT: le 4ème de couv' est très imprécis et ne se concentre que sur 2 courtes scènes ( mais est-ce étonnant pour un roman à l'intrigue un peu décousue ? )

Boualala, ça donne pas envie de le lire. Je regrette presque de l'avoir acheté... (L'est dans ma PAL).

Heureusement j'ai pu le retirer de ma wish list!

keogh a écrit:le lâché d'un Godzi-poulet qui devient incontrôlable et picore les humains par dizaine sisi!).

Cela m'a fait penser à ce film : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
En tout cas, si le résumé paraissait aguicheur, ton avis n'est pas très motivant. Je ne pense pas le lire de si tôt !

( Kraken, toujours prête à dégainer la citation de grand cinéma de bon aloi ! )

En lisant ici et là je me demande si tu n'as pas un peu trop pris tout le bouquin "au pied de la lettre"... Il semblerait que le coup de Godzipoulet soit "moqueur", et que tout le bouquin serait à prendre au second (ou troisième) degré...
Enfin moi comme je me marre avec des nouvelles pas censées être humoristiques, ça risque de me plaire. Arf !

L'épisode du poulet gigantesque est en effet satirique mais hélas pas la tonalité du livre que j'ai trouvé alarmiste et pessimiste au possible voir limite misanthrope à certains passages.
Mais effectivement, de tous les avis sur le bouquin que j'ai pu lire aucune n'en fait mention, donc c'est peut-être ma sensibilité perso après...

Peut-être hein, je sais pas du tout. C'est vrai que j'avais regardé pas mal d'avis avant de le commander et je n'en avais lu aucun aussi négatif, c'est pour ça que je m'interroge... Après peut-être que ça va me faire le même effet qu'à toi... Enfin si je le lis, c'est pas gagné, pour l'instant, du coup, arf !

keogh a écrit:L'épisode du poulet gigantesque est en effet satirique mais hélas pas la tonalité du livre que j'ai trouvé alarmiste et pessimiste au possible voir limite misanthrope à certains passages.

Tu as toi-même fait remarquer que le livre date de 1947. Il y avait bien de quoi être misanthrope et pessimiste à l'époque.

Merci Keogh pour cet avis très "éclairant" ! J'avais également beaucoup aimé La nuit des temps et Ravage, mais celui-ci ne me tentait déjà pas plus que ça, et maintenant plus du tout ! Il faut dire que j'ai été un tout petit peu déçue par L'Enchanteur, très poétique mais un peu fade pour un thème aussi prometteur que la légende Arthurienne...