[Quiriny, Bernard] contes carnivores

Résumé : Un botaniste amoureux de sa plante carnivore. Un curé qui se dédouble dans différents corps. Une femme-orange qui se laisse boire par ses amants. Une société d'esthètes fascinés par les marées noires. Des Indiens d'Amazonie qu'aucun linguiste ne comprend... Entre Marcel Aymé et José Luis Borges, ces quatorze nouvelles où le drolatique se mêle à l'onirique provoquent une joie... dévorante.

Éditions : Points
Date de parution : 9 septembre 2010
Prix :  6,50 €

Deux ans après en voir parlé, je l'ai enfin lu !    


Mon avis :

J'ai été agréablement surprise par ce recueil !      Je le dis tout le temps, les nouvelles ne sont pas ma tasse de thé.   Pourtant, j'ai vraiment accroché (presque tout de suite   ) au style et à l'imagination de l'auteur. On ressent bien la "belgitude" de l'auteur    : outre les décors souvent bruxellois (difficile de ne pas être immergé quand on se trouve dans un restaurant de la place Sainte Catherine !   ), il y avait un petit côté post-symbolisme, post-surréalisme dans l'air très intéressant.  
(Que mes élèves se préparent, je le leur donnerai à lire vers le mois de avril, à l'heure de l'étude de la littérature belge, du surréalisme et de la critique d'art !   )

J'hésite à commenter de façon poussée les nouvelles, car je pense que tout se joue dans l'effet de surprise (n'essayez pas de deviner, vous n'y parviendrez pas !)...   Je vais juste donner le point de départ.  

Nouvelle 1 : "Sanguine". Pourquoi cet homme boit-il du sang avec du jus d'orange tous les dimanches ? Nouvelle brillante par son originalité    mais qui met très mal à l'aise...  

Nouvelle 2 : "L'épiscopat d'Argentine". La femme de ménage d'un évêque s'étonne du fait que souvent, les deux lits de la chambre de celui-ci sont défaits, alors que personne d'autre n'est entré dans la pièce.    Il fallait l'imaginer, rien à dire, c'est vraiment inventif !  

Nouvelle 3 : "Qui habet aures". Un homme a le pouvoir d'entendre toutes les paroles (amies ou ennemies) dont il est le sujet. Un don fascinant... et terrifiant.  

Nouvelle 4 : "Quelques écrivains, tous morts". Une série de biographie et bibliographie d'écrivains fictifs. C'est un super exercice d'écriture d'invention et assez marrant ! Chiche, je vais m'en servir dans les ateliers d'écriture !  

Nouvelle 5 : "Quiproquopolis". Qui saura déchiffrer le langage des Yapous, qui utilisent toujours les mêmes mots, avec la même tonalité, pour toutes les occasions ? Un chef d’œuvre d'absurdité, c'est la nouvelle que j'ai préférée !    J'ai pensé à Ionesco pendant toute la lecture !  

Nouvelle 6 : "Marées noires". Un groupe de fans de marées noires vont remettre en question la notion d'oeuvre d'art en voyant dans ces catastrophes (une fois la culpabilité morale passée... ce qui est fait est fait) des chefs-d’œuvre à admirer. Brillant, cela fait vraiment réfléchir ! L'auteur allie vraiment humour noir et réflexion artistique, philosophique, etc.  

Nouvelle 7 : "Mélanges amoureux". Un homme polygame est terrifié car le miroir ne renvoie pas toujours l'image de la maitresse qui est dans son lit, mais celle d'une autre de ses conquêtes... L'horreur.    La chute est géniale.

Spoiler:

Nouvelle 8 : "Chroniques musicales d'Europe et d'ailleurs". Encore une liste descriptives d'inventions et des petites anecdotes... dans le domaines de la musique ! Beaucoup d'instruments ne sont pas connus ! Savez-vous par exemple que la tour Eiffel est un instrument (unique bien entendu) de musique ?    À travers ces pages se glissent quelques réflexions très intéressantes (une fois de plus) sur la notion d’œuvre d'art. Décidément, j'aurai vraiment pris beaucoup de notes à la lecture de ce livre ! Alors qu'à la base, je le lisais pour le plaisir, pas pour le boulot...  

Nouvelle 9 : "Souvenirs d'un tueur à gages". Un récit plus "traditionnel", avec toutes des anecdotes et mini récits d'un tueur à gages.  

Spoiler:

Nouvelle 10 : "Le carnet". Un écrivain connu ne cesse de prendre des notes dans un carnet, à tout moment, se ventant d'y avoir consigné des milliers d'idées originales pour ses futures œuvres. Un écrivain en devenir souffrant du syndrome de la page blanche n'a dès lors qu'une obsession : lui dérober son carnet.  

Spoiler:

Nouvelle 11 : "Extraordinaire Pierre Gould". Des anecdotes sur ce personnage loufoque... J'ai bien aimé la réinterprétation de l'expression "rat de bibliothèque". Et on ne peut s'empêcher de faire des liens (à tort ?) avec la nouvelle précédente...

Nouvelle 12 : "L'oiseau rare". Nouvelle un peu horrifique, dans l'univers des œufs décorés... C'était encore une fois intéressant pour la notion d’œuvre d'art mais... je pense que je ne saurai plus jamais voir des œufs de Fabergé sans penser à ce conte !  

Spoiler:

Nouvelle 13 : "Une beuverie pour toujours". Difficile de parler de cette nouvelle... disons seulement que le narrateur nous explique ce qu'il croit être en rapport avec la disparition de son père, en nous rapportant une aventure de ce dernier... Le sujet ne m'a pas intéressée, même si deux ou trois réflexions sur le bonheur font leur apparition.

Nouvelle 14 : "Conte carnivore". Dans cette nouvelle, on parle de plantes carnivores et d'obsession botanique. En effet, un célèbre botanique est retrouvé mort déchiqueté dans sa serre... Une lettre parvient aux enquêteurs... Je me suis vite lassée de cette nouvelle.  

Le titre : L'auteur a bien fait de reprendre le titre de sa dernière nouvelle car c'est vraiment un recueil qui accroche, nous "bouffe un peu la cervelle", nous terrifie un peu...  

Ma note : (parce que, à défaut d'être toujours distrayant, c'est vraiment un recueil de qualité, très original, avec une écriture soignée !   )