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Fanfiction Harry Potter : Dis Belle Sorcière

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Fanfiction Harry Potter : Dis Belle Sorcière Empty Fanfiction Harry Potter : Dis Belle Sorcière

Message par Sophie Ven 15 Oct 2010 - 10:52

Dis Belle Sorcière
par Bibidibabidibou trouvée [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Chapitre 1


14 Mars 1999, une forêt touffue du Devonshire, 18h00

Tel un dard épineux, une branche coriace s’accroche à l’ourlet de sa longue cape de voyage noire, la déchirant d’éraflures dérisoires comme sa quête. (a) D’un mouvement élégant de sa baguette, il réduit le rameau végétal à l’état de cendres froides et peste de savoir ses habits fichus. Il s’arrête un instant et tend l’oreille… mais ce n’est qu’un écureuil qui ose, malgré la température ambiante peu clémente, sortir de son repère.
- «Tu l’as vu ? » demande son filleul, suspendu lui aussi dans le mouvement.
Ses joues laiteuses sont rougies par le froid et il exhale des petits moutons de vapeur blanche.
- « Non. Continuons. » Répond-t-il.
Draco grogne mais obtempère, suivant ses pas et scrutant, l’œil inquisiteur, chaque fourré, chaque tapis de mousse, chaque rare tache verdâtre.
-« Une journée qu’on marche ! Ronchonne le jeune homme, en tailladant un branchage qu’il manquait de peu de se prendre dans son blond visage ! J’en ai plus qu’assez ! On ne trouvera rien. Et si c’était une diversion, s’il nous éloigne car il doute de nous. Est-ce que tu n’as pas vu le regard de Tante Bella quand il nous a sommé de partir chercher cette saloperie de plante ! »
Severus Snape lui jette un coup d’œil amical et secoue sa tête brune :
- « Je ne crois pas non. Cette plante existe. Elle a un haut potentiel maléfique et si Bella se méfie, c’est simplement parce qu’elle a été mise sur la touche. »
Draco hausse les épaules, fait craquer une brindille morte, augmente l’intensité lumineuse que libère sa baguette et soupire :
-« Toujours est-il que cette fleur est introuvable, qu’il caille, que j’ai faim et envi d’un bon café (b) , d’un siège confortable et de ma petite fiancée ! »
Mais son compagnon ne l’écoute plus. Il l’a vu. Isolée à travers toute cette végétation brune alors qu’elle-même regorge d’un vert cannibale. Elle est là, au milieu de nulle part. Alentour, dans un périmètre de 3 pieds, il n’y a rien. Rien que de la terre qui sent la mort, rien qu’une ou deux feuilles mortes priant pour qu’un souffle de vent les éloigne de cette source maléfique. Rien… Aucune fourmis. Et Severus gage qu’il n’y a aucun vers là dessous ni même aucune bactérie. Draco avance juste pour la forme cette fois, n’y croyant plus, il ne regarde plus et c’est lorsque son tuteur lui dit d’une voix diligente mais ferme : « Ne bouge surtout pas », qu’il reste campé comme un imbécile, un pied en l’air au dessus du feuillage. Il sait que s’il le touche, qu’il le frôle, ce n’est pas d’un bon café dont il aura besoin mais d’un prêtre.
- « Oh merde… »

Même jour, 19h20, appartement d’Hermione Granger.

Pattenrond, aux pattes de velours, se dandine dans le salon. Son gros ventre lui donne une allure irrésistiblement comique et, de son museau étrangement aplati, il part en quête d’un quelconque reste de miettes de ses délicieux cakes que Hermione a fait cuire pour l’apéro. Ron s’esclaffe et Lavande lui tend la moitié du sien. Après un miaulement de pure satisfaction, le matou se pourlèche les babines, lançant un regard de défi à sa maîtresse. Hermione cueille le couple d’un regard désapprobateur.
- « Lavande ! Ron ! Il est au régime ! » gémit-elle.
Ron se grattouille l’oreille alors qu’il lui demande si elle n’est pas un peu dure avec « ce bon vieux gros matou » et qu’elle lui répond sèchement :
- « Pas depuis que j’ai appris que sa gamelle du matin était bourrée de chocolat. Enfin, Ron ! On n’a pas idée de donner ça à un chat ! »
Harry lève sa tête, aux cheveux d’une pétulance dressée, de la lettre qu’il écrivait à Ginny. Il charrie Ron de sa mine déconfite et bientôt l’incident de la prise de poids phénoménal du chat roux de la jeune femme (« 8 kilos tout de même ») passe au second plan après les préparatifs de mariage de Ron et Lavande. Ses longs cheveux, balayent les pages brillantes d’un magasine qui exhibe sur des tons chamarrés, des merveilles de petites robes de demoiselle d’honneur. Lavande déchire un échantillon de tissu pour le poser sur le poignet de son amie. Elle penche la tête, plisse les yeux.
-" C’est cette teinte saumon qu’il te faudrait. Elle va à ton teint et à tes yeux… s’exclame t-elle avant de se renfrogner… Oui mais sur Ginny ce serait une horreur, elle a une peau si blanche… »
Agacée, elle claque sa langue contre son palais et interrompe d’une caresse mignonne sur les genoux de son fiancé sa conversation passionnante sur … le Quidditch !
- « Ron, mon cœur. Tu ennuies Harry et on a absolument besoin de lui pour un conseil. »
Elle agite de petits coupons de soie :
« Vert d’eau... ou…Ambre ? Harry ? »
Harry écarquille les yeux puis hausse les épaules.
« Heu... et bien... Tu sais j’aime tout ce que Ginny porte... Mais si tu veux mon avis... Je ne sais pas... ce vert là est pas mal, non ? »
Il montre un coupon d’un doigt tendu. Un coupon très laid. En velours côtelé. Vert épinard. Lavande s’écroule, abattue dans le canapé alors que Hermione éclate d’un rire franc.
- « Ce mariage va me tuer ! gémit la fiancée, se prenant la tête à pleine main. Les hommes n’ont aucun goût.. C’est affligeant ! »
Ron sourit à son tour alors que Harry ramasse le coupon abandonné et le scrute se demandant ce qui ne va pas avec cette couleur. Il aime le vert, Harry. Et il n’ a rien contre les épinards.
- « Lavande, mon cœur, il nous reste trois mois.. Prends un petit cake et souffle un peu, Okay ? on est là pour se détendre ; » Tente de la rassurer le rouquin attentionné en l’attirant tendrement vers lui.
Elle se laisse aller contre son torse d’un soupir résigné, mais les yeux brillants d’estime et d’amour. Puis, elle se tourne vers lui, sourcils froncés, la bouche courbée en une moue agacée :
- « Je ne peux tout bonnement pas, Ron... On n’a pas fini ce plan de table et...
- Non…
- Si, Ron ! Il faut trouver où placer Snape ! Je n’en dors plus ! s’exclame-t-elle hystériquement »
Une giclée de bièraubeurre est soudainement crachée sur le nouveau tapis de Hermione. Harry ne s’essuie la bouche qu’après s’être écrié, en état de choc :
- « Quoi ? Vous invitez Snape ? »
Hermione tremble... Deux mois déjà… Deux mois...Ron roule des yeux et agite une main, d’un air fataliste .
- « Un cousin éloigné du grand père d’une tante ….Quelque chose de ce goût là….
- Mouais… Et on ne sait pas où le caser….» Complète Lavande en croquant dans un mini saucisson en brioche.
Hermione sait , elle.
- « A côté de moi . » dit elle posément.
Puis face à leurs regards perplexes, braqués sur elle, elle ajoute, se penchant vers eux, suppliants presque :
- « s’il vous plait… »

o0o

19h33

- « J’ai une crampe.» Prévient Draco.
Severus essuie d’un revers de manche la sueur acre qui perle à son front .
- « J’en suis désolé pour toi... Essaie de décaler ta cheville d’un quart de pied, je te prie. Et éclaire, aussi…»
Draco gémit, prononce un « lumos maxima » d’asphyxié, gigote, souffle et ne parvient à rien d’autre qu’énerver d’avantage la plante mortelle. Celle ci, s’étant sentie menacée a sorti de sous terre des racines très encombrantes qui emprisonnent une de ses chevilles à même le sol et une autre une quarantaine de centimètres plus haut. Suspendu dans les airs . Rien de bien dangereux en fait, car la résine enduisant les parties souterraines de la plante ne sont pas toxiques…. Cependant, il y a un problème… On ne peut s’en échapper…Sans risquer de toucher les parties aériennes sulfureuses.. ou d’avoir une crampe en attendant qu’un ami parvienne à le dégager de là. Draco souffle, donc. Il ne peut faire que ça. Severus, accroupit, gratte la terre pour dégager le végétal. Il a passé des gants en cuir d’Hypogriffe qu’il avait préalablement fait mariner une nuit entière dans un chaudron de potion ultra-imperméabilisante. Une goutte de sueur, négligée, glisse le long de l’arrête de son nez alors, qu’il esquive un rameau qui cherche à l’atteindre farouchement, et la petite larme tombe sur un limbe. Le rachis se tord, frémissant, gourmand. La plante noircit. La goutte roule le long d’une nervure nécrosée. Puis tombe. Noire. Noire comme l’encre. Le venin l’a gorgé .Un poison mortel que même la terre refuse. Le globule obscur reste en surface. Reclus.
- « Pitié ! vite ! » Marmonne le blond entre ses dents.
Severus ne répond pas. Il s’allonge. Sa robe est fichue de toute façon. De sa baguette il trace des cercles rouges sur les parties de la plante à taillader, puis s’y attelle. Un cisaillement de biais là. Une piqûre sèche ici…
- « Il aurait fallu une main de plus… Répond-t-il, absent au bout d’une dizaine de minutes.. La tienne en fait… C’est ce qui était prévu. »
La réponse consiste en « grumphfhfhf , je t’en foutrais des mains en plus », que le maître des potions magiques, décide d’ignorer. Il sectionne. Il pique, il tranche ...il terrasse. Enfin ! Les racines s’affaissent. La plante se dégonfle, se fige, tombe et manque de lui envoyer un reliquat de geyser nocif dans la face.. Mais, il l’esquive, alors que Draco, dans un dernier réflexe bondit et s’affale un mètre plus loin, le souffle court.
- « Plus jamais… » Halète-t-il.
Severus ricane en se relevant, époussetant le mieux possible sa robe et sortant d’une besace une timbale en fer. Un sort de lévitation plus tard, la plante s’étale sur le fond carré de la gamelle métallique.
- « Transplane, et rentre Draco. Je me charge d’amener la plante à Albus. Puis de duper le Maître.
- Dumbledore ? S’étonne le jeune homme. Je croyais que c’était Granger la pro des végétaux ? »
Le couvercle du gobelet est vissé dans un grincement sinistre. La plante a laissé des odeurs sulfureuses dans l’atmosphère.
- « Je l’apporte à Albus. Le chef des opérations,. Point barre. »
Il esquive le regard dubitatif du filleul qui sautille sur une de ses jambes à demi-ankylosée.
- « Pas que cela me regarde.. mais, tu comptes faire ça longtemps ? L’éviter, je veux dire ? »
Le regard noir de l’homme se perd dans l’obscurité de la forêt.
- « Pas que cela te regarde en effet. A demain. »
Et il transplane. La timbale dans ses mains moites. Il quitte cette forêt et la noirceur fourbe de ses taillis.

Oo0o0oO

15 mars 1999, Grimmaud Place, QG de l’Ordre du Phœnix… 18h00

Comme de coutume, l’ambiance bonne enfant qui règne dans la salle ne laisse pas deviner que les mesures à prendre seront radicales. Comme de coutume, les jumeaux s’esclaffent, Tonks ne cesse de changer de coiffure, Remus a des traits lourds de fatigue, Harry écoute attentivement Albus Dumbledore, Ron va de groupes en groupes, et, comme de coutume, Severus l’ignore. Cela fait deux mois ! Deux mois qu’ils se voient régulièrement dans cette même pièce. Deux mois qu’il ne répond pas à ses regards ou si froidement.. Et qu’il refuse ses approches avec sécheresse... Deux mois enfin que les annotations en bordure de ses comptes rendus sont rédigées à l’encre noire ! oui, noire ! Alors qu’avant il privilégiait le rouge ! Partout du rouge s’étalait, vif ! Net ! Tranchant ! Il rayait, annotait, finement, de traits et de caractères sans appel ! Elle s’en souvient, il ne se privait pas de commentaires rubiconds sur ses copies à Poudlard… Et puis voilà deux mois que tout est terne ! Noir comme le monde…A crever.
- « Bonsoir. » Lui dit-elle.
Il relève la tête. Il est pâle. Il la dévisage une micro seconde et lui adresse un maigre hochement de tête avant de replonger dans un feuillet exposant le cas difficile des Harpies du Sud de l’Irlande.
- « Ce n’est pas gagné à mon avis, Hermione... Lui chuchote Harry qui passait derrière elle .
- Je te remercie de me le faire remarquer ! » Sifflote t’elle et il accepte avec stoïcisme son regard outré.
Sur ses genoux. Une sacoche de cuir. Dedans... Les papiers de Charla.. Charla vivante.. Charla qu’elle a été voir ! Charla devant qui elle s’est retrouvée, la poitrine palpitante, heureuse d’avoir appris par un dénommé O’Flaherty que le fils avait dernièrement brisé les tabous familiaux concernant la douce patiente. Charla à la chevelure argentée qui avait un air heureux sur son visage muet. Charla affaibli mais qui se rappelait de cette Amy Granger. Amy que Hermione a fait passer pour sa mère. Alors Hermione en passant sa main sur le cuir de son sac prend une ferme décision. Aujourd’hui, elle va en parler à Severus Snape ! Elle le lui criera s’il le faut ! Mais elle aidera Charla ! Elle a promis, il y a 28 ans, ou deux mois.. Mais elle a promis… Et Hermione Granger tient ses promesses . Alors qu’elle s’apprête à demander à l’homme qui ourle son parchemin de lettres étrangement rondes et noires, « 10 minutes de son précieux temps », Draco Malefoy, arrive, la salue et Lola l’embrasse chaleureusement, prenant de ses nouvelles avec une moue soucieuse. Quand Hermione a finit de rassurer cette récente nouvelle amitié, Minerva s’installe à ses cotés et entreprend, maternellement, de savoir ce qu’elle a pu découvrir de son voyage en Scandinavie… Lieu hypothétique, retenu sur les dizaines de pays que les rumeurs ont proposées.
- « Ça va, Professeur MacGonagall. S’entend-elle répondre. Il y a juste qu’un de mes amis me manque… »
La plume de son homologue se casse. Et un pâté se forme sur la page blanche. Un pâté noir.

Même jour, même lieu 19h48

Cette fois encore, elle lui a lancé des regards ambrés insistants. Cette fois encore, elle a pris place face à lui et lui a dit bonjour. Pendant l’assemblée, elle a, bien entendu, jugé bon, de vérifier inlassablement, s’il n’avait pas été happé par le sol carrelé et se tenait toujours raide comme la justice sur sa chaise au dossier ferme. Cette fois encore, Draco était perplexe, Lola Clunster déçue, Potter le fusillait allégrement du regard, Albus le bombardait de clins d’œil quand la discussion prenait une tournure moins rigide, et Minerva lui offrait des sourires parcheminés.. Lui, cette fois encore, restait là, face à elle, bouillant de haine.. Brûlant de froideur. Parce que ses yeux … Ses yeux Whisky ne le jugent pas ! Et ils devraient ! Et parce qu’elle a été voir sa mère ! Elle n’aurait pas du ! Pas comme ça ! Pas encore avec ses mensonges ! Sa mère dont la voix chantonnait dans son esprit, sa jolie voix qui fredonnait : « la fille d’une vieille amie est venue me voir. La fille de ta vieille amie .. La Jolie Miss Amy…, Severus, mon Petit.. Si tu avais vu ses yeux.. ils irradiaient… » Les yeux de Amy-Hermione n’irradient plus, cette fois. Ils semblent épuisés. Mais décidés. Severus n’aime pas ça. Il prend une penne blanche et entreprend de la tailler. Grossièrement. Bien trop préoccupé pour parachever la pointe. Severus la plonge dans l’encrier. Elle en ressort sombre, il signe la pétition que Hermione Granger a fait passer. il s’est arrangé pour l’avoir en dernier. Il signe en noir, Severus…Mais ne s’arrête pas là… En bas de la feuille, de quelques traits arrondis, Severus écrit. Il écrit son destin.

Très bien, Miss Granger,
Demain, 19.00, à mon bureau.
Voilà.

Il lève la tête. Repose sa plume. Elle n’a rien vu. Elle discute avec Lola. Il passe la feuille sur le bois jusqu’à sa main et le message s’expose à son regard. Elle tressaille. Et le dévisage. Elle a un air absent. Puis, elle relit, le considère de nouveau, et lentement, infiniment lentement, un sourire éclot sur son visage. Un sourire cerise. Et ses yeux ambrés brillent de larmes. Il hoche la tête, ramasse ses affaires et sort. Lorsque la porte se referme sur lui, Severus a mal au cœur.

Oo0o0oO

15 Mars 1999 , Poudlard 18h48

Hermione panique. Hermione a peur. Hermione se rappelle ce stress à l’approche du passage des ASPICS, elle se rappelle sa peur devant tous ces capuchons noirs qu’elle est appelée à combattre régulièrement, elle se souvient avoir pensé que jamais rien ne pourrait d’avantage la terrifier. Mais elle avait tort, bien sur. Elle va revoir Severus Snape. Elle va lui parler. Pour de vrai ! Construire des phrases, entendre sa voix et y répondre. Et Hermione n’a jamais eu aussi peur. Elle n’a jamais autant paniqué. A tel point qu’elle a bu six cafés avant de quitter son petit studio, à tel point qu’elle a renoncé à coiffer ses cheveux qu’elle ne parvenait qu’à nouer d’avantage à chaque coup de brosse vacillant, à tel point que ses mains tremblent, que ses genoux flageolent, que son cœur lui martèle la poitrine et qu’elle a envie de hurler à cette armure qu’elle dépasse d’un pas chancelant, qu’elle ne sait pas de quelle façon elle va pouvoir engager la conversation ! Hermione se force à reprendre contrôle d’elle-même. Il suffit d’expirer une demi-dizaine de fois pour réaliser, dans un gémissement, qu’il ne lui reste qu’à affronter le Cornelongue Roumain par les cornes. Elle avance, dans le couloir humide, vers le bureau du Maître des Potions. Ses petits talons battent la mesure sur le sol carrelé et elle entend des sanglots.
- « Il y a quelqu’un ? » Demande t’elle.
Les sanglots s’estompent brusquement. Hermione tend l’oreille. Elle a bien entendu ! Quelqu’un pleurait ! Et puis, par crainte sans doute de tomber sur un Préfet, cette personne comprime difficilement sa cage thoracique en essayant de ne plus faire de bruit. Inutilement. Hermione avance et voix une jeune fille, accroupie dans un recoin sombre. Elle aperçoit la masse de cheveux formidablement enchevêtrée avant toute chose, puis croise des yeux rougis, bouffis et un visage ravagé.
- « Ho... Fait Hermione. N’ai pas peur, je ne suis plus de l’école, et on ne retire pas de points aux gens qui aiment la solitude ici. Dit-elle d’une voix douce.
- Je sais bien. Lui répond-on. J’avais juste besoin de craquer.Vous comprenez depuis des mois, il est sur mon dos. »
Hermione s’accroupit prés de la jeune élève et lui tend un kleenex. Elle a pris quatre paquets. Elle se sent très émotive en ce moment .
- “Peeves ?” rugit Hermione.
La triste écolière se mouche vigoureusement et grogne un nom. Hermione sursaute. Quel nom !
- « .. Il a été d’une humeur massacrante durant tout le cours ! Non pas que ça change de l’ordinaire mais depuis des mois, il est plus qu’odieux ! Je pourrais même croire qu’il veut me tondre le crâne et écrire dessus à la plume indélébile ‘Law-Smith : bête noir de Severus Snape !’. »
Les yeux de la jeune fille brillent avec furie et elle claque un poing sur sa cuisse .
- « Saleté de prof !Il a besoin d’aide je vous jure ! Il est mentalement divergent ! J’aimerais qu’il se fasse engloutir dans son chaudron ! Vilipende Law-Smith. Ou mieux : que ça lui expose à sa face de Croque-Mort ! Qu’un truc dégelasse macule ses cheveux gras et son nez crochu et qu’il en perde ses dents ! Je le déteste ! Je le hais ! »
Hermione se relève, étrangement calmée. Elle considère l’adolescente, embrasée. Elle trouve qu’elle lui ressemble un peu avec cette tignasse désordonnée qui couvre ses joues écarlates et ses yeux farouches.
- « Il ne mérite pas tant de haine. L’apaise Hermione d’une voix douce. Mais, je te comprends… Je ne l’aimais pas non plus avant. »
Law-Smith, se met debout elle aussi. Elle plisse ses yeux vert bouteille et sur son front se forme un pli.
- « Avant quoi, Miss ? Demande-t-elle.
Avant de le voir perdre la foi. Et son cœur se maculer de noir. Non, je n’aimais pas non plus Severus Snape avant que la vie ne l’engloutisse et que l’horreur lui explose à la face... » Hermione adresse un sourire triste à l’adolescente perplexe et la laisse là. Elle refait quelques mètres, tourne à droite et voit la porte. Un coup d’œil à sa montre de poignet lui dévoile l’horrible vérité. Severus Snape va grincer. C’est sur ! Elle est en retard ! D’une minute exactement. Elle frappe.

Même jour, même lieu,19h01

Il s’y attendait. Oui, vraiment ! Il savait. Il savait qu’il aurait un choc . Mais il ignorait une chose, il n’avait pas pensé jusque là : jusque l’intensité de ce choc. Trop tard. Elle entre. Elle semble un peu gauche dans sa longue capeline griotte et il lui indique d’un geste traînant mais sec un siège qu’elle refuse.
- « Bonsoir.» Murmure-t-elle.
Les yeux de Hermione Granger s’alarment un instant.. Jusqu’à ce qu’il réponde :
- « Miss. »
Il accompagne ce simple mot, prononcé d’une voix froide, d’un hochement de tête. Il rejoint sa place attitrée derrière son lourd bureau. C’est beaucoup mieux ainsi: un meuble entre leurs deux personnes. Un meuble entre sa froideur immuable et les bafouilles affligeantes qu’il craint qu’elle ne lui réserve. Il a le cœur au bord des lèvres, quand, sans un mot inutile de plus, elle lui tend une lourde enveloppe extirpée de dessous un pli de l’étoffe qui la recouvre. Il pense savoir ce qu’il y a là dedans. Il prend en main le colis et le soupèse. Il pense alors que c’est bien lourd une vie de misère et il sort les feuillets. L’odeur autrefois familière d’essence de rose lui chatouille aussitôt les narines et il retient un éternuement en se pinçant l’arrête du nez. Il regard les papiers, dubitatif, et il entend sa voix un peu éraillée, et ô joie, cette voix bafouille et dit :
- « J’avais entrepris d’aider.. Quand…Mais le temps a joué contre moi.. Et je suis tellement désolée.. Et je voulais dire « Merci » pour mon retour mais… Enfin, il y a de quoi racheter un peu là dedans.. Il y a de quoi aider Charla. »
Severus Snape crispe la mâchoire. Et il entend ce souffle, cette voix qui cette fois ne bafouille plus, qui chuchote juste :
-« De quoi t’aider aussi, Severus »
Il relève brusquement la tête à en avoir un torticolis et il siffle mielleusement :
- « Ce sera Monsieur, pour vous comme pour tout autre, Miss Granger.
- Je dois..
- Et, la coupe-t-il, il me semble n’avoir aucunement besoin d’aide. Voyez mon honorable position au sein de cet établissement pour vous en persuader.
- C’est qu’une charmante jeune fille dont je ne citerais pas le nom m’a informé du contraire. Elle dit que tu es …
- Law-Smith, dont l’anonymat ne peut être préservé face à son crétinisme profond et ses pleurnicheries sonores est une apocalypse ambulante et non un critère de référence. Et cessez de me tutoyez comme le gosse que je ne suis plus ! » Beugle-t-il en plaquant feuillets et mains sur le bureau.
Voilà ! Il est passablement énervé ! Contre elle et contre lui ! Contre cette idée saugrenue de la prier de venir régler leurs comptes un mercredi soir, summum de la pire journée par excellence puisque ses plages horaires sont accordées uniquement à des Gryffondors dont le courage consiste à ne pas regarder plus loin que le bout de leur nez et à des Poufsouffles si naïfs qu’il pourrait leur faire fabriquer des bombes artisanales en croyant leur apprendre la recette du coulis de Fraise Sauce Barbare ! Et puis, il avait pensé qu’il n’élèverait pas la voix ! Ou du moins, que si, par malheur, il en arrivait à cette fâcheuse extrémité, Hermione Granger remonterait des yeux exaltés et crierait avec force. Dans tous les cas, il n’avait pas imaginé qu’elle se plierait comme du bubble-gum qu’on malaxe, qu’elle s’effondrerait sur une chaise une main sur la poitrine, secouée de sanglots bruyants. Il ne songeait pas qu’une fois de plus, il goûterait à la saveur saumâtre du remord. Alors Severus Snape agit. Durement. Fraîchement. Comme tout Snape qui se respecte. Il parle :
- « Abattons Franc-jeu, Miss. »
Elle cesse d’hoqueter convulsivement pour se frotter les yeux, se moucher vigoureusement et se relever. Elle a mûrit, c’est vrai. La gamine d’avant en aurait été tremblante et chamboulée, Miss Amy un rien décontenancée, mais là, il doit avouer, qu’elle l’épate un peu quand elle s’applique à imiter sa posture et à le toiser fixement. Il y a ces yeux surprenants qui le pénètre comme un glaive. Insolents et soumis. Farouches et résignés. Malgré les larmes qui laissent des sillons salins sur ses joues rosées. Il se demande, étrangement, si ces larmes là, sur la pointe de son menton, pourraient le saouler ? Si l’iris Whisky qu’elles ont côtoyées les a alcoolisées ? Et s’il pourrait oublier ce malaise ambiant en lui en s’abreuvant de ces petites gouttes là, toutes limpides, si pures .Les larmes de Hermione Granger.Puis il chasse cette idée, quand elle réplique, féroce.
- « Très bien. De un, j’aimerais te remercier d’avoir permis mon retour, non négligé cette épître et..
- Cessez vos manigances quotidiennes, vos politesses plates et..
- CESSE DE M’IGNORER EN PUBLIC ! » Rugit elle, vibrante.
Elle passe une manche nerveuse sur son menton où les petites perles tremblotaient sous la violence d’un mouvement de tête hargneux.
- « Le tutoiement ! Grince Severus .
- L’habitude. Ricane-t-elle faussement. Quoique j’ai pu dire dans cette lettre..
- FOUTAISES ! Mugit-il en tapant du poing sur la table.
- Réalité méprisée ? Se raille-t-elle dans un sourire carnassier.
- Pourquoi : vos bafouilles continuelles, vos « bonsoirs » mielleux, vos regards de mauviettes ? Hein, Miss J’ai-tout-raté-mais-comme-une-tête-de-Scroutt-je-décide-de-continuer ? Vous n’êtes pas plus proche du savoir dans le présent que dans mon passé, le savez vous seulement ? Alors : Pourquoi. Vous. Acharnez. vous. A .Vous. Faire. Apprécier. de. moi !"
Le bureau grince alors qu’il lâche cette dernière phrase en ayant omis de tourner sa langue neuf fois dans sa bouche. Le bureau crisse, agacé d’avoir à subir les contrecoups belliqueux de ces deux protagonistes écumants de rage et d’incompréhension. Severus fusille Hermione de son regard charbonneux, un rien penché dessus le mobilier agonisant. Severus se vide de sa hargne. Hermione répond d’une voix basse et franche .Il aurait juré avoir entendu la réponse avant même qu’elle ne bouge ses lèvres purpurines.
- « J’en ai besoin. »
Mais lui face à elle, a un tout autre raisonnement : « Elle a tort ! Elle a tout faux, Miss-Je crois-tout-savoir ! Elle confond toujours passé et présent » et il le lui rappelle d’une voix tranchante :
- « Non. De la même façon que vous croyez me connaître parce que vous m’avez connu. Mais vous vous perdez en ôtant cet auxiliaire et ce foutu passé composé...
- C’est toi qui te perds en refusant d’en parler.
- Je n’ai aucunement besoin de…
- Bien sur que si, l’interrompt-elle, en ramenant ses cheveux en arrière. Je suis partie, je t’ai laissé sans même un au revoir, ne me dis pas …
- Tutoiement ! fait-il, sachant là se heurter à rude adversaire.
- QUE TU N’EN AS PAS SOUFFERT ! » s’exclame-t-elle.
Elle reprend son souffle en inspirant profondément, ses yeux ambrés, toujours, posés sur lui, ses yeux qui ne jugent pas, ses yeux qui analysent.
- « C’est du passé ! Nom d’un Dragon ! Fulmine-t-il.
- C’est mon Présent, Severus ! C’est mon présent ! »
Hermione n’a plus peur, elle se bat, de toutes ses forces, de toute sa voix. Elle crie puisqu’il se refuse à l’écouter, elle crie pour le forcer à l’entendre, elle crie parce que tout simplement elle n’a pas cette capacité innée chez lui à fustiger les gens d’une voix suavement hypocrite. Et puis d’ailleurs, elle ne souhaite pas être hypocrite, elle a trop besoin de lui pour ne pas être sincère. Elle le voit se mordre la joue. Puis, il lui répond, et elle a mal.
- « Et bien, faites comme moi.. Vivez avec. »
Le voilà son diagnostic. Il s’en moque qu’elle souffre ! Il lui propose une existence de culpabilité car il ne veut pas saisir cette perche qu’elle lui tend depuis une dizaine de minutes maintenant. Elle perd toute vigueur. Elle se sent mollir. Mollir et dépérir. Pourtant, elle ne s’annonce pas vaincue. Elle constate, c’est tout, et elle en a le cœur pincé, les larmes aux bords des yeux. Elle ploie légèrement la tête et plisse les yeux.
- « Alors, c’est ça.. Tu me hais toujours, Severus.
- C’est toujours Monsieur pour vous, Granger. »
Il n’ a pas nié. Tellement excédée par sa récente manie de l’apostropher comme une vieille connaissance qu’il en a oublié de démentir pour qu’elle le laisse en paix ou qu’il lui dise cette vérité abominable : qu’il ne la hait pas, qu’elle est là, qu’elle y restera et haine ou pas haine, il sera forcer de faire avec. Il pense à tout cela et laisse échapper un petit ricanement sans joie . Le menton de la jeune femme tremble.
-« Quoi ?
- Je révisais mon jugement sur vous et Law-Smith. Vous avez la palme, Ganger ! Bravo ! Je vous considère désormais comme l’apocalypse ambulante. »
Il sait qu’il est odieux. Elle le sait aussi et serre les poings. Elle encaisse les coups bas. Il en a assez. Il veut que cela finisse. Il veut qu’elle sorte de chez lui. Il veut qu’elle quitte cette pièce et le laisse réduire en bouillis des bocaux précieux qu’il reconsolidera sitôt après pour mieux les faire éclater de nouveau. Il veut qu’elle laisse tomber. Elle serre les poings, ravale ses larmes, et annonce :
- « Tu peux chercher à me blesser, je le mérite. J’en suis consciente. Et ça ne change rien pour moi ! Ça confirme mes idées : Tes paroles acerbes cachent un profond sentiment de malaise.
- Voyez-vous ça, vous voilà Psychomage chevronnée?
- Et je ne sortirais pas d’ici sans ce pour quoi je suis venu. » Enchaîne-t-elle en esquivant sa pique.
Il sent les feuillets sous ses doigts crispés. Il baisse les yeux.
- « Je m’occuperais de Charla. Je lirais cette paperasse, j’en reparlerais à O’Flaherty, nous ferons ce qu’il y a de mieux à faire pour elle. Ecoutez, Miss Granger, c’est admirable de votre part de vous investir dans ce projet, mais je suis à même de le faire seul désormais. Est ce clair ? Maintenant, je vous en prie, sortez. »
Il est calme. Elle aussi. Il se dit qu’elle va avoir suffisamment de bon sens pour accepter. Elle se dit qu’il ne doit pas être aussi naïf pour croire qu’elle va le laisser s’en tirer à si bon compte. Alors, elle prend place sur une chaise.
- « C’est bien, pour Charla. Mais, je ne sors pas.
- Oh que si ! » Grogne-t-il.
Il a cet air revêche sur le visage quand, dans une imitation parfaite des robes blanches des Derviches, sa robe noire tourbillonne devant elle et s’en va cogner contre le chambranle de la porte. Il a la main sur la poignée et ouvre vivement.
- « Non. Écoute-moi : Je suis persuadée, elle insiste fortement sur ce mot, que tu crois que nous ne pourrions pas nous entendre.
- Exact ! Dehors!
- On l’a pu auparavant ! Alors, nous le pouvons à nouveau. »
Il ferme les yeux. Il serre les dents et sa main se crispe sur la froide poignée métallique. Est elle donc vraiment si obtuse ?
- « Granger, pour la dernière fois, je sais que vos notions temporelles sont en large décalage avec les miennes, et je peux vous conseiller un très bon médicomage pour une thérapie intensive. Il vous écoutera, vous lui raconterez à quel point, je pouvais être charmant quand j’avais dix ans, et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Mais cessez de croire que je suis resté le même, que j’aime me planquer dans des placards de cuisine, et, admettez, une bonne fois pour toutes, que j’ai changé !
- Je l’admets. J’ai des yeux! Vous êtes plus grand. Vous pourriez m’éjecter d’ici rien qu’en me prenant par le coude. Vous êtes, pardon d’être grossière, plus chiant aussi, et alors ? Forcez-moi à sortir d’ici ! Allez ! »
Il ne bronche pas. Elle jubile.
- « Vous savez ce qui vous retient ? Non ? Le respect !
- Certainement pas ! Ce n’est pas l’envie qui me manque de vous glisser une bête morte d’un de ses bocaux, dans votre dos, et que vous mettiez à mugir, et à sortir ventre à terre de cette pièce. Mais voyez-vous, je perdrais de bons ingrédients pour des potions indispensables.
- Vous perdriez la face, oui ! Eclate-t-elle de rire . Vous plagierez Lucius ! »
Il ne peut s’empêcher d’aimer le son de son rire. Il l’aimait bien avant. Il roule des yeux exaspérés.
- « C’est cela. Trop de Lucius nuit à la santé !Sourit-il.
Elle se lève de sa chaise et calmement, s’approche de lui.
- « Je vais te laisser maintenant. Dit-elle. Je sais enfin.
- Quoi donc? »
Elle sourit, posté devant lui. Elle n’est plus du tout gauche dans sa cape griotte. Elle a le feu aux joues, et ses yeux irradient.
- « Que tu ne me hais pas finalement. »
Ils se regardent tous deux. Il a eu beau remué les montagnes de remarques blessantes qu’il avait en lui pour lui prouver le contraire, elle ne s’est pas laissée abusée.
- « Juste, une chose, Severus ?
- Oui ?
- Dis, alors, pourquoi me rejettes tu ? »
Il lâche la poignée. Elle attend une réponse valable de sa part. Elle ne le craint plus. Elle ne le craindra plus jamais. Il lève une main, et la pose doucement sur l’épaule de la jeune femme. Elle tressaille, surprise. Elle creuse dans obsidienne de ses yeux et il se noie dans le Whisky.
- « Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ? »


Dernière édition par Sophie le Sam 16 Oct 2010 - 18:47, édité 3 fois
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Message par Sophie Ven 15 Oct 2010 - 11:12

Chapitre 2

Jeudi 16 Mars 1999,chez Hermione Granger. 6h15

L'irréparable

Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords,
Qui vit, s'agite et se tortille,
Et se nourrit de nous comme le ver des morts,
Comme du chêne la chenille ?
Pouvons-nous étouffer l'implacable Remords ?

Dans quel philtre, dans quel vin, dans quelle tisane,
Noierons-nous ce vieil ennemi,
Destructeur et gourmand comme la courtisane,
Patient comme la fourmi ?
Dans quel philtre ? - dans quel vin ? - dans quelle tisane ?

Dis-le, belle sorcière, oh ! Dis, si tu le sais,
A cet esprit comblé d'angoisse
Et pareil au mourant qu'écrasent les blessés,
Que le sabot du cheval froisse,
Dis-le, belle sorcière, oh ! Dis, si tu le sais,

A cet agonisant que le loup déjà flaire
Et que surveille le corbeau,
A ce soldat brisé ! s'il faut qu'il désespère
D'avoir sa croix et son tombeau ;
Ce pauvre agonisant que déjà le loup flaire !

Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
Peut-on déchirer des ténèbres
Plus denses que la poix, sans matin et sans soir,
Sans astres, sans éclairs funèbres ?
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?

L'Espérance qui brille aux carreaux de l'Auberge
Est soufflée, est morte à jamais !
Sans lune et sans rayons, trouver où l'on héberge
Les martyrs d'un chemin mauvais !
Le Diable a tout éteint aux carreaux de l'Auberge !

Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ?
Dis, connais-tu l'irrémissible ?
Connais-tu le Remords, aux traits empoisonnés,
A qui notre coeur sert de cible ?
Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ?

L'Irréparable ronge avec sa dent maudite
Notre âme, piteux monument,
Et souvent il attaque, ainsi que le termite,
Par la base le bâtiment.
L'Irréparable ronge avec sa dent maudite !

J'ai vu parfois, au fond d'un théâtre banal
Qu'enflammait l'orchestre sonore,
Une fée allumer dans un ciel infernal
Une miraculeuse aurore ;
J'ai vu parfois au fond d'un théâtre banal


Un frisson remonte le long de son épine dorsale. Un frisson qui semble prendre un malin plaisir à se répandre lentement tout en elle, la laissant transie de froid, recroquevillée sur son canapé, les jambes engourdies et même le plaid pelucheux dans lequel elle joue à la squaw ne lui apporte plus qu’une mince tiédeur insuffisante. Sur sa table basse, en trois piles distinctes et haute-perchées, sont classés ses cours de Botanique sorcière. De l’étude des mousses anaérobies Photogènes aux peupliers Incendiaires. Elle a délaissé, ce matin, son programme de révision. Elle avait pourtant surligné sur son planning les matières où elle avait grandement besoin, selon elle, de combler des lacunes abyssales. Mais elle méprise ce planning aussi... Au profit d’un recueil de poème. D’un recueil d’un poète Français : Charles Baudelaire. Là, où elle savait quelle trouverait cette drôle de question que Severus lui a posé hier…Cette question de pure rhétorique qui l’a laissé muette, les yeux papillonnants et l’esprit vide. Il lui avait semblé qu’il s’était évaporé comme une bulle de savon, comme un rien... A un moment critique ! Elle ne lui avait fourni aucune réponse. Les mots ne venaient plus jusqu’à elle.. Enfin si…Juste cette drôle de phrase... Il l’avait fait pivoter comme une vulgaire poupée de chiffon vers la porte. Elle l’avait dépassé, machinalement, avait fait trois pas, en silence, puis s’était retourné. Il la regardait. Severus. Son expression indéchiffrable, si peu réjouissante, marqué dans chaque pli de son pâle visage. Et, alors qu’elle allait lui demander une explication, il avait fermé la porte de son bureau . De son antre. Il avait verrouillé ce panneau de bois sur son rejet. Il se sent irrécupérable. Il veut le lui faire comprendre… Mais cette phrase… « Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ? » a continué de se décliner, inlassablement, comme un torrent exalté, dans son crâne. Et à la tourmenter. Et quand, elle est allée se coucher, hier soir, les yeux pleins de l’écho de ses mots, elle a pleuré, tout en douceur. Elle s’est réveillée, migraineuse, d’un rêve chaotique.. La phrase, cette phrase, était, comme une complainte, déclamée, tour à tour, comme une supplique ou comme une interjection…Mais, Severus ne le lui a dit que sur un ton affirmatif ! Comme si c’était une évidence, un dogme qu’un damné ne peut être aimé ! Ce n’en est pas une pour Hermione Granger ! En lui disant ces six mots, Severus Snape lui a permis de creuser, de savoir, de comprendre le pourquoi des choses et. Peut être… De l’aider... Alors Hermione a lu ce magnifique poème... S’est vue trembler face aux tourments prophétiques qu’endure le pauvre agonisant, puis... A realisé… Et frissone. Severus se croit maudit. Severus se sent damné. Severus au regard inquiétant de froideur est en proie au remord. Pourquoi ? Il est un meurtrier. Ses mains si blanches et soignées sont tachées d’asservissement et de grenat . Il est mangemort.
- « Non ! Espion ! Espion pour l’Ordre ! » S’exclame-t-elle.
Mangemort en rédemption ? Et il a honte c’est ça ? Il se hait ? Pourquoi ? Il ne lui doit rien. Et puis, même alors, ça ne change rien... Ni pour elle... ni pour lui… Il y a ce parasite en lui, armé de ventouses et de crochets. Solitaire et énorme. Et qui croit, encore et encore. Et qui s’accroche à lui, et qui ne pourra que difficilement être délogé. Ce parasite, ce tænia qui se nourrit de lui et finira par le tuer. Oui c’est certain, le tuer ! Si elle n’intervient pas ! Oui, il lui faudra bien intervenir à Hermione puisque Severus Snape se meurt, l’esprit voilé d’aigreur, le cœur noyé de pluies salées et poisseuses. Lui qui est rongé de l’intérieur, prêt à se ployer devant ce poison noir qui suinte en lui. Hermione interviendra. Sournoisement, puisque, évidemment, il ne voudra rien avoir à faire de tel avec elle. Il préférerait qu’elle le dénigre, qu’elle le rejette. Ce serait tellement plus simple qu’elle le haïsse, pour qu’il se conforte dans ses idées noires. A savoir qu’il est bel et bien échoué d’une île aux rivages acides.. Qu’il est un monstre, un tueur, un assassin, un vassal du mal.. Enfin, qu’il est bien un maudit. Et qu’aucun de ses actes ne cessera jamais de le supplicier. Mais qu’en sait-elle Hermione après tout ? Qui et elle pour juger ? Pourquoi devrait-elle seulement le faire ? Pourquoi veut-il qu’elle le juge ?
- « Je ne pourrais pas te haïr ! » Murmure-t-elle.
Elle déplie ses jambes, balance ses bras par-dessus les accoudoirs de son fauteuil, s’y appuie. Ses jointures blanchissent. Elle se lève. Résignée. Elle décide. Elle va l’analyser ! Elle va le satisfaire ! Elle le jugera pour comprendre, et, quand elle aura compris.. Elle acceptera. Elle n’aura rien à lui pardonner. Elle veut juste savoir ce qui s’est passé, toutes ces années, après son départ. Elle veut savoir, comme si le petit Severus, celui-ci croit encore aux couleurs. Elle se fiche bien de devenir son amie, elle a juste besoin de sa présence ! Et il se met le balai dans l’œil jusqu’aux crins s’il croit qu’elle va abandonner ! Foi de Hermione Granger. Elle jette une poignée de poudre dans l’âtre.
-« Chez Sweetie & Tooblond » dit-elle d’une voix fraîche.
Elle passe sa tête au travers des flammes verdâtres et ses yeux la laissent dans l’intimité d’un salon coquet.
- « Il y a Quelqu’un ? Demande-t-elle d’une voix forte.
- Bigre ! Gran... Heu... Hermione ! Tu m’as fichu une de ses frousses ! Peste Draco Malfoy, en s’extirpant d’un fauteuil où il semblait s’être assoupi, un grimoire vieillot à la main.
- Désolée.
- Un souci avec l’Ordre ? » S’inquiète-t-il, tournant vers elle ses yeux clairs.
Hermione rougit et remet en place une mèche qui l’agace prodigieusement .
-« Euh... Non… C’est à dire que…
- Ok ! Je vois ! Encore un problème de bonne femme ! Je vais te chercher Lola, elle dort encore... sourit-il en la saluant.
Hermione se mord la lèvre. Elle n’a pas pensé qu’il était bien tôt pour venir déranger son amie. Celle-ci arrive, en courant, un rien paniquée, cintrée dans un peignoir abricot qui sied à son teint.
- « Hermione ? Draco m’a dit que cela semblait urgent ?
- Non, du tout... Murmure la jeune femme. Je voulais juste te demander… un petit service.»
Lola soupire, soulagée et s’assied dans le fauteuil délaissé par Draco.. Elle a un air attendri sur le visage en considérant le livre abandonné de son fiancé.
- « Oh.. L’ange ! Il était descendu ici pour ne pas me réveiller..
- Oui ! Et je l’ai arraché à son sommeil brutalement.
- Ce n’est rien. Il dort peu... Une mission qui le tracasse. Répond Lola Clunster en secouant la tête... Alors, ce service, Hermione ?
- Est-ce qu’on pourrait déjeuner ensemble jeudi ?
-Bien sur ! S’exclame-t-elle. Draco ne sera pas là, ce serait un vrai plaisir, et ça me changera de voir quelqu’un au lieu de m’empiffrer de cookies maisons ! Tu veux me parler d’une chose en particulier ? »
Hemione baisse les yeux, puis les relève.
- « Sweetie ? Comment Malf... Je veux dire Draco vit-il tout...ça ?
Lola lui offre un regard clair, empli d’attendrissement. Elle pose le livre sur le rebord de la cheminée et porte un doigt à la joue de Hermione.
- Oh... Severus Snape ? N’est ce pas? »
Hermione confirme.
- « Retrouvons-nous jeudi à Croque-Citrouille pour 13h00, d’accord ? On parlera de tout... De tout ça… » Dit Lola, souriant gentiment.
« Ça » c’est le chaos de la vie de deux hommes qui oscillent entre une recherche du bien et le gouffre béant du mal.

o0o

Vendredi 17 mars1999, St Mungo, 19h45

Il toque à la porte sans conviction.De fines mèches d’ébène barrant ses yeux de suie irisés, Severus Snape songe amèrement que ses cheveux qu’il déteste représentent avec fidélité l’état de ses pensées filandreuses. Ce noir, cet abominable noir dans lequel il se plaît à se confondre. Cependant, au cœur de ces murs d’un blanc écru, sa discrétion lugubre prend une teinte qui reflète son humeur parsemée de joie. Il va la voir. Elle qui lui manquait dès qu’il la quittait… Elle pour qui, en ce crépuscule où le soleil se pâme dans son sang, il allait prendre sur lui et s’efforcerait de paraître gai et sans crainte. Mais ce qu’il lui annoncerait romprait le charme sous lequel il dissimulait son malaise. Snape entrebâille la porte et pointe un visage anxieux vers l’intérieur. Dès que son regard glacé effleure la silhouette gracile de Charla, toute haine s’efface, toute peur s’envole, tous ses souvenirs qui tordent ses entrailles s’affalent. La commissure de ses lèvres fines grimpe d’un cran ; son cœur palpite et fredonne en lui. Tandis qu’il s’avance de sa démarche féline, la figure blême de la vieille femme vacille sur son traversin dans sa direction. Severus se fige, comme s’il s’était heurté à une vitre invisible. Chaque fois qu’il revient la voir, elle semble avoir ingurgité des années. Comme si elle se consumait dans la coquille vide que constitue son corps inerte… Les prunelles obsidiennes de Charla se dilatent et rient. Son bras maigre tressaille ; ses joues émaciées se gonflent d’espoir. Toute son âme crie pour que son fils se courbe sur elle et l’étreigne, jusqu’à ce qu’elle étouffe, jusqu’à ce qu’elle se meure contre cet homme qui trace les lignes de sa vie. Ses longs cheveux couleur neige ne comptent plus que quelques gisements de charbon rares. Ils ondulent mollement sur ses épaules. Elle est rachitique, vidée, mais son esprit ne perd rien de sa vigueur. Severus ravale le picotement qui lui chatouille les yeux et s’agenouille auprès de sa mère. Doucement, sans un mot, il caresse d’une main tremblante sa joue blanche et tiède. Charla voudrait parler, lui hurler son amour, mais elle ne peut pas et, attristée, elle s’effondre dans son lit, malade de désespoir. Alors, Snape s’empresse d’entrelacer ses doigts aux siens, et, d’un courant de pensées fulgurant, entre en contact avec celui de Charla. La légillimancie opère sans y être conviée. Elle est là, c’est tout. Cet unique lien qui le relit à elle, sa si jolie maman, toute douce et fripée, qui vibre d’affection et en crève.
- « Je suis là, ne t’inquiète pas. Je vais rester longtemps, aujourd’hui, murmure–t-il intérieurement.
- Si tu savais, Severus… J’aimerais que tu demeures sans cesse auprès de moi, comme si tu étais mon cœur… J’ai l’impression de me défaire en ton absence… soupire la voix flûtée de Charla.
- Ne dis pas ça ! Je t’en prie, tu dois tenir, il faut que tu tiennes, encore un peu… parce que… je vais te sauver. Je veux que tu voies que je vais te sortir de l’état dans lequel tu es plongée. Pour que tu sois fier de moi et qu’on ne soit plus jamais séparé… »
La peau de Charla est diaphane. Ses songes s’égarent, elle ne répond pas.
- « Mère ! s’alarme Rogue en intensifiant le sort qui les unit.
- Je suis là, Severus, le rassure–t-elle, très calme. Je suis là et je t’aime. Je suis là mais je ne crois pas que tu m’y maintiendras encore longtemps…
- Grâce à ... Miss Granger... Miss Amy, nous avons trouvé le moyen de te guérir. Entièrement. Pour que tu puisses te mouvoir, te nourrir, sourire, parler… pour venir avec moi… »
Severus se sent si bouleversé que c’est avec effort qu’il renoue le sort d’occlumancie qui vrille. Dans la salle tapissée de plâtre sans éclat, il déglutit et ferme très fort les yeux.
- « C’est une opération réservée habituellement aux Moldus, mais… Elle convient très bien à ton cas. Ce sont les mêmes symptômes : tout concorde. Si tu l’acceptes et la subis, tu vivras comme avant. Nous rattraperons le temps perdu…
- Sev… Severus… bredouille Charla, et sa petite voix chevrote en elle. Tu veux dire que… je pourrais te prendre dans mes bras ? T’offrir tout l’amour qui durant toutes ces années nous a été arraché ?
- Oui… Mère… »
Severus presse la main de Charla dans la sienne et se mord la lèvre pour ne pas craquer. L’émotion le brûle.
- « Tu sais, quand j’étais enceinte, je me répétais souvent que tu adorerais mes tartes au citron. Moi-même, c’était ce que j’aimais le plus au monde, c’était mon trésor, mon sourire. Je me disais que tu la savourerais en pensant à moi. Et maintenant, si je survis à cette opération, si tu le souhaites, je t’en préparerais chaque jour ! Et on rira ensemble, et… »
Charla s’interrompt, stupéfaite. Elle contemple, bouleversée, son fils qui ne peut contenir ses sentiments débordants. Des larmes grises jaillissent des yeux noirs de Severus, elles sillonnent ses joues creuses, il étouffe ses sanglots. Il pleure, silencieux. Charla le couve d’un regard bienveillant.
-« Je ne veux pas te faire pleurer, non, s’il te plaît, pas ça… Je te demande pardon, mon petit…
- Non… Je… C’est simplement que… »
Severus ne coordonne plus ses pensées et l’enchantement chancelle entre lui sa mère. Avec un toussotement, il brise ce fil translucide qui les liait, retire sa main de celle flétrie de Charla et, sans prévenir, se jette contre elle et l’étreint sans retenue. Lui, cet homme arrogant et dédaigneux, à la voix doucereuse ou tranchante, se comporte comme le plus malheureux des enfants. Il le rattrape, ce temps perdu. Tremblant, effondré contre Charla qui ne peut qu’écarquiller les yeux d’extase, il effleure de ses lèvres exsangues les mèches ternies de cette femme qui n’est plus que l’ombre d’un être vivant. Pour lui, elle est bien plus que cela : elle est un ange.

o0o

Samedi 18 mars1999, ENSM, 11h00

La représentante des Premières années de l’ENSM, également professeur de Microbiomagie, vêtue d’un ravissant tailleur de taffetas Lilas, tout sourire, lui ouvre la porte de son bureau. Hermione entre dans un univers typiquement féminin. Des bougies odorantes embaument un air confiné, des coussins jonchent un canapé en peau de pêche, et de nombreuses fleurs apportent une touche de joies aux sellettes. Elle a appris, paniquée, qu’elle était convoquée, et craignait fort d’avoir fait une impasse qui lui coûte son renvoi. La Lettre d’Albus Dumbledore certifiant qu’elle avait effectué son stage dans un pays Nordique où une guerre civile sorcière empêchait son retour prématuré aurait pu ne pas convaincre l’administration de cette école aux principes rigoureux. Hermione se détend face au sourire de Miss Bymbsy, tout aussi vite qu’elle s’était mise à craindre pour le contenu de son dossier scolaire. Miss Eleanor Bymbsy lui tend une tasse de thé vert.
- « Miss Granger ! S’exclame-t-elle d’une voix ampoulée. Voilà enfin une occasion valable pour moi de rencontrer une élève à l’avenir prometteur, et cela pour une raison valable.
- Vous vouliez me parler de mon orientation, Miss Bymbsy ? » S’étonne Hermione.
Il lui avait semblé que cette convocation reflétait un caractère urgent. La femme sourit et pose soucoupe et tasse sur son bureau d’ébène.
- « Hélas, Ma chère, non. J’ai reçu une demande expressive de monsieur Dumbledore vous concernant, Hermione. Vous permettez que je vous appelle Hermione, n’est ce pas ? »
Hermione hoche la tête et boit une gorgée du breuvage.
- « Voyez-vous, Monsieur Dumbledore voudrait vous ravir à nous durant une petite semaine à la fin de ce mois... »
L’estomac de Hermione semble faire un salto arrière prodigieusement douloureux. Y aurait-il un quelconque souci avec l’Ordre. Albus lui aurait-il confié une mission ?
- « Une semaine ? « Bredouille-t-elle d’une voix blanche.
Le visage de Hermione s’assombrit et Miss Eleanor, voyant cela, s’empresse de babiller.
- « Je vois que cela ne vous enchante pas. Je comprends fort bien, une élève studieuse telle que vous, ressent toujours une pointe de déception à l’idée de ne pouvoir suivre nos cours, mais, des Ronéos seront distribués et je veillerais personnellement à vous en réserver. Puis, vous ne serez pas seule, j’ai chargé votre binôme de vous accompagner.
- Mon binôme ? S’exclame la jeune fille.
- Oui, oui. Votre binôme. »
Miss Bymby appuie chacune de ses paroles de gestes de la main fluide et ses cils blonds papillonnent allègrement.
- « Vous ne l’avez sans doute pas encore rencontré du fait de votre longue absence dans ce payas barbare qui nous a privé de votre présence.. D’ailleurs, je voulais vous demander si vous aviez pu rattraper tous mes cours, ma Chère. Il est d’une importance capitale que vous n’hésitiez pas à me traduire vos appréhensions si un point reste incompris. Les examens de fin d’année scolaire approchent et votre tendance à l’excellence ne doit en aucun cas en être amoindrie. »
Hermione prend une grande respiration et remarque qu’elle crispait ses doigts sur l’anse de sa tasse en porcelaine de chine. Ce ne semble apparemment pas pour l’Ordre que Albus requière sa présence. Miss Bymbsy manifeste un bien trop impressionnant enthousiasme, et il n’y aurait en aucun cas besoin d’un binôme inconnu pour l’assister dans une mission secrète… Hermione se demande un instant si cela aurait un quelconque rapport avec Severus Snape… Souhaite-t-il de l’aide pour l’enseignement de sa matière dans la conjecture où il lui faudra veiller sur Charla ?
- « Miss Granger ? Hermione ? »
Miss Bymbsy passe une main fine devant son visage soucieux. Hermione sursaute et s’excuse.
- « Je n’ai aucun souci avec vos cours, Miss Bymbsy, répond-t-elle ensuite, ils sont limpides et passionnants ! »
Miss Bymbsy sourit, flattée.
- « Et bien, c’est excellent, je ne vous retiendrais pas plus longtemps Hermione ! Dit-elle.
Elle se lève déjà et l’escorte jusqu’à la porte. Mais Hermione la retient, elle ne croit pas en avoir fini, elle. Il lui semble que Miss Bymbsy a oublié de lui expliquer le point capital de cette entrevue.
- Euh...Miss Bymbsy... Excusez-moi, mais pourquoi donc Monsieur le Directeur de Poudlard me demande-t-il ? »
Miss Bymbsy écarquille les yeux, et porte une main à sa joue badigeonnée de fond de teint.
- « Merlin. Ne vous ai-je pas dit. Venez vous rasseoir Hermione, et finissez votre thé… j’ai vraiment la tête percée comme un filet à Stangulots… »

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Samedi 18 mars1999, Londres Moldu, Blueberry’s private Clinic, 18h00

Il a revêtu un pantalon gris perle, et une chemise,. Il se sent mal à l’aise. Ces gens, assis en rang d’oignons sur ces sièges inconfortables en matière plastique d’un jaune criard, l’observent bizarrement. Il leur offre son regard noir. Une gosse piaille. Son cri lui perce les oreilles et il a la forte envie de sortir sa baguette, coincée entre sa chaussette et son mollet, et de lancer un sort de silence à l’impertinente gamine qui ne sait pas souffrir sans hurler. Et qui hurle justement devant lui. Severus a peur. Derrière cette porte fermée, là au bout d’un couloir où ce qui parait être des infirmières en tunique blanches ne cessent de flâner deci-delà, derrière cette porte peinte en rouge vif, un spécialiste étudie Charla. Severus ferme les yeux. C’est un étrange spectacle que de le voir, assis tout raide, dédaignant le mur diaphane derrière lui, le visage blême, les cheveux retenus par un élastique pour ne pas paraître trop en marge de la société Moldue. De la musique est diffusée et il sent une migraine monter. Et la peur toujours en lui… Qui le ronge, mais ne parvient pas à virucer cet autre parasite.. Car la panique, on la maîtrise, mais le Remords... Non. La porte s’ouvre. Le spécialiste sort d’abord. Son visage est grave. Severus se lève, prestement. La gosse qui hurlait, hoquette devant la vivacité de ce geste qui la prend par surprise. Severus n’y prête aucune attention. Le spécialiste lui parle. Il lui dit trois mots. A l’intérieur, deux infirmières expérimentées, adressent de gentils sourires à Charla et la font asseoir dans un fauteuil roulant. Le spécialiste sourit à Severus, hoche la tête et lui serre la main. Puis il s’en va. Vers d’autres patients. L’infirmière conduit Charla à sa chambre et Severus suit. Il a pris la main de sa mère et la lui caresse doucement. Il laisse le personnel l’installer et entre une fois que les femmes sont ressorties de là. Il caresse la joue pâle de Charla et baise son front avant de lui souhaiter une bonne nuit... Puis, il sort. Il a toujours peur. Mais il est confiant. Il rentre à Poudlard. Il aurait aimé dédaigner le repas mais Albus, d’un sourire, lui conseille de prendre place avec eux. Il aurait une bonne nouvelle à communiquer aux élèves et aux Professeurs … Severus craint le pire. Le pire c’est l’ouverture d’un Forum.. Le mois prochain. Pour permettre aux élèves de rencontrer les étudiants ayant intégrés différentes écoles. Ginny Weasley, à la table des Gryffondor, sourit largement, épanouie. Potter Et Weasley assureront la promotion des Aurors, Les Sœurs Patil une Ecole de Cosmétologie, Finnigan et Zabini exposeront les débouchés dans le domaine Sportif, Malfoy et Chang lancés dans le secteur Politique distribueront des tracts, tandis que les Jumeaux Weasley même s’attaqueront aux fibres commerçantes….Toute une flopée d’anciens élèves qui durant une petite semaine tiendront stands et conférences pour élargir l’horizon de leurs comparses. Hermione Granger y sera. En tant que représentante de l’ENSM. Cela lui importe peu. Il lui a exposé son point de vue. Il ne reviendra pas là-dessus. Il pense avoir été suffisamment clair. Et elle est suffisamment intelligente pour cesser d’être bornée. Alors il mange. Répond courtoisement à Minerva Mac Gonagall, surveille les élevés dissipés qui ne semblent avoir que l’envie d’avoir une retenue avec Rusard, puis rejoint ses appartements. Là, où il souhaitait se rendre sitôt après avoir laissé Charla dans cet hôpital Moldu. Une pincée de poudre de Cheminette dans l’âtre. Une flambée de flammèches vertes. Il passe sa tête dans le feu. Il hume l’odeur des fourneaux de Frau Recktenwald et elle glapit, surprise.
- « Na ja ! Fous auriez pu préfenir, Monzieur Zeverus! »
Il hoche la tête. Il aurait pu, c’est vrai.
- « Alors ? demande Sigrid Recktenwald. Quand bouclais-che mes falises ?
- C’est pour dans trois jours. Répond-t-il. La petite maison que je loue pour vous et mère est en plein cœur du Londres Sorcier. Je pense que ça vous plaira.
- Bitte Zehr ! » Sourit-elle de toutes ses dents.
Severus tend une main et elle la regarde un pu perplexe avant de la saisir. Il lui étreint fortement les doigts.
- « Non. Merci à vous Sigrid. »

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Jeudi 23 Mars 1999, Ecole Normale Supérieure de Magie, Banlieue Londonienne, 12h50

Hermione ramasse rapidement ses quelques feuillets, les annote soigneusement, et les glisse dans son sac. Le professeur Schlump quitte la salle, pointant sa bedaine bombée avec un enthousiasme comique vers la sortie de l’amphithéâtre étouffant. Hermione se hâte. Elle enfile sa cape de laine et, courant presque, cherche à s’échapper de la marée humaine d’étudiants qui bouche l’artère menant au Hall de l’établissement. Elle joue des coudes, écrase des pieds et se faufile, ponctuant chaque geste, de « Pardon... Pardon... Excusez-moi » polis. Elle respire enfin, quand, au terme de cinq minutes de bain de foule, elle émerge en haut de l’escalier monumental de marbre rose de L’école Normale Supérieure de Magie. Les joues rougies, elle est tout simplement ravissante alors qu’elle descend quatre à quatre les marches. Ce n’est qu’arrivée en bas, qu’elle stoppe sa course folle. Une étudiante lui montre un jeune homme qui s’égosille derrière elle.
– « Ton ami t’appelle. » Lui dit la jeune fille.
Hermione se retourne pour faire face à un parfait inconnu. Un jeune homme de son âge, grand et svelte, le teint légèrement halé sous de raides cheveux châtaigne et les yeux bleus et rieurs.
- « Salut ! Halète l’inconnu avec un fort accent d’outre Atlantique qui rend sa voix harmonieuse... Je voulais te dire... Euh... Hermione, c’est ça ? »
Hermione hoche la tête et accepte la main tendue qu’on lui présente. Le jeune homme là lui serre énergiquement, en souriant franchement.
- « Je m’appelle Josh… Joshua. Nous sommes dans le même cycle. Je suis ton binôme. Et je voulais te dire, ton exposé m’a captivé !
- Vraiment ? »
Surprise, Hermione écarquille ses yeux ambrés.
- « Il m’avait semblé fort passable, à moi, lorsque je l’ai rédigé. Quand j’ai demandé conseil à mes meilleurs amis, ils m’ont questionné sur le tarissement de ma réserve d’encre... » Dit-elle, roulant des yeux, avant d’entendre Joshua éclater d’un rire grave et fort plaisant.
- Je t’ai trouvé brillante ! Ajoutons à ça ton sens de l’humour et ta beauté et... Wouh ! S’exclame-t-il et Hermione sent ses joues s’embraser. Mais, brillant vraiment ! A tel point qu’il me faudrait quelques éclaircissements. Est-ce que tu aurais cinq minutes pour qu’on en parle ? De ça, et du stand également… On déjeune ensemble et…
- Ça aurait été avec plaisir... Mais là... »
Hermione jette un coup d’œil à sa montre.12h54 . A peine le temps de sortir de l’enceinte de l ‘école, transplanner et remonter la rue principale du Chemin de Traverse. Elle hoquette et s’éloigne à reculons.
- « Désolée.. Je suis attendue et en retard. S’écrie t’elle
- Et samedi ? » S’époumone le jeune homme .
Il dépasse les autres étudiants d’une bonne tête et au loin, Hermione lui sourit. D’accord. Alors qu’elle trottine de nouveau, elle ne prend pas garde au regard de Joshua sur ses hanches pas plus qu’elle n’entend une jeune étudiante au visage ingrat soupirer :
- « Encore un dragon pris au lasso... »
Non, elle ne prend pas garde, Hermione. Elle courre. Vers « ça ». Vers son destin aussi.. Mais cela, elle l’ignore. Elle pense seulement à apprendre à combattre un ver carnassier et tenace.

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Même Jour, Campement d’une Noirceur absolue, quelques heures plus tôt...

L’homme fléchit. La sueur coule en ruisselets glacés de son front palissant. Ses joues, elles, brûlent de fièvre, et desquament. De façon répugnante. L’homme tousse. Une toux grasse. Il crache des glaires. Il crache sa vie. Souffreteux, il porte une main comprimée à sa poitrine et l’autre à terre. Il rampe presque, ce mourant. Mais le Lord n’est pas satisfait. Le Lord sur son trône d’airain, Nagini, son ombre fidèle, calant sa tête reptilienne dans une main nue habillée de pouvoir et de destruction, ne se réjouit pas de ce spectacle. Il ne se réjouit pas de voir ce débris humain à ces pieds. Ses pieds ont pris l’habitude de fouler des corps nécrosés, des ruines, et non pas le rachitisme d’un demi-homme.
- « Est-ce donc là le seul effet de cette racine mortelle ?» Demande-t-il.
Sa voix molle et glaciale semble suspendre le temps. Nagini siffle et l’homme râle. Et sifflements et crachotements comme des milliers de chuintements malsains sont répercutés par les murs de la haute salle. Mais La voix du Seigneur des Ténèbres, non . Elle transcende. Le Lord se lève. Docile, le serpent suit. Ses écailles miroitent alors qu’il danse. Alors qu’il rampe, avec mollesse et paresse, se tordant, s’allongeant, ce serpent, jusqu’au corps haletant. Le Lord avance. Sa robe de velours pourpre traîne à terre, l’enrobant d’une majesté maléfique, et, d’un geste d’un doigt, il fait élever le buste du malade pour, avec un dégoût visible, l’observer. Il observe les yeux révulsés et voilés déjà, les narines collapsées et morveuses, la langue qui se sent prête à pendre et à s’incliner, vaincue. Il contemple les spasmes désordonnés, la prière muette d’un corps qui ne quémande plus que soin... Ou délivrance. Il contemple, impérieux. Il analyse son cobaye. Il baisse la main. L’homme s’affale. Un os craque. L’homme halète et se tord. Il n’a plus la force de hurler. Son âme n’en peut plus, elle s’éteint.
- « Queudver ? »
Queudver s’avance, émergeant de l’ombre où il s’était tapi, attendant l’heure du châtiment. Nerveux, il croise et décroise ses doigts argentés et chairs.
-« Maître. Je ne comprends pas… Couine-t-il.
- Instantanée… Sa mort devait être instantanée. Voilà, pourquoi, j’aimerais que tu comprennes, Queuedver ! Que tu comprennes pourquoi cette loque Moldue est en sursis depuis près de 30 minutes ! Répond !
- Je lui ai fait toucher la plante, Seigneur. Il s’est révulsé aussitôt... Cela aurait du suffire, je… »
Le Lord pivote.
-« Tais-toi. »
Et l’animagus rat se tait.
- « Disparaît. »
Le petit homme à la main d’argent disparaît. Il est des ordres qu’on ne peut contester. Et celui-ci paraît bien plaisant à son cœur faible et à sa tremblante personne.
-« Severus ? »
Severus Snape détache son regard du corps de l’agonisant. La résine infectée cause encore bien des torts. Mais cela sauvera l’intégrité de Draco et la sienne. Cela sauvera leur vie. Severus fait deux pas. Il délaisse le rebord de granit noir de la cheminée où il était accoudé, alors que les flammes chaudes léchaient son dos.
-« Maître ? Demande-t-il. »
Sa voix est ferme malgré cette compassion pour le miséreux qui, tout comme lui, hurle en silence. Malgré qu’il soit gâté d'appréhension lui-même. Severus greffe ses yeux où rien ne se révèle, ses deux orbes froids, sur les iris rougeoyants et fendus du Seigneur, qui ne sera, finalement pas, invincible.
- « Penses-tu que cette plante ait pu perdre de son capital pathogène au fil des siècles ?
- « Je n’ose émettre que cette hypothèse, Maître... Cependant, le Jeune Malfoy et moi-même n’avons pu que constater que l’environnement de cet arbrisseau était en état de flétrissent total... Voire mort. Ou bien... C’est que... Oui !Peut être... Est-ce-nous ? Notre système Magicoimmmunitaire ? »
Le lord se dirige vers une table aux pieds d’acajou ciselés de Vipères . Il y prend un parchemin placé sous verre. Un parchemin d’où la magie émane, forte et ancienne. Longuement, il le parcoure, ne disant mot.
- « Ce sont ces Grecs ! Ces Sorciers primitifs ! Grince Lord Voldemort. Ils n’ont étudié les effets de cette plante que sur de stupides animaux ! Des animaux communs !
- Une Grave erreur. » Concorde Le Mangemort, fermant, avec un entrain renouvelé par l’absence de suspicion du Seigneur, son esprit.
Le Lord s’absorbe dans ses pensées. Nagini, tourne toujours autour du cadavre délaissé à sa souffrance. Puis, Son Eminence Noire relève la tête, fait ranger le parchemin dans un coffre qui va s’encastrer derrière une dalle du mur, et d’un pas lent, s’en retourne s’asseoir . Severus le suit du regard. Attendant. En homme qui se veut fidèle mais sait ne pas l’être.
- « Débarrasse-moi de cet échec. Ordonne enfin Tom Jedusor, portant un dernier regard peu amène vers le mourant dont le teint prend une teinte cadavérique. Fais ce qu’il te convient de faire de ce misérable Moldu que nous a déniché Quedver.. Mais ne donne pas sa chair à mes Trolls. Je ne veux pas avoir à éradiquer une épidémie. Va, Severus, maintenant. »
Severus obtempère. Il va. Par un charme, il fait léviter l’homme décharné devant lui. Le corps flotte, plongé dans l’inconscience qui précède de la mort. Severus va. Il va vite. Non pas car l’homme pue déjà la mort à plein nez. Mais parce que le temps presse. La mort va venir. Et la faucille inéluctable ne doit pas s’abattre si tôt sur la tête de cet homme. L’Irréparable ne doit être commis. A l’abri de tous regards, enfin, dans une pièce où nul n’entre, il s’arrête. Il verrouille, sécurisant les lieux et de sa poche, extrait une minuscule verrerie. Vite dévissée, une forte odeur d’aubépine Granittière s’échappe et l’Espion fait boire le contenu à l’homme. Sans le toucher. Fred & George Weasley n’ont réussi à synthétiser que quelques millilitres d’antidote, en gardant même une faible dose pour en reproduire si nécessaire. Quelques millilitres d’élixir de chance, pour que la Mort renonce à venir flairer l’odeur aigre d’abandon qu’exsude ce corps consumé. L’homme geint, manque de s’étrangler et Severus prie. Il ne sait pas si ce liquide jaunâtre va faire effet. Il espère, c’est tout. Pour sauver une vie. Il espère pendant de longues minutes. Et il pense, aussi. Beaucoup à vrai dire… A une phrase de Amy : « Divers chemins mènent à une même porte. Il y a juste certains raccourcis moins éprouvants ». Il est toujours égaré pour sa part. La porte se dérobe. Et ce raccourci n’en est pas un… Seule Charla s’en est approchée.. enfin ! Elle l’a même franchie cette porte... Il ya deux jours…Une opération de quelques heures. Il y pense, adossé contre un mur. Il sourit un peu. Elle va s’en sortir... Elle va vivre. Vivre ! Il s’assoupit avant qu’un cri ne le réveille.
- « Qui êtes vous ! Que me voulez-vous ! Je flotte ! Ah ! Je vous ai vu ! Avec cet homme et ce serpent ! S’écrie, tourmenté, l’homme. »
Severus le réduit au silence d’un moulinet de sa baguette. Et l’homme s’agite, tremblant d’effroi devant Sa propre imagination fertile et fourbe.
-« Je sauve votre peau, imbécile ! Siffle Severus Snape, dents serrés. Taisez-vous et cessez de vous débattre ! »
Le teint de l’homme est rubicond. Il semble sain. Et il est sauf. Severus s’empresse de lui saisir fortement le bras et Transplanne. L’homme réprime un haut de cœur. Ils arrivent à l’orée d’une forêt. Elle ressemble un peu à celle qui jouxte la propriété Snape, mais il n’y a pas ce chemin qui mène au Gros chêne creux. Et le soleil se camoufle derrière une végétation qui reprend couleurs, lassée de se parer d’un sombre marron d’hiver. L’homme tombe à genoux. Severus ôte le sort. Et l’homme s’égosille, tremblant de frayeur.
- « Tuez-moi ! J’ai bien vu que votre secte aimait la souffrance ! Achevez-moi, pitié ! Mais ne me laissez plus à cette douleur ! Ne me faites plus languir comme tantôt ! Pitié !
- ‘Il est probable que la mort soit moins pénible que la vie ‘. Mais ce n’est pas votre heure, Monsieur…Pas plus que ce n’est la mienne. »
Il lève sa baguette après que l’homme ne l’ai écouté, interloqué devant l’incongruité et la nuance rugueuse de cette parole.
- « Oubiette ! En vous promenant dans ce bois, une veuve noire vous a mordu alors que vous penchiez pour examiner une plantule en croissance. Le poison neurotoxique de cette araignée a provoqué maintes hallucinations et votre corps risque encore d’être endolori, mais une âme charitable a eu suffisamment de sens pour vous mener à un hôpital. Le personnel compétent a alors pu contrer suffisamment tôt les effets néfastes de ce venin. Les tremblements vont s’apaiser... Le contrecoup... »
Alors que le Moldu papillonne des yeux ingérant cette formidable aventure qu’on vient de lui inventer, Sevrus Transplane. La plante n’a pas tué. Et ce liquide coloré... Cette sève fruitée... A triomphé de la Mort. Une nouvelle fois, une potion, un philtre, une simple mixture, a guérit un mal mortel. Mais ce mal en lui…. Y aurait-il une infime chance que... ? Severus se remet à espérer. Après tout, y aurait-il une chance pour que cette vie soit moins pénible ? Pour que lui aussi se rapproche du bonheur et que s’atténue cette mort de tous instants en lui ? Même si ce n’est que pour un effleurement... Un seul ? Serait-il possible qu’un Philtre… ?
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Message par Sophie Ven 15 Oct 2010 - 11:45

Chapitre 3

Même jour, Chemin de Traverse, quelques heures plus tard

Severus, affligé, plisse les paupières. Un volet claque. Gémissement lugubre dans le silence terni. La blancheur d’un bras s’est dévoilé une semi-seconde à l’angoisse de cette vie avant de disparaître derrière une barrière vitrée sécurisante. Il se sent mal. Il se sent mal dans cette atmosphère qu’il ne connaît que trop. Il se sent mal vis à vis de tous ces gens, innocents, n’ayant jamais souhaité vivre dans la crainte. Il se sent mal car il n’y peut rien.
Sigrid frissonne. A ses cotés, dans son épaisse mante de laine, elle frémit. D’une main massive, elle empoigne l’épaule de Snape pour l’attirer vivement vers elle. Elle lui offre un sourire encourageant afin de l’empêcher de croire, ne serait –ce une unique seconde, que ces crissements qu’il entend sont ses grincements de dents. Le Maître des potions tressaille légèrement et manque de trébucher lors de son remorquage mais,il délivre malgré tout, l’ombre d’un sourire reconnaissant à Frau Recktenwald. Qu’elle croit donc que sous sa bonne garde, la peur se dissipe.. Il n’en reste pas moins que, vaillamment, accrochée à son bras, il l’entraîne au devant du danger potentiel. Il ne fait pas bon d’être dehors, en ces temps mauvais. Sa bonne fée lui assène une affectueuse bourrade dans le dos avant de pointer un doigt potelé vers une enseigne lézardée. Severus fait rouler le nom inscrit en lettres incrustées sur sa langue et acquiesce.
- « Bois et Chiffons : filez un bon coton ! », articule soigneusement Snape. C’est précisément ce qu’il nous faut. J’espère au moins qu’ils possèdent des commodes à décalage automatique et des sommiers multifonctions…
- Ainzi gue des chaizes à direczion programmée… ajoute Sigrid, chassant sa panique à grands élans d’enthousiasme.
- Voulez-vous me répéter le plan de notre journée, Sigrid ?
- Mais zertainement, Monzieur Zeverus: achat de meubles et literie, recherche de zucreries et d’un nézézaire à tarte, éfentuellement l’acquisizion d’une baguette machique, et pour finir la pause décheuner.
- Parfait. Allons-y ! »
Sigrid, bientôt contaminée par une fièvre dépensière en oublie ses sueurs froides. Elle s’esclaffe de son rire chaleureux et tonitruant chaque fois qu’elle expérimente un prototype ensorcelé : elle émet de petits cris entrecoupés quand un matelas sauteur l’éjecte sans scrupule pour ensuite l’amortir amoureusement ; elle redouble de mimiques adorables en chatouillant insidieusement une armoire gondolante qui se trémousse avec des chuintements hilares ; elle câline tendrement un fauteuil modulabulle qui, selon ses désirs, malaxe sa matière pour devenir tour à tour doux nuage pastel, vagues stoïques d’un lac ou coussin moelleux à souhait. Severus, lui, ne se comporte pas de manière si infantile. Il résorbe à grande peine les sourires qui escaladent ses lèvres, mais conserve une attitude impeccable et une droiture de gestes irréprochable. Il hésite, il fouille, il questionne… Il tâte, renifle, visionne… pour enfin se décider, au décompte de deux heures trente de la quête du parfait mobilier. A la sortie du magasin, le duo a une allure assez comique. L’imposante femme qu’est Sigrid affiche un sourire si large que ses pommettes se compriment, tandis qu’elle se dandine sur place avec un débit inépuisable d’exclamations joyeuses, et l’homme frêle enveloppé de noir à ses côtés, a un regard hagard, un peu vitreux, perdu dans les méandres d’un rêve près de s’exaucer. Sigrid gazouille tout ce qu’elle sait chez Honeysweets, annexe londonienne de Honeyducks, le royaume par excellence de la gourmandise sorcière. Elle slalome entre les rayons, soupèse la matière grasse contenue dans les paquets qui s’étalent sous ses yeux étoilés ; elle voudrait s’approprier la boutique entière. Severus, bien sûr, se montre scrupuleux, enclin à décortiquer à la loupe les compositions trafiquées des bonbons – on est maître d’art des potions, ou on ne l’est pas. Au détour d’une allée réservée aux chocolats Rouletabille, ces petites douceurs dernier cri, il esquive in extremis une flamme volcanique.
- « Weasley… grince Snape, extrait de son univers avec brutalité. Vous dévalez le lino tout schuss dans le but d’amasser vos emplettes en un temps record ?
- Professeur… Snape… ? bredouille l’apprenti Auror, incrédule. Vous, ici ? Si je m’attendais…
- Tout le monde change », réplique sèchement son vis-à-vis.
Ronald Weasley balaye la mauvaise humeur ambiante en se gratouillant son oreille droite vermillonne.
- « Puisque vous n’êtes encore qu’amateur, je vais vous conseiller. Non, non, inutile de me remercier, c’est tout naturel. »
Il adresse un clin d’œil malicieux à Snape et lui indique de le suivre ; il se remet à galoper. Non sans avoir lever les yeux au plafond, consterné, Snape le prend en filature. Il ne le regrettera pas.
- « Une baguette machique… Fous êtes zûr, Monzieur ? s’alarme Sigrid pour la quatrième fois.
- Oui, Sigrid, je sais ce que je fais, tranche Severus. Malgré son âge et son état… légèrement handicapé, Mère peut très bien se servir correctement d’une baguette. Elle maîtrise la magie comme vous et moi.
- Dans ze cas… »
Severus fourre ses poches boursouflées de friandises entre les bras déjà débordés de Frau Recktenwald. L’athlétique rouquin s’est avéré étonnant pour les guider dans le choix des chocolats aussi bien que dans la désignation des plats à tarte ; une vraie perle. il en était tout retourné, d’ailleurs, d’entendre, à nouveau, un franc « merci » de la part de son ancien professeur exécré. Il n’avait pas menti. Tout le monde change. Et Hermione ne devait pas y être pour rien… Entre deux étagères maculées de poussière au goût de parchemin, une araignée tisse sa toile d’une soie d’argent qui se reflète dans la vitrine d’Olivander. Snape contemple son minutieux travail, les yeux mi clos. Il se reconnaît dans cette arachnide : sous ses airs lents et maladroits, lorsqu’elle demeure immobile sur ses fils de moire grise, elle est fourbe, calculatrice, méticuleuse. A l’approche de sa proie, elle se métamorphose en une créature impitoyable, machiavélique. Severus s’est mainte fois demandé si, après avoir dévoré ses innocentes victimes, elle éprouvait un certain regret. Dans son propre cas, c’est cet indicible remord qui l’écrase. Oui… Il a manipulé, torturé, assassiné… à présent qu’il a basculé du côté de Dumbledore, il la fait encore souffrir… Hermione… Il est acerbe avec tous ceux qui croisent son chemin… alors… est-ce qu’il changera vraiment, un jour ? Cesser d’être araignée pour devenir papillon…
.- « Monsieur Snape ? Que me vaut votre visite incongrue ? »
Severus réprime un sursaut. En un battement de cil, il se replonge dans le monde réel pour adopter son expression altière. Celle qui ne sert qu’à le protéger ; le cacher.
- « Olivander… Cela faisait longtemps… Eh bien, je viens vous voir pour acquérir la baguette sœur de celle de ma mère, Charla Snape. Vous vous souvenez d’elle, je suppose ?
- Charla… ? souffle l’homme sans âge, déstabilisé. N’est-elle pas… ?
- Non, elle est bel et bien en vie, le coupe Severus sur un ton tranchant comme une lame de rasoir.
- Une femme fort charmante… Enfin, je l’ai connue lorsqu’elle n’était que fillette, à onze ans… Très polie… Adorable, à dire vrai… Oui, elle avait été vraiment mignonne. Je m’en rappelle comme si c’était hier.
- S’il vous plaît, je suis pressé, bougonne Snape. Donnez-moi cette baguette. »
Olivander ne s’exécute pas instantanément. Il prend le temps de splanter ses yeux livides dans les abysses profonds de ceux de Snape.
- « Est-ce bien sage ? »
Snape contient sa fureur en oppressant le bois innocent du bureau. Ses jointures blanchissent progressivement.
- « Ne me posez pas de questions ! Suffit votre impertinence, Ollivander ! J’en ai assez que l’on me dicte ma conduite… Je n’ai plus dix ans, vous comprenez ! Je ne suis … »
Les mots meurent dans sa gorge nouée. Il déglutit avec peine. Ne pas perdre son self-contrôle, jamais. Il ne peut se permettre d’enfreindre cette règle. Surtout ne pas se souvenir de Miss Amy… non… sûrement pas. Pas tout de suite.
- « Je disais cela uniquement dans l’intérêt de Charla, soupira Olivander, navré. J’y vais. »
Il pointe le bout de son nez aquilin quelques instants plus tard, les cheveux un peu hirsutes, un étui de carton gris à la main.
- « Elle était fourrée sous un nid d’araignées, hoquette Olivander, de la poussière plein la bouche, à demi suffoqué. Elles sont teigneuses, savez-vous ? Tenez, voici la baguette que vous m’avez demandée. Faites attention en la manipulant – je dis cela pour votre mère, bien entendu - : elle est légèrement plus puissante que sa sœur, ce qui parfois fait toute la différence.
- Je vous remercie, Olivander, acquiesce Sanpe d’une voix sèche, en payant la note. Peut-être à bientôt. Au revoir. »
Le vieil homme hoche la tête, encore tout emmailloté de toiles collantes. Il possède quelque chose dans le regard qui a toujours réprouvé Snape ; cette froideur qui se mêle à une douceur insoupçonnable. Snape, Lui préfère les attitudes franches, bien que lui-même, si longtemps, ait agi exactement de la même façon qu’Olivander… Sauf qu’il n’y a jamais eu une quelconque douceur en lui. Severus fronce le nez ; aujourd’hui doit être une excellente journée, en l’honneur de Charla. Pas la peine de la souiller avec les vomissures de ses souvenirs. Il soupire. Où sont donc envolées ces brises odorante de cookies qui dorent, de barbes à papa saupoudrant l’air d’un délicieux coulis de sucre et de brioches qui gonflent dans les vitrines des boulangers ? Où sont donc allés gambader ces enfants au sourire aussi pitoyablement tendre que le cœur d’une marguerite et qu’il foudroyait du regard dés qu’une baguette farceuse, insouciante, promettait de lui teindre les cheveux en rose ? Sigrid, lui saisit le poignet pour l’entraîner dans son sillage. Elle meure déjà d’envie de rentrer dans l’une de ses boutiques en faillite afin d’être protégée par quatre murs de briques minces. Severus écarquille imperceptiblement ses yeux charbons, tandis que son corps semble voltiger comme une bannière ténébreuse sous la force de son ancienne gouvernante qui l’attire irrésistiblement. Il veille à ramener son second bras contre lui pour ne pas laisser échapper l’écrin contenant la précieuse baguette. Sigrid se plante en plein milieu du passage, si brusquement que le Maître des potions manque de la heurter. Un chouia agacé par cette mascarade, il se délivre de l’emprise de Frau Recktenwald avec impatience et lisse consciencieusement les plis de sa cape - un peu chiffonnée par le voyage.
- « Fous afez un creux, Zeverus ? »
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Même jour, Chemin de Traverse, 12h59

La tête encore emplie du brouhaha de ce hall universitaire, Hermione se pose, dans un ‘pop’ à peine audible. Elle a transplané dans la ruelle des Gobelins fous, nommée ainsi en commémoration d’une mutinerie de quelques-unes unes de ces créatures belliqueuses en l’an –10 pour une affaire de pain, de fromage de chèvre et de mocassins. L’esprit aiguisé de la jeune fille, n’a, à ce jour, toujours pas percé le mystère des mocassins dans cette affaire qui a débouché sur une guerre civile sanglante. Le Chemin de Traverse ne laisse apercevoir, de cette impasse pavée qui le jouxte, que la vitrine dégarnie d’un antiquaire. Hermione retire quelques épingles à chignons trop serrées et le vent doux se charge de porter à sa fantaisie les longues mèches frisottées de la jeune fille déci-delà, dans un ordre tout chaotique qui ne rend cependant que son visage agréable plus fin et plus charmant. Ainsi parée de sa grâce naturelle et inconsciente, Hermione avance sur les petits pavés irréguliers et glissants pour déboucher sur la célèbre allée commerçante du tout Londres Sorcier. Au terme de trois foulées, elle s’arrête pour agiter joyeusement sa main. Sur le trottoir d’en face, quelques mètres en amont, Lola Clunster, emmitouflée dans une chaude capeline, l’attend patiemment. Hermione sourit et se met à trottiner, ne s’attardant pas à décoller un prospectus décoloré par les intempéries qui a eu l’audace de se lier d’amitié avec sa semelle. Elle serpente entre les rares passants de ce lieu aujourd’hui déserté. La guerre salit tout : elle macule de toiles d’araignées les vitrines dépareillées larguant les mêmes objets invendus que l’an passé. Les fournisseurs ne font plus livrer sur Londres, capitale des horreurs inavouées, siège principal de la résistance et des luttes acharnées de deux camps usant de tous stratagèmes pour faire plier l’autre. Les fournisseurs provinciaux ont peur. Ils ne sont pas les seuls. Il n’y a guère plus d’enfants vagabondant seuls, d’échoppes en échoppes, yeux écarquillées, et bouche bée devant toutes ces petites merveilles, désormais maculée de poussières. Les quelques sorciers qui font leurs achats sont aux aguets. La peur au ventre, ils resserrent leurs rangs, courant presque, en petits groupes de trois ou quatre, la main dans la poche, à proximité d’une baguette bienvenue. Ces petits lots d’individus, n’osant plus respirer cet air à l’odeur d’hérésie se bousculent, sans échanger un mot, pressés d’en finir, de revenir à leur maison pas moins sure mais douillette tout du moins.. Ils laissent une impression morbide à ces murs couverts de propagande ministérielle. Un rat gris suit le sillon de Hermione. Les rats aiment la guerre. Ils attendent déjà la charogne. Peu importe si la chair est marquée ou non d’un tatouage infamant, du moment qu’elle est comestible. Les rats sentent venir le dénouement de ce duel sorcier oscillant entre deux forces égales. Alors, les rats polluent. Mais pour l’heure Hermione et Lola sourient. La guerre n’effacera pas les couleurs tendres de leurs joues satinées. Elle ne les empêchera pas de se faire la bise en babillant comme des pies devant une bague en or, prenant des nouvelles de l’autre en remerciant du compliment sur la nouvelle coupe de cheveux. La brise légère et le silence anormal qui les enveloppe comme les bras entourés de ficelles d’une marionnette de bois peint ne les paniquent aucunement. Elles ont d’autres choses en tête. Des choses qui pourraient paraître futiles, mais qui ne le sont pas. Le dénouement de la guerre dépend de choses futiles, capables d’influencer l’humeur de deux soldats. Alors, avançant bras dessus, bras dessous, complices, elles se dirigent vers un petit restaurant près d’une fontaine qui ne laisse rejaillir qu’une eau croupie. Elles rient devant l’affreuse publicité de l’établissement choisi : « Croque –citrouille : la meilleur des tambouilles ! » Puis passent le seuil sous le carillon joyeux. On les escorte vers une table mignonnette décorée d’épis de blés et de bouquets de lavande délicatement odorante. La radio sorcière débite les statistiques mensuelles des cultures à la bourse, et les jeunes femmes plongent dans une carte orange. A chaque page, une illusion, à qui un potiron, à qui une pomme de terre, à qui une fraise, leur conseille sur un ton enjoué les spécialités de la maison en leur offrant des clins d’œil gratuits.
- « Mangez-moi ! Mangez-moi ! » Piaille un radis énorme devant les yeux clairs de la fiancée de Draco Malefoy alors que Hermione se débat avec une sauce tartare qui dégouline de transparence jusqu’à son assiette en terre cuite –pour faire plus rustique -.
Lola et Hermione ont vite fait de choisir des salades et de rendre les menus furibonds – « moi, moi ! Je suis meilleur ! », Dixit un potiron délaissé- à une serveuse au menton tombant, qui, perpétuellement, jette des coups d’œil anxieux au dehors. Ce n’est pas de la citrouille qu’elles entendent croquer ces deux demoiselles. Elles préfèrent à cette chair éclatante et farineuse un maelström atypique de saveurs et d’émotions. De quoi rire, pleurer ou tempêter. De quoi être déçues, voire dégoûtées ou mieux, rassasiées. A pleines dents, Lola Clunster et Hermione Granger entendent croquer la vie. La guerre ne leur ôtera pas cet appétit incommensurable de respirer, de s’emplir l’âme de parfums d’amour, de loyauté et de tendresse, et, simplement d’exister.

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- « Fous afez un creux, Zeverus ? »

Le dit Zeverus embrasse du regard une petite terrasse nappée de chaises en ferraille un peu branlantes et de tablettes toutes rondes qui se dressent dans un équilibre précaire sur trois pieds rouillés. Une brise entêtée et pauvre donne l’occasion à trois feuilles mortes de se lancer dans une course poursuite apathique. Un carton emballage de chocogrenouille se mêle à la danse avant que d’être avalé par la bouche béante d’un caniveau fétide. Gravé sur une palette de chêne en lettres enlacées et ventrues, se lit le fier nom de « Tartes, macarons, soufflés ? Venez chez Tobleron pour régaler vos yeux ronds ! ». Un soupir mélancolique échappe à Severus. Il dédie son expression la plus avenante à Sigrid.
- « C’est vrai qu’aujourd’hui je n’ai pas encore bu le moindre jus de citrouille. Je doute que leurs tartes soient aussi succulentes que celles que vous me concoctiez, mais cela ne coûte rien d’essayer. »
Lui et Sigrid s’attablent, à l’intérieur. Severus aussi discret qu’une étoffe qui bouge, elle de son air perpétuellement bourru - en tant que cuisinière qui se respecte. Frau Recktenwald se charge de la commande de la tarte au citron en hélant un serveur à queue de pie qui chassait –ou du moins tentait– d’expulser un chien efflanqué aux prunelles vides et aux cotes douloureusement visibles, s’étant permis d’entrer derrière les premiers visiteurs de ce début d’après-midi et attendant un peu de clémence et de chaleur . Extirpé de sa délicate opération par la voix chaude mais brusque de Sigrid, le jeune homme se redresse d’un coup, tout penaud, en oublie ce dogue qui, finalement, ne lui cause aucun tort, et court se ruer aux fourneaux. Snape siffle de manière méprisante, mais Sigrid éclate d’un rire si franc qu’il ne peut s’empêcher de pouffer à son tour, avec un son atténué, presque gêné. Quelques minutes plus tard, sa vieille amie croque à pleines dents la croûte gondolée de la confiserie couleur d’étoile, ravie, charmée. Severus se délecte lentement de son morceau mordoré, tandis qu’à chaque bouchée un souvenir de son enfance surgit du passé pour accaparer ses pensées. Le visage d’Amy – non, non, Miss Granger ! – se dessine au fond de son âme ; il la voit secouer ses boucles châtaignes tandis qu’il déguste à s’en étrangler une infinité de massepains, à dix ans tout mouillé. Il se surprend ensuite à tomber aux pieds de Sigrid, barbouillé de farine, les cheveux emmêlés, si rebelle, si turbulent. Et puis il…
- « Zeverus ? Monzieur ? résonne évasivement la voix de l’actuelle Sigrid. Quelque chose fous préoccupe ? Fous êtes bien penzif…
- Rien d’alarmant, souffle Snape, un brin rêveur. Dites-moi, comment étais-je lorsque j’étais enfant ? Méchant ? Cruel ? Irrécupérable… ?"
Son rire sarcastique fuse.
- "Foyons, Monzieur ! Mais pas du tout ! Fous étiez perturbé…, écrazé par la pression qu’exerçait fotre père… Fous étiez fermé sur fous - même, mais qrâze à Miss Amy, fotre cœur s’est mis à battre, fos yeux à briller, et ch’ai pu apprécier le féritable son de fotre foix… Z’était comme si zette cheune femme déballait douzement un paquet cadeau, zans le déchirer ni le froizzer, pour qu’à la fin elle en découvre tout entier le merfeilleux contenu. Fous fous êtes réfélé… Dans l’enzemble, moi, che fous ai toujours beaucoup aimé !
- C’est gentil de votre part, mais… si… Amy n’avait pas été là, n’était jamais venue… croyez vous… que j’aurais été quelqu’un d’autre ? Que je ne serais pas devenu celui que je suis aujourd’hui ? »
Sigrid, étonnée, pose sa part sur le plateau, ne sachant que répondre.
- « Il me zemble… commença–t-elle péniblement, qu’elle fous a tout à fait transformé, mais pas dans le zens littéral de la chose… Non… Elle fous a plutôt aidé à forger la personnalité qui ne cherchait qu’à s’épanouir en fous…
- Vous savez aussi bien que moi que j’ai longtemps été au service du Seigneur des Ténèbres, suppute Snape dans un murmure rauque. J’étais mangemort, Sigrid. Cela prouve donc que, depuis le début, je ne suis qu’un être vil et…
- C’est faux ! clame–t-elle, bouleversée. Fous afez chanché ! On chanche tous un chour ou l’autre. Miss Amy fous a saufé du gouffre dans lequel fous zombriez quand fous étiez enfant, mais za perte, ainzi qu’autre chose que che n’ai jamais compris, a contribué à fotre seconde destruction. Après ze qui z’est passé durant… Zette horrible époque… Fous afez zu que ze camp n’était pas le fotre ! Fous afez su refenir parmi nous ! Parze que, du fond de fotre cœur, zommeillait touchours le vizage adoré de Charla et la douzeur démezurée de Miss Amy. Zes deux femmes fous ont guidé tout au long de fotre vie, ch’en zuis persuadée ! »
Elle conclut sa diatribe par un coup de sa large paume de main sur la table. La verrerie caquète.
- « Vous vous trompez, rétorque Severus, chamboulé par ces paroles bien plus qu’il n’y laisse paraître. Il est vrai que je n’ai jamais perdu de vue l’affection que j’éprouve pour Mère et cette journée le prouve ouvertement. Cependant en ce qui concerne Amy… Vous ne savez pas que.. Elle était fourbe, dissimulatrice, menteuse : elle ne s’est jamais appelée Amy, elle ne m’a jamais…
- … Aimé ? Que croyez–fous, Zeverus ? Qu’elle faisait zemblant, peut-être ? Dans ze cas, pourquoi afoir fait tout cela pour fous ? Afoir risqué zon poste, afoir zali za dignité en ze mesurant à Monzieur Crassus ? C’est grâce à elle que fotre mère est en vie, qu’elle zourit à nouveau, que nous zommes ici pour elle…,
- Il y a des faits, Sigrid, des faits…Qui me certifient qu’elle ne m’a jamais aimé… Elle ne peut pas m’aimer…»
Ce mot - l’amour - mâché dans sa bouche, passe de travers. Il le prononce si rarement ; il ignore ce que cela signifie…
- « Cessez de fous bander les yeux, s’emporte Sigrid, qui d’un nouveau poing sur la table renverse sa coupe de menthe au lait. Amy aurait tout tenté pour fous, d’ailleurs elle a tout fait ! et fous, malgré ce que fous prétendez, étant enfant, fous l’aimiez comme une mère, fous ne la quittiez qu’à contre cœur lors de zes absences…
- Elle m’avait trompé et je l’avais cru, enfant naïf que j’étais alors ! Mais, cette fois, elle n’y parviendra pas-
- A-t-elle changé ? »
Severus se fige, droit comme une lame noire dans l’atmosphère livide. Non, elle n’a pas changé… Elle est toujours si agréable… Attentionnée… Mais à présent qu’elle a compris son erreur, comme lui dans son passé, elle ne ment plus…Il le sait bien. Pourquoi s’en défendre ? Elle ne fait qu’être naturelle ; tout en se battant contre les vents et marais qu’il déchaîne pour mettre entre eux le plus d’espace possible. Peut-être est-elle simplement devenue… Plus forte ? Plus déterminée – si cela s’avère possible ?
- « Che lis dans fos yeux comme dans un livre ouvert, déclare Sigrid, radoucie. Fous luttez contre fos sentiments et rechetez les siens, mais… Che sens qu’en fait, fous ne désirez qu’une chose : qu’elle persévère dans za quête fers fotre cœur… »
Severus demeure silencieux, le menton incliné sur son poitrail. Un rideau de cheveux noirs couve son regard dardé de haine et d’une profonde… tristesse… une incommensurable tristesse.
- « Na ja ! s’esclaffe Sigrid, d’un ton qui sonne faux malgré son large sourire. Reprenez un peu de tarte, fous êtes tout pâle. Le zucre est bon pour la zanté, c’est ce que Charla dirait ! D’ailleurs, elle zera très heureuse de refoir celle qui l’a saufée ; sa mémoire ne l’a pas abandonnée, pour zûr ! »
Severus relève lentement la tête. Son teint est de cendre, néanmoins son air dédaigneux se fait de nouveau assuré, invulnérable.
- « Cela ne fait aucun doute. Mère sait déchiffrer l’âme d’autrui et je crois qu’elle a particulièrement apprécié celle de Miss Amy. Elles s’entendront très bien ! »
Il ne se ressert pas d’une part d’extase moelleuse. Il n’a plus faim. Un nœud à l’estomac, voilà ce qui l’empêche de tendre une main vers cette légèreté au citron. Et cette aigreur, toujours...Il détourne les yeux. Lui, le ténébreux, l’inconsolé. Il les lève au ciel . Il y découvre cette enseigne, un appel du destin, certainement. L’Herboristerie. Pas de publicité dithyrambique. Le nom se suffit à lui seul. Severus se tourne vers Sigrid Recktenwald.
- « Permettez-vous qu’on fasse un crochet avant de nous en retourner ? »
Elle hausse ses épaules rondes. Elle a bien vu vers quelles extrémités fâcheuses son regard portait. Elle le trouve trop assujetti à son travail.
- Nach ja ! Peu m’importe ! Il fous manque des inqrédients pour mitoner de cholies et zavoureuses potions ? »
Il ne répond pas. Peut-il seulement avouer qu’il ne sait pas quels sont les substances qui pourraient le guérir ? Que sa propre science ne se dévoile pas intégralement à lui ? Qu’il a eu beau chercher dans cette liste non exhaustive que la terre peur offrir de matières, il ne sait pas, il ignore, et cela le détruit ? Dans cette boutique, sur sa droite, vendent ils de la félicité en flacon ?

oOo

Lola fait tourner son verre de vin blanc savamment, s’extasiant de la suavité du liquide au goût d’épicéa. Hermione déchiquette sa serviette de papier avant de s’éclaircir la voix.
- « Lola ? »
Sa voix tremble bien plus qu’elle ne l’eut souhaité. Les yeux clairs se détachent prestement de la danse d’un miel liquide pour se fixer sur la perplexité d’un whisky turbulent.
- « Lola… Dis-moi... Comment Mal- Draco, excuse-moi, arrive-t-il.. à… »
Hermione cherche ses mots... Ne savant pas même si la question qu’elle pose est appropriée. Ses pensées sont tellement troubles… Emmêlées, inextricables...
- « Oublier… » Souffle-t-elle.
Sitôt le mot dit, elle sait qu’il ne convient pas. Elle ne pense pas qu’il soit facile d’oublier... D’oublier le dernier regard de celui qu’on a tué ou envoyé à son bourreau... Oublier la douleur qu’on inflige, la détresse de sa propre âme qui lutte… On ne peut pas. C’est impossible. Elle le sait, elle le sent... Mais on peut... On peut... Faire comme si... ? Mettre de coté... ? N’est ce pas ? Penser à d’autres choses ? Plus gaies, non sordides… Qui masquent le remords, un tant soit peu.. Quelques instants... Oui, c’est cela... Avoir du répit, durant quelques secondes infimes.. Et y puiser un regain d’espoir … Lola Clunster pose son verre de vin blanc sur la nappe empesée. Patiemment, elle retire la serviette des mains nerveuses de son amie.
- « Il n’oublie pas, Hermione… Pas vraiment… » Lui répond-t-elle de sa voix aérienne.
Hermione baisse la tête.
- « Tu voudrais l’aider, Hermione... C’est noble de ta part… Mais ce ne sera pas facile… Je le connais à peine, tu sais. Mais je vois bien qu’il n’extériorise pas, et toi, tout à coup, tu sembles t’être mis martel en tête de le soulager de douleurs vieilles comme Morgane... Crois-tu qu’il tolérerait qu’une inconnue entre ainsi dans sa vie ?
- Je ne lui suis pas inconnue... Pas vraiment… » Marmonne piteusement Hermione.
Lola sourit avec complaisance.
- « Tu l’as eu six ans en tant que professeur. D’ailleurs, je pense que ce ne devait pas être une partie de plaisir de rencontrer un homme pareil quand on débarquait de sa province avec des couettes et des rubans dans les cheveux ! »
Hermione rit légèrement.
- « Non. Il était abominable... Il l’est toujours d’après ce que j’ai cru savoir...
- Je veux t’aider, Hermione, sincèrement... Mais je ne sais pas comment… J’ai peur que tu ne fasses que l’effleurer et que ça empire son mal... Je lui suis reconnaissante de m’avoir ouvert une porte dans l’âme de Draco, il y a quelques mois de ça, déjà... Je ne veux pas plus le voir souffrir. Je lui suis redevable, en quelque sorte, et tu as beau avoir les meilleures intentions du monde, Hermione, tu vas te lasser… J’ai failli, moi-même... Je l’ai connu avant de savoir, Hermione. Je ne savais pas même quels étaient mes sentiments. Je le trouvais magnifique ! Inaccessible et rayonnant ! Puis, c’est arrivé… J’ai appris. Qu’il était au service de Voldemort. J’ai cru devenir folle... Seulement, il... Il a fait une chose incroyable... Incroyable : Draco m’a sauvé la vie, ce jour là... Alors, j’ai compris, Hermione. J’ai tenté de rattraper mon erreur de jugement d’avoir son amitié... Sa confiance…Et de ne plus moi-même douter de lui…ça n’a pas été facile... Il voulait. Il voulait tellement, se battre contre ce qu’il semblait être, un assassin, vois-tu ... Et, à force de temps , il s’est reposé sur notre nouvelle complicité... Mais en ce qui te concerne… Comment veux-tu parvenir à un semblant de sympathie entre Snape et toi si tu ne lui dois que tes notes médiocres en potions d’à Poudlard ? »
Hermione secoue la tête et cligne des yeux.
- « Non ! Lola ! Tu ne comprends pas... Quand je dis que je ne lui suis pas inconnue je ne parlais pas de Poudlard... Je parlais de ces quelques derniers mois…
- Mais on m’a dit que tu étais dans ce pays... En mission… »
Hermione prend une grande inspiration et se penche en avant. Sa voisine l’imite.
- Non. J’étais avec Severus… Mais… euh...
- Mais ce n’est pas –
- Il avait 10 ans et c’est moi qui lui aie sauvé la vie... Murmure Hermione. Et puis je lui ai repris… »
Lola plisse les yeux. Interrogatrice. Incertaine. Voulant croire mais n’osant.
- « Qu’est ce que tu me chantes là, Hermione... Comment aurais-tu pu… ? »
Hermione lui saisit vivement la main et la lui étreint fortement... Les prunelles suppliantes, elle s’écrie.
- « S’il te plaît, crois-moi... Lola... S’il te plaît, aide-moi, aide–le !Il refuse d’admettre qu’il en a besoin ! »
Voyant l’étonnement de la sorcière elle ajoute d’une voix hachée :
- « Je t’en prie… »
Lola d’un signe de sa main libre, congédie la serveuse venue chercher les assiettes à peine entamées.
- « D’accord. Acquiesce-t-elle, après un temps. D’accord… »
Le cœur de Hermione s’emballe, semblant vouloir rebondir hors de sa cage thoracique qui se soulève à un rythme effréné. Hermione laisse échapper des petites expirations décousues avant d’essuyer ses yeux au bord des larmes. Son merci sincère et à peine audible ne laisse plus aucun doute à Lola. Rapprochant leurs chaises, elles se dévisagent. Lola réfléchit. Par où commencer ? Y a-t-il seulement un ordre à suivre ? Elle ne croit pas. Elle ferme les yeux, les rouvre, et entortille une mèche de ses cheveux souples. Hermione soulagée, se mord la lèvre pour ne pas rire nerveusement de l’aide inespérée qu’est prête à lui offrir Lola.
- « Il n’y a pas de remèdes miracles, Hermione. La met-on en garde. Aucune tisane de camomille... Les vapeurs de l’alcool n’y changeront rien… Et une potion... Il y a eu de nombreuses tentatives... Mais aucun résultat…
- Oui... Oui... » Concède Hermione en hochant la tête.
Lola porte ses mains à la bouche de Hermione et sur son cœur, les effleurant avec la légèreté d’un papillon de nuit, le regard grave, elle ajoute de sa voix douce.
- « Tout se passera là et là... »
Et, elle reporte son regard sur le verre de vin blanc. Elle en boit une petite gorgée se délectant du goût original de sa sélection et se souvient. Se souvient de Draco. Tel qu'il lui était apparu.. Elle se remémore les remords d’antan, et raconte. Il n'y a qu'ainsi qu'elle peut aider son amie. En faisant partager son expérience. En lui racontant un amour qui aurait du être impossible. En lui narrant Draco et son sauvetage qui tient du miraculeux. Un ange les avait effleuré, ce soir là, dans la taverne de son pittoresque bourg, alors qu’elle se délectait avec Oncle Ruppert d’un échantillon de la nouvelle cuvée du vignoble voisin. Un être suprême... Enchanteur. Aux Ailes de gaze. Il y avait eu des bruits, d’abord. Des explosions. Des implosions. Des cris. Des courses. Des pleurs. Oncle Ruppert, qui était, en fait, son mentor et ne faisait pas le moins du monde parti de sa famille, lui avait demandé de prévenir le Q.G. des ‘Phénix blancs’, l’organisation secrète dont ils étaient des membres actifs, par cheminées interposées. Lorsqu’il s’était levé, son verre de vin blanc s’était renversé sur le comptoir de pierre brute. Goutte à goutte, il s’était répandu sur le sol. L’oncle Ruppert était sorti, en courant, par la porte de derrière. Graam, le teneur de la bâtisse était allée chercher femme et enfants pour se mettre à l’abri... Elle, elle s’était précipitée vers la cheminée, saisissant vivement une poignée de poudre dans un parterre de fleur en grès suspendu.
- « Vite, vite. Oh ! Sois là, bougre d’idiot ! Je t’en prie ! Sois là ! » Suppliait-elle quand elle avait passé sa tête anxieuse dans les flammes verdoyantes.
Elle avait entr’aperçu les murs blanchis à la chaux des sous-sols de la ferme dans laquelle ils se réunissaient. Et n’avait pas été si surprise de ne rien voir d’autre. Juste déçue. Et paniquée. Car elle ne s’était pas attendue à trouver Antonny à son poste. Il n’y était jamais. On lui avait pourtant demander de s’y cantonner, sa dernière blessure le rendait encore faible. Elle l’avait supplié, l’assurant que c’était fondamental de veiller au ralliement des 9 membres. Il lui avait dit « Mais, oui sœurette, ne t’inquiètes pas, j’ai bien compris. Si cela peut te faire plaisir, j’attendrais comme un poivrot pendant que vous traquerez les mangemorts qui s’aventurent jusqu’à notre coin paumé. » . Et elle l’avait cru. Il avait juré. Elle était idiote et s’en mordait les doigts. Il n’était pas là. Il n’y avait que du vide. Que le blanc des murs et rien d’autre. Personne pour prévenir les autres ! Personne pour demander de l’aide à l’organisation du canton voisin qui acceptait de déroger de son rôle passif en cas d’extrême urgence… Et elle avait entendu des bruits de pas, plus proches. Elle avait entendu le grincement. Caractéristique du portail. Puis son claquement distinct. Elle avait entendu la sixième dalle se soulever et se rabattre violemment, couvrant à demi un juron déjà étouffé. Elle n’avait jamais entendu la voix. Masculine. Jeune. Elle avait frissonné, fermé la connexion et s’était jetée derrière le mur, près de la porte d’entrée. Baguette au poing, dents serrées. Prête à blesser. Prête à tuer. L’intrus. L’ennemi. La porte s’était ouverte. Il était entré. Encapuchonné. De noir vêtu. Tel l’âme du diable. Il était prêt à une attaque. Il avait paré son ‘impedimenta’. Il essayait de lui de parler, mais, elle, furieuse, vindicative, jetait les sorts. Il esquivait. Il se débrouillait bien. Il était rapide. Il avait de l’instinct. Et il semblait en colère. Il tentait toujours de parler mais ses paroles étaient hachées par les charmes de parade dont il s’enveloppait. Elle s’échauffait. Elle voyait rouge. Ses joues brûlaient. Sa main tendue était moite. Ses yeux piquaient. Elle était à cours d’idées novatrices. Il y avait de plus en plus de chahut dehors, et alors que l’âtre crépitait et que la voix d’Antonny criait « Merlin, Soeurette ! J’arrive ! » , Sa baguette avait sauté jusqu’à la main blanche de l’homme. Et elle avait su qu’elle allait mourir. Là, à 18 ans. A la sortie de l’enfance. Elle s’était trompée. Elle n’était pas morte.Elle avait serré les poings très forts. Elle ne savait pas faire de magie sans baguette. Dans son collège en Ecosse, on ne l’enseignait pas. Elle avait levé le menton. Attendant l’éclat vert. Elle n’avait vu qu’un éclat lunaire. Majestueux. Irréel. L’homme avait retiré son capuchon et lui avait rendu sa baguette, en sifflant :
- « Maintenant, cessez de faire l’idiote, et cachez-vous derrière ce comptoir, jusqu’à nouvel ordre ! »
Elle était restée tétanisée. Elle l’avait déjà vu. Lui, pas plus tard que la veille. Elle le connaissait ! Alexander ! Elle était restée là. Inerte. Immobile. Étouffant le nom de cet homme vil qui lui avait menti ! Ce client régulier qui venait se renseigner sur leurs créatures magiques marines. C’était elle, qui était chargé des visites. Elle qui avait fait de la plongée avec lui. Elle qui avait, durant des heures sublimes, discuté avec lui des rivages maritimes et de leurs occupants et de la situation politique du moment… Il espionnait ! Et, elle, la crétine.. Ciel… Elle avait attiré les mangemorts ici… ! Elle porta ses mains à sa bouche, totalement, irrémédiablement choquée. Pourquoi s’était-elle enflammée quand ils en étaient venus à parler de la résistance ! Pourquoi lui avait-elle chuchoté qu’elle aimerait apporter son soutien à des grands hommes comme Albus Dumbledore ! Comment avait-elle pu prendre ce regard soutenu orage comme du respect ? Et..Oui.. De la tendresse ! Elle se rappelait qu’il avait fait apparaître, après s’être assuré qu’ils étaient bien seuls, un minuscule phœnix blanc, une illusion, dans sa paume blanche. Elle avait rougi furieusement. Il avait su qu’elle en était.
- « Les phœnix blancs, avait-il demandé, en la fixant intensément.
- Voulez-vous en être, Alex ? Nous manquons tellement de moyens … »
Il avait tourné sa tête et baissé les yeux. Il jouait avec un caillou. Ses mèches encore humides perlaient sur sa combinaison en peau de dragon anti-froid. Qu’il lui avait semblait beau, malgré cet embarras soudain.
- « Je... Je suis déjà engagé ailleurs... » avait-il soufflé
Et encore cette lueur dans le regard si étrange d’Alexander… Mais s’appelait-il vraiment ainsi ? Quand elle repensa à cet éclatement soudain de son cœur… Elle s’était sentie si fière de la contribution de cet homme à l a défense de son pays ! Il feintait ! Le traître ! Le mangemort ! L’ennemi ! Et maintenant son cœur se flétrissait de honte... Elle avait vendu son parti... Ses jambes ne la portaient plus. Il ne voulait pas la tuer ? Était-elle si inutile que cet homme damné ne trouvait pas même d’intérêt à lui offrir une fin héroïque ? Le portail avait de nouveau grincé.
- « Bougez-vous !» S’était-il écrié, excédé.
Voyant qu’elle n’en faisait rien, il lui avait saisi le bras et l’avait traîné jusque derrière le petit muret de brique. Il l’avait écrasé au sol, s’était allongé auprès d’elle, avait sorti un bout de tissu d’une de ses poches et les en avait recouvert.
- « Si vous comprenez enfin ce que je vous raconte, Lola : ne respirez plus ! »
Il lui avait chuchoté ces mots à l’oreille. Elle avait froncé les sourcils. Il la maintenait d’une poigne de fer, mais il ne faisait pas mal. Sans chercher à comprendre, sans savoir pourquoi, elle avait obéi. Elle avait bloqué sa respiration. Elle le regardait, ce faisant. Il avait une peau laiteuse. Semblable à la sienne. Et des cheveux incroyables. Il était beau. C’était un mangemort. Et pour une raison inconnue, il ne l’avait pas tué. Pas encore. Voilà ce que son esprit lui ressassait en boucle. Deux personnes étaient entrées, les deux en courant. La première fuyait, la deuxième pourchassait. La première en était morte. Elle était tombée à quelques centimètre d’eux. Elle avait fait bruisser la cape et le mangemort aux cheveux lunaires avait du tendre la main pour empêcher qu’ils ne soient à découvert. Lola avait failli crier. Il avait pressé son autre main contre sa bouche, il l’avait dissuadé d’un regard orageux de ne serait ce que frissonner. Lola voyait la mort dans les yeux de l’homme gisant à terre. C’était Neil, il s’occupait des hiboux postaux. Il était un peu simplet, mais elle l’aimait bien. Il était mort et il la fixait de ses yeux sans vie. Le tueur avait rit puis était sorti non sans avoir fait apparaître la marque infâme au serpent dandiné sur le toit de chaume. Le mangemort avait fermé les yeux, brièvement, puis les avait rouverts. Lola avait réagi. Elle avait repoussé la main, elle avait repoussé le contact, la chaleur du jeune homme. Et elle avait vu dans les yeux... Quelque chose... Quelque chose de mortel. De douloureux… Un voile... Épais… La répugnance... La honte… Il avait laissé tombée la baguette de frêle de la jeune femme. Elle l’avait ramassé. Elle s’était relevée, prise de tremblements. Il avait remballé la cape.
- « Ne restez pas à couvert. » Avait-il ordonné.
Elle s’était mise à rire. Hystérique. Qu’est ce qu’il lui voulait ! Qu’il l’achève ! Comme Neil ! Qu’il la tue ! Ne voyait-il pas que cela la rendait folle son attitude. Il cherchait quelque chose.
- « Qu’est ce que vous cherchez, monstre ? Je suis là, tuez-moi ! » Avait-elle gloussé.
Il avait haussé des épaules et ne l’avait pas regardé.
- « Vous n’êtes qu’une enfant. Et si vous restez en plein milieu de cette pièce face à la porte, en effet, quelqu’un vous tuera... Mais ce ne sera pas moi, cela sera infiniment plus douloureux et je vous aurais prévenu. »
Ses paroles dénuées de sarcasme et emplies de douceur et de tristesse l’avaient surprise. Elle avait cessé de rire. Il avait saisi une poigne de poudre de cheminette et avait passé sa baguette dessus. Une forme étrange s’était crée, une sorte d’oreille et une bouche. Flottant dans l’air. Il était vraiment fort. Il venait de créer un messager. L’oreille se tendait et la bouche répétait chacune des murmures de l’homme.
- « Endlesscity. POINT . Assaut surprise. POINT . Cherchons dénommé Ruppert. POINT J’en suis avec l’Escadron Opaque, au complet. POINT. Besoin renfort. POINT. Dragon blanc.
- Où ? A qui ? Avait demandé la bouche, animée d’une vie propre tandis que l’oreille ingérait le message.
- QG de l’Ordre. Potter, Snape, Dumbledore ! Vite ! »
Et il avait soufflé, éparpillant les particules qui s’en étaient allée à la vitesse de l’éclair, par les fentes du mur, par le conduit de cheminée, par-dessous la porte refermée. Elle avait reconnu deux noms ; Dumbledore, Potter. Elle avait compris. Il avait remis son capuchon. Il avait fait deux pas. Elle n’avait pas reculé.
- « Tu es trop charmante pour mourir, Lola, alors, s’il te plaît, cache-toi, hum ? » Avait-il dit et il lui avait effleuré la joue du creux de sa main gauche, celle qui ne tenait pas la baguette meurtrière.
Elle en avait senti comme une brûlure. Délicieuse. Un cadeau pour sa présence et son soutien alors qu’elle n’avait fait que l’empêcher d’agir. Elle se sentait de nouveau idiote. Ridiculement idiote ! Le portail avait de nouveau grincé, puis claqué. Elle avait couru. Elle s’était tapie, le cœur battant. Elle voyait ses yeux de là où elle était. Il s’était accroupi pour fermer les yeux de Neil. Elle avait vu son regard. L’expression l’avait fait frissonner. Remords ! Regret ! Dégoût ! Des talons avaient claqué. Un rire froid avait résonné.
- « Mon cher Draco, quand donc cesseras-tu de voiler les yeux de ceux que tu tues ?
- Jamais, Tante Bella. Avait répondu le dénommé Draco en se levant avec une grâce incroyable. Je voudrais tant qu’on ferme les miens, aussi. »
La Tante Bella avait ri. Elle se moquait. Elle prenait pour plaisanterie ce qui n’était qu’espoir ! Lola s’était sentie la haïr.
- « Allons, ma tante. Il n’y a rien de plus ici. Et de votre coté, vous avez trouvé ?
- Non. Nous reviendrons. »
Ils étaient sortis. Lui avait fermé la porte. Il lui avait adressé un signe de la main, elle l’aurait juré. Et ils étaient revenus, les mangemorts. En masse. Mais Oncle Ruppert était à l’abri. Oncle Ruppert, dans le plus grand secret lui avait remis les clés de l’organisation et elle veillait en son nom. Puis, elle l’avait vu. Son beau mangemort. Draco… Elle l’avait attiré dans un hangar. Le tirant par la manche.
- « Merci. Avait-elle chuchoté.
- De quoi ?
- Des soins que l’Ordre a apporté avec une rapidité surprenante. J’ai demandé à les rallier. Ils m’ont promis un entretien avec Monsieur Dumbledore. »
Il avait froncé des sourcils. Son regard s’était fait dur. Elle y avait revu cette danse funèbre dans ses prunelles diamant.
- « Vous tenez donc vraiment à mourir, ma parole ! S’était-il exclamé.
- Que me proposez-vous donc ? Avait-elle rétorqué. C’est la guerre. Vous vous-battez bien vous ! Et vous risquez votre peau à chaque fois ! C’est héroïque !
- Je ne suis pas un héros. Juste un assassin qui se voit forcer de tuer dans chaque camp.
- Un assassin qui m’a sauvé ! Cessez de vous voiler la face, Draco ! »
Il avait écarquillé les yeux.
- « Pardon ? Vous connaissez mon nom ?
- Bien oui . C’est votre Tante Bella… »
Elle avait haussé les épaules. Les yeux de Draco n’étaient plus voilés. Ils semblaient se repaître de la vue, du visage de Lola Clunster, petite villageoise un brin naïve. Elle avait souri. Lui avait tendu la main.
- « Je suis votre débiteuse. Et je ne suis pas une enfant, j’ai 18 ans. »
Il lui avait serré. Elle l’avait lâché ensuite, un peu à contrecœur. Il avait les mains douces.. Il avait dit qu’il devait y aller. Son absence ne passerait pas inaperçu. Elle avait acquiescé. Elle en était consciente. Alors qu’il allait sortir, elle l’avait retenu, et avait effleuré ses lèvres d’un baiser.
- « Si tu comprends mon envie de te savoir sain et sauf, fais attention, hum ? »
Et elle l’avait laissé partir. Son cœur fumait, elle en était certaine. Il se consumait, à tel point que ses joues en étaient brûlantes. Elle était amoureuse. Il était revenu avec l’Ordre pour réparer les dégâts, et ils avaient parlé, comme avant... Des fonds marins... Des créatures... Et s’étaient donné rendez-vous. Ensuite, les jours avaient passé, éclatants de rapidité, puis les semaines, puis les mois. Ils conversaient beaucoup, mais les yeux de Draco, en sa présence, étaient clairs. Quand ils avaient fait l’amour, la première fois et s’étaient réveillés dans les bras l’un de l’autre, il lui avait avoué qu’il avait dormi comme un bienheureux, que l’espace de quelques heures, le temps que la lune darde son croissant céleste, il n’avait pas vu tout ces visages morts, il n’avait vu que le sien, qui lui souriait. Pur et merveilleux. Et des ailes de gaze qui les enveloppaient. Il lui avait demandé sa main. Elle avait dit oui. Le remords avait été chassé...
- « Je ... Je ne sais pas si, cela t’aidera... Je ne sais pas si tu as discerné le principal, Hermione... J’en ai tellement dit... Des choses intéressantes et d’autres non… Et j’en ai encore tant à te dire... Mais, il se fait tard, je dois y aller . »
Hermione pose ses mains en corolle autour du frêle visage de la petite femme. Elle regarde longuement les traits délicats de cette enfant au caractère tenace. Et puis, elle lui baise les joues, avec piété.
- « Je ne te retiens pas... J’ai retenu le principal… » La remercie-t-elle
Elle tremble alors qu’elle laisse aller ses mains vers la table. Elle tremble encore quand Lola la serre gentiment dans ses bras en l’assurant de son soutien. Elle tremble en la voyant sortir au dehors. Elle porte à ses lèvres le verre de vin abandonné de Lola. Elle ne boit pas. Elle en imprègne juste sa bouche. Elle cesse de trembler. La serveuse lui apporte l’addition, et Hermione sort brusquement de ses pensées dans un sursaut. Elle règle, l’esprit ailleurs, donnant un généreux pourboire à la serveuse qui en oublie de faire ricocher ses yeux verts vers la rue commerçante. Hermione enfile sa cape en pensant au récit de Lola. Elle imagine les scènes, les regards.

oOo

Ils quittent la table. Sigrid repue. Lui, affamé... Affamé d’espoir... Dites messieurs qui sortaient de cette échoppe, un sourire satisfait sur vos lèvres pleines, vendent ils du bonheur dans cette fiole de cristal dont le reflet se réfléchi sur la nappe limpide d’une flaque d’eau ? Pour combien de sous ? Dites, trouvera-t-il là de quoi assassiner ce monstre glouton en lui ? Perdu dans ses pensées, il laisse sa compagne le devancer, celle-ci progresse, levant son sourire radieux vers un ciel terni de nuages grisâtres. Puis, elle baisse les yeux et d’une main choquée agrippe le bras de cet individu qui déambule comme une ombre, dans ses pas.
- « Amy ! »
Sa voix fuse. Il tressaille. Non... Non, elle n’est pas ici... Elle travaille, elle étudie...
-Non. Fait-il, sans même chercher à comprendre pourquoi Sigrid a décidé de relancer ce sujet épineux.
- NACH Ja ! Z’est zon portrait tout craché, Zeverus ! Che fous le dit ! Reqardez donc ! » Pinaille Sigrid Recktenwald.
Force lui est d’admettre qu’elle a raison.

oOo

Quand, le carillon s’agite au-dessus de sa tête, guilleret, elle chuchote pour elle-même :
- « Le seul philtre… C’est l’amour. »
Et alors qu’elle commence à sourire, heureuse de savoir, d’avoir une solution, elle entend cette voix vigoureuse et relève les yeux. Sur une femme rondouillarde et un homme tout de noir vêtu. Sortant de l’établissement concurrent : « Tartes, macarons, soufflés ? Venez chez Tobleron pour régaler vos yeux ronds ! » hurle l’enseigne , juste en face.
- « NACH Ja ! Z’est zon portrait tout craché, Zeverus ! Che fous le dit ! Reqardez donc ! » S’exclame Frau Rectenwald.

ooOoOoo

Leurs regards se croisent. Le fluide contre la matière solide organique. L’un enrobe l’autre. Mais le liquide ambré se retire. Il se décale vers sa droite. Vers Sigrid. Bouche Bée. Hermione Granger traverse. Il remarque qu’elle a un prospectus collé à la semelle de sa chaussure.
- « Vous avez un prospectus collé à la semelle de votre chaussure, Miss Granger, l’informe-t-il aimablement en guise de salut, Vous lancez-vous dans la publicité puisque vous avez failli dans la psychanalyse ?»
Il pointe la chaussure droite. Il se dit que mis à part cette plaisanterie, bien, il est vrai, qui la ridiculise un petit peu, il n’est pas véritablement abject. Elle se retient de rire. L’amour... l’amour... Le remède c’est de l’aimer... Ce n’est pas si dur en soit…
- « Tu as un tout petit bout de meringue collé à ton menton, Severus. Devait-elle être bonne cette tarte au citron pour que tu en gardes en réserve. »Répond-t-elle tout aussi aimablement en indiquant de l’index la localisation précise du morceau de douceur qui s’est agglutiné à sa peau.
Et il lui jette un regard furieux en passant sa main sur son menton. Hermione se tourne vers Sigrid en avalant difficilement sa salive... Sigrid qui semble au bord de l’évanouissement. Severus le remarque d’ailleurs et lui saisit un bras. Sigrid Recktenwald reprend des couleurs et se dégage brusquement. Hermione tend une main.
- « Bonjour... Dit-elle d’une voix qu’elle veut calme et tendre et qui sort un rien aiguë. Je m’appelle Hermione... Hermio-...
- Granger ! Nach ja ! Fous étes zon portrait caché ! » La coupe la cuisinière.
Hermione baisse la tête, piteuse et se mord la lèvre inférieure... Doit-elle lui dire ? Doit-elle mentir, encore ? Severus la fixe. Ses prunelles opium posées ainsi sur elle, la supplicient. Il semble la mettre au défi. De tout dire. Ou de tout taire. Elle relève la tête. Elle le considère. Elle demande. Il ne sait pas .. Il ne sait pas…. Elle non plus. Sigrid donne un coup de coude virulent à Severus.
- « Quand on parle du Scrout on en foit le pétard, comme dit le proferbe ! S’exclame la Frrau. Che fiens d’apprendre que fotre mère n’était pas morte. Elle z’est chuste folatilizé zans un au refoir ! Enfin... Soupire fortement la vieille dame. Force m’a bien été d’ézpérer toutes zes lonques années qu’elle allait bien... Che suppoze qu’elle fenait d’apprendre pour fous… »
Hermione rougit. Severus se racle la gorge.
- « Oh bien... Commence Hermione.
- Oui.. Oui… Che zuppoze qu’elle ne fous a pas parlé de za fieille amie ! Geint-elle.
- Bien au contraire ! S’écrie Hermione. Sigrid ! Vous permettez que je vous appelle Sigrid ? Elle m’a dit tant de biens de vous ! »
Sigrid l’enveloppe de ses bras en reniflant fortement.
- « Achh ! Soupire-t-elle. Za fait plaizir ! Habite t’elle izi ? Fa t’elle bien ? Ch’aimerais la refoir ! Fous croyez qu’elle foudrait ? S’emballe t’elle.
- Et bien, Sigrid, je crois que cela ne soit impossible. Misses Granger est actuellement en déplacement. » Lui apprend la voix froide de Severus.
Frau Recktenwlad délaisse Hermione, cramoisie et au bord des larmes, pour observer longuement son maître et ami.
- « Ach ! Ze n’est plus Amy, maintenant ? »
Hermione papillonne des yeux et réprime un sanglot. Elle sent sa poitrine se comprimer douloureusement. Elle ne veut plus mentir. Elle ne veut plus embobiner Sigrid. Elle en a assez de tricher. Elle sait qu’elle n’a pas le courage de continuer à dissimuler à tous qui elle est réellement.
- « Tais-toi, Severus ! Ne mens pas ! Ne fais pas comme moi... Crie-t-elle, et, se tournant vers Sigrid, elle lui saisit la main et en tord maladroitement les doigts. Sigrid, je suis désolée. Ce n’était pas ma faute. Enfin, si bien sur, au début, j’avais demandé de l’aide au Professeur Snape. Mais, à ce moment, je ne pensais pas m’entendre avec Severus. Je vous connaissais à peine, tous les deux... Puis, Il y a eu cette bourrasque. J’aurais aimé te dire... Je te jure...
- Taisez-vous, Miss Granger ! »
Lâchant la main replète de la cuisinière dont les oreilles bourdonnent furieusement, elle pivote vers le Maître des Potions qui la toise de toute sa hauteur, menaçant.
- « Non ! Sigrid est mon amie ! Elle a le droit de savoir !
- C’est une histoire abradacabrantesque ! Vous voulez qu’elle ait un infarctus ! Tempête l’homme en noir.
- Tu sais aussi bien que moi, qu’elle a droit à la vérité ! Tu dois bien te douter que je n’en peux plus de tout taire ! En parler à Ron, Harry et Ginny ne me suffit pas, nous avons à peine le temps de nous voir et ils se moquent pas mal de ton enfance ! Tu souhaites que je cesse de parler parce que tu crains trop que la vérité ne macule d’une tendresse pitoyable ton costume d’homme infect ? Tu veux que je cesse de parler et qu’on en vienne à sonder mon esprit pour entendre le son de ma voix ? Tu souhaites me réduire au même état que Charla ! Tu veux que ça me tue, moi aussi ? Tonne la frêle jeune femme, en essuyant d’un revers de manche le flot de larmes qui ruisselle sur ses joues. Sigrid a le droit de savoir que Amy est Hermione !
- Amy et Hermione quoi ? Beugle Sigrid Recktenwald. Ch’ais droit de safoir ! Nach Ja ! Mon cœur fa bien, Zeverus ! Et zette charmante cheune fille zemble perdre la tête ! Charla est zaufée, fous ne lui afiez pas dit ?»
Silence. Il n’y a plus aucun passant alentour. Ils ont tous fuis en entendant la dispute. Croyaient-ils vraiment que la guerre prendrait acte suite à une simple querelle de ce trio étrange, criailleur et pleurnichard ? Severus découvre avec consternation que le rideau de bois est baissé derrière la vitrine de l’herboristerie. Il n’aura pas les ingrédients nécessaires à son philtre aujourd’hui. Le remords le détruira encore un peu plus ce soir. Hermione reprend son souffle, tête levée avec dédain vers lui. Sigrid les considère l’un l’autre à tour de rôle. S’étonnant de trouver dans le regard de Hermione les même éclats dont elle se souvient de Amy. S’étonnant de sentir Severus sur ses gardes comme lorsque Amy les a quitté… Le doute l’écrase. Severus croise ses bras. Elle lui a fait perdre contenance. A t’elle vraiment pensé qu’il voulait annihiler ses pensées, endiguer ses flots de paroles car il ne veut pas que ça change, car il ne veut pas que d’autres sachent qu’il a été, il y a longtemps, très longtemps, quelqu’un d‘assez … Affable ? Non. Bien sur que non. Elle s’est laissée emporter. Décroisant les bras, il se penche vers elle.
- « Hermione, écoutez...»
Il l’a appelé par son prénom ? Pardon ? Il l’a vraiment appelé par son prénom ?
- « Ou... Oui... ? »
Il allait lui interdire de parler ! Du moins aujourd’hui, ici. Sigrid est à prendre avec des pincettes. Il faut l’attabler devant une pâtisserie au préalable ! Mais qu’est ce qui l'en empêche ? Ses yeux ? Ce Whisky, insolent,qui semble pétiller avant de dégouliner pour tout maculer. Il se rejette en arrière.
- « Oh ! Et puis faites ce que bon vous semble ! Ça m’est égal, après tout ! »
Elle lui sourit et lentement se tourne vers la cuisinière. Mais Sigrid se recule. Tendant une main en avant, comme pour défendre quiconque de lui nuire, elle fait trois pas en arrière. Il n’y a plus de doute. Là ! Ce regard échangé ! Trop de souvenirs ! Elle a compris.. Elle a bien compris, allez ! On lui a menti ! Amy, pardon Hermione ! Et Severus ! Des menteurs ! C’est abject ! Et où sont les rides de Amy ? Pourquoi a t’elle toujours 20 ans ? Pourquoi est-elle aussi innocente et aussi jolie et pourquoi pleure t’elle en la voyant ainsi se défendre contre cette vérité troublante, contre cette sorcellerie satanique ? Cette femme a toujours le même âge ! Cette femme a du faire un pacte avec le diable et elle, Sigrid Recktenwald, s’en est rendue complice voilà 28 ans ! Alors la Frau allemande recule...
- « Che zais... Che zais... Ch’ais compris... Ne Fous disputez pas. »
Sigrid ramasse ses jupes et fuit. Sur le trottoir, il ne reste qu’eux deux. Ils se taisent. Hermione pour se moucher. Severus pour penser. Chose non aisée quand un éléphant semble barrir devant vos méninges !
- « Charla est sauve, c’est vrai ? » Demande-t-elle enfin.
Il hoche la tête. Elle applaudit, comme une enfant. Il a envie de battre des mains lui aussi., mais ne le fait pas, se confortant dans son image d’homme peu amène.
- « Je suis heureuse ! S’enchante-t-elle. Tu ne peux pas imaginer !
- Si je peux. Répond-t-il. C’est… Je peux… Merci, Miss. »
Nouveau silence. Où est passé le ‘Hermione’ ? Sans doute était-il aussi broyé que cette voix brisée qui l’a remercié sincèrement.
- « Alors... On se revoit à Poudlard, n’est ce pas ? »
Sa voix empressée brise le silence.
- « Pour ce forum ?
- Oui… Severus, je voulais demander… Le Professeur Dumbledore nous a laissé de nombreuses plages libres entre les expositions… Ron va assister Mme Bibine, Harry le Professeur de DCFM, Lavande s’est déjà portée volontaire auprès de Miss Trelawney… J’ai pensé...
- Vous pensez trop, vous savez ? »
Herlione rit doucement. Une mèche vole devant son nez, elle la rattrape pour la caler derrière une oreille.
- « Peut être, oui. Admet-elle. Alors, j’ai pensé que si Draco n’avait pas…
- Il n’a pas, Miss. Il ne restera pas au château la semaine entière. » La coupe-t-il avec son flegme habituel.
Severus en a soudain assez de la voir hésiter à lui demander un peu de son temps. Et puis il accepte bien sur. Ils ne seront pas trop de deux pour veiller à la confection des potions rajoutées au programme pouvant servir dans le cadre du contexte actuel. En fait, il sait que cela n’est pas la raison. Il veut bien... Il veut bien de sa présence. Elle a le don certes de le faire sortir de ses gonds de temps à autres, mais sitôt l’orage passé, il se sent vidé... Et... Calme. C’est cela... Liquoreux et serein.
-« C’est d’accord, donc. Nous trouverons quelques heures pour que vous deveniez mon assistante provisoire. » Dit-il.
Il grimace étrangement. Elle sourit avec franchise.
- « Merci. »
Un nouveau silence s’instaure. Tous deux semblent attendre... Attendre et espérer. La clé de la sagesse humaine. Mais cette clé n’entre pas dans la serrure verrouillée par cet homme. Il le sait pertinemment. Il n’est guère patient. Son âme, son âme trempée d’une noirceur intarissable, elle ne se libérera pas.. La porte est cadenassée par le repentir. Pourtant, la voix de Sigird fait son chemin en lui.. Elle bouleverse tout cette voix. Ou plutôt, ce sont ses paroles… Ses paroles.. « Che sens qu’en fait, fous ne désirez qu’une chose : qu’elle persévère dans za quête fers fotre cœur… » Comment a-t-elle fait ? Pour savoir ? Pour comprendre avant lui ? Il se secoue mentalement… Elle a raison. Il le sait… Alors, il demande, Severus Snape, d’une voix que l’espérance rend ardente :
- « Voulez vous rendre visite à Charla de temps à autre ? Voulez-vous, Miss… ? Lui peindre l’avenir moins hideux, et les instants moins lourds ? »
Il hésite un instant avant de rajouter.
- « Manger de la tarte au citron avec Sigrid... Avec nous ? »
Hermione monte sur la pointe des pieds. Elle sourit. Les larmes aux yeux, elle sourit. Il vient de lui offrir un morceau de bonheur, là, dans ces demandes. Il l’accepte ! Il ne la rejette plus ! En lui demandant de veiller sur Charla, il consent à se rapprocher d’elle. Ils lui permettent tant de choses ces moments de vie qu’il n’a plus peur de partager avec elle ! Ils lui promettent des rebonds chaotiques de son cœur, des paroles échangées, des regards croisés... Peut être ? Alors, se haussant sur la pointe de ses petits escarpins crème, Hermione se dit que le ciel n’est pas si inaccessible finalement. Pas plus que la joue de cet homme qui la regarde s’étirer d’un air indécis. Comme pour mieux s’en affirmer, elle effleure prestement de ses lèvres la peau pâle et se retire aussitôt. Elle aurait pu s’étonner de trouver le derme de cet homme à l’aspect flegmatique si chaud, mais il n’en est rien. Il ne pouvait en être autrement, pense t’elle. Sa joue devait être chaude. C’était dans l’ordre des choses. Alors, se mordant la lèvre, elle recule de trois pas et lui adresse un petit signe de la main avant de transplaner. Lui n’a pas bougé. Il se fait l’effet d’une statue de glace ballottée par les ressacs d’une marée humaine déchaînée. Seulement, nul n’embrasse les statues en ce bas monde. Il trouve cela fort dommage. Si elles n’avaient pas de cœur, ces œuvres d’art, d’une bise, d’un souffle tendre, il naîtrait, cet organe, instantanément. Cela n’est guère rationnel. Il n’y a aucune démonstration. C’est un fait. Il constate, c’est tout. Il en a oublié l’ irréparable. Il en a oublié ce philtre.
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Fanfiction Harry Potter : Dis Belle Sorcière Empty Re: Fanfiction Harry Potter : Dis Belle Sorcière

Message par Sophie Ven 15 Oct 2010 - 12:37

Chapitre 4

Vieux Londres, à proximité du Chemin de Traverse, Samedi 30 Mars 1999, 18H14

Une lanterne suspendue à une poutrelle métallique hésite entre dispenser douloureusement la lueur fugace de sa flamme tremblante ou plonger la venelle dans une noirceur brumeuse. Hermione se hâte. Elle n’est finalement pas si rassurée que cela de déambuler dans les rues londoniennes à dix-huit heures alors qu’un soleil rouge s’évanouit derrière de gros cumulus cendrés et que des chats aux yeux dorés inquiétants fouillent des décharges dans des grincements sinistres. Elle laisse échapper un léger soupir de soulagement en trouvant le chemin des Petits lutins verts. Elle s’engouffre sous une arche de pierres brunies et cherche avidement le numéro du domicile avant de s’arrêter face à une porte cochère d’un bleu brouette. Aucun nom ne figure dans la niche du mur où une amulette de gypse protégeant du mauvais œil est enchâssée soigneusement. Hermione saisit le lourd heurtoir de plomb et cogne. Au terme de deux minutes, la porte s’entrouvre sur le regard perplexe de Sigrid Recktenwald. Tout aussi sèchement, la porte se referme. Hermione est restée dehors. Mais, de l'autre coté, nul bruit de pas ne s’est fait entendre. Hermione Granger devine l’ancienne cuisinière, oreille colée contre le chambranle, vexée et malgré tout incertaine face à ce tortillement de son ventre.
- « Sigrid ? L’appelle-t-elle. J’aimerais qu’on discute... Toi et moi…Je ne doute pas que tu ais ton mot à dire et j’aimerais ne pas t’en priver... »
La voix au fort accent lui parvient étouffée mais ferme. Hermione acquiesce dans le vide.
- « Oui, j’ai menti, c’est vrai…C’était un choix à faire… Euh… Sigrid, veux-tu bien me laisser entrer, s’il te plait… Je t’avoue ne pas être trop rassurée dans cette rue déserte... Il y a un gros matou aux yeux verts qui me fixe avec insistance… »
Deux verrous se tournent et la porte est tirée fermement. Sigrid s’efface. Hermione remercie avec son agréable sourire. Sigrid se renfrogne et fronce ses sourcils.
- « Ach ! Le coup des zourires za ne marche plus ! » Grommelle-t-elle tout en clignant des yeux.
Elle sent déjà les larmes monter et s’étonne que le vent sec passe sous cette voûte architecturale dessous laquelle elle entraîne cette visiteuse.
- « Qu’est ze qui me faut l’honneur de ta fizite ?
- L’envie de vous voir, toi et Charla… »
Sigird stoppe sa progression et se retourne vivement. Hermione, de justesse, se recule.
- « Nach ja ! Z’est frai ? » Se réjouit l’Allemande avant de se rendre compte de son laïus et d’hausser les épaules, d’un air blasé. « Et bien, tu m’as fu ! »
Devant l’évidente mauvaise foi de sa vieille amie, Hermione opte pour le rire. Un rire franc.
- « chère Sigrid ! » Sourit-elle. « Tu n’as pas changé ! Ce serait si dur d’avouer que tu es contente de me revoir ? »
Se dandinant sur ses pieds chaussés de galoches de daim, l’ancienne cuisinière de la famille Snape, hésite entre étreindre cette petite coquine de Amy qui lui a tant manqué ou la gifler… Parce qu’elle se sent trahie.. Ou vexée.. De ne pas avoir compris que certaines expressions et attitudes de son ancienne connaissance ne lui semblaient que discourtoises car futures.
- « Nach ja ! Che zuis fautife forzément ! »
Elle a pris le parti de ronchonner. Face à elle, Hermione Granger, cette inconnue familière d’un temps révolu, se tient les côtes et pleure de rire. Sigrid ne l’avait jamais vu si heureuse et à la fois… Déçue. Elle aussi veut rire. Elle aussi est heureuse malgré tout. Il n’y a que le prénom de changé après tout. Elle saisit les mains de la jeune fille et les serre avec vigueur.
- « Ach oui ! Che zuis contente ! Che zuis très contente ! Ch’afoue ! »
Hermione écarquille ses yeux ambrés et pose deux gros bécots sur la joue de Sigrid.
- « Fiens, ma Cholie, on fa se boire du fin chaud afec Charla ! »

o0o

Même jour, Poudlard, Bureau d’Albus Dumbledore, 19h00

Albus Dumbledore tend une graine de TourneCiel à un Fumseck en piètre état. Le bec de l’oiseau concasse facilement la petite offrande. Severus s’assied dans un siège au dossier capitonné.
- « En êtes-vous sur, mon ami ? »
La voix de son mentor est blanche. Ils ont fait un pas vers l’enfer cette après-midi. Il doute. De lui. Il se doute. Le Lord.
- « A moins que l’allusion ‘Notre cher Severus au cœur félon’ n’ait un sens caché, j’en suis sur.
- Ne soyez pas si cynique, Severus. ». Murmure le vieil homme à la barbe étincelante.
Le Maître des potions laisse échapper son rire sarcastique en se rejetant dans son siège.
- « Je ne le suis pas, je le vis. »
Le sorcier sage agite une main. ‘Cessez de vous complaire dans vos fausses idées’ lui dit-elle et l’autre se tait. Il songe. Qui aurait pu le trahir ? Draco lui-même est-il en danger potentiel ? Que doit-il faire ? Aller encore plus loin dans sa trahison ? Remonter sur le théâtre du mal et nier, tout en bloc ? Se reclure ? Jouer l’homme blessé de la perte de confiance d’un maître honnis ? Se venger ?
- « Sortez donc voir votre Mère, ce soir, Severus. N’y pensez plus. Nous aviserons demain…Allez, allez. Disparaissez… »
Alors, il disparaît, dans l’escalier au mouvement hélicoïdal. Il se laisse porter par ses pensées et regagne les cachots. Sur le chemin, il ôte, pour ne pas déroger à ses habitudes, dix points à une Gryffondor. Elle a eu la malencontreuse idée de renverser une demi-dizaine de grimoires- dont elle ne saisirait pas le moindre sens- et de feuillets innombrables sur le chemin et prend un temps indécent pour les ramasser.
- « Turner ! Le petit poucet semait des cailloux, pas des livres ! Dix points ! Changez de lunettes si vous avez peur de ne pas retrouver traces de votre passage ! »
Des grosses larmes perlent aux yeux déformés par des lunettes à doubles foyers de l’élève. Il la dépasse sans un mot de plus. Il entre dans son bureau, s’y enferme, saisit une lourde poignée de poudre de cheminette, la lance dans l’âtre et annonce sa destination d’une voix claire. La lumière l’entoure. Un cri d’alarme :
- « ATTENTION ! »
La chaleur rouge l’englobe. Il saute aussi vite qu’il le peut de l’âtre en flammes et roule au sol pour étouffer ces résidus gourmands contre le carrelage. Mais les flammes grimpent et deux jets d’eau claire le glacent brutalement, noyant la mort pyromane qui courrait le long de sa robe noire. Robe désormais fichue.
-« Quel est le crétin de l’entretien du réseau qui ne comprend pas la phrase simple ‘la cheminée à raccorder est celle du boudoir’ ! Hurle-t-il.
- Severus, mon petit ? Tu n’es pas brûlé ? » S’inquiète la douce Charla.
Elle essaye désespérément d’éteindre le flux aqueux ininterrompu qui détruit irrémédiablement le cuir des chaussures de son fils.
- « Mein God ! Monzieur Zeverus ! Fous allez bien ? » Piaille Sigrid.
Leurs voix paniquées sont couvertes par les gloussements d’une tierce personne à leurs cotés. Severus se relève prestement, totalement trempé, passe une main furieuse dans ses cheveux et sort sa baguette. Il patauge au plein cœur d’une flaque que sa mère alimente.
- « Finite incantatem. Grince-t-il. Je n’ai rien, Mère, n’ayez crainte. Rajoute-t-il d’une voix adoucie. Calmez-vous, Sigrid et ne jurez pas ! Tout va bien. Il y aura juste un employé de plus au chômage demain ! »
Il en connaît un qui va subir ses foudres. Demain. Dimanche. Dimanche ? Que diable ! La belle affaire ! Il aurait pu périr ! Tout le monde n’a pas ses réflexes ni le soutien d’une mère- qui réapprend juste à canaliser sa magie- et d’une péronnelle, qui hilare, se tient les côtes. Alors que le calme revient- enfin, nonobstant les éclats joyeux qui lui parviennent sur sa gauche- il éprouve cet étrange malaise. Celui de s’être senti effacé et non effrayé dans l’engluement de ce feu brûlant. La mort que lui infligerait le Lord serait plus douloureuse que ces milliers de lames qui ont faillies gagner ses mollets et son être, n’est ce pas ? Le fou rire de Miss Hermione Granger interrompt ses pensées morbides bourrelées d’une angoisse toute récente. Celle du prix de sa chute du haut de son rang élevée dans la hiérarchie maléfique. Une main devant sa bouche, son ancienne gouvernante réprime son bon plaisir en plongeant les yeux vers le sol. Sa voisine directe lui donne un vigoureux coup de coude :
-« Nach Ja ! Za n’est pas drôle, foyons ! »
Pourtant, la Miss ne se calme pas. A vrai dire, Severus dirait même que lorsqu’elle lève les yeux et qu’elle considère l’état piteux dans lequel il se trouve –celui d’une épave noyée- son hilarité redouble. Elle chercherait bien à se calmer, mais elle a bien trop chaud pour ça et sa tête tourne un peu.. C’était beau cette façon agile, que cet homme avait eu de se jeter hors de la cheminée avec une grâce parfaite. Mais surtout, c’était comique toute cette effervescence. Et si comme ses deux amies, son seul réflexe pour aider Severus Snape avait été de l’asperger, elle s’était bien vite rendue compte qu’il était sauf et qu’il n’aimait pas particulièrement prendre une douche si froide... Et Charla qui ne parvenait pas à cesser de le mouiller. Voilà ce qui était drôle. Tout comme la façon de Severus de s’ébrouer en soufflant rageusement... Severus s’exhorte au calme. Ne pas la sommer de se taire. C’est une ... Amie. Oui, voilà. Une amie. Qu’il doit tenir en respect... Ce qui implique une tolérance accrue. Bon sang ! Est-ce qu’elle serait ivre ?Il tord ses manches lourdes de froideur humide. Elle doit l’être. Assurément. Sur une desserte, une bouteille de vin de groseille ne garde en son antre que quelques millilitres d’un vermillon pétillant de gaieté. Puis, son ancienne élève a le bout du nez un peu rouge... Et se met à hoqueter. Il avance vers sa mère après s’être lancé un sort de réchauffage instantané. Charla se tient debout, appuyée sur une canne d’argent massif. Elle est radieuse. Des paillettes dansent dans son regard doux. Ses longs cheveux neiges ne pèsent plus sur ses épaules encore un peu chétives. On les lui a enroulés en un chignon souple et paré de minuscules fleurs violines. Elle doit lever le menton pour le fixer. Il ne pense déjà plus à la morsure de l’eau froide. Le regard de cette femme le revivifie. Il y lit toujours plus que ce qu’il ose espérer. Il y lit la garantie de son salut. Il l’entend sourire quand il baise son front avec déférence et tendresse.
- « Asseyez-vous, Maman.. Vous savez que je n’aime pas vous voir vous fatiguer inutilement.
- Tu ne me seras jamais inutile, Severus. »
Elle consent tout de même à s’asseoir et lui sourit. Elle ne se sent pas le courage de lui résister. Elle a n’a que l’envie de lui céder en tout, de ne rien faire qui puisse le contrarier. Elle ne veut que l’aimer. Pour toutes ces années perdues et celles à venir. Elle le trouve tellement beau dans son intégrité. C’est un être pense t’elle qui donne, sans même sans apercevoir, toujours, énormément de lui, à s’en dissoudre, à en perdre toute foi en lui... Elle voit qu’il tâtonne, en ce moment même. Il tâtonne bien plus que d’ordinaire.. Car il y cette adorable enfant, Hermione, dans la pièce... La jeune femme qui lui a rendu son fils. Elle est présente, et lui, tend à s’effacer, comme... Comme, troublé, peureux, voir, de faire un faux pas. Mais Charla, sait. Elle le voit bien. Hermione pardonnera tout. Hermione lui est attaché... Hermione ne pourra que l’aider à cheminer. Sans contraintes. Ses pensées dérivent quand Sigrid, de son pas dynamique, se met en mouvement.
- « Que d’émozions ! Nach ja ! Fous m’afez fais peur, Monzieur Zeverus ! Zans fotre maman et Hermione, croyez-moi, fous y serez resté ! » Déclare la Frau, fataliste, en haussant ses rondes épaules.
Elle rallume le feu, entreprend aussitôt de faire chauffer du thé.
- « Hermione, ma cholie ? Pousse-toi un peu, tu feux ? Ou passe moi zette boite au dezzus là.. »
Hermione croit qu’elle aurait du refuser le quatrième verre de ce délicieux alcool maison. Elle était tellement bien, assise à la même table que ces deux femmes au regard attendri.. Qui la gâtait, qui la couvait, la considérant comme une enfant à qui l’on doit beaucoup. La main de Charla Snape reposait, toute tiède, sur son poignet, et Hermione retenait son souffle, émue aux larmes, à chaque parole de la mère de Severus. Alors, elle n’a rien refusé des remerciements, des étreintes douces d’affection et de reconnaissance, des sourires, de ces petits muffins moelleux et ce petit alcool absolument divin… Elle entend vaguement la voix de Sigrid mais n’en analyse pas un traître mot. Elle se sent perdre l’équilibre, et avançant d’un pas cherche à rétablir sa position.
- « Oh oh. »
Severus Snape la voit tituber et , instinctivement, se tend pour empêcher une chute inévitable. Il aurait pu se trouver satisfait de voir les trois femmes réunies, mais, l’ébriété de Miss Granger et ce passage chaud froid l’ont quelque peu rafraîchit. Un bras retient Hermione de tomber à terre. Elle s’y accroche avec force. Elle ne rit plus du tout de l’aspect de chat mouillé de Severus. De toute façon, il est sec et impeccable. Enfin.. Sa garde robe est à refaire, mais qu’importe. Puis, qu’il goutte de partout ou non, il n’en reste pas moins très imposant… Surtout, alors qu’elle le voit en double exemplaire et que ses deux visages penchés vers elle, demandent quelque chose qui ressemble à :
- « çallé ?
- Hein ? Réussit-t-elle a articuler. Oui ! çaaa vaa… hum... Severus ? »
Elle papillonne des yeux. Voilà, il n’a plus qu’un seul nez, qu’une seule bouche et deux yeux. Elle hoche frénétiquement sa tête… et réalise aussitôt qu’elle n’aurait pas du.. Ciel… Une migraine horrible monte…
- « Severus, j’ai trop bu. Constate-t-elle.
- C’est vrai. Je vais donc vous raccompagner... Sigrid, vous êtes trop généreuse avec votre petit cru personnel—
- Non. Non… Embraye Hermione Granger, la voix pâteuse et se cramponnant encore plus à lui. Je suis juste un peu soûle.
- Encore exact ! Incroyable, quelle sagacité ! Marmonne-t-il pour lui-même.
- Et. Et je vomis.
- Mais non, Miss ! Vous voyez bien que-- »
Elle se courbe vivement, bouche ouverte, victime d’un haut de cœur. Si. Elle vomit. Pile sur ses chaussures.

oOo

Le lendemain soir, Grand hall de Poudlard

- « Tu as une sale mine, Hermione.
- Toujours le mot agréable, Ron ! Grimace-t-elle. J’ai été malade toute la journée. Mauvaise digestion. Mais je vais mieux, maintenant. Merci de t’en soucier.
- Gna gnagna. » Bougonne son ami. « Ah Lavande est réapparu, tu m’excuses, Mione…».
Oui, elle excuse. Elle lui pardonne tout à celui-ci aussi. Il lui assure qu’elle est bien jolie malgré ses cernes et disparaît dans la foule. Elle roule des yeux... Avant de se faire bousculer brutalement par un Draco Malefoy hautain comme jamais. Elle le gratifie d’un regard furieux et se masse l’épaule.
- «Ôte-toi de mon chemin Sang-de-Bourbe ! Hausse-t-il la voix avant de reprendre plus bas, gentiment : Tu sembles fatiguée, ça va ?
- Quand cesseras-tu tes puérilités imbéciles, Malefoy ? Siffle-t-elle. Oui, je t’assure. Et toi ? »
Il renifle avec dédain et la dépasse sans un mot de plus. Elle sait qu’il lui pèse de devoir réintégrer son rôle du parfait Serpentard maléfique en société et que d’avoir à se cantonner à la compagnie de ses anciens camarades de Maison est difficile pour lui qui n’aspirerait qu’à s’égayer un peu. Puis, Lola n’est pas là pour le soutenir.
- « C’est qui ce morveux ? » Chuchote Joshua à son oreille.
Elle sursaute. Il se tient prés d’elle, perdu dans cet univers qu’il ne connaît pas, pressé de regards scrutateurs, mais, mains dans les poches, il joue le désinvolte et sourit, charmant. Elle lui sourit et lui saisit la main. Elle vient de voir Ginny lui faire signe après avoir sauté dans les bras ouverts de Harry.
- « Une personne qui gagne à ne pas être aimée. » Ment-elle. « Viens, il y a deux de mes amis là bas, Harry et Ginny... Hey ! Ginny , comment vas-tu ?
- Harry Potter ? » S’écrie son binôme alors qu’elle étreint chaleureusement son amie.
Il résiste à l’envie de fixer la célèbre cicatrice et tend sa main.
- Ginny, Harry, voici Joshua Brolin. Josh est mon binôme. Je compte sur vous pour l’aider à s’intégrer cette semaine et à lui faire connaître Poudlard. Enfin, dans les limites du visible.. Ajoute t’elle avec un clin d’œil entendu.
- Je suppose que Herm’ t’as déjà fait un topo sur le plafond de La Grande Salle ! La taquine Harry en serrant énergiquement sa main.
- Il est épatant... Mais c’est pas le mieux, ici ! Gazouille Ginnny avant de frissonner. Hé ! Que je te reprenne encore à ça et tu vas pâtir ! » Grogne t’elle.
Ginny foudroie le jeune étudiant de ses prunelles chocolat. Face à ce brusque changement d’humeur, Joshua se recule, pris au dépourvu. Il lui a juste fait la bise. On ne salue pas ainsi en Angleterre ?
- « Excuse-moi... Je-
- Non, pas toi, Joshua . Peeves ! Déguerpis, je t’ai dis ! Allez oust ! Rugit la rouquine.
- Je t’assure qu’elle peut être charmante ! » Blague Harry, étrangement en confiance.
Hermione découvre avec attendrissement la jolie relation de Harry et Ginny… Elle aurait aimé être là quelques mois plus tôt... Pour que Harry se confie à elle, lui dise qu’il avait trouvé l’âme sœur... Juste pour vivre leur bonheur en spectatrice ébahie et enchantée. Juste pour avoir vu les yeux de son meilleur ami aussi étincelants plus souvent... Juste pour le rire joyeux de Ginny. Pour l’espoir retrouvé...Alors, elle se sent tout émue que ces deux là se soient trouvés. Elle redécouvre avec une joie hors norme l’ambiance chaleureuse de ces anciennes années. Au loin, Lee Jordan et les jumeaux Weasley tiennent - avant l’heure- une conférence sur les farces et attrapes magiques. Padma et Parvati Patil gloussent devant un Colin Crivey qui les mitraillent de son flash assourdissant. Luna avance vers eux, en glissant sur des patins à jet d’air propulsé que Rusard fixe d’un air concupiscent. Alicia Spinnet et Angelina Johnson leur empruntent Harry et Ginny.
- « Mignon, ton binôme », lui chuchote Ginny à l’oreille avant de disparaître dans la masse grouillante.
Hermione rougit. Elle est assez d’accord.
- « Hermione, les escaliers, ils bougent où je suis en plein délire ? Lui demande le concerné en passant un bras derrière sa taille.
- Crétin ! » Rit-elle.
Elle lui assène une tape amicale sur le haut du crâne.Elle l’apprécie énormément. Au cours du mois, ils se sont découverts de nombreux points communs... Notamment un : leur amour des livres... Ils ont même passé des soirées entières à parler de la référence littéraire Sorcière par Excellence « Le mystère des enchanteurs. ». Ils sont allés au cinéma, manger au restaurant, danser en boîte... Lui, flirtait. Elle, suivait. Sans rien rendre. Il se courbe vers elle. Une de ses mèches châtains lui chatouille la joue.
- « Moi aussi, je suis ravie d’être en ta compagnie pour une semaine complète, belle sorcière.» Susurre t’il.
Elle blêmit. Ce regard... Sur elle… Le regard de Severus Snape. En haut de l’escalier. Il demande le silence. Et il ne doute pas une seconde qu’elle s’est totalement remise de son euphorie de la veille.
- « Tiens-toi, Josh !
- Oh ! Un croque-mitaine, » souffle-t-il dans son cou.
Elle le repousse sèchement.Il élève ses mains de quelques centimètres, en signe d’incrédulité.
- « Quoi ? Qu’est ce que j’ai dis ?
- Tu juges ! Tu ne devrais pas ! Chuchote-t-elle furieusement. Severus est un homme merveilleux. Maintenant, tais-toi, je veux écouter. »
Elle tourne le dos et se mord la lèvre. Elle a bien conscience d’être désagréable... Mais c’était plus fort qu’elle...Si elle n’est pas là pour protéger Severus Snape, qui le fera ?

oOo

Les elfes de maison se sont surpassés. Les mets sont succulents. Les tables débordent de victuailles colorées aux fumets appétissants et de partout, dans la salle immense au plafond constellé, fusent des rires en crescendo et des petits cris de joie. L’hymne de Poudlard a été une cacophonie monstre Severus en a encore mal à la tête, une heure plus tard... Albus en a été particulièrement ravi. Il se réjouit encore de son excellente idée.
- « superbe ! Superbe ! » Sourit-il.
Minerva sort un petit mouchoir amidonné de sa poche et s’essuie le coin des yeux.
- « C’est étrange de revoir les anciens... Ça redonne un peu de jeunesse au château. Regardez les jumeaux Weasley, les entendre pailler ne me dérange presque pas !
- Neville Londubat va m’assister en botanique. Il est très serviable, ce garçon ! Sourit le professeur Chourave.
-Oui, c’est vrai. Admet Minerva. Vous me donnez une idée... Et si je demandais à Miss Granger de—
- Impossible. » La coupe le professeur Snape.
Il plie soigneusement sa serviette et la pose à la droite de son assiette. Là où elle se trouvait sur la table dressée. Ordre et rigueur. Toujours. Pour tout. Minerva est éberluée. Elle redresse la fine tigelle de ses lunettes d’une chiquenaude.
- « Pourquoi donc ?
- Elle m’assiste, Minerva. Lui répond-t-il en souriant mielleusement.
- Ça alors ! S’écrie la vieille sorcière.
- N’est ce pas ? D’ailleurs, je vais lui communiquer l’emploi du temps… Si vous voulez bien m’excuser ? »
Il se lève sous l’œil rieur du Directeur et ceux outrés de ses deux collègues féminines. A grand pas, il entreprend de traverser la salle. Arrivé derrière elle, il attend. Très digne.

oOo

Joshua est resté blessé de sa bouderie durant près de vingt minutes avant de se confondre en excuses. Tout y est passé. Le fait qu’il l’aime beaucoup. Et qu’elle le sache. Qu’elle le fasse mariner, - « oui, parfaitement et tu le sais très bien, d’ailleurs, Hermione »- se réfractant, acceptant une sortie puis refusant toujours plus, finalement. Et qu’il accepte. Qu’il accepte tout. Qu’il est prêt à attendre qu’elle s’intéresse à lui ; et qu’en attendant, c’est une excellente amie. Et qu’avec les amies, on parle avec civilité et on évite de se chamailler pour des âneries pareilles. Alors, au terme d’un conciliabule animé, ils se sont accordés sur le fait que c’était leurs fautes à tous deux et l’incident a été mis au rebut. Maintenant, ils parlent de la nouvelle émission phare des ondes avec ses amis et elle affecte de ne pas voir le bras de Joshua le long de son dossier de chaise ni les regards enamourés qu’il pose longuement sur elle. Elle se demande furtivement si elle n’a pas tort de lui laisser quelques espoirs.. Depuis deux semaines, maintenant, qu’il lui a proposé d’avantage qu’une simple relation amicale, elle oscille. Et maintenant plus que jamais… Elle est bien avec lui. Il est adorable et intelligent,. Il sait la faire rire et ne l’exclut de rien. Pourtant, une chose la retient. Cela vient d’elle. Elle remet à plus tard.. Jusqu’à ce que ces autres problèmes soient réglés. Le cas ‘Severus’, en fait, comme elle le nomme en elle-même. Sauf, que ce n’est pas un problème. Et que l’affaire est réglée. Ils s’acceptent. Ils vont apprendre à se connaître et elle en est comblée. Alors quoi ? Perdue dans ses pensées, elle grignote une tranche de pain sec, les yeux dans le vide.
- « L’émission de la nuit est horrible ! Entend-t-elle.
- Oui, mais leurs conseils beauté du matin sont ahurissants ! S’exclame Lavande.
- Moi, je trouve que la bande son est.. Dit la bouche pleine de Ron. Ah ! Professeur ! Hermione... youhou... Hermione ! »
Ce n’est que lorsque Joshua lui chatouille la nuque, la faisant gentiment frissonner, qu’elle sort de ses rêveries.
-« Quoi ? »
Harry lui désigne quelque chose du menton.
- « Derrière ! »
Elle se retourne vivement. Elle croise directement son regard frigorifiant et sourit.
- « Vous avez quelques minutes, Miss ? Lui demande-t-il, sèchement.
- Bien, sur Professeur, je vous suis. Répond-t-elle, se forçant à le vouvoyer pour ne pas avoir à asseoir l’autorité de l’homme. Tu m’excuses, Josh. Je ne serais pas longue. »
Il délaisse son cou à contrecœur, et elle se lève, courant presque pour rattraper Severus qui ouvre déjà les portes de la grande salle. Son voisin de table se renfrogne sans qu’elle ne le remarque.

oOo

Elle le rattrape au niveau de l’escalier vermoulu du couloir de la bibliothèque.
- « Tu pourrais m’attendre ! Grommelle-t-elle, en reprenant son souffle.
- Pardon ? »
Il hausse un sourcil exhaustif. Elle se sent rougir... Elle se morigène... Éviter trop de familiarités quand il est dans ses mauvais jours... Comme ce soir, par exemple.
- « Hum... Rien... Excuse-moi.
- Mais bien sur, Miss Granger. Est-ce que je peux me permettre de vous demander si vous allez- mieux ? »
Il sourit mais ses yeux sont étincelants d’immuabilité.
-« Seulement si tu m’appelles par mon prénom. On va travailler ensemble, ce sera plus sympa ! Je fais des concessions, je te vouvoie en public, fais des efforts aussi, quoiqu’il t’en coûte ! »
Un deuxième sourcil s’élève. Il se pince l’arrête du nez. Il ne faisait pas cela, enfant.
-« Qui est votre charmant ami ?
-Josh ? rit elle, naïvement. Oh ! Je suis contente que tu le trouves charmant, c’est un adjectif qui lui colle à la peau… Il tranche tellement parmi tous ces gens taciturnes ! C’est agréable, tu ne penses pas ?
- Vous allez, mieux, Miss Gr -» Constate-t-il, ne relevant pas cette insulte involontaire et insoupçonnée- du moins, il le perçoit comme tel- .
Elle tape du pied au sol, comme une gosse capricieuse.
- « Hermione ! Je m’appelle Hermione, par Merlin ! Est-ce si dur à dire ? »
Il hausse les épaules et elle l’entend clairement articuler un ‘il faut croire que oui, Miss’ distinct avant qu’il ne l’entraîne vers son bureau. Elle le suit en blâmant le ciel d’en avoir fait un être aussi obstiné.

oOo

Lavande se brosse les cheveux en blablatant avec fureur. Les ‘hum hum’, et ‘je suis bien d’accord avec toi’ de Pavarti commencent sérieusement à agacer Hermione. Elle se demande si elle ne va pas aller lire son ouvrage de Théorie Runique dans la salle commune mis à dispositions des nouveaux pensionnaires.
- « Tu as vu comme Hanah Habot est épanouie ?
- Oui...Et ho, la Edgecombe, toujours aussi mal arrangée avec ces pustules énormes !
- Oui ..Mais ce bon vieux château ! Quel plaisir !
- Ah ! Les bons vieux lits douillets tout chaud !
- Moi, il me manque ma peluche préférée : Ron est une bouillotte infernale ! »
Hermione soupire et passe une robe de chambre. Parvati délaisse sa pose de vernis à ongles pour lui demander d’une voix claironnante où elle a trouvé ce petit copain aussi sexy. Hermione se force à sourire.
- « Ça vous intrigue, pas vrai ? rit elle, candide.
- ouais ! » Avoue l’Indienne en rangeant son pinceau.
Hermione fronce le nez, les yeux pétillants, et passe ses chaussons.
- « Tant mieux ! » Dit-elle et elle sort en claquant la porte.
Enfin du calme… Elle croit entendre une voix provenant d’en bas, mais après avoir descendu une volée de marches, elle tend l’oreille et ne perçoit plus rien. Pourtant le petit boudoir n’est pas vide, Joshua est au coin du feu. A ne rien faire. Il lève ses yeux bleus et l’invite à s’asseoir à coté de lui.
- « Si je te dérange, je remonte, tu sais.. »S’empresse-t-elle de dire, courtoise.
Il secoue sa tête. Ses doigts tressent les franges argentées d’un tapis.
-« Non. »
Elle se perd dans la contemplation des flammes.
-« Hermione ?
- Hum… »
Elle tourne la tête pour voir son ami, les traits tirés, les yeux tristes, la bouche amère. Elle pense aussitôt que c’est de sa faute et passe une main sur ses épaules.
- Tu t’ennuies un peu, avec tous ces inconnus, n’est ce pas ? »
Il la foudroie du regard. Elle ôte sa main.
- « Non, je m’ennuie de toi ! »
Il se lève et elle suit le mouvement, piquée au vif.
- « Écoute, nous en avons déjà parlé, Josh… je –
- Non ! Tais-toi. » Crie-t-il à voix basse.
Et l’instant d’après il l’attire par les épaules et l’écrase contre lui pour l’embrasser. Elle reste tétanisée quand il disparaît dans l’escalier. Elle porte ses doigts à ses lèvres…
- « Wouh. »

oOo

Poudlard. Mardi 02 Avril 1999. 14h00.

- « Fred, Georges, allez tester vos inventions ailleurs, nom d’une Bombabouse ! Joshua et moi essayons de travailler ! »
Hermione tape rageusement sur la lourde table de bois. Les jumeaux Weasley se contentent de la fixer, un sourire se dessinant sur leurs lèvres rieuses.
- «Dis plutôt que tu travailles et que-
- Joshua te regarde travailler, le coquin ! » Commentent-ils.
Elle rougit violemment alors que son petit-ami éclate de rire.
- « Et quand bien même, il le fait en silence ! Il y a d’autres salles ici !
- Tu es intolérante, Hermione ! Lui rétorque-t-on.
- Tu exagères George, elle ne sait juste pas s’amuser… Embraye son Frère. Tiens, j’ai même une question à te poser, Hermione … Comment est-ce que tu fais pour supporter Snape ? Est-ce que l’ambition de te perfectionner en potion t’oblige à de telles tortures ! »
Ils la voient serrer convulsivement les poings. Joshua, à ses cotés, lève des yeux clairs vers elle avant de se tourner vers les deux rouquins.
- « Sujet tabou…. Môsieur Snape est pour une raison obscure quelqu’un proche de la perfection pour Herm’ ! Dit-il, d’un air qu’il veut joyeux, en leur parlant en aparté, une main sur le coin de sa bouche. Mois ce que j’en vois c’est du gras…Rajoute-t-il tout bas, avec un clin d’œil en effleurant ses mèches de cheveux lisses. »
Hermione ne l’entend pas. Nerveusement, rageuse, les yeux brûlants, elle range une pile monstrueuse de prospectus et entreprend de rouler une banderole bariolée aux armes de l’école.
- « J’aurais supposé que vous auriez mieux à faire que de critiquer sans raisons un honnête homme qui grâce à ses cours, vous a permis, et ça vous avez tendance à l’oublier, de faire fortune avec vos bombons débiles aux réactions secondaires non moins imbéciles ! J’aurais supposé que vous aideriez Harry et Ron pour l’organisation de ce match de Quidditch qui opposera les anciens de Poudlard à une équipe inter-maison. J’aurais supposé que vous manierez vos battes et que vous irez suez dehors, pour nous offrir un beau spectacle gratifiant et diversifiant, auquel j’irais ! Parce que je ne suis pas complètement perdue et que j’aime m’amuser ! D’ailleurs, j’aimerais assez que l’un de vous deux se prennent un cognard et en tombe ! Je m’en tordrais de rire et au moins je n’aurais pas à élever de nouveau la voix pour vous demander de me FICHER LA PAIX ! » Elle finit sa longue tirade en un hurlement terrifiant. Les joues rougies, le souffle court, elle se penche pour attraper son sac et les toise, mettant le plus de dégoût possible dans son regard ambré. D’un même geste les jumeaux lui prennent un coude, l’encadrant. Elle cherche à se dégager, fait trois pas, essaie une nouvelle fois de déloger leurs mains et s’arrête. Tourne la tête à droite. Pleins phares sur les taches de rousseur de Fred. Puis à gauche. Cette fois, ce sont les taches de son de Georges.
- « On est désolé, on sait que tu aimes t’amuser.
- Ce ne serait pas concevable que tu puisses encore t’entendre avec Harry et Ron sans cela ! »
Elle ne répond rien.
- « Allez, Hermione, boude pas !
- Je vous prierais de me lâcher maintenant. Je vais être en retard.
- En retard où ?
- A mon cours. Avec Severus ! »
Elle se libère d’un geste sec et sort à grands pas. Retrouver Severus. Au moins, avec lui, elle n’a jamais de mauvaises surprises.

oOo

Même jour. 13h40.

Des bribes incohérentes d’un discours prononcé par l’exubérante Miss Brown, dans la grande Salle, lui parviennent alors qu’il passe devant la porte entrouverte. Il aperçoit, par l’entrebâillement, Hermione Granger et son ami. Petit-ami ? Peu importe. Ce garçon qu’elle trouve si charmant et qu’il trouve simplement insipide et fade, assis derrière leur petite table ronde, devant des piles de prospectus que son ancienne élève et gouvernante s’évertue à distribuer. Il ne prend pas la peine de rétablir un semblant de calme dans les joyeuses assemblées qui se tiennent en ce lieu et gagne rapidement les étages. Devant la gargouille monumentale, il grommelle l’absurde mot de passe fruité et l’escalier spiralé le dépose dans le domaine serein et loufoque d’Albus Dumbledore. Levant une main pour frapper à la porte, il reçoit déjà la permission d’entrer. Albus lui sourit et lui désigne un siège. Celui dans lequel Severus a pris l’habitude de s’asseoir. Il n’y manque pas, cette fois encore, et remercie diligemment. Albus Dumbledore pose son regard azur sur lui et il se penche en avant, vers celui qui maintes fois a su trouver réponses à ses problèmes.
- Severus ? Non... Rien… » lui dit-on.
Il se recule, se pince l’arrête du nez, tic nerveux dont il n’arrive à se défaire, puis se lève. Il arpente la pièce. Cherchant à se rappeler. Un indice. N’importe lequel Qui puisse le mettre sur la voie… Mais rien. Rien ! Néant ! Il pose un coude sur le rebord de la cheminée et s’absorbe, pensivement, dans la contemplation d’un scrutoscope, rouillé et démonté en son cœur mécanique... Au bout d’un certain temps, il se secoue mentalement.
- « Aucune idée concernant celui qui m'a dénoncé. Redemande-t-il.
- Non. J’en suis navré. Les recherches continuent, cependant, mon ami.
- J’aimerais en être, Albus. Vous le savez bien.
- Vous savez aussi qu’il vous faut être prudent, Severus. Souffle le vieil homme, d’un air las.
- Faut-il pour autant que je vive en ermite, ici ? Voyons ! L’inaction me pèse. Je ne me suis investi qu’après avoir mesuré les risques. Le danger s’avère. Mais je ne veux pas reculer pour autant...
- Severus, je n’ai pas même besoin de vous mettre en garde, vous savez ce qu’il peut vous en cou -»
Severus Snape relève la tête et se détourne vivement. Il porte ses mains à son visage mais avant de le toucher, il les croise derrière son dos.
- « Je ne peux simplement pas, Albus. » S’écrie-t-il à voix basse.
Il ne peut pas ! Faire comme si. Roder. Comme une âme en peine. Un gisant opalin. Un fantôme, vide de pensées, se dissimulant derrière les murs de Poudlard comme un soldat derrière des remparts réputés infranchissables. Il ne veut pas fuir, comme Karkaroff, agir en lâche ! Ce n’est pas lui. Il agit. Il pense. Il fait des erreurs. Les rectifie. Mais ne se cache pas, derrière les faux-semblants, la peur ou des lambeaux d’une vie non souhaitée. Jamais. Il tremble ? Mais quelle importance, n’est ce pas ? Le froid fait trembler. Alors les promesses réjouissantes des tortures que pourrait lui infliger le Lord abusé ? Voilà pourquoi il ne peut pas. Ce n’est pas sa personnalité. Lui, même terrassé, ne s’avouera pas vaincu... Sans quoi, le remords, depuis longtemps déjà se serait déclaré vainqueur. Ce n’est pas le cas.
-« La politique de l’autruche n’a jamais été mon fort… Et je m’y refuse.
- Severus, c’est vous exposer à -»
Severus secoue la tête, exaspéré. N’en a-t-il pas assez ce vieux fou de le protéger ainsi ? Ne voit-il pas qu’il n’est plus que temps qu’il se démarque ? Qu’ils montrent leur supériorité ?
- « Je sais... Avoue-t-il. Je n’en démordrais pas.
- Et Miss Granger ? »
Le maître des Potions ouvre la bouche, puis la referme. Il se trouve lamentable d’agir ainsi. La question le prend au dépourvu.
- « Que vient-elle faire dans cette conversation ? S’entend-il demander. Elle n’a aucune influence directe dans mes décisions. Les conséquences de mon acte ne modifieront rien de sa routine. Si je meurs, elle versera peut être une larme mais... euh... J’avoue... Où voulez-vous en venir, Albus ? »
Le Directeur soupire. Il secoue sa tête blanche. Et sourit avec tristesse.
- « Severus.. Severus, mon ami... Je voulais simplement vous demander comment se passe vos cours communs. »

oOo

Même jour, la salle de cours du professeur Snape. 14h05.

Il n’arrive pas. Il est en retard. Impensable, non ? Severus Snape, n’étant pas à l’heure à un de ses cours. Alors, elle fait asseoir la classe –« En silence, s’il vous plaît »- . Prie les élèves de Gryffondor, quatrième année, de se taire, de sortir leur matériel et vérifie pour la troisième fois, sur le planning de Severus qu’ils avaient bien prévus d’étudier aujourd’hui...
- « Olala les antidotes. ..» marmonne t’elle, en clignant des yeux.
Elle se souvient parfaitement de n’avoir pu assister à ce cours. Il y avait eu ce ridicule duel entre Draco et Harry et elle s’était interposée... Ses dents. Ses dents avaient augmenté de taille, et Snape... Snape avait été odieux... Elle était partie en courant, rageuse et mortifiée, vers l’infirmerie. Comment allait-elle pouvoir assurer un cours qu’elle n’avait pu étudier que sur un unique grimoire détérioré! « Et Severus qui n’arrive pas » Pense-t-elle. Hermione reconnaît le visage de la jeune fille croisée dans un couloir sombre quelques semaines plus tôt une troisième rang... Law-Smith... Une main se lève
- « Quelque chose ne va pas, Miss, vous êtes toute pâle ? Et pourquoi Snape n’est il pas là ?» Demande une tête brune au dernier rang.
Hermione s’humecte les lèvres et fait quelques pas dans les rangs.
- « Le Professeur Snape... Rectifie-t-elle, doucement. Nous allons commencer, sans lui. Il aura un peu de retard. Et ...euh... Je vous remercie, je vais bien...»
Elle toussote, emprunte un manuel à un gamin blond au nez en trompette et parcoure le sommaire.
- « Nous allons étudier les ... Antidotes… page 258, s’il vous plaît. Annonce-t-elle, clairement. Vous trouverez, au tableau, quelques petites choses qui pourront vous être utiles. Vous pouvez allumer le feu sous vos chaudrons. »
Elle tape dans ses mains, et tous s’activent. Sans broncher. Fébrile, elle fait rejaillir tous ces souvenirs sur le sujet et d’un mouvement de baguette blanchit le tableau noir. A tel point qu’il est entièrement recouvert de minuscules lettres appliquées. Elle rougit. Apparemment, il y avait suffisamment de matière dans ce livre emprunté à la réserve.
- « Hum… S’il vous plaît, Mademoiselle... Fait remarquer Law-Smith, vous pourriez écrire plus gros ? Ou en donner moins ? On n’arrive pas à lire… »
La porte claque et Hermione se surprend à respirer d’aise.
- « Ne parlez que si ce que vous avez à dire est plus profond que le silence, Law-smith. Cinq points. » Ordonne de sa voix toute veloutée Severus Snape.
Il est entré de son pas vif et traverse la salle, analysant la scène, baissant ici le feu trop fort sous un chaudron ou nettoyant là bas, en grinçant, un reste de rouille sur un autre.
- « N’avons nous pas eu un cours sur les réactions chimiques entre les corps exogènes et le contenu fluide de son chaudron, Herthnew ! Ou faut-il que je vous fasse goûter cette crasse sur votre matériel pour que vous compreniez que votre chaudron ne mérite pas non plus une indigestion ! Cinq points ! » Tonne-t-il.
Il arrive enfin à ses cotés. Elle se hausse sur la pointe des pieds pour lui toucher quelques mots à l’oreille.
- « Tu y vas fort ! Dix points déjà, et ils sont très calmes ! Plus que ta classe de Serpentard d’hier matin, si tu veux mon avis.
- Non, je ne le veux pas, Miss.
- Et bien tu l’auras quand même. J’étais embarrassée, j’ai très peu de notions sur les antidotes, Severus… » Chuchote-t-elle toujours.
Il recule brusquement. Quelque chose d’anormal... Le silence. Trop de silence. Il pivote. Pour découvrir la classe, yeux rivés sur eux, bouche ouverte, essayant d’entendre.
- « DIX POINTS ! Me serais-je transformé en antidote que vous preniez autant d’intérêt à me fixer! »
Furieux, il s’assied derrière son bureau. Puis relève la tète. Hermione se tient toujours là où il l’a laissé. Elle se tord les mains, nerveuse. Il cille des yeux. Elle avance vers lui.
- « Excusez-moi. Vous avez très bien géré, Miss Granger, et je rattraperais cinq points d’ici la fin du cours... Voilà. Satisfaite ? » Lui répond-il aimablement en lui laissant son siège, en homme galant qu’il est.
Elle fait la moue, secoue sa tête échevelée, puis s’assoit.
-« Non... Qu’est ce que tu me caches… ? Tu es d’une humeur exécrable depuis que j’ai... Tss-tss... Penche-toi. »
Il roule des yeux mais obtempère.
- « Vomit dessus... Marmonne-t-elle, écarlate. Je suis désolée, je t’assure. Je me sens terriblement mal... Déjà que tu m’as vu dans cet état. Josh m’a assuré qu’on ne peut en vouloir à personne pour ce genre de chose. Mais... Dis-moi, Severus ! »
Il se redresse. Livide. Elle se lève. Tremblante.
-« Ma tête est mise à prix par le Lord, Hermione. Josh pourrait-il vous assurer que je souhaite pardonner, du haut de cette bonté d’âme que vous croyez fermement comme partie intégrante de moi, à celui qui m’a trahi et l’assurer, en lui offrant un whisky de qualité supérieure, que je ne lui tiens pas le moins du monde rigueur ? Qu’il pourra même, allons, je ne sais pas, assister à la tuerie que va organiser le Lord sur ma personne? » Dit-il, oubliant de baisser la voix.
Il voit son visage se décomposer. Il entend les élèves chuchoter. Il ferme les yeux, se maudissant pour cette perte de sang froid. Puis les r’ouvre, furibond et tend son mouchoir à son assistante, blême. Elle le prend sans en savoir qu’en faire et se décide pour le tordre et le déchirer...
- « Oh… Merlin. L’entend-t-il expirer.
- Dix points octroyés pour éviter de répandre cette nouvelle réjouissante ! Le cours est terminé. Déguerpissez en vitesse !»
Ils sortent tous dans une pagaille monstre. Il entend même dire cet insolent de Gartyxton dire à sa petite amie que c’est une manie chez lui de les faire évacuer avant la fin des temps réglementaires et que c’est une veine. Seule Law-Smith traîne, jetant des regards perplexes, essayant de saisir. Il la foudroie du regard et elle rejoint ses amis, courant presque ventre à terre. Hermione Granger est restée sur sa chaise. Il hésite avant de lui tapoter l’épaule.
- « Ce n’est rien. Il fallait que cela arrive. » Dit-il, maladroit.
Elle se lève, faisant tomber la chaise à terre, et s’agrippe à ses mains.
- « Ne dis pas d’absurdités ! Ne t’avise même pas d’essayer de me faire croire que ça va aller ! Tu fais quoi ?
- Morgane ! Vous n’arrêtez donc jamais ! En quoi cela vous intéresse-t-il ? Crisse-t-il, essayant de récupérer ses mains.
- Qu’as-tu décidé, Severus ? Siffle-t-elle.
- Faire front, évidemment. Répond-t-il, fronçant les sourcils, se demandant où elle souhaite en venir.
- Et bien j’en serais ! » Affirme-t-elle, pointant le menton.
Il parvient enfin à se libérer et recule, hors de lui.
- « C’est vous qui êtes absurde, Miss Granger ! Mêlez-vous de ce qui vous regarde, pour une fois !
- Jamais !»
Elle tourne le dos et s’éloigne vers la sortie.
- « Severus.. J’aime bien quand tu m’appelles, Hermione. »
Elle sort en gardant le menton levé. Elle s’est promis de l’aider. Contre tout. Même contre ça. Sa chute. Sa déchéance. Contre la fureur de ce monstre. De Voldemort. Son cœur s’affole. Elle s’adosse à une tapisserie et se laisse glisser jusqu’à terre. Affolée. Mais comment va-t-elle faire ? Comment vont-ils-s’en sortir ? Pourquoi maintenant ? Elle sent une présence à ses cotés. Elle tourne la tête et s’appuie contre l’épaule amie.
- « J’ai appris qu’il y avait eu un souci, ma puce... Ça va ? » Demande Joshua.
Elle bafouille que non et demande qu’il la serre fort. Elle niche sa tête dans son cou et étrangement, alors que son petit ami l’enserre, elle ne se sent pas plus calme. Elle se sent fautive.Et terriblement mal à l’aise... Il n’y aura pas que le remords à combattre. Il n’y aura pas qu’à permettre à Severus de trouver l’amour. Elle se sent terriblement impuissante. Elle s’aperçoit qu’elle ne sait pas comment procéder. Ça la terrorise. Et elle ne veut pas que Joshua l’enlace ainsi... C’est Severus Snape qui a besoin de réconfort et de tendresse. C’est Severus Snape qui a besoin d’amour.

o0o

Le soir même, 21h58.Appartement privé du Maître des Potions.

Hagrid traverse le lac. Le point lumineux dansant sur un horizon d’un noir infini semble irréel. Un peu comme si un ver luisant ou un feu follet faisait fi de ses peurs génétiques pour se perdre dans la nuit de son plein gré et se laisser périr. Un coup sec contre l’appui de sa fenêtre le sort de ses pensées. Il ouvre la persienne et l’air froid siffle à ses oreilles, agressif. Un hibou grand duc s’infiltre dans la pièce. Ses plumes couleur de terre humide sont tachetées d’éclats mandarine. Il hulule gravement, avec sa majesté coutumière avant de tendre sa patte. Severus délie la mince courroie de cuir.
- « Néant ? Que me vaut l’honneur de ta visite ? Une énième réprimande ? Un service à rendre ? »
L’oiseau ouvre son bec et l’homme remplit une petite soucoupe d’eau pure dans laquelle l’oiseau se désaltère avec ravissement. Le maître des potions avise le cachet de cire bigarreau aux armoiries de sa famille. L’ennui se peint sur ses traits. Il a l’envie subite de froisser la lettre et de consumer les mots secs en son cœur dans ces flammes qui dansent impudiquement dans l’âtre. Mais la curiosité l’emporte. D’un doigt, il décachette et ouvre. Il survole les paragraphes aux caractères assurés et déliés. Puis, laisse échapper une exclamation. La lettre se froisse dans sa paume. Il la délaisse sur un guéridon de chêne, extrayant d’un tiroir plume, encre et feuille. Néant attend, lustrant sa parure barbouillée et terne. Bien Père, vous l’aurez demain, dés l’aube. SS Ecrit il. Le point final perce la feuille blanchie mais Néant requière déjà son tribut. Le battant vitré s’ouvre sur un nouveau grincement. Néant s’élance, fendant l’air, déployant ses ailes vers les abysses d’une nuit trop noire qu’il ne redoute pas, en parfait messager des ténèbres qu’il est. Severus détourne les yeux. Il les repose sur la missive. Du plat de ses mains, il la défroisse et l’étale, sur la surface nouée du bois brut. Il tient du bout des doigts la vie d’une femme qui ne lui est rien. Il penche sa noirceur vers l’épître maintenue fermement. De quels ingrédients a-t-il besoin ? La potion de substance… Voilà bien longtemps qu’il ne l’a pas réalisé... Vingt ans, vingt-cinq peut être… Les symboles se brouillent devant ses yeux.

Fils,

Longuement, je vous ai tenu rigueur de votre ingratitude exprimée si clairement lors de votre dernière visite. Abuser ainsi de qui vous a donné la vie et fait de vous ce que vous êtes m’a laissé envisager l’hypothèse malencontreuse que cette requête que je vous envoie soit dédaignée. Mais, je n’ai pas d’autres recours, Fils, sachez-le.

Ainsi, prends-je sur moi, de ne point vous réclamer des éclaircissements quant à la subite échappée de cette femme que vous osez appeler ‘mère’ et qui n’a rien été d’autre pour vous qu’un ventre.

Je ne solliciterais pas plus une aide que je sais pesée d’avance, afin de localiser Frau Recktenwald, qui, comme vous devez l’ignorer s’est permis de démissionner et de fuir le manoir sans mot de plus.

Mes moyens sont limités, Severus, mais certes pas les vôtres. J’en viens au but premier de ce message. Votre ‘Mère’ celle qui vous a élevé, j’entends, souffre de douleurs mortelles. Ayant consulté de nombreux spécialistes, nous avons pris connaissance du remède. Et par-là même, avons découvert, que dans notre pays, seul vous, Severus, étiez capable de nous le procurer.

De la potion de substance, voilà ce que je requière.

Crassus Snape.
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Message par Invité Ven 15 Oct 2010 - 14:07

Tu ne met pas les notes de l'auteur ?
J'adore lire ses commentaires avant et après. ^^

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Message par Sophie Ven 15 Oct 2010 - 14:59

Ah je ne sais pas, je ne les lis presque jamais Sourire Je me contente de l'histoire Sourire
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Message par Invité Sam 16 Oct 2010 - 9:01

Elle n'a pas un speudo facile à retenir.
Bibidiba c'est la grande soeur de l'auteur Bidibou. La fusion de leur deux pseudo vient d'un disney. (Pour celle qui reconnaitrais de quel Disney il sagit). ^^

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Message par Sophie Sam 16 Oct 2010 - 9:42

Non en effet, elle n'a pas un pseudo facile [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Ah d'accord, maintenant je comprends un peu mieux mais quand même [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
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Message par Invité Sam 16 Oct 2010 - 10:15

"Salagadou la magicabou la bibidibabidibou... "
Si tu n'a pas reconnue, regarde ici : ^^
Spoiler:

Petite anecdote sur l'auteur bibidibabidibou :
Spoiler:

Est-ce que tu arrive à tout prononcer sans erreur ? rire

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Message par Sophie Sam 16 Oct 2010 - 10:52

Ah oui juste, tu as raison [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Que c'est vieux tout ça [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Euh... Prononcer ça sans erreur ? Laisse tomber, c'est impossible [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
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Message par Invité Jeu 21 Oct 2010 - 14:03

Voilà, j'arrive au bout... Il ne me reste que deux chapitres... Snif... J'ai pourtant essayer de ralentir et de faire durer. De ne pas terminer trop vite. >__<
Il n'y aura pas de suite, parceque Bidibou s'est lassé de l'univers Potterien.
J'ai beaucoup aimé en tout cas. ^^

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Message par Sophie Jeu 21 Oct 2010 - 15:23

Oui c'est vrai que c'est une bonne fiction... Dommage qu'elle se soit lassé de l'univers d'Harry Potter parce qu'elle écrit très bien.
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Message par Sophie Jeu 21 Oct 2010 - 15:56

Chapitre 5

Mercredi 03 Avril 1999,00h25

Il lutte contre la fatigue. Il peste contre cette douleur lancinante dans son avant bras noirci de la tâche infamante. Il s’est réveillé en grimaçant, s’est vêtu à la hâte et a gagné Pré-Au-Lard le plus rapidement possible non sans avoir prévenu au préalable Albus de ce départ précipité. Arrivé au Village Sorcier, il était échevelé, furieux. Inquiet. Les vestiges du sommeil s’étaient noyés sous cette pluie de poix que déversait le ciel sans étoile, et il a Transplané. Là, il file... Encore... Traversant les couloirs, montant des volées de marches, tournant à droite, à gauche... Créant des courants d’air qui fait s’éteindre des torches trop rares. La fin du couloir se profile à l’horizon. Telle une bouche. Noire. Trop gourmande. Boulimique. Il entre dans le trou, dans le gouffre, qui le dévore. Et il pressent. Il pressent que cette fois, il est la proie. Cela tient autant au regard de ce rat de Queudver –trop curieux, trop pétillant, trop joyeux- qu’à ces quelques têtes sous ces capuches gloutonnes qui frissonnent et répriment –il le voit bien- un mouvement trop prompt vers lui. Puis, le Lord, sur son siège. Majestueux. Immuable. Qui lui ne bouge pas. Ne parle pas. Ne le regarde pas. Severus présage. Il avance malgré tout. Son angoisse peut être non fondée. Il met son genou gauche à terre, et d’un air humble, baise l’ourlet de mort de sa Serinissime Terreur. Il s’évertue à en effleurer le moins possible. Puis le Lord s’anime. Le Lord réagit. Le Lord l’appelle, le somme de se lever. Severus s’exécute. Severus Snape s’aligne au milieu des autres, se fondant dans la masse, camouflant l’odeur de son appréhension à celle de cupidité de ces nécrophages acharnés. Le lord parle. Severus écoute sans rien entendre, répond sans rien dire. Le rire de Bellatrix fuse sur sa gauche. A sa droite, il y a Draco, qui se tient impassible, irréprochable. Il a repéré ses mains pâles. Le Lord raconte. Une histoire. A double tranchants. Et Draco -il l’entend à peine- laisse échapper une faible exclamation… Le Lord parle fort. De trahison. Les mots comme un écho trop vif, frétillant, valsent dans sa tête, puis se stabilisent et l’immergent, le choquent, le glacent. Signent sa mort.
- « Notre cher Severus au cœur félon pourrait… »
Severus cesse d’agiter ses pensées fibreuses dans la pensine. Il délaisse le récipient et s’étend sur son lit. Bras en croix. Yeux grands ouverts, il pense. Quinze fois qu’il visionne cette scène. Pas un détail. Rien ne lui permet de se lancer sur la piste de celui qui l’a vendu… Il réfléchit. Méthodiquement. Rapidement. Logiquement. Trop peu d’indices. Il va devoir chercher. Mais où ? Mais quand ? Il va devoir attendre. Que les choses se confirment... Il va devoir la surveiller. Hermione. Elle est capable, il le sait, de s’attirer des ennuis. Elle est capable, s’il ne veille pas, d’aller trop loin. Pour lui. Il l’a bien vu dans ces yeux. Elle aussi partira en chasse. Fusil chargé sur son épaule menue. Quand elle fera feu :Il y aura trépas. Du loup. Du soldat. Ou d’elle... Il s’endort, priant pour qu’elle n’agisse pas impulsivement... Il ne le lui pardonnerait pas. Il ne se le pardonnerait pas. Il en serait triste. Trop triste. Si elle venait à disparaître... Et certainement plus que ce Josh…

oOo

Un coin du parc de Poudlard, le jeudi 04Avril 1999, 16h45

Hermione replace une mèche torsadée de cheveux châtains derrière son oreille. Et de son autre main, effleure l’herbe jaunie sur laquelle elle est assise, paresseusement.
- « Que veux-tu que je te dise de lui ? Il est parfait. Peut être même trop. » Soupire t’elle.
Ginny lui jette un regard de coté, interrogateur, et dépiaute savamment une pâquerette aux limbes violets.
- « Ça te pose problème que tu ne trouves aucun défaut à ton petit-ami ?
- Pas toi ? »
Un hurlement de rire constitue la réponse. Les pommettes de Ginny sont écarlates et ses yeux brillent joyeusement. A la voir aussi enjouée, Hermione sourit, gagnée par le virus endémique.
- « Harry ? Parfait ? Tu veux rire ? S’esclaffe la jolie rousse. Si tu savais ce que je ne supporte pas ce manque de confiance qu’il affiche sans cesse ! Et sa jalousie... brr !Enfin, Hermione... Où est le problème : Joshua semble totalement fou de toi !
- Je sais… Marmonne Hermione Granger… Mais... Je n’arrive pas à me confier à lui... Je voudrais lui parler de toute cette aventure avec Severus... De toutes ces menaces qui lui collent à la peau…Seulement, il s’est forgé une idée dès qu’il l’a vu, il n’en démord pas ! Il sait bien que je prends la luciole dés qu’il a une critique au bord des lèvres à son égard alors il se tait, mais il n’en pense pas moins... Ça m’agace !
- Bien, il est là le problème... C’est Snape ! » Affirme catégoriquement son amie.
D’une chiquenaude elle éjecte la tige de sa marguerite à des dizaines de centimètres. Hermione soupire de nouveau et passe une main sur son front. Elle voit Ginny se pencher vers elle, les yeux plissés avec malaise, et, grimaçant.
- « Hermione.. Tu l’aimes beaucoup, n’est ce pas ? Demande-t-elle.
- Oui. Acquiesce-t-elle, on ne peut plus sincère.
- Et tu ne trouves pas ça... Incestueux ? »
Hermione relève la tête vivement. Blême. Puis, un flot de sang monte à ses joues. Elle arrache une poignée d’herbe. Ginny se mord l’intérieur de la joue, consciente d’avoir peut être poussé trop loin cette séance de babillage. Hermione s’écrie :
- « Bien sur que non ! Le petit Severus était un ami ! Je ne l’ai jamais considéré comme… c’est comme ça que tu vois cela, Gin ?
- Bien... Hésite son interlocutrice, avant d’opter pour sa franchise déconcertante. Tu adorais le gosse ! Tu l’as materné, pouponné, aiguillé… Et maintenant tu fonds d’admiration devant la version adulte ! Alors, je-
- Je... Ils sont... Ce sont deux personnes différentes ! Puis j’étais son amie à cette époque là. Il avait une mère ! Il aimait sa mère ! Bon, c’est vrai que, bien sur au début, je voulais savoir si l’enfant qu’il avait été m’avait pardonné…Mais, ce n’est pas cette vielle amitié que je recherche, c’en est une autre que j’ai gagné ! Et c’est bien mieux ! Severus Snape est très compliqué ! Mais, je suis bien avec lui ! On pourrait rester des heures sans rien se dire, et s’en trouver satisfait parce que le silence était bien plus révélateur que chacune de nos paroles et - »
Ginny Weasley l’arrête d’une tape amicale sur le bras.
- « Ne t’énerves pas, Hermione... Je ne te critique pas. Et je suis contente que tout soit clair dans ta tête -»
L’ancienne Gryffondor secoue la tête.
- « Mais justement Gin, ce n’est pas clair. Je me sens mieux avec lui qu’avec mon petit ami ! Tempête-t-elle, se prenant la tête à pleine main… j’en suis presque à me demander si je ne tombe pas... Amoureuse... »
Deux bras l’enlacent et elle tressaille. Ginny pousse une exclamation retentissante quand Harry, jaillissant de coté laisse tomber sa tête ébouriffée sur ses genoux.
- « Amoureuse... Dis-tu ? » Chuchote Joshua à son oreille.
Elle se sent frissonner. Elle ne répond rien. Lui, prend place derrière elle, attirant son dos contre son torse. Ne remarquant rien.
- « Tiens, vous voilà ! Besoin de tendresse, c’est ça ? Rit Ginny, en ébouriffant les cheveux de son petit ami. Ou alors, Chourave et Neville vous ont viré du cours ?
- C’est en papotant avec Hermione que tu révises tes Aspics, toi ? Ronchonne son frère en se laissant tomber comme une larve jusqu’au sol. Et on ne s’est pas fait virer… On s’est esquivé... Nuance... »
Il adresse un clin d’œil malicieux à l’assemblée et sortant de ses poches des friandises commence à les distribuer énergiquement.
-« Esquivé ? Pourquoi ? Comment ? Ce n’est pas respectueux !
- Oh ! Mione ! Franchement ! Pouffe Harry. On a juste changé d’avis! On s’est dit que sous ce soleil avec vous, on serait bien mieux qu’à l’intérieur à écouter Neville et Chourave...
- Ce n’était pas intéressant ? » Pépie Ginny, tout sourire.
Joshua éclate de rire et lève un pouce appréciateur vers le ciel.
- « Oh chi, chuper ! Fait la bouche pleine de Ron.
Hermione roule des yeux. Ginny siffle avec mépris.
- « Il nous a présenté un exposé sur les algues violettes dulcicoles... Vraiment, c’était pas mal... Explique Harry jouant avec le pendentif ajouré pendu à l’extrémité de la chaîne en or de sa petite amie. Seule la moitié de la classe s’est endormie !
- Navrant. Baragouine Hermione.
- Tu peux, rire, Mione ! C’est deux fois mieux que la moyenne ordinaire ! »
Ron manque de s’étrangler avec sa chocogrenouille.
- « Au fait, vous avez vu Lavande, les filles ? » Questionne-t-il, une fois rétabli.

o0o

Le même jour, 17h10, le cachot de Potions

- « Tu n’as pas à l’utiliser ! Tu n’avais qu’à ramener le tien ! »
La voix exaspérée, claironnante et grinçante de rage l’arrache à la correction d’une copie médiocre d’une Poufsouffle de troisième année. Un brouhaha confus s’élève dans sa classe, jusqu’à cet instant, silencieuse et il tonne :
- « Silence ! »
Il espère avec force que le tapage du couloir va cesser. C’est déjà bien assez éreintant de faire régner la loi dans ses propres cours, il ne va pas non plus se déranger pour cette querelle de péronnelles chamailleuses qui vire, apparemment, à l’aigre s’il juge correctement ces hurlements entrecoupés qui arrivent désormais à ses tympans agacés. Soufflant et pestant, il repose sa plume, darde sur la classe pétrifiée son regard charbon et les prie de sa voix toute veloutée de bien vouloir rester calme, puisque s’il entend ne serait-ce qu’un chuchotement de là où il se rend, il se ferait « un immense plaisir que de leur coller à tous et toutes la langue au palais et ce pour un temps indéterminé ! » Il sort vivement, après un dernier regard ordonnateur et soupçonneux et laisse la porte de la classe entrebâillée. Il s’arrête médusé devant le spectacle qui se déroule sous ses yeux. Miss Lavande Brown et la charmante Serpentard, Silverston Tracy, la sixième année malicieuse et intelligente, en sont aux mains. Se griffant le visage de leurs ongles peinturlurés et s’empoignant les cheveux, tout en n’omettant pas de se lancer des coups de pieds à l’aveuglette...
« Pitoyable. » Pense-t-il, avec raison.
Toutes à leurs affaires réglées avec une diplomatie parfaitement admise, les demoiselles ne le voient pas arriver derrière elles. Il prend donc sur lui de les avertir de sa présence en se signalant par un petit tapotement sur leurs délicates épaules.
-« Puis-je me permettre de me joindre à vous ? »
Elles ont la grâce de rougir. Mais n’en laissent pas moins jaillir vers l’autre des regards brûlants de haine.
- « Peut-on m’expliquer au nom de l’enfer les raisons pour lesquelles vous vous battez comme des botrucs dans ce couloir ! Peut être avez vous une explication suffisamment valable pour dédommager mon dérangement, mesdemoiselles ! »
Rien. Rien que leurs respirations qui se régularisent.
- “Miss Silverston ?”
La gamine rejette une tresse auburn en arrière, fronce son nez en trompette et pointe un index agressif sous le nez de son aînée.
- « Cette peste a fatigué mon Bibichon ! »
Il écarquille les yeux. Lavande Brown glousse tandis que la jeune serpentard consciente de l’air grotesque qu’elle se donne pique un fard monumental.
- « Votre Bibichon ? Répète-t-il, perplexe.
- Mon hibou ! » Criaille-t-elle.
Il s’enjoint au calme ! Il pourrait les assassiner, là sur-le-champ ! Merlin ! Quelles gamineries ! Il presse fortement son pouce contre cette bosse du poignet. Il paraît que c’est un remède efficace contre le mal de mer, et les vertiges. Et là, il se sent prêt… Vraiment prêt à ne pas se contenir…alors si ce procédé idiot soigne ces afflictions il peut bien réguler le stress, n’est ce pas ? Il appuie... Il se fait l’effet d’un télégraphiste qui pianote SOS en morse d’un doigt pressant. Il appuie encore... Allez, enfin ! Cela va faire effet. D’une seconde à l’autre... Oh. Cela devrait faire effet ! Pourquoi est ce qu’il n’arrive pas à calmer cette déferlante échauffée qui escalade son torse ?
- « Qu’en avons-nous à foutre de votre Bibichon, sale petite merdeuse ! »
Ahurie, Tracy Silverston considère son maître de maison qui jusqu’à maintenant n’a jamais su que l’encourager à poursuivre ses efforts et ne pas se laisser abattre par ses notes proches de la bulle affligeante que cette vielle Bique de Mc Gonagall ne répugne pas à lui octroyer couramment. Lui se rend compte, qu’en fait, il n’aime pas du tout cet élève. Lavande Brown bientôt Weasley s’esclaffe bruyamment.
- « Et cessez de rire comme une pintade, vous ! Fulmine t’il. Cinq points en moins, Silverston ! S’eut-ce été avec plaisir que je vous en aurais enlevé des centaines Brown, sachez-le ! Maintenant, déguerpissez !
- Monsieur, le problème c’est que j’ai besoin d’un hibou. De toute urgence ! Cela vous concerne, par ailleurs.
- Mais Bibichon ? » Sanglote convulsivement l’autre.
Il ferme les yeux. Expire. Lentement... Bien… Très bien. Rouvre les yeux. Souffle encore, pince ses lèvres fermement, l’une contre l’autre. Il est calme.
- « Amenez le à Hagrid, Miss Silverston… Sourit-il, gentiment avant d’aboyer :Et plus vite que ça ! »
L’élève disparaît dans un tonnerre de martèlements de talon. Il se tourne doucement vers son ancienne étudiante.
- « J’ai cours Miss Brown. Lui rappelle-t-il, sèchement. Que nécessite ce besoin furieux d’emprunter les hiboux d’autrui ? Ne savez vous toujours pas qu’il y a quelques volatiles à la disposition particulière des élèves ? Et pourquoi, diantre, cela me concerne-t-il ? » Souffle Snape.
Elle hausse les épaules.
- « Oh. Je le sais bien. Mais aucun n’est revenu des courses dont je les ai chargé. Si cela vous concerne c’est que c’est à propos du mariage. Mariage auquel vous êtes invité avec votre Mère, je vous le rappelle. Et, ce matin, aux aurores, j’ai reçu ce pli... Urgentissime, Monsieur !» S’écrie-t-elle.
Il perçoit de l’hystérie dans le timbre de sa voix exaltée. Elle agite une lettre devant son nez, cherchant apparemment à le lui faire lire. Il lui arrache des mains, le parcoure vivement et grogne. Cette fleur-bleue a demandé à ce que des milliers de pétales de roses blanches soient lâchés du ciel sur les convives à l’issue de la cérémonie du mariage.
- « C’est épouvantable. » L’entend-t-il geindre.
Elle s’en ronge les ongles.
- « En effet. Concorde-t-il. Inconcevable, même. Utilisez la cheminée de mon bureau et réglez ça. Ce serait du plus mauvais goût à votre mariage ! »
Il rend le courrier et s’étonne de voir la jeune femme sautiller de joie.
- « Oh ! Hermione a raison vous êtes vraiment un chic type ! J’aurais presque envie de vous faire la bise. »
Il respire et se recule vivement. Il a évité un malheur. Se voir ensevelir, ce jour là, sous une pluie de corolles d’une pureté illusoire.
- « Ce n’est pas nécessaire. » Grimace-t-il, aussitôt, faisant déjà demi-tour.
Il se fige net en entendant l’enthousiasme de la fiancée :
- « Oh des pétales roses... Roses... Roooses ! Par milliers... Ça va être divin ! »
Oh. Merlin. Qu’a-t-il fait là ?

o0o

Vendredi 05 avril 1999, Bureau d’Albus Dumbledore

- « Je t’en prie, Hermione. »
Ron s’efface et lui cède la chaise. Harry se tient debout, derrière le large dossier capitonné qui lui dissimule à demi Ginny. Celle-ci refuse poliment une friandise chocolatée offerte par le Directeur. A la gauche de Hermione, Ron hésite, puis, mis en confiance par ce regard bleu plein de malice, se permet de goûter à ces Meuh-ringue. La tête en chocolat blanc de la vache est croquée avec délice et il savoure avec gourmandise la délicieuse crème fouettée en son cœur. Albus se penche vers elle, souriant mais la jeune femme décline l’offre. Elle n’a pas vraiment faim. Elle se demande la raison de cette réunion au sommet, en pleine semaine, certes un soir bien après le couvre-feu, mais surtout s’inquiète de l’absence de Severus. Il n’était déjà pas à table au dîner... Était-il en mission ? Pourquoi se ronge t’elle ainsi les sangs dés qu’il s’absente ? Pourquoi ne lui a-t-il parlé de rien ? A-t-il découvert qui l’a trahi ? Quelle était cette expression morose et fatiguée posée, toute la journée, sur son visage comme un masque innovateur ? Elle n’a pas aimé cette inquiétude trop vive dans ses yeux. Albus Dumbledore la sort de ses pensées en vissant le petit couvercle de fer ciselé de la bonbonnière. Elle sursaute et croise ses jambes nerveusement. Lui, un air inquiet sur le visage, sort d’une de ses amples poches une montre à gousset polie par les temps et hoche sa digne tête neigeuse.
- « Bien... Severus ne devrait plus tarder maintenant, » Murmure-t-il, plus pour lui-même.
Hermione consulte sa montre bracelet. Il est 23h56. Comme pour faire entendre raison au Directeur, des pas vifs se font entendre dans l’escalier de pierre. Suivi de trois brefs coups à la porte. Un courant d’air s’infiltre quand celle-ci s’ouvre. Un fantôme s’exclame, jure puis rebrousse chemin, les tableaux papotent confusément, et la porte se renferme enfin. Sur Severus Snape. Dans le silence qui suit cette entrée théâtralement brusque et habituelle, un soupir se fait entendre. Dieu qu’elle est soulagée... Severus avance sous le feu de ces regards qui convergent vers lui, extrait de la manche de sa lourde cape de voyage en cuir brun un parchemin et le dépose dans la paume ouverte de son supérieur.
- « Excusez mon retard, Albus. » Dit-il sommairement.
Il s’adosse alors à la cheminée comme il en a l’habitude. Le vieux Sorcier a vite fait de lire l’écrit, et d’un mouvement qu’il veut calme, croise ses mains pour y poser son menton. Hermione s’étonne de les voir trembler. Elle pivote d’un quart de tout sur son siège pour considérer Severus et lève résolument les yeux pour retrouver cette même seconde peau d’écrasement sur son pâle visage. Il baisse les yeux vers elle une fraction de seconde. Elle sent son cœur s’emballer. Se tournant à nouveau, elle croise le regard d’Albus Dumbledore.
- « Il semblerait, leur apprend-t-il d’une voix si faible que Hermione doit tendre l’oreille, que l’on cherche à infiltrer notre réseau de résistance. »
Ginny se tortille sur son siège avant de se pencher en avant. Les mains de Harry se crispent sur le dossier de tissu. Ron pose une main sur son épaule. Elle laisse échapper un soupir dans un même esprit que le trémolo du phœnix si silencieux depuis leur arrivée. Severus Snape ne bouge pas. Le directeur se lève et fait le tour de son bureau.
- « Vous êtes parmi les plus concernés, ainsi que Miss Cluster et M. Malfoy qui n’ont hélas pu nous rejoindre. Tous ici, connaissez chaque nom, voir chaque chef des légions pour les avoir enrôlés ou aiguillés.»
Hermione secoue sa tête. C’est faux. Elle ne connaît que Lola, personnellement...Albus sourit tristement.
- « Hermione, vous n’avez certes rencontré que Lola. Mais c’est une pièce maîtresse. Elle est à la tête de la plus prometteuse des sections.
- Que peut-on faire, Monsieur ? Demande Harry. Sait-on si ce processus est amorcé ? Par où l’ennemi va attaquer ? Qui ? Comment ? Quand ? »
Le vieil homme pose une fine main sur l’épaule de Harry.
- « Tes questions sont très pertinentes, Harry. Et oui, nous savons... Approximativement… Severus ? »
Severus se détache à regret de la cheminée et de ses flammes qui léchaient agréablement son dos. Croisant les mains derrière lui, il fait quelques pas dans la pièce circulaire, avant de s’appuyer sur un coin du bureau vide de tout objet.
- « On ne sait pas qui. On sait comment. On pense savoir quand. Explique-t-il d’une voix vive et ferme. Un nouveau groupe de résistance a commencé à s’organiser peu à peu sur la cote ouest. Vous en avez peut-être entendu parler ? Ils ont adopté le nom très original de ‘Freedom’. »
Hermione et Harry approuvent. Ron s’exclame.
- « Mais, ce sont des moldus ! »
Severus pivote vers lui, incline sa tête brune et, dans une moue impressionnée, glisse deux mots.
- « En effet. »
Hermione plisse les yeux. Elle ne comprend pas.
- « Ils ont senti voilà quelques années la menace Sorcière. Trop de faits étranges se sont signalés à leurs attentions. Fredom a fait du bruit. Mais peu d’organisations, beaucoup de débats inutiles... Cela a duré des mois... Jusqu’à ce qu’entre en scène un mystérieux leader. Nous l’avons identifié. Il s’agit de Anton Zaccharias Sticks.
- Qui est-ce ? Un sorcier ?
- Oui, Miss Weasley. »
D’un mouvement de la baguette, il fait apparaître une sorte d’hologramme en trois dimensions. L’image est fort floue. On en voit de l’homme qu’une silhouette commune, des cheveux bruns, des yeux verts, un profil..
- « Classique... Marmonne le Survivant.
- Et c’est lui la cible ? » Questionne Ginny d’une petite voix.
L’empreinte magique du dénommé Sticks se dissout en des milliers de particules. Hermione ferme les yeux un instant, essayant d’ingérer tous ces fragments d’informations, de les rassembler et les remettre en ordre.
- « Oui, lui, mais surtout le réseau. C’est très innovateur pour Sticks d’avoir pensé utiliser la puissance guerrière Moldue dans notre guerre. Mais les membres ignorent tout. Ils ne nous connaissent pas. Ils ont toute confiance en leur chef qui ne s’appuie sur aucune stratégie, ne réfère à aucun supérieur.
- C’est stupide ! Cela pourrait mal tourner ! »
Elle s’attire son regard noir, étrangement appréciateur. Elle rosit. Il acquiesce.
- « Oui. D’autant plus qu’ils recrutent facilement, que Sticks est peu informé du potentiel ennemi, et que Draco a intercepté un Messager stipulant qu’un mangemort va s’infiltrer...
- Et semer la discorde. Soupire Hermione. Si je comprends bien, Sticks ne sentira pas venir la menace et s’il y a conflit au sein de cette section cela peut se propager niveau Moldu… Et...
- Alors, il faut les prévenir ! S’emballe Ron.
- Les brusquer n’arrangera rien. Ils vont prendre peur, se délocaliser, faire n’importe quoi...
- Harry a raison. Voilà pourquoi il nous faut nous infiltrer nous même avant l’ennemi … » Pense Hermione à voix haute, fixant l’ourlet de la robe de Severus.
Un silence poursuit sa remarque. Hermione relève les yeux et s’étonne de sentir tous yeux braqués sur elle.
- « J’aurais dit une ânerie ? Demande-t-elle.
- Non, Miss. Répond le Dirigeant de l’ordre du Phœnix. Bien au contraire….
- Alors, je suis volontaire. »
Harry, droit comme un I, se détache de Ginny. Il crispe déjà sa main sur sa baguette.
- « Certainement pas, vieux. Toi, on te reconnaîtra tout de suite. Sticks n’est pas dupe à ce point.
- Eh bien, moi dans ce cas, Poursuit la sœur.
- Toi tu as tes Aspics, Sœurette, et Maman t’interdit d’avoir un rôle offensif. Puis, il faut un homme de terrain. J’irais.
- Ron, sans vouloir te vexer, tu n’as pas assez d’expériences... Tu n’as jamais rien simulé ! Tu es un piètre menteur, tes oreilles virent au vermillon dés qu’on te lance un regard trop prononcé... Tu ne parviens même pas à embobiner Fred et Georges ! Tiens, aux dernières vacances, tu leur as dit au bout de trois jours où j’avais caché cet horrible Klaxon à cotillons et...
- Parce que tu sais leur tenir tête, toi peut-être, Madame la Marquise ? Arrête tu-veux ! si-»
Hermione suit l’échange houleux les yeux ronds. Dumbledore flatte gentiment la tête colorée de Fumseck, attenant la fin de l’orage, et Severus maugrée en secouant la tête. Elle l’entend murmurer, perdant ostensiblement patience, un vague « Merlin, faites les taire... » Honteuse, Hermione toussote. Ron et Ginny, écarlates, grognant, se tournent vers elle en hurlant un « Quoi ? » Qui la fait bondir sur place.
- « Euh… C’est un mauvais défaut... Mais, je sais mentir… Puis, comme j’ai disparu de la circulation pendant quelques mois, les mangemorts, m’ont quelque peu oubliés… Alors, s’il n’y a personne d’autre...
- Le fait est, Tranche Albus Dumbledore, que Severus s’était proposé.
- Oh ? Bien... Si Severus est déjà sur l’affaire... Euh... Bredouille-t-elle, le feu aux joues... Très bien, même... C’est...Euh...Bien... »
Elle se croise les bras sur sa poitrine et se mord l’intérieur de la joue. C’est insensé ! Ciel ! Comme s’il n’était déjà pas assez exposé de par sa double position dévoilée... Il lui faut en plus se placer en première loge pour cette nouvelle mission ! Elle ne remarque pas les yeux pétillants d’Albus Dumbledore, pas plus que le regard scrupuleux du professeur de Potions.
- « Mais, il est vrai qu’un travail d’équipe serait d’avantage adapté, Poursuit le Directeur. Severus, cela convient n’est ce pas ? »
Elle relève des yeux brillants. Bien sur que cela convient !
- « Ai-je vraiment le choix? » Lance-t-il.
Il se penche en avant, laissant sa question en suspens. Il dodeline de la tête, elle crispe ses poings. Avec incrédulité, elle voit un petit sourire se poser sur les fines lèvres de l’homme.
- « Je crois que même sans cela, oui, cela me convient. J’ai... Confiance... En Miss Granger. »
Hermione inspire profondément, troublé par cette confidence, mais la réplique féroce de Harry l’empêche de s’y laisser submerger.
- « Moi, non. Snape, vous avez un air d’un zombi, ces derniers temps ! Franchement, je crois que vous avez d’avantage besoin de repos ! Mione doit être protégée au mieux ! »
Hermione, se redresse sur son fauteuil, prompte dans un premier temps à ne pas se laisser elle-même insulter par l’insinuation de Harry sur son incompétence à s’assumer, mais les mots qui franchissent ses lèvres, bombardée de révolte et d’une naïveté affligeante sont :
- « Oh ! Mais Severus est très vigoureux ! »
Elle toise ses amis sauvagement, les défiant de la contredire. Elle a bien vu Severus s‘extraire de cette cheminée en flamme ! Il n’est pas vieux, enfin ! Il est posé, voilà tout ! Ses traits féroces se désagrègent quand elle découvre une gamme étonnante d’émotions sur les visages qui lui font face : stupeur, dégoût, enjouement... C’est Ron qui réagit le premier, crachant virtuellement au sol.
- « Oh. Mione ! On se passera des détails. Puis où étais Josh ?
- Hein. » Fait-elle perdue, juste avant de comprendre que... « Vous êtes dégueulasses de penser ça ! Vous avez l’esprit tordu, ma parole. C’est en tout bien tout honneur ! C’est … Parce que... Le feu... Sur sa robe... Et... » Balbutie Hermione, cherchant du secours du coté du professeur.
Mais celui-ci se réjouit de son embarras Cela lui évite de se sentir lui-même gêné par ces pensées lubriques ! Rageuse, Hermione serre les dents, relève le menton, fièrement, et d’une voix mordante, conclut.
- « Bien si Monsieur le Directeur ne me retient pas, j’ai sommeil, j’aimerais aller dormir ! »
Albus Dumbledore acquiesce d’un signe de tête et d’un sourire ample. Elle passe devant une Ginny, au bord des larmes, écroulée de rire en sifflant :
- « Merci de prendre autant de plaisir à ça… Ginny… »
Elle se hâte de détaler au dehors.

oOo

La veille : mercredi 03 avril 1999 . 19hOO. Appartements privés de Severus Snape

- « Entrez ! » Permet-il.
Il délaisse la rédaction d’un rapport sur la provenance des tannins hydromagicominéraux et visse soigneusement sa fiole d’encre. La porte s’entrouvre sur son filleul, étrangement pâle. Severus n’a que trop remarqué son manque d’enthousiasme ces quelques derniers jours.
- « Draco. Je te croyais parti. »
L’autre dénie.
- « Ma malle a été expédiée…Mais, il me restait une chose à faire… »
Une veine pulse sur sa tempe droite. Draco refuse l’invitation à s’asseoir. Il blêmit plus encore, si possible.
- « J’aurais pu attende samedi, puisque je reviens pour le match... Mais...il y a cette chose... A te dire... »
Le Maître des Potions s’alarme. Il fronce les sourcils, et demande laquelle. Puis tout disjoncte. Comme un disque rayé. Qui tourne. Qui tourne sans fin. Le flot de mots. Hachés. Aigus. Hurlants. Redondants. De Draco. Dans sa tête. Non ! Non ! Ça n’est pas lui ! Non ! Il s’y refuse à y croire !
- « Je n’ai pas d’excuses ! L’entend-t-il s’étrangler. C’est moi... Je n’ai pas d’excuses... A ma trahison… »
Trahison ! Trahison ! Trahison ! Son ! Son ! On ! On ! Mal à la tête ! Qu’il se taise ! Qu’il cesse ! Qu’il disparaisse ! Le traître ! Le traître à ses amis ! À ceux qui l’aiment ! Non ! Qu’il reste ! Qu’il se confesse ! Il n’a aucune conscience d’avoir cogné son poing contre un mur dont le plâtre se craquelle. Il n’a pas conscience qu’il saigne, qu’il macule le sol. Il n’a conscience que de l’expression de terreur, de honte, d’abjection sur le beau visage de l’homme qui lui fait face. De l’homme auquel il ne souhaite plus faire face ! Il le considère. Il crie. Il ordonne ! Il en veut ! Lui ! Des excuses ! Il désire réparation !
- « Donne m’en une, Malfoy ! Invente s’en une, s’il le faut ! On ne trahit pas sans raison ! INVENTE, DRACO ! DIS MOI ! PAR ASTAROTH »
Son interlocuteur, recule, s’échoue comme un mur. Le visage brouillé de larmes. Les yeux rouges sur son visage d’albâtre. Fortement, il se frappe le sternum. A plusieurs reprises.
- « Ça me tirait ! Là ! Lola, je l’aime… Je devais choisir ! Le Lord ! Le Lord et son fichu doute ! Il a appris, mes fiançailles. Je ne lui ai rien caché, ça aurait été pire. Tu me l’avais conseillé… Mais ce doute… Sur les activités de Lola. Il m’a dit. La soupçonner de m’espionner, moi ! Il pensait que c’était elle… La raison de notre fuite désordonnée... De l’échec de l’Escadron Opaque au bourg d’Hadlerghirth, lundi passé. »
Severus Snape se mord la lèvre jusqu’au sang.
- C’était elle. Rappelle-t-il, avec raison.
- Bien sur que c’était elle ! Severus ! Bien sur ! Bien sur que c’est elle et les Phoenix Blancs qui ont mené la riposte ! Mais à choisir entre la femme de ma vie et mon soutien de toujours…j’ai préféré... J’ai cru ... que ... M’écrouler... Etait la solution… Parce que Lola aurait recollé les morceaux… Je t’ai dénoncé, Severus… Mais, ça ne se finit pas là, Severus, tu sais, je voudrais… »
Pourquoi Draco a-t-il laissé franchir une exclamation de surprise ce soir là… ? Il faut qu’il comprenne... Le goût métallique du sang lui donne envie de vomir. Pourquoi Draco ... Oh bien sur ! Il sait…Car….
- « Tu mens ! » Lâche Severus.
Sa voix est glaciale. Sa voix est ferme. Il est tout ankylosé. Il se sent mort. Draco Malfoy se décolle du mur, fais un pas vers lui.
- « Plait-il ? » Répond-t-il sans ciller, ce qui ne leurre pas le Maître des potions.
Severus Snape ferme les yeux. Essuie sa lèvre ensanglantée d’un revers de la main.
- « Pourquoi ? »
Pourquoi Draco s’est accusé coupable d’un acte non commis, un acte que sa fiancée aurait qualifié d’impardonnable. Un acte qui aurait conduit leur couple à l’échec ? Ils le savent tous deux. Ils savent que si le doute s’est porté sur Lola, sur Severus, il s’est porté aussi et surtout sur cet ancien Serpentard. Et lui, Severus, donnerai sa vie milles fois pour sauver cet enfant ! Le beau jeune homme de l’index se tape le sternum, de nouveau.
- « Ça me tire là…
- Je m’en fiche si tu savais, de là où ça te tire ! Je dois comprendre ! Crache-t-il, s’appuyant contre le mur, les yeux rivés sur le blanc de la peinture. Est-ce que tu saisis ? Autant pour ma vie que pour la tienne ! C’est Narcissa, n’est ce pas ?
- ...
- Alors, tu préfères endosser ? Tu préfères que ma rage se retourne contrer toi... Plutôt qu’elle... Qui a tout découvert : pour ta fiancée, pour toi... Puis, puisqu’elle savait pour moi depuis que Bella s’acharne à le lui répéter. Elle a choisi quand le Lord a remarqué son trouble... N’est ce pas ? C’est elle ? »
Draco baisse la tête.
- « Oui... C’est mère. »
Sa voix est presque atone. Puis, il relève la tête. D’un revers de manche, il essuie son visage et pointe un doigt belliqueux vers son ami. Ses yeux brillent.
- « Ça ne change pas la donne, Parrain ! Si tu t’en prends à ma mère, tu t’en prendras inévitablement à moi, un jour ou l’autre. Ce serait fâcheux... Parce que je tiens à toi... Ce n’est pas la vengeance qui prime ! C’est comment nous sortir de ce gouffre qui nous aspire et qui nous broie un peu plus chaque minute ! »
Il sort en claquant la porte. Draco a raison... Fatalement raison. Ce-Monstre-Aux-Ailes-Noires-Qui-Surveille, ne doit pas savoir pas, que lui, le soldat brisé, ne se résigne pas à mourir. Qu’il ne désespère pas… D’être en paix. Un jour. Un jour proche.

oOo

Vendredi 05 avril 1999. les Cachots. 15h12

Il jette des herbes odorantes dans sa marmite d’étain. Des nuages de vapeur dense l’englobent, arrondissant sa silhouette sombre. Elle fait deux pas. Elle le regarde prélever soigneusement, à l’aide d’une aiguille montée et de fines pinces une spore gélatineuse sur une plantule chlorophyllienne en forme de faucille.Il sait parfaitement qu’elle est là. Il la sait même sourire. Elle avance de nouveau.
- « Une pincée de broyat testiculaire de Scrout, s’il vous plait… Hermione. »
Son sourire s’élargit. Elle se sent étrangement vaporeuse de l’entendre l’appeler enfin par son prénom. Elle se demande même comment il se fait qu’elle ne s’élève pas comme cette volute de fumée noire. Elle jette la pincée de poudre dans le chaudron. Des bulles éclosent. L’air sent la rose.
- « Que fait-on ?
- Un médicament pour Lovise. »
Elle marque un temps d’arrêt. Elle l’avait rayée de son esprit.
- « Elle n'est pas morte ? Demande-t-elle avant de se mordre la lèvre.
A sa surprise, il relève les yeux, délaissant sa tâche, pour la considérer. Ses yeux rient.
- « Notre avis ne diverge toujours pas sur ce point, semblerait-il.
- Je suis...
- Ne soyez pas désolée. » La coupe-t-il.
Il plonge un thermomètre dans la potion blanche, relève soigneusement la température puis, précautionneusement réduit son feu.
- « Est-ce grave ?
- Apparemment.
- C’est de la potion de substance, n’est ce pas ?
- Pourquoi n’êtes vous pas au soleil avec vos amis ?
- Pourquoi t’enfermes-tu pour aider une femme que tu hais ?Je suis là parce que je voulais être avec toi…l’immaturité des autres m’ennuie, parfois...
- Je ne la hais plus. » Répond-t-il en même temps.
Elle cache sa tête dans ses mains. Elle ne comprend pas. Il vient de lui dire qu’ils avaient toujours le même sentiment concernant sa belle-mère. Mais, pour elle, c’est simple. Cette femme est haïssable. Alors, elle la hait.
- « Je l’oublie. Voilà tout. Venez. On suffoque ici. »
Il lui ouvre la porte, elle lui sourit encore et le dépasse. Dans le couloir, elle s’aperçoit qu’en effet, à l’intérieur, l’air était asphyxiant, irrespirable. Elle s’adosse au mur. Elle regarde Severus verrouiller la porte du laboratoire. Une question lui vient soudain à l’esprit. Elle tente de la chasser. Une fois. Deux fois. Puis renonce.
- « Est-ce que tu crois toujours aux couleurs, Severus ? » Questionne-t-elle.
Ses sourcils sombres s’arquent sous le coup de la surprise. Elle croit même avoir vu ses joues rosirent. Ou peut être son imagination lui joue t’elle un tour ? Elle attend qu’il réponde.
- « Vous trouvez les robes noires austères ?
- Un peu. » Ment-elle.
Elle se souvient d’avoir trouver le petit Severus adorable dans sa robe marine. Elle plisse son nez. Il se surprend à trouver ça adorable.
- « Plus qu’un peu. » Rit-elle.
Elle le dévisage encore. Il ne s’en sent même plus embarrassé. Il se dit qu’on s’habitue à beaucoup de choses, qu’on relativise d’avantage quand on sait que la fin est proche… Il fait un petit signe de la tête.
- « Venez. L’invite-t-il.
- Où ?
- Voir les couleurs. »
Il s’éloigne vers sa réserve personnelle, une pièce gardée par d’épais rideaux de velours cramoisi à l’odeur de vieux. Elle le suit, en n’osant y croire. Ils entrent dans la pièce et elle éternue. Trop de poussières, ici. Il se meut avec facilité entre les imposantes jarres bouchonnées posées sur le sol. Sa robe effleure les coffres comme un souffle câlin. Elle, pour sa part, n’y voit pas grand-chose. Il fait noir. Elle élève sa baguette pour illuminer le grand cagibi mais il l’arrête d’un geste. Il tend une main vers un rideau. Et tire. Brutalement. Le soleil l’aveugle et elle s’exclame fascinée. Lui, se découpe, comme une tache noire, dans un halo de lumière. Hermione a le souffle coupé. Il ne perçoit pas le malaise de la jeune femme. Il déambule et introduit une clé dans la serrure d’une armoire d’ébène.
- « Ici ? Demande Hermione, pour briser le silence.
- Oui. »
Et il ouvre la porte. L’ambré s’écarquille. Du rouge. Mat, vermillon. Pourpre. Du vert. Olive…Vert prairie… Du rose. Vif, pâle... Pas une seule ombre. Pas de noir. Pas de gris. Que de l’éclatant. Que du fascinant. Des poudres. Moirées…fines et soyeuses. Épaisses et crayeuses… Des fioles, jaune soleil, poussin, tournesol… les liquides réfléchissent la lumière. Des graines parme, violine…. De l’indigo, solide par ici, gazeux dans cette petite bombonne de verre borosilicaté... Des plumes. Blanches, crèmes, beigeâtres... Des pâtes azur, marine, olivâtres. Craquelées, gélatineuses, séchées. Des gemmes, brillants, s’étalent comme des pluies d’or multicolores sur des velours grenat. Des petites boulettes d’une texture indéterminée, dans une coupelle de verre, passent du vert au lilas, tirent sur l’aubergine et un rose vif succède, bientôt bousculé par un orange éclaboussant d'immodestie. Des tigelles de pierres magiques, se déclinent sur la gamme de l’arc en ciel, valsent et luisent, faisant rejaillir les éclats du soleil autour d’eux, comme une offrande. Sans cesse, Hermione pousse des petits cris de ravissement…Tend la main, se rétracte. N’osant effleurer... Les trésors, qu’il y a ici. Les trésors secrets de Severus. Si plein de couleurs. Si plein de vie. Son armoire aux merveilles. Elle lève ses yeux où perlent des larmes. Il déglutit. Pourquoi ces gouttelettes le déragent-ils toujours ainsi? Il toussote. Embarrassé. Il voulait lui faire plaisir. Il voulait lui montrer qu’il n’avait rien oublié. Il s'écrie quand elle se jette contre son torse. Elle est tremblante de sanglots.
- « J’y pense sans cesse... Severus... A cette trahison … Je t’en prie... Ne meurs pas... Ne meurs pas… »
Les larmes tièdes d’Hermione mouillent son col. Elle s’est hissée sur la pointe des pieds et ne garde l‘équilibre qu’en s’appuyant, toute entière, sur lui. Il reste immobile. Elle, de ses doigts, de ses ongles, s’accroche au tissu noir, et à lui, désespérément.
- « Je ne te pardonnerais pas si tu meurs... » Hurle-t-elle dans son cou. « Je ne te pardonnerais pas... »
Il baisse la tête, un rayon de soleil lui brûle la rétine. Son menton caresse le sommet ébouriffé du crâne de la jeune femme, toujours étouffée, contre lui. Il ne voit plus son visage. Il laisse son menton là où il est. Calé. Protecteur... Et lève un bras. Il pose une main sur la nuque douce. Peu à peu, les larmes se tarissent.
- « Ce ne serait pas raisonnable, dit-il, essayant de les rassurer tous deux, que d’en vouloir à un mort, Hermione…
- Je sais, ce serait absurde… » Répond-t-elle.
Il constate qu’elle ne le griffe plus. Elle a desserré ses poings. Ses paumes s’étalent, sur ses épaules. Sagement. Presque... Non… ? Si … Tendrement... Doucement, elle dégage son visage et se repose sur ses talons. Elle renifle avec force. Les yeux rouges posés sur lui le font chavirer. Les paroles qui suivent... L’achèvent.
- « Mais, Severus… C’est tout autant absurde que cette impression de bonheur que j’éprouve en ta présence. Comme un voile d’amour … Là… »
Elle pose sa paume droite sur son cœur. Il se recule vivement. Il heurte la porte de l’armoire. Le pan de bois claque fortement. L’antre aux merveilles gémit. Les yeux de Hermione se plissent, attentif à cette réaction qu’elle attend de lui et qui ne vient pas. Alors, elle sort en courant.
- « Un voile d’amour… Répète-t-il en écho. D’amour… »

oOo

Samedi 06 avril. 09h00

Hermione ne contient plus son excitation. Survoltée, les joues empourprées par l’euphorie, elle sautille et émet de petits cris suraigus chaque fois qu’un joueur passe en coup de vent près d’elle. Sa main bien au chaud dans celle de Joshua, elle se hisse sur la pointe des pieds dans l’espoir d’apercevoir ses amis entre les mailles compactes de la foule en délire. Comment se portent-ils ? Ne sont-ils pas trop nerveux ? Quel est leur plan d’attaque ? Voilà les questions qui assaillent la jolie jeune femme depuis quelques heures et nouent sa gorge en un nœud coulant. Tantôt elle rit et s’agite avec démesure, tantôt elle s’immobilise, fébrile, soucieuse. Joshua arque un sourcil perplexe face à l’hyperactivité de sa petite amie. Tandis qu’elle se tord comme un ver de terre au bout de son bras, juchée en équilibre précaire, il l’attire vers lui d’une petite pression et colle ses lèvres à son front, apaisant. Hermione écarquille ses yeux couleur miel. Elle en oubliait quasiment sa présence… Pourtant, il garde un contact permanent avec elle. Le pauvre, elle ne se montre pas très réceptive à ses attentes… Elle emmagasine son souffle pour lui susurrer une parole affable, mais Joshua ne saura jamais la pensée d’Hermione, car :
- « Mione ! Ça va bien ? En forme ?
- Ronald ! Comment te sens-tu ? Oh, tu es si pâle… se lamente Hermione, très mère poule.
- Ça va … Juste. Stressé..… Je te laisse, nous devons affiner notre stratégie aux vestiaires. Si tu vois Lavande, dis-lui… que c’est pour elle que je vais jouer.
- Je n’y manquerai pas. Bonne chance, file ! »
L’auror aux mèches teintées de papaye leur dédie son clin d’œil fétiche et pique un sprint. Son visage livide étreint le cœur d’Hermione, qui se contracte contre Joshua, mal à l’aise. Ils n’ont ensuite pas la possibilité d’entamer deux pas qu’un buisson de brindille les heurte avec maladresse, pour leur bredouiller des excuses obséquieuses et s’enfuir à toutes jambes.
- “Law-Smith, non ?… Étrange, cette gamine, commente Joshua que la compassion n’étouffe pas.
- Moi, je l’aime beaucoup. Elle me rappelle vaguement quelqu’un… On y va ? »
Coincés entre deux étages de gradins rugueux et humides, Hermione et Joshua se frayent un passage parmi les élèves, professeurs et passionnés qui s’égosillent ou se dandinent. Machinalement, le regard d’Hermione épouse le paysage. Il s’accroche à une ombre de forme humaine, aussi noire que la nuit, élégante et furtive. Hermione irradie. Sans accorder un remerciement à son compagnon, ses doigts glissent entre les siens, elle se faufile en trottinant entre les gens, aussi discrète qu’un souriceau. Estimant être à portée de voix, elle secoue les bras en l’air, comparable à un épouvantail malmené par une rafale et hurle avec enthousiasme ce prénom qu’elle aime à prononcer:
- « Severus ! SEVERUS ! Attends, je suis là ! Ne bouge pas, je te rejoins ! »
Le Maître des Potions interrompt son cheminement, comme s’il s’était cogné à une vitre invisible. Avec précautions, il pivote pour distinguer une Hermione déchaînée qui lui adresse des signes gargantuesques. Réprimant l’envie de disparaître à l’autre bout du système solaire, Snape fait claquer sa langue et hoche la tête avec raideur. Comme un coup au cœur, la scène de la veille se rappelle à la mémoire de Hermione… Sa propre perte de contrôle, cette étrange déclaration qu’elle lui a offert, la chaleur de son torse, et cette main qui n’a pas su la retenir au moment où.. Merlin… Elle lui a dit qu’elle l’aimait. La jeune femme blêmit, se fustige intérieurement, puis, résolue à ne pas se laisser abattre par ces émotions contradictoires qui la submerge et cette honte qu’elle sent sourdre en elle, elle reprend sa progression et se contorsionne pour éviter agilement les mouvements des spectateurs. Elle décide de mettre cet.. « Incident, oui, c’est cela, un lapsus.. Parce qu’après tout je suis bien avec Joshua.. Un incident» de coté. Loin, très loin, là où l’enfouissement est total, de façon à ce que ni Severus ni elle n’aient à se sentir confus de cet.. Incident.. « Mets-toi le dans le crâne, une bonne fois pour toute, au lieu de le ressasser encore comme la nuit passée, ma fille, ce n’est qu’un incident. » S’acharne t’elle à s’auto-convaincre. Enfin arrivée à destination, elle ronchonne en déplorant avoir égaré le ruban dans ses cheveux. Tout à son affaire de coiffure –précautionneuse, elle avait passé au cas ou un élastique autour de son poignet-, elle perd l’équilibre, désarçonnée par un coup de coude mal distribué sur sa gauche et bascule en avant. Severus Snape saisit sa main à la volée... « Ça fait deux fois. » Pense-t-il. « A croire que je ne suis là que pour la retenir quand elle ne se jette pas dans mes bras pour… » Il la lâche aussitôt. Chancelante, elle se remet d’aplomb, le cœur palpitant. Pétrifié d’incrédulité, il enfonce les ongles dans la chair de ses paumes pour ne pas effleurer sa peau et recueillir le parfum qu’elle y a égrainé. Il veut lui jeter un de ses sarcasmes cependant, un jeune homme aux traits froncés de rage bifurque vers eux.
- « Puce, tu pourrais prévenir quand il te prend des envies de fuite, grommelle Joshua, irascible. J’ai failli perdre ta trace dans la foule.
- Pardon, Josh. J’avais repéré Severus et je souhaitais voir le match à ses côtés… lâche Hermione, distraite, en se lovant sur son pan de pierre pour ne pas froisser sa robe en dentelles.
- Vous n’étiez pas obligée de me suivre, Hermione. La solitude n’est pas un obstacle à ma concentration, persifle Snape, heureux de placer une tirade acide, et le regrettant curieusement aussitôt.
- Peut-être, mais elle l’est pour moi, » réplique Hermione…
Mais sa voix se pelotonne dans sa trachée en se rappelant que Joshua lui tient compagnie, et même qu’il l’enlace sans arrêt.
- « Euh… Tu veux que je me pousse, Joshua ? Tu sais, je disais ça pour plaisanter… Ce que je veux dire, c’est que…
- Merci, je ne suis pas si gros pour que tu prennes la peine de te tasser, rétorque Joshua, acariâtre.
- Josh, ne t’énerve pas… Soupire-t-elle.
- Auriez-vous l’amabilité de stopper vos enfantillages ? La présentation des joueurs débute, » tranche Severus, exaspéré.
Un grondement modéré gargouille dans la gorge de Joshua, qui se capitonne dans son espace mural et affiche une moue de pure bouderie. Hermione décide de river les yeux sur le terrain. Un bruissement de stupeur s’échappe de ses lèvres. La mixité est impressionnante ; et c’est peu dire. Jamais, de mémoire d’élève, elle n’a assisté à un tel échange inter maison. Les quatre s’associent et s’entremêlent en un curieux mélange ethnique. Cho Chang éclaircit sa voix haut perchée en l’amplifiant d’un coup de baguette très stylisé. Olwen Caudwell, à ses côtés, ne s’attarde pas à détailler la poitrine provocante de l’aguicheuse asiatique. Le jeune Poufsouffle préfère s’abîmer la vue sur les personnages charismatiques parsemés sur la pelouse, balai en main, occupés à peaufiner leur stratégie de dernière minute. Il scrute particulièrement une certaine Orla Quircle, adorable fille de sa classe aux cheveux tout bouclés dont les pommettes rosées tromperaient la méfiance d’un vampire.
- « Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, nous sommes tous regroupés en ce jour pour se délecter d’un match légendaire qui restera probablement gravé dans les mémoires! S’époumone Cho, dévouée à son rôle. Cet échange inter maison est du jamais vu ! Vous allez assister à une première mondiale ! Et je rappelle que cet événement extraordinaire se déroule à Poudlard, l’une des plus célèbres écoles de sorcellerie. Sans compter que…
- Hum, ne dévions pas du sujet, intervient Olwen, dérouté par la passion de sa collaboratrice. Nous disions donc que vous devez encourager ces joueurs exceptionnels qui, malgré leurs différends - passant outre leurs querelles ou effaçant leurs amitiés entre adversaires - sont parvenus, en l’espace d’une semaine d’entraînement intensif et parfois au-delà de leurs capacités, à s’entendre pour nous concocter un spectacle qui en époustouflera plus d’un !
- En effet, ils ont absorbé de nouvelles techniques très poussées pour l’unique plaisir de nos yeux avides et…
- En clair, nous vous sommons de ne pas les déconcentrer par quelque moyen que ce soit et rappelons aux joueurs de faire preuve d’un inébranlable fair-play entre eux ! Nous ne tolérerons aucun écart, » glisse sèchement Mac Gonagall, de son aigre ton pince-sans-rire.
Cho Chang, doit ensuite hurler pour couvrir les huées de la foule hystérique.
- « Place à la présentation des équipes ! Le premier poursuiveur s’appelle Kevin Wittby, un Poufsouffle redoutable au tir ! Le second n’est autre que Michael Corner, mon fiancé – je tiens à le préciser – qui…
- Bref, troisième poursuiveur : Graham Pritchard, de la redoutable maison Serpentard, reprend Olwen, légèrement plus concis. L’attrapeur est en réalité attrapeuse et se nomme Ginny Weasley, capitaine de l’équipe dotée d’yeux de faucon ! Elle devra affronter ses frères, Ron – attentif gardien - et Fred Weasley – plaisantin à la batte zélée.
- Pour terminer avec la première équipe, sobrement intitulée « Les Téméraires », je vous informe que Morag Mac Dougal est un batteur musclé de Serdaigle, Malcolm Baddock incarne le second - cette fois-ci de Serpentard – et est dur à cuire…
- Enfin, la superbe gardienne aux talents indiscutables, j’ai nommé Orla Quircle, de ma maison. T’es la meilleure, Orla. Je suis fier de toi ! »
Il n’achève pas sa déclaration d’amour improvisée car Cho, soucieuse de l’ennui du public, lui coupe la chique :
- « Faisons vite et bien, je m’aperçois que votre patience se limite à l’énonciation basique – ce qui est compréhensible étant donné la tension palpable qui…
- Attrapeur : Harry Potter. Gardien : Ronald Weasley, précédemment présenté. Premier poursuiveur : Draco Malefoy, de Serpentard, capitaine de l’équipe à la notoriété mitigée (à cet instant, le sus-nommé lui adresse un geste obscène qu’il n’aurait sûrement pas répété devant Lola). Second : Roger Davies, de Serdaigle, habitué aux matchs d’ampleur nationale. Troisième : Daphné Faucett, de Poufsouffle. Les deux batteurs sont Fred Weasley – étrange, son frère ne joue pas à ses côtés ? Mystère -, accompagné de Vincent Crabbe, gorille à deux pattes qui n’hésite pas à faire usage de sa batte dès qu’il se sent menacé. »
Olwen savoure sa moquerie gratuite envers le Serpentard qui ne lui a jamais rien fait de mal lorsqu’un feu d’artifice aux couleurs stupéfiantes crève le ciel, telle une faïence morte. Une palette de teintes féeriques, séraphiques, pastelles ou cramoisies, des formes et des traits nuancés de paillettes et de poudre éclatent tour à tour et crachent sur la voûte céleste leur magie envoûtante. De terrifiantes silhouettes de dragons percent l’azur en des rugissements tribaux, les ombres sveltes d’Elfes des Eaux entament une valse lascive en divulguant à la volée leur parfum entêtant et suave, des phénix virtuels exhibent leur inhumain cri charmé d’une mélodie plus harmonieuse que les trilles d’une déesse… Hermione cligne des yeux, un peu groggy. Elle se gifle mentalement, songeant qu’elle s’est assoupie au cœur d’une action, mais élucide son étourdissement d’un coup d’œil alentour. L’ensemble des supporters arbore un état végétatif, hagard. Joshua conserve la bouche largement ouverte, le regard vide, les joues enflammées. Alors, elle comprend. Georges Weasley a fait des siennes, une fois de plus… et il a vu les choses en grand. Uniquement des créatures enchanteresses pour ouvrir le ballet aérien… Il peut être fier de sa tentative ensorceleuse. Peu sont passés à travers les mailles de ce filet imaginaire aux éclats irréels ; Sauf, évidemment, Severus Snape. Sèchement, il tapote les joues d’Hermione pour l’extraire de sa torpeur d’une main ferme et précise. Elle lui coule un sourire confiant pour le prévenir qu’elle est revenue à elle. Il vacille. Ce sourire ; le souvenir de ce sourire. Et hier…Son absence... Cette pétrification quand ses yeux d’ambre le noyaient de tendresse... Et puis son départ, précipité… Il n’a pas eu le temps de réagir, de lui dire que...
- « Euh… Pantelle la commentatrice, penaude, agrippée à la balustrade, d’une voix puissante. Tout le monde s’est remis de ses émotions – ça va, Michael ?. Il ne me reste plus qu’à vous informer que l’équipe des anciens joueurs a opté pour l’appellation : « Les Spathes »… Eh bien – ce qu’elle brillait, cette licorne d’argent, tout de même – que le match commence ! »
Les joueurs ne se le font pas répéter deux fois. Agacés par le stoïcisme momentané du public, ils s’en donnent à cœur joie pour célébrer ce départ dans les airs et n’épargnent pas les cascades aussi dangereuses qu’aberrantes. Mme Bibine les contemple bouffie de suffisance. A son retentissant coup de sifflet, les balles s’éjectent dans un rauque tintamarre. Instantanément, Daphné s’empare du souaffle et fonce tête baissée vers les buts adverses, ne se souciant guère du hurlement hébété de Michael Corner qui vient de regrettablement louper le coche - pour cause d’un baiser envolé de la part de sa bien-aimée. La jeune fille se propulse dans le mur compact que forme ses ennemis les Téméraires, contourne un cognard balancé par le hargneux Malcolm Baddock, vise à la va-vite…
- « Il est passé ! Braille Hermione, grisée, presque déjantée. Tu te rends compte, Joshua ? Tu as vu ça, Severus ? Oh ! C’est formidable…
- Vous êtes d’une partialité à toute épreuve, Hermione, note Snape, impassible, joignant le bout de ses doigts avec délicatesse. Pour ma part, je juge que les équipes manquent d’équilibre, elles ne sont pas assez hétérogènes… Quantitativement parlant, les Spathes dominent sans effort, c’est une évidence indéniable ; en revanche, je ne me prononce pas ouvertement quant à leur qualité de…
- MALFOY A MARQUE UN SECOND BUT ! Martèle Hermione, qui n’en a visiblement rien à secouer de la philosophie du Maître des Potions. Continue, Draco ! Lola sera folle de joie, waouh ! »
Elle applaudit avec un zèle franc et spontané qui manque arracher le début du commencement d’un sourire à l’opacité émotionnelle de Severus. Son esprit emmailloté de ténèbres chasse sans enthousiasme la pensée saugrenue que l’attitude de cette demoiselle est tout bonnement adorable. Et, rétrospectivement, il se demande si la confession d’Hermione à son égard n’a pas aspiré la surface de l’aigreur visqueuse qui ronge son cœur. Au sein du match, les Spathes mènent avec une aisance inébranlable. Le souaffle slalome de mains en mains avec un fluide qui ne rate jamais sa cible.
- « Soixante à zéro ! Faudrait se réveiller, les Téméraires… lâche Cho s’essayant à l’enthousiasme, forcée par sa directrice de maison qui lui donne des coups de coude dans les côtes.
- REMETTEZ-VOUS, LES GARS ! Ne te laisse pas abattre, Orla : reprends le dessus, je t’en prie ! » Scande Olwen, fébrile.
Enfin, après une série de zigzags complexes et de loopings inconcevables, Graham Pritchard éjecte la balle sanguine deux fois de suite dans les buts adverses, un rictus haineux imprimé sur sa figure grêlée d’acné. Morag Mac Dougal et Malcolm Baddock ne chôment pas pour entraver les poursuiveurs qui leur font face… Leur précision manque à plusieurs reprises d’arracher sauvagement la tête de Roger Davies, un chouïa moins concentré que ses camardes. Les joues de Ron, au troisième but encaissé – la persévérance de Kevin Wittby a ébranlé les cerceaux – se tapissent d’une subtile teinte vert pâle absolument cadavérique. Fred se dispute avec Crabbe en déplorant que l’ultime neurone flétri du Serpentard se soit émietté avec le temps. Quant à Ginny et Harry, ils s’envoient un badinage soutenu dans la figure accompagné de sourires plaqués qui trahissent leur nervosité. Soudain, la jeune rousse au tempérament aussi volcanique que sa chevelure enclenche la vitesse maximale en piquet vers la voûte mousseuse de nuages tristement gris souris. Son petit ami, ahuri, la poursuit avec une terreur mal dissimulée. Repérant cela, Hermione pouffe discrètement, persuadée de la ruse que sa confidente couve.
- « Le vif d’or ! Pépie Ginny, allègre.
- OU CA ? Beugle Harry, ses yeux trèfle tout fous.
- Là ! Tout près, c’est moi qui l’ai ! Hermione l’entend-t-elle hurler.
- Non ! S’alarme le Survivant, la voix lacérée.
- Hein ? Ah, eh bien oui, non. Je me suis trompée. C’est le far doré saupoudré sur mes paupières qui m’a induise en erreur… Tu es tout blanc, ça ne va pas, mon cœur ?
- Je ne me suis jamais senti aussi zen, amour… Grogne Harry, les dents grinçantes. Pourquoi me tendre cette farce digne de l’ingéniosité de Crabbe ?
- Pour le plaisir de te voir tomber dedans comme un amateur…
- AH OUI ? VRAIMENT ? »
Cette érudite conversation se transforme en une course effrénée et frauduleuse parmi les lambeaux du ciel déchiré de spectres brumeux. Joshua se gondole par spasmes cristallins, ayant recouvré son excellente humeur habituelle. Hermione ne partage pas son humour mesquin face à la crise que traverse le couple – mimée pour l’occasion, évidemment, mais une Miss Granger, c’est sensible et ça s’inquiète facilement. Snape, glacial, stoïque, conserve l’immobilité d’une statue de sel ; seuls ses yeux de suie irisés d’un éclat perçant glissent inlassablement dans ses orbites mi-clos. Brusquement, la jeune femme près de lui étouffe un cri scandalisé, ses doigts fins pressés contre les lèvres, le front déplissé en d’infimes bourrelets incrédules. Severus réprime un sursaut en gravant ses phalanges dans la toile impeccablement repassée de sa cape avant de pivoter lentement vers Hermione. Elle a toujours l’air abasourdi.
- « Une indigestion tardive vous indisposerait-elle, Hermione ? S’étonne–t-il, avec un imperceptible reniflement de cynisme.
- N’as-tu pas vu ce qui vient de se produire ? C’est inadmissible. Mme Bibine est trop coulante envers ses jeunes élèves, il y a du favoritisme ! Draco a évité de justesse de perdre son bras en passant devant Malcolm.
- Oh ! » Est la synthétique réponse du parrain de l’ange blond.
Furetant à une altitude vertigineuse, ce en équilibre instable, Draco entame un tour complet sur lui-même pour dévier sa trajectoire compromise par la batte machiavélique de Baddock. Le bois rugueux érafle sa frêle épaule et il échappe le souaffle sous la douleur cinglante des échardes qui se plantent méthodiquement dans sa peau. La balle se pelotonne dans les bras tendus de Michael Corner, quelques mètres en amont, dont le sourire malveillant ricoche sur la rage naissante de Malefoy. Furibond, il entame un assaut pour récupérer son dû. Ce qu’il ne prévoit pas, ou trop tard, c’est que Malcolm ne lâche pas le morceau. Il n’apprécie pas de se voir battre à plate couture. Son arme boisée tournoie entre ses doigts puis, sournoisement, il l’abat de toutes ses forces sur le crâne aux reflets d’étoile de son ancien maître de Maison. Les yeux orageux de Draco s’agrandissent sous le choc, avant de rouler dans leurs orbites et que ses paupières ne les closent. Il s’affaisse mollement sur son Nimbus 2001, ses mains dévient du manche, il bascule de côté, tel un ange damné.
- « PAR MERLIN !“ s’asphyxie Hermione. «Il va s’écraser, que quelqu’un fasse quelque chose ! »
La chute s’avère effectivement impressionnante. Severus se contraint à chasser la terreur de ses traits, mais il n’en pense pas moins et sa pomme d’Adam joue au yoyo. Il dégaine sa baguette et cherche à viser, mais la vitesse n’aidant en rien, il se voit forcer de renoncer... Joshua cesse de glousser de manière saisissante. Crabbe se situe trop loin de l’incident en route pour réagir. D’ailleurs, la plupart des joueurs, harnachés à leur action, ne se rendent compte de rien. Harry, lui, constate, tandis que Bibine se coince la langue dans son sifflet à force d’y souffler.
- « Merde, quel imbécile ! » Jure le Survivant.
Ce qui ne l’empêche pas de s’élancer à toute berzingue, en piste noire, dans l’espoir de refermer sa main sur le col de son ex meilleur ennemi. Courbé, les babines retroussées par le vent, Harry tend le bras, les lunettes de travers, moite d’une sueur glacée. Il ne perçoit pas les cris horrifiés des spectateurs, ni les acclamations de ses amis… Il fixe ce point doré qui fonce vers la mort. Le rattrape ; le hisse ; reprend haleine. Geignant sous l’effort fourni, Draco Malefoy en travers de ses bras, Harry atterrit en catastrophe sur la terre meuble et tous deux s’écroulent sur l’herbe détrempée. Severus Snape s‘éloigne quelque peu, cherchant à voir mieux, et s’il le faut descendre. Hermione se surprend à reprendre son souffle.
- « Quelle frayeur.. »
Son petit ami lui dédie un regard méfiant.
- « Tu t’inquiètes énormément pour quelqu’un que tu n’apprécies pas et qui te le rend bien ! »
Hermione écarquille les yeux. Mince, elle avait comme qui dirait oublier d’afficher cette supposée haine entre eux.
- « J’ai cru que Dra- Malfoy allait mourir. »
Cela ne semble pas le convaincre. Elle ne comprend que trop que son ton était loin d’être persuasif.
- « N’as tu donc pas de cœur ! » S’indigne-t-elle, changeant de tactique, bassement.
La bouche de Joshua se tord en une grimace douloureuse et il plisse les yeux, les dardant tour à tour sur elle, et sur cette espèce de Chauve-souris que Hermione semble estimer, injustement et avec traîtrise pour lui, Joshua, plus qu’elle ne veut l’admettre.
- « J’en avais un ! Grince-t-il entre ses dents, d’une voix basse mordante de tristesse. Tu me l’as volé, Hermione et tu le perds en route ! Je ne te comprends pas ! Je ne comprends plus ! Tu mens ! Sans arrêt ! Ce gars, le blondinet, tu l’apprécies, ça crève les yeux ! Pourquoi me l’avoir présenté comme un ennemi ? Es-tu sincère ? Dis ? A quoi joues-tu ? Je ne suis pas un pantin ! Ça suffit pour aujourd’hui, on en parlera plus tard, j’y tiens, Mais là... J’ai eu ma dose de mensonges ! Je m’en vais, salut ! »
Perdue, elle le regarde s’éloigner et se laisser grignoter par la foule. Pourquoi fiche t’elle tout en l’air ? Pourquoi n’as t’elle pas été honnête ? Et puis, non, après tout, c’était l’instinct ! Il y a trop en jeu dans cette guerre ! Furieuse, soudain, elle frappe la cuisse de son poing. Elle se laisse tomber sur le banc et son regard divague avant se s'attacher sur la main crispée de Severus. Depuis quand est il revenu ? Elle ne parvient pas à détacher ses pupilles. Elle appose doucement ses doigts sur la fine dextre blanche de cet homme dont elle tombe amoureuse, il lui faut bien l’admettre. « Trop d’incidents, tue l’incident. » Il baisse les yeux sur elle. Elle laisse tomber son bras, le libère. De ses doigts, elle joue avec la broche argentée qui maintient les pans de sa cape. Elle ne veut pas s’imposer. Il ne lui faut pas jouer su
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