[robillard, anne] les chevaliers d'émeraude - tome 11 : la justice céleste

Comme je m'y attendais, ce tome arrive au niveau des meilleurs autres ( des Chevaliers d'Emeraude, bien sûr ): c'est-à-dire les tomes 3, 5 et 8. Un tome qui mêle le dynamisme du 8 ( lorsque les Chevaliers traquaient pour la première fois le dieu déchu ) sans toutefois s'embourber dans le trop-plein d'intrigues qui alourdissaient le 10. Ces dernières sont épurées: on ne lit plus que celles concernant Hadrian ( ou tout simplement l'intrigue principale, la guerre contre les insectes, Akuretari, Amecareth, Kira et Danalieth. Les autres ( Liam, Dylan ) sont momentanément oubliées ou fusionnées avec celles qui restent. J'espère quand même que celle de Liam avancera dans le 12.
Je vais commencer par celle de Kira: la seule qui me tient en haleine. Alors que j'étais sceptique quant à son "emprisonnement dans le passé", avec sa rencontre avec les Enkievs j'en viens à me demander comment, en un seul tome, Robillard va réussir à l'intégrer de façon à ce qu'elle respecte la "prophétie". Le seul hic pour moi: j'aime la romance entre elle et Lazuli mais on la voit quand même arriver dès le début.
Segundo: Danalieth. Pour la 473e fois, Asbeth loupe son coup. Pourtant, il y avait des raisons d'y croire ! Le méchant corbeau tue des elfes ( oui, les tue vraiment !  ) et s'envole avec Dinath pour la rapporter à Akuretari. Evidemment, il se fait attraper par Danalieth, crédibilisant ainsi son pouvoir et lui trouvant une utilité. Encore un hic: où sont Danalieth et Abnar à la fin du roman ? Bonne question. Probablement en train de chasser des panthères-sorcières ( ah oui, encore une intrigue vraiment INUTILE à ce stade du roman ) ou d'arrêter, on ne sait comment, des volcans en éruption. J'ajouterai au passage que je vois à un tome à la ronde que le seul véritable "méchant" qui restera à la fin sera Asbeth, créant une fin correcte sans être géniale. Le pire serait de retourner Asbeth avec les Chevaliers, contre Amecareth.
L'intrigue principale, visant non plus à détruire les larves mais à présent à contenir les vagues de nouveaux insectes qui déferlent sur Enkidiev, est, je trouve bien tournée. Je ne répèterai pas, pour la 11e fois en autant de tomes, que, comme le dit si bien Onyx: "ca commence à ressembler sérieusement à la première guerre", c'est censé être une GUERRE. Une guerre, avec des coups, des blessés... DES MORTS, aussi ! J'ai admiré, d'ailleurs, la prévision pas du tout discrète de la mort de Wellan: on nous fait passer tous les Chevaliers à la loupe qui espèrent pouvoir survivre... Tous, sauf Wellan; et qui c'est qui meurt ? Wellan ! ( trooooop duuuuuuurrrr )... Heureusement, cette mort misérable est sauvée par quelque chose que je décrirais lorsque je parlerais de l'intrigue d'Akuretari.
L'intrigue d'Amecareth, elle, me fait penser à une pitoyable quête d'Asbeth. The Insect, celui qui est censé être plus fort que tous les autres, celui qui a couché tous les Chevaliers + Onyx lors de sa première venue au Château d'Emeraude et qui a tué des enfants ( lâche... ), trouve le moyen de perdre la face contre deux femmes et un forgeron et de se faire voler son dragon par un enfant ( qui n'a qu'un bras de plus ) de dix ans ! Décrédibilisation totale ! J'attendais, bien sûr, avec impatience le retour de Hawke, qui, comme l'annonçait la couverture, devait affronter Amecareth, mais en le voyant arriver sur son petit poney volant... Non, quoi... Pas possible ! Je trouve ce genre de scène tellement cliché et ridicule que j'ai du mal à trouver les mots...
Pour terminer, l'intrigue d'Akuretari. Là aussi, la couverture nous en disait beaucoup: "va mettre fin à sa vengeance", ainsi que le titre du tome "La justice céleste". En lisant cette extermination qui est presque spectaculaire, je me suis posé plusieurs questions: à quoi servent les dieux s'ils ne peuvent pas se défendre seuls ? En les voyant se réfugier dans le palais de leur grand maître Parandar ( encore complètement inutile, celui là ), j'ai davantage pensé à des lapins qu'à des dieux. Je sais aussi que Robillard a fait cela pour nous faciliter la lecture mais pourquoi les dieux parleraient-ils notre langue ? Pourquoi notre apparence ? D'ailleurs, s'ils s'apparentent à nous, cela ne prouve-t-il pas qu'ils ne s'occupent que des hommes ? Mais que fait Parandar quand il ne s'occupe pas des hommes, alors ? Des kilos d'imprécisions qui rentrent en ligne de compte de ce que j'avançais pour le tome 10: les Chevaliers d'Emeraude sont, en fait, un mélange entre la violence et l'action de la high fantasy et la douceur et l'abstrait du merveilleux. Ce qui en fait une sorte de livre que l'on lit sans se poser de questions. En bref, la scène de l'extermination d'Akuretari donne une utilité à Wellan; comme il le dit lui-même, il serait "le Chevalier qui n'a jamais fini sa mission"... Et réflexion faite, je trouve que cela colle bien au personnage. Dans l'une des dernières scènes, on voit Hadrian ordonner une attaque aux Chevaliers... Dans ma tête, j'ai eu un sorte de flash dans lequel j'entrevoyais la suite des évènements: à la manière de Game of Thrones, Robillard détruit le personnage principal pour se concentrer sur les autres; et je pense que cela est une bonne idée.
C'est pour cette raison que je mets 7/10 à ce tome, bien que j'ai toujours des questions que m'ont laissées ce tome. Ce 7, la meilleure note que j'ai mis à un tome des Chevaliers d'Emeraude, renferme le roman que j'ai écris ci-dessus et constitue une sorte de caution pour le 12. Un tome qui j'espère, sera sur la lignée de celui-ci, avec des intrigues qui partiront de tous les côtés sans toutefois s'égarer et parler de choses inutiles. Il faudra aussi finir de belle façon l'intrigue d'Amecareth et des hommes-insectes.
Une dernière chose: une coquille que j'ai remarqué. Il est dit que Fan de Shola est une Immortelle. C'est faux. Robillard a dû s'embrouiller avec la classe qu'elle n'utilise presque pas: les maîtres magiciens. En effet, si elle était Immortelle, Fan n'aurait jamais vécu sur Enkidiev, et n'aurait jamais posséder de corps fait de chair et de sang.