[Chattam, Maxime] autre-monde - tome 2 : malronce

Les Pans sont les enfants survivants à la Tempête. Ils ont choisis ce nom en référence à Peter Pan qui ne voulait pas grandir.

Ils ne veulent pas grandir, puisque les Adultes sont des Gloutons (monstres assoiffés de sang) ou bien des Cyniks (des guerriers sanguinaires, c'est pas mieux). Les adultes ne se souviennent pas de leur vie d'avant... Sauf certains....

Matt veut savoir pourquoi la Reine Malronce le recherche. Alors il décide d'aller enquêter dans l'autre monde et d'aller voir la reine... Mais est-ce vraiment une bonne idée.

La fameuse Malronce, sur la guerre qui se prépare contre les Pans et sur le Grand Plan que porte Ambre sur elle, ainsi que sur le mystérieux Raupéroden et découvrir Eden et les autres Pans qui y habitent.

La première étape est la plus courte: il s'agit de la pause avec la Féroce Team ( le nom laisse vraiment à désirer... ) de Terrell qui institue une atmosphère infantile en plus d'inaugurer la question de la maturité. En effet, cette escouade a pour habitude de rejeter les filles qui atteignent un âge trop élevé, qu'ils considèrent comme des Cyniks ( soit des adultes, donc des méchants ). La deuxième étape, elle, survient alors que les trois héros se font sauver par les Kloropanphylles, une petite société de Pans à part qui vivent à la cime des arbres. J'ai aimé et pas aimé ce passage: il y a une vraie esthétique de Chattam dans les décors qu'il installe, notamment pour l'océan de forêts, et quelque chose dans l'écriture de vraiment admiratif par rapport à la nature. J'ai aussi aimé l'idée de malades devenus plus forts grâce à la Tempête, car elle rejoint la dimension de l'inversion, de l'altération proposée par Ambre; c'est-à-dire que tout ce qui était faible et petit est devenu gros ( fourmis, insectes ) et inversement. D'un autre côté, il y a une dimension religieuse peut-être un petit peu caricaturale: des enfants, instituer une religion, en 9 mois ? Je veux bien qu'ils aient de réelles facultés, mais il ne faut pas griller les étapes. La troisième étape est la plus longue et concerne le pays des Cyniks. Car une moitié du roman sera consacrée à une course-poursuite entre Tobias, Ambre et Matt capturé alors qu'il essayait de sauver sa chienne. Cette ficelle de scénario m'a semblé un peu facile sur le coup, mais avec le recul je réalise qu'elle est bien imaginée, car l'affection de Matt pour sa chienne est sincère et non feinte, et déjà évoquée dans le tome 1. Le périple se poursuit, on apprend plein de choses sur la Quête des Peaux des Cyniks mais la libération de Matt est un peu brouillonne. Elle passe en effet par des Pans sans noms, inconnus qui surgissent de nulle part, libérés par l'un d'entre eux, à la double personnalité ( là, c'est une ficelle vraiment facile ). Car les Cyniks avaient pour habitude de poser un anneau au nombril des Pans pour leur ôter toute autonomie; or, la double personnalité de ce Pan, Jon, lui permet d'avoir des instants de lucidité. Evidemment, dans la bataille pour libérer Matt, 75% des Pans inutiles meurent et mon estime pour ce livre aurait considérablement été basse s'il n'y avait pas eu un dernier sursaut du scénario. En effet, Colin ( oui, ce Pan mort à la fin du tome 1, et réapparu comme par magie ) décide qu'il n'aura sa place qu'auprès du Raupéroden ( dont il ne connaît rien; drôle d'idée donc ) et piège ainsi Tobias avec lui dans la créature. Le scénario est donc appréciable et parfois les notes de suspense sont efficaces; cependant des ficelles sont vraiment trop faciles.

Globalement, je regrette assez que les personnages n'aient pas plus de profondeur que dans le premier tome. Le Buveur d'Innocence apparaît comme un Littlefinger raté sans véritable psychologie, et les personnages qui auraient pu bénéficier d'une certaine profondeur, comme le conseiller spirituel ou les femmes Kloropanphylles. La linéarité du récit focalise donc sur les trois héros qui ne sont pourtant pas pour autant réellement intéressants, même si leur évolution est plaisante. L'écriture également n'est pas toujours très propre et si ce qui est raconté est correct, c'est parfois très mal dit et il s'agit clairement d'un défaut récurrent aux deux tomes. La poésie de certains moments, comme l'arbre de vie des Kloropanphylles, en relève cependant le niveau. Cependant, on retrouve ce qui faisait la qualité du premier opus: la philosophie qui constitue un peu le décor de cet univers. Dans "L'alliance des trois", on se demandait si Dieu existait, ou les causes de la Tempête. Là, la question est davantage centrée sur l'adolescence et sur le problème de la maturité: est-ce bien de grandir ? Je vais me répéter par rapport à ma critique de "l'Alliance des trois" mais cette philosophie est réellement un plus de la saga pour le moment, et une chose qui me motive pour lire la suite.

(les kloropanphylles, Babylone, Henok par exemples)