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Fanfiction - Tome 4 de l'Héritage

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Fanfiction  -  Tome 4 de l'Héritage Empty Fanfiction - Tome 4 de l'Héritage

Message par Invité Lun 30 Avr 2012 - 23:17

Une fanfiction courte que j'ai posté sur un autre forum sous une quatrième identité (et oui, Adurna, DDA, Ombe, Gwenn, ça fait déjà quatre ^^) j'espère qu'elle vous plaira. Bonne lecture...
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Phénix

[justify]Trois personnes se tenaient devant une grotte au milieu des montagnes. Un énorme rocher noir la refermait progressivement. Ils savaient que la grotte se rouvrirait pour eux lorsqu’ils reviendraient. Ils se tournèrent donc vers les montagnes. Le paysage était tout simplement magnifique, c’était le mot. Des vallées, des vallons et des collines boisées s’étendaient entre les hauts monts de la Crête. Des cours d’eau se précipitaient des hauteurs pour sombrer dans les rivières ou serpentaient dans les vallées depuis les neiges qui fondaient en ce début de printemps. Les oiseaux volaient à tire d’aile dans le ciel, chantant joyeusement et chassant leur nourriture. Ils pouvaient voir les animaux cachés dans la forêt ou se précipitant au bord de l’eau. Les prédateurs attendant patiemment, tapis dans les hautes herbes, que leur proie se retrouve seule. La nature s’éveillait et chantait au soleil levant.
Une ombre passa au-dessus des trois personnes et disparut en direction du Nord-Est dans un grand éclat d’écailles bleu saphir. Les trois personnes portaient toutes une cape et un masque d’oiseau masquant leur visage. Le premier, celui de droite, portait le masque d’un oiseau de cristal vert, le second qui était au centre, portait un masque d’oiseau rouge flamme, la troisième, une fille, qui se trouvait à gauche, portait un masque bleu ressemblant étrangement à la glace dominant les sommets des montagnes. Le peu que l’on voyait d’eux était surprenant. Les yeux du garçon au masque vert qui apparaissaient dans deux trous verticaux, étaient dorés et ses cheveux étaient bleu ciel, en bataille et avec quelques mèches tombant savamment sur ses épaules. Le garçon au masque rouge avait les yeux noisette et les cheveux noirs, longs et attachés en une natte serrée dans son dos. La fille au masque bleu avait les yeux verts émeraude et les cheveux de la même couleur, ils étaient coupés court autour de son visage et une longue tresse fine subsistait sur le côté droit de son visage.
Ils observèrent le paysage un moment avant de disparaitre dans un même mouvement. La fille disparut dans une cascade de buée pour être remplacée par un magnifique oiseau de glace. Le garçon au masque vert disparut dans une bourrasque de vent et fut remplacé par un étincelant oiseau de cristal vert pâle. Quant au dernier garçon, il disparut dans une gerbe de flamme, remplacer par un resplendissant oiseau de aux plumes de feu.
La fille se nommait Blue of Sea, ce qui signifiait « Bleu de la Mer » et était un phénix de glace, elle manipulait l’élément eau. Le garçon au masque vert s’appelait Gust of Blood, ce qui signifiait « Bourrasque de Sang » et était un phénix de cristal, il manipulait l’élément air. Le dernier se nommait Blaze of Heaven, ce qui signifiait « Flamboiement des Cieux » et était un phénix de feu, il manipulait l’élément feu. Mais ce n’était que les noms que l’on leur avait donné en début d’apprentissage. Ils se souvenaient encore de leur nom de naissance. Blue était Alice, Gust était Jeffrey et Blaze était Eragon.
Le Dragonnier Vardens était parti un an plus tôt de son pays natal pour suivre une formation Khajiit durant cent ans. Il était parti sans vraiment demander l’autorisation à sa suzeraine, Nasuada fille d’Ajihad, et avait hésité à les laisser sans défense durant un an. Mais le maître Khajiit qui l’avait hébergé lui avait donné un sort permettant de protéger les deux territoires rebelles durant une année des attaques des Impériaux. En fait le sort ne durait que onze mois et vingt-sept jours, il leur restait donc environs trois jours pour arriver à la ville Vardens. Mais ils savaient qu’ils y arriveraient, les phénix immortels pouvaient voler aussi vite que des dragons.

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Les Vardens avaient construits une ville au bord de la rivière Jiet avec l’aide des bâtisseurs nains et la magie des elfes. Elle pouvait contenir tous les rebelles et pourvoir à leurs besoins sans le moindre problème. Au début Nasuada avait été furieuse contre Eragon qu’il les abandonne comme cela, mais maintenant, elle trouvait que cette année de répit était ce dont les Vardens avaient le plus besoin. La ville était excellemment bien agencée. Tout comme Teirm, plus on allait vers le centre, plus les toits étaient hauts pour permettre aux archers de se défendre facilement en cas de siège. Les toits étaient plats et toutes les maisons étaient entièrement faites en pierre, pour éviter que le bois ne brûle. Le palais était assez impressionnant au centre de cette immense ville. Il devait être un peu plus haut que la cathédrale de Dras Leona et son toit en terrasse était assez grand et solide pour porter un dragon de deux-cent ans. Dans la cour se trouvait un grand terrain d’entraînement pour les soldats des garnisons. La ville en elle-même était divisée en cinq quartiers différents séparés par quatre routes partant des portes aux quatre points cardinaux pour se rejoindre en une cinquième qui entourait le quartier central. Les quartiers Ouest, Sud et Nord étaient uniquement résidentiels. Le quartier Est était emplis de boutiques et de tavernes en tout genre. Il y avait aussi de grands hangars et de grandes granges pour stocker les vivres et les autres marchandises qui arrivaient via le fleuve. L’Aile du Dragon, le vaisseau marchand de guerre qu’avaient volé les villageois de Carvahall avec l’aide de Jeod le vieil ami de Brom, était amarré au port auquel on accédait par la porte Est et qui était entouré d’une petite muraille qui s’avançait sur l’eau grâce à une digue. Il y avait trois bâtiments au quartier central en plus du palais, une école où on apprenait à lire et à compter à ceux qui le demandaient, la guilde des assassins qui formait les espions Vardens et les assassins, et enfin la guilde des magiciens, plus connue sous le nom de Du Vrang Gata, où les jeunes ayant des dons pour la magie étaient formés. Chaque assassin devait passer par une formation courte sur la magie afin d’éviter les pièges magiques et de pouvoir en user pour contacter Nasuada afin de faire leur rapport. Mais les apprentis espions qui ne pouvaient user de magie dressaient un oiseau voyageur et se liait mentalement avec lui. Ils maîtrisaient tous la communication mentale et étaient presque constamment relié entre eux afin de garantir une meilleure efficacité. La ville était prête pour un siège. Des champs s’étendaient tout autour, dans certains on plantait des céréales ou des fruits et légumes, dans d’autre du coton ou du chanvre et du lin. Il y avait de tout. Les Vardens avaient également construit plusieurs tours de garde le long de la frontière. Elles étaient assez porches pour que les signaux lumineux indiquant un danger provenant d’une des tours soit repérer et propager rapidement jusqu’au centre de commandement. Mais ces signaux n’étaient utilisés que quand les magiciens placés dans chaque tour ne pouvaient utiliser la communication via miroir. Il y avait une garnison de dix hommes, de deux magiciens et de cinq Urgals dans chacune d’entre elle. Les relèves étaient toutes les semaines.
C’était impressionnant de voir ce que Nasuada avait réalisé en à peine un an, et cela renforçait le respect et la dévotion des rebelles envers elle. Leur capitale, Freedom, était le lieu idéal pour eux. De plus, ils avaient eu le temps de faire le ménage dans leurs rangs et plus aucun agent de l’Empire ne se trouvait parmi eux, ils avaient tous été exécutés. Les Vardens se préparaient déjà à marcher vers Belatona une fois le sort protecteur détruit. Les granges et hangars étaient pleins de provisions, le matériel était présent en quantité suffisante et les soldats étaient fraies et prêts pour la guerre.
Le sort ne pouvait plus tenir que deux jours et deux nuits avant de céder. Nasuada convoquait de plus en plus de réunion pour finir de planifier leur départ. La moitié des champs était en jachère afin que les femmes et enfants qui resteraient pour s’en occuper ne soient débordés de travail. Ils devaient voir aussi si les forgerons produisaient assez de fer de lance et s’il y avait assez de provision pour faire le voyage jusqu’à Belatona. Ils discutaient aussi du point de rendez-vous où devront se rendre tous les soldats venant des autres villes et régler tout un tas d’autres détails.

Lors d’une de ces réunions, en milieu d’après-midi, il y avait Nasuada, Orin, Orik, Jörmundur, Arya, Nar Garzhvog, Trianna, Angela et Percée le chef des assassins, de présents. Ils discutaient depuis deux bonnes heures lorsque trois bruissements détournèrent leur attention. Ils se tournèrent vers les fenêtres et virent trois étranges oiseaux posés sur le rebord d’une fenêtre chacun. Ils étaient pour le moins étrange. L’un aux yeux dorés avait le plumage fait de cristal vert pâle. Le second aux yeux émeraude avait un plumage de glace bleu pur. Et le dernier, celui aux yeux noisette ressemblant à des yeux de chats, avait le plumage de feu. Ils restèrent là à observer les personnes présentes, le rouge s’arrêtant quelques instants sur Arya, puis, ils sautèrent à l’intérieur et disparurent pour laisser la place à trois humains pour le moins étranges. Ils retirèrent leur masque représentant l’oiseau dont ils prenaient la forme et les accrochèrent à leur ceinture, laissant voir leurs visages.
Le premier, l’oiseau de cristal, était grand, mince et pâle comme un mort. Il avait les cheveux bleu ciel en bataille avec quelques mèches tombant sur ses épaules. Il avait les yeux dorés et deux petites canines pointues dépassaient de sa bouche. Il portait un pantalon fait dans un tissu inconnu aux Vardens, des bottes de cuir cloutées, un T-shirt noir à manches longues avec un phénix de cousu sur le devant, un gilet sans manche et ouvert fait du même matériau que le pantalon. Une escarcelle pendait sur son côté droit, il portait aussi un sac de voyage en bandoulière et deux sabres à lame courbe se croisaient dans son dos.
Le second était une fille. Elle était de taille moyenne, mais tout de même assez petite comparé aux deux autres. Elle était svelte et des muscles puissants se dessinaient sur ses bras fins. Ses cheveux étaient de la même couleur que ses yeux émeraude. Ils étaient coupés court autour de son visage et une seule grande mèche fine tressée dépassait sur sa tempe droite. Elle avait l’air d’un ange, mais à la fois d’un démon. On se demandait où était la frontière. Elle portait un short taillé dans le style arraché juste au-dessus des genoux, il était fait dans la même matière semblable à de la toile de tente que le pantalon du garçon. Accrochée à sa taille se trouvait une petite escarcelle de cuir. Elle avait des sandales de feuilles de palmier tressées avec des bandes de cuir entourant ses chevilles et la moitié de ses tibias. En haut, elle portait une chemise blanche avec une ceinture de lianes tressée autour de la taille à laquelle étaient attachés deux longs poignards à lame courbe et simple tranchant. Un collier avec une dent de requin était accroché à son cou. Elle avait aussi un sac de voyage en bandoulière.
Le dernier, le phénix rouge, était grand et mince. Il semblait fort mais son apparence elfique cachait ses muscles bien développés. Ils le reconnurent presque aussitôt, mis à part son code vestimentaire qui avait changé. Il avait les yeux noisette, ses cheveux longs rassemblés en une natte serrée étaient non plus bruns mais noirs. Il portait un pantalon en toile de tente, des bottes de cuir cloutées, une chemise noire légère à manches longues et un pull rouge sombre sans manche à capuche serré à la taille par une ceinture de liane tressée. Il avait un sac de voyage en bandoulière comme les deux autres. Une escarcelle de cuir était accrochée à sa taille et son épée était passée dans son dos, la poignée contre l’épaule droite de façon à ce qu’il puisse la saisir facilement. Trois petites dagues d’argent à double tranchant étaient glissées dans sa ceinture.
Après les avoir détaillés de la tête aux pieds, Nasuada dit :

- Je crois que nous connaissons l’un d’entre vous, mais les deux autres me sont inconnus.
- Je sais Nasuada, répondit Eragon d’une voix plus grave qu’avant et aussi plus calme. Je vous présente Jeffrey et Alice, ce sont tous les deux des Khajiit.
- Bonjour, fit Jeffrey avec un accent étrange.

Alice bougea les mains pour dire bonjour. Eragon poursuivit avant que quiconque ait le temps d’ajouter un mot :

- Il vaut mieux me laisser parler et poser les questions après, je pense que ce sera plus simple pour tout le monde.

Nasuada hocha la tête et Eragon s’appuya contre un mur avant de raconter toute l’histoire, Jeffrey intervenant de temps à autre. Depuis que Solembum, le Chat-Garou, lui avait parlé de la Crypte des Âmes, il avait cherché dans tous les livres et documents qu’il avait pu se procurer afin d’en trouver l’emplacement. Il avait finalement réussi à réunir ses pistes et il avait décidé de partir sans attendre. Il savait deux choses, de une, Nasuada n’accepterait sûrement pas qu’il y aille, de deux, il savait que si elle acceptait, ce serait accompagné. Or, ces deux idées ne lui plaisaient guères. Il s’était rendu sur le lieu qu’il avait localisé et avait suivi l’un des Khajiit jusqu’à leur pays. Le peuple Khajiit était un peuple étrange. Ils avaient tous la capacité de se transformer en un animal précis. Ils vivaient en moyenne trois cent ans, sauf pour les chats qui avaient deux choix. Le premier était de garder sa forme humaine pour forme par défaut et avoir neuf fois les trois cent ans, car tout le monde le sait, les chats ont neuf vies. Le second est de prendre la forme de chat comme forme par défaut et devenir ainsi un Chat-Garou et voir sa vie se prolonger éternellement. Le temps n’affectait pas les Khajiit, à la manière des elfes. Il y avait aussi un autre type de personne immortel chez ce peuple. C’étaient les phénix, il n’y en avait que quatre à la fois, un pour chaque élément. Ils étaient les plus puissants magiquement et étaient les seuls à pouvoir maintenir leur transformation autant de temps qu’ils le veulent. Pour les autres, la transformation durait en moyenne deux heures.
Le peuple Khajiit était aussi un peuple de génies. Ils exploraient les trois mondes à la recherche de connaissances. Les trois mondes étaient tout simplement, la Tories, où l’avancée technologique et scientifique est mille fois supérieur à l’Alagaësia, le second monde, et le troisième était celui des Khajiit. On ne pouvait accéder à la Tories qu’à partir du pays Khajiit et inversement avec l’Alagaësia. C’était le plus grand secret des Khajiit et les trois amis se gardèrent bien d’en parler. De plus, durant leur séjour en Alagaësia, ils devront cacher l’étendue de leur savoir et jouer les idiots, chose un peu difficile quand on a un QI supérieur à celui d’Einstein, même si ce n’était le cas que pour Jeffrey et Alice, des Khajiit pur souche. Pour Eragon, il aura moins de mal à cacher son savoir. Alice était de loin la plus intelligente des trois et ils décidèrent de la faire passer pour une muette, mais pas sourde, pour éviter que sa langue ne fourche.
Il avait rencontré Jeffrey et Alice, qui avaient alors six ans de moins que lui, et débutaient leur apprentissage en tant que Phénix. Leur maître commun, Trainer, les avait formés ensemble durant les cent dernières années, ils étaient comme des frères. Il parla aussi des noms que l’on donnait au début de l’apprentissage et que l’on garde toute sa vie en plus de son nom de naissance. Ils précisèrent aussi qu’Alice pouvait user de la magie en ancien langage par la pensée, ce qui était en soit très difficile et aussi son prétendu mutisme. Il évoqua les options sur lesquelles ils avaient travaillées durant les dix dernières années, Eragon avait pris le travail de voleur, ou plutôt d’emprunteur, comme il disait, Jeffrey était un baratineur professionnel, mais il préférait dire négociateur, quant à Alice, c’était un assassin mais elle préférait qu’on dise qu’elle était un nettoyeur. Ces spécialités surprirent quelques personnes, mais il n’y eut pas de commentaire.
Lorsqu’il eut fini, Nasuada dit :

- Eh bien, j’espère que cela valait la peine d’attendre.
- Je pense que tu es d’accord avec moi pour dire que les Vardens avaient besoin d’un peu de repos, répliqua le jeune homme. Et puis, j’avais promis d’être de retour au bout d’un an.
- C’est vrai, tu es même un peu en avance, concéda la reine.
- Juste comme ça, dit Orin, combien de fois as-tu manqué de mourir ?

Eragon se mit à réfléchir et à compter sur ses doigts, mais bientôt il arrêta et continua de réfléchir en marmonnant :

- Voyons voir, il y a eu les vampires anthropophages, les marais de Delft, la forêt noire, les plaines maudites, le clan des mort-vivants, les Achgores de Tébre…
- La fois où on est descendu en pleine nuit dans le puits sans fond, poursuivit Jeffrey. Les Mammouths enragés qui ont faillis nous écrasés, les Trolls des montagnes…

Ils continuèrent d’alterné ainsi un nombre incroyable de lieu et de créature dont les noms n’évoquaient rien les trois quarts du temps. Eragon finit par conclure :

- Au moins trois fois par mois. En moyenne.

Ils les regardèrent avec des yeux ronds. En cent ans, il avait failli mourir au moins trois-mille six-cent fois. Ils se regardèrent tous les trois et échangèrent quelques paroles avec leurs mains et Eragon précisa :

- Mais les deux dernières années, c’était cinq fois par mois.
- Mais tu te rends compte du chiffre que ça fait au total ! s’exclama Nasuada.
- Ba, on a survécus. C’est le plus important. Bon, même si presque à chaque fois qu’on a failli mourir, c’était pour avoir fugué afin d’aller dans des lieux interdis. Et c’était surtout parce qu’il y a beaucoup de bêtes sauvages qui affectionnent particulièrement la viande humaine là-bas.
- Ouais, mais les plus drôle à combattre c’est les Gomonches, dit Jeffrey.
{Tu rigole, c’est les Troll.} fit Alice avec les mains.
{Tss, les mieux, c’est les zombis.} répliqua Eragon.

Ils se mirent à se disputer silencieusement pour savoir quel monstre était le mieux à tuer. Mais ils furent rapidement interrompus par Nasuada qui toussota et dit :

- Navrée de vous interrompre, mais est-ce que vous pourriez vous recentrez sur le moment présent.
- Oui, désolé Nasuada, fit Eragon.
- Où est Saphira ? questionna Arya.
- Elle est en train de chasser du côté de Gil’ead, comme c’est là-bas que Murtagh est, il vaut mieux que les elfes aient un moyen de défense efficace.
- Vous avez vu les ennemis ? demanda Orik.
- Oui, répondit Jeffrey. Il y a environ dix-milles soldats de chaque côté.
- Et d’après nos observations, poursuivit Eragon, de notre côté il y a trois Ombres.
- Et on se les réserve, vous ne les touchez pas, dis Jeffrey.

Nasuada leva un sourcil, il leur demandait de ne pas tuer des ennemis pour pouvoir les affronter. Arya dit :

- Pourquoi est-ce que vous tenez tant que ça à les affronter ?
- Parce que ce sont les seuls en plus de Galbatorix à valoir la peine de les affronter, fit Jeffrey. Comparer aux bêtes qu’on doit affronter tous les jours chez nous, les Ombres sont du niveau deux.
- Sur vingt niveaux, précisa Eragon.
- Pourquoi vous êtes venus tous les deux ? demanda Orin en désignant Jeffrey et Alice.
« Parce que, entre devoir former les nouveaux à partir de cette année et venir vadrouiller ici pour nous amuser, le choix est vite fait » se contenta de dire mentalement Alice à tout le monde.

Jeffrey la désigna c’était la même réponse pour lui. Il ajouta néanmoins :

- Et puis, on voulait voir où Blaze habitait. Il nous a beaucoup parlé de l’Alagaësia et des Vardens. On voulait voir comment était la vie ici. Et accessoirement vous aider à battre votre Tyran.

Ces deux réponses suffirent aux dirigeants. Les questions se succédèrent, ils répondaient comme ils le pouvaient. Mais Eragon finit par bailler longuement et s’excusa en disant :

- Désolé, mais on est parti hier à l’aube et on ne s’est pas arrêté une seule fois. Le voyage a été plutôt long.
- Je comprends, dit Nasuada. Nous finirons de mettre quelques points au clair plus tard, allez-vous reposer. Des serviteurs vous mèneront à vos chambres.

Ils hochèrent la tête avant de se redresser et la réunion fut close. Tout le monde se leva et ils sortirent, les trois amis fermant la marche. Ils suivirent un serviteur jusque dans l’aile Nord du palais et il leur désigna une chambre pour Jeffrey, mais à sa surprise, Alice y entra avec lui. Ils avaient oublié de préciser qu’ils étaient ensemble. Eragon rejoignit sa chambre qui était un peu plus loin et posa son sac avant de s’affaler sur son lit. Il était épuisé plus que les deux autres. Il se força tout de même à se redresser et à boire une gorgée de Faelnirv afin d’avoir la force de défaire ses affaires. Sa chambre était simple, un lit, une commode, deux tables de chevets, une table basse et trois étagèrent sur le mur en face du lit. Eragon y posa ses quelques livres et les Fairth qu’il avait fait durant son apprentissage, certains le représentait avec ses amis dans les endroits qu’ils avaient explorés, d’autre montrait des lieux improbables, comme une ville faite de maison rondes ressemblant à des noix suspendues dans les airs par des cordes et des systèmes de poulies et reliées entre elles par des passerelles. Il rangea ensuite ses vêtements dans la commode, posa ses armes sur la table basse, passa par la salle de bain adjacente afin de se laver et se coucha. Il était fatigué et épuisé, il voulait juste dormir.
Il fut réveillé quelques heures plus tard par Jeffrey qui le secouait doucement. Il dit :

- Je sais que tu n’en peux plus. Mais tu ne vas tout de même pas rater le banquet en l’honneur de notre arrivée. Ne t’inquiète pas, Alice et moi on te soutiendra si tu commences à faiblir.
- Merci mon vieux.
- De rien.

Eragon se redressa et bu une autre gorgée de Faelnirv, il allait un peu mieux mais était toujours fatigué. Il jeta un coup d’œil haineux à la tache noire qui se développait sur son cœur. Il ne l’avait pas dit aux Vardens pour éviter de les inquiéter, mais deux ans auparavant, il avait été maudis par un mage Troll anthropophage. La malédiction était mortelle, il n’avait plus que deux ou trois ans à vivre. À moins de remplir les conditions d’annulation, c’est-à-dire que la personne qu’il aime ait les mêmes sentiments que lui et l’embrasse, ce qui n’était pas gagné avec Arya. Il s’était donc résigné à mourir. Cette malédiction provoquait souvent des crises de douleurs effroyables, pire que celles provoquées par la cicatrice de Durza, qu’il parvenait néanmoins à calmer grâce à un sérum que lui avait fabriqué Trainer, Alice avait la liste des ingrédients et la recette pour le fabriquer au cas où il n’en aurait plus. Elle était aussi herboriste et avait absolument tenu à venir afin de rencontrer Angela et parfaire ses connaissances.
Eragon s’habilla avec sa tenue de fête, une tunique bleue avec un pantalon noir léger, et ceignit Brisingr avant de sortir à la suite de Jeffrey. En chemin, il demanda en ancien langage :

- Tu as mangé ?
- Oui, ne t’inquiète pas. Les abattoirs étaient pleins de carcasses en train de saigner, je ne vais pas sucer le sang d’un des convives.
- Je n’en doute pas, Alice ne t’aurais pas pardonné.
- Eh oui. Heureusement pour moi que je suis végétarien et que mon sang humain m’évite de me désintégrer au soleil.

Jeffrey était en effet un demi-vampire. Son père était un vampire anthropophage et sa mère une humaine. Il faisait partie de ces rares vampires « végétariens » qui ne mangeaient que du sang animal. Mais il ne pouvait digérer la nourriture normale.
Ils arrivèrent bientôt devant une salle déjà bondée où Alice les attendait. Elle était vêtue d’une robe bleue magnifique. Il était rare de la voir avec ce genre de vêtement, mais à chaque fois, la vue était parfaite. Jeffrey avait lui choisit une tunique simple comme Eragon. Ils entrèrent ensemble et tentèrent de passer inaperçu, mais leur apparence n’était pas difficilement remarquable. Ils ne purent malheureusement pas atteindre la table la plus proche sans être assiégés de questions. Eragon et Jeffrey enviaient parfois Alice d’être prétendument muette, elle n’avait pas à répondre aux questions, elle.
Ils furent sauvés par la sonnerie annonçant le début du repas et s’esquivèrent vers la table. Un serviteur leur montra leurs places et ils partirent s’asseoir en bout de table avec les autres dirigeants, Eragon se retrouvant juste en face d’Arya. Lorsqu’il la vit, il oublia bien vite son état et sa fatigue. Elle portait une robe émeraude qui mettait parfaitement en valeur ses yeux. Ses cheveux d’ordinaire ramenés en arrière avec un bandeau étaient relâchés sur ses épaules et tombait en cascade dans son dos. Elle était purement et simplement magnifique.
Il l’observa un moment avant de demander en ancien langage :

- Aurais-tu renoncé à la chemise et au pantalon ?

C’était exactement la même question qu’il lui avait posée à Eastcroft. Elle sourit et lui répondit simplement :

- Non, mais pour certaines occasion, je suis prête à faire une exception.

Il était content qu’elle ne lui en veuille pas. Ces simples mots suffisaient à dire qu’ils étaient toujours amis, malgré ce qu’il avait fait. Il allait ajouter quelque chose lorsque Jeffrey lui tapota l’épaule. Il se tourna vers lui et il agita ses mains :

{J’aurais bien croqué l’un des nobles de tout à l’heure.}
{C’est vrai qu’ils étaient ennuyants.} poursuivit Alice.
{Je suis d’accord avec vous. Mais je doute qu’ils aient un bon goût.}

Ils sourirent avant de pouffer de rire, ils se connaissaient bien. Jeffrey ajouta :

{Tu essayes toujours de la conquérir ?}
{C’est inutile, tu le sais bien. Elle n’acceptera jamais.}
{Je sais, mais un miracle peut toujours se produire.} dit Alice.
{Nous verrons bien. Mais parlons d’autre chose s’il vous plait.}

Ils poursuivirent leur discussion silencieuse durant le repas, même si Eragon et Alice entrecoupaient la conversation en mangeant. Certaines personnes s’étonnèrent de voir que Jeffrey ne mangeait rien et buvait seulement à sa gourde, mais personne ne fit de commentaire. Il faisait un peu peur avec ses deux canines, son teint pâle et ses yeux dorés.
Arya observa les trois amis durant un long moment, ils semblaient vraiment unis. Elle ne comprenait pas le langage des muets, mais elle pouvait deviner certaines choses grâce à l’expression de leur visage qui aidait aussi à se comprendre. Elle avait aussi deviné qu’au début, ils avaient parlé d’elle. Eragon avait changé, elle l’avait déjà remarqué dans la salle de réunion, mais c’était plus marquant maintenant. Il semblait affaibli, même si les humains ne voyaient rien, elle le voyait pertinemment. Il devait avoir un peu mûri durant les cents dernières années, mais il n’avait pas perdu son air joyeux et sa bonne humeur. Il riait souvent durant la discussion. Mais elle sentait que quelque chose n’était pas normale, elle sonda rapidement son esprit et vit qu’il était soutenu énergiquement par Jeffrey et Alice. Elle tenta de se convaincre que son épuisement était dû au voyage, mais il devait y avoir autre chose, les deux autres semblaient en pleine forme. Elle chassa ses pensées sombres durant le banquet et profita plutôt de la fête, Eragon parlera le moment venu.
La fête se poursuivit bien après le repas avec un bal, mais Eragon s’éclipsa le plus vite possible pour retourner à sa chambre. Jeffrey et Alice restèrent et dansèrent ensemble, ils savaient que leur frère d’apprentissage avait besoin de dormir, mais eux n’étaient pas fatigués. Surtout que les vampires ne dormaient pas.
Eragon referma la porte de sa chambre en soupirant de soulagement. Il se déshabilla et se coucha. Il regarda encore une fois les Fairth de posés sur son étagère, l’un d’eux représentait Arya d’assise sur l’une des branches de l’arbre Menoa. Il n’y avait aucun indice indiquant les sentiments qu’il avait pour elle, l’image était le reflet même de l’elfe. Il sourit, ce Fairth l’avait aidé à tenir durant ces cent années de formation loin d’elle. Il ne l’avait pas oubliée une seule fois. Il soupira avant de fermer les yeux et de sombrer dans les méandres de son sommeil.
Le lendemain, Arya se leva à l’aube comme à son habitude et contacta sa mère afin de lui faire un rapport complet des récents événements. Elle ne parla pas de ses doutes sur la santé du jeune homme, ce n’était peut-être rien. Islanzadì valida le fait que Saphira soit avec les elfes à Gil’ead, la dragonne était arrivée la veille au petit matin. Elles parlèrent un moment avant qu’Arya ne la quitte pour aller voir Nasuada.
La reine des Vardens lui avait demandé la veille si elle pouvait prévenir Eragon qu’elle voudrait le voir le lendemain matin deux heures après l’aube. Elle se rendit donc à la chambre du jeune homme. Elle frappa à la porte, mais personne ne répondit. Elle attendit une minute avant d’entrer sans faire de bruit. Il était encore en train de dormir. Ses vêtements étaient pliés sur la table basse à côté de ses armes, prêts à l’emploi. Elle observa les étagères et vit tous les Fairth que le jeune homme y avait posés en plus des livres. Elle vit la ville suspendue dans les arbres et le portrait d’elle, réussit celui-là, il y avait aussi une image des trois amis accroupies dans l’herbe et se tenant par les épaules en souriant. Eragon était entre les deux, le Fairth semblait avoir été fait quatre ou cinq ans après son arrivée chez les Khajiit. Il semblait heureux. Elle en vit un représentant une créature poilue ressemblant à un humains mais avec une mâchoire suffisamment puissante pour broyer un crâne humain. Sous l’image, il y avait écrit à la main avec de l’encre noire le mot « Troll » et elle devina qu’il désignait la créature. Il y avait d’autre portraits de bêtes, certaines indescriptible et d’autres ressemblants à des animaux normaux. Il y avait aussi des paysage, tantôt effrayant, tantôt magnifiques, mais dans chacun il y avait des animaux ou des bêtes à l’allure dangereuse.
Elle se détourna des images pour regarder le jeune homme, il dormait toujours. Elle s’approcha de lui et le secoua doucement, il se contenta de grogner et se tourna sur le côté, lui tournant le dos. Elle le secoua un peu plus fort en l’appelant et il bailla avant d’ouvrir doucement les yeux, il semblait encore à moitié endormit, mais il murmura :

- Arya, qu’est-ce qui se passe ?
- Nasuada veut te voir.
- Ah. D’accord, j’arrive dans deux minutes. Tu peux sortir s’il te plait, que je m’habille.

Elle hocha la tête et sortit, le laissant tranquille. Il s’assit en baillant encore avant de prendre ses vêtements et de les enfiler. Il attacha son épée dans son dos et glissa ses dagues dans sa ceinture avant de sortir. Arya l’attendait devant la porte. Elle lui jeta un coup d’œil avant de se mettre en route, le jeune homme la suivant. Il demanda :

- Tu ne m’en veux pas ?
- Pour quoi ?
- Pour les Fairth.
- Non, c’est bon.

Il hocha la tête, il avait redouté de voir la réaction d’Arya devant le Fairth qu’il avait fait d’elle. Mais elle ne semblait pas en tenir compte, ce qui le soulagea. Elle demanda :

- En quoi est fait ton pantalon ? je n’ai jamais vu des vêtements de ce genre.
- C’est de la toile de tente à l’origine, mais les Khajiit appellent ça du denim. On obtient des vêtements extrêmement solides avec cette toile, suffisamment en tout cas pour résister à deux semaines dans le marais de Delft.
- C’est quoi comme marais ?
- Je crois que tu as vu mes souvenirs, c’est celui avec le serpent d’eau géant. Il y a aussi des goules, des inferis, et tout un tas d’autre créature fort sympathiques qui tentent de t’aspirer le cerveau pendant le sommeil ou juste de te manger un morceau. Une vraie partie de plaisir.
- Oui, surtout quand on chasse les goules, ajouta une voix derrière eux.

Ils se retournèrent et virent Jeffrey qui arrivait avec Alice. Elle les salua dans son langage et Jeffrey ajouta :

- Un coup, une goule a tenté de nous noyer durant la nuit, mais elle n’avait pas deviné que je ne dormais pas, elle l’a bien regretté.
- C’est sûr que se faire jeter dans la fosse aux scorpions, ce n’est pas un sort enviable, dit Eragon.

Jeffrey sourit avant de demander :

- Vous allez où ?
- Nasuada veut me voir.
- On peut venir ?
- Elle a précisé que vous ne deviez pas être présent, dit simplement Arya.
- Dommage, bon, je te laisse. J’ai un petit creux.
{Evite de manger les animaux domestiques.}
{Ne t’inquiète pas, j’ai trouvé un bon coin dans la forêt hier.}
{Et toi Alice ? Qu’est-ce que tu vas faire ?}
{Aller voir Angela pardi ! Je veux absolument tout savoir sur l’herboristerie de ce pays.}

Eragon sourit avant de les saluer de la main et de s’éloigner avec Arya. Jeffrey mit son masque et disparut dans un souffle de vent et Alice fit de même. Ils s’envolèrent par une fenêtre. Après leur départ, Arya demanda à Eragon :

- Qu’est-ce que vous avez dit ?
- Alice a dit qu’elle allait voir Angela, elle est aussi herboriste, et Jeffrey qu’il avait repéré un bon coin où manger.

Ils parlaient en ancien langage, il ne pouvait donc mentir. Arya le cru et ils poursuivirent leur route. Nasuada les attendait seule dans son bureau. Lorsqu’ils entrèrent, elle dit :

- Vous en avez mis du temps.
- Désolé Nasuada, dit Eragon. C’est de ma faute, je faisais la grasse matinée.

Arya le regarda, il mentait. C’était elle qui ne l’avait pas prévenu la veille et qui avait passé un peu trop de temps à parler avec sa mère avant d’aller le voir. Mais elle ne fit pas de commentaire, ou plutôt Nasuada ne lui en laissa pas le temps :

- Je voulais te prévenir que les Vardens lèveront le camp juste après la bataille. Je souhaitais aussi savoir certaines choses.
- Lesquels ?
- Pourquoi ton ami Jeffrey est si étrange ?
- Comment ça ? Je ne le trouve pas étrange.

Il était sincère lorsqu’il disait cela, il savait que Jeffrey était spécial, mais pas étrange pour autant. Nasuada se fit plus explicite :

- Il ne mange pas et bois seulement un étrange liquide rouge qui se trouve dans sa gourde. Il y a aussi son teint qui lui donne l’air d’un cadavre, ses dents pointues et ses yeux. Je ne connais personne ayant les yeux dorés.
- Ouais bon, il a peut-être quelques habitudes bien à lui, mais il ne pose aucun problème, dit Eragon en haussant les épaules.
- Eragon… Qu’est-ce qu’il y a dans cette gourde ? Il y en a un peu qui a coulé sur son menton lors du banquet et je n’ai pas été la seule à penser que c’était du sang.
- Il est végétarien, fit le jeune homme. Ce n’est pas de sa faute si son père lui a transmis les mauvais gènes.
- Qu’est-ce qu’il est ? demanda Arya.
- Disons, que c’est un métis, il a une mère humaine et un père vampire, du clan anthropophage. Mais lui, il ne boit pas du sang humain, c’est pour ça que je dis qu’il est végétarien, il ne boit que celui des animaux. Il n’est d’aucun danger pour les Vardens.
- Qu’est-ce qui te dis qu’il n’a pas pris les mauvaises habitudes de ses confrères ? demanda Nasuada.
- Parce que s’il s’attaquait aux humains, Alice ne lui pardonnerait jamais. Or, il ne peut pas se passer d’elle. Et puis, il déteste sa branche paternelle. Surtout qu’aux réunions de famille ils tentent de nous servirent en entrée, ajouta-t-il avec un sourire amusé.
- Tu es certains de ce que tu avances ? dit Arya.
- Oui. Il ne ferait pas de mal à une mouche, enfin, façon de parler.

Il y eut un silence pendant lequel Eragon jeta un coup d’œil à Arya pour voir sa réaction, mais elle était toujours parfaitement impassible. Il demanda :

- Autre chose ? Ou je peux y aller ? Je voudrais aller voir Roran avant de manger.
- Non. Soit juste présent à la réunion de début d’après-midi.
- D’accord.

Il se dirigea vers la porte, mais se retourna avant de l’ouvrir.

- Au fait, si vous pouviez éviter de répandre le bruit sur la véritable nature de Jeffrey nous vous en serions vraiment reconnaissant. On le traite déjà comme un lépreux chez les Khajiit, ce n’est pas la peine d’en rajouter ici.

Sur ces paroles, il sortit, les laissant seules avec ces nouvelles informations. Eragon mit son masque et se transforma en phénix pour faire le trajet plus rapidement et en évitant ainsi les questions des habitants de la ville. Il trouva la maison de son cousin dans le quartier Nord, non loin du centre-ville. Il se dématérialisa devant la porte et retira son masque avant de frapper à la porte. Son cousin mit un certain temps à ouvrir, mais il lança lorsqu’il le vit :

- Eragon ! ça par exemple ! Depuis quand es-tu revenu ?
- Je suis arrivé hier, tu me laisse entrer ?
- Oui, oui, bien sûr. Entre.

Il s’écarta et le Dragonnier entra dans la maison de pierre. Elle était plutôt coquette et confortable comparer à la vieille ferme dans laquelle ils avaient grandis. Elle devait comporter pas moins de trois étages. Roran le mena dans une cuisine où Katrina était occupée aux fourneaux. Elle se retourna en entendant les deux hommes et sourit en voyant Eragon.

- Eragon, contente de te revoir.
- Bonjour Katrina. Comment allez-vous tous les deux ?
- Tu veux dire tous les trois, dit Roran avec un sourire.

Il désigna un coin de la pièce où un jeune enfant dormait dans un berceau. Eragon sourit et dit :

- Garçon ou fille ?
- Fille, dit Katrina. Elle s’appelle Clarice.

Eragon observa la petite fille, elle avait les mêmes cheveux que Roran, mais le visage de Katrina, c’était indubitable. Il s’assit à la table et discuta durant un moment avec Roran et Katrina. Ils l’invitèrent à manger, mais il déclina l’offre en disant qu’il devait retrouver Jeffrey et Alice au palais. Il s’en alla bien vite en promettant de repasser. Il partit ensuite à pied en direction du quartier central. Il rencontra plusieurs Vardens qui s’arrêtèrent pour l’observer et lui parler, tout le monde le reconnaissait, même s’il avait changé.
Il passa la journée entre les réunions et les discutions silencieuses avec ses amis. Ils s’étaient réservé une salle vide dans le palais où ils se retrouvaient lorsqu’ils avaient un temps libre. Eragon s’ennuyait un peu, mais ses journées n’étaient pas épuisante, ce qu’il redoutait, c’était surtout le combat qui adviendrait le surlendemain. Les gardes-frontières avaient déjà repéré l’armée qu’ils avaient annoncée. Il devait rassembler ses forces pour tenir, même s’il savait qu’il pouvait compter sur ses deux amis pour le soutenir.
Le lendemain, il fit encore la grasse-matinée, ratant ainsi la première réunion du matin. Ce qui énerva un peu Nasuada. Arya fut envoyée le chercher après. Elle le trouva en train de dormir à poings fermés, enfuis sous les couvertures. Elle ne le connaissait pas comme étant du genre à dormir autant. Elle soupira avant de s’approcher et de le secouer, mais il ne réagit pas. Il se contenta de grogner et de ramener la couverture tout en lui tournant le dos. Elle perdit patience et fit apparaitre une sphère d’eau au-dessus de sa main.
Eragon se réveilla aussitôt en toussant et en se redressant pour chasser l’eau. Il lança :

- Arya ! Tu veux me tuer ou quoi ?
- Non, mais tu ne voulais pas te lever. Tu as raté la réunion.
- Ah.

Il se rallongea tout en gardant la couverture sur son torse. Il soupira avant de dire :

- Nasuada a encore râlé ?
- Tu devrais éviter de commettre d’impairs en ce moment, elle t’en veut toujours pour être parti.
- C’est sûr qu’elle aurait été bien ennuyée que son arme contre Galbatorix lui fil entre les doigts.
- Qu’est-ce que tu sous-entends ?
- Tout simplement que la seule raison pour laquelle les trois quarts des personnes présentes ici s’intéressent à moi, c’est pour le Dragonnier. La plupart ne m’aurait jamais adressé la parole si j’étais resté un paysan. Je pourrais bien mourir, qu’ils regretteraient juste que l’arme contre le roi disparaisse.
- Ne dis pas ça !
- Parce que tu crois que ce n’est pas la vérité ? demanda-t-il ironiquement.

Elle ne répondit pas, même si cela lui coûtait de l’avouer, il avait raison. Elle soupira avant de dire :

- Debout, tu ferais mieux de ne pas être absent à la seconde réunion.
- D’accord, je me lève.

Il soupira avant de se redresser et de s’asseoir sur le bord du lit en lui tournant le dos. Il était juste vêtu d’un pantalon noir. Elle hocha la tête et sortit. Mais en partant elle vit son reflet dans le miroir et remarqua une tache noire qui apparaissait sur son cœur et suivait ses veines. Elle resta perplexe devant cette image alors qu’elle poursuivait son chemin en direction des cuisines afin de manger. Qu’est-ce qui pouvait bien causer une marque comme celle-là ? Son attention fut détournée par son arrivée aux cuisines et une dispute qui avait éclaté entre Jeffrey et l’un des cuisiniers. Elle dit :

- Qu’est-ce qui se passe ici ?

Jeffrey se tourna vers elle et le cuisinier répondit :

- Ce garçon a volé les poulets réservés au roi Orin.
- Je n’ai rien volé du tout, répliqua Jeffrey.
- Quelles preuves avez-vous ? dit Arya.
- Il était le seul présent dans la pièce lorsque les animaux ont disparu.
- Je le jure, sur la vie de mon père, ce n’est pas moi. C’est votre marmiton qui les a laissé sans surveillance, ils ont dû s’enfuir et erre maintenant dans la cour.

Arya jeta un coup d’œil au jeune garçon qui se tenait à l’écart et été un peu trop concentré sur la sauce qu’il remuait pour être totalement innocent. Le cuisinier répliqua :

- Et pourquoi devrais-je croire un parfait étranger ?
- Parce que cet étranger est mon ami et que s’il jure qu’il n’a pas fait quelque chose, c’est vrai.

Ils se tournèrent tous les trois vers la porte et virent Eragon qui s’appuyait contre le mur. Il ajouta :

- Jeffrey est un sacré baratineur, je le conçois, mais s’il jure que c’est quelqu’un d’autre qui a commis le vol, il dit la vérité.
- Argetlam, murmura le cuisinier.

Il se tourna vers Jeffrey et dit :

- Je suis désolé, veuillez accepter mes excuses.
- Ce n’est rien, répondit Jeffrey.
- J’ai faim, se contenta de dire Eragon. Est-ce qu’on peut manger ?
- Oui, bien sûr Argetlam.

Eragon soupira alors que le cuisinier retournait à ses fourneaux en réprimandant son marmiton. Le Dragonnier s’assit à l’une des tables avec ses deux amis et dit :

{Ils étaient bons ?}
{Ouais, on peut dire ça. Ils étaient bien grassouillets en tout cas, donc gorgés de sang. Le marmiton a été obligé de les jeter aux chiens lorsqu’il a vu dans quel état ils étaient. Il a prétendu au vol lorsque le cuisinier est revenu.}

Eragon sourit et demanda à Arya en ancien langage :

- Qu’est-ce que je te disais ? Dès qu’ils me voient, ils sont prêts à tuer leur mère alors qu’il y a quelques années ils m’auraient traité comme une personne normale.

Arya fit la moue et resta silencieuse. Le marmiton leur apporta trois assiettes, mais Jeffrey donna la sienne à Eragon lorsque ce dernier eut finit son repas. Alice les rejoignit quelque instant après et ils se mirent à discuter sur leurs journées respectives. Arya se sentait un peu exclue dans ce langage silencieux qu’elle ne connaissait pas et cela la frustrait. Elle finit par partir en rappelant à Eragon de ne pas être en retard et sortit.
Le reste de la journée se passa sans incident notable et Arya ne repensa plus à la tâche qu’elle avait vue le matin même.

Le lendemain, il y eut un mouvement dans la barrière, elle clignota, puis disparu totalement. Aussitôt, les feux magiques se déclenchèrent dans les tours de gardes et une colonne lumineuse parcourue la frontière dans les heures les plus sombres avant l’aube. L’alerte fut sonnée dans la ville et tous les paysans qui habitaient à l’extérieur chargèrent les affaires qu’ils avaient préparées la veille sur des animaux et entrèrent dans la ville où la milice les conduisait dans le calme aux auberges et aux maisons vides. Les Vardens étaient sur le qui-vive.
Lorsque le soleil se leva, l’armée du roi se rassembla devant la plaine entourant la ville. Les Vardens sortaient se mettre en place pour défendre leur citée. Ils savaient tous ce qu’ils avaient à faire, ils y étaient préparés.

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Fanfiction  -  Tome 4 de l'Héritage Empty Re: Fanfiction - Tome 4 de l'Héritage

Message par Invité Lun 30 Avr 2012 - 23:18

Eragon fut réveillé par ses deux amis et ils revêtirent leurs armures pour la bataille, même si c’était totalement inutile pour Eragon qui avait une capacité de régénération instantanée. Jeffrey n’avait pas hérité de la résistance physique de son père et pouvait donc être blessé comme le commun des mortels.
Ils rejoignirent rapidement les généraux Vardens qui s’étaient rassemblés sur la muraille Nord afin de mettre au point les derniers détails. Nasuada s’approcha d’eux avec Arya et dit :

- On vous fait confiance pour les trois Ombres, mais ne vous faites pas tuer.
- Ne t’inquiète pas, dit Eragon. On sera encore vivant pour la bataille finale.

Il sourit avant de mettre son masque, constamment suspendu à sa ceinture, et de se transformer, comme ses deux amis. Lorsqu’ils arrivèrent à l’avant de l’armée, il dit en ancien langage :

- On est bien d’accord, le dernier donne dix Drachmes aux deux autres et le second en donne cinq au premier.
- Oui, c’est ça, acquiesça Jeffrey.
- Bonne chance pour me devancer, dit Alice.
- Tu peux toujours rêver, rirent les deux autres.

Ils se séparèrent, décollant chacun dans une direction différente alors que le signal d’attaque était donné. Normalement, les Ombres devraient se trouver à l’arrière, mais ils les trouvèrent au milieu des autres soldats. Eragon isola le sien grâce à son feu et se matérialisa devant lui alors que les soldats survivants s’éloignaient, de peur. Un cercle de feu délimitait un espace de combat et personne ne pouvait le passer sans mourir. Jeffrey usa d’une muraille de vent qui se solidifia en cristal et l’enferma avec son adversaire. Il veilla tout de même à rester visible de ses deux compagnons qui étaient tous près. Alice quant à elle entoura les trois Ombres d’un cercle de glace, faisant en sorte qu’ils soient isolés tous les six. Elle délimita elle-aussi une arène pour son combat.

- On va bien s’amuser, dit Jeffrey en dégainant ses deux sabres.
- Tu l’as dit Gust, répliqua Eragon en sortant Brisingr.

Alice ne répondit pas, elle se contenta de dégainer ses deux longs poignards. Les Ombres étaient tous identiques, cheveux et yeux vermeil, armure noire et pâleur de mort, pire que Jeffrey, pourtant lui c’était l’un des plus pâles vampires existant. Ils observèrent les trois amis avant de dégainer avec un sourire narquois, pour qui se prenaient-ils ces imbéciles pour croire pouvoir les vaincre ?
Eragon et son adversaire se tournèrent autour un moment alors que les Vardens affrontaient les soldats. L’Ombre finit par faire le premier pas et attaqua vers la tête, Eragon esquiva d’un mouvement vif et contra vers la jambe. L’Ombre para et le frappa dans le ventre de sa lame. Eragon ne fut pas assez rapide et ne dû qu’à sa côte de maille de ne pas être blessé. Les attaques mentales de la créature ressemblaient à des chatouilles tellement son esprit étaient faible comparé à celui du Dragonnier, il avait beaucoup progressé au niveau du combat esprit à esprit. Eragon attaqua furieusement vers le bras de la créature mais ce dernier para, même si c’était avec un peu de difficulté. Le jeune homme parvint tout de même à le frapper au visage avec son coude. Il s’éloigna de deux pas et Eragon changea son épée de main, passant au combat de gaucher. Il avait appris deux techniques différentes chez les Khajiit, la première consistait à se battre de la main droite avec force et rapidité, comme un bourrin en somme, la seconde était le combat de la main gauche avec précision et légèreté, comme Arya pour faire simple. Il attaqua l’Ombre dans un angle mort, y glissant juste la pointe de sa lame avant de la remonter sous le bras de la créature qui tenait son épée. L’Ombre voulu s’éloigner, mais Eragon fut plus rapide et lui trancha le bras d’un coup. Il repassa en main droite et, tenant Brisingr à deux mains, l’enfonça dans le cœur de la créature pendant que le bras de ce dernier repoussait. Il jeta un regard à ses amis et lança :

- Preum’s.

Jeffrey jura et attaqua furieusement son adversaire. Il ne voulait pas perdre vingt Drachme. Mais Alice fut plus rapide que lui à planter l’une de ses dagues dans le cœur de son adversaire. Il jura encore et, d’un mouvement, décapita le sien. Il dit :

- Bordel, pourquoi est-ce qu’il faut les tuer dans le cœur ? Les décapiter, c’est plus simple.
- C’est la règle mon vieux, répondit Eragon. Envoi l’argent.

Il grommela et ils se rassemblèrent au milieu du cercle délimité par leur protection magique. Le combat continuait en dehors. Ils échangèrent des pièces dorées avant de regarder autour d’eux Le combat se passait plutôt mal pour les Vardens. Eragon soupira et les deux autres approuvèrent, ils allaient devoir travailler. Ils détruisirent les murailles magiques et firent face aux soldats qui les entouraient, une vraie partie de plaisir.
Le combat dura toute la matinée, à la fin Eragon devait être soutenu mentalement par ses deux amis. L’énergie de Jeffrey était presque inépuisable, ce qui l’arrangeait bien. Ils rejoignirent les Vardens plutôt facilement et réussirent à se frayer un chemin jusqu’au groupe de vingt elfes qui se battaient contre les autres magiciens présents. Ils eurent tôt fait de tous les éliminé, mais cette action épuisa encore plus les réserves déjà limitées d’Eragon.
Lorsque le champ de bataille fut redevenu silencieux, Eragon s’effondra sur le sol à côté de ses amis et manqua de s’évanouir, il eut besoin de leur aide pour se relever et marcher vers Nasuada qui était entourée des Faucons de la Nuit. Arya les suivait en observant le jeune homme avec inquiétude. Il semblait vraiment mal, pourtant il avait toujours eut la force de tenir lors des bataille précédentes. Là, il était sur le point de tourner de l’œil et elle était certaine qu’il l’aurait fait depuis bien longtemps s’il n’y avait eu le soutient énergétique d’Alice et Jeffrey. Mais Nasuada ne parut pas s’inquiéter, peut-être était-ce parce qu’elle ne pouvait voir mentalement le lien qui unissait les trois amis et qu’Eragon marchait seul. Mais en tout cas, elle se contenta de lui demander son rapport, ce qu’il fit de suite. Puis elle le congédia en lui ordonnant de se reposer avec ses amis avant de voir s’il pouvait faire quelque chose pour les blessés.
Ils se transformèrent et partirent en direction du palais, mais le phénix rouge volait nettement plus lentement que le bleu et le vert, ces derniers ralentissant pour se mettre à sa hauteur. Lorsqu’il arriva dans sa chambre, Eragon se défit de son armure et se coucha sans attendre, sombrant dans le gouffre sans fond de son sommeil. Il dormait plus comme un humain que comme un elfe depuis l’incident avec le mage Voldgine.
Il dormit tout l’après-midi et aurait bien enchaîné avec la nuit, mais une personne vint le réveiller. Il ne fut pas vraiment surpris de voir Arya. Il murmura :

- Ça devient une habitude ou quoi de venir me réveiller ?
- Tu as assez dormi, et Nasuada ne veut pas que tu rate la fête de ce soir.
- Elle peut bien se passer de moi deux minutes, je suis claqué.
- Je croyais que tu avais obtenu plus d’énergie pendant ta formation.
- Oui, mais je la dépense deux fois plus vite qu’avant.

Il lui tourna le dos et tenta de se rendormir, mais elle l’en empêcha en disant :

- Est-ce que ça a quelque chose à voir avec la marque sur ta poitrine ?
- Non, ça n’a rien à voir avec ça.

Il se redressa et ajouta :

- Je devrais me dépêcher sinon je vais me faire gronder.

Il se leva en souriant et se rhabilla. Arya tenta de le faire parler, mais il se contentait de changer de sujet. Elle comprit le message et n’en parla plus. Ils sortirent et se rendirent à la salle de banquet. Ils passèrent la soirée à échanger des mondanités avec les nobles et autres personnes. Jeffrey et Alice s’éclipsèrent bien vite, laissant Eragon seul avec Arya. Il savait pertinemment qu’ils essayaient de faire en sorte qu’il retente sa chance avec l’elfe, mais il refusait de perdre son amitié avec elle. Ils passèrent donc une soirée ennuyeuse et épuisante.
Il ne put se coucher qu’aux alentours de minuit et s’effondra comme une pierre dans les bras de Morphée.
Mais pendant qu’il dormait, quelqu’un entra dans sa chambre et fouilla doucement dans ses tiroirs. Mais il n’y avait rien, l’intrus repartit avec un morceau de parchemin. Il le regarda et vit en entête les mots « liste d’arguments contre. ». L’elfe déroula le parchemin et vit tous les arguments dont elle avait usés pour le repousser, et écrit à côté d’eux, il y avait des contre-arguments. Il avait minutieusement cherché un moyen de contourner tous ce qu’elle avait trouvé comme solution pour ne pas accepter ses avances. Même s’il ne le montrait plus, il n’avait pas abandonné l’idée de la conquérir.
Elle soupira, retourna dans la chambre de son ami et remit le parchemin à sa place, il n’abandonnera donc jamais ? Pourquoi ne comprenait-il pas que c’était impossible entre eux ?
Elle retourna à sa chambre et s’allongea, elle n’avait pas trouvé ce qu’elle cherchait, mais plutôt une chose qui bouleversait tout son raisonnement sur le jeune homme. Elle était plus que frustrée qu’il ait trouvé des solutions à tous les problèmes qu’une relation plus qu’amicale pouvait déclencher.
Le lendemain, il fut absent à toutes les réunions de la matinée, ce que Nasuada ne manqua pas de lui reprocher une fois qu’il fut sorti de sa chambre en milieu d’après-midi. Il lui avait répliqué sur un ton de reproche qu’elle n’avait qu’à ne pas l’avoir forcé à rester debout aussi tard la veille. Elle se contenta de lui demander de ne pas être en retard pour le départ qui aurait lieu le lendemain. Il partit ensuite rejoindre ses amis au centre de soin et fit de son mieux pour soigner les blessés et réconforter ceux qui étaient condamnés, il les comprenait que trop bien.
Il vola ensuite toute la journée avec ses amis, faisant des courses ou se contentant de planer paresseusement au-dessus de la ville. Il passa aussi voir Roran qui préparait ses affaires et qui était ressorti de la bataille avec juste un bras cassé. Bras que le Dragonnier eut tôt fait de soigner totalement, même si cela lui mangea de l’énergie qu’il avait déjà en stock limité. Katrina restait dans la vile avec leur fille, elle ne voulait pas quitter Roran, mais elle refusait aussi que Clarice se retrouve au milieu d’un camp militaire en mouvement. De toute façon, ils resteraient en contacte via oiseau messager, Roran ayant appris à lire et écrire.
Le soir, il se coucha peu avant le soleil et lança un sort pour être réveillé avant l’aube. Il comptait aussi sur Jeffrey pour le réveiller au cas où.

Le voyage en direction de Belatona débuta dès l’aube, les trois amis restant dans le groupe des elfes. Jeffrey et Alice volaient pour les suivre, mais Eragon préféra rester sur terre pour discuter avec Arya. Il ne fit aucune allusion menant à ses sentiments pour elle, mais elle savait bien qu’il retenterait sa chance un jour, elle savait aussi qu’il avait tous les arguments qu’il fallait pour démonter son raisonnement. Mais elle ne dit rien, ne parlant même pas de la marque qui s’étendait sur son corps et empoisonnait son sang. Cependant, elle posa une question qu’il ne fallait pas.

- Tu as dit qu’il y avait toujours quatre phénix. Mais où se trouve le dernier, celui qui contrôle la terre ?

Son visage se ferma et il se figea. Il répondit d’une voix neutre :

- On ne sait pas, il ne s’est jamais manifesté.
- Tu es sûr ?
- Certains.

Il se ferma totalement et ne prononça plus un mot. Il était clair qu’il mentait, mais elle eut le tact de ne pas le forcer. Ils continuèrent de chevaucher en silence aux côtés des autres elfes, à l’avant de la colonne de Vardens.
Le soir même, Eragon s’éloigna du camp pour réfléchir seul. Il s’isolait souvent pour ruminer sur son sort, Jeffrey et Alice avaient l’habitude et ne le dérangèrent pas. Il était assis contre un arbre à regarder la rivière, à une distance respectable du camp Vardens pour éviter que l’on le voie. Mais il avait été suivit, il pensait que c’était ses deux amis qui le surveillait au cas où, mais il se trompait. Elle l’observa un moment et allait repartir lorsqu’il se figea et se plia en deux en gémissant. Il semblait être prit d’une douleur intense. Elle allait s’approcher alors qu’il grognait de plus en plus fort et cherchait en vin à ouvrir son escarcelle, mais une main la retint par l’épaule. Elle se retourna et vit Jeffrey et Alice. Le vampire secoua la tête et fit un signe en direction d’un endroit suffisamment loin pour qu’Eragon ne les entende pas. Elle les suivit en lui jetant un coup d’œil, il avait sorti une boite contenant une fiole et une seringue en bois chanté.
Jeffrey lui dit alors qu’il s’asseyait sur le sol :

- Tu n’aurais pas dû voir ça.
- Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il a ? Est-ce que ça a un rapport avec la marque noire ?

Jeffrey hésita, mais elle en avait trop vu. Il lui fit jurer de n’en parler à personne avant de lui parler de la malédiction et du seul moyen de la lever. Il lui enjoignit aussi de ne pas parler de ça à Eragon car cela le mettait souvent en colère de parler de son état et qu’il préférait ne pas y penser. Il s’était résigné à son sort et ne voulait pas que l’on le lui rappel. Elle acquiesça et l’observa encore un moment avant de repartir pour le camp. Jeffrey et Alice n’étaient pas sûrs que tout dire à la princesse fût une bonne idée, mais au moins cela évitait qu’elle ne se montre trop curieuse.
Ils s’approchèrent d’Eragon, il était épuisé et la crise de douleur n’était pas encore finie, mais le calmant l’empêchait d’avoir trop mal. Jeffrey et Alice se placèrent à ses côtés et veillèrent sur lui le reste de la nuit.

Le voyage dura douze jours. Ils avaient été attaqués plusieurs fois et avaient cru être attaqué par Galbatorix en personne lorsque Saphira arriva tellement elle était grande. Eragon fut particulièrement heureux de la revoir et ne prit même pas la peine de le cacher en lui sautant au cou dès qu’elle eut atterri. Il passa la fin du voyage à voler sur son dos ou à côté d’elle. Elle n’avait pas eu d’ennuis avec Thorn et Murtagh et les avait gentiment renvoyés chez eux la queue entre les jambes.
Le camp fut rapidement monté devant la ville de l’Empire. Les machines de guerres furent misent sur pieds le jour suivant, les Vardens les avait transportées en pièces détachées. Eragon n’eut presque aucun temps libre à passer avec ses amis, soit il était en réunion, soit il était épuisé et devait se reposer. Il eut également deux crises de douleurs qui le clouèrent au lit. Ses deux amis le couvrirent et Saphira suivit les réunions qu’il dû sauter pour se reposer. Nasuada commençait enfin à se demander si quelque chose n’allait pas chez le jeune homme mais il continuait d’assurer qu’il était en pleine forme.
Arya s’inquiétait de plus en plus à son sujet, physiquement, il allait bien, mais elle savait qu’il souffrait énormément. Mais elle avait promis de ne pas en parler et ses discutions avec lui étaient amicales et portaient le plus souvent sur les cent ans qu’il avait passé chez les Khajiit. Il lui racontait quelques petites anecdotes, comme la fois où ils avaient pêché le piranha en se suspendant à tour de rôle par les pieds au-dessus de la rivière pour jouer les appâts, ou la fois où ils avaient tenté de chevauché un mammouth enragé, ou encore lorsque des gnomes avaient tentés de les manger. Elle n’en revenait pas du nombre de situation dangereuse dans lesquelles il s’était mis suite à un parie ou tout simplement pour jouer. Le pays Khajiit était vraiment un autre monde où il fallait constamment être sur ses gardes et savoir être plus malin que les créatures y vivant.

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Fanfiction  -  Tome 4 de l'Héritage Empty Re: Fanfiction - Tome 4 de l'Héritage

Message par Invité Lun 30 Avr 2012 - 23:19

Quatre jours après leur arrivée devant la ville, les préparatifs étaient finis. Ils attaqueront le lendemain à l’aube. Pour cela, Nasuada donna son après-midi à Eragon afin qu’il soit debout avant l’aube. Il le passa à discuter avec ses amis et Arya, elle commençait à comprendre certains des signes qu’ils utilisaient pour se parler.
Le lendemain, à l’aube, trois ombres s’envolèrent du camp Vardens et foncèrent sur les murailles, happant au passage quatre gardes. Les soldats Vardens étaient rassemblés devant la muraille et avançaient avec la plus grande discrétion, aidés par les sorts des magiciens. Ils n’avaient pas encore été repéré grâce aussi à un sort d’illusion créé par les trois phénix. Ils furent sous les murailles en moins de deux et déjà les échelles se mettaient en place. Les groupes constitués auparavant étaient presque tous passés lorsque l’alerte sonna. Aussitôt, Saphira décolla et lança un rugissement repris par les rebelles. Les gardes de la ville étaient dépassés par cette attaque surprise. Les machines de guerre, deux trébuchets et un bélier, se mirent au travail.
Pendant que les soldats au sol tentaient d’ouvrir les portes et de prendre les murailles, les trois oiseaux continuaient leur route vers leur objectif. Ils atterrirent sur la rambarde du balcon devant la grande salle de réception vide à cette heure-là. Ils reprirent forme humaine et Alice glaça l’un des carreaux avant de le faire éclater. Ils entrèrent en silence et s’infiltrèrent discrètement dans le palais. Ils portaient tous un gilet de cuir et des vêtements sombre pour plus de discrétion.
Ils n’eurent pas à chercher longtemps avant de tomber sur le gouverneur. Il était seul dans son bureau en train de lire des parchemins. Ils s’y glissèrent et l’immobilisèrent rapidement. Il se débâtit, mais Alice le réduisit vite au silence et lui plaçant sa lame sur le cou. Il dit :

- Qui êtes-vous ?

Ils retirèrent leurs masques et Jeffrey se plaça près de la porte pendant qu’Eragon s’asseyait sur la chaise des visiteurs. Il répondit d’une voix calme :

- Je m’appelle Eragon, et voici mes amis Jeffrey et Alice. Pour éviter qu’il n’y ait trop de victime lors du siège, nous nous sommes dit qu’il fallait vous demander gentiment de sonner la retraite.
- Vous agissez en lâche en pratiquant ainsi, cracha le gouverneur. Ayez au moins le courage d’affronter mes hommes.
- Notre but est de capturer la ville en faisant le moins de victime possible, répliqua Eragon. Tous les moyens sont bons pour parvenir à nos fins. Allez-vous vous rendre ou devons-nous nous montrer plus persuasifs ?
- Il suffit que je cri pour que la garnison de cent soldat se trouvant dans le palais vous attaque et vous tue.
- Je vais prendre ça pour un non.

Eragon se leva et fit signe à Jeffrey, ce dernier quitta son post et se plaça juste devant le gouverneur. Il murmura d’une voix menaçante :

- Savez-vous ce qu’est un vampire ?
- Non.
- C’est une personne immortelle qui se nourrit exclusivement de sang, on les reconnaît à leur teint pâle et leurs dents pointues.

Il sourit à la lumière que dispensaient les torches, découvrant ses deux canines. Le gouverneur pâlit d’un coup. Jeffrey poursuivit :

- J’ai comme qui dirait un petit creux et je n’ai jamais goûté à un gouverneur, je me demande quel goût ça a…
- Non, s’il vous plait, ne me tuer pas. Je…je vais… Je vais ordonner qu’on se rende.
- Bien, faites-le, mais attention, on vous surveille.

Le gouverneur hocha la tête et ils se cachèrent dans des coins d’ombre. Il appela l’un de ses hommes et lui ordonna de sonner la retraite.

- Mais pourquoi monsieur ?
- Ne pose pas de question. Fait-le c’est tout.
- Bien monsieur.

Le soldat sortit et bientôt les sonneries retentirent. Le gouverneur se tourna vers eux et dit :

- J’ai fait ce que vous vouliez, vous n’allez pas me faire de mal ?
- Mais non, rit Jeffrey. Je suis végétarien, je ne bois que du sang animal.

Le visage du gouverneur se décomposa, il s’était fait avoir. Il n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit, Eragon l’avait endormit. Ils le transportèrent dans une pièce vide sans fenêtre qu’ils fermèrent avec des sorts. Il fallait maintenant s’assurer que les ordres étaient suivit. Ils rejoignirent en volant le groupe de Nasuada qui donnait ses directives. La plupart des soldats de la ville avait posé leurs armes et était emmené sur la grande place où les Vardens les gardaient. Ils firent leur rapport et prirent ensuite la tête d’un groupe qui devait sécuriser le palais. Les soldats résistèrent un peu, mais les elfes et les trois phénix eurent raison d’eux. La ville était enfin prise.
Le gouverneur fut conduit dans la salle de réception où Nasuada et l’état-major Vardens l’interrogèrent et tentèrent d’obtenir des informations, mais il resta silencieux. Il les injuria juste un peu pour avoir requis à des moyens aussi peu loyaux et traita Jeffrey de créature du diable. Personne ne savait vraiment ce qu’il était, mais ils comprirent bien vite que c’était un vampire. Il s’en fichait pas mal et se contenta de rétorquer au gouverneur :

- Je ne suis peut-être pas humain, mais je sais ce qui est juste et je ne sers pas un monstre.

La matinée avait été mouvementée, il fallait réparer les dégâts et remettre de l’ordre dans la ville. L’après-midi fut emplie de bruits diverses, certaines personnes pleuraient leurs morts et d’autre soignaient les blessés. Le combat avait été bref et il y avait peu de victimes comparé au siège de Feinster, mais cela n’empêchait pas les familles de pleurer.
Eragon et ses amis aidèrent du mieux qu’ils purent, mais le jeune Dragonnier dû arrêter en milieu d’après-midi et retourna à sa tente afin de se reposer. Il avait eu de la chance de ne pas faire de crise de douleur durant le combat, il n’aurait pas survécu.
Deux jours se passèrent sans problème, les personnages important étaient logés dans la forteresse. Maintenant que sa condition était connue, Jeffrey devait faire face aux regards apeurés et haineux des personnes qu’il croisait. Il ne devait d’être encore en vie qu’à son amitié avec Eragon. Mais il ne changea rien à ses habitudes, ils restèrent tous les trois soudés et continuaient de rire et de se lancer des défis tout en faisant des paris.
Ils en étaient là, mais cette situation ne pouvait perdurer. Eragon faisait de son mieux pour ne pas montrer de signe de faiblesse, mais il était fatigué plus que de normal, et ça Nasuada le remarqua. Elle le convoqua dans son bureau où il y avait déjà Arya, Jeffrey, Alice et Islanzadì dans un miroir. Lorsqu’il entra, il se douta que quelque chose se tramait. Il demanda :

- Que se passe-t-il ?
- Je voudrais savoir, dit Nasuada, si tu nous caches quelque chose.
- Je ne cache rien Nasuada.
- Alors tu ne verras aucun inconvénient à nous dire pourquoi tu sembles malade ? dit Islanzadì.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Eragon… le ton de Nasuada était exaspéré. Tu rates presque tout le temps les réunions du matin parce que tu passes la plupart de ton temps à te reposer. Tu t’épuise plus que de moyenne et tu disparais souvent sans prévenir. Il y a forcément quelque chose. Tu es plus mal au point qu’avant ton voyage chez les Khajiit.

Eragon se tourna vers ses amis, mais Nasuada dit :

- Ne les accuse pas de t’avoir trahi, ils ont refusé de parler.
- Ce qui se passe ne vous regarde pas, répliqua Jeffrey.
- C’est vrai, ajouta Eragon. Qu’est-ce que ça peut vous faire que je ne sois pas au meilleur de ma forme ? J’ai suffisamment de force pour battre Galbatorix, ça devrait vous suffire non ?
- Que sous-entends-tu ? demanda Islanzadì.
- Je sous-entends juste que si vous vous intéressez à mon état de santé, c’est uniquement parce que vous avez peur que je meurs avant de battre Galbatorix. Vous vous fichez bien du reste.
- Ce n’est pas vrai, s’insurgea Nasuada.

Eragon fit la moue avant de tourner les talons, mais Arya se mit devant la porte et dit :

- Tu ne sortiras pas d’ici avant de nous avoir expliqué ce qui se passe.
- Pousses-toi s’il te plait.
- Non.

Le regard de la jeune elfe dissuada le jeune homme de tenter un passage en force, il ne pouvait le faire de toute façon. Il poussa un juron en nain avant de s’asseoir sur une chaise et jeta un coup d’œil à ses amis. Eragon dit :

- Il y a environ deux ans, on a parié que la rumeur sur le mage Troll adepte des malédictions des forêts du centre était fausse. On y est allée tous les trois et on s’est fait capturer. On a bien tenté de s’enfuir, mais Voldgine était trop fort. Il nous a soumis à une épreuve, si l’un d’entre nous répondait bon, on avait le droit de partir, mais sinon il nous mangerait. J’ai répondu bon à sa question alors qu’il croyait ce problème irrésoluble, pour se venger il m’a lancé une malédiction. Elle est mortelle, je n’ai plus que deux ou trois ans à vivre. Elle me prend beaucoup d’énergie et j’ai parfois des crises de douleur, mais le sérum de Trainer est très efficace pour les soulager. Voilà, c’est tout, mais vous n’avez pas à vous inquiéter, dans deux ans il y aura de nouveaux Dragonniers, alors un de plus, un de moins, qu’est-ce que ça pourrait vous faire ?

Il eut un sourire ironique en les regardant toutes les trois. La surprise de Nasuada était visible, mais Arya et sa mère cachaient toujours aussi bien leurs émotions. Eragon demanda :

- Je peux y aller maintenant ?
- Il n’y a aucun moyen de l’annuler ? demanda Islanzadì.
- Non, aucun, répondit Eragon d’un ton neutre, comme s’il parlait des malheurs d’un tierce.
- Tu es sûr ? questionna Nasuada.
- Sûr et certain, il est impossible d’annuler cette malédiction. Je peux partir ?

Nasuada hocha la tête, il se leva, passa à côté d’Arya comme si de rien n’était et sortit avec ses amis. Dès que la porte fut refermée, Nasuada dit :

- Il ment. Il connait le moyen de se soigner.
- Qu’est-ce qui te fait dire cela Nasuada ? demanda Arya.
- C’est Jeffrey le menteur du groupe, dit Islanzadì. Eragon est très mauvais dans ce domaine. Je me demande juste pourquoi il n’essaye même pas de se guérir.
- Il a peut-être accepté son sort, dit Arya.
- Tu ne sembles pas trop curieuse de ce que peut bien être ce moyen, dit Islanzadì.

Arya se mordit la lèvre et dit :

- Ce problème le regarde, je ne vais pas chercher à le faire parler, s’il ne veut pas être aidé, alors je respecterais son choix.

Elle sortit à son tour. Elle se doutait qu’Eragon n’oserait pas lui parler après ce qui s’était passé, mais elle était bien déterminée à lui parler. Elle le trouva en train de discuter silencieusement avec ses amis au tournant d’un couloir. Ils ne l’avaient pas vue et elle put lire les phrases qu’ils échangeaient :

{Qu’est-ce que l’on fait ?} demanda Jeffrey.
{On finit cette guerre et on rentre au pays.} répondit simplement Alice.
{Oui, et bien ce n’est pas avec notre situation actuelle qu’on va y arriver. On va avoir Nasuada et les autres sur le dos tout du long.} répliqua Eragon.
{On trouvera un moyen.} fit Jeffrey. {En attendant, on doit prendre sur nous.}
{Je suis désolé qu’on ait dû dévoiler ta condition.} dit Eragon. {Ce n’est déjà pas facile au pays, alors ici.}
{Ne t’inquiète pas, j’ai l’habitude. Et puis, ils l’auraient découvert un jour ou l’autre.}

Eragon hocha la tête, puis ils continuèrent leur chemin. Arya fit demi-tour et retourna à ses occupations. Il comptait partir après la guerre, mais pourquoi ? L’Alagaësia était son pays de naissance, pourquoi vouloir le quitter pour un monde où le danger régnait sans cesse. Elle se souvint de ses discutions avec lui, il lui avait décrit tellement de bons moment au pays Khajiit, bien plus que dans sa jeunesse à Palancar. Il devait aimer cet endroit, même s’il était dangereux. Elle devina à quel point ce devait être difficile pour eux d’être ici, Alice avec son handicap, Jeffrey avec sa nature de vampire, et Eragon avec sa malédiction. Ce n’était pas étonnant qu’ils soient si soudés entre eux.
Le lendemain, personne ne vit Eragon ou ses deux amis de la matinée. On pensa d’abord qu’ils dormaient, mais leurs chambres étaient vides. Il y avait encore la plupart de leurs affaires, mais Arya remarqua qu’il manquait le Fairth qu’Eragon avait fait d’elle. Les recherches durèrent toute la journée et on interrogea Saphira, mais elle se contenta de leur dire qu’ils l’avaient cherché. Une chose était certaine, ils allaient bien, sinon la dragonne ne serait pas aussi calme. Arya se souvint au soir de la conversation qu’elle avait surprise, elle devina le sens de la phrase prononcée par Alice « finir a guerre au plus vite ». Elle eut un doute énorme et se décida à les visualiser encore une fois, mais elle n’eut droit qu’à un écran noir. Elle avait un très mauvais pressentiment. Et elle n’avait pas tort.
Eragon, Alice et Jeffrey volèrent toute la journée et se posèrent au soir dans une ruelle vide de la ville de Dras Leona. Ils reprirent apparence humaine et prirent l’apparence de trois frère et sœurs de quatorze ans. Ils étaient blonds, de taille moyenne, mince et avaient les yeux bleus. On aurait dit des triplés. Ils enfilèrent chacun une chemise blanche simple, Eragon et Jeffrey portaient des pantalons de cuir et Alice une jupe longue, à leurs pieds étaient chaussés des sandales usées. Leurs vêtements semblaient abimés par l’usage. Ils cachèrent leurs armes et vêtements dans des sacs qu’ils cachèrent avec un sort dans un trou creusé sous une des dalles de la route. Ils mirent leurs masques sous leur chemise et firent en sorte qu’on ne les trouve pas grâce à un sort.
Ils sortirent de la ruelle et firent semblant de chercher un coin où dormir, lorsqu’un groupe d’homme surgit et les encercla. C’était des marchands d’esclave, ils le sentaient. Ils furent assommés avant d’avoir pu bouger le petit doigt.
Lorsqu’ils se réveillèrent, ils étaient enfermés dans une grande cage avec d’autres personnes, la plupart avaient un air malheureux sur le visage, d’autre dormait tant bien que mal, d’autre encore étaient apeurés. Dehors, le soleil se levait et les clients envahissaient déjà la place du marché pour voir les nouveaux articles. Un homme entra dans la cage et donna un coup de bâton à un prisonnier qui tenta de s’enfuir, le prisonnier s’affala sur le sol en grognant de douleur. Le geôlier se dirigea vers les trois amis qui s’étaient assis dans un coin et dit :

- Comment vous appelez-vous ? Est-ce qu’au moins vous parlez une langue civilisée ?
- Je suis Efrit, dit Eragon. Mon frère se nomme Vlad et notre sœur Lilo.
- Vous avez quel âge ?
- Quatorze ans monsieur, répondit Jeffrey. Mais Efrit est né en premier, après c’est Lilo et enfin moi.
- Je vois. C’est rare d’avoir des triplés, je crois qu’on va pouvoir vous vendre en lot à bon prix.

L’homme rit avant de jeter un coup d’œil à Alice, elle était vraiment mignonne sous cette forme, même si elle l’était moins que sous sa vraie apparence. Il dit :

- Toi, ma grande, tu risques de plaire. Je pense que le seigneur du coin est à la recherche d’une nouvelle concubine. Qu’est-ce que tu en dis ?

Elle ne répondit pas et l’homme lança :

- Alors ? Tu es sourde ou on t’a coupé la langue ?
- Aucun des deux, monsieur, dit Jeffrey. elle est muette, mais pas sourde.
- Ouh ! Décidément, elle plaira au gouverneur, pour une fois qu’une des filles du palais ne l’insulte pas en permanence.

Alice agita les mains et termina par un geste grossier, ce qui était une façon comme une autre de l’envoyer brûlé en enfer. Il se contenta de rire avant de sortir et de discuter avec ses acolytes. Ils jetèrent un coup d’œil aux trois amis et sourirent.
La vente commença, et, bien qu’Eragon eut voulu tuer les marchands d’esclaves, ils durent regarder impuissant les malheureux enfermés passer sur l’estrade comme de la marchandise pour atterrir entre les mains des clients avides. Ils repérèrent bien vite l’acheteur du gouverneur. Lorsque ce fut leur tour, le marchand lança :

- Voici notre prochain article, un lot de trois esclaves tout frais de ce matin. Ils sont triplés, ce qui leur donne plus de valeur. Regardez-moi ces deux gaillards, ils peuvent accomplirent toute sorte de tâche difficile et leur sœur doit avoir de l’énergie à revendre en tant que concubine. De plus, elle ne risque pas de protester, elle est muette, mais pas sourde, ce qui ajoute à sa valeur. Nous commencerons donc les enchères à deux cent Couronnes.

Les acheteurs regardèrent les trois enfants qui se tenaient droit et les regardaient avec défis, ils avaient un caractère bien trempé. Et il était évident qu’Efrit et Vlad étaient suffisamment robuste pour porter de lourdes charges, même si Vlad était assez pâle pour faire fuir un mort. Les prix se succédèrent à la volée, mais le gouverneur les acheta pour deux milles Couronnes, ce dont les trois amis n’étaient pas peu fiers.
Ils descendirent, les mains enchaînées et leur acheteur les fit monter dans une charrette en observant intensément Lilo. Il dit :

- Vous avez de la chance les gars, je ne vous ai pris que parce que vous allez avec la fille.
- Elle s’appelle Lilo, grogna Vlad.

Il reçut pour cela un coup de bâton et l’homme dit :

- Première règle, on ne répond pas et on ne parle que quand on y est invité.

Il fit un signe à un garde et ce dernier surveilla les trois enfants pendant que l’acheteur observait les autres articles. Il acheta encore deux filles qui s’effondrèrent dans la charrette à côté des trois amis. Elles semblaient épuisées et leurs vêtements démontraient de nombreuses maltraitances. Elles devaient être esclaves depuis longtemps. La charrette se mit en route et ils entrèrent dans le palais sous les murmures des gardes qui lorgnaient les filles. Il était évident que celles qui ne plaisaient pas au gouverneur finissaient dans le lit des soldats.
L’acheteur les fit descendre et les emmena dans la salle de réception où le gouverneur attendait avec quelques nobles et des esclaves d’attachées à son trône par des chaînes. Dras Leona était la pire ville dans laquelle Efrit avait mis les pieds. Marcus Tabor se leva et dit :

- Que nous ramènes-tu là Jack ?
- Trois concubines et deux esclaves. Les trois gamins étaient vendus en lot, mais je me suis dit que la fille pourrait vous plaire.

Le gouverneur descendit de son estrade et observa chacun d’entre eux. Il s’arrêta pour regarder leur dentition et leur force physique. Il grimaça devant les dents pointues de Vlad, mais ne fit aucun commentaire. Lorsqu’il arriva devant Lilo, il l’observa avec un sourire.

- Tu es un peu jeune mais je suis certains que tu feras une bonne partenaire de jeux.
- De plus, ajouta Jack. Elle ne risque pas de vous répondre et de protester, elle est muette.
- Je vois, elle me plait. Les deux autres, donnes-les aux soldats.
- Bien. Et les garçons ?
- Envois-les aux cuisines, on leur trouvera bien une occupation.

Jack s’inclina et fit signe à deux gardes qui emmenèrent les deux autres filles. Il tira ensuite sur les chaîne d’Efrit et Vlad, mais ils ne bougèrent pas. Lilo agita les mains avec frénésie et ils lui répondirent. Le gouverneur demanda :

- Qu’est-ce que vous faîtes tous les trois ?
- Ils faisaient ça lorsque je les ai fait monter dans la charrette.
- Le langage des muets, j’en avais entendu parler. Laisse les garçons ici. Je sais déjà comment les occuper. J’ai bien besoin de nouveaux valets.

Les trois enfants se regardèrent et Vlad dit :

{Au moins, nous sommes ensemble.}
{Oui, mais ça ne va pas être facile de lui échapper.} dit Lilo.
{Ne t’inquiète pas, nous ne le laisserons jamais te faire de mal.} promit Efrit.

Vlad approuva avec un hochement de tête et elle sourit, elle savait se défendre, mais ça la rassurait d’avoir ses amis avec elle. Le gouverneur les emmena et prit les chaînes attachées à son trône. Il conduisit tous ses esclaves dans une grande chambre à coucher avec un lit où pouvaient dormir plus de cinq personnes. Il défie les menottes leur entravant les poignets et voulu déshabiller Lilo pour voir comment elle était faite, mais Vlad s’interposa en montrant les dents. Ses deux canines disaient clairement qu’il était capable de le mordre. Il dit :

- Ne l’approche pas.
- La ferme, dit le gouverneur en lui assenant une claque. Tu n’es pas autorisé à parler. Pour la peine, tu n’auras pas à manger ce soir.

Vlad eut un sourire ironique, il pouvait se nourrir comme il voulait, et facilement. Il lui suffisait de planter ses dents dans la chair tendre du cou du gouverneur, tout serait réglé. Mais Efrit posa une main sur son épaule et lui murmura :

- Vlad, on ne doit pas s’attirer d’ennui.
- Et tu le laisserais toucher Lilo ?
- Non.

La jeune fille se plaça derrière ses frères et ces derniers observèrent le gouverneur avec un air féroce. Ce dernier rit et dit :

- Eh bien, en voilà des petites teignes ! Vous deux, allez voir les autres filles, je vous laisse vous amuser avec. Toi, dit-il en fixant Lilo, tu viens avec moi.

Elle secoua la tête et jeta un coup d’œil à ses frères, mais ils n’avaient pas d’arme, juste de la magie. Efrit soupira et usa de sa puissance mentale qu’il lia à celle de ses deux amis, et ensemble ils forcèrent le gouverneur à les laisser sans que celui-ci ne le remarque. Il envoya certains esclaves aux cuisines et d’autres faires le ménage. Efrit et Vlad durent le suivre et pourvoir à ses besoins directs. Ils travaillèrent dur jusqu’au soir. Le gouverneur se choisit trois filles et envoya les autres sur une grande natte commune dans la pièce d’à côté qui n’avait qu’une petite fenêtre, trop haute pour qu’ils puissent l’atteindre et s’échapper.
Efrit, Lilo et Vlad attendirent que tout le monde soit endormi. Ils se levèrent en silence et enfilèrent leurs masques. Ils sortirent et se rendirent à la cathédrale, les premières personnes à assassiner étaient les prêtres qui étaient aussi magiciens. Ils s’en occupèrent toute la nuit, usant de discrétion et de magie. Ils retournèrent dans la chambre peu avant l’aube et se couchèrent comme s’il ne s’était rien passé.
Ils furent réveillés plus tard par les coups de pieds du seigneur des lieux. Efrit et Vlad devaient le suivre comme des chiens et pourvoir aux moindres de ses désirs pendant que Lilo restait à l’intérieur de la chambre avec les autres et apprenait à bien se tenir.
La journée se passa vite, même si la disparition de tous les prêtres jeta le trouble dans la ville. Personne ne savait où ils étaient passés et aucune trace d’agression n’étaient visible. Ils s’étaient tous simplement évanouis dans la nature.
Trois jours passèrent avant qu’ils ne sortent de nouveau pour assassiner les plus hauts dirigeants et certains commandants. Le lendemain, personne ne savait ce qui s’était passé. Ils avaient réussis à faire en sorte que Lilo ne soit pas touchée, soit en faisant croire mentalement aux autres qu’elle était passée dans le lit du gouverneur, soit en usant de leur force mentale pour le repousser.
Lors de la journée précédent leur troisième sortie, Vlad s’effondra dans un couloir alors qu’Efrit et lui se rendait à la chambre du gouverneur. Efrit l’aida à se relever et lui demanda :

- Qu’est-ce qui se passe ?
- Ça fait des jours que je n’ai rien mangé. Je ne peux même pas aller chasser.

Efrit regarda autour de lui et vit une porte un peu plus loin, il emmena Vlad à la porte et regarda sur quoi elle ouvrait, c’était un débarras. Il l’emmena à l’intérieur avant de s’asseoir et de remonter sa manche sur son bras. Vlad comprit et dit :

- Il en est hors de question ! Tu es déjà assez faible comme ça.
- Ne discute pas et bois, tu en a plus besoin que moi. Il faut que tu sois opérationnel pour protéger Lilo. Tu risques de mourir si tu ne te nourris pas.
- Il y a forcément un autre moyen.
- Pas pour le moment, tu l’as dit toi-même tu ne peux pas aller chasser. Bois.

Il le regarda et jeta un coup d’œil au bras qu’il lui tendait. Il avait tellement faim. Il murmura :

- Désolé.

Puis il mordit dans la veine. Efrit grogna de douleur et se crispa avant de se forcer à se détendre et de penser à autre chose. Il sortit de sous sa chemise le Fairth représentant Arya, il l’aidait à tenir bon. Même s’il ne pouvait être avec elle, il l’aimait plus que tout au monde et ne l’oublierait jamais. Il rangea le Fairth et se concentra sur sa respiration. Mais alors qu’ils étaient là depuis quelques secondes, un jeune serviteur entra pour poser le balai et le seau qu’il avait à la main. Il vit les deux garçons et ouvrit de grands yeux, il n’eut cependant pas le temps de parler, ils l’avaient déjà immobilisé et réduit au silence en lui tordant la nuque. Ils le cachèrent dans le réduit et fermèrent la porte avec un sort. La blessure au bras d’Efrit était déjà guérie grâce à sa capacité d’auto régénération. Vlad but le sang du serviteur et transmit son énergie en trop à efrit afin que ce dernier retrouve sa forme. Ils firent ensuite disparaitre les trace de leur méfait et sortir après avoir vérifié que la voie été libre. Ils retournèrent dans la chambre et rejoignirent Lilo qui tressait une natte avec les autres servantes. Ils s’assirent et se mirent au travail en silence. D’un accord tacite, ils avaient décidé de ne pas lui parler de ce qu’ils venaient de faire.
La nuit suivante, ce furent les vendeurs d’esclave et quelques hommes de la garnison d’une caserne qui disparurent sans laisser de trace. Cela devenait vraiment inquiétant et des recherches étaient effectuées dans la ville entière pour trouver une raison à ces disparitions. Mais personne n’avait rien vu ou entendu, c’était des professionnels qui avaient fait le coup.
Le gouverneur se mit à soupçonner les Vardens d’avoir envoyé un assassin mais il y avait des nouveaux venus par centaine dans la ville. Il était impossible de savoir qui était responsable des événements. Tabor se contenta donc de placer un couvre-feu et de doubler les patrouilles. Il ne prenait même plus le temps de s’amuser avec ses esclaves, il devait éviter que le roi n’ait vent des récents événements ou alors ce dernier enverrait son chien.
Toutes les trois nuits, ils allaient faire disparaitre certaines personnes. Ils ne se faisaient pas attraper, passant par la voie des airs pour aller d’un point à un autre. Efrit eut bien une crise de douleur et Vlad dû se nourrir encore une fois sur lui, mais ils se débrouillaient bien.
Deux mois après leur arrivée, les tambours annoncèrent l’arrivée des Vardens et ils pouvaient voir leur camp se dresser devant la citée. Le jour suivant, Murtagh arriva en ville afin de la défendre. Lorsqu’il vit les trois frères et sœurs, il les ignora et continua sa discussion avec le gouverneur, lui faisant passer le message de mécontentement de Galbatorix. Efrit l’observait du coin de l’œil tout en nettoyant la chambre. Son grand frère n’avait pas changé, si ce n’était la lueur de calme dans son regard. Il semblait s’être fait à sa condition et ne plus y prêter attention. Il faisait tout de même de la peine au jeune Dragonnier, mais il ne pouvait rien faire.
Rester au château devenait trop dangereux. Le soir après l’arrivée de Murtagh, ils se levèrent et sortirent. Ils récupérèrent leurs affaires et firent une dernière mission de nettoyage avant de s’envoler pour le camp Vardens. Ils avaient réussi à rassembler beaucoup d’information et avaient bien affaibli l’ennemi, la victoire était portée de main.
Lorsqu’ils atterrirent à côté de Saphira, les elfes postés pour la nuit sursautèrent et les arrêtèrent aussitôt. Ils furent conduits auprès de Nasuada qui travaillait tard sur des parchemins. Lorsqu’ils entrèrent, elle eut l’air surprise de les voir, elle les croyait partit pour toujours. Elle dit :

- Mais où étiez-vous passé tous les trois ?
- Juste en face dans la forteresse, répondit Eragon. On s’est fait passer pour trois esclaves, on a récolté des informations et éliminer presque toutes les défenses de la ville. Bon, il y a toujours Murtagh, mais on n’aura qu’à le renvoyer à Ilirea.
- Vous avez fait… Quoi ? Mais vous vous rendez compte des risques que vous avez pris ?
- Bien sûr, fit Jeffrey. Mais bon, ça nous donne plus de chance de victoire. Ils n’ont presque plus aucun magicien et la moitié de la garnison à disparue.
- Racontez-moi tout depuis le début.

Ils s’assirent et se mirent à raconter à tour de rôle ce qu’ils avaient fait lors de leur mission, en omettant de préciser l’âge, l’apparence et les noms qu’ils avaient utilisés pour la mission. Ils rapportèrent aussi les observations qu’ils avaient faites sur les défenses et donnèrent les informations qu’ils avaient récoltées. Nasuada les écouta d’un bout à l’autre avant de les congédier. Ils retournèrent à leur tente respective et se couchèrent.
Le lendemain matin, Eragon fut réveillé par l’un des elfes de sa garde. Il se rendit ensuite à la tente de commandement en rejoignant ses amis à mi-chemin. Les Vardens les regardaient avec étonnement, ils avaient disparu depuis si longtemps et maintenant ils se promenaient dans le camp comme si de rien n’était. Lorsqu’ils entrèrent, ils virent que seules Arya et Islanzadì étaient présentes en plus de Nasuada. Ils les saluèrent comme si de rien n’était et s’assirent sur les chaises restantes. Après avoir reçu un savon mémorial sur leur fugue (chose dont ils avaient l’habitude avec Trainer à force de partir en vadrouille), ils rapportèrent ce qu’ils avaient dit la veille à Nasuada. Islanzadì et Arya se mirent d’accord pour dire que c’était une énorme prise de risque inconsidérée et qu’ils auraient pu se faire capturer, mais ils s’en fichaient bien. Eragon répliqua :

- De toute façon, vous ne voyez que le côté négatif de la chose. Et ce n’est pas plus dangereux que de se suspendre par les pieds dans un lac infesté de piranhas.
- Ou aller voir un sorcier maudit, dit Nasuada.
- Tu sais que c’est parce que vous m’avez forcé à vous avouer mon problème que nous sommes partie ? On pourrait très bien recommencer que personne ne pourrait rien y faire.
- C’est une menace ?
- Non, juste de la prévention.
- En parlant de ça, dit Islanzadì. Tu nous as mentis concernant le remède à ton problème. Tu sais ce que c’est. Pourquoi ne pas vouloir nous le dire ?
- Parce que ça ne vous regarde pas. Est-ce que nous pourrions nous concentrer sur le siège à venir ?

Elles lui jetèrent un regard contrarié, mais il ne céda pas. Nasuada finit par convoquer l’état-major et ils mirent au point le plan de la prise de la ville.
Lorsque la réunion fut finie, Eragon retourna à sa tente pour dormir, Jeffrey partie chasser et Alice se rendit chez Angela pour discuter avec elle.
Le lendemain, les Vardens étaient prêts pour le siège. Ils se rassemblèrent dans la plaine entre leur camp et la ville. Le soleil se levait lorsqu’ils partirent à l’assaut des murailles en usant du même procédé que pour Belatona, mais cette fois, ils avaient un ennemi bien plus puissant à l’intérieur des murs de la ville.
Murtagh et Thorn s’élevèrent rapidement dans les airs et partirent à la rencontre de Saphira et d’Eragon ce dernier était vêtu de son armure et avait Brisingr à la main. Ils s’affrontèrent d’abord dans les airs, puis ils durent atterrirent à cause d’un faux mouvement de Thorn qui avait permis à Saphira de lui déchirer une aile. Eragon et Murtagh sautèrent au sol et se firent face après que le Dragonnier rouge eut soigné son dragon. L’aîné lança :

- Tu disparais pendant un an et revient comme si de rien n’était ! Mais où étais-tu ?
- Quelque part. J’ai juste finis ma formation. Au fait, où en es-tu avec le changement de ton vrai nom ?
- Ne me fis pas rire, comme si ça t’intéressait.
- Je ne rigole pas. Je veux vraiment te voir libre grand frère, dit-il en ancien langage.

Murtagh ouvrit de grands yeux, il avait bien dit « grand frère ». Il murmura :

- Je croyais que tu reniais tout lien de parenté entre nous.
- Ba, qu’importent les origines, c’est ce qu’on fait qui détermine ce que l’on est. Tu es mon frère, et je veux t’aider, mais tu sembles avoir renoncé à ta liberté.
- Tu ne connais pas Galbatorix Eragon. Il est très persuasif, j’ai finis par accepter ma condition. Ne me tente plus vers un chemin dont l’accès m’est barré.

Eragon se tue, Murtagh semblait vraiment triste et vouloir être aider. Mais l’aîné se contenta de demander :

- C’est Nasuada qui a envoyé des assassins dans la ville ?
- Non, dit Eragon en riant. Elle n’était même pas au courant. Gust, Blue et moi on s’est bien fait engueuler en rentrant.
- C’était toi, s’étonna le Dragonnier rouge.
- Tu n’as pas aperçu les triplés dans la chambre du gouverneur ? Tu sais, les trois gamins blonds aux yeux bleus.
- C’était vous !
- Eh oui.

Eragon sourit avant de se mettre en garde, Murtagh comprit que la discussion était terminée. Ils engagèrent le combat, épée bleue contre épée rouge. Eragon usa d’abord de sa technique droite, poussant Murtagh à se retrancher de plus en plus. Il ne faisait pas attention aux attaques mentales de son frère et relia son esprit à ceux de Jeffrey et Alice qui se trouvaient non loin de là, assez près pour pouvoir intervenir en cas de problème. Ils le soutinrent et ensemble, ils attaquèrent l’esprit de Murtagh. Ses défenses volèrent en éclat et ils l’immobilisèrent sans trop de problème. Jeffrey se chargea de le séparer de ses Eldunarì pendant qu’Alice le maintenait figer. Eragon se rapprocha et l’endormit d’un sort. Il l’attacha ensuite et le posa contre un arbre. Thorn avait senti que quelque chose se tramait et atterrit dès que Saphira le lui permit. Eragon lui lança :

- Prends-le et part.

Puis, il se détourna et rejoignit Saphira qui avait atterrit. Thorn s’approcha de son Dragonnier et le saisit par le col de sa chemise avant de le placer sur sa selle. Il s’envola. Il ne pouvait rien faire contre la grande dragonne et le pouvoir du frère de son Dragonnier avait beaucoup grandi, ils n’étaient pas de taille.
Eragon s’effondra contre un arbre, il avait réussi à résister le temps de le renvoyer, mais là il n’en pouvait plus. La crise débuta. Jeffrey et Alice se placèrent à ses côtés et le surveillèrent, il était à peine conscient. C’était l’une des crises les plus violentes qu’il avait eu.
Ils attendaient depuis près d’une demi-heure, le siège était terminé, le silence était revenu, mais il gémissait toujours, à mi-chemin entre l’inconscience et la lucidité. Il n’avait plus de sérum, il devait faire face à la douleur, ce qu’il n’avait pas fait depuis bien longtemps. Son esprit n’était même pas accessible par Saphira. Arya arriva alors et les trouva ainsi, Jeffrey et Alice assit dans l’herbe à côté d’Eragon, effondré contre un arbre et tremblant de douleur. Ils lui jetèrent un coup d’œil avant de regarder de nouveau leur ami. La princesse était triste de le voir dans cet état, elle n’avait eu qu’un aperçu de ses crises l’autre jour, elle devina qu’elle voyait la vraie douleur, celle non altérée par le sérum.
Il lui fallut une heure de plus pour arrêter de trembler et s’endormir. Jeffrey et Alice le transportèrent doucement jusqu’à Saphira et le placèrent sur son dos avant de se transformer et de les accompagner à la tente du jeune homme. Arya rejoignit le camp à pied. Elle se demandait comment il pouvait survivre à ça. Elle se sentait aussi coupable, elle pouvait mettre fin à cette souffrance, mais elle se le refusait. Elle avait peur, elle devait se l’avouer, peur de sa réaction et de celle de son peuple.
Eragon ne se réveilla que tôt dans la nuit et resta immobile dans le noir à ruminer ses pensées. Il ne pouvait plus tenir, il fallait qu’il mette fin à ce calvaire, mais les deux solutions qu’il voyait étaient inenvisageables. Il ne pouvait se donner la mort sans mettre en danger d’autres personnes et Arya refuserait toujours de sortir avec lui, il n’y avait rien à faire. Il sentit des larmes couler sur ses joues et laissa enfin libre court à son chagrin, se repliant sur lui-même. Il resta ainsi durant un long moment, jusqu’à s’endormir.
Il ne se réveilla que quelques heures plus tard, il se détendit et fixa le plafond, le soleil n’était pas encore levé. Il rumina longtemps encore, mais il ne parvenait plus à pleurer, il s’était déjà vidé. Il soupira et s’assit avant d’enfilé une chemise et de jeter le sort d’illusion pour prendre l’identité d’Efrit. Il prit quelques affaires dans un sac et le passa dans son dos. Il sortit sans se faire remarquer et partit au bord du lac. Il ne parvenait pas à dormir et n’arrivait pas non plus à se calmer. Il s’assit contre un arbre, posa son sac à côté de lui et observa les ombres sur l’eau et les étoiles s’y reflétant. La nuit était claire, pas un seul nuage n’encombrait le ciel. L’eau était calme et semblable à un miroir reflétant les montagnes et le croissant de lune. Il avait envie de garder cet instant pour toujours. Il sortit de se sac une plaque de schiste et prononça quelque mots. Le paysage se peignit avec un réalisme étonnant sur la plaque. Il sourit à son travail et le posa à côté de lui.
Il resta là durant quelques heures, la nuit se poursuivait. Il était enfin apaisé et plus calme. Il entendit des pas derrière lui et se retourna, mais il n’y avait personne. Il soupira avant de regarder de nouveau le lac, il avait dû rêver. Il ferma les yeux et laissa la brise lui caresser le visage et faire ondulé ses cheveux blonds. Il sentit aussi une odeur douce et enivrante d’épine de pin. Il chercha des yeux et vit l’elfe qui l’observait, appuyée contre un arbre. Il se releva et fit semblant d’être surprit et d’avoir peur, comme tout enfant de son âge qui rencontre une personne de nuit dans un endroit où il n’est pas censé être. L’elfe murmura :

- Inutile de jouer la comédie, je sais qui tu es.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Eragon, ton esprit est trop bien protégé pour être celui d’un gamin. Tu peux tromper les autres, mais pas moi.

Le jeune homme soupira avant de se rasseoir et de continuer à observer les étoiles. Arya demanda :

- Qu’est-ce que tu fais dehors ? Tu devrais te reposer.
- Je n’arrive pas à dormir. Et toi ?

L’elfe vint s’asseoir à côté de lui et il fit l’effort de reprendre sa vraie apparence. Il était juste vêtu d’une chemise et d’un pantalon noir léger. Il ne portait aucune arme et était pieds nus, ce qui n’était pas le mieux pour sortir en pleine nuit. Elle dit :

- Pour la même raison. Je ne pensais pas te trouver ici.
- Je voulais m’isoler un peu. Le lac me rappelle le mont Fatah, c’est le seul endroit où il n’y a aucune créature pour t’attaquer et le lac qui se trouve dans son cratère est immense. C’est vraiment un lieu magnifique et tranquille.
- Alors pourquoi ne pas en avoir fait un Fairth ?
- Je n’y suis allé qu’une fois, et à ce moment j’étais encore médiocre dans cette discipline. Il faut traverser la moitié du pays pour y arriver et cela prend deux semaines à pieds et une en vol. Je devais me concentrer sur ma formation, mais un jour, j’y retournerais.
- Qu’entends-tu par-là ?
- Je n’ai plus que deux ou trois ans à vivre Arya, et j’en ai assez de ce pays. Si je suis revenue, c’est simplement pour vous aider à gagner la guerre, dans un an, dès qu’il y aura de nouveaux Dragonniers, je partirais. Je vais juste couper les ponts et essayer de me refaire là où j’ai une place et où on me considère comme une personne normale et non comme une arme ou autre.
- Quitter l’Alagaësia pour ne plus y revenir, murmura Arya.
- Oui. Angela l’avait prédit de toute manière. Comme elle savait que Brom mourrait et que Murtagh me trahirait. Au début, l’idée de devoir partir me faisait peur, mais maintenant que j’ai vu le pays Khajiit, j’ai hâte de m’en aller.
- Mais le danger y règne en permanence. Tu manques de mourir trois fois par mois et tu te fais maudire. Qu’est-ce que tu aimes là-dedans ?
- La liberté et mes amis. J’ai enfin trouvé ma place, un endroit où l’on m’accepte. Qu’importe les dangers, on les surmonte ensemble et on en rit après autour d’un feu de camp. La vie là-bas est simple, il n’y a pas de guerre. Lorsqu’il y a un différent, on dit que c’est l’heure du repas des piranhas car la plupart du temps, certaines personnes en désaccord avec d’autres disparaissent étrangement. Il y a toute sorte de peuple, tous sont intelligents et ont leur propre culture. Les Trolls, les Gnomes, les Gobelins, ils peuvent tous se montrer très civilisé quand ils le veulent. Je pourrais te parler des merveilles de ce pays durant des heures que ce ne serait jamais assez. Il faut vraiment le voir et y vivre pour comprendre l’amour que lui porte son peuple.

Il se tourna vers elle avec un sourire sur le visage. Elle ne le comprenait pas vraiment, mais il devait avoir raison sur sa dernière déclaration, peut-être fallait-il y vivre pour y rester. Elle ne voulait pas qu’il parte, il lui fallait sa présence à ses côtés, mais il avait déjà arrêté sa décision. Elle devina que par « couper les ponts » il voulait dire essayer de l’oublier, elle. Elle savait quel était le seul moyen de le sauver, et lui aussi. Il voulait donc l’oublier pour aimer une autre personne et être ainsi sauvé. Mais il n’y arrivait pas en étant en Alagaësia. Elle était partagée entre l’envie de lui dire la vérité et sa raison qui lui disait que c’était une mauvaise idée. Eragon détourna les yeux et reporta son attention sur le lac. Il murmura :

- Ne parle de ça à personne s’il te plait. Si Nasuada apprend mon projet, elle m’empêchera de le réaliser qu’importe comment.
- Il n’y a pas qu’elle qui refusera de te laisser partir. Tu comptes pour beaucoup de monde.
- Roran et Katrina vivent mieux sans moi, Murtagh ne semble pas vouloir me pardonner ma chance insolente et ce sont les seuls membres de ma famille à être encore vivant.
- Oui, mais tu as des amis je te signal.
- À part toi, Orik et Angela, je ne vois pas beaucoup de vrais amis dans mon entourage. Et vous avez vécu longtemps sans moi, je ne vois pas en quoi ça vous dérangerait de continuer.

Elle le regarda dans les yeux, il ne semblait pas convaincu par ce qu’il disait, mais il ne voulait pas partir avec des regrets. Il détourna les yeux et soupira. Il ajouta :

- Je ne pense pas manquer à beaucoup de monde.
- Ce n’est pas vrai, murmura Arya. Il y a moi, tu es mon ami.
- Je ne peux plus supporter d’être auprès de toi sans être avec toi. C’est la vérité, tu le sais. Alors pourquoi t’acharnes-tu à me faire du mal ?
- Eragon, fit-elle. S’il te plait, ne parle pas de ça.
- Et pourquoi ?

Il se tourna vers elle et ajouta d’une voix calme :

- Je t’aime, c’est la vérité, je t’aime plus que tout au monde et je ne parviendrais jamais à t’oublier, quelques soient les efforts que je déploie.

Elle ne répondit pas. Il lui disait clairement ce qu’il ressentait, elle n’arrivait pas à croire qu’il en ait eu l’audace. Lui non plus n’en revenait pas de ce qu’il venait de faire. Mais il ne détourna pas les yeux, les plongeant toujours plus profondément dans ceux émeraude de l’elfe. Il sonda les alentours et ne trouva personne pour les voir ou les entendre, ce qui le rassura. Il attendit une réaction, mais elle ne disait rien, se contentant de l’observer. Il se rapprocha, mais elle ne fuyait pas, n’essayait même pas. Il posa sa main sur la joue chaude de l’elfe et elle ne réagit pas. Leurs yeux étaient toujours plongés les uns dans les autres. Elle avait conscience de ce qui se passait et voulait tout arrêter avant qu’il ne soit trop tard, mais une chose défiant toute sa logique l’empêcha de bouger lorsqu’il s’approcha encore et posa doucement ses lèvres sur les siennes. Elle se surprit même à apprécier le baiser et à poser sa main dans la nuque du jeune homme. Cela la surprenait autant que ça surprenait le jeune homme. Mais il ne se posa pas de question, se contentant de l’embrasser avec douceur.
Il sentit une chaleur se répandre dans son corps et son cœur battre la chamade alors qu’il continuait d’embrasser sa belle. Il ne savait pas comment il en était arrivé là, et à vrai dire il s’en fichait. Tout ce qu’il savait c’était qu’elle lui répondait et qu’elle partageait ses sentiments. Et cela lui suffisait.
Ils se séparèrent finalement et il murmura :

- Je crois que je vais changer mes plans.

Elle ne put s’empêcher de sourire, amusée. Elle lui répondit :

- Ne parle pas de ça à ma mère, s’il te plait. Elle n’acceptera jamais que je sois avec toi.
- Comme tu veux.

Il sourit avant de s’appuyer à son arbre, elle se rapprocha et posa sa tête sur son épaule. Il passa un bras autour de sa taille et ils restèrent ainsi. Le jeune homme porta sa main à son cœur, il savait que la marque avait disparue. Il était guéri. Il murmura :

- Tu avais raison, je connaissais le moyen de me guérir.
- Moi aussi. J’ai surpris l’une de tes crises lorsqu’on allait à Belatona et tes amis m’ont tout raconté.
- Pourquoi ne pas m’avoir dénoncé ?
- Parce que cette affaire te regardait. Mais il vaudrait mieux éviter de montrer que tu vas mieux, ma mère pourrait se demander comment tu as fait pour guérir.
- Que ferait-elle si elle savait pour nous ?
- Elle serait capable de me renvoyer à Ellesméra et de t’en interdire l’accès à vie.
- À ce point ! s’étonna-t-il.
- Oui.

Il soupira et le silence reprit sa place entre eux. Mais le soleil n’allait pas tarder à se lever et il ne fallait pas qu’on les trouve ici. Eragon se dégagea de l’elfe et se leva. Il récupéra son sac, mais un livre en tomba et s’ouvrit sur le sol. Il voulut le récupérer, mais Arya avait été plus rapide. Elle regarda le contenu du livre. Sur la page de gauche, il y avait une partition et sur celle de droite une chanson. Elle tourna les pages, mais à chaque fois c’était le même schéma. Le plus étrange, c’était que c’était Eragon qui avait écrit ces pages, elle connaissait son écriture. Elle le regarda avec étonnement et le vit rougir à la lueur du soleil levant. Elle dit, pour le taquiner :

- Je ne savais pas que tu étais mélomane.
- Je ne le suis pas. Ce sont juste des chansons elfiques, naines, urgals, humaines, khajiit, trolles, et d’autres peuples que j’ai recopiées.
- Il y en a combien ?
- Quelques pages. Trois cents peut-être.

Il reprit son livre et y jeta un coup d’œil. Arya ajouta, réellement curieuse cette fois :

- Tu les chante ?

Il rougi encore plus, répondant à sa question. Il chantait effectivement souvent avec ses amis lors de son séjour chez les Khajiit. Leur trio était souvent demandé lors des fêtes de solstice ou d’anniversaire ou encore celle célébrant la nouvelle année. Mais ils s’étaient mis d’accord pour éviter cela en Alagaësia. Il se hâta de ranger son livre et de dire :

- On devrait retourner à nos tentes, on pourrait se demander où nous sommes passés.
- Tu as raison.

Elle se leva et ils se remirent en route. Une fois en vue du camp, ils se séparèrent et Eragon mit son masque. Arya dit, juste avant qu’il ne se transforme :

- Je t’aime.
- Moi aussi je t’aime Arya.

Il se transforma et décolla en direction du camp. Arya aurait juré que ses plumes brillaient plus qu’avant et que sa vitesse avait augmentée. Elle haussa les épaules et retourna au camp sans se faire remarquer. Lorsqu’elle fut sus sa tente, elle ne put s’empêcher de se passer la langue sur les lèvres, goûtant encore au goût de celles d’Eragon qui subsistait après le baiser qu’il lui avait volé.
Elle s’allongea et réfléchit aux conséquences qu’aurait leur acte. Elle ne regrettait pas que le jeune homme ait pris l’initiative de l’embrasser, elle avait besoin de ça pour se décider. Elle redoutait surtout la colère de sa mère. Mais elle n’eut pas le temps d’échafauder de plan ou de prévoir quoi que ce soit, le miroir de communication présent dans sa tente s’activa et la reine des elfes apparut. Elles firent le salut elfique et Islanzadì dit :

- Je voulais te prévenir que nous avions pris la ville de Bullridge hier soir.
- C’est une bonne nouvelle effectivement, dit l’elfe d’un ton neutre. Que comptez-vous faire maintenant ?
- Avec Nasuada, nous avons décidé de nous retrouver à Dras Leona, mais le voyage prendra bien trois semaines.
- Nous pourrons ainsi refaire nos forces, dit Arya. Le temps que vous arriviez, il y aura sûrement des nouvelles recrues et des provisions en provenance de Freedom.
- Oui. Nous partons ce matin, donc je ne serais pas en mesure de suivre les réunions, je veux que tu me fasses un rapport complet tous les soirs.
- Bien, je le ferais.
- C’est tout. Je dois y aller, à ce soir.
- Au revoir mère.

La reine hocha la tête avant d’annuler le sort de communication. Arya soupira, elle allait devoir prévenir Eragon, qu’il ne la rejoigne pas trop tôt dans la soirée. Elle se leva, se lava et s’habilla avant de sortir et de se rendre à la tente de commandement pour la première réunion du matin. Évidemment, Eragon séchait encore. Nasuada fut à peine irritée, elle avait maintenant l’habitude de voir Saphira à la place du jeune homme aux réunions du matin.
Eragon repartit se coucher et réussit à s’endormir avec un sourire sur les lèvres, il allait beaucoup mieux après cette petite balade. Il avait eu raison de penser qu’elle lui ferait du bien. Toutes ses idées noires étaient parties, faisant place à un calme et une joie débordante.
Il n’eut cependant pas le loisir de faire autant la grasse matinée qu’il le voulait, il fut réveillé par un seau d’eau qu’on lui lançait à la tête, manquant de le noyer au passage. Il se redressa en crachant de l’eau et entendit deux rires qu’il connaissait bien. Il se jeta sur l’une des deux personnes présentes et ils se battirent tous les trois sous la tente. Jeffrey finit par lancer :

- Je vois que tu as repris du poil de la bête. Peut-être qu’un petit baisser y a été pour quelque chose.

Eragon s’écarta d’eux et répliqua :

{Je ne vois pas de quoi tu parles.}
{Ah oui.} fit Alice {C’est vrai, il ne faut pas que les elfes aient vent du fait que tu aies galoché leur princesse.}
{Vous m’espionnez !} s’insurgea le jeune Dragonnier.
{On s’inquiétait de te voir partir seul donc on s’est dit que tu allais tenter de faire n’importe quoi. Mais tu as faillis nous attraper en sondant le coin.}
- Je vais vous tuer.

Ils repartirent de plus belle dans une bagarre amicale. Mais ils s’arrêtèrent bien vite et sortir. Ils avaient du temps à rattraper, et comme Eragon ne devait montrer aucun signe de guérison, ils prirent l’apparence des triplés pour jouer en ville. Ils passèrent la matinée à s’amuser et à faire tout ce qu’ils n’avaient pu faire jusque-là. Ils passèrent aussi par le palais et prétendirent s’être enfuit pour ne plus être esclave lorsque les autres serviteurs les interrogèrent. Ils s’amusèrent à jouer des tours aux nobles et à en voler la plupart. Efrit pouvait voler le pantalon que portait une personne sans que cette dernière ne le remarque, ce qu’il ne manqua pas de faire à un noble qui lui avait manqué de respect, ce dernier se retrouvant cul-nu devant la cour entière en ne s’en rendant compte qu’aux rires des nobles. Ils parcoururent les rues de la ville et s’arrêtèrent à midi dans une auberge où ils chantèrent une chanson populaire d’Alagaësia sous les applaudissements des clients.
Mais Eragon se devait d’assister aux réunions de l’après-midi, il laissa donc ses deux compères et rejoignit sa tente pour se changer. Il arriva à la tente de commandement en même temps qu’Arya, mais ils ne montrèrent aucun signe évocateur des événements de la nuit. Saphira lui fit un rapide résumer tout en le charriant sur sa nouvelle relation avec Arya, ce que n’avaient pas manqué de faire ses deux amis bien avant la dragonne dont il s’était coupé volontairement. Il suivit les réunions sans broncher et participa de temps à autre.
Le soir venu, il avait déménager dans la forteresse avec le reste de l’état-major. Il patienta jusqu’à ce qu’un esprit effleure le sien, la voie était libre. Il sortit de sa chambre et se rendit dans celle de l’elfe. Dès qu’il entra, il la trouva en trains de l’attendre tout en lisant un rapport. Elle leva les yeux lorsqu’il entra et lui sourit. Il se rapprocha, elle se leva et leurs lèvres se joignirent de nouveau. Ils restèrent seuls un moment, discutant et s’embrasant avec bonne humeur. Mais il se faisait tard et la lune montait rapidement dans le ciel. Eragon retourna à sa chambre et se coucha, se coupant de Saphira pour éviter ses remarques.
Le lendemain et les jours qui suivirent se firent sur ce schéma, les deux amants se voyaient furtivement dans leurs temps libres, Eragon passait ses matinées avec ses amis à se faire passer pour un serviteur et à chanter des comptines et des chants de diverses origines, l’après-midi, il participait aux réunions sans trop de conviction. Ils s’étaient tant et si bien fait connaître sous les noms d’Efrit, Vlad et Lilo que des nobles commencèrent à parler d’eux et de leurs chansons. Arya devina bien vite qu’il s’agissait du jeune homme et de ses amis et ne manqua pas de le taquiner sur le sujet.
Deux semaines se passèrent sans d’événement notable, à part quelque attaques de l’Empire sur la colonne elfe et le retour de l’Ombre que Jeffrey avait mal tué. Il s’occupa de rectifier son erreur et l’affaire fut close. Nasuada avait décidé d’offrir une fête dans la grande nef de la cathédrale désormais vide afin de faire plaisir aux Vardens. Tous ceux qui voulaient pouvaient venir. Le seul bémol était qu’elle avait demandé à ce que le trio chante lors de la fête, ce qui faisait que les trois amis devaient s’absenter. Ils réussirent tout de même à trouver un arrangement.
Le grand soir, les nobles et les soldats qui avaient pu se libérer et les habitants de la ville se rassemblèrent dans la grande nef, seul endroit assez grand pour rassembler autant de monde. Arya était présente bien entendu, elle voulait voir son Dragonnier chanter devant son public. Alors que les convives s’installaient autour des tables misent en place pour l’occasion, les trois enfants montèrent sur l’autel avec leurs instruments. Ils avaient caché la pâleur et les dents pointues de Vlad par une illusion afin qu’on ne le reconnaisse pas. Le silence se fit et ils s’assirent tous les trois avant d’accorder leur instruments. Ils commencèrent finalement par chanter : (parole d’Eragon en bleu et celle de Jeffrey en vert)

Je viens d’un tout petit village, si pourris qu’il n’a pas de nom.
J’ai échappé à un pillage, caché au milieu des cochons.
Couvert de lisier, sentant la mort, dignement, je me suis relevé
Et je suis parti vers le Nord, bien décidé à oublier.


J’avais à peine marché deux heures, j’entendis les tambours de guerre.
Soudain alarmé je pris peur, j’étais vraiment dans la galère.
De chaque côté deux armée, épées et boucliers levés,
Commencent les hostilités et moi j’étais dans la mêlée.


Je ne suis pas un magicien, j’ai jamais tué de dragon,
Si j’en suis là, c’est le destin qui m’a vraiment pris pour un con.

Laisser à l’orée et tremblant, seul survivant il fut soigné.
Le roi vraiment reconnaissant fit de lui un preux chevalier.
Levant à deux mains son épée pour lui jurer fidélité,
Par le poids il fut emporté et la tête du roi tranchée.


Je m’imaginais balançant sous le gibet sur la grande place,
Mais j’avais occis un tyran et on me fit roi à sa place
Bien au-delà de mes frontières, on chantait partout mes exploits
Si bien que mes autres confrères étaient à mort jaloux de moi.


Il n’était pas un magicien, n’a jamais tué de dragon
S’il en est là c’est le destin qui l’a vraiment pris pour un con.


Bien décidé à en finir avec ce terrible cauchemar,
Je convoquais tous les monarques pour leur dire que j’en avais marre.
Attablés autour d’un repas, j’abordais l’histoire des cochons,
Les rois qui se foutaient de moi rirent et s’étouffèrent pour de bon.


Mais qu’ai-je donc fait au destin pour qu’il s’acharne ainsi sur moi ?
Son rêve c’était d’être bon à rien, pas chevalier encore moins roi.
J’aurais voulu être paysan et puis, épouser une belle blonde.
Mais c’est plus possible maintenant, il est devenu maître du monde.
Ah que j’suis devenu maître du monde !

Il n’était pas un magicien, n’a jamais tué de dragons
S’il en est là, c’est le destin qui l’a vraiment pris pour un con.

(source : Naheulbeuk "Même pas mage")

Ils s’inclinèrent après cette première chanson sous les applaudissements des spectateurs, puis ils enchaînèrent avec d’autre, plus joyeuses et entraînantes. Arya observait attentivement Efrit, il semblait bien s’amuser à chanter comme cela avec ses amis. Elle devina qu’il n’aurait jamais osé faire ça sous sa vraie identité.
Alors qu’ils lançaient une cinquième chanson et que les plats arrivaient, Nasuada demanda à l’elfe :

- Tu n’aurais pas vu Eragon et ses amis ?
- Non. Il m’a dit hier qu’ils risquaient d’être en retard.
- Il n’a pas précisé pourquoi ?
- Non.

Nasuada soupira et injuria le dragonnier dans sa barbe avant de regarder de nouveau les triplés. Ils étaient très populaires et les enfants s’étaient tous assis devant leur scène improvisée afin d’être aux premières loges. Ils chantèrent encore durant un moment puis s’excusèrent et partirent dans la nuit. D’autres groupes prirent leur place, mais ce n’était pas la même chose.

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Fanfiction  -  Tome 4 de l'Héritage Empty Re: Fanfiction - Tome 4 de l'Héritage

Message par Invité Lun 30 Avr 2012 - 23:20

Arya attendait depuis quelques minutes en regardant l’entrée, lorsqu’elle sentit une présence juste derrière elle. Elle se retourna et vit le jeune homme. Elle dit :

- Mais par où es-tu entré ?
- Il y a une porte menant à une cour entourée d’un petit muré facile passer quand on peut voler, sourit-il.

Il s’assit et attrapa un plat avant de remplir son assiette. Il avait une faim de loup. Alice et Jeffrey le rejoignirent et ils mangèrent tranquillement, sauf Jeffrey qui buvait à sa gourde. Ils discutèrent durant un moment pendant que les morceaux se succédaient. Arya les complimenta pour leur music et taquina gentiment Eragon. Lorsque les slows arrivèrent, Jeffrey et Alice partirent danser, mais les deux elfes ne pouvaient se permettre de s’afficher en public. Ils restèrent donc assis à discuter, même s’ils étaient constamment interrompus par des personnes venues parler au jeune homme.
Finalement, il s’éclipsa en prétendant être fatigué, faisant au passage un clin d’œil à Arya. Nasuada lui parla à la sortie et il finit par s’éloigner dans la nuit. Arya partit un quart d’heure après lui et le rejoignit directement dans sa chambre. Il était en trains de se déshabiller pour se coucher. Lorsqu’il la vit, il lui sourit et dit :

- Super soirée non ?
- On peut dire ça, mais je préfère ton groupe aux autres. Je ne savais pas que tu savais si bien chanter.
- Moi non plus, jusqu’à ce que j’arrive chez les Khajiit et que Jeffrey et Alice insistes pour que je chante avec eux aux fêtes. Ils avaient dix ans à l’époque, je ne pouvais pas leur refuser.
- Vous êtes très populaire auprès des Vardens.
- J’ai cru comprendre ça.

Il sourit et se rapprocha d’elle avant de la prendre dans ses bras, il l’embrassa longtemps, jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus respirer. Elle lui sourit avant de lui rendre la pareille. Leurs échanges étaient de plus en plus bref et leur respiration s’accélérait dangereusement. Eragon parvint tout de même à murmurer des sorts pour les isoler et faire en sorte que personne ne les voit ou entende.
Le lendemain, il se réveilla avec la tête de la princesse sur son torse. Il sourit en la regardant dormir, elle était si paisible. Mais le soleil se levait et on remarquerait bientôt son absence, il la réveilla donc doucement et l’embrassa en guise de bonjour. Elle lui sourit et se blottie encore dans ses bras, mais ils savaient tous les deux qu’il fallait qu’elle parte. Ils se levèrent et se lavèrent avant que la princesse ne sorte de la chambre.
Le jeune homme prit l’apparence d’Efrit et parcourut les couloirs à la recherche de ses amis. Il croisait parfois des nobles qui le félicitaient sur sa performance de la veille. À chaque fois il rougissait en pensant à son autre performance, moins public celle-là.
Il trouva finalement ses deux amis dans les cuisines en trains de parler avec le cuisinier tout en faisant à manger, enfin seul Vlad parlait, Lilo étant supposément muette. Il les salua et ils se mirent au travaille tous les trois. Parfois on venait les complimenter sur leurs chansons et ils jouaient les modestes. Même Nasuada, lorsqu’elle passa devant à midi les complimenta, ce qui fit sourire malicieusement les trois amis, si elle savait…
L’après-midi se déroula bien, entre deux réunions Eragon parlait avec ses amis, qui ne manquèrent pas de le charrier sur sa performance de la veille dont ils avaient entendu parler par Saphira, cette dernière se joignant à eux pour embêter le jeune homme, il ne parvenait plus à se couper d’elle.
La dernière semaine avant l’arrivée des elfes se déroula dans le calme, même si maintenant les deux elfes dormaient ensembles. L’arrivée du peuple elfique se fit remarquée. Les trois longues colonnes étaient immenses mais leur camp fut rapidement sur pied grâce à leur magie. Une délégation humaine les accueilli et Arya dû de nouveau faire face directement à sa mère. Ils choisirent de e faire de réunion que le lendemain et de laisser les elfes se poser et se remettre des fatigues du voyage avant le banquet du soir qui se déroulera encore dans la cathédrale. Nasuada avait encore demandé les trois enfants et cette fois, ce sera plus difficile pour eux de jouer les deux rôles, ils refusèrent lorsqu’elle leur demanda. Mais les enfants qu’ils rencontrèrent plus tard dans la rue les firent changer d’avis.
Le soir venu, alors que les convives se rassemblaient dans la nef, pour la plupart des elfes, les trois musiciens se rassemblèrent sur l’estrade en masquant leurs esprits par de faibles esprits d’humains normaux. Lorsque tout le monde fut présent, ils commencèrent à chanter des chansons pour la pluparts elfiques, mais aussi de l’humain et deux autres de leur composition. Même les elfes durent reconnaître qu’ils étaient doués et les applaudissements retentissaient souvent dans la salle. Ils firent encore la chanson du roi au destin maudit, ce qui fit rire les enfants présent, ils l’adoraient et la connaissaient presque par cœur.
Ils s’en allèrent en milieu de soirée, au moment où les plats furent servis. Nasuada chercha des yeux Eragon, Jeffrey et Alice et les vit s’asseoir discrètement à la table où se trouvait Arya. Elle se demandait pourquoi ils étaient en retard cette fois, l’autre jour c’était parce qu’ils voulaient voler un peu et parce que Jeffrey devait se nourrir. Elle les observa durant un moment discuter avant de reporter son attention sur Islanzadì et la discussion qu’elles avaient entamée.
Lorsque la fête commença à durer, Eragon et ses amis partirent, bientôt suivit par plusieurs elfes, les enfants dont les parents durent se fâcher pour qu’ils partent et la plupart des humains. La salle se désertait au fur et à mesure, et bientôt, elle fut totalement vide.
Eragon retrouva Arya dans sa chambre tard dans la nuit, elle sursauta en le sentant passer ses bras autour de sa taille après s’être approché sans bruit. Elle se retourna et passa ses bras derrière le cou du jeune homme tout en l’embrassant tendrement. Il sourit et murmura :

- Est-ce que je peux rester cette nuit ?
- Ça dépend, qu’as-tu à m’offrir ?

Il sourit avant de l’embrasser et de passer ses mains sous la chemise de la jeune femme. Elle sourit et ferma la porte d’un mot avant de lancer les sorts habituels.
Le lendemain, Eragon se réveilla une heure avant l’aube et regarda l’elfe dormir dans ses bras durant quelques minutes avant de se lever sans faire de bruit et de s’habiller. Il embrassa Arya sur le front avant de sortir et de monter sur le toit pour observer le soleil se lever. Ses deux amis le rejoignirent et ils s’assirent tous les trois en silence sur le bord du toit, le regard tourné vers l’Est. Ils regardèrent le lever de soleil en silence, savourant ce calme avant la tempête de la journée. Ils restèrent assis même lorsqu’il fut levé.
Ils étaient tranquillement installés lorsqu’une personne toussota derrière eux. Ils se retournèrent et virent Vanir. Ce dernier dit :

- La reine Islanzadì et Dame Nasuada vous demande tous les trois dans une heure.
- D’accord, nous y serons, répondit Eragon.

Vanir hocha la tête avant de partir. Le jeune Dragonnier laissa ses amis pour aller se laver et changer de vêtements.
Lorsqu’ils arrivèrent à la salle de réunion, ils avaient tous les trois les vêtements qu’ils portaient en arrivant à Freedom. Ils ne trouvèrent dans le bureau que les deux reines et Arya. Elle jeta un regard à Eragon et il y vit une mise en garde. Mais contre quoi ?
Après les salutations d’usage, les trois amis s’assirent sur les chaises qui leur étaient désignées. Eragon remarqua leur air grave et demanda :

- Qu’est-ce qu’on a encore fait ? Ou ne pas fait ?
- Tu ne participes plus aux réunions du matin et tu disparais trop souvent, répondit Nasuada. Alors, pour cette fois, tu attendras les autres avec nous.

Eragon soupira avant de jeter un coup d’œil au soleil. Islanzadì et Nasuada entamèrent une discussion, mais ils s’en désintéressèrent. Jeffrey sortit un jeu de carte usé de son escarcelle et ils se mirent aussitôt à jouer, sous l’œil désapprobateur des deux reines. Ils leur proposèrent bien de se joindre à eux, mais elles déclinèrent l’offre. Ils continuèrent donc à jouer entre eux pendant que les membres arrivaient au compte-goutte. Orik et Percée acceptèrent de participer à leur jeu, mais ils se firent battre royalement à chaque fois. La règle était simple, il fallait faire des pairs de carte et celui qui se retrouvait avec la dame de pique perdait.
Lorsque tout le monde fut présent, ils rangèrent le jeu de carte et se concentrèrent sur la réunion. Même si, au passage, ils s’amusaient à s’attaquer mentalement. La matinée passa assez vite et juste après la réunion, ils disparurent tous les trois.
Islanzadì et Arya avançaient dans les couloirs en direction de la salle de réunion lorsque des notes de musiques et des voix les firent tourner la tête. Arya entrouvrit la pièce et elles virent les trois enfants qui leur tournaient le dos en trains de jouer un petit morceau tout en rectifiant des notes dans un cahier. Il discutait du meilleur accord pour une chanson qui venait visiblement d’être écrite. L’un des garçons tourna la tête et eut l’air d’avoir peur en les voyant, ils s’éloignèrent tous les trois de la porte et Efrit dit :

- S’il vous plait, ne nous punissez pas pour avoir manqué au service.

Arya leva un sourcil, puis se souvint qu’ils travaillaient comme domestique tous les matins. Elle était tout de même étonnée que son amant joue aussi bien la comédie. La reine répondit d’un ton sec et impatient :

- Nous ne sommes pas là pour ça. Nous vous avons juste entendu.

Les trois enfants semblèrent se détendre et Efrit se hâta de fermer le cahier pour éviter qu’elles ne reconnaissent son écriture. Islanzadì fit signe à Arya et elles partirent. Mais en s’en allant, Arya surprit le clin d’œil que le jeune garçon lui lançait.
Elles arrivèrent bientôt en salle de réunion, mais il n’y avait encore que quelques personnes, beaucoup de monde était en retard. Elles patientèrent donc jusqu’à ce que tout le monde soit présent, mais cette fois Jeffrey et Alice n’étaient pas venus.
La réunion se termina tard dans l’après-midi et en sortant, Eragon se surprit et siffloter l’air de leur nouvelle composition. Chose qu’Islanzadì ne manqua pas de remarquer. Il usa comme excuse de l’avoir entendu dans le couloir en venant.
Il disparut le reste de la journée, mais Arya le trouva en retournant à sa chambre. Il lisait un livre en l’attendant. Elle s’assit à côté de lui et il lui sourit avant de l’embrasser doucement. Elle jeta un regard au livre, mais l’écriture était trop vieille et abimée pour pouvoir la déchiffrer. Elle fronça les sourcils et demanda :

- Comment tu fais pour le lire ?
- Question d’entraînement, se contenta-t-il de répondre.

Il posa le livre et se leva, mais en voyant son air circonspect, il ajouta :

- Lorsqu’on désobéissait ou faisait une bêtise, Trainer nous punissait en nous faisant recopier de vieux livres, ça nous mettait au passage un peu de plomb dans la cervelle. À la fin, on en était à deux livres par mois.
- Il vous faisait copier des lignes. Mais d’après ce que j’ai vu, ils ne doivent pas avoir beaucoup d’ouvrages.
- Détrompes-toi. La connaissance est la plus grande des richesses, il y a des Khajiit qui seraient prêt à tuer pour obtenir de nouvelles connaissances. Leur bibliothèque doit faire environ la taille d’Urû’baen.
- Tu rigoles ! C’est impossible d’après ce que j’ai vu de leur civilisation. Même Jeffrey et Alice ne semble pas être des génies.
- Si, c’est vrai, leur quotient intellectuel est cent fois supérieur à la moyenne. On évite juste d’étaler notre science. Mais évite de parler de ça, je ne suis pas censé en parler. Les Khajiit sont très à cheval sur les règles, même s’il n’y en a pas beaucoup.
- Pourquoi n’es-tu pas censé en parler ?

Il se tourna vers elle et eut un sourire ennuyer avant de s’asseoir sur le lit et de répondre :

- Si je te donne la raison de l’existence de cette règle, je serais obligé de te tuer. Je n’ai pas le droit de divulguer les secrets Khajiit, car ils pourraient bouleverser le monde. Ne me pose pas de question à ce sujet, je t’en ai déjà trop dit.
- Mais quelles connaissances pourraient…

Il plaça un doigt sur les lèvres de l’elfe et murmura :

- J’ai dit, ne pose pas de question.

Il avait un air sérieux qu’elle ne lui connaissait pas, elle hocha la tête et il sourit avant de retirer son doigt et de le remplacer par ses lèvres. Elle le laissa faire. Qu’importe ses secrets, elle savait qu’il ne les lui cachait pas par plaisir. Ils se couchèrent et n’en reparlèrent plus.
Une semaine passa, Nasuada avait décidé avec Islanzadì de rester un mois en ville afin de tout bien préparer. Eragon, Jeffrey et Alice passaient tous leurs temps libres dans les plaines au milieu des promontoires de grès parmi lesquels était enterré Brom. Mais Nasuada faisait pression sur le jeune homme pour qu’il soit présent à chaque réunion et donc, sa fatigue n’était pas feinte. Arya tentait de le soulager du mieux qu’elle puisse, mais il était totalement déborder par son travail et ses activités. En plus des entraînements, des rencontres discrètes avec Arya, des réunions et de son service en tant qu’Efrit, il faisait des recherches à la bibliothèque et recopiait de vieux documents.
Nasuada devait bien se douter de quelque chose, et un matin, elle se décida à vérifier ses dires. Elle convoqua l’un des magiciens et lui demanda s’il pouvait visualiser Eragon. Il essaya plusieurs fois, mais des sorts le protégeaient. Elle renvoya le magicien en lui ordonnant de n’en parler à personne. Elle chercha durant presque toute la journée une solution pour connaître les moindres faits et gestes du jeune homme durant une journée.
Au soir, elle se décida d’en discuter avec Islanzadì, et à sa grande surprise, la reine était aussi curieuse qu’elle de savoir ce qu’il pouvait bien fabriquer. Lorsqu’elles abordèrent la difficulté que c’était de le visualiser, Islanzadì apporta la réponse :

- Il est possible de visualiser quelqu’un qui est protégé et le lieu où il est, mais il faut être très fort magiquement pour cela.
- Comment ?
- Il faut le suivre par l’esprit et retranscrire ce que l’on voit sur un miroir.
- Vous seriez capable de le faire ?
- Oui. Cela vous intéresse une journée de repos, proposa la reine.
- Bien entendu, demain, ça ira ?
- Oui.

Elles discutèrent encore une heure ou deux puis partirent se coucher.
Le lendemain, elles se retrouvèrent après que Nasuada ait prévenu l’état-major de la journée de congé, ce qui ne déplu pas à beaucoup de monde, dont Eragon.
Une fois en place, Islanzadì lança le sort, visualisant le jeune homme qui marchait dans les couloirs avec ses amis. Ils discutaient ensemble par geste, ce qui déplu à Nasuada, mais Islanzadì se saisit d’une feuille et d’une plume et traduisit ce qu’ils disaient. Elle dit :

- Lorsque j’ai appris qu’ils ne discutaient pratiquement que comme cela, je me suis renseignée. Le langage des muets est plutôt facile à maîtriser.

Nasuada hocha la tête et se recentra sur la conversation en cours.
Eragon, Jeffrey et Alice quittèrent la pièce après que Nasuada leur eut annoncé leur liberté pour la journée, ils se mirent aussitôt à discuter :

{C’est vraiment ce qu’il nous fallait, une journée tranquille pour nous reposer.} fit Eragon.
{Ça c’est sûr, on n’a pas eu une minute à nous depuis que Nasuada nous force à assister aux réunions.} se plaignit Jeffrey. {Je n’ai presque plus le temps d’aller manger.}
{Si tu veux, je te file mon bras.} rit Eragon.
{Non, je n’ai pas envie de devenir idiot.}

Le jeune Dragonnier lui donna un petit coup amical avant de se tourner vers Alice :

{Tu comptes encore passer ta journée avec Angela ?}
{Non. Il faut qu’on profite de ce répit pour nous entraîner.}
{Eh oui, malheureusement.} grogna Jeffrey.
{Rendez-vous au lieu habituel, j’ai une affaire à régler.} dit Eragon. {Et ne posez pas de question ! C’est à propos de ce qu’a demandé Trainer.}
{Des problèmes ?} questionna Alice.
{J’ai dit, pas de questions.}

Il s’éloigna pendant que ses compagnons le lorgnaient étrangement. Il continua sa route jusqu’à la bibliothèque et se rendit dans la réserve après avoir vérifié que personne ne l’observait. Cette partie était interdite d’accès et était fermée par une grille, grille qu’il franchit facilement. Il parcourut les rayons et s’arrêta devant une étagère. Il passa son doigt sur les reliures en lisant les noms, essuyant parfois la poussière déposée par des années d’inutilisation. Il en prit finalement un, jeta un regard à l’intérieur avant de l’envelopper dans un tissu blanc et de le glisser dans son sac en bandoulière qui ne le quittait plus depuis un certain temps. Il ressortit et enfila son masque avant de se transformer.
Il vola jusqu’à un lieu désert où l’attendaient déjà ses amis, ils étaient tous les deux en trains de poser leurs armes sur le sol et de retirer leurs chaussures. Eragon se déchaussa aussi et retira tout objet superficiel, ne gardant que son pantalon, une chemise noire et son masque.
Ils s’assirent tous les trois en triangle, loin de leurs affaires soigneusement pliées en tas. Ils avaient toujours leurs masques sur le visage et bientôt, leur pouvoir surgit. Eragon fut entouré de flamme et une lueur dorée s’en réchappait, Jeffrey fut entouré par des bourrasques de vent et des cristaux se matérialisaient et se dématérialisaient alors qu’une lueur verte se réchappait de lui, quant à Alice, elle fut entourée d’eau et une lueur bleue se réchappait de son pouvoir. Ils restèrent ainsi durant une bonne demi-heure, rassemblant et concentrant leurs pouvoirs. Puis, Eragon et Jeffrey se levèrent, récupérèrent leurs armes et se mirent en garde.
Ils se firent face un moment, maintenant leurs champs de magie sur leurs corps. Eragon finit par attaquer, il était rapide pour quelqu’un censé être mourant. Ils combattirent un moment, et Jeffrey manqua de tuer Eragon en l’entaillant profondément avec ses deux lames dans le flanc droit. Mais lorsqu’il retira ses armes, la chaire du Dragonnier fut entourée d’un halo doré et les plaies se refermèrent. Il ne s’était même pas arrêté et avait contrattaqué pendant que Jeffrey arrachait ses sabres à sa chaire. Il n’avait pas peur de se blesser, c’est ce que purent déduire les deux reines.
Ils s’entraînèrent durant près de la moitié de la matinée. Ils combattaient ou se contentaient de méditer tout en invoquant leurs pouvoirs, ils ne le relâchèrent pas une seule fois. Lorsqu’ils eurent finit, ils retournèrent au palais pour manger avant de s’enfermer dans une pièce. Islanzadì reconnu aussitôt la pièce, c’était celle dans laquelle Arya et elle avaient surpris les trois enfants. Les trois amis discutèrent un moment avant de sortir un sac d’une commode. La pièce était presque vide, il n’y avait pas grand-chose, juste une petite table basse avec un matériel d’écriture, une commode et de quoi s’éclairer. Ils murmurèrent des formules et prirent aussitôt l’apparence des trois enfants, ils se changèrent et sortirent pour s’amuser. Les deux reines purent être témoins des jeux auxquels ils se livraient, comme dérober des objets aux nobles et les mettre dans de mauvaises situations l’air de rien. Ils jouèrent aussi un morceau aux cuisines, amusant la galerie tout en chapardant et jouant des tours de passe-passe avec un jeu de carte. Ils semblaient bien s’amuser.
En milieu d’après-midi, ils se changèrent de nouveau et se retournèrent à leurs chambres respectives. Eragon ferma la sienne à clef avant de retirer ses bottes, sa chemise et ses armes. Il se rendit ensuite à son bureau et alluma les bougie tout en prenant une pomme dans un panier posé sur la table. Il sortit le livre qu’il avait emprunté, illégalement serte, et le posa sur le plan de travail. Il prit son matériel, un cahier vierge et commença à lire et recopier. Il resta assis durant des heures, ne faisant rien d’autre que de recopier, pourtant l’écriture du livre était illisible. Il rangea finalement le livre et le cahier et sortit un autre ouvrage avec un cahier déjà bien entamé, il reprit son travail.
Islanzadì et Nasuada en avaient assez vu. La reine des elfes commença :

- Au moins, maintenant on sait pourquoi ils disparaissent quand les triplés apparaissent.
- Et aussi qu’Eragon est certainement guérit, il ne reste plus qu’à savoir comment il s’y est pris.

Islanzadì allait ajouter quelque chose lorsqu’Eragon bougea. Il s’était retourné et souriait à une personne qu’elles ne voyaient pas encore. Il se leva et dit :

- Je t’attendais plus tard.
- Je sais, mais cette journée de repos m’a permis de boucler mon travail en retard, répondit Arya.

Eragon sourit à l’elfe et ils s’embrassèrent avec passion. Il ajouta :

- Tu es sûre de pouvoir venir ? Il fait encore jour.
- Je vais prendre le risque. Le soleil est en train de se coucher et, de toute façon, je ne pense pas que ma mère surveille mes moindres fait et gestes.
- C’est vrai, concéda le jeune homme.

Ils s’embrassèrent de nouveau avant de s’asseoir sur le lit. Arya demanda :

- Alors ? Quoi de neuf ?
- Trois fois rien. Je retrouve peu à peu toute la puissance du phénix, mais il me faut encore de l’entraînement. Je aussi presque finir de traduire et recopier le livre sur lequel je planchais.
- Tu ne sembles pourtant pas manquer de pouvoir, d’après ce que j’ai vu hier.
- Il y a deux ans, lorsque j’étais en pleine forme, je pouvais faire exploser une montagne aussi grosse que Helgrind.
- Tu t’es amusé à faire exploser une montagne.
- Un gars m’avait mis en colère et, sans le faire exprès, j’ai relâché mon pouvoir. Voilà pourquoi j’évite de m’énerver, ça risque de provoquer des catastrophes.
- Qu’est-ce qui s’est passé après que tu l’aie explosée ?
- J’ai réussi, je ne sais pas encore comment, à convaincre Trainer que c’était l’autre qui avait fait le coup à ma place. Il a pris un mois de punition, sourit le jeune homme.
- Tu es vraiment irrécupérable, dit l’elfe.
- Je sais.

Ils se regardèrent et il demanda :

- Comme tu es là plus tôt, nous avons plus de temps ?
- À quoi penses-tu ?
- Je ne sais pas, et toi ?
- Sûrement à la même chose que toi.

Ils se jetèrent un coup d’œil espiègle avant de s’embrasser langoureusement. Islanzadì coupa la visualisation à ce moment-là. Elle semblait offusquée et surprise. Elle dit, en colère :

- Ils vont m’entendre ces deux-là.
- Mieux vaut attendre demain matin avant de les interroger, dit Nasuada.
- Pourquoi ? Arya est sous ma responsabilité, je lui remonte les bretelles quand je veux.
- Oui, mais vous avez vu comme moi, dit Nasuada avec calme, il vaut mieux ne pas les prendre en flagrant délit.

La reine comprit l’allusion et sembla se calmer. Nasuada ajouta :

- Demain, on les convoque tous les quatre et on met les choses au clair une bonne fois pour toute.
- D’accord. Ils vont m’entendre tous les deux.

Elle cachait à peine sa colère. Ce n’était effectivement pas ce qu’elles s’attendaient à voir en les observant. Elles se dirent bonne nuit avant de se séparer.
Le lendemain, Eragon et Arya furent réveillés par Jeffrey et Alice, ils semblaient inquiets. Devant leur air d’incompréhension, le jeune vampire s’expliqua :

- Nasuada et Islanzadì nous convoquent tous les quatre, elles n’ont pas l’air contentes.
- On arrive, dit Eragon.

Il jeta un regard inquiet à la princesse pendant que leurs amis s’en allaient. Ils commençaient à se demander quelle était la raison de leur convocation. Ils s’habillèrent en vitesse après s’être lavés et sortirent. Ils avancèrent tous les quatre dans les couloirs jusqu’au bureau de la reine des Vardens.
L’introduction fut à la hauteur de leur peurs. Nasuada commença dès leur entrée :

- Vous avez tous les quatre des explications à nous donner.

Les trois amis se jetèrent un coup d’œil et Jeffrey sortit une liasse de papier qu’il remit à Eragon et Alice, Alice en prit cinq et les remis à son ami. Islanzadì demanda :

- Qu’est-ce que vous faites ?
- Ne vous inquiétez pas, c’est le tarif habituel, répondit Jeffrey.
- Pari permanent, dix Drachmes pour le second et quinze pour le premier, ajouta Eragon. Posez vos questions, on y répondra.
- Qu’est-ce que c’est que ça ? Des Drachmes, dit Nasuada.
- La seule monnaie autorisée chez les Khajiit, dit Jeffrey.
- Ce n’est pas le sujet, dit Islanzadì. Il se trouve qu’hier nous avons maintenu l’un d’entre vous sous surveillance.

Eragon leva la main et demanda :

- Laissez-moi deviner, c’était moi le sujet de la surveillance parce que ça fait des semaines que personne n’a rien à me reprocher ?
- Oui, et ce que nous avons vu est plutôt intéressant, répliqua Nasuada que son air amusé énervait.
- Juste comme cela, jusqu’où la surveillance ? Non, parce qu’il ne faut pas non plus que je dise trop de chose.
- Je suppose qu’elles ont attendu qu’on se couche, dit Arya. Sinon on ne m’aurait pas convoquée aussi.
- T’es dans la merde mon vieux, fit Jeffrey.
- Ce n’est pas la première fois, répliqua Eragon.
- Taisez-vous tous les deux, dit une voix impatiente derrière eux. Essayez d’être sérieux pour une fois.

Ils hochèrent la tête devant les regards étonnés de Nasuada, Arya et Islanzadì Effectivement, c’était Alice qui les avait rabroués. Ils retrouvèrent aussitôt un air calme et sérieux tout en s’asseyant tranquillement sur une chaise chacun. Arya se hâta de s’asseoir aussi et ce fut Eragon qui ouvrit le bal :

- On vous a menti sur certaines choses, comme le fait qu’Alice n’est pas muette, mais c’était pour éviter qu’elle n’étale sa science constamment.
- Niveau QI, elle se classe dans les dix premiers, ajouta Jeffrey.
- Tu exagère Jeff, dit-elle. Les cinq premiers tous au plus.
- QI ? questionna Nasuada.
- Quotient Intellectuel, répondirent-ils en même temps.
- Le niveau d’intelligence d’une personne en plus claire, précisa Jeffrey.
- Je doute que des surdoués s’amusent à se faire passer pour des gamins de quatorze ans, répliqua Islanzadì.
- Eh ! On peut être des génies et aimer s’amuser, dit Jeffrey.
- Des génies, dit Nasuada, je ne pense pas.
- Posez-moi une question, répliqua Alice d’un ton acerbe.

Eragon et Jeffrey se regardèrent et se préparèrent à compter les points. Nasuada, Islanzadì et Arya posèrent tour à tour des questions différentes auxquelles elle répondit avec une facilité déconcertante. Ils poursuivirent les tests et les deux garçons répondaient de temps à autre, mais ils laissaient surtout leur amie faire. La reine des elfes finit par se lasser et par abdiquer. Elles les regardèrent tous les trois avec étonnement. Eragon demanda :

- Si nous passions au véritable interrogatoire ?

Islanzadì lui jeta un regard noir et les questions se succédèrent. Ils répondirent à certaines mais refusèrent de parler à d’autre. À la fin, Jeffrey et Alice furent renvoyés, après que les reines aient juré de ne pas dévoiler le secret d’Alice. Ils souhaitèrent mentalement bonne chance au jeune couple avant de s’en aller.
Eragon et Arya étaient assis devant les deux femmes, attendant anxieusement le verdict. Nasuada se recula dans son siège et fit comme si de rien n’était. Islanzadì rit finalement la parole, en ancien langage :

- Puis-je savoir ce qui t’est passé par la tête Arya ?
- J’aime Eragon, c’est tout. En quoi est-ce un mal ?
- Ce qu’il y a de mal ? Ce n’est pas un elfe, voilà ce qu’il y a. Je ne permettrais pas que ma fille ait pour compagnon un humain. .
- Je suis toujours là, précisa Eragon qui n’aimait pas trop qu’on parle de lui alors qu’il était présent.
- Tais-toi ! dit la reine. N’aggrave pas ton cas.
- Mère, je suis assez grande pour décider de la façon dont je vie et avec qui je partage mes nuits. Je n’ai plus cinq ans.
- Tu as peut-être cent ans, mais tu restes ma fille et l’héritière du trône.
- Je crois vous avoir déjà dit une centaine de fois que je ne comptais pas devenir reine. Je ne veux pas avoir à rester sur place à prendre des décisions politique.
- Ce n’est pas la question pour le moment. Tu n’as pas le droit de choisir n’importe qui comme compagnon !
- Même si ce « n’importe qui » est le descendant d’Eragon I° du nom ? questionna le jeune homme en regardant le plafond.
- Qu’est-ce que tu viens de dire ? demanda Arya.

Eragon se redressa un peu, les regarda et ajouta :

- Disons, que dans la bibliothèque des Khajiit il y a aussi des arbres généalogiques. Et je suis tombé par hasard sur celui de Brom qui remontait en ligne droite à Eragon premier. En claire, vous ne pouvez pas m’accuser de ne pas être entièrement elfe, je le suis en partie.
- Et tu comptais m’e parler quand ? demanda l’elfe.
- Ce ne sont pas les origines, mais ce que l’on fait qui détermine qui nous sommes. Qu’est-ce que ma ligné peut bien importer ? Mais bon, on dirait que pour la reine ça a une importance, alors je le dis, voilà tout.
- Je suis toujours là, précisa la reine.
- Ah, vous voyez que c’est ennuyant d’être exclu comme ça, répliqua le jeune homme.

Elle sembla vouloir s’offusquer, mais elle se retint c’était ce qu’il cherchait. Derrière son air faussement détaché, son cerveau fonctionnait et il calculait le poids de ses paroles. Elle dit :

- Tu ne m’auras pas à ce jeu.
- Je sais. Mais qui ne tente rien, n’a rien.
- Dans tous les cas, Arya, je ne te permets pas de continuer.
- Et qu’est-ce que vous allez faire ? répliqua insolemment l’elfe. Eragon et moi sommes compagnons, je ne le quitterais pas.
- Tu penses pouvoir défier mon autorité ? répliqua la reine d’une voix tremblante de colère.
- Je vais me gêner tient, dit Arya, le regard emplit de défi.

Elles se fixèrent un moment, Nasuada restant en retrait et Eragon se contentant de se demander qui céderait en premier. Islanzadì trancha finalement :

- Tu parts demain pour Ellesméra. Et toi, elle se tourna vers Eragon, tu n’as plus le droit de remettre les pieds dans Ellesméra tant que vous n’aurez pas juré tous les deux de ne plus vous revoir.
- Tu avais raison quand tu disais qu’elle me bannirait à vie, dit le jeune homme à l’elfe.
- Tu penses, c’est le seul moyen pour elle de nous séparer. Comme on ne jurera jamais, on risque de ne pas se revoir avant un bout de temps.
- Tu peux toujours n’en faire qu’à ta tête.
- Ne me tente pas, répliqua-t-elle.

Ils se jetèrent un regard et durent presque se mordre la lèvre pour ne pas pouffer de rire. Nasuada sembla comprendre qu’il se passait quelque chose car elle dit :

- Quel est le verdict ?
- Séparation par la distance, dit simplement Eragon.
- Et c’est ça qui vous fait rire ? s’étonna Nasuada.
- On dirait, fit Islanzadì.
- Ce sera tout, ou est-ce que l’on peut y aller ? demanda Arya.
- Qu’est-ce que vous comptez faire ? demanda la reine elfe d’un ton suspicieux.
- Profiter d’la vie, dit Eragon.

Ils se regardèrent de nouveau avant de se lever et de sortir sans attendre de permission. Ils traversèrent les couloirs le plus vite possible en évitant les foules et s’enfermèrent dans une chambre inutilisée. Ils l’isolèrent, en pensant aux sorts mentaux, et se jetèrent sur le lit. Leurs vêtements jonchèrent rapidement le sol dans la semi-obscurité. Ils avaient fermés hermétiquement les rideaux, cachant la lumière du soleil de début d’après-midi. Ils restèrent enfermés et en action toute la fin de journée. Ils avaient même relié totalement leurs esprits pour augmenter leur perception des choses. Ils se démontrèrent leur amour durant toute la nuit, ne s’arrêtant pas une seule fois, ne dormant que par intermittence avant de recommencer.
Le lendemain matin, ils étaient allongés sous les couvertures, Arya reposant sur le torse de son amant. Ils avaient un sourire de bien être sur le visage et ils continuaient se s’embrasser doucement. Personne ne pouvait les déranger ou savoir où ils étaient. Eragon murmura :

- Je viendrais te chercher, je te le jure.
- Pour aller où ?
- Tu le sais non ? Sur la terre des libertés.
- Le pays Khajiit, dit-elle avec un sourire. Mais quand viendras-tu ?
- Il faut attendre qu’il y ait de nouveaux Dragonniers. Mais dans un an, jour pour jour, nous serons libres, tous les deux. Je te le jure.

Ils parlaient en ancien langage, il ne pouvait mentir. Elle se redressa et l’embrassa avec douceur avant de murmurer :

- Je t’attendrais.
- Je t’aime.
- Moi aussi je t’aime.

Ils s’embrassèrent et il la fit basculer pour qu’elle soit sous lui, mais ils n’eurent pas le temps de commencer quoi que ce soit. Quelqu’un tenta d’entrer et la voix de Vanir s’éleva derrière la porte :

- Je crois qu’ils sont là. La pièce est protégée.
- Je pense que nous allons devoir nous dire au revoir, murmura le jeune homme.
- Je sais.

Elle l’embrassa avant de se lever. Ils se lavèrent calmement et s’habillèrent avant d’ouvrir la porte à la reine et trois elfes. Arya les suivit après un dernier regard en arrière. Eragon quant à lui l’observa s’éloigner de lui. Il tiendrait sa promesse, qu’importe comment, il fera sortir Arya de sa prison.
Le reste du mois se déroula dans un climat de tension entre les elfes et le jeune homme. Ils passaient tous les trois les trois quarts de leur temps dehors à s’entraîner loin des autres. Eragon sautait toutes les réunions, faisant fi des protestations de Nasuada et des jérémiades de Saphira qui devait tout suivre à sa place. Mais ils devaient se préparer, le combat file n’allait pas être facile à gérer.
Ils avaient omis de donner une information aux Vardens, c’était l’identité du phénix végétal, celui contrôlant la terre. Il avait été recueilli à l’époque par les Khajiit et ils avaient commencé sa formation, mais voyant sa folie, ils l’avaient expulsé du pays en faisant en sorte qu’il ne puisse plus y entrer. Mais le mal était fait, il savait se transformer et connaissait beaucoup de secrets sur la magie. Heureusement qu’il n’avait pas encore abordé les connaissances de la Tories, sinon l’Alagaësia serait perdue. Mais Galbatorix devait mourir, les trois amis devaient laver l’honneur des phénix et libéré les peuples qui souffraient à cause de leur erreur. Earth of chaos devait disparaître.
Ils visitèrent aussi plusieurs fois Helgrind afin de l’aménager. Eragon avait prévu d’en faire le quartier général provisoire des nouveaux Dragonniers.
Ils partirent finalement pour Urû’baen. Ils furent attaqués plusieurs fois, mais les trois phénix veillaient et éliminèrent les ennemis rapidement. Leurs pouvoirs libérés étaient impressionnant et lorsqu’ils s’entraînaient à l’écart le soir, des soldats les observaient avidement. Les elfes se tenaient à l’écart, mais ils durent reconnaître leur force.
Ils arrivèrent devant la capitale au bout de deux semaines. Le camp fut monté sous la menace de Thorn et Murtagh, mais les deux compères étaient maîtrisés par Eragon et Saphira et n’insistèrent pas trop lourdement, le combat finale viendrait bien assez tôt.
Le matin du grand jour, Eragon se leva avant l’aube et enfila son armure avec soin. Il rejoignit ses amis la frontière du camp et ils regardèrent le soleil se lever et les Vardens ainsi que les autres peuples libres qui se préparaient en contrebas.
Lorsque l’astre du jour fut levé, le siège commença. Eragon monta sur Saphira pendant que Jeffrey et Alice se transformaient. Les deux dragons vinrent à la rencontre du couple libre, mais Murtagh fut trop occupé à se débarrasser des deux phénix pour attaquer son jeune frère. Eragon et Galbatorix se firent donc face.
Le combat aérien dura une bonne partie de la matinée. Saphira avait la taille de Shruikan et était plus agile et à l’aise dans les airs. Il était visible que le dragon noir ne sortait pas beaucoup. Mais même s’ils avaient un léger avantage, la puissance du Dragonnier noir n’était pas à négliger. Ils lutèrent tous les deux pour obtenir l’avantage sur l’autre, mais en vain. Ce ne fut que lorsque Thorn et Murtagh s’écrasèrent sur le toit du palais, qu’ils détournèrent leur attention. Les deux phénix neutralisaient Murtagh et Thorn avec difficulté, mais ils finirent par les mettre en déroute. Galbatorix lança Eragon :

- On dirait bien que les Khajiit ont envoyé de l’aide. Mais lequel des trois es-tu ?
- Je suis l’originel, répliqua le jeune homme.

Il enfila son masque et se dirigea vers le toit plat. Un cri derrière lui, le prévint de la transformation du roi. Il atterrit auprès de Jeffrey et Alice et dégaina Brisingr tout en activant sa magie. Le roi se plaça en face d’eux avec un rictus de folie. Il activa à son tour son pouvoir, le sol trembla et une aura noire l’entoura. Les trois amis attaquèrent en même temps. Mais le roi para les trois attaques, soit par sa lame, soit par son pouvoir sur la terre et les végétaux. Eragon se chargea de brûler la surface du toit pendant qu’Alice usait de son pouvoir sur l’eau pour liquéfier les tentacules de terre qui les attaquaient. Jeffrey quant à lui usait de son contrôle des courants aériens pour aider Saphira à déstabiliser Shruikan. Il s’était assis dans un coin isolé pour plus de sécurité, Galbatorix ne devait pas avoir le temps de l’attaquer.
Les trois amis agissaient dans un ensemble incroyable, comme s’ils n’étaient qu’une seule et même personne. Mais le roi avait le soutien illimité des Eldunarì, il les surplombait magiquement et mentalement avec facilité. Mais ils étaient coriace, ils résistèrent, l’acculèrent, l’attaquant sans cesse. Le roi riait pourtant, souriant de leurs efforts. Il neutralisait chacune de leurs attaques, aussi inventifs qu’ils puissent être.
Ce qui le perdit, ce fut son dragon. Il n’y prêtait pas trop attention durant le combat, mais une blessure infligée par Saphira suffit à le déconcentrer une fraction de seconde. Mais ces quelques secondes suffirent. Alice usa de son pouvoir et le congela, laissant juste la tête de libre, même si la bouche était bâillonnée. Eragon et Jeffrey firent une pause et regardèrent la ville, les Vardens avaient pris la moitié de la capitale, ils n’allaient pas tarder à capturer les quartiers autour du château.
Ils se rassemblèrent tous les trois autour du Dragonnier noir qui tentait en vain de se libéré. Jeffrey frappa dans la glace et elle vola en éclat, tout comme le corps du roi. Eragon brûla ensuite les fragments jusqu’à ce qu’il ne reste que des cendres, vites emportées par le vent. Shruikan poussa un hurlement et sembla tomber sur la ville, mais la magie des trois amis le retint et il brûla dans le feu d’Eragon, sous les yeux des soldats. Le message était clair, le roi était mort.
Les trois amis détachèrent Murtagh et ce dernier murmura :

- Est-ce que je ne rêve pas ? Il est bien mort ? Je suis libre ?
- Eh oui ! dit Eragon avec un sourire. Tu es libre mon frère, enfin pour le moment. Viens, nous avons du travail avant que les Vardens investissent le château.
- Qu’est-ce que tu veux faire ?
- Mettre les Eldunarì en sécurité. Il ne faut pas que n’importe qui tombe dessus.
- Bien, je vais vous conduire dans la salle où ils sont gardés, fit le Dragonnier rouge.

Il se releva en essuyant le sang perlant de l’entaille sur sa joue et se mit en marche en boitillant. Jeffrey et Alice n’y étaient pas allés de main morte avec lui. Thorn décolla pour rejoindre Saphira et fit une sorte de révérence dans les airs. Elle était sa dominante, il n’essayera jamais de la défier, c’était ce que signifiait ce message.
Les quatre amis se rendirent dans la salle des Eldunarì et les envoyèrent tous à Helgrind dans une pièce spécialement préparée pour les accueillir. Jeffrey s’absenta ensuite alors qu’ils allaient faire de même avec les épées de Dragonnier. Il prétendit aller aider les Vardens, mais en fait il allait prendre l’œuf pour Eragon. Il le cacha dans son sac, soigneusement enveloppé dans un tissu blanc. Il remonta ensuite et aida les rebelles à capturer le palais.
Nasuada, Islanzadì, Orin, Orik et tous les autres se retrouvèrent dans la salle du trône où arrivèrent bientôt Eragon, Murtagh, Jeffrey et Alice. À la vue du Dragonnier rouge, beaucoup d’elfe et de nains voulurent l’attaquer ou l’injurier, mais Eragon intervint :

- Murtagh est sus ma protection, je me porte garant de lui. De plus, nous avons besoin de Thorn qui est le dernier dragon mâle encore vivant en ce moment. Donc, ne le blâmer pas pour le moment.
- De plus, ajouta le jeune homme. Je jure de me remettre à la justice, vous pourrez décider de mon sort. Mais je tiens à vous dire que la plupart de mes actions étaient dû à des ordres auxquels je ne pouvais désobéir.

Nasuada observa les deux frères et soupira avant de jeter un regard à l’assemblé. Elle déclara :

- Pour le moment, tu vas rester avec Eragon. Nous te jugerons dès que l’ordre sera rétabli dans cette ville.
- Bien, il en sera fait selon vos ordres, dit Murtagh en s’inclinant.

Ils firent demi-tour et passèrent le reste de la journée à aider. La ville avait besoin de réparation, les blessés devaient être évacués, les morts étaient transportés sur la place centrale et recouvert d’un linceul blanc en attendant d’être réclamer par les familles pour être enterrés ou tout simplement brûlés.
Trois jours passèrent avant le procès de Murtagh. Il se solda par une interdiction de séjour dans le Du Weldenvarden et les montagnes de Beors. Il eut le droit de rester à Urû’baen et de voyager où il voulait en Alagaësia, mais il était sous l’entière responsabilité d’Eragon.
L’œuf de dragon vert avait officiellement disparu, les Vardens le cherchèrent dans toute la forteresse, mais personne ne le trouva. Lorsque Jeffrey et Alice quittèrent leur ami, cinq jours après l’attaque, ils emportèrent un étrange paquet qu’Eragon attacha sur Jeffrey une fois celui-ci transformé. Mais il faisait nuit et personne ne pouvait les voir. C’était un petit cadeau pour les Khajiit afin que Saphira ne se sente pas seule une fois de retour au pays. Le dragon vert allait grandirent comme ses ancêtres, en dragon sauvage.
Eragon et Murtagh établirent rapidement leur quartier général, même si cela déplu à Nasuada et d’autres qu’il ne soit accessible qu’en volant. Saphira et Thorn ne tardèrent pas à s’accoupler, la première portée fut petite, seulement deux œufs, mais la seconde fut plus fructueuse, cinq œuf.
Au bout de trois mois, ils avaient chacun deux apprentis. Des dragons sauvages volaient autour de Dras Leona et de Helgrind où ils dormaient en attendant de pouvoir cracher du feu. Comme les deux Dragonniers ne pouvaient aller à la capitale des elfes afin de faire passer les tests, aucun des deux apprentis n’était un elfe, chose qui énerva Islanzadì.
Eragon n’eut aucune nouvelle d’Arya, il se doutait que la reine avait fait passer le mot d’ordre pour qu’ils ne se parlent pas et ne sachent rien de ce que faisait l’autre.
Mais Eragon se douta de quelque chose lorsque, dix mois après la bataille, deux elfes tentèrent de le tuer alors qu’il était en voyage à Ilirea. Il les neutralisa facilement mais devint méfiant. Un mois plus tard, il tomba dans une embuscade avec l’un de ses deux apprentis et fut blessé avant d’avoir pu endormir tous les elfes. Ils furent sauvés par les dragons sauvages qui menacèrent les elfes. Eragon eut beau se plaindre auprès de Nasuada, elle ne pouvait rien faire et Islanzadì niait totalement sa responsabilité dans les deux cas.

Un an était passé, Arya se promenait tranquillement dans la forêt aux alentours de la capitale. Sa mère lui laissait quelques libertés étant donné qu’elle n’avait pas tenté de partir durant l’année écoulée. Elle n’avait eu aucune nouvelle de son amant et supposait qu’il n’en avait pas eu d’elle non plus. La reine faisait tout pour détruire le lien qui les unissait. Elle insistait aussi lourdement pour qu’elle se choisisse un compagnon parmi les elfes qu’elle avait choisis et ces derniers n’arrêtaient pas de lui faire la cour. Mais elle refusait à chaque fois. Elle savait que le Dragonnier tiendra sa promesse de venir la chercher. Il lui restait encore trois jours, elle ne doutait pas de le voir.
Elle finit par s’asseoir contre un arbre et écouter la nature autour d’elle. Heureusement, personne n’était venu avec elle, elle était enfin un peu seule. Elle caressa son ventre, cela faisait maintenant trois mois qu’elle avait une raison de plus d’attendre le retour de son amant. La reine essayait en vain de la convaincre de prendre un compagnon avant que l’enfant ne soit trop grand, mais elle avait demandé un délai avant de prendre sa décision. Islanzadì lui devait bien ça après l’avoir séparer de l’homme qu’elle aimait.
Un bruit derrière elle interrompit le cheminement de ses pensées. Elle se redressa et en chercha l’origine, mais il n’y avait personne. Elle se détendit un peu et se rassit, mais une tête apparut alors devant elle et elle manqua de crier de surprise. Elle se releva et regarda le jeune homme qui pendait tête en bas sur une branche. Il souriait et elle ne put que lui sourire à son tour. Il sauta d’un bon souple au sol et rabattit sa capuche sur sa tête. Il portait une veste noire et un pantacourt de la même couleur. Trois dagues étaient passées à sa ceinture, mais il n’avait pas pris son épée, trop voyante. Il murmura :

- Viens, nous pourrons discuter tranquillement un peu plus loin.

Elle hocha la tête et le suivit sans hésiter. Il l’emmena dans une clairière où une petite cabane apparaissait dans un arbre. Elle sentit clairement des protections magique tout autour du lieu et comprit que le jeune homme avait pris toutes les précautions pour ne pas être trouvé. Il retira finalement sa capuche et elle retint une exclamation. Une blessure à sa joue était refermée par des points de suture. Elle demanda :

- Qu’est-ce qui t’es arrivé ?
- Oh ! trois fois rien, une embuscade tendue par les elfes il y a quelques semaines. Ma capacité de régénération ne marche pas sur les blessures magiques et bien sûr ils se sont arrangés pour que je ne puisse pas guérir la plaie avec ma magie. Je ne sais pas ce que je leur ai fait, mais c’est la seconde fois qu’ils tentent de me tuer.
- Mis à part que tu as un fils et que je t’ai choisi comme compagnon, ils n’ont rien à te reprocher.
- Attend, répète ce que tu viens de dire.

Elle sourit avant de s’approcher de lui et de dire :

- Tu es le père d’un magnifique petit elfe.
- Tu… Nous…

Il ne semblait pas y croire et elle craignit un moment qu’il prenne peur, mais bien au contraire, il la prit dans ses bras et murmura :

- C’est la meilleure chose qui puisse arriver. C’est merveilleux.

Il s’écarta légèrement et plongea son regard dans celui de l’elfe. Il souriait, ce qui étonna la jeune femme. Elle lui rendit son sourire avant de l’embrasser. Ils restèrent enlacés un moment, mais le temps ne leur permettait pas de trainer. Eragon s’écarta de sa compagne et dit :

- Quand pouvez-vous partir tous les deux ?
- Dès ce soir, dit-elle. Mon sac est déjà prêt depuis deux jours. Mais, ils ne me laissent jamais seule avec Efrit, il faudra faire attention.
- Efrit, dit-il amuser. Je vois que tu as trouvé un nom qui nous plait à tous les deux.
- Je n’arrivais pas à te contacter donc j’ai choisi seule. Mais comme tu tenais à ce nom d’emprunt, je le lui ai donné, contre l’avis de ma mère bien entendu.

Eragon s’assit sur un tronc abattu en l’entraînant avec lui. Il demanda :

- Que s’est-il passé depuis la fin de la guerre ?
- Ma mère est rentrée et j’ai tenté de lui cacher ma grossesse le plus longtemps possible. Elle ne pouvait pas se permettre de l’interrompre, les enfants sont trop rares chez les elfes. Elle m’a interdit de te dire ce qui se passait et a fait en sorte que je sois coupée des informations te concernant. Je suppose qu’il en a été de même pour toi.
- Oui, effectivement. J’ai eu beau chercher par tous les moyens, impossible de savoir comment tu allais.
- Elle insiste depuis pour que je me choisisse un compagnon qui jouera le père de l’enfant, de façon à ce qu’il ne sache jamais qui est son vrai père. J’ai refusé bien entendu et j’ai demandé un délai d’un an avant de me décider, ma mère a fini par accepter. Elle nous a aussi punis de l’avoir conçu en lui scellant la voix, il peut pleurer, crier et rire, mais il ne pourra jamais parler.
- C’est inhumain, pourquoi punir quelqu’un qui n’a rien fait de mal ? Chez les Khajiit, il ne devrait pas avoir d’ennui, ne t’inquiète pas.
- Je sais, le langage des signes. Mais le punir lui simplement parce que l’on s’aime, c’’est injuste.
- Je sais. Mais nous finirons bien par trouver une solution. Après tout, les Khajiit sont tous des génies.

Elle sourit avant de poser sa tête sur l’épaule du jeune homme. Ce dernier la serra contre lui et ils observèrent un instant de silence. Mais le temps leur manquait toujours, Eragon dit :

- Ce soir, je viendrais à ta chambre, nous irons chercher Efrit et sortirons d’ici. Saphira ne pouvant venir, elle est trop facilement repérable, j’ai demandé à l’un de mes deux apprentis de me laisser son dragon pour la mission.
- Où est-il ?
- Léonce est en train de chasser loin de la ville, pour plus de sécurité, mais il sera là ce soir et nous emmènera à la lisière de la forêt où nous attend Saphira.
- D’accord. Mais il faut faire attention, le palais est bien gardé.
- Ce n’est pas pour rien que je suis le meilleur voleur Khajiit, dit-il avec un sourire.

Elle allait répondre lorsqu’un étrange bruit parvint de la poche du jeune homme et que la voix de Jeffrey s’éleva :

- Eragon, il y a deux elfes qui cherchent Arya, vous feriez mieux de vous dépêcher.

Le jeune homme sortit de sa poche un étrange objet noir, appuya sur un bouton rouge et répondit :

- D’accord. Continu de monter la garde et préviens moi en cas de problème.
- Bien reçu.

Eragon rangea l’appareille, mais en voyant le regard interrogateur d’Arya, il se hâta d’expliquer :

- C’est une radio, une invention du troisième monde, la Tories. Ce n’est pas magique, donc indétectable et il suffit de remplacer la batterie par un cristal et elle fonctionne parfaitement. Je t’expliquerai pour les trois mondes une fois sortit de la forêt, car comme tu l’as entendu, on n’a plus le temps.
- D’accord, mais tu as intérêt à m’expliquer.
- Promis, juré, est-ce que j’ai déjà manqué à l’une de mes promesses ?

Elle sourit avant de l’embrasser et de partir. Eragon entra dans la cabane et rassembla ses affaires. Il avait mis deux jours avant de parvenir à obtenir une entrée dans la ville, il ne fallait pas qu’il rate son coup. Il ressortit avec son sac et une selle et attendit la nuit et l’arrivée de Léonce. Le dragon vert d’eau arriva peut avant le crépuscule et le jeune Dragonnier le sella aussitôt. Il discuta ensuite avec Jeffrey et finit de mettre au point les modifications due au nouveau passager.
Il mit ensuite sa capuche et s’approcha de la ville. Il esquiva les elfes avec plus ou moins de difficultés et parvint jusqu’à la maison de son elfe. Il longea les murs végétaux jusqu’à une ouverture, jeta un coup d’œil à l’intérieur pour vérifier que la voie était libre avant de s’y glisser. Il parcourut les chemins en se guidant à ses souvenirs. Mais il n’était venu qu’une seule fois à la chambre d’Arya, retrouver le chemin fut plus difficile qu’il ne le pensait.
Lorsqu’il arriva enfin, elle attendait patiemment, assise sur son lit avec une cape de voyage et son sac. Elle se leva en l’entendant et le rejoignit en silence. Elle prit la tête e le guida jusqu’à la chambre de leur fils. Deux elfes montaient la garde et Arya prévint silencieusement le jeune homme qu’il y en avait deux autres à l’intérieur. Il prit les deux extérieurs et elle les intérieurs.
Elle s’avança à découvert après avoir laissé son sac et sa cape à son compagnon, et demanda à voir son fils. Les elfes acquiescèrent et ouvrirent la porte. Dès qu’elle fut à l’intérieur, Eragon bondit et assomma les deux elfes en silence. Il attendit et n’entra qu’après avoir entendu un léger sifflement. Il emmené avec lui les deux elfes et ils les attachèrent tous les quatre dans un coin après les avoir endormi magiquement.
Eragon s’approcha du berceau et observa le garçon qui dormait. C’était sans aucun doute possible un elfe. Il dormait paisiblement en mâchonnant un coin de sa couverture. Le jeune homme le contempla avec joie et lui caressa doucement la tête. Arya sourit derrière lui et murmura :

- Il a tes yeux.
- Vraiment ?
- Oui.
- J’espère qu’il aura ton intelligence.

Elle sourit avant de saisir doucement l’enfant dans ses bras. Eragon lui fit fasse et tendit les bras, elle soupira avant de le lui donner. Le bonheur du jeune homme à la vue du nourrisson était visible et elle se revit le tenant juste après sa naissance. Eragon sortit de sa poche un objet rouge et le glissa entre les doigts de l’enfant. Arya reconnu l’une de ses plumes, elle diffusait une douce chaleur mais ne brûlait pas. Eragon s’expliqua :

- Je ne veux pas qu’il prenne froid une fois dans les airs.
- Je sais.

Elle remit sa cape après avoir attaché son sac dans son dos. Eragon prit la couverture de l’enfant, mais ce dernier se réveilla. Il ne pleura pas, mais il n’allait pas tarder. Le jeune homme sortit un autre objet de sa poche et le glissa dans la bouche du garçon, ce dernier se mit à téter et ferma de nouveau les yeux.

- C’est une autre invention de la Tories, Jeffrey me l’a donné tout à l’heure quand je lui ai dit qu’on avait un passager de plus.
- Pourquoi aurait-il un objet pour calmer les enfants sur lui ?
- Ba, avec les pleures incessant d’Émilie, il a maintenant l’habitude de toujours savoir une tétine sur lui.
- Ne me dis pas que…
- Eh bien si, nous ne sommes pas les seuls à nous être amusés sous les couvertures.

Arya sourit et hocha la tête. Eragon enveloppa Efrit dans sa couverture et le plaça doucement dans une bande de tissu attachée autour de son torse en bandoulière, qu’il avait préparé spécialement pour lui. La princesse reprit ensuite la tête et ils se déplacèrent en silence dans les couloirs, évitant le plus possible les gardes. Mais ils finirent par tomber nez à nez avec une patrouille au détour d’un couloir. Ils faillirent lancer l’alerte à la vue des deux silhouettes encapuchonnées, mais en voyant le visage de l’enfant endormit, ils comprirent. Ils tentèrent de les immobiliser, mais les deux elfes étaient trop forts. La patrouille finie comme les quatre gardes, mais maintenant ils s’étaient fait repérer.
Ils parvinrent à sortir difficilement du palais et atteignirent la forêt en ne rencontrant que deux groupes d’elfes. Eragon ne pouvait pas se battre à son aise avec Efrit, ce fut donc un soulagement de voir apparaitre Jeffrey pour les aider.
Ils atteignirent la clairière avec difficulté, mais le dragon était déjà sellé, il ne manquait plus que les passagers. Arya monta en première et prit Efrit, puis Eragon monta devant elle et elle lui redonna le garçon. Jeffrey se transforma et ils décollèrent sous les cris des elfes.
Ils atterrirent au lever du soleil à l’endroit où attendaient Saphira et Morris, l’apprenti d’Eragon. Ils échangèrent de place et Eragon demanda à son apprenti de remettre une lettre à Nasuada de sa part, le garçon acquiesça avant de partir.
Ils reprirent leur voyage en direction de la Crête, s’arrêtant de temps à autre pour qu’Efrit puisse dormir au calme et s’alimenter. Eragon, Jeffrey et Arya échangeaient des nouvelles de l’année écoulée. Le vampire parla des problèmes que posait la nouvelle guerre entre les vampires, bien que son père soit un excellent roi pour eux, les révoltes éclataient de plus en plus souvent. Arya fut légèrement surprise d’apprendre que Jeffrey était le prince des vampires, mais il ne s’attarda pas sur les détails, il détestait cette branche de sa famille. Ils parlèrent aussi du dragon vert qui grandissait librement dans le pays Khajiit, Arya se doutaient bien qu’ils y étaient pour quelque chose dans la disparition de l’œuf. Eragon sortit d’ailleurs les deux autres œufs qu’il avait dans ses sacs de selles et les montra à l’elfe. L’un d’eux était bleu et l’autre doré. Ils dévoilèrent aussi les secrets des Khajiit à la princesse, lui expliquant en quoi consistait la Tories et lui indiquant les endroits qu’il valait mieux éviter.
Le voyage dura douze jours. Ils atterrirent finalement sur la Crête et Jeffrey ouvrit le passage caché dans la paroi. Arya franchit le portail et put enfin voir le pays dont lui parlait tant Eragon.
Une immense forêt vierge s’étendait en contrebas jusqu’à l’horizon. Il y avait de çà et là des collines, des montagnes, un immense marais et des centaines d’animaux Ils restèrent près de Saphira et commencèrent à avancer dans la jungle, la dragonne suffisant à éloigner le plus gros des bêtes sauvages. Ils marchèrent durant deux heures avant d’apercevoir la ville suspendue et une ombre émeraude s’approcha d’eux à grande vitesse avant de se jeter sur Saphira. Les deux dragons se chamaillèrent et la dragonne gagna le combat sur le jeune dragon vert.
Arya observa la ville suspendue, des enfants curaient sur les passerelles et d’autre se jetaient au sol avant de se transformer en divers animaux. Ils portaient tous un masque. Des adultes échangeaient des paroles et travaillaient dans les champs sauvages au pied des arbres. Certains sortaient de la forêt avec des carcasses sur l’épaule ou suspendue à une perche. Des femmes tissaient des vêtements ou faisaient la cuisine. Personne ne fit attention aux nouveaux arrivants et on salua Eragon avec des sourires joyeux. Alice les rejoignit et les invita dans leur maison. Ils montèrent grâce à l’un des nombreux monte-charges présent dans la ville. Ils discutèrent un moment, mais le voyage avait été fatiguant, ils voulaient aller dormir dans leur maison. Ils quittèrent donc leurs amis et Eragon emmena sa compagne et leur fils dans une autre maison, non loin de celle de Jeffrey et Alice.
Elle était grande et de forme arrondie comme les autres, l’intérieur était spacieux et très bien agencé. Il y avait un grand lit dans un coin, une salle de bain, une pièce à vivre et un bureau. Toutes les différentes parties étaient séparées par un rideau, ce qui donnait plus de liberté de mouvement. Eragon dit :

- Désolé si la décoration est minimale, mais je ne me suis pas embarrassé avec les détails lorsque j’ai fait la maison.
- Non, c’est parfait.

Il sourit et ils posèrent leurs affaires. Eragon murmura quelques paroles et un berceau sortit du bois pour accueillir le jeune Efrit qui tombait de sommeil. Il s’était habitué à la tétine et ne pouvait plus dormir sans. Eragon et Arya se dévêtirent et se couchèrent eux aussi.
Ils étaient chez eux, dans une terre de liberté. Personne ne pourra plus jamais les séparer, ils pouvaient vire heureux ici et élever leur fils normalement. Les elfes et les habitants de l’Alagaësia ne pouvaient plus les atteindre, ils étaient enfin libre.

The End

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désolée pour le multi-poste, mais ça n'entrait pas dans un seul poste ^^ Le texte est trop long.

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