[Schmitt, Eric-Emmanuel] Les Perroquets de la Place d'Arezzo

Résumé :Autour de la place d'Arezzo, où les grands platanes ont été envahis par les perruches et les perroquets, vit une des populations les plus huppées de Bruxelles. S'y croisent, dans un voisinage élégant et contrasté, le fonctionnaire et l'étudiant, le bourgeois et l'artiste, la poule de luxe et la veuve résignée, mais aussi la fleuriste et l'irrésistible jardinier municipal. Des couples, des solitaires, humbles ou orgueilleux, conquérants ou vaincus, comme partout dans le monde. Tous gouvernés par leurs passions, leurs désirs, leurs fantasmes amoureux et sexuels. Jusqu'au jour où leur parvient une lettre, anonyme, identique, mystérieuse, qu'une colombe, et non point un corbeau, leur aurait adressée. Comme une bombe à retardement.

"Ce mot simplement pour te signaler que je t'aime. Signé: tu sais qui."

Et chacun de s'enflammer, de rêver, d'y voir une promesse, un bonheur attendu, une blague, une menace. On peut imaginer, pour le meilleur et pour le pire, le fatal enchaînement d'espoirs, de déceptions, d'embrouilles et de drames qui s annoncent...

J'imagine bien que vous, les Français, vous ne connaissez pas du tout cet auteur Belge, Éric-Emmanuel Schmitt mais dans notre petit pays il est plutôt réputé pour ses livres : toujours très intéressants, très passionnants, très faciles à lire et surtout, toujours avec une morale à la fin sur des sujets parfois « tabous » ou « délicats » : la maladie, la religion,...

Cette fois-ci, fidèle à son habitude, Éric-Emmanuel Schmitt nous livre une nouvelle histoire ou plutôt, plusieurs petites histoires sur un thème très en vogue pour le moment : la sexualité.

Ce roman de plus de 700 pages est divisé en quatre parties. Dans la première partie du roman, tous les habitants d'une petite ville de Bruxelles (la place d'Arezzo) reçoivent une lettre : « Ce mot simplement pour te signaler que je t'aime. Signé : tu sais qui ». Les réactions et sentiments de chaque personnage (environ 14) sont abordés dans cette première partie en quelques pages. Seul petit bémol : le nombre de personnages rend assez difficile la mémorisation de chaque « cas » et il faudrait limite prendre des notes pour parvenir à suivre la suite de l'histoire... Il faut quand même être honnête : cette première partie n'est pas la meilleure mais il faut s'accrocher car la suite en vaut clairement la peine.

Dans la deuxième partie, l'intrigue se tisse réellement et nous sommes enfin happé par le style d’Éric-Emmanuel Schmitt et nous n'avons pas envie de lâcher le bouquin avant de connaître le fin mot de l'histoire... Dans la troisième partie, l'auteur étudie plus profondément le comportement des personnages et, enfin, dans la dernière partie, il met en pratique la loi de la causalité nous démontrant que chaque action a des répercussions.

Dans son livre, Éric-Emmanuel Schmitt évoque toutes (ou presque toutes) les relations sexuelles qu'on pourrait rencontrer de nos jours et toutes ces histoires sont mises en place de manière à enlever tout préjugés aux lecteurs...

Ainsi, en dehors des couples plutôt classiques, nous avons les homosexuels... L'homosexuel qui assume son homosexualité, qui s'accepte en « surjouant » mais également l'homosexuel plutôt timides, encore un peu mal à l'aise de son penchant pour les hommes mais aussi l'homosexuel dans le déni. Celui qui a des aventures sans lendemain avec des hommes dont il ne connaît même pas le nom, dont il n'a même pas vu le visage et qui chaque soir se couche aux côtés de sa femme  donnant l'illusion de l'aimer. L'homosexualité est abordée aussi bien du côté des hommes que du côté des femmes, toutes deux malheureuses dans leur couple et trouvant du réconfort auprès de l'autre.

En dehors de l'homosexualité, nous avons également la descente aux enfers d'un homme politique très respecté, pas loin d'être élu premier ministre lorsque ses frasques sexuelles sont révélées au grand jour alors que sa femme reste dans le déni, persuadé qu'il n'a pas de maîtresse vu qu'elle lui fait l'amour deux fois par jour.

Mais l'auteur de s'arrête pas là : il continue avec le désir d'une sexualité dangereuse, nécessitant mises en scènes et aborde également des cas de viol, d'asexualité dans un monde où la sexualité est « très à la mode », le sida, les travestis, l’exhibitionniste, l'amour adolescent,...

Bref, la sexualité est abordée sous toutes ses formes mais l'auteur parvient à rendre l'histoire de chaque personne presque touchante, à nous transporter dans son histoire si bien que la fin arrive bien trop vite et nous surprend lorsqu'on apprend l'auteur de cette lettre.

En résumé, j'ai bien aimé ce roman car il fait réfléchir sur des comportements parfois bien intégrés dans le quotidien et lève par moment certains préjugés, renforce certaines opinions à d'autres moments, nous met hors de nous lors de certaines scènes...

Ma note :